J’ai décider de créer un fils pour inclure les différents bâtiment à Montréal en péril, on pourrait y partager nos photos, des articles ou nos opinions sur ces bâtiments qu’on pourrait voir disparaitre.
Photo: Valérian Mazataud, Le Devoir — La station de pompage Craig, située au pied du pont Jacques-Cartier
Caroline Montpetit
30 novembre 2021
Le façadisme, cette pratique qui consiste à garder uniquement la façade d’un immeuble patrimonial pour construire un bâtiment neuf derrière, est de plus en plus répandu à Montréal. Or, ça n’est pas une bonne pratique de conservation patrimoniale, dénonce un rapport du Conseil du patrimoine de Montréal (CPM), déposé il y a quelques jours.
« En effet, c’est en train de devenir une habitude plutôt qu’une exception », dit Peter Jacobs, président de l’organisme.
Déjà, dans les années 1970, lors de la construction de l’UQAM, on avait démoli l’église Saint-Jacques pour n’en garder que le clocher en l’intégrant au nouvel édifice.
Mais les exemples se multiplient aujourd’hui. En entrevue avec LeDevoir, Peter Jacobs cite le cas de la station de pompage Craig, située au pied du pont Jacques-Cartier. « Ils n’ont gardé que la façade, mais c’était tellement détérioré et entouré d’autoroutes. Il reste un bout de fondation et de cheminée », dit-il. Il cite aussi l’exemple du Bain Hushion, rue des Seigneurs, dont on n’a conservé que la façade, et qu’on transforme pour en faire un centre pour les femmes autochtones.
En fait, le façadisme cache souvent la densification urbaine, favorisée par le plan d’urbanisme et par la spéculation foncière, notamment dans le centre-ville de Montréal.
Il y a, peut-on lire dans le rapport, des « contradictions entre certains critères de développement indiqués au Plan d’urbanisme et la conservation du patrimoine. Les hauteurs et densités élevées permises, en particulier dans certaines zones du centre-ville, exercent une énorme pression immobilière sur les bâtiments patrimoniaux de petit gabarit et incitent à leur démolition, voire à la conservation et l’intégration de leur façade à une nouvelle construction ».
Laisser à l’abandon
Pire, le Conseil du patrimoine dénonce la « stratégie » de laisser les bâtiments à l’abandon pour ensuite être obligés de les raser compte tenu de leur état.
« La vacance et le manque d’entretien d’immeubles patrimoniaux rendent souvent leur démolition presque inévitable en raison de leur mauvais état. Avant de se rendre à de telles situations […], il importe d’agir en amont et de prévenir l’inoccupation et le manque d’entretien des bâtiments patrimoniaux », lit-on dans le document.
Cette attitude est répandue tant dans le secteur institutionnel que dans le secteur privé, ajoute M. Jacobs. Mais le rapport n’est pas tendre envers la Ville de Montréal, qui devrait avoir un rôle exemplaire dans ce domaine.
« Il est par contre difficile d’exiger des propriétaires privés un comportement que la Ville peine à mettre elle-même en œuvre, car malgré son intention d’être un propriétaire et un gestionnaire exemplaires de ses bâtiments patrimoniaux, elle fait malheureusement piètre figure. Le CPM est d’avis que les organismes publics en particulier devraient donner l’exemple en ce qui concerne l’entretien de leurs bâtiments patrimoniaux », lit-on.
Surtout concentré dans le centre-ville de Montréal, le phénomène du façadisme commence à se répandre dans d’autres quartiers.
« Si par le passé, l’enjeu de la densification touchait surtout le centre-ville, il s’étend maintenant aux quartiers résidentiels. Notons l’exemple des maisons de type “shoebox”, qui soulèvent des inquiétudes à la suite de plusieurs démolitions », écrivent les auteurs du rapport.
Enfin, selon le rapport, le zonage encourage, parfois indirectement, la présence massive d’immeubles de bureaux ou de tours à condos au centre-ville, au détriment d’autres affectations plus appropriées à la nature des bâtiments patrimoniaux existants.
Les lacunes en matière de conservation du patrimoine sont généralisées à tous les ordres de gouvernement, dit M. Jacobs. C’est ainsi que plusieurs immeubles patrimoniaux ont tout simplement disparu du paysage.
« Il y a une perte importante de patrimoine et il faut que ce soit stoppé », dit-il.
Lundi, personne n’était disponible à la Ville de Montréal pour commenter le rapport du Conseil.
Bien qu’on n’y retrouve pas nécessairement des bâtiments se trouvant sur l’île de Montréal, cet article énumère quelques-uns des édifices à valeur patrimoniale ayant disparu en 2021.
Très triste, je métonne toujours du peu de protection accordé au patrimoine. Mesemble que tout batiment de plus de 100 ans devrait avoir une protection par défault et ceux de plus de 150 ans devrait être ajout au répertoire du patrimoine bati important.
Je métonne aussi de tous les incendies. C’est des fraudes d’assurances ou des squateurs? Me semble qu’un pont ça prend pas au feu juste comme ça. Il en a plusieurs vingtaines par année et on pogne jamais le coupable. Peut-être que les assurances devraient refuser de payer pour les feux dans les batiments abandonné. T’as laissé ton batiment pourrir à toi d’assumer.
Radio-Canada aurait pu faire ses recherches d’archives de démolition un peu mieux… elle montre la démolition des maisons pour la reconstruction de l’autoroute 15 en parlant d’abandons volontaires par des promoteurs…
Je ne dis pas qu’il aurait fallu à tout prix conserver ce bâtiment,
mais sa démolition soulève des questions.
Ce commerce est un témoin clé d’une époque du quartier. Il a été pendant près d’un demi-siècle un lieu de rencontre, un lieu de rassemblement. Peu avant sa fermeture, le Dairy Queen attirait encore chaque soir de très longues files. C’est un lieu profondément ancré dans la mémoire des citoyens de Rosemont. Son architecture pop, un peu naïve, est un témoin typique du patrimoine kitch, du patrimoine modeste.
La ville a besoin de repères, d’éléments singuliers qui marquent le paysage, surtout dans une trame orthogonale comme la nôtre. Depuis des décennies, tous les automobilistes, piétons et cyclistes savent exactement où ils se trouvent à la vue de ce petit toit rouge unique. Une fois le futur projet construit, cette intersection sera identique à des milliers d’autres dans le quartier.
On l’aura anonymisé.
Ce n’est pas un bâtiment exceptionnel. Personne ne va se battre pour le conserver, et dans le contexte actuel, les futurs logements sont probablement plus importants.
Mais il faut se questionner: à partir de quand une ville devient-elle ennuyeuse, quelconque?
Trois idées qui me viennent à la tête:
Une taxe sur les batiments non occupés pourrait être une solutions pour réduire la tendance à l’abandon.
Sinon pour tout logement sans locataire et insalubre, une entente avec un organisme sans but locatif pourrait être faite ou l’organisme fait des traveaux en échange d’un bail avec loyer réduit (selon le cout des travaux).
Finalement, une règle pourrait être faite pour tous les batiments patrimoniaux que en cas de démolition ou feu, la façade et le gabarit de l’édifice devront être reproduits. Ça découragerait beaucoup des propriétaires mal intentionnés. Dans certains cas on pourrait enlever ces exigeances à l’aide d’une demande de dérogation. En plus de protéger le patrimoine, ça donnerait plus de pouvoir aux authorités durant le processus d’authorisation de tout plein de projets.
PS: Connaissez vous d’autres mesures législatives qui pourraient aider à conserver le patrimoine batit?
PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE Les deux propriétés, acquises en 1978 par Guy Desrosiers, ont été mises en vente lundi au prix de 2,4 millions sur la plateforme Landerz, spécialisée dans la mise en marché de terrains ayant un potentiel de développement immobilier.
Après des années de batailles, de poursuites et d’efforts désespérés de la Ville, la saga des immeubles patrimoniaux de l’avenue de l’Esplanade, en face du parc Jeanne-Mance, va peut-être prendre fin. Le propriétaire s’est finalement résolu à vendre ses deux propriétés.
Publié à 5h00 SUZANNE COLPRON LA PRESSE
Cette solution arrive malheureusement trop tard pour un des deux immeubles, qui a dû être démoli en 2019 parce qu’il menaçait de s’effondrer. L’autre, dans un état de délabrement avancé, pourra peut-être être sauvé.
Les deux propriétés, acquises en 1978 par Guy Desrosiers, ont été mises en vente lundi au prix de 2,4 millions sur la plateforme Landerz, spécialisée dans la mise en marché de terrains ayant un potentiel de développement immobilier.
PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE Bien que dans un état de délabrement avancé, l’immeuble qui n’a pas été détruit pourra peut-être être sauvé.
Situées aux 4403-4423, avenue de l’Esplanade, entre l’avenue du Mont-Royal et la rue Marie-Anne, elles font partie d’un ensemble architectural élégant, composé de bâtiments centenaires, pour la plupart de grands triplex, qui jouissent d’une vue sur le parc et le mont Royal.
C’est le courtier immobilier Simon G. Boyer qui a convaincu M. Desrosiers de lui confier la vente de ses propriétés.
Il s’agit d’une bonne opportunité d’investissement, mais ça prend quelqu’un qui est très compétent dans ce genre de développement.
Simon G. Boyer, courtier immobilier
Cette saga n’est pas du même genre que les histoires de « rénovictions » qui ont été beaucoup dénoncées ces dernières années. Il s’agirait plutôt d’un propriétaire entêté et négligent qui s’est enlisé dans un cercle vicieux où plus le temps avançait, plus le projet immobilier dont il rêvait devenait impossible.
Coups d’épée dans l’eau
Comment se fait-il que les nombreux avis de non-conformité à la règlementation municipale, les constats d’infraction, les mises en demeure et recours en injonction entrepris depuis 1984 n’aient pas pu donner de résultats ? Est-ce parce que la Ville a manqué de fermeté ? Ou est-ce parce qu’elle ne disposait pas des outils nécessaires pour résoudre des problèmes de non-respect des règlements comme ceux-là ?
« Je pense que c’est un peu les deux », répond le conseiller du Plateau-Mont-Royal Alex Norris. « Il y a eu un manque de fermeté par le passé. »
Nous avons hérité de ce dossier à notre première élection à la tête de l’arrondissement, en 2009, et les bâtiments étaient déjà dans un état avancé de détérioration. Il y a aussi eu des problèmes de stratégie.
Alex Norris, conseiller du Plateau-Mont-Royal
Toujours est-il que les mesures entreprises par la Ville au fil des ans ont été autant de coups d’épée dans l’eau.
Déjà, en 2008, les autorités dressaient un périmètre de sécurité sur le trottoir pour empêcher l’accès à un des deux immeubles. C’est ce bâtiment, dont l’arrière s’était en partie effondré, qui a dû être démoli à l’été 2019, après avoir été laissé à l’abandon pendant deux décennies.
PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE Un des immeubles, dont l’arrière s’était en partie effondré, a dû être démoli à l’été 2019.
Quant à celui qui tient encore debout, le propriétaire, qui occupait le logement du rez-de-chaussée, a été évincé par la police et l’immeuble, barricadé. C’est pourquoi le courtier immobilier ne peut pas le faire visiter en raison des risques d’accident.
Règles strictes
L’acheteur devra respecter des règles très strictes édictées par le ministère de la Culture et des Communications : reconstruire les façades comme elles étaient à l’origine, respecter les volumes et l’emprise au sol des deux anciens triplex. Les pierres grises de la façade de l’immeuble démoli ont été prélevées, numérotées et entreposées dans un conteneur sur le terrain pour leur réutilisation. « L’implantation des bâtiments devra être respectée, mais il est possible de modifier les élévations et de prévoir 6-8 logements intéressants par bâtiment », précise-t-on dans la proposition de vente.
Les futurs bâtiments, d’une superficie totale de 10 979 pieds carrés, devront abriter de deux à huit logements chacun, conformément au règlement municipal.
« Ça va être à l’acheteur à faire l’évaluation avec un conseiller en patrimoine et un ingénieur en structure de ce qui peut être préservé et ce qui ne peut pas l’être, précise le courtier, M. Boyer. Ça va prendre deux rapports de professionnels : un rapport de l’ingénieur en structure et d’un consultant en patrimoine. »
C’est un beau projet à faire sur un site exceptionnel, mais ça va prendre un acquéreur qui est soucieux de redonner le prestige à ce bâtiment-là.
Simon G. Boyer
Les offres d’achat « inconditionnelles avec preuve de fonds et transaction dans les 15 jours » seront acceptées jusqu’à vendredi matin, 10 h.
Pour le conseiller Alex Norris, la mise en vente du terrain et du triplex est une « excellente nouvelle ».
« M. Desrosiers a fait preuve de beaucoup de négligence dans l’entretien de ses bâtiments, comme on a pu voir, estime-t-il. Donc, le fait que ce soit en vente, c’est une bonne nouvelle. Mais, quel que soit le propriétaire, on va continuer d’assurer une surveillance serrée du bâtiment qui est encore debout et on va continuer à suivre le dossier de très près. Nous, on souhaite qu’il y ait une reconstruction à l’identique. »
2002 : Année où les immeubles de Guy Desrosiers ont été déclarés patrimoniaux. La même année, la Ville a tenté, sans succès, de les acquérir pour les rénover et les revendre.
2013 : Année où le bâtiment situé aux 4413-4423, avenue de l’Esplanade, a été jugé irrécupérable par la Ville.