Patrimoine en péril

La maison de Charles Daudelin à Kirkland n’existe plus… :cry:

Heritage advocates are struggling to understand why the famous home and workshop of a Quebec sculptor in Montreal’s West Island was destroyed by a fire that broke out on Sunday night.

The house, built in 1951 and expanded in 1986, has historical value as it was once the living and creative quarters of Quebec sculptor Charles Daudelin until his death on April 2, 2001.

Maison Charles-Daudelin, located at the intersection of Ste-Marie Road and de l’Artiste Street in a wooded area of a Kirkland residential neighbourhood, was engulfed in flames when firefighters responded at 11:38 p.m.

The building was vacant and the blaze was brought under control at 4:41 a.m. on Monday. The cause and circumstances of the event remain unknown, but Montreal’s fire department noted that there’s no evidence of arson.

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Je retiens dans cet article l’importance d’installer systématiquement des mesures de sécurité efficaces pour prévenir les incendies dans les immeubles patrimoniaux. Autrement on continuera à perdre gratuitement de précieux témoignages de notre histoire par un manque de responsabilité et de vigilance.

Article dans Le Devoir. J’avais oublié que le propriétaire actuel voulait démolir la maison pour construire un nouveau bâtiment.

Un incendie majeur s’est déclaré hier sur le site patrimonial de la maison occupée autrefois par le sculpteur Charles Daudelin.

Classée site patrimonial en 2023, cette demeure construire en 1951 s’était trouvée au milieu d’une saga immobilière dont Le Devoir avait rendu compte. Les propriétaires souhaitaient plutôt raser l’édifice.

On ignore, pour l’instant, les causes de l’incendie qui a complètement détruit cette demeure aux dernières heures de 2024.

La maison Charles-Daudelin est une résidence-atelier construite à partir de 1951 et agrandie en 1986. Elle a abrité la vie d’un des artistes les plus célèbres du Québec au XXe siècle.

En 2022, le nouveau propriétaire du site avait demandé à la municipalité de Kirkland l’autorisation de raser le site afin d’y reconstruire des résidences au goût du jour. La Ville avait, dans un avis public d’intention, indiqué cette volonté de démolir cet immeuble historique situé sur le chemin Sainte-Marie.

La Ville de Kirkland n’avait pas jugé bon de citer ce bâtiment en vertu de la loi pour lui accorder une protection.

Ajout : Article de la Presse canadienne sur le site de La Presse

Il a fallu environ cinq heures à une quarantaine de pompiers pour éteindre l’incendie qui a débuté dimanche soir dans la résidence vacante située dans un quartier résidentiel de Kirkland, dans l’ouest de l’île, a déclaré Émilie Barbeau-Charlebois, porte-parole du Service de sécurité incendie de Montréal (SIM).

L’ancienne maison et son atelier appartenaient à Charles Daudelin, un sculpteur et peintre bien connu, dont les œuvres ont été exposées à Ottawa, Québec, Montréal, Charlottetown et Paris.

La cause de l’incendie est inconnue, mais rien n’indique qu’il s’agissait d’un incendie de nature criminelle, a souligné la porte-parole du SIM.

Ajout no 2 : reportage vidéo de CBC News

Former home of Quebec artist burns down on Montreal’s West Island

The property in Kirkland, Que., used to belong to renowned sculptor and painter Charles Daudelin. In 2023, it was given heritage status and later sold to a developer. It had been vacant since then.

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Les propriétaires voulaient la démolir mais n’avaient pas l’autorisation… et un incendie la rase finalement complètement. On ne fera pas de cause à effet, mais quand même :expressionless:

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lorsqu’il ne s’agit pas d’acte délibéré…

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Je l’ai visité par accident en 2022, croyant que le terrain était un parc mal entretenu. C’est dommage que ce soit fini comme ça.

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Mise à jour sur le 4403-4413 de l’esplanade. Le 4403 a enfin été démoli. La pierre semble être entreposée sur le terrain.



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Enquête policière sur l’incendie de la maison de Charles Daudelin

Une enquête policière du module des incendies criminels est conduite à la suite du feu qui a complètement détruit la maison du sculpteur Charles Daudelin, aux dernières heures de l’année, dans la nuit du 29 et 30 décembre. La maison, abandonnée depuis un moment, venait d’être classée par l’État en raison de sa valeur patrimoniale.

« Le dossier a été transféré à la section des incendies criminels du SPVM [Service de police de la Ville de Montréal] », a confirmé le service des relations avec les médias de la police. Pour l’instant, la cause de l’incendie « demeure indéterminée ».

À la suite de l’incendie, le maire de la municipalité, Michel Gibson, a déploré « une grande perte pour Kirkland », ajoutant que « c’était une partie de notre patrimoine. » La Ville de Kirkland n’avait cependant pas jugé bon précédemment de citer ce bâtiment pour le protéger, comme la Loi sur le patrimoine le lui autorise.

C’est le rapport d’un inspecteur spécialisé des services de pompiers qui aurait conduit notamment à ce que l’affaire soit confiée au SPVM, a appris Le Devoir. Le dossier avait d’abord été classé sans suite.

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L’arrondissement de L’Île-Bizard–Sainte-Geneviève lance un appel à projets pour sauver une petite maison patrimoniale

Le projet vise à rénover et valoriser la maison tout en préservant son cachet historique et son identité patrimoniale. Il privilégie un usage durable du bâtiment, qu’il soit résidentiel ou commercial.

Adresse : 15 800, rue du Moulin
Année de construction : Environ 1850
Cadastre : Lot 1 843 719
Superficie du lot : 325 m² approximativement
Vocation actuelle : Résidentielle
Nombre d’étages : 1 étage

Description architecturale :

  • Maison québécoise traditionnelle d’influence néoclassique.
  • Forme rectangulaire avec faible élévation au-dessus du sol.
  • Toit à deux versants
  • Symétrie des ouvertures (portes et fenêtres).

Valeurs patrimoniales :

  • Datant de la période 1850-1870, l’une des plus anciennes maisons de ferme en bois de l’île de Montréal.
  • Représentative des anciennes maisons de ferme et du développement villageois de Sainte-Geneviève.
  • Bon degré d’authenticité, avec volumétrie et caractéristiques d’origine conservées.
  • Située dans un noyau villageois historique, avec une insertion harmonieuse dans le cadre urbain.
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Résumé

Déboulonner les mythes du patrimoine, un épisode à la fois

Par Félix Lajoie, Le Soleil

26 janvier 2025 à 05h00

Gardiens du patrimoine sera diffusée dès le mardi 11 février à Historia. (Corus médias)

Une vieille maison, c’est toujours trop cher et trop complexe à rénover. Six artisans du patrimoine se sont prêtés au jeu des caméras afin de prouver l’inverse, dans la nouvelle série Gardiens du patrimoine, bientôt diffusée à Historia.


«Une vieille maison ce n’est pas achetable, ce n’est pas faisable, ce n’est pas réaliste, moi mon but c’était de fesser dans ça à travers les épisodes. Je voulais montrer au téléspectateur qu’une vieille maison c’est beau, qu’on s’amuse et que même monsieur et madame Tout-le-Monde peut être capable», soutient la designer en restauration de maisons ancestrales, Marie-Lise Frenette.

Depuis 13 ans, Mme Frenette exerce ce métier afin «de rendre le patrimoine accessible» autant pour ce qui est du temps que des coûts. Ce désir de démocratiser le patrimoine l’a poussé à accepter de participer au tournage cette nouvelle émission.



Selon elle, il suffit de «trouver l’équilibre et d’être réaliste»: les maisons québécoises ne sont pas des musées, ce qui ne veut pas dire pour autant qu’on peut faire n’importe quoi.

«Autant dans les techniques, que dans l’approche, moi j’ai simplifié la rénovation du patrimoine. Quand il a quelqu’un qui connaît ça, qui montre aux propriétaires de la maison comment faire par eux-mêmes, ils peuvent en faire une bonne partie et c’est très valorisant.»

— Marie-Lise Frenette, designer en restauration de maisons ancestrales

À l’adolescence, Mme Frenette s’est lancée dans le domaine des arts et est devenue muraliste. Toutefois, elle a «fermé la porte sur le domaine artistique», écœurée par l’importance de l’image, de la vente et du flafla. Aujourd’hui elle se plaît à travailler dans un domaine «concret» avec des entrepreneurs de chantiers à l’attitude «terre à terre».

Marie-Lise Frenette travaille dans le domaine du patrimoine québécois depuis maintenant 13 ans. (Corus médias)

«Avant je travaillais sur des murs pour réaliser des murales, maintenant, mes œuvres sont beaucoup plus grandes qu’une toile, et en plus, je peux marcher dedans», rigole-t-elle.

Dans Gardiens du patrimoine, Mme Frenette réalise notamment «un petit miracle» avec le chantier d’agrandissement d’une maison de Stoneham qui contenait «de vrais défis d’envergure».

«Tu sais, le genre de défis que tu ris, mais qu’en fait tu veux pleurer!», s’exclame la designer, sans trop en révéler.

Prévoir l’imprévisible

Des défis d’envergure, Sébastien Bourcier en a aussi vu passer dans ses 15 années de carrière. Le maitre d’œuvre de chantier spécialisé en maisons ancestrales soutient qu’il peut «lire les indices et interpréter les maisons» afin de «prévoir l’imprévisible».



«Le but c’est d’éviter que le client ait de mauvaises surprises et aussi de lui donner des options selon les situations qu’on peut prévoir», explique M. Bourcier.

Tout comme Mme Frenette, il admet que les trois mois de tournage ont demandé des sacrifices en temps et en ressources. Mais il soutient que «l’investissement valait la peine» afin de démocratiser et faire connaître le patrimoine.

«C’est vraiment important que les gens sachent qu’il y a encore des gens qui connaissent ça, des professionnels qui peuvent livrer un travail garanti.»

— Sébastien Bourcier, maitre d’œuvre spécialisé en maisons ancestrales

Dans le cadre de l’émission, M. Bourcier rénove de fond en comble une maison de Saint-Jean-sur-Richelieu en construisant notamment une annexe à la résidence.

Sébastien Bourcier peut toucher à tous les aspects d’une maison ancestrale, et affectionne particulièrement la construction de charpentes. (Corus médias)

«La charpente qu’on a construit, il n’y a aucun moyen d’avoir si c’est vieux ou neuf. Toutes les poutres ont au moins 200 ans, et les planches de pin neuves qu’on a utilisées ont été vieillies avec des techniques d’oxydation», explique l’entrepreneur.



M. Bourcier a commencé sa carrière comme graphiste il y a plusieurs années, mais sa rencontre avec André Bolduc, spécialiste dans les rénovations ancestrales, l’a poussé à changer de carrière. M. Bolduc, qui était chroniqueur dans l’émission Passion Maisons (diffusée à Historia dans les années 2000), a formé M. Bourcier à ses débuts.

Transmettre la passion du patrimoine

Le réalisateur de Gardiens du patrimoine, Jean-Philippe Veillet, soutient avoir eu «un plaisir total» avec le tournage de cette émission. Il se réjouit de la sélection des six artisans qui figurent dans la série.

«Ce sont vraiment des artisans qui avaient de super chantiers cet été, et surtout des gens colorés qui étaient capables de percer l’écran pour transmettre leur passion pour le patrimoine», explique M. Veillet.

Celui qui a entre autres réalisé les émissions Huissiers (Noovo) et Ça ne se demande pas (Ami Télé) mentionne avoir eu lui-même la piqure pour le patrimoine depuis le tournage

«Je n’avais jamais remarqué tout le travail qui est en arrière des vieux bâtiments. Maintenant je me rends compte que je regarde d’une autre façon le patrimoine quand je me promène dans les vieux quartiers», affirme-t-il.

Marie-Lise Frenette n’effectue pas seulement les designs, elle connait aussi plusieurs techniques de rénovation, notamment celles qui concernent la restauration des patines. (Corus médias)

À l’instar des deux artisans interrogés, M. Veillet indique que le plus grand défi avec ce tournage était les contraintes de temps.

«On était un peu à la merci des livraisons de matériaux, de la météo, donc de plein de facteurs qui apportent leurs lots d’imprévus, on aurait voulu être là à tout le temps, tous les jours, mais c’était impossible», mentionne-t-il, avant de souligner l’excellent travail de la productrice Jen Gatien et de toute l’équipe de production.

La première saison de cette émission de 10 épisodes de trente minutes, produite par Pixcom, sera diffusée à Historia dès le mardi 11 février à 22 h 30.


Est-ce légal ce rafistolage? Assez inusité, surtout en bordure d’une rue passante comme Notre-Dame.

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I walked on Notre Dame last week ayaya :smirk:

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Ayant été au Poincaré en face récemment, je pouvais voir que le bâtiment était simplement évidé. Je n’ai pas l’impression qu’il y a des travaux en cours…

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Le bâtiment avec la mansarde en métal gris est éventré depuis plusieurs années, j’ose espérer qu’il y aura un re-développement, car la ruelle Brady, commence à être un repère de squatteurs et de dealers de drogues et d’itinérance

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Résumé

Une antiquaire ressuscite deux églises

Par Jean-François Guillet, La Voix de l’Est

15 avril 2025 à 04h00

On voit ici Jennifer Rowntree dans l’enceinte de l’ancienne église anglicane St-Aidans datant de 1908, transformée en gîte touristique. (Catherine Trudeau/La Voix de l’Est)

L’histoire et l’architecture des églises captivent Jennifer Rowntree depuis sa tendre enfance. En quittant Montréal pour s’établir définitivement à Sutton, en Estrie, un brin de folie et d’audace l’ont poussée à donner une seconde vie à non pas un, mais deux anciens lieux de culte.


Dès qu’elle met le pied dans l’ancienne église anglicane St-Aidans, acquise il y a environ quatre ans avec son conjoint Peter Johnson, Jennifer Rowntree a les yeux qui s’illuminent. «Je devais faire quelque chose pour sauver ce bâtiment qui fait partie du patrimoine de la région. C’était un petit bijou avec tellement de potentiel», confie-t-elle.

Elle avait vu juste. La métamorphose du lieu de culte est à couper le souffle. Mais, avant d’entrer dans les détails de la transformation, faisons un petit saut dans le temps.



Jennifer Rowntree a eu un coup de foudre pour l’église de Sutton Junction. (Catherine Trudeau/La Voix de l’Est)

D’abord, il faut savoir que l’antiquaire a tenu une boutique à Montréal pendant quelques décennies. Une passion intarissable. Or, le couple est tombé sous le charme des Cantons-de-l’Est il y a quelques années, faisant des pèlerinages les week-ends dans leur résidence secondaire. C’est à ce moment que l’idée du premier projet a germé.

«Je passais devant la petite église, à côté de chez nous, et je me disais qu’un jour, on pourrait l’acheter. Et c’est finalement arrivé», raconte-t-elle.

Dès le départ, il ne faisait aucun doute dans l’esprit de Jennifer que l’ancien lieu de culte construit en 1908, attenant à la salle communautaire de Sutton Junction, également un bâtiment patrimonial, devait être converti en habitation.

L’ancienne église Saint-John The Evangelist de Knowlton date de 1859. (Catherine Trudeau/La Voix de l’Est)

Peu de temps après l’achat de la première église, l’antiquaire a appris qu’un autre bâtiment dans la même paroisse, l’église Saint-John The Evangelist à Lac-Brome, était aussi à vendre. Faisant ni une ni deux, le couple a décidé de plonger à nouveau. Ce fut l’étincelle pour que Jennifer ferme boutique à Montréal, pour ensuite établir la salle d’exposition de Rowntree Antiques dans le bâtiment de style architectural néogothique datant de 1859.

La caverne d’Ali Baba de l’antiquaire. (Catherine Trudeau/La Voix de l’Est)

Un travail de moine

Bien qu’elle ne soit pas fervente pratiquante de la religion, Jennifer ressent une aura qui transcende l’architecture de ses deux églises dès qu’elle y entre. «Il y a toute une histoire dans ces églises, dit-elle. Ce sont des lieux particuliers, [apaisants]. Je n’ai jamais retrouvé ça ailleurs.»

Et même si elle voulait changer la vocation de l’ancienne église parée de lattes blanches, il était primordial pour l’antiquaire d’en préserver l’ADN. Notamment en conservant le plus de matériaux nobles possible. Le duo a donc amorcé un véritable travail de moine.



«On avait un calendrier, mais pas de date limite, lance-t-elle en anglais en esquissant un large sourire. On voulait prendre notre temps pour bien faire les choses. On a été dans les travaux durant des années. Mais, tous les efforts ont valu le coup. Tout ce qu’on pouvait préserver, on l’a fait.»

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L’église St-Aidans date de 1908. (Catherine Trudeau/La Voix de l’Est)

On voit l’entrée et une partie de l’aire de vie. (Catherine Trudeau/La Voix de l’Est)

Une partie des assises des bancs de l’église ont été utilisées pour fabriquer les marches de l’escalier. (Catherine Trudeau/La Voix de l’Est)

La chambre sur la mezzanine, à laquelle on a ajouté un puits de lumière. (Catherine Trudeau/La Voix de l’Est)

L’imposant vitrail au centre de l’église confère à l’endroit un cachet unique. (Catherine Trudeau/La Voix de l’Est)

Le lustre de l’aire de repas a été récupéré dans l’église. (Catherine Trudeau/La Voix de l’Est)

Une salle de bain complète a été aménagée en face de la chambre au rez-de-chaussée. (Catherine Trudeau/La Voix de l’Est)

On voit ici des photos de l’église avant sa transformation. (Catherine Trudeau/La Voix de l’Est)

Ce fut notamment le cas des magnifiques boiseries de chêne, des massives poutres au plafond puis des vitraux mis en valeur à plusieurs endroits.

Pour rendre l’endroit «habitable», des ouvriers spécialisés ont coulé une dalle de béton dans l’ensemble de l’église. Le plancher au rez-de-chaussée est chauffé et recouvert de tuiles.

Une mezzanine a été érigée à l’entrée du bâtiment, permettant ainsi de créer deux chambres: une à aire ouverte à l’étage et une seconde juste en dessous. Une partie des assises des bancs d’église a même été récupérée pour fabriquer les marches de l’escalier.



Une salle de bain complète a aussi été aménagée. Tout ceci après avoir raccordé l’immeuble à un puits et au réseau sanitaire municipal. Pas une mince tâche, semble-t-il.

Évidemment, Jennifer a couronné le tout en sélectionnant plusieurs meubles antiques pour agrémenter la nouvelle aire de vie. La cuisine, une des pièces maîtresses, a été installée dans le choeur de l’église, surplombée d’un imposant vitrail laissant filtrer la lumière naturelle.

Les trois anges sont mis bien en évidence au centre du gîte. (Catherine Trudeau/La Voix de l’Est)

«On a mis tellement d’efforts. Mais, ça a valu la peine quand je regarde le résultat final», lance fièrement Jennifer.

Le couple vient tout juste d’avoir le feu vert de la Ville pour boucler le projet et en faire le gîte touristique baptisé Les trois anges. Avec un tel nom, les visiteurs devraient s’approcher du septième ciel…


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Le mot patrimonial « a le dos très large »

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PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Les bâtiments anciens sont souvent en brique ou en pierre, matériaux beaucoup plus durables que les matériaux actuels.

Vous regardez les maisons anciennes sur Centris les après-midi de pluie comme d’autres feuillettent un livre de recettes ? Si cette part de rêve devient un projet, n’oubliez pas de vérifier la valeur patrimoniale de la maison. Cela pourrait influer sur les primes d’assurance. Pire, vous ne trouverez peut-être pas d’assureur pour votre belle demeure pièce sur pièce…

Publié à 5 h 00

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Stéphanie Bérubé La Presse

](La Presse | Stéphanie Bérubé)

Assurer une vieille maison au Québec peut être très compliqué. Plusieurs assureurs trouvent que le risque est trop grand – et les règles entourant le patrimoine bâti sont si complexes qu’ils préfèrent refuser des clients.

Déjà, il y a ce préjugé que dès qu’un bâtiment est ancien, il coûtera plus cher à rénover, selon Renée Genest, directrice générale du groupe Action Patrimoine. « Il y a une incompréhension de la durabilité des matériaux nobles », déplore-t-elle.

« Les bâtiments anciens sont souvent en brique, en pierre, des matériaux beaucoup plus durables que les matériaux actuels. Ils peuvent avoir des toitures en tôle qui vont durer jusqu’à 100 ans », poursuit-elle.

Un assureur aura une grille d’analyse qui ne convient pas à une vieille maison. Ce qui peut mener à des polices mal adaptées et très chères.

« On ne voudrait pas que ça décourage les propriétaires ou les amoureux de patrimoine d’acheter une maison patrimoniale parce qu’il y a une problématique d’assurances », dit Renée Genest.

C’est pourtant le cas, tranche l’architecte Marie-Josée Deschênes, spécialiste des bâtiments patrimoniaux, qui estime que la situation rebute plus d’un amoureux d’histoire, particulièrement chez les jeunes.

Selon elle, les assureurs ont une grande méconnaissance des maisons anciennes.

À force de faire peur à tout le monde […], il ne reste que les mordus qui achètent de vieilles maisons, contre vents et marées. Quand vient le temps d’assurer la maison, ils ne sont pas capables…

Marie-Josée Deschênes, architecte et spécialiste des bâtiments patrimoniaux

L’architecte déplore elle aussi que l’on ne reconnaisse pas la valeur des matériaux nobles.

« Si j’ai une maison qui a des fenêtres de bois, une toiture métallique et des fondations de maçonnerie, les compagnies d’assurance ne devraient pas refuser de m’assurer. »

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Au Québec, une maison qui a été construite avant 1940 est ancienne ou patrimoniale, selon la Loi sur le patrimoine culturel.

Qu’est-ce qu’une vieille maison ?

« Ce qui va rebuter les assureurs, c’est l’année de la propriété, explique Renée Genest. Avant 1940, on peut avoir des refus automatiques. »

Au Québec, une maison qui a été construite avant 1940 est ancienne ou patrimoniale, selon la Loi sur le patrimoine culturel.

Et dès l’année prochaine, la loi 69 obligera toutes les municipalités à répertorier l’ensemble des propriétés construites avant 1940. Elles seront inventoriées dans le Répertoire du patrimoine culturel du Québec.

Rassurez-vous, une maison qui fait partie du Répertoire n’est pas nécessairement protégée. Son propriétaire ne se retrouvera pas du jour au lendemain à devoir demander au ministère de la Culture et des Communications s’il peut changer sa porte de garage. Toutefois, selon Renée Genest, ça rend un peu plus complexe encore un dossier qui l’était déjà suffisamment.

« Ça crée un vent de panique auprès des propriétaires et des assureurs », dit la directrice générale d’Action Patrimoine, qui explique qu’il y a beaucoup de confusion dans les termes et les statuts.

Le mot patrimonial « a le dos très large, dit-elle. Le bâtiment peut être patrimonial sans avoir de statut ».

Et le statut fait foi de tout (voir autre texte).

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Plusieurs assureurs ont décidé de quitter le marché des maisons patrimoniales.

Des mythes et des faits

Un des grands mythes autour des maisons patrimoniales concerne la valeur de reconstruction pour les bâtiments protégés.

Si une maison historique brûle, son histoire s’envole aussi en fumée. Le propriétaire n’a pas l’obligation de reconstruire une réplique de l’original, même pour les maisons qui détiennent le plus haut niveau de protection de Québec.

« Si on reconstruit à l’identique, c’est du faux patrimoine. Une fois que c’est perdu, c’est perdu », lance Renée Genest.

Les choses se compliquent si une maison est endommagée en partie. Par exemple, si un dégât d’eau touche 20 % de la maison.

Dans ce cas, malgré les subventions offertes aux propriétaires de maisons classées, les travaux risquent d’être plus complexes et plus onéreux. Même beaucoup plus onéreux…

« La prime, en assurance, on la base sur le risque. Lorsque l’on parle de maisons patrimoniales, ça n’est pas toujours évident pour l’assureur de déterminer combien va coûter la réparation s’il y a une perte partielle », explique Pierre Babinsky, directeur des communications et des affaires publiques du Bureau d’assurance du Canada (BAC).

« Est-ce que ça va coûter deux fois plus cher ? Est-ce qu’on doit faire appel à des artisans spécialisés ? Est-ce que les matériaux pour réparer sont disponibles ? »

« Pour mettre un prix sur une police d’assurance, ça prend de l’expertise et des connaissances », poursuit Pierre Babinsky.

Dans ce contexte, plusieurs assureurs ont préféré quitter ce marché.

Le Bureau vient de mener des consultations auprès de ses membres. « Le BAC a aussi eu plusieurs discussions avec le ministère de la Culture et des Communications », ajoute Pierre Babinsky.

Le but : simplifier le processus de règlement de sinistre ou de délivrance de permis pour ce type de maisons afin de freiner la diminution de l’offre.

On est en train de voir avec les assureurs qui sont intéressés à rester ou à couvrir ce marché-là quel serait le mécanisme, le programme ou le produit d’assurance qui répondrait le mieux aux besoins de cette clientèle.

Pierre Babinsky, directeur des communications et des affaires publiques du BAC

Un autre élément joue grandement dans la couverture d’assurance d’une maison patrimoniale : les délais.

Pour une maison classée, les rénovations sont plus compliquées, puisque le propriétaire doit obtenir des autorisations. Ça impose des délais qui dérangent autant les propriétaires que les assureurs.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

« Lorsque l’on parle de maisons patrimoniales, ça n’est pas toujours évident pour l’assureur de déterminer combien va coûter la réparation s’il y a une perte partielle », explique Pierre Babinsky, directeur des communications et des affaires publiques du BAC.

« Ça prend de la patience », concède l’architecte Marie-Josée Deschênes, qui s’est maintes fois frottée aux exigences du Ministère dans sa pratique.

Or, les assureurs n’ont pas cette patience.

« Si on doit réparer une maison patrimoniale, que c’est long pour obtenir les permis, les matériaux, les devis et que pendant ce temps-là, l’assureur paye les frais de subsistance à l’hôtel et au restaurant, ça rend le dossier plus complexe. », explique Pierre Babinsky.

« Restaurer peut coûter cher, confirme l’architecte Marie-Josée Deschênes. Mais ça vaut la peine. » Car ces contraintes imposent aussi un niveau de qualité supérieur et, selon elle, les propriétaires prennent souvent grand soin de leur maison ancienne.

« Les résidences patrimoniales qui sont gérées par des propriétaires consciencieux, dit-elle, c’est aussi une garantie de pérennité. »

En savoir plus

  • 2000
    Depuis l’adoption en 1922 de l’ancêtre de la Loi sur le patrimoine culturel, soit la Loi sur les monuments historiques et artistiques, plus de 2000 statuts légaux ont été attribués à des biens patrimoniaux au Québec, dont des sites et des immeubles.

source : ministère de la Culture et des Communications

Une question de statut

Résumé

Une question de statut

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Le Vieux-Québec est un site patrimonial déclaré. De facto, toutes les résidences qui s’y trouvent doivent respecter le plan d’aménagement du quartier. Certaines maisons ont un statut supplémentaire.

On peut bien parler de vieille maison, de maison patrimoniale, ancienne ou ancestrale, le vocabulaire ne fait pas le poids face au statut de la propriété, qui fait foi de tout.

Publié à 5 h 00

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Stéphanie Bérubé La Presse

](La Presse | Stéphanie Bérubé)

Plusieurs statuts peuvent être accordés à une propriété par une municipalité ou par le ministère de la Culture et des Communications au Québec. Une maison peut être protégée, classée ou citée. Toutefois, si elle fait partie d’un inventaire sans autre protection, il n’y a aucune exigence pour rénover l’extérieur ou l’intérieur.

La municipalité ou Québec peut aussi encadrer les rénovations d’une maison citée ou qui se trouve dans un site déclaré, classé, cité ou dans une aire de protection.

Si cette énumération donne le tournis aux assureurs, avec raison, il faut d’abord retenir que la maison classée a le plus haut statut au Québec. Son propriétaire doit préserver sa valeur et aura des restrictions lorsqu’il fait des travaux.

Lexique

  • Maison classée : Le propriétaire d’un immeuble classé doit avoir une autorisation avant de l’altérer, de le restaurer, de le réparer, de le modifier, d’en démolir une partie ou de le déplacer. C’est le plus haut niveau de protection – et il touche autant l’intérieur que l’extérieur de la propriété.
  • Site patrimonial déclaré ou cité : Si une maison se trouve dans un site déclaré ou cité, son propriétaire doit notamment avoir la permission avant de la diviser, de réparer ou de modifier l’apparence de son immeuble, de le démolir en tout ou en partie et même d’y faire un nouvel affichage. Le tout est encadré par un plan d’aménagement, qui comprend plusieurs directions propres au site.
  • Maison citée : Une maison qui n’est que citée fait partie d’une liste ou d’un registre, sans plus. Son propriétaire n’est pas tenu de suivre des règles strictes. Toutefois, plusieurs statuts peuvent être attribués à un même immeuble en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel. Les municipalités locales, les MRC et les communautés autochtones peuvent aussi attribuer des statuts en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel.

« Si ça coûte cher de faire des rénovations à ces bâtiments, c’est parce qu’on doit se rapprocher d’une authenticité », explique Étienne Berthold, professeur de développement durable du territoire à l’Université Laval, spécialiste des quartiers historiques.

Au Québec, une dizaine de « quartiers » sont protégés dans leur ensemble. Ce sont les sites patrimoniaux déclarés.

Le Vieux-Québec, par exemple, est un site déclaré où se trouvent des résidences privées. Ce qui veut dire que les propriétaires doivent respecter les règles du plan de conservation qui vise à assurer que la valeur du quartier va être protégée – et qui assure une certaine uniformité. La règle tient aussi pour l’affichage, y compris pour les commerces qui s’y trouvent.

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Le Vieux-Québec est un site déclaré où se trouvent des résidences privées.

Par exemple, le restaurant Subway du Vieux-Québec, précise Catherine Vien-Labeaume, du ministère de la Culture et des Communications, a un affichage extérieur restreint, afin qu’il se fonde mieux dans le paysage.

Vivre au cœur de l’histoire

Le professeur Étienne Berthold est non seulement un spécialiste du patrimoine bâti, il est aussi résidant du Vieux-Québec. Il connaît le quartier et les enjeux liés aux résidences – dont celui concernant les assureurs, peu nombreux dans le Vieux-Québec.

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Étienne Berthold, professeur de développement durable du territoire à l’Université Laval

Très largement, ce qui est contrôlé, c’est les façades extérieures, les ouvertures, les fenêtres. On ne peut pas rénover comme on veut. Il faut ramener les fenêtres à doubles battants. Pour les toitures, c’est la tôle à baguettes…

Étienne Berthold, professeur de développement durable du territoire à l’Université Laval

« Il y a des exigences, des choses vraiment précises et une expertise à posséder », dit-il pour expliquer le fait que peu de compagnies d’assurance se partagent le parc immobilier de ce quartier historique. Même chose pour les entrepreneurs, qui ne se battent pas pour y faire des travaux. Un propriétaire ne peut pas diviser, subdiviser ou morceler un immeuble sans autorisation, par exemple.

Ce qui peut compliquer les choses dans le cas d’un site comme le Vieux-Québec, c’est que dans ce territoire délimité se trouve aussi une cinquantaine de résidences classées – donc qui jouissent de la plus importante protection et doivent respecter des normes supplémentaires.

Dans ce cas, les demandes vont au-delà du respect de la façade ; l’intérieur est aussi protégé.

Malgré tous ces niveaux de complexité, M. Berthold croit que le Québec est encore un endroit où le patrimoine bâti demeure relativement accessible, lui qui a étudié les quartiers historiques ailleurs dans le monde. Les propriétaires des édifices classés par Québec jouissent d’un précieux soutien de l’État lorsqu’ils doivent faire des restaurations architecturales, rappelle-t-il.

Même les propriétés du Vieux-Québec ne sont pas démesurément chères, selon Étienne Berthold, qui compare le marché à celui d’autres grandes villes. « Quand tu traverses les fortifications, c’est sûr que ça coûte moins cher » si on compare avec le reste de la ville de Québec. « Mais on n’a pas perdu le contrôle. »

Quant aux enjeux d’assurance, c’est partout pareil…

Liste des sites patrimoniaux déclarés

  • Vieux-Québec
  • Beauport
  • Charlesbourg
  • Bois-de-Saraguay
  • Percé
  • Trois-Rivières
  • La Prairie
  • L’île d’Orléans
  • Sillery
  • Vieux-Montréal
  • Arvida

Trois conseils

Magasinez bien vos assurances

Le conseil vaut évidemment pour tous les propriétaires, mais particulièrement lorsque votre maison présente des spécifications particulières, comme les vieilles résidences. Celles qui sont classées vont demander plus de soins, lors de travaux et de la part des assureurs.

Le Bureau d’assurance du Canada (BAC) fournit des informations très utiles sur son site.

Consultez le site du Bureau d’assurance du Canada (BAC)

Ayez en main toutes les informations

Lorsque vous consultez un assureur potentiel, ayez en main toutes les informations à propos du statut de la propriété et des demandes qui y sont liées en cas de rénovations et de sinistre.

Le ministère de la Culture et des Communications a produit de nombreux documents sur le sujet. Faites aussi des vérifications auprès du service d’urbanisme de votre municipalité.

Consultez le site du Répertoire du patrimoine culturel du Québec

Consultez des gens qui s’y connaissent

Le sujet des assurances est bien connu des amateurs de vieilles maisons. Le groupe Amis et propriétaires de maisons anciennes du Québec (APMAQ) travaille sur ce dossier depuis des années. Avant de vous lancer dans le processus, consultez des groupes comme celui-là. Il possède une mine de renseignements (y compris sur les assurances) et tient plusieurs activités autour des demeures anciennes.

Consultez le site des Amis et propriétaires de maisons anciennes du Québec

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