Résumé
Déboulonner les mythes du patrimoine, un épisode à la fois
Par Félix Lajoie, Le Soleil
26 janvier 2025 à 05h00
Gardiens du patrimoine sera diffusée dès le mardi 11 février à Historia. (Corus médias)
Une vieille maison, c’est toujours trop cher et trop complexe à rénover. Six artisans du patrimoine se sont prêtés au jeu des caméras afin de prouver l’inverse, dans la nouvelle série Gardiens du patrimoine, bientôt diffusée à Historia.
«Une vieille maison ce n’est pas achetable, ce n’est pas faisable, ce n’est pas réaliste, moi mon but c’était de fesser dans ça à travers les épisodes. Je voulais montrer au téléspectateur qu’une vieille maison c’est beau, qu’on s’amuse et que même monsieur et madame Tout-le-Monde peut être capable», soutient la designer en restauration de maisons ancestrales, Marie-Lise Frenette.
Depuis 13 ans, Mme Frenette exerce ce métier afin «de rendre le patrimoine accessible» autant pour ce qui est du temps que des coûts. Ce désir de démocratiser le patrimoine l’a poussé à accepter de participer au tournage cette nouvelle émission.
Selon elle, il suffit de «trouver l’équilibre et d’être réaliste»: les maisons québécoises ne sont pas des musées, ce qui ne veut pas dire pour autant qu’on peut faire n’importe quoi.
«Autant dans les techniques, que dans l’approche, moi j’ai simplifié la rénovation du patrimoine. Quand il a quelqu’un qui connaît ça, qui montre aux propriétaires de la maison comment faire par eux-mêmes, ils peuvent en faire une bonne partie et c’est très valorisant.»
— Marie-Lise Frenette, designer en restauration de maisons ancestrales
À l’adolescence, Mme Frenette s’est lancée dans le domaine des arts et est devenue muraliste. Toutefois, elle a «fermé la porte sur le domaine artistique», écœurée par l’importance de l’image, de la vente et du flafla. Aujourd’hui elle se plaît à travailler dans un domaine «concret» avec des entrepreneurs de chantiers à l’attitude «terre à terre».
Marie-Lise Frenette travaille dans le domaine du patrimoine québécois depuis maintenant 13 ans. (Corus médias)
«Avant je travaillais sur des murs pour réaliser des murales, maintenant, mes œuvres sont beaucoup plus grandes qu’une toile, et en plus, je peux marcher dedans», rigole-t-elle.
Dans Gardiens du patrimoine, Mme Frenette réalise notamment «un petit miracle» avec le chantier d’agrandissement d’une maison de Stoneham qui contenait «de vrais défis d’envergure».
«Tu sais, le genre de défis que tu ris, mais qu’en fait tu veux pleurer!», s’exclame la designer, sans trop en révéler.
Prévoir l’imprévisible
Des défis d’envergure, Sébastien Bourcier en a aussi vu passer dans ses 15 années de carrière. Le maitre d’œuvre de chantier spécialisé en maisons ancestrales soutient qu’il peut «lire les indices et interpréter les maisons» afin de «prévoir l’imprévisible».
«Le but c’est d’éviter que le client ait de mauvaises surprises et aussi de lui donner des options selon les situations qu’on peut prévoir», explique M. Bourcier.
Tout comme Mme Frenette, il admet que les trois mois de tournage ont demandé des sacrifices en temps et en ressources. Mais il soutient que «l’investissement valait la peine» afin de démocratiser et faire connaître le patrimoine.
«C’est vraiment important que les gens sachent qu’il y a encore des gens qui connaissent ça, des professionnels qui peuvent livrer un travail garanti.»
— Sébastien Bourcier, maitre d’œuvre spécialisé en maisons ancestrales
Dans le cadre de l’émission, M. Bourcier rénove de fond en comble une maison de Saint-Jean-sur-Richelieu en construisant notamment une annexe à la résidence.
Sébastien Bourcier peut toucher à tous les aspects d’une maison ancestrale, et affectionne particulièrement la construction de charpentes. (Corus médias)
«La charpente qu’on a construit, il n’y a aucun moyen d’avoir si c’est vieux ou neuf. Toutes les poutres ont au moins 200 ans, et les planches de pin neuves qu’on a utilisées ont été vieillies avec des techniques d’oxydation», explique l’entrepreneur.
M. Bourcier a commencé sa carrière comme graphiste il y a plusieurs années, mais sa rencontre avec André Bolduc, spécialiste dans les rénovations ancestrales, l’a poussé à changer de carrière. M. Bolduc, qui était chroniqueur dans l’émission Passion Maisons (diffusée à Historia dans les années 2000), a formé M. Bourcier à ses débuts.
Transmettre la passion du patrimoine
Le réalisateur de Gardiens du patrimoine, Jean-Philippe Veillet, soutient avoir eu «un plaisir total» avec le tournage de cette émission. Il se réjouit de la sélection des six artisans qui figurent dans la série.
«Ce sont vraiment des artisans qui avaient de super chantiers cet été, et surtout des gens colorés qui étaient capables de percer l’écran pour transmettre leur passion pour le patrimoine», explique M. Veillet.
Celui qui a entre autres réalisé les émissions Huissiers (Noovo) et Ça ne se demande pas (Ami Télé) mentionne avoir eu lui-même la piqure pour le patrimoine depuis le tournage
«Je n’avais jamais remarqué tout le travail qui est en arrière des vieux bâtiments. Maintenant je me rends compte que je regarde d’une autre façon le patrimoine quand je me promène dans les vieux quartiers», affirme-t-il.
Marie-Lise Frenette n’effectue pas seulement les designs, elle connait aussi plusieurs techniques de rénovation, notamment celles qui concernent la restauration des patines. (Corus médias)
À l’instar des deux artisans interrogés, M. Veillet indique que le plus grand défi avec ce tournage était les contraintes de temps.
«On était un peu à la merci des livraisons de matériaux, de la météo, donc de plein de facteurs qui apportent leurs lots d’imprévus, on aurait voulu être là à tout le temps, tous les jours, mais c’était impossible», mentionne-t-il, avant de souligner l’excellent travail de la productrice Jen Gatien et de toute l’équipe de production.
La première saison de cette émission de 10 épisodes de trente minutes, produite par Pixcom, sera diffusée à Historia dès le mardi 11 février à 22 h 30.