Patrimoine en péril

Une petite curiosité que je viens de lire dans l’ordre du jour du CA de Rosemont: une demande pour retirer un escalier en façade d’un duplex transformé en unifamiliale à été refusée.

L’édifice en question:

Raison:

La Direction du développement du territoire et des études techniques (DDTET) formule une recommandation défavorable pour les raisons suivantes :

  • La demande ne respecte pas la majorité des objectifs ainsi que les critères
  • applicables du Règlement d’urbanisme de l’arrondissement Rosemont–La Petite-Patrie (01-279);
  • Le retrait de l’escalier en façade aura pour effet de dénaturer la façade;
  • L’escalier tournant représente une composante architecturale très présente dans le district du Vieux-Rosemont et dans le secteur de la promenade Masson

Personnellement je suis d’accord de ne pas perdre l’élément distinctif et l’uniformité de la rue avec ces escaliers. Incidemment, la famille de mon frère vit dans un duplex converti en unifamilial, et ils vivent très bien avec cet escalier toujours présent. Je ne vois pas la nécessité de le retirer.

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D’accord pour préserver l’escalier qui fait partie du style de la rue. Ça fait une sortie de secours supplémentaire en cas de feu.

Un message a été fusionné à un sujet existant : Immeubles patrimoniaux (restauration, démolition, façadisme) - Discussion

Je me demande s’il y a des travaux en cours sur les étages supérieurs de ce bâtiment sur Saint-Laurent dans Chinatown

il me semble avoir une fiche immobilière pour location ou vente des étages supérieurs l’an dernier

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Bonjour à tous, savez-vous s’il y a un tableau sur les données des démolitions par arrondissement qui ont eu lieu depuis l’entrée en vigueur du projet de loi 69 (1er avril 2021) qui oblige les villes (arrondissements à Montréal) à adopter un nouveau règlement sur les démolitions (max 1er avril 2023)?

Peu d’arrondissements divulguent même des informations sur le bâtiment à démolir lorsqu’il est visé par une demande.

Ce que je recherche au minimum par arrondissement:

nombre de démolitions demandées
nombre acceptées

Les statistiques pour les permis sont des données ouvertes, mais les pratiques par arrondissement peuvent varier. Pour plusieurs, on verra le nombre de permis émis par catégorie (DE dans votre cas), et par année : Permis de construction, transformation et démolition - Site web des données ouvertes de la Ville de Montréal

Pour les demandes rejetées, hmmm… Ça devrait peut-être passer par des demandes d’accès à l’information ? Je ne pense pas avoir vu ces données facilement accessibles. Peut-être qu’une autre personne a une idée.

Il faut aussi savoir que plusieurs démolitions sont autorisées dans le cadre d’un PPCMOI (projet particulier de construction, de modification ou d’occupation d’un immeuble), et non par une demande de permis de démolition. Par exemple, en 3 ans au CCU de Verdun, il n’y a eu qu’une seule demande de démolition (refusée). Toutefois, plusieurs PPCMOI, généralement des projets de grande envergure, ont permis de démolir des bâtiments.

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Suite sur la maison d’enfance de René Lévesque à New Carlisle

En principe protégée de longue date par divers arrêtés légaux, la maison natale de l’ancien premier ministre René Lévesque, située en Gaspésie, n’a cessé de se détériorer, jusqu’à sa reprise en main par l’État québécois. Un sérieux coup de barre vient d’être donné pour préserver cette modeste demeure de bois construite en 1905.

Les travaux nécessaires à sa consolidation, déjà amorcés en collaboration avec la Société québécoise des infrastructures, ont été estimés à au moins 800 000 $, selon un rapport préliminaire fourni par Marie-Josée Deschênes, une experte impliquée dans le dossier. Il est trop tôt pour connaître les coûts réels projetés, qui pourraient varier à mesure que le chantier sera développé.

Des documents obtenus par Le Devoir, grâce à la loi sur l’accès à l’information, révèlent l’état avancé de dépérissement des lieux. En 2022, au moment de la prise de possession des lieux par l’État à la suite d’une expropriation, des pans entiers de la maison méritaient une intervention urgente.

Poutres rongées, moisissures, infiltrations d’eau, toiture putréfiée, contour des fenêtres vermoulues, chevrons affaissés, dégradations multiples, à l’intérieur comme à l’extérieur : voilà ce que montre un rapport d’expertise, réalisé en 2022, avec nombre de photos à l’appui, tout en rappelant l’intérêt de plusieurs éléments bien préservés de cette maison dont un jeune occupant aura marqué l’histoire.

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Résumé

L’Est du Québec

Les villages disparus de l’Est-du-Québec: des tragédies qui laissent des traces

Par Johanne Fournier, Collaboration spéciale

17 novembre 2024 à 04h30


L’ancien village de Saint-Octave-de-l’Avenir, au sud de Cap-Chat, a été fermé en 1971. (Johanne Fournier/Collaboration spéciale)

Forillon, Saint-Octave-de-l’Avenir, Saint-Louis-de-Gonzague, Labrieville, Gagnon et bien d’autres municipalités de l’Est-du-Québec ne sont maintenant plus que le souvenir d’une occupation. Certains portent encore certains vestiges, d’autres en sont complètement dépourvus. Si les raisons de leur disparition varient selon le lieu, ils ont tous un dénominateur commun: des récits d’abandons et de fermetures qui ont été tragiques pour plusieurs familles délocalisées.


C’est en résumé ce qu’est venu raconter Jean-René Thuot, professeur d’histoire au département des lettres et humanités de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), lors d’une conférence prononcée vendredi à Rimouski et qui était diffusée par visioconférence.

Raconter l’histoire de l’occupation d’un territoire, c’est parler de ce qui a traversé le temps. C’est aussi témoigner de ce qui a disparu et qui a parfois laissé peu de traces physiques, mais souvent plusieurs stigmates psychologiques.



Que ce soit au Bas-Saint-Laurent, en Gaspésie ou sur la Côte-Nord, chaque époque a produit son lot d’exploitation des ressources qui ont participé à l’émergence de nouveaux paysages bâtis, mais qui ont aussi contribué à les faire mourir. C’est ainsi que de nombreuses localités ont été rayées de la carte. À travers un éventail d’études de cas, le spécialiste du monde préindustriel québécois a cherché à mesurer les impacts et l’héritage qu’il reste aujourd’hui de ces villages fantômes. «Quelles sont les causes de ces fermetures?, s’interroge-t-il. Qu’est-ce que ça nous apprend sur l’identité? Chaque étude de cas nous apprend quelque chose.»

Guerres et conflits

Les guerres et les conflits ont modifié le paysage. «L’expérience collective qu’on a de la guerre nous fait oublier l’impact des guerres précédentes qu’on a vécues», croit l’expert, dont les travaux portent sur les paysages bâtis, les identités et le patrimoine.

En 1690, le village de Percé est complètement brûlé. Des bombardements de la flotte britannique sur les côtes gaspésiennes en 1759 ravagent les villages de Mont-Louis, de Grande-Rivière, de Pabos et de Penouille. À la même époque, les Anglais détruisent cinq postes de pêche sur la Côte-Nord. Sur l’île d’Anticosti, les villages de l’Anse-aux-Fraises et de Baie-Sainte-Claire, dont des établissements avaient été érigés en 1895, disparaissent vers 1926.

Expériences mono-industrielles

La naissance et l’extinction de plusieurs hameaux résultent d’expériences mono-industrielles. Le village de Saint-Élysée de Bersimis, situé près de la réserve innue de Pessamit, a existé de 1873 à 1920 en raison de sa scierie qui permettait à 400 personnes d’y vivre. Il ne reste aujourd’hui que le chemin du Banc-des-Blancs et un cimetière non entretenu. En 1881, 300 personnes travaillent au moulin de Sault-au-Cochon, qui devient plus tard Forestville. «La maison de Grant W. Forrest est la seule survivante du premier village de Sault-au-Cochon», indique le professeur.

Fondé en 1889, Saint-Eugène-de-Manicougan a périclité après la faillite du moulin en 1907, jusqu’à s’effacer complètement en 1915. «Il n’y a plus rien qui rappelle l’ancien village de Saint-Eugène», confirme M. Thuot. Chute-aux-Outardes, près de la centrale Outardes-1, est un village champignon qui est sorti de terre avec la construction de la centrale hydroélectrique. Le petit hameau s’est évaporé. «Il ne reste que la centrale qui rappelle les premiers développements hydroélectriques sur la Côte-Nord», précise-t-il.

Le village des Forges de Moisie se forme de façon très hâtive en 1867 pour l’extraction du fer. Si le développement du lieu est rapide, la faillite spectaculaire de l’entreprise minière va entraîner sa fermeture tout aussi précipitamment en 1875. À ce moment, 600 personnes occupent le territoire. «On ne voit plus aucun vestige, indique Jean-René Thuot. Il y en a, mais ils sont cachés.»



Créée en 1959 pour son gisement de fer, la Ville de Gagnon compte environ 4000 habitants à son apogée. La ville ferme abruptement en 1985. Elle est rasée sous le pic des démolisseurs. Tout est détruit et les vestiges sont enterrés. «C’est une disparition pour le moins tragique», observe l’enseignant universitaire.

Saint-Octave-de-l’Avenir est l’un des rares villages disparus qui a encore son église. (Johanne Fournier/Collaboration spéciale)

Projets d’État

Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, des projets d’État entraînent une série de fermetures de villages. Dans plusieurs cas, celle-ci cause des traumatismes qui sont encore douloureux dans la mémoire de plusieurs familles et de leurs descendants.

Dans les années 1950, dans sa volonté de sédentariser les peuples autochtones, le gouvernement fédéral impose des déplacements forcés sur la Côte-Nord. En 1961, Ottawa procède au déplacement de la communauté de Pakua Chipi qui compte quelque 80 familles dans le but de la fusionner à Unamen Chipu, située à 250 km à l’ouest. «Un matin, on les embarque de force sur un navire et on les amène à Unamen Chipu, où il n’y avait pas d’installations pour les accueillir, raconte M. Thuot. Face à la désorganisation et au découragement, un certain nombre de familles vont partir à pied d’Unamen Chipu pour retourner à Pakua Chipi.»

En 1970, pensons aux habitants de Forillon qui ont été expropriés et dont les maisons ont été incendiées pour créer un parc national en 1970. Puis, la création du Bureau d’aménagement de l’Est du Québec (BAEQ) fait de l’Est-du-Québec une région pilote. De 1969 à 1974, plusieurs localités du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie sont fermées parce que considérées non rentables pour le gouvernement. «Mais, les Opérations Dignité vont freiner ce mouvement-là», souligne l’universitaire.



En 1974, Saint-Louis-de-Gonzague, en Gaspésie, en est un puissant symbole. «Ça va provoquer une division dans la communauté, relate-t-il. Certains résidents décident de rester là. On leur dit de déménager leur maison ou de la brûler sur place. Pour s’assurer de mettre fin à la saga, le gouvernement va couper l’électricité, le chemin d’accès cesse d’être entretenu. L’État engage rapidement des planteurs pour reboiser les terres, de manière à s’assurer de faire cesser toute activité de culture et d’occupation du territoire.» On y retrouve aujourd’hui des empreintes de chemins, des fondations de bâtiments et le cimetière est encore entretenu de manière impeccable.

En 1974, lorsque les habitants de Labrieville, sur la Côte-Nord, apprennent la fermeture de leur municipalité fondée 21 ans plus tôt et gérée par le gouvernement provincial, c’est le choc brutal. «Toute la ville est supportée par Hydro-Québec, précise-t-il. On va offrir aux familles de racheter leur maison pour 500$.» De nos jours, il ne reste que quelques débris.

Catastrophes naturelles

La suppression de villages n’est pas que l’œuvre des humains. Des incendies, des glissements de terrain, des tremblements de terre, des inondations et des érosions ont souvent été la cause de déplacements dans l’histoire. Pensons à une partie des villes de Rimouski et de Cabano qui a été complètement effacée par un incendie majeur. Les fréquentes inondations et un tremblement de terre ont été à l’origine du déplacement de Kamouraska sur un cran rocheux après 100 ans d’occupation.

En 1972, Québec ferme Saint-Vital-de-Moisie en raison de l’érosion. Il dédommage les habitants en fonction de la valeur de leur propriété. Très peu de maisons sont déménagées; la plupart sont détruites. L’église et le presbytère sont démantelés. Puis, on procède à l’exhumation des corps du cimetière. Aucun panneau ne témoigne d’une ancienne occupation de ce territoire.

Quelques réflexions

Jean-René Thuot en vient à quelques réflexions sur l’effacement de ces villages. «Les processus d’effacement ou de disparition ont été divers, allant de la violence au laisser-aller. On a démantelé, on a détruit, on a déménagé, on a enterré, on a converti ou on a simplement abandonné. Il y a des sites où sont survenues des disparitions définitives qui laissent voir des traces de fondations, de rues, de débris, d’artefacts divers. Il y a des remblais, des bâtiments entiers, des cimetières qui sont entretenus ou non.»

D’un endroit à l’autre, le professeur d’histoire constate qu’il existe d’importants décalages dans les dispositifs de mise en valeur. Plusieurs de ces lieux ne disposent d’aucune signalisation qui indique la présence de vestiges qui permettraient de souligner la mémoire d’un ancien milieu de vie. À l’inverse, des résidents intéressés par l’histoire de certains endroits se mobilisent. «Ils veulent garder vivante la mémoire du lieu, combattre l’effacement de l’histoire, mentionne-t-il. Combattre l’oubli, c’est en même temps combattre l’effacement d’une partie de son identité.»

Selon le professeur de l’UQAR, il importe d’être consciente de ces enjeux comme société afin que les décisions se prennent autrement. Il doit y avoir, selon lui, une conversation collective qui soit plus ouverte et respectueuse.

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à l’émission radio Le 15-18

La Ville de Dorval et certaines personnes ne sont pas d’accord sur la démolition d’un grand bâtiment, au bord du lac Saint-Louis. L’ancien couvent, construit en 1965, est adossé à une maison qui a appartenu au premier maire de Dorval, Désiré Girouard. Le journaliste Philippe-Antoine Saulnier a rencontré les deux parties pour en savoir plus.

Le site a été acheté par la Ville pour 8 millions de dollars, selon le maire actuel de Dorval, Marc Doret.


Au 19e siècle, la maison s’appelait Quatre Vents, sans doute parce qu’elle est directement au bord du lac Saint-Louis. Elle a appartenu au premier maire de Dorval, Désiré Girouard.
Radio-Canada / Philippe-Antoine Saulnier

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Je connais bien certaines personnes impliquées dans ce dossier.
À noter que la démolition concerne seulement l’annexe construit en 1965; Dorval prévoit conserver la maison du 19e siècle.

L’audit architectural de la ville a été publié et peut être consulté ici : https://www.ville.dorval.qc.ca/medias/files/en/other_publications/Audit_architectural_final_-_2023-03-07.pdf

D’un point de vue architectural l’annexe ne semble pas avoir une grande valeur patrimoniale à mes yeux. Par contre dans un contexte de pénurie de logements, ça me semble une opportunité manquée de démolir cet immeuble qui semble être dans un état tout à fait récupérable pour un autre usage comme du logement social ou communautaire par exemple.

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Photo: Groupe de recherche en art du Québec Archives Wikimedia Commons
Le conseil municipal de Saint-Lambert a approuvé lundi soir la mise en vente de la maison Marsil, située au 349, rue Riverside et classée en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel.

La Ville de Saint-Lambert entend vendre la maison Marsil, un immeuble patrimonial datant de la fin du XVIIIe siècle, qui lui appartient depuis 1935. Selon la mairesse Pascale Mongrain, il revient au ministère de la Culture de protéger le bâtiment classé, et non à sa municipalité qui est déjà aux prises avec plusieurs édifices en mauvais état.

Le conseil municipal de Saint-Lambert a donné son aval, lundi soir, à la mise en vente de cette maison de pierres située au 349, rue Riverside. Le bâtiment est classé en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel, ce qui impose des contraintes importantes lors de travaux de rénovation. La résolution adoptée par l’ensemble des élus autorise le directeur général à procéder à cette mise en marché de la maison Marsil « selon la valeur marchande et selon les modalités les plus avantageuses pour la Ville ».

« La juridiction sur la conservation de la maison Marcil n’appartient pas à la Ville de Saint-Lambert, mais appartient au ministère de la Culture », a fait valoir la mairesse Mongrain lundi soir. L’élue a expliqué que la maison n’était d’aucune utilité pour la Ville, qui la loue depuis 2017 à une entreprise, la société Protocole Trophées d’exception, sans lien avec les services municipaux. La Ville agit ainsi comme un « gestionnaire immobilier » d’un immeuble dont elle n’a pas besoin, a-t-elle souligné. Tôt ou tard, la maison Marsil nécessitera des travaux et la Ville devra se plier aux contraintes sévères liées au classement du bâtiment. Déjà, la Ville a investi des sommes importantes dans les années 2010 pour la rénover, a rappelé l’élue. « On revient au compte de taxes des citoyens : est-ce que c’est quelque chose que les Lambertois devraient continuer à assumer ? », a-t-elle demandé.

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Lévis, championne des démolitions… Où sont les organismes fédéraux, provinciaux et municipaux censés protéger notre patrimoine ?

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Incroyable que l’on a laissé déperir un tel bijou de maison a Levis. C’est vraiment honteux.

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Un des plus élégants immeubles de Lévis. Malheureusement cette ville est dirigée par un maire d’une autre époque qui appuie fortement le troisième lien. Cela en dit déjà beaucoup sur sa vision urbaine pro automobile et ses priorités pour les grands ensembles au détriment du patrimoine.

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Résumé

Une grange patrimoniale comme «cadeau de Noël»

Par Félix Lajoie, Le Soleil

25 décembre 2024 à 05h00

Le bâtiment agricole a été construit sur la rue Saint-Raphaël vers 1840 par l’Allemand Hans Georg Bhürer selon les techniques de son pays d’origine. (Félix Lajoie/Le Soleil)

Après avoir été menacée de démolition il y a près d’un an, pour ensuite être classée par le ministère de la Culture, la grange Bhérer a récemment été vendue. Un «rêve» qui se réalise pour les nouveaux propriétaires, et un «cadeau de Noël» pour les historiens.


Evans Frève a toujours rêvé d’avoir une belle grange avec une maison familiale. Son rêve est maintenant devenu réalité, puisqu’il a acquis avec sa conjointe la propriété située à La Malbaie.

«On n’a pas le choix, j’ai assuré au ministère que j’allais en prendre soin pour qu’elle reste debout. Déjà on a mis une toile sur la toiture pour pas que le reste du toit de chaume parte au vent», explique M. Frève en entrevue avec Le Soleil.



L’année prochaine, il va poursuivre l’entretien et les rénovations, notamment en changeant la toiture. Le ministère a accepté le retrait du toit de chaume pour le remplacer par un toit de tôle, afin d’assurer la préservation de la grange.

M. Frève prévoit utiliser la grange comme un garage et un atelier personnel dans la mesure du possible, puisque le ministère doit vérifier et accepter le moindre petit changement sur le bâtiment.

«La structure de la grange est correcte, mais il y a certains endroits où les poutrelles du bas sont maganées, la neige et l’eau rentraient à l’intérieur. Il manque aussi un drain à l’arrière qui va permettre un bon écoulement de l’eau», indique M. Frève, parmi d’autres rénovations à effectuer.


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Minuit moins une pour une grange d’une valeur «exceptionnelle»

L’imposante maison familiale de 17 pièces qu’habitait jadis la famille Bhérer est maintenant occupée par M. Evans et sa conjointe, qui forment une famille recomposée avec leurs six enfants.

La partie de la maison qu’occupe la famille de M. Evans compte sept chambres, ce qui permet à tous leurs enfants d’avoir leur propre pièce. La partie arrière sera occupée par la mère de la conjointe de M. Evans, tandis que la troisième partie de la maison sera éventuellement transformée en logement à louer.

Située derrière l’ancienne maison familiale des Bhérer, la grange possède une valeur «exceptionnelle» pour son architecture et son histoire, selon plusieurs spécialistes. (Félix Lajoie/Archives Le Soleil)

«L’intérieur de la maison est pas mal top shape, il y a juste une cuisine à remettre à jour parce qu’il y avait encore l’ancienne cuisine qui datait de 1815», ajoute-t-il.

La difficulté d’assurer

Rénover la grange selon les spécifications du ministère représente un défi, mais la plus grande difficulté avec cette nouvelle propriété était de l’assurer, souligne M. Evans.



«Au niveau des assurances ç’a été très très compliqué, ça fait partie des raisons de pourquoi d’autres personnes n’ont pas été capables d’acheter la propriété», relate-t-il.

«Soit les assureurs nous refusaient parce que la grange est patrimoniale, ou à cause de l’âge de la maison. Certains nous disaient oui, mais nous faisaient un prix de 900$ par mois», déplore M. Evans.

Finalement, grâce à sa persévérance et à quelques contacts, M. Evans a finalement trouvé un assureur qui était prêt à les couvrir pour un prix raisonnable.

Un cadeau avant l’heure

Contacté par Le Soleil, l’historien et président de la Fédération histoire Québec, Jean-Louis Vallée, s’est réjoui de ce dénouement. L’année dernière, M. Vallée s’était opposé à la démolition de l’immeuble, ce qui avait finalement mené au classement de la grange par le ministère.



«Est-ce qu’on peut dire que c’est un cadeau de Noël extraordinaire pour le patrimoine et pour La Malbaie? Je pense que oui», commente M. Vallée, plein d’enthousiasme.

«Ce genre d’initiative là doit être mis face aux gens, qu’ils puissent voir que certaines personnes ont du courage et aiment le patrimoine bâti, veulent le mettre en valeur et sont prêt à faire ce qu’il faut pour le faire.»

— Jean-Louis Vallée, président de la Fédération histoire Québec

Parmi «les récentes mauvaises nouvelles» dans le domaine du patrimoine, celle-ci fait figure d’exception, selon M. Vallée.

«Est-ce qu’on peut dire que l’action de la Ville de La Malbaie a porté fruit? Je ne sais pas. Mais le maire voulait forcer la main au ministère pour qu’il prenne en charge le bâtiment, et ils l’ont finalement classé», réfléchit-il.

«Souvent on se fait dire qu’un bâtiment classé c’est invendable, on a la preuve que lorsque les gens voient la vraie valeur d’un édifice, ça se vend aussi bien qu’un autre bien», conclut M. Vallée.