Quoi de neuf avec l’ancien Institut des Sourdes-Muettes ? Pas grand-chose…
PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE
L’ancien Institut des Sourdes-Muettes, rue Saint-Denis, à Montréal
Il y a un an presque jour pour jour, la directrice de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ), Liza Frulla, poussait un cri du cœur.
Publié à 0h48 Mis à jour à 6h00
Résumé
Quoi de neuf avec l’ancien Institut des Sourdes-Muettes ? Pas grand-chose…
PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE
L’ancien Institut des Sourdes-Muettes, rue Saint-Denis, à Montréal
Il y a un an presque jour pour jour, la directrice de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ), Liza Frulla, poussait un cri du cœur.
Publié à 0h48 Mis à jour à 6h00
Elle se désolait que l’ancien Institut des Sourdes-Muettes, un ensemble de bâtiments de pierres grises délimité par les rues Saint-Denis, Berri, Roy et Cherrier, soit à l’abandon depuis plusieurs années.
Mme Frulla voyait dans ce site, entre autres, une occasion de loger ses étudiants.
PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE
La directrice de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ), Liza Frulla
Nous lui avons donné un coup de fil pour prendre le pouls de la situation, un an plus tard. Ce qu’elle nous a raconté est décourageant. « Rien ne bouge ! », lance-t-elle. L’ancien Institut, qui appartient à la Société des infrastructures du Québec (SQI), le bras immobilier du gouvernement du Québec, est toujours à l’abandon.
« J’ai eu deux rencontres avec eux et puis plus rien, ajoute Mme Frulla. Je ne peux pas recruter de nouveaux étudiants, je n’ai toujours pas de place pour les loger ! »
Un projet compliqué
Mme Frulla est réaliste : requalifier ces édifices abandonnés – « dont une partie des murs doit être remplie d’amiante », selon elle – ne sera pas une mince tâche. « Il y en a sûrement pour 500 ou 600 millions de dollars », estime la directrice de l’ITHQ.
Pour cette raison, l’ancienne ministre de la Culture estime que la transformation du site doit passer par un partenariat public-privé. « Il y a des bâtiments qui ont été construits plus tard et qui n’ont pas de valeur patrimoniale, lance-t-elle. C’est plate à dire, mais construisons des condos. Et restaurons tout ce qui est patrimonial. »
Cet immobilisme est d’autant plus décourageant qu’un peu plus à l’ouest, sur le site de l’ancien hôpital Royal Victoria, lui aussi propriété de la SQI, les choses progressent plus vite. Et ce, même s’il s’agit d’un site plus imposant et plus complexe, car adossé au parc du Mont-Royal. La différence, c’est que l’Université McGill a une vision pour le transformer. L’établissement d’enseignement agit donc en véritable catalyseur. Résultat : en 2021, soit six ans seulement après la fermeture de l’hôpital, le plan de McGill était déjà soumis à l’Office de consultation publique de Montréal.
Pendant ce temps, rue St-Denis, tout semble paralysé. L’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, locataire de l’Institut des Sourdes-Muettes, a pourtant fermé ses portes la même année que le Royal Vic, en 2015. Qu’est-ce qu’on attend ?
« On est dans un quartier central de Montréal, en pleine crise du logement, et on a un beau grand stationnement sur la rue Saint-Denis. Ça n’a pas de bon sens ! », renchérit Liza Frulla qui rêve d’une cité étudiante à l’est de Saint-Laurent, qui serait développée en collaboration avec l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
La même réponse
J’ai bien sûr donné un coup de fil à la SQI. Selon ses porte-parole, les choses bougent bel et bien. « Une analyse du potentiel de revalorisation du site, qui inclut l’évaluation de la valeur patrimoniale des diverses composantes, est en cours », m’ont-ils répondu par courriel.
On assure aussi que « des travaux sont menés pour recenser les défis techniques liés à la requalification du site (enjeux structuraux, conformité aux codes, protection sismique, vétusté des divers systèmes, gestion des eaux, etc.). »
Quand je demande à la SQI s’il existe un échéancier, une date à laquelle on pourrait présenter un début de vision, on me répond que « les différents travaux énumérés, débutés depuis quelques mois, viendront préciser les prochaines étapes dans l’objectif d’identifier et définir le meilleur projet pour ce site ».
Voyez-vous un soupçon d’urgence ou d’empressement dans cette réponse ? Pas moi.
La SQI me répond sensiblement la même chose qu’elle avait répondu à mon collègue Philippe Teisceira-Lessard il y a un an.
Du côté de la Ville de Montréal, qui a tergiversé pendant quelques années avant de renoncer à développer elle-même le site, je n’observe aucun sentiment d’urgence non plus.
L’administration Plante avait élaboré une vision qui prévoyait une résidence pour les étudiants de l’ITHQ, du logement social, un CPE et des bureaux pour l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal. Mais jusqu’ici, personne n’a levé la main pour concrétiser cette vision.
De plus, on ne sent pas que l’administration Plante exerce beaucoup de pression sur la SQI pour qu’elle aboutisse à quelque chose. Le responsable de l’habitation, Benoit Dorais, a refusé de m’accorder une entrevue à ce sujet. Par l’entremise de son attaché de presse, il m’a fait savoir que la Ville était en mode attente. « La SQI sait qu’on attend avec impatience qu’un projet nous soit déposé sur ce lieu », a-t-on répondu par message texte.
J’aurais cru qu’en pleine crise du logement, nos élus municipaux seraient en mode « urgence ». Ça ne semble pas être le cas.
En attendant, plus l’ancien Institut des Sourdes-Muettes se détériore, plus il en coûtera cher pour lui donner une nouvelle vie. Un exemple supplémentaire, s’il en fallait un, de l’inertie des pouvoirs publics face à la crise du logement.