BRP, constructeur des populaires motoneiges, motomarines et motos à trois roues Spyder, deviendra l’un des occupants d’un controversé terrain à Saint-Philippe, en Montérégie, qui sème la grogne chez ses voisins de La Prairie. L’endroit deviendra une plaque tournante mondiale de distribution pour la multinationale québécoise.
Résumé
Saint-Philippe, en Montérégie BRP s’installera sur un terrain controversé
PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE
BRP se construit un nouveau centre de distribution de pièces sur un terrain en bordure de l’autoroute 30, à la hauteur de Saint-Philippe/La Prairie.
BRP, constructeur des populaires motoneiges, motomarines et motos à trois roues Spyder, deviendra l’un des occupants d’un controversé terrain à Saint-Philippe, en Montérégie, qui sème la grogne chez ses voisins de La Prairie. L’endroit deviendra une plaque tournante mondiale de distribution pour la multinationale québécoise.
Publié à 2h10 Mis à jour à 5h00
André Dubuc La Presse
Julien Arsenault La Presse
Contrôlée par la famille Beaudoin-Bombardier, l’entreprise établie à Valcourt finalise une entente pour devenir locataire d’un centre logistique dernier cri d’une superficie d’un peu moins de 70 000 mètres carrés (750 000 pieds carrés). La valeur du bâtiment est d’environ 100 millions, ce qui ne tient pas compte de l’équipement qui sera installé à l’intérieur et de la valeur du terrain.
Des pièces de rechange pour véhicules récréatifs, des accessoires et des vêtements transiteront par cet endroit avant de se retrouver dans d’autres centres de distribution de BRP ailleurs dans le monde.
« Ce nouveau centre nous permettra de centraliser la distribution de l’ensemble de nos pièces, accessoires et vêtements à nos concessionnaires du monde entier en un seul endroit et ainsi de mieux les desservir », dit la société dans une déclaration, confirmant ainsi la nouvelle de La Presse. « Si les travaux se déroulent comme prévu, le nouveau centre de distribution devrait être opérationnel d’ici la fin de l’année 2025. »
Plaque tournante mondiale au service de 2600 concessionnaires
BRP, qui a profité de l’engouement des consommateurs pour ses véhicules récréatifs dans la foulée de la pandémie, vend ses produits chez 2600 concessionnaires répartis à travers 21 pays.
Le constructeur des Ski-Doo, Sea-Doo et Can-Am s’est tourné vers Saint-Philippe parce que son centre actuel, situé à Saint-Jean-sur-Richelieu, à une trentaine de kilomètres de la future adresse, est devenu exigu. Selon des documents déposés auprès des autorités boursières en 2015, la superficie initiale était de quelque 35 000 mètres carrés (375 000 pieds carrés), mais le site a grandi depuis, affirme BRP, sans toutefois fournir de mise à jour.
BRP exploite le centre de Saint-Jean-sur-Richelieu en collaboration avec un tiers, en l’occurrence DHL, géant allemand des services de logistique comme l’entreposage et le transport. Quelque 350 personnes y travaillent. On optera pour la même formule à Saint-Philippe. Le constructeur de véhicules récréatifs espère que tous ses employés à Saint-Jean-sur-Richelieu accepteront de changer de lieu de travail.
« Il est trop tôt encore pour parler d’objectifs de création d’emplois », affirme BRP.
Plus qu’un centre
Le futur bâtiment sera construit par le promoteur Rosefellow. Celui-ci projette de construire trois ou quatre bâtiments sur le terrain de 325 000 mètres carrés (3,5 millions de pieds carrés) en façade de l’autoroute. Ses plans ont été présentés à la Ville de Saint-Philippe, rapporte celle-ci dans un communiqué paru le 26 février dernier et intitulé Changement de zonage pour l’implantation d’un pôle industriel à Saint-Philippe.
Dans cette publication, la Ville dit s’attendre à ce que le nouveau parc industriel contribue à la création de 500 emplois directs et rapporte des taxes de 40 millions en 10 ans. Les immeubles seront bâtis de façon à réduire les émissions de carbone tant à l’étape de la construction qu’à celle de l’exploitation. Au total, seulement la moitié du lot sera bâtie. De plus, un aménagement de la rainette faux-grillon de l’Ouest, espèce protégée, sera également réalisé.
Le projet de Rosefellow, qui détient une option d’achat sur le terrain actuellement détenu par Maison Candiac de Maryo Lamothe, prévoit la création d’une zone tampon de près de 100 mètres entre les futurs bâtiments industriels et le quartier résidentiel de La Prairie tout juste au nord.
La Presse a rapporté le 12 février dernier l’opposition des citoyens de La Prairie et de son maire Frédéric Galantai, ce dernier allant jusqu’à craindre « un mini-Northvolt » – une référence au projet de méga-usine de cellules de batteries de 7 milliards qui chevauche Saint-Basile-le-Grand et McMasterville. En gros, ceux-ci craignent d’avoir à subir les inconvénients du pôle industriel sur leur qualité de vie sans pouvoir profiter des revenus de taxation. Ils en ont contre le trafic journalier estimé de 50 camions et la hauteur des futurs bâtiments.
« Ce centre de distribution va amener des nuisances importantes pour mes citoyens. À titre de maire de La Prairie, je me dois de prendre en considération leurs revendications par rapport à ce dossier », a dit Frédéric Galantai, dans un entretien lundi.
Il entend négocier avec la ville voisine pour minimiser lesdites nuisances. Monsieur le maire ne prévoit pas déposer d’injonction à ce stade-ci. Il n’est pas question non plus de négocier le rattachement à la ville de La Prairie du territoire enclavé depuis la construction de l’autoroute 30.
PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE
Le maire de La Prairie, Frédéric Galantai
À l’hôtel de ville de Saint-Philippe, le porte-parole au dossier, Martin Lelièvre, est absent en cette semaine de relâche scolaire. Le service des communications a rappelé que le terrain qui vient d’être rezoné à usage industriel autorisait auparavant la construction de 1800 habitations. « Dans le cas d’un ensemble résidentiel, la Ville aurait dû travailler de façon à assurer une certaine densification. Cette situation aurait donc forcé l’apparition de bâtiments de forte densité sur ces terrains », explique-t-on.
BRP en bref
- 2003 : L’entreprise est essaimée de Bombardier
- 7,7 milliards : Revenus après neuf mois en 2023
- 556 millions : Profits nets après trois trimestres l’an dernier
- 14 : Usines à travers le monde
- 23 000 : Effectif global de l’entreprise
Source : BRP
En savoir plus
- 6,7 milliards
Valeur boursière de BRP
BRP
2013
Année d’introduction en Bourse
BRP