Nouvelles économiques et commerciales

Des questions

PHOTO SHANNON STAPLETON, ARCHIVES REUTERS

Après la parution d’un dossier sur le renouvellement des prêts hypothécaires à taux fixe, le 12 novembre dernier, des lecteurs nous ont écrit, avec de bonnes questions.

Publié le 7 janvier

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Marc Tison
Marc Tison La Presse

« Lorsque l’on prend une hypothèque partout ailleurs, le taux d’intérêt est valide pour la durée de l’hypothèque (15, 20, 25 ans), alors qu’au Canada, nous devons le renouveler selon une durée déterminée à l’intérieur de la période d’hypothèque.

« La problématique actuelle de la remontée des taux pour les emprunteurs n’est pas existante en Europe ou aux États-Unis. Quelles sont donc les raisons de ce système, qui met la pression sur les emprunteurs et aucune sur les banques canadiennes ? »

JP Latta

« Pourquoi les banques canadiennes, dont on se targue qu’elles sont si stables, n’offrent-elles pas de vraies hypothèques à taux fixe pour 10, 15, 30 ans comme aux États-Unis ?

« Si certaines rares banques canadiennes offrent ces taux stables à long terme, aucune mention dans leur site internet ou leurs dépliants. Ces vrais prêts fixes offrent une paix d’esprit, un budget prévisible et sont quand même renouvelables à la baisse sans pénalité si les taux baissent.

« Habitant aux États-Unis depuis longtemps, nous avons pris une hypothèque de 30 ans d’abord à 6,5 % en 2011, renouvelée à 4,5 %, finalement renouvelée pour 15 ans à 3 %. À chaque fois, le taux était un peu plus élevé que les prêts variables à un, trois ou cinq ans, mais la paix d’esprit, le budget stable, la possibilité de prévoir à long terme en valaient grandement la peine. »

G. Brassard

« Je vis en Belgique depuis plus de 20 ans. Ici, le taux obtenu ne viendra pas à échéance durant la période du prêt. Par exemple, si vous obtenez un prêt de 200 000 € avec un taux de 3,5 % pour 20 ans, le taux ne changera pas (à moins bien sûr de “racheter” le prêt si le taux du marché revenait plus bas).

« Il y a beaucoup d’avantages dans cette offre : une énorme stabilité pour le budget familial et une plus grande stabilité pour le marché immobilier et le pouvoir d’achat.

« Pourquoi alors au Québec ne pourrait-on pas obtenir cette stabilité ? Cela pourrait éviter de mettre en difficulté beaucoup de propriétaires. »

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Metro chaîne d’approvisionnement Un géant de la logistique prend forme au Québec

PHOTO FOURNIE PAR METRO CHAÎNE D’APPROVISIONNEMENT

Metro chaîne d’approvisionnement, établie à Montréal, rachète SCI, une filiale de Postes Canada

Une filiale de Postes Canada s’apprête à devenir québécoise. Établie à Montréal, Metro chaîne d’approvisionnement mettra la main sur Groupe SCI, un important fournisseur de services logistiques, pour quelques centaines de millions de dollars, une transaction financée en partie par Québec et la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ).

Publié à 12h00

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Julien Arsenault
Julien Arsenault La Presse

Fondée en 1974, l’entreprise montréalaise est peu connue du grand public. Elle est cependant bien implantée en Amérique du Nord, en Europe et en Asie, où elle exploite plus de 92 sites avec ses quelque 6000 employés.

Services de consultation, exécution des commandes, transport et solutions d’emballage, les activités du groupe fondé et dirigé par Chiko Nanji s’apprêtent à être encore plus diversifiées avec l’ajout des activités de SCI, qui se targue d’exploiter le « plus vaste réseau canadien d’entrepôts et de distribution » et qui se spécialise notamment auprès des grandes entreprises.

« C’est pour moi l’un des éléments les plus importants de notre deuxième mandat : s’assurer que l’on offre une solidité, quand c’est requis, à nos entreprises québécoises qui peuvent avoir un impact à l’international », affirme le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie Pierre Fitzgibbon, dans un entretien téléphonique.

Il n’a pas été possible de s’entretenir avec M. Nanji, mardi. Celui-ci n’était pas disponible pour accorder des entrevues. Visiblement, Metro chaîne d’approvisionnement semble jouer de prudence puisque sa nouvelle prise doit obtenir l’aval du Bureau de la concurrence. La clôture de la transaction est prévue d’ici la fin du mois de mars.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Chiko Nanji est fondateur et président de Metro chaîne d’approvisionnement.

« SCI est un excellent complément stratégique à notre culture et à nos activités existantes, souligne M. Nanji, dans un communiqué. Cette acquisition renforcera notre position de véritable chef de file des services logistiques contractuels stratégiques. »

Nouvel instrument

Le gouvernement Legault finance la transaction à hauteur de 75 millions par l’entremise d’actions privilégiées. De son côté, le bas de laine des Québécois réinvestit 100 millions dans le spécialiste québécois de la logistique. Le montant de la transaction n’a pas été dévoilé, mais puisque les interventions financières de Québec représentent généralement entre 20 et 25 % du montant total du projet ou de la transaction, l’acquisition de SCI devrait varier entre 300 et 350 millions. La Banque Nationale est aussi impliquée dans le montage financier.

En offrant des actions privilégiées, Québec s’assure d’obtenir un dividende. Le rendement de ce dividende sera révisé à la baisse si Metro chaîne d’approvisionnement atteint certains objectifs en matière de création d’emploi dans la province. Le gouvernement Legault affirme que cette transaction devrait permettre la création de 400 emplois sur cinq ans dans la province.

« Pour l’entreprise, c’est avantageux parce que cela offrira un coût de financement très raisonnable, affirme M. Fitzgibbon. C’est disponible comme instrument [pour d’autres entreprises]. »

La Caisse était devenue actionnaire de la compagnie québécoise en 2018. Il s’agit donc d’un réinvestissement dans son cas. Selon les plus récentes informations disponibles – au 31 décembre 2022 –, la valeur de son investissement dans l’entreprise variait entre 150 et 300 millions.

Un petit morceau

SCI ne représentait qu’environ 3,5 % des revenus totaux de Postes Canada (7,1 milliards) après trois trimestres en 2023. Même si la société d’État fédérale était dans le rouge avec une perte avant impôt de 442 millions en date du 30 septembre dernier, sa filiale spécialisée dans la logistique était rentable.

Après trois trimestres en 2023, SCI affichait un résultat avant impôt de 8 millions sur un chiffre d’affaires de 252 millions. Ces dernières années, la rentabilité de cette division de Postes Canada s’est néanmoins détériorée, selon les rapports annuels de la société d’État. Postes Canada dit avoir pris la décision de vendre SCI l’an dernier après une « analyse du plan stratégique à long terme », qui table notamment sur une croissance dans le créneau du « cybercommerce ».

À travers le Canada, SCI exploite 26 centres de distribution et 41 emplacements de stockage et huit centres de transport spécialisés. Elle compte plus de 3000 employés. Son président et chef de la direction Chris Galindo continuera de diriger les activités de SCI une fois que la compagnie appartiendra à Metro chaîne d’approvisionnement.

Metro chaîne d’approvisionnement en bref :

Année de fondation : 1974

Siège social : Montréal

Activités : conseil en chaîne d’approvisionnement, remplissage, transport et emballage

Effectif : 6000 personnes (450 au Québec)

Présence géographique : Sept pays

En savoir plus

  • 10
    Nombre d’acquisitions réalisées par Metro chaîne d’approvisionnement depuis 2018, lorsque la CDPQ est devenue partenaire de la compagnie.

Caisse de dépôt et placement du Québec

250 personnes
Effectif québécois de SCI.

Metro chaîne d’approvisionnement

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Mamie Clafoutis passe en libre-service pour contrer la pénurie de main-d’œuvre

Publié le 10 janvier 2024
par Alexis Boulianne

La vitrine de la boulangerie Mamie Clafoutie.
Trois des sept adresses de Mamie clafoutis seront converties en magasin en libre-service. | Photo : Photo : Courtoisie / Mamie clafoutis

Devant le manque criant de personnel, la chaîne de boulangeries Mamie Clafoutis se tourne vers le libre-service et va automatiser son service à la clientèle dans plusieurs succursales, a appris Mordu. Les travaux commenceront ce printemps. C’est ce qu’a expliqué en entrevue le cofondateur de l’entreprise Nicolas Delourmel, qui prépare dès cette année sa clientèle à de gros changements.

Juste après la pandémie, c’était la catastrophe, se désole Nicolas Delourmel, copropriétaire de Mamie Clafoutis, qui compte sept adresses à Montréal et à Ottawa. Les heures d’ouverture ont été réduites à juste un shift par jour, et on a dû fermer le lundi et le mardi, raconte-t-il. Le chiffre d’affaires baissait à cause de ça. Ça fait très mal de fermer deux jours. Ce Noël, sur une équipe de 12 personnes, il y en a 4 qui ont démissionné le 23 décembre.

Le moment était venu, d’après celui qui a fondé l’entreprise en 2008 avec Joseph Sabatier, de penser à une solution de rechange. Moi, en tant que président, mon but, ce n’est pas de régresser, lance-t-il. L’idée : ne plus dépendre du personnel pour faire rouler les succursales.

« On le voit, il y a beaucoup de commerces qui ferment. Si on veut perdurer, il faut se réinventer. »

— NICOLAS DELOURMEL, CO-PROPRIÉTAIRE

Un modèle hybride

C’est un virage à 180 degrés : de petite chaîne de boulangeries caractérisées par des salles à manger confortables meublées de sofas et de canapés, Mamie Clafoutis deviendra bientôt un commerce en libre-service que son cofondateur compare à un magasin Apple. La caisse existera toujours, mais la clientèle sera prise en charge par un ou une membre du personnel avec un appareil de paiement mobile.

« C’est comme chez Apple, avec des caissiers volants. Ils ont leur téléphone, ils peuvent encaisser les achats. Le personnel sera debout dans le magasin, pour accueillir, aider et diriger les gens. La personne prend sa baguette, va voir un commis-vendeur, sort et puis c’est fini. »

— NICOLAS DELOURMEL

La clientèle pourra se servir son café elle-même, en libre-service, grâce à une machine d’origine suédoise. Un four sera aussi mis à la disposition pour que les gens puissent réchauffer leur sandwich.

L’entreprise avait déjà commencé à tester le concept à l’adresse de L’Île-des-Sœurs à cause de la difficulté de trouver du personnel pour y travailler. Cette nouvelle disposition sera mise en place à partir du mois de mai à la succursale de Mamie Clafoutis sur la rue Saint-Denis, à Montréal, et sera aussi installée à l’adresse de la rue Van Horne, à Outremont.

Une telle transformation entraîne aussi un changement de l’image de la marque. Les succursales qui adoptent ce nouveau système vont porter le nom de Mamie Clafoutis BASIQ. Une nouvelle signature qui sera apposée auprès du logo de l’entreprise.

Un système pour offrir plus de temps avec la clientèle

Avec l’aide de l’École Bensadoun de commerce au détail de l’Université McGill, qui pilote aussi la recherche sur le dépanneur automatisé de Couche-Tard, Mamie Clafoutis a mis en place ce modèle qui lui permettra d’habituer sa clientèle au concept du libre-service. Cette idée est de plus en plus acceptée depuis la pandémie, constate M. Delourmel.

L’expertise de McGill a permis de mettre en lumière que le personnel passait 60 % de son temps derrière une caisse et 20 % à faire des cafés. Seulement 10 % de son temps était réellement consacré au service lui-même.

Nicolas Delourmel espère qu’en plaçant une personne au milieu du plancher où les gens feront leurs achats, celle-ci pourra mieux les conseiller et avoir un meilleur contact avec la clientèle.

« Est-ce qu’un magasin autonome offre moins de service? Au contraire, on va multiplier le temps pour le service à la clientèle. »

— NICOLAS DELOURMEL

Le projet est donc d’avoir un peu moins de personnel en temps normal. Mais on veut que si le personnel vient à manquer, le magasin [puisse] quand même rouler, dit-il.

À long terme, c’est une automatisation complète que vise l’entreprise, soit la possibilité d’être ouvert 24 heures sur 24.


Nicolas Delourmel et Joseph Sabatier, les cofondateurs de Mamie Clafoutis, veulent que leur entreprise continue d’évoluer malgré le manque de main-d’oeuvre. | Photo : Courtoisie / Mamie Clafoutis

Et le copropriétaire est catégorique : les coûts de l’automatisation sont désormais moins élevés que ceux de la pénurie de main-d’œuvre. Ça pourrait nous coûter entre 5000 $ et 8000 $ par mois, plus les employés qu’on paie quand même, explique-t-il. C’est rentable si on peut ouvrir 24 heures sur 24, c’est là qu’on va aller chercher le bénéfice.

On s’est déjà retrouvé à ne pas pouvoir ouvrir la boutique parce que les deux personnes qui étaient censées travailler n’étaient pas venues, dit-il. On est dans le frais, donc les produits faits pour cette journée-là, c’est perdu.

En attendant une automatisation à 100 %

La vision de Nicolas Delourmel ressemble un peu à ce qui se trouve du côté des magasins Amazon Go, aux États-Unis. Les gens peuvent y entrer librement, faire leurs achats et ressortir sans passer à la caisse. Les produits qu’on achète sont débités automatiquement. Le tout fonctionne grâce à la vision par ordinateur dans le commerce, avec des centaines de caméras et un système informatique avancé.

« La clientèle n’aurait pas de travail supplémentaire à faire. Je ne veux pas de caisses libre-service comme à l’épicerie. »

— NICOLAS DELOURMEL

Les gestionnaires se sont mis à la recherche d’entreprises qui pourraient créer ce système et le lancer. Sauf qu’ils cherchent toujours : les quelques boîtes capables de réaliser le contrat n’ont pas d’activités au Canada ou elles ne font pas l’affaire actuellement. Ainsi, le projet d’automatiser complètement le service a été reporté, en attendant le bon partenaire.

Nicolas Delourmel ne pense pas être le seul gestionnaire à chercher à automatiser son service à la clientèle. « Dans cinq ans, il va y avoir énormément d’entreprises qui vont fonctionner avec ce système-là, prédit-il. On est vraiment bloqué avec la main-d’œuvre.»

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Reportage au Téléjournal

Prêts COVID aux entreprises : plus que trois jours pour rembourser

900 000 entreprises canadiennes ont bénéficié des prêts d’urgence d’Ottawa durant la pandémie. Ces prêts, pour la plupart de 60 000 $, ont coûté, 49,2 milliards $ au gouvernement fédéral.

La période de grâce est terminée : elles ont jusqu’à jeudi pour rembourser.

Le reportage de Laurie Trudel au #TJ18h

Rio Tinto prépare un gros projet d’éoliennes sans Hydro-Québec

Les industriels qui n’ont pas obtenu de blocs d’énergie se tournent de plus en plus vers l’autoproduction.

Des dizaines d'éoliennes dans un champ couvert de neige.

Le projet de Rio Tinto prévoit une production de centaines de mégawatts grâce à des éoliennes au Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Photo : afp via getty images / Jonathan Nackstrand

Publié à 4 h 00 HNE

L’incapacité d’Hydro-Québec à fournir de l’électricité à tous les projets industriels crée un engouement pour l’autoproduction privée, en dehors du réseau public. Radio-Canada a appris que le géant de l’aluminium Rio Tinto souhaite développer un grand parc d’éoliennes au Saguenay–Lac-Saint-Jean pour répondre à ses nouveaux besoins. Et il n’est pas le seul à prendre ce virage.

Plusieurs sources indiquent que la compagnie Rio Tinto souhaite générer elle-même des centaines de mégawatts (MW), potentiellement entre 700 et 1000 MW, grâce à des éoliennes, puisqu’elle n’a pas obtenu les fameux blocs d’énergie alloués par le gouvernement Legault.

Selon nos informations, des employés de Rio Tinto ont récemment installé des appareils pour calculer la force des vents dans le secteur de son barrage de Chute-des-Passes.

À l’instar du projet de TES Canada en Mauricie, qui compte produire 1000 MW avec de l’énergie éolienne et solaire pour les besoins de sa production d’hydrogène, la mode est à l’autoproduction chez les industriels en quête de mégawatts.

La tendance confirme la prophétie du ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon. Le 11 novembre dernier, dans un courriel à propos de l’autoproduction, il écrivait : Attendez de voir ce qui s’en vient. Ce n’est que le début!

Pierre Fitzgibbon.

Le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec, Pierre Fitzgibbon, avait prédit un engouement pour l’autoproduction industrielle d’électricité.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Un projet encore secret

Le projet de Rio Tinto est préparé avec la collaboration de plusieurs municipalités régionales de comté (MRC) du Saguenay–Lac-Saint-Jean et la communauté innue de Mashteuiatsh.

C’est confidentiel, on ne peut pas en parler, nous a répondu le préfet de la MRC du Fjord-du-Saguenay, Gérald Savard. Du côté de Mashteuiatsh, on évoque l’existence d’un projet de Rio Tinto, mais sans vouloir commenter davantage.

Sans confirmer ni infirmer nos informations, l’entreprise admet se pencher sur des projets d’énergie renouvelable.

Rio Tinto étudie différentes options visant à sécuriser son approvisionnement en énergie verte au Québec afin de soutenir sa croissance et la décarbonation de ses activités existantes.

Une citation de Simon Letendre, directeur principal des relations avec les médias de Rio Tinto pour le Canada et les États-Unis

Sébastien Ross devant un podium sur une scène aménagée avec des chaises pour une discussion de groupe en public.

Sébastien Ross, le directeur exécutif des opérations Atlantique pour Rio Tinto Aluminium, en mars 2023.

Photo : Radio-Canada / Annie-Claude Brisson

Le projet éolien de Rio Tinto ne serait pas étranger à l’arrivée du Français Jérôme Pécresse à la tête de la direction Alumium de Rio Tinto, en octobre. Auparavant, il était vice-président de l’entreprise General Electric, au sein de laquelle il développait la filière énergie renouvelable.

Rio Tinto n’est pas non plus en terrain inconnu avec les éoliennes. La multinationale en a récemment installé à Madagascar, en Afrique, pour alimenter une des mines en électricité propre.

En décembre 2022, Rio Tinto a signé une entente culturelle et économique avec la communauté innue de Mashteuiatsh, censée marquer une nouvelle ère de partenariat dans différents domaines, dont celui de l’énergie. Sans faire mention de l’éolien, le nom de l’entente, en langue innue, nous a interpellés : Kuessilueu, qui signifie le vent tourne.

Rio Tinto manque de mégawatts pour son développement

La production de Rio Tinto au Québec requiert une puissance électrique de 2300 MW, dont environ la moitié est assurée par ses propres centrales hydroélectriques, dont la plus récente a 65 ans.

Notre capacité de production énergétique ne sera pas suffisante, avait déclaré le directeur exécutif opérations Atlantique de Rio Tinto, Sébastien Ross, lors d’un sommet sur l’aluminium en mars 2023, en parlant des projets de développement de l’aluminium vert, comme Elysis.

À ce moment, le géant de l’aluminium espérait obtenir plus de puissance du réseau d’Hydro-Québec, mais jusqu’à présent, Rio Tinto ne figure pas parmi les bénéficiaires des mégawatts, dont la liste a été dévoilée par Radio-Canada. D’ici 2028, il ne reste que 500 MW à distribuer par le ministre Fitzgibbon.

Les installations industrielles de Rio Tinto au Complexe Jonquière vues des airs.

Rio Tinto souhaite verdir ses activités, être carboneutre, en s’attaquant à sa consommation de gaz, mais pour cela, elle a besoin de beaucoup d’électricité supplémentaire.

Photo : Radio-Canada

Les déçus se débrouilleront seuls

Le gouvernement Legault a été inondé de demandes d’industries, d’ici et d’ailleurs, pour obtenir les précieux blocs d’énergie, au tarif le moins cher en Amérique du Nord. Plus de 150 entreprises ont demandé un total de 30 000 mégawatts, ce qui est énorme. À titre de comparaison, Hydro-Québec a qualifié d’ambitieux son projet d’augmenter sa production totale de 8000 ou 9000 MW d’ici 2035.

Dans un contexte où la société d’État n’est plus capable de répondre à cette forte demande, des projets risquent d’être retardés, voire annulés, avait prévenu le gouvernement. Le monopole est rompu […] le contrat social est rompu, témoigne un industriel de l’industrie éolienne. Les gens veulent se développer.

Jonathan Martel souriant dans son bureau.

Jonathan Martel est président et fondateur de Teal, Chimie & Énergie.

Photo : Radio-Canada / Gracieuseté de Jonathan Martel

On veut que ça avance, explique le président de l’entreprise TEAL Chimie & Énergie, Jonathan Martel, en entrevue avec Radio-Canada, donc la seule solution, c’est l’autoproduction.

Son entreprise veut produire de l’hydrogène et de l’ammoniac verts à Sept-Îles, sur la Côte-Nord. Elle avait demandé un bloc de 500 MW à Québec, mais cela lui a été refusé. TEAL a donc revu sa demande à la baisse. Aujourd’hui, elle ne demande plus que 150 MW issus du réseau public et compte produire elle-même le reste.

On se fait même encourager par Hydro-Québec et le gouvernement. […] Tout le monde se fait un peu inciter à considérer ça.

Une citation de Jonathan Martel, président de TEAL Chimie & Énergie

Selon le gouvernement et la société d’État (Nouvelle fenêtre), la loi permet l’autoproduction d’électricité pourvu que ce soit uniquement pour le compte de l’entreprise et que celle-ci utilise son propre réseau de transport.

Une personne parle au micro.

Un projet de production d’hydrogène vert verra le jour à Shawinigan, grâce à une grande partie d’électricité autoproduite.

Photo : Radio-Canada / Daniel Ricard

Nous espérons que d’autres projets semblables prendront forme, avait aussi déclaré, en novembre, le cabinet du ministre Fitzgibbon, au sujet de TES Canada.

C’est non seulement permis, c’est désirable. Alors, j’encourage les entreprises à copier le modèle de TES Canada.

Une citation de Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, le 30 novembre 2023

En novembre, TEAL Chimie & Énergie a signé une entente avec une entreprise américaine qui développera son projet d’énergie renouvelable. Son président a affirmé avoir constaté un même intérêt pour l’autoproduction avec tout le monde avec qui on discute, dans toutes les industries.

Baie-Comeau.

La Côte-Nord attire les entreprises intéressées par l’autoproduction d’électricité par éoliennes.

Photo : Radio-Canada / Benoit Jobin

Une autre entreprise, H2 Green Steel, qui souhaite implanter une aciérie alimentée à l’hydrogène vert à Sept-Îles, se bute à ses propres besoins énergétiques. Le projet nécessiterait jusqu’à 1700 mégawatts (MW), soit plus que le complexe de la Romaine.

L’entreprise compte donc produire elle-même une partie de son électricité pour combler ses besoins, à l’instar de l’usine d’hydrogène vert TES Canada à Shawinigan. Grâce à l’éolien, H2 Green Steel envisage de produire entre 1500 et 2000 MW, quelque chose de massif, selon le chef du projet, Patrick Tobin.

À Baie-Comeau, toujours sur la Côte-Nord, une autre entreprise suédoise, Universal H2 (UH2), veut implanter une usine d’hydrogène et d’ammoniac verts. La première phase nécessitera 120 mégawatts (MW) d’électricité, dont près de la moitié serait produite par l’entreprise elle-même.

Une épidémie d’autoproduction

L’analyste Jean-Pierre Finet, du Regroupement des organismes environnementaux en énergie, n’est pas très content d’entendre parler de tous ces projets d’autoproduction. Il craint une épidémie.

Si les 30 000 MW de demandes industrielles non satisfaites à ce jour se mettent toutes à autoproduire comme le fait TES Canada, c’est l’équivalent de 30 TES qui pourraient accaparer les meilleures ressources naturelles, les plus avantageuses.

Une citation de Jean-Pierre Finet, analyste au Regroupement des organismes environnementaux en énergie

Selon cet expert, ces autoproducteurs industriels bénéficieront ainsi d’un congé de contribution à l‘effort de décarbonation que le reste de la clientèle devra assumer via les tarifs.

Un barrage vu des airs.

Le barrage de Chute-des-Passes de Rio Tinto, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, près duquel pourraient être érigées des éoliennes.

Photo : Courtoisie Rio Tinto

Rio Tinto bénéficie déjà d’un avantage historique avec ses propres barrages qui lui permettent de répondre à la moitié de ses besoins en électricité, à un coût quatre fois moins élevé que le tarif négocié avec Hydro-Québec.

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Des données sur les retombées de l’achat local


Photo: Valérian Mazataud archives Le Devoir Parmi les neufs articles certifiés par Les Produits du Québec sélectionnés par la firme qui a mené l’étude se trouve un t-shirt Poches & fils.

Roxane Léouzon
23 janvier 2024
Économie

Entre deux t-shirts similaires, dont l’un est fait au Québec et l’autre est importé, lequel est le meilleur pour l’économie du Québec et pour l’environnement ? Une étude se penchant sur neuf produits détenant une certification québécoise chiffre pour la première fois l’ampleur des avantages de l’achat local.

Tout le monde se doute qu’acheter local est plus vertueux, estime Elfi Morin, directrice générale de l’organisme Les Produits du Québec. « Mais quand on a voulu documenter ça ou chercher des données, on a rapidement constaté qu’il n’y en avait pas vraiment », souligne-t-elle.

Elle a donc mandaté la firme d’analyses économiques AppEco pour se pencher sur la question. Deux de ses économistes ont comparé neuf produits certifiés par Les Produits du Québec — dont un t-shirt Poches & fils, une pelle à litière Noba Animal, du papier hygiénique Cascades et un soutien-gorge La vie en rose — avec chacun deux produits importés similaires. Ils ont fait bien attention à sélectionner des biens considérés comme étant de qualité équivalente, tant en ce qui a trait aux matériaux utilisés qu’à leur fonction et à leur durée de vie.

Ils ont trouvé que les produits locaux en question généraient en moyenne un produit intérieur brut, des profits et un nombre d’emplois au Québec respectivement 3,8, 7,6 et 3,5 fois supérieurs. La raison en est que la conception, la fabrication et l’approvisionnement effectués par ces entreprises locales entraînent le versement de salaires et la création de richesse entre les mains de résidents du Québec. De l’autre côté, les produits importés n’apportent des bénéfices au Québec qu’à l’étape de la vente au détail, explique le rapport.

Les entreprises participantes ont ouvert leurs livres et dévoilé l’origine de leurs fournisseurs. L’étude prend donc en compte le fait qu’une part de leurs intrants proviennent d’entreprises étrangères et que certains de leurs fournisseurs québécois ont des liens d’affaires dans d’autres pays. Les biens arborant la certification la plus exigeante en matière d’activités locales, soit Produit du Québec, comparativement à Fabriqué au Québec et Conçu au Québec, sont ceux présentant le plus de retombées économiques.

Plus ou moins chers

« Un aspect important qu’on a voulu prendre en compte dans l’étude, c’est la question du prix. Il est souvent cité que les biens qu’on importe sont moins chers, que les citoyens ont ainsi un plus grand pouvoir d’achat et que ça permet aussi de faire fonctionner l’économie », rapporte Julien Mc Donald-Guimont, directeur et économiste chez AppEco.

Or, dans quatre cas sur neuf, le produit québécois était moins cher. « Et dans nos estimations, même si le prix avantageait le produit importé, ce n’était jamais assez important pour qu’il devienne meilleur que le produit certifié », assure-t-il.

Les économistes d’AppEco se sont aussi risqués à mesurer les conséquences environnementales de la production et du transport de ces produits. Ils ont calculé que les produits importés étaient associés à des émissions de gaz à effet de serre en moyenne 34 % plus importantes que leurs équivalents québécois. Pour ce faire, ils ont utilisé l’outil en ligne 2030 Calculator, qui effectue une analyse de cycle de vie partielle et qui a reçu le soutien du Secrétariat des Nations unies sur les changements climatiques.

« Ce n’est pas tant l’aspect transport qui change la donne, même si les produits importés ont parcouru des milliers de kilomètres, souligne M. Mc Donald-Guimont. Ce qui est vraiment déterminant, c’est d’où vient l’énergie utilisée pour la production, parce qu’on a une énergie renouvelable au Québec. »

Autant Elfi Morin que Julien Mc Donald-Guimont admettent que cette analyse ne permet pas de tirer des conclusions pour l’ensemble des produits québécois. Ils souhaitent toutefois l’élargir prochainement à davantage de secteurs et d’entreprises afin de mettre en lumière des tendances plus larges.

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CDPQ va intégrer ses fiiliales immobilières dont Ivanhoé Cambrige. Sa PDG va quitter. Certains chroniqueurs/analystes pensent qu’elle est en lice pour être le « Top Gun » du système de santé.

Quebec pension manager’s head of real estate departs as Caisse consolidates operations

JAMES BRADSHAW
INSTITUTIONAL INVESTING REPORTER
PUBLISHED YESTERDAY
UPDATED 56 MINUTES AGO



Ivanhoé Cambridge chief executive Nathalie Palladitcheff is leaving the real estate investor and developer in April.RYAN REMIORZ/THE CANADIAN PRESS

Ivanhoé Cambridge chief executive Nathalie Palladitcheff is leaving the real estate investor and developer in April after its majority owner, the Caisse de dépôt et placement du Québec, announced restructuring plans to bring its real estate subsidiaries in-house and slash costs.

The Caisse, which is one of Canada’s largest pension fund managers with $424-billion in assets, said it expects to save about $100-million annually with a plan announced on Wednesday to integrate Ivanhoé Cambridge and another subsidiary, commercial real estate debt provider Otéra Capital Inc., with the Caisse’s investment and corporate services teams.

The integration process starts next week and is expected to take 18 to 24 months, though some teams will start reporting to leaders at the Caisse next week. The investment teams at Ivanhoé and Otéra will formally join the Caisse on April 29, at which time Ms. Palladitcheff will depart.

The Caisse expects to announce a new head of its real estate investment group by the end of the transition in April to replace Ms. Palladitcheff.

The Caisse will also buy out stakes in the two companies held by minority investors to become the lone shareholder. The Régime de rentes du Mouvement Desjardins holds minority stakes in both Ivanhoé and Otéra, while the Northern Trust Co. Canada and Montreal police pension fund ABRPPVM each own shares in Ivanhoé.

Ivanhoé and Otéra will continue to operate under their current brands and their “investment partners and clients will pursue their business relationships in the normal course of activities,” the Caisse said in a news release. Ivanhoé is one of Quebec’s largest property owners and managers, with 80 properties and $77-billion of assets as of the end of 2022, while Otéra’s debt portfolio totalled nearly $29-billion.

The Caisse said it expects a sharper focus on investment expertise, stronger business relationships, smoother governance and other benefits from the changes.

“We want to work as one team – one CDPQ – and build on the unique know-how of our talent to create value for our depositors,” CEO Charles Emond said in a statement.

The integration plan is similar to a restructuring undertaken by Ontario Teachers’ Pension Plan starting last year, which brought its real estate investment operations in-house from subsidiary Cadillac Fairview Corp. Ltd., absorbing its entire 37-person investment team.

Ms. Palladitcheff’s forthcoming departure from the Caisse is the latest in a series of shakeups in the senior ranks of the country’s most prominent real estate investors and developers, several of which are owned by large pension funds. When Teachers made its changes last year, it replaced long-time Cadillac Fairview head John Sullivan with a new CEO, Sal Iacono.

Also last year, Ontario Municipal Employees Retirement System hired Daniel Fournier to lead its real estate arm, Oxford Properties Group, as executive chairman, succeeding Michael Turner, who stepped down to a more limited role. Mr. Fournier came out of retirement to take the job, having previously been chairman and CEO of Ivanhoé Cambridge before Ms. Palladitcheff took over.

In a statement, Ms. Palladitcheff said Ivanhoé’s role has evolved from a dual mandate to operate properties and invest in real estate to a focus on “its primary vocation – investing.”

“Combining our abilities with those of the CDPQ group is the logical next step of this evolution,” she said. “My transformation mandate will conclude at the end of the transition period in which I will be fully engaged.”

Mr. Emond said Ms. Palladitcheff “has distinguished herself by her vision and strong leadership” through COVID-19 and a period of change and upheaval in the real estate sector.

Ms. Palladitcheff has been named by some Quebec media as a potential candidate to be the inaugural CEO of the newly created provincial agency Santé Québec, which will take charge of operations for the provincial health care sector, aiming to make them more efficient.

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La fin de Shiller-Lavy sur la rue Saint-Viateur, en image:

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Que se passe-t-il pour vendre autant d’immeubles? Shiller-Lavy a besoin de liquidités?

Il y a quelques mois, un journaliste a contacté Shiller-Lavy à ce sujet, et ils ont refusé de répondre. On peut imaginer que c’est la raison, sinon c’est étrange. Je me demande si à vendre autant d’édifices sur la même rue en même temps ils ne font pas baisser la valeur de revente eux-mêmes. Ça inonde le marché local de la propriété commerciale.

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Il y a un an j’ai parlé avec le courtier à l’époque et il m’a tout simplement dit que Shiller Lavy voulaient « consolider ses participations dans d’autres segments du marché ». Assez vague comme réponse.

Depuis ils ont changé de courtier…

Le courtier m’a aussi dit que les loyers commerciaux sur St-Viateur ont atteint un plafond, mais il y avait toujours beaucoup d’opportunité d’augmenter les loyers résidentiels aux étages supérieurs :grimacing:

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Stephen Shiller et/ou son fils sont aussi partenaires dans Hillpark, la compagnie qui a acheté des immeubles dans le quartier chinois qui a lancé tout le débat sur la présevation du quartier. Elle est aussi partenaire avec Mondev du projet Griffin Square

Shiller-Lavy possède aussi plusieurs immeubles sur Notre-Dame Ouest dans le Vieux-Montréal et Petite-Bourgogne/Saint-Henri… Il faudrait voir s’ils ont aussi des pancartes à vendre

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C’est probablement une bonne nouvelle, à moins que ce ne soit qu’un seul joueur qui rachète tout le parc immobilier bien sur. Avoir un seul joueur qui contrôle autant de bâtiments commerciaux sur une seule rue lui donne trop de pouvoir sur le développement de celle-ci.

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Ils vendent beaucoup d’immeubles partout à Montréal en ce moment. Peut-être qu’ils ferment la compagnie? Peut-être que les taux d’intérêt sur leurs prêts sont trop coûteux?

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La misère des riches… :roll_eyes:

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C’est peut-être une bonne nouvelle, je n’en sais rien. Mais la meilleure chose qui pourrait arriver c’est qu’une OBNL puisse en acheter quelques uns de ces immeubles. Est-ce possible ?

Bientôt des bars ouverts toute la nuit à Montréal ?


Photo: Valérian Mazataud, Le Devoir
Le District Vidéo Lounge, qui a pignon sur rue en plein coeur du Village gai, a annoncé dimanche devoir fermer ses portes pour quatre jours après une décision de la Régie des alcools, des courses et des jeux.

Étienne Paré
30 janvier 2024
Société](Actualité société - Enjeux de société | Le Devoir)

L’administration Plante dévoilera mardi son projet de nouvelle politique de la vie nocturne, qui vise notamment à créer des « zones 24 heures », où des établissements pourront vendre de l’alcool après 3 h du matin. La Ville souhaite également modifier le règlement sur le bruit, actuellement très défavorable aux tenanciers de bars dès lors qu’une seule plainte les concerne.

Le président du comité exécutif et maire de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal, Luc Rabouin, devrait en faire l’annonce en matinée, lui qui pilote le dossier de la vie nocturne depuis plusieurs années. À son initiative, la Ville de Montréal avait autorisé l’an passé quelques projets-pilotes pour tester la vente d’alcool après 3 h.

Selon nos informations, la plupart de ces événements se sont déroulés sans anicroche, ce qui amène maintenant l’administration municipale à ouvrir la porte à la création de zones ouvertes 24 heures sur 24. Les bars et les salles de spectacle qui s’y trouvent pourraient par exemple y rester ouverts toute la nuit et vendre de l’alcool. Ces futurs secteurs n’ont pas encore été choisis sur le territoire. La mairesse Valérie Plante a toutefois déjà évoqué l’ouverture d’établissements toute la nuit dans le Quartier latin, lorsqu’elle a présenté, il y a deux semaines, son plan pour revitaliser ce coin du centre-ville.

En dehors de ces « zones 24 heures », des promoteurs pourraient tout de même eux aussi organiser des événements qui s’étirent jusqu’à l’aube en demandant les autorisations requises. Obtenir une dérogation, afin de vendre de l’alcool après 3 h, est toutefois à l’heure actuelle d’une grande complexité. De longues démarches administratives sont nécessaires. Montréal cherche maintenant à simplifier cette procédure avec sa nouvelle politique de la vie nocturne, dont l’ébauche sera présentée mardi.

Des consultations se tiendront par la suite à ce sujet dès le mois prochain. La nouvelle politique sera présentée officiellement au grand public le 13 février. Son adoption pourrait survenir d’ici la fin de l’été, a appris Le Devoir.

Demande de longue date

Le règlement sur le bruit sera par la même occasion revu. Les normes à respecter ne seront plus uniformes. Elles différeront en fonction du secteur et du type d’établissement.

Plusieurs acteurs du milieu de la nuit se sont montrés très critiques dans les dernières semaines du règlement actuel. Ils sont en effet nombreux à avoir reçu des amendes ou des avertissements dans les derniers mois, souvent à cause de plaintes venant d’un seul résident qui habite le voisinage. C’est le cas de la Société des arts technologiques [SAT], du Grenade ou encore du Türbo Haus, tous situés pourtant dans des endroits fréquentés depuis toujours par les noctambules.

Le District Vidéo Lounge, qui a pignon sur rue en plein coeur du Village gai, a pour sa part annoncé dimanche devoir fermer ses portes pour quatre jours après une décision de la Régie des alcools, des courses et des jeux. Le copropriétaire de l’endroit, Danny Jobin, évoque le zèle d’un voisin, qui aurait déposé à lui seul au moins une trentaine de plaintes auprès de la Ville pour nuisance sonore depuis l’ouverture du bar, il y a 7 ans.

« Il ne nous lâche pas. Malheureusement, même s’il est le seul à se plaindre, la réglementation actuelle est à son avantage. Nous, les propriétaires de bars, nous n’avons présentement aucun recours. L’été, je suis obligé de dire à mes clients sur la terrasse de baisser le son pour ne pas avoir de trouble avec ce citoyen-là. Pourtant, il y a des “bachelorettes” qui crient dans la rue à tout bout de champ et qui font beaucoup plus de bruit que mon bar. À un moment donné, si tu ne veux pas de bruit, ne viens pas vivre dans le Village », dit Danny Jobin.

La directrice générale de la Société de développement commercial du Village, Gabrielle Rondy, est bien au fait du dossier du District Vidéo Lounge. Pour elle, il est urgent que la Ville modifie son règlement sur le bruit, d’autant que plusieurs bars du secteur ont fait face au même genre de problème.

« On a déjà de gros problèmes de cohabitation [avec les personnes itinérantes] dans le Village. S’il faut que des bars ferment deux, trois ou quatre jours à cause de plaintes pour le bruit, ça fait juste encore plus décourager des gens de venir », fait-elle valoir.

Sur Radio-Canada avec l’entrevue de Luc Rabouin à l’émission Tout un matin

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Entreprises informatiques Québec perd 130 millions par an avec ses bonbons fiscaux

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

« Il y a 25 ans, on a donné [aux entreprises informatiques du Québec] de très généreux crédits d’impôt qui financent les salaires de leurs employés », rappelle Francis Vailles.


Francis Vailles
Francis Vailles La Presse

Chaque fois, c’est la même chose. Le gouvernement met en place un bonbon fiscal pour les entreprises dans un contexte donné, mais quand vient le temps de le retirer lorsque les choses ont changé, quelques années plus tard, il n’y a pas moyen de le faire.

Publié à 0h47 Mis à jour à 6h30

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Les lobbys d’entreprises se font alors entendre. Nos entreprises vont supprimer des emplois et des investissements, disent-ils, elles vont déménager. Et celles de l’étranger ne viendront plus.

Le cas des entreprises informatiques du Québec est un très bon exemple. Il y a 25 ans, on leur a donné de très généreux crédits d’impôt qui financent les salaires de leurs employés. L’objectif : créer des emplois, soutenir le secteur et éventuellement développer l’innovation technologique de nos entreprises.

Aujourd’hui, cette surstimulation devrait être remise en question, vu la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur, mais les bonbons fiscaux, qui se chiffrent à près de 600 millions par année, demeurent.

C’est le constat qu’on peut faire en lisant l’excellente étude1 de la Chaire en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke signée par les auteurs Michaël Robert-Angers, Frédéric Deschênes et Luc Godbout.

Aujourd’hui, 702 entreprises bénéficient du crédit d’impôt pour le développement des affaires électroniques (CDAE), y lit-on. Ces organisations reçoivent du gouvernement du Québec jusqu’à 30 % du salaire admissible en crédit d’impôt pour leurs employés informatiques.

Il s’agit du programme le plus généreux au monde, ou de l’un des plus généreux, qui a coûté 593 millions au gouvernement du Québec en 2022, calculent les chercheurs.

Or, sur les 702 entreprises qui en ont été bénéficiaires en 2019 – plus récente année pour ce calcul –, seulement quatre ont payé des impôts cette année-là, après la prise en compte du bonbon CDAE.

Certes, ces entreprises versent tout de même des charges sociales, comme la taxe sur la masse salariale ou les cotisations au Régime de rentes du Québec.

Mais quand on compare leurs versements d’impôts et de charges sociales de 2019 aux crédits d’impôt CDAE (440 millions) et aux autres crédits obtenus (46 millions), on se rend compte que le gouvernement enregistre une perte nette de 131 millions par année, selon l’étude. Ayoye !

Ces millions perdus ne le sont pas nécessairement au profit de PME en démarrage, nous apprend l’étude. Des 131 millions de pertes, 30 millions l’ont été pour des entreprises contrôlées à l’étranger, comme IBM, et 24 millions pour de grandes entreprises en Bourse, comme CGI.

Pour se justifier, le gouvernement invoque généralement que de telles subventions finissent par rapporter grâce aux impôts et taxes payés par les employés de ces entreprises. Sauf que dans le cas des informaticiens, il ne s’agit pas de nouveaux emplois créés, la plupart du temps, mais d’emplois déplacés, vu la pénurie de main-d’œuvre.

Et ces emplois déplacés, ils viennent souvent d’organisations qui souffrent de ces départs, ce qui nuit à leur développement technologique et à leur productivité. Bref, non seulement le crédit n’assure vraisemblablement pas de retombées nettes, mais il peut être de nature à nuire.

Au total, ce sont 32 000 emplois en technologies de l’information (TI) qui sont soutenus par le CDAE, mais le secteur en compte 263 000 au Québec. Quant aux postes vacants, ils se chiffrent à 40 000.

Depuis 25 ans, l’emploi du secteur est en forte croissance, mais la part des employés en TI au Québec recule dans l’ensemble du Canada, étant passée de près de 30 % en 2013 à 26 % en 2022, selon l’étude.

Difficile de savoir ce qui serait arrivé sans le crédit. Peut-être aurions-nous perdu la bataille dans les premières années. Peut-être moins depuis 10 ans ou pas du tout.

« Le Québec offre un incitatif fiscal généreux par rapport à ceux offerts par les autres juridictions recensées. Outre le taux de l’aide et son plafond par travailleur qui sont relativement élevés au Québec, les autres juridictions limitent généralement la durée de l’aide consentie et lient souvent celle-ci aux investissements effectués et non pas à la dépense salariale », écrivent les auteurs.

Chose certaine, le CDAE offre un avantage concurrentiel très important aux entreprises d’ici. Une fois le crédit soustrait, un programmeur coûte 74 550 $ aux entreprises au Québec, contre 103 880 $ à Toronto. Autre comparaison : un consultant en TI revient à 88 711 $ à Montréal, contre 118 230 $ à Toronto2.

Malgré ces constats sévères, les auteurs ne suggèrent pas de mettre la hache dans le CDAE, mais plutôt de le moderniser. Premièrement, ils modifieraient en partie le type de crédit d’impôt offert.

Ce genre de crédit, faut-il savoir, est soit remboursable (versé peu importe si l’entreprise paie des impôts ou non), soit non remboursable (versé seulement si l’entreprise paie des impôts). Actuellement, sur le crédit de 30 %, 24 % sont remboursables et 6 % non remboursables.

Pour les sociétés étrangères, donc, les auteurs proposent que le crédit se décline ainsi : 14 % remboursables et 16 % non remboursables.

Pour les autres, la composition 24 %-6 % demeureraient sauf pour les entreprises plus importantes, dont le capital versé excède 50 millions. Dans leur cas, suggèrent-ils, le crédit passerait progressivement de 24 %-6 % à 14 %-16 % dès que le capital versé atteint 75 millions.

Ce faisant, les grandes entreprises et les entreprises contrôlées à l’étranger devraient payer des impôts pour bénéficier du CDAE. Et avec le gain d’un tel changement, estimé à 45 millions, les chercheurs redirigeraient l’argent notamment vers les employés en TI autres que les programmeurs, par exemple les analystes fonctionnels ou les gestionnaires de projets informatiques.

Ce que j’en pense ?

Que ce rapport devrait inciter nos décideurs à réfléchir sérieusement sur la rentabilité de ce genre de crédit et sur l’opportunité de le redéployer pour mieux aider nos entreprises à accroître leur productivité. Ne devraient-ils pas, ces politiciens, fixer une date d’échéance à ces généreux crédits, en fonction de divers paramètres ?

1. Consultez l’étude de la Chaire en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke

  1. Attention, il ne s’agit pas du salaire versé, mais du coût salarial pour les entreprises, une fois pris en compte la taxe sur la masse salariale et le crédit d’impôt pour le développement des affaires électroniques.
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C’est un début d’année très lent dans les centres commerciaux:

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Entrevue de Louis Vachon, ancien PDG de la BNC, au Téléjournal

Économie, subventions, taux d’intérêt et immigration : grande entrevue avec Louis Vachon

Grand passionné d’histoire, il met en perspectives des enjeux très actuels : l’état de l’économie, les risques de crise financière, les subventions aux entreprises étrangères, les risques de débordements reliés à l’immigration, le salaire des banquiers…

Patrice Roy a rencontré Louis Vachon à la Maison-des-Marins du Musée Pointe-à-Callière.

Louis Vachon : l’entrepreneuriat pour « préserver son identité »

Louis Vachon : l’entrepreneuriat pour « préserver son identité »

L’ex-président et chef de la direction de la Banque Nationale a accordé une grande entrevue à Patrice Roy.

Louis Vachon sourit à Patrice Roy lors d'une grande entrevue.
Louis Vachon a pris sa retraite de la Banque Nationale en octobre 2021.
PHOTO : RADIO-CANADA

Catherine Bérubé
Publié hier à 19 h 53 HNE

Louis Vachon a eu une carrière impressionnante à la tête de la Banque Nationale.

Pour l’ex-président et chef de la direction de cette institution financière, le succès économique est indéniablement une source de fierté. Bien des choses vont faire qu’on va préserver une société francophone en Amérique : les lois jouent un rôle […], la fierté joue un rôle et le succès économique aussi.

L’arrière-grand-mère de Louis Vachon, Rose-Anna Giroux, est l’entrepreneure à l’origine des fameux gâteaux Vachon. Pourquoi a-t-elle initialement acheté une boulangerie qui est devenue une pâtisserie? C’était pour rapatrier ses fils, qui avaient tous émigré aux États-Unis pour trouver de l’emploi, raconte l’ancien banquier.

Pour lui, le succès en affaires n’est donc pas uniquement une question économique : c’est une question d’identité culturelle.

Une vision de l’économie du Québec

Les bons résultats de la Banque Nationale, la plus petite des six grandes banques canadiennes, sont donc particulièrement importants aux yeux de Louis Vachon. C’est un beau succès, pas juste pour la Banque Nationale ou les actionnaires mais pour le Québec en général, souligne-t-il.

Ça reflète une vision de l’économie du Québec, notre capacité de croître et de gérer notre économie, qui est beaucoup plus positive qu’il y a 20 ans, ajoute-t-il.

Si vous êtes capables de convaincre qu’on est capables de prospérer en français en Amérique du Nord, eh bien, vous allez être capables d’intégrer une plus grande proportion d’immigrants qui viennent ici.

— Louis Vachon, ancien président de la Banque Nationale

La Banque Nationale a d’ailleurs publié une étude le 15 janvier dernier dans laquelle elle affirme que le Canada est aux prises avec un piège démographique et que l’économie actuelle est incapable de gérer les niveaux d’immigration.

Louis Vachon est d’accord avec les constats de ses anciens collègues. Il y a eu un manque de contrôle, soutient-il. Je ne suis pas dans le pessimisme, mais il faut retrouver un certain équilibre.

La Banque Nationale a toujours défendu l’immigration, même quand c’était moins populaire, même dans certaines régions du Québec où c’était moins populaire, mais une immigration contrôlée.

— Louis Vachon, ancien président de la Banque Nationale

J’ai eu beaucoup de chance

À 44 ans, Louis Vachon est devenu le plus jeune président d’une institution bancaire au Canada lorsqu’il s’est hissé à la tête de la Banque Nationale. Il a tenu ce rôle pendant près de 15 ans.

Même si le banquier a connu énormément de succès dans ses fonctions, son mandat ne s’est pas déroulé sans embûche. Deux crises se sont succédé dès son arrivée : la crise des papiers commerciaux en 2007, puis la faillite de certaines grandes banques américaines en 2008.

On n’a pas paniqué, raconte l’analyste financier. Ç’a été une crise complexe, mais on a appris des leçons.

Selon lui, la meilleure façon de gérer une crise qui n’a pas pu être évitée, c’est d’être proactif et transparent, ce qu’il considère avoir fait.

Il faut avoir l’humilité, dans la vie, de reconnaître que le succès, dans une position de leadership, c’est contextuel.

— Louis Vachon, ancien président de la Banque Nationale

Cet officier de l’Ordre national du Québec croit qu’une nouvelle crise économique pourrait survenir. Malheureusement, il y en a à une certaine fréquence, explique-t-il.

Selon lui, la tendance humaine à pousser les bonnes idées à l’extrême est en cause. C’est pour ça que les marchés financiers doivent être réglementés et supervisés, ajoute-t-il.

Aujourd’hui, le risque se trouve dans les endroits qui sont moins réglementés, comme les cryptomonnaies ou d’autres endroits qui ont échappé à la supervision.

— Louis Vachon, ancien président de la Banque Nationale

L’intelligence artificielle et l’apport de la technologie

Bien qu’il admette que l’intelligence artificielle a déjà révolutionné le domaine des finances, Louis Vachon ne croit pas que le discernement humain pourra être remplacé par les machines. La combinaison gagnante, c’est la combinaison des deux, affirme-t-il.

Il réfute d’ailleurs l’idée selon laquelle la technologie a fait diminuer le nombre d’emplois dans les banques. Ça fait 15 ans qu’on dit que la technologie va enlever des emplois, explique-t-il. En partie, c’est vrai, et ça a commencé avec les guichets automatiques, mais le nombre d’emplois est passé de 13 000 à 26 000.

Je crois en la technologie, je crois que c’est important, mais il faut garder un aspect humaniste à tout ça.

— Louis Vachon, ancien président de la Banque Nationale

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