Nouvelles économiques et commerciales

Une nouvelle image pour RONA


PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE
RONA a décidé d’investir « plusieurs millions » pour refaire la signature visuelle des magasins et inscrire le nom des propriétaires sur l’enseigne extérieure.

RONA veut miser sur son image d’entreprise locale. Les marchands affiliés auront désormais leur nom inscrit en grosses lettres sur la façade et même à l’intérieur du magasin. Une stratégie visant à attirer de nouveaux marchands afin qu’ils adoptent l’enseigne, estime Richard Darveau, président de l’Association québécoise de la quincaillerie et des matériaux de construction (AQMAT).

Publié à 3h38 Mis à jour à 5h00
NATHAËLLE MORISSETTE
LA PRESSE

Selon lui, les différentes chaînes se livrent actuellement une bataille féroce pour attirer de nouveaux propriétaires. « Le maraudage est à son pic », lance-t-il sans détour.

De son côté, Jean-Sébastien Lamoureux, vice-président principal, marchands affiliés RONA et affaires publiques, n’a pas caché que l’entreprise avait « l’intention très ferme de recruter de nouveaux marchands RONA ». Nos équipes sont à pied d’œuvre », a-t-il confirmé au bout du fil.

« Notre réseau de marchands affiliés fait partie intégrante de la stratégie de croissance de RONA et constitue une priorité clé pour notre organisation. À la suite d’analyses approfondies du marché et de consultations auprès des marchands RONA, nous avons revu notre offre globale afin que les marchands puissent dominer leur marché », a pour sa part déclaré Andrew Iacobucci, président et chef de la direction de RONA, dans un communiqué.


IMAGE FOURNIE PAR RONA
Les marchands affiliés auront désormais leur nom inscrit en grosses lettres sur la façade et même à l’intérieur du magasin.

Ainsi, l’entreprise a décidé d’investir « plusieurs millions » pour refaire la signature visuelle des magasins et inscrire le nom des propriétaires sur l’enseigne extérieure. « On a aussi trouvé des façons de les rendre plus compétitifs dans la vente de bois et matériaux de construction. Ils seront en mesure d’être plus agressifs dans le marché, agressivité qui va se traduire par des ventes supplémentaires pour eux », explique M. Lamoureux.

« Les Québécois, les Canadiens apprécient savoir chez qui ils magasinent, indique-t-il en faisant référence à la nouvelle image de marque. Cette notion de propriétaire qui est là sur le plancher, qui les aide, qui les sert, on voit qu’il y a une résonance très forte dans le marché. On veut que nos marchands puissent en tirer le maximum. »

« Retour aux sources »

L’entreprise a fait l’annonce de ces investissements la semaine dernière à l’occasion de sa rencontre avec ses marchands affiliés. À travers le pays, l’entreprise compte quelque 200 magasins RONA, propriétés de marchands affiliés. De ce nombre, une centaine sont au Québec.

De son propre aveu, M. Lamoureux soutient que l’entreprise, qui a changé de mains à quelques reprises en six ans, veut faire un « retour aux sources ».

C’est sûr que ça va rappeler à tout le monde que ces entrepreneurs-là, ce sont des gens d’ici.

— Jean-Sébastien Lamoureux, vice-président principal, marchands affiliés RONA et affaires publiques

Il précise qu’actuellement, le nom des propriétaires n’apparaît pas systématiquement sur l’enseigne des magasins. RONA veut avoir une certaine uniformité. Le changement n’est pas encore visible, mais « sera déployé prochainement ».

À l’AQMAT, M. Darveau semble peu surpris de voir RONA adopter cette stratégie. « Toutes les bannières déploient leur arsenal de services et de marketing pour garder et attirer leurs marchands affiliés qui sont extrêmement sollicités par la concurrence, affirme-t-il. Il faut dire que depuis la pandémie, la quincaillerie est perçue, avec raison, comme un marché porteur. Le maraudage est à son pic. Aucune enseigne n’est épargnée, chacune tentant de gagner des parts de marché en augmentant son nombre de points de vente plutôt qu’en créant de nouveaux magasins. »

En novembre 2022, la chaîne de rénovations Lowe’s annonçait la vente de toutes ses activités canadiennes, dont les enseignes RONA et Réno-Dépôt, à la société de capital-investissement new-yorkaise Sycamore Partners, pour une somme en espèces de 400 millions US et une contrepartie différée calculée sur le rendement futur.

Depuis lors, RONA a entamé la conversion de sa cinquantaine de magasins Lowe’s situés à l’extérieur du Québec en RONA+. Celle-ci sera terminée à la fin du mois de février. D’ici quelques semaines, le site internet de Lowe’s ne sera plus actif et toutes les activités transactionnelles seront transférées sur celui de RONA.

Avec La Presse Canadienne

RONA EN BREF

  • Entreprise fondée il y a 85 ans
  • Propriétaire : Sycamore Partners, une société américaine
  • Enseignes : RONA, RONA+, Réno-Dépôt et Dick’s Lumber
  • Nombre total de magasins : 425 (corporatifs et affiliés)
  • Nombre d’employés : 22 000
  • Siège social : Boucherville
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Montréal injecte 2 M$ pour soutenir les commerces locaux sur son territoire

Publié le 7 décembre 2023 à 11 h 15
Source Cabinet de la mairesse et du comité exécutif

Montréal, le 7 décembre 2023 — Soucieuse d’améliorer la vitalité des commerces situés à l’extérieur des territoires des Sociétés de développement commercial (SDC), la Ville de Montréal a mis sur pied, pour la première fois, un programme de soutien financier spécifique de 2 M$. Ayant pour but de soutenir le commerce local sur tout son territoire, cette enveloppe permettra de soutenir 14 projets qui contribueront à dynamiser de plus petites rues commerciales, qui jouent un rôle central dans la vitalité économique des quartiers. Les projets permettront de réaliser l’une ou l’autre de ces activités :

  • La réalisation d’études économiques;
  • Le recrutement commercial et l’occupation de locaux vacants;
  • La mise en valeur du secteur commercial par des activités de communication, de marketing, d’animation, de spectacles et de promotion des commerces locaux;
  • L’aménagement et l’embellissement du domaine public, notamment par des projets de piétonnisation, de placettes publiques, de verdissement, d’espaces de travail en plein air et d’illumination;
  • La transition écologique, notamment par l’élaboration de guides et par des activités de sensibilisation;
  • La formation des commerçants;
  • Le soutien à la création ou à l’agrandissement d’un regroupement de commerçants.

Le programme de soutien financier vise à soutenir à 100 % les projets soumis par les arrondissements, jusqu’à concurrence de 150 000 $ par secteur commercial, pour une somme maximale de 2 M$, de 2023 à 2025.

Les projets retenus sont répartis dans les 10 arrondissements suivants :

Projet Saint-Hubert (Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension)

Création d’une placette publique sur une longueur de 55 mètres, intégrant du mobilier urbain et ludique.

Projet marché public (Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles)

Création d’un projet pilote de marché public dans le secteur de Rivière-des-Prairies. Le marché public se déploiera pendant la saison estivale.

Projet Queen-Mary ( Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce)

Réalisation d’études économiques permettant d’obtenir des données socio-économiques pour le secteur. Un programme Zéro déchet sera également mis sur pied pour améliorer la propreté des rues dans le secteur. Finalement, des formations seront offertes aux commerçants du secteur sur différents enjeux qu’ils vivent au quotidien dans leurs pratiques d’affaires.

Projet association de commerçants (Mercier–Hochelaga-Maisonneuve)

Promotion du cœur commercial de Tétreaultville et campagne d’achat local. Pour ce faire, l’arrondissement déploiera une initiative appelée les Balcons bleus. Des rues seront aménagées pour améliorer l’ambiance physique du quartier. Des événements viendront également animer le secteur.

Projet Rosemont ( Rosemont–La Petite-Patrie)

Dynamisation de la rue Beaubien. Une association de commerçants vient tout juste d’être créée et la Ville soutiendra financièrement cette association à travers diverses activités, notamment de l’aménagement du domaine public et de l’animation.

Projet AGAME ( Plateau-Mont-Royal)

Soutien à la mobilisation de l’Association des gens d’affaires du Mile-End. Une réflexion stratégique permettra également d’aider l’association à devenir une SDC dans les prochaines années. Des activités d’animation auront lieu, notamment le Mile End en fête, une grande fête de quartier organisée autour du développement durable, le temps d’un week-end.

Projet LaSalle ( LaSalle)

Réalisation d’études de positionnement marketing et d’image de marque du secteur Village des rapides. Aménagement et embellissement du domaine public et promotion du secteur par des campagnes de communication pour encourager les commerces locaux.

Projet Fleury Est ( Montréal-Nord)

Activités d’animation et de promotion commerciale et mobilisation des gens d’affaires de la rue Fleury Est, dans Montréal-Nord.

Projet Milton-Parc ( Plateau-Mont-Royal)

Revalorisation du secteur Milton-Parc, promotion des commerces du secteur et animation, activités de propreté et de sécurité aux abords du secteur commercial.

Projet Fleury-Est, Lajeunesse et Gouin-Ouest ( Ahuntsic-Cartierville)

Dynamisation de trois artères commerciales de l’arrondissement : Fleury Est, Lajeunesse et Gouin Ouest. Accompagnement en matière de relance des secteurs, amélioration de la notoriété et renforcement des liens avec la communauté locale.

Projet Monkland ( Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce)

Mobilisation des marchands de l’avenue Monkland. Événement estival de piétonnisation pour l’année 2024.

Projet Vieux Pointe-aux-Trembles ( Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles)

Promotion du commerce local, étude économique portant sur la navette fluviale, animation et événements à la Place du Village.

Projet Saint-Michel ( Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension)

Développement d’un plan de développement économique pour le secteur, soutien à la création d’un regroupement de commerçants, organisation d’un forum portant sur le développement économique et organisation de séances de consultation auprès des marchands.

Projet Île-des-Soeurs ( Verdun)

Étude de marché, visant l’offre et la demande du secteur. Mobilisation des commerçants autour d’un projet d’aménagement réalisé par l’arrondissement. Activités de consultation autour du projet.

« Les rues commerciales sont essentielles à la vitalité économique des quartiers et n’ont pas toutes accès aux mêmes ressources pour assurer leur dynamisme. En soutenant des projets dans les plus petits secteurs commerciaux, nous souhaitons améliorer la résilience des commerces sur l’ensemble du territoire. Ces commerces de proximité font partie intégrante de l’identité montréalaise et de la qualité des milieux de vie. Nous savons à quel point il est important de savoir s’adapter en affaires et nous sommes persuadés que ces 14 projets offriront un coup de pouce qui fera une différence pour les commerçants », a déclaré Luc Rabouin, président du comité exécutif et responsable du développement économique et commercial, du savoir, de l’innovation et du design.

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j’espère vraiment que cette SDC sera créée. Ça ne fait pas de sens que le Mile-End ne bénéficie pas de la force d’une SDC pour dynamiser son territoire commercial, qui est très stratégique.

Medicago Une relance et des millions récupérés par Ottawa

PHOTO LOUISE LEBLANC, ARCHIVES FOURNIE PAR MEDICAGO

Les anciennes installations de Medicago du parc technologique à Québec.

Larguée par son ancien propriétaire Mitsubishi, Medicago renaîtra de ses cendres : ses brevets et une partie des installations de la défunte biopharmaceutique sont repris par Aramis Biotechnologies. Ottawa récupère aussi 20 % – environ 40 millions – des aides financières offertes au conglomérat nippon depuis 2020.

Publié à 10h06

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Julien Arsenault
Julien Arsenault La Presse

Frédéric Ors, qui a occupé des rôles de direction pendant près de 14 ans chez Medicago avant de quitter ses fonctions en 2015, est l’instigateur de cette tentative de relance.

« La décision de Mitsubishi était une décision d’affaires qui n’a rien à avoir avec la technologie développée par Medicago, explique-t-il, en entrevue téléphonique avec La Presse. On a aussi acquis des équipements qui proviendront des États-Unis (où se trouvait la première usine commerciale de Medicago). Notre intention est de rapatrier toute la production au Canada et à Québec. »

La transaction, annoncée vendredi, est intervenue au terme de négociations entre le gouvernement Trudeau et Mitsubishi concernant le transfert d’actifs et de propriété intellectuelle. Depuis 2020, Ottawa a mis 200 millions à la disposition de Medicago, propriété de la multinationale japonaise, dans le cadre de ses efforts de croissance.

« Nous avons travaillé étroitement avec Mitsubishi pour faire en sorte que le savoir scientifique, la propriété intellectuelle et les principaux actifs de Medicago demeurent au Canada, affirme le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne. Nous avons atteint ces objectifs. »

Québec, qui a consenti un prêt de 50 millions à Medicago pour l’aider à financer son expansion, tente toujours de se faire rembourser par le conglomérat.

Relance minceur

Aramis s’installera dans le complexe situé sur le boulevard du Parc Technologique, où se trouvent des locaux administratifs, des serres ainsi que des salles de production. Il ne s’agit pas de l’immense complexe où Medicago planifiait une expansion, dans le secteur D’Estimauville, où l’on cherche toujours un nouveau propriétaire.

PHOTO PATRICE LAROCHE, ARCHIVES LE SOLEIL

Le complexe où Medicago prévoyait accroître son empreinte est toujours vacant.

Il y a encore beaucoup d’étapes à franchir puisque l’on repart « à zéro » au chapitre de la production avec le réaménagement des serres puisque les vaccins sont produits à base de plantes. M. Ors affirme que son équipe est actuellement formée de 14 personnes, parmi lesquelles on retrouve d’anciens dirigeants de Medicago.

« Nous sommes tous des actionnaires, dit M. Ors. Avec des investisseurs privés (dont les noms n’ont pas été dévoilés), nous allons investir un minimum de 40 millions dans les cinq prochaines années pour redémarrer (la production). »

Dans une décision qui avait suscité l’étonnement en raison de sa rapidité, Mitsubishi avait jeté l’éponge le 2 février dernier en annonçant la liquidation des actifs de la compagnie malgré les 176 millions obtenus auprès du gouvernement Trudeau et du prêt de 60 millions consenti par le gouvernement québécois en 2015 pour la phase d’agrandissement à Québec. Cela a entraîné la perte de quelque 400 emplois.

Le conglomérat nippon avait évoqué des « changements importants » survenus sur la scène internationale contre la COVID-19 depuis l’autorisation du Covifenz » – le vaccin à base de plantes développé par Medicago. Après avoir obtenu l’aval de Santé Canada en février 2022, le vaccin avait été rejeté par l’Organisation mondiale de la santé en raison des liens de la biopharmaceutique avec l’industrie du tabac. Le cigarettier Philip Morris était alors le deuxième actionnaire en importance de Medicago avec une participation de 21 %. La multinationale s’était départie de ses actions. Cela est survenu trop tardivement.

L’accent sur la grippe

Avant l’arrivée de la COVID-19, c’était le vaccin de Medicago contre la grippe qui était « le plus avancé », rappelle M. Ors. C’est de ce côté que les efforts seront déployés, dit-il.

« On pense que c’est dans ce marché, où les vaccins sont encore produits à base d’œufs, qu’il y a des occasions, affirme le dirigeant d’Aramis. Il y a encore place à l’amélioration, notamment chez les personnes plus âgées, où les taux d’efficacité demeurent faibles. »

C’est la deuxième fois en environ une semaine que des actifs qui appartenaient autrefois à Medicago trouvent preneur. Le 28 novembre dernier, le spécialiste québécois des biomarqueurs Linearis annonçait l’ouverture d’un laboratoire dans l’espace auparavant occupée par la défunte biopharmaceutique, sur la route de l’Église, à Québec.

Linearis avait mis la main sur 650 « instruments scientifiques » en plus d’intégrer d’anciens employés de Medicago spécialisés en spectrométrie de masse, assurance qualité ainsi que de gestion de laboratoire. L’entreprise prévoit effectuer ses premières analyses à cet endroit pendant les trois premiers mois de 2024.

En savoir plus

  • 1999
    Année de fondation de Medicago.

Source : medicago

Medicago Quel avenir pour le complexe inachevé ?

PHOTO PATRICE LAROCHE, ARCHIVES LE SOLEIL

Le complexe que construisait Medicago à Québec lorsque la compagnie biopharmaceutique a cessé ses activités plus tôt cette année

Un important dossier reste à régler malgré la reprise partielle de Medicago : celui du complexe inachevé de la défunte compagnie biopharmaceutique à Québec, qui est toujours vacant.

Publié à 1h45 Mis à jour à 6h00

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Julien Arsenault
Julien Arsenault La Presse

Dans l’espoir de faire avancer les choses, le gouvernement Legault vient d’octroyer deux contrats de gré à gré, dont un à un ancien vice-président de son bras investisseur.

Le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie s’est tourné vers Didier Leconte, vice-président, investissement, sciences de la vie et technologie, chez Investissement Québec (IQ) jusqu’en mai dernier, et Max Felhmann, qui a notamment été président fondateur et chef de la direction de l’Institut Néomed.

Leur mission : « structurer une initiative porteuse » ou « implanter un projet de relance » dans les installations autrefois occupées par Medicago.

Ces deux consultants empocheront 100 000 $ chacun.

Le ministère de l’Économie justifie cette décision par l’absence d’expertise interne et affirme que le contrat à M. Leconte respecte les règles en vigueur parce que ce dernier n’était pas un fonctionnaire, mais un employé d’une société d’État.

« L’objectif est de structurer une initiative porteuse en sciences de la vie dans des infrastructures vacantes qui n’ont pas encore été complétées et qui ont été pensées pour un seul usage afin d’en faire un projet économiquement viable et structurant pour la région de Québec », affirme dans un courriel Jean-Pierre D’Auteuil, porte-parole du Ministère.

Il n’a pas été possible de parler à M. Leconte, qui se présente maintenant comme un « conseiller stratégique » dans le créneau des sciences de la vie. Par courriel, il a souligné avoir quitté IQ le 31 mai de manière « harmonieuse ». Le consultant dit avoir été contacté par le ministère de l’Économie dans ce dossier.

Grosse expansion

Medicago avait annoncé, en 2015, la construction d’un nouveau complexe de 44 000 mètres carrés (environ 475 000 pieds carrés) dans le secteur D’Estimauville pour fabriquer des vaccins à base de plantes. On devait y retrouver une usine, une serre, un centre de recherche et de développement ainsi que des bureaux administratifs. La débâcle provoquée par Mitsubishi donne du fil à retordre à Québec et Ottawa, qui tentent de trouver une nouvelle vocation à l’endroit.

En surface, le dossier semble avancer à pas de tortue.

Au printemps dernier, un plan de relance avait été présenté à Québec et Ottawa par quatre organisations – Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval, l’Institut national d’optique (INO), l’Université Laval et Québec International – établies dans la Capitale-Nationale.

Ce quatuor attend toujours.

« Il n’y a pas de nouveau depuis que INO a fait part de son intention […] de collaborer aux initiatives publiques visant à donner une deuxième vie aux bâtiments de Medicago », affirme le porte-parole de l’organisation Mathieu Bilodeau.

Au ministère de l’Économie, on se limite à dire que les consultants ont exploré « plusieurs propositions de projets » et « modèles d’affaires ».

Ce n’est pas la première fois qu’un projet de Mitsubishi sur le sol québécois se termine en queue de poisson. En mai 2020, le conglomérat a mis la clé sous la porte de son centre d’ingénierie en aéronautique à Boisbriand moins d’un an après son ouverture. L’entreprise avait obtenu un prêt de 12 millions du gouvernement Legault pour s’implanter dans les Laurentides.

Une partie du prêt avait été déboursée par Investissement Québec, mais cette somme a été remboursée en « totalité » par Mitsubishi, assure le Ministère.

Planète économique Des travailleurs, il en manque partout

PHOTO JESSICA KOURKOUNIS, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Au Canada et aux États-Unis, près de la moyenne de 77 % des employeurs sondés disent avoir des problèmes à embaucher.

Les pénuries de main-d’œuvre continuent d’alimenter l’actualité, notamment au Québec, où les entreprises se plaignaient encore la semaine dernière de perdre des milliards de dollars à cause du manque de travailleurs. Mais nous ne sommes pas seuls.

Publié à 1h21 Mis à jour à 6h00

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Hélène Baril
Hélène Baril La Presse

La rareté de la main-d’œuvre est un problème à l’échelle mondiale, indiquent les plus récents résultats du sondage que la firme spécialisée Manpower réalise régulièrement auprès d’employeurs partout dans le monde. On y apprend que la proportion des employeurs qui disent éprouver des problèmes de recrutement a doublé depuis 2015, selon ce coup de sonde auprès de 39 000 employeurs dans 41 pays.

La pandémie, qu’on appelle souvent à la rescousse pour expliquer toutes sortes de problèmes, n’est pas à l’origine de tous les bouleversements que vit le monde du travail. Elle a certes semé le chaos dans l’économie mondiale, mais maintenant que la vie a repris son cours, il faut chercher ailleurs les causes de ce problème croissant.

La démographie est la première des explications. La population mondiale décline et selon la Banque mondiale, 75 pays dans le monde ont déjà un taux de fertilité insuffisant pour maintenir leur population. Le corollaire de ce déclin, le vieillissement de la population, est un problème plus aigu dans certains pays que dans d’autres, par exemple au Japon, mais il se manifeste partout.

Le bassin de travailleurs est donc appelé à se réduire et le phénomène ne fait que commencer.

La croissance économique alimente à la fois la consommation et le besoin de main-d’œuvre pour satisfaire cette consommation.

Pour répondre à une demande qui augmente, il faut fabriquer plus de biens et offrir plus de services. Si l’automatisation peut compenser en partie la rareté de la main-d’œuvre dans la fabrication, le secteur des services a besoin de bras pour assurer ces services, que ce soit au restaurant, au garage ou à l’hôpital. Une population vieillissante consomme davantage de services, ce qui exerce encore plus de pression sur la main-d’œuvre.

L’automatisation a aussi ses limites. L’utilisation de robots de plus en plus sophistiqués nécessite des compétences pointues de la part des employés qui les gèrent.

Les avancées technologiques transforment le monde du travail et rendent plus difficile le recrutement d’employés qualifiés qui accomplissent des tâches plus complexes. C’est ce dont les entreprises se plaignent le plus. On a beau accélérer la formation, la technologie évolue encore plus vite. L’offre de main-d’œuvre ne peut jamais correspondre parfaitement aux besoins des entreprises, mais l’écart pourrait s’élargir.

Dans les pays membres de l’OCDE, le taux de chômage est passé de 7 % en 2009 à 4,8 % en 2023.

Les pays les plus avancés technologiquement souffrent davantage de l’écart entre les compétences requises par les entreprises et celles des travailleurs disponibles.

Selon Manpower, c’est à Taïwan, en Allemagne et à Hong Kong que les entreprises disent avoir le plus de difficulté à recruter les travailleurs qu’elles recherchent. À l’inverse, les employeurs qui ont moins de problèmes de recrutement sont en Colombie, au Panamá et en République tchèque.

Le Canada et les États-Unis se retrouvent au milieu du classement, près de la moyenne de 77 % des employeurs sondés qui disent avoir des problèmes à embaucher.

« Bienvenue dans l’âge d’or des travailleurs », titrait récemment le magazine The Economist pour illustrer les changements qui s’opèrent sur le marché de l’emploi.

Les entreprises doivent s’y faire. Le contexte économique n’a probablement jamais été aussi favorable aux travailleurs, qui peuvent aspirer à une amélioration de leurs conditions de travail et à de meilleurs salaires.

Consultez le sondage de Manpower (en anglais)

Politique de la vie nocturne Vers des bars ouverts 24 heures à Montréal

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

Montréal pourrait avoir bientôt son premier quartier où les bars seront ouverts 24 heures.

Montréal pourrait avoir bientôt son premier quartier où les bars seront ouverts 24 heures, selon une proposition de la future politique de la vie nocturne de la Ville, qui sera soumise à la consultation publique en janvier.

Publié à 0h59 Mis à jour à 7h00

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Isabelle Ducas
Isabelle Ducas La Presse

« Et l’autre élément qui sera discuté, c’est la possibilité de pouvoir désigner des établissements 24 heures, selon leur localisation et la nature de leurs activités », a indiqué lundi soir le responsable du développement économique et président du comité exécutif, Luc Rabouin. « On va discuter et raffiner ces éléments dans le cadre de notre politique de la vie nocturne, dès le mois de janvier. »

M. Rabouin a abordé cette question lors de l’assemblée du conseil municipal, en répondant à la question de Jenny Thibault, directrice générale de la Société des arts technologiques (SAT), une salle multidisciplinaire située sur le boulevard Saint-Laurent, à quelques pas de la rue Sainte-Catherine.

La SAT, ainsi que d’autres bars et salles de spectacles situés dans les quartiers animés, déplorent qu’ils fassent l’objet de plaintes de la part de résidants en raison du bruit occasionné par leurs activités.

Lisez la chronique « L’âme de Montréal menacée par la guerre au bruit »

« Les enjeux soulevés par la SAT et d’autres établissements qui offrent une programmation nocturne sont considérés avec beaucoup de sérieux par notre administration. Notre future politique de la vie nocturne proposera notamment des ajustements au règlement sur le bruit pour mieux répondre à la mission des établissements, tout en continuant de protéger la qualité de vie des résidants », a aussi expliqué M. Rabouin.

Projet-pilote pour le réveillon

Au cours des dernières années, des bars ont obtenu le droit de vendre de l’alcool jusqu’à 6 h, et même 8 h du matin, lors d’évènements spéciaux. La Ville a recueilli des informations sur le déroulement de ces activités spéciales pour s’en inspirer dans la préparation de sa politique de la vie nocturne.

D’ailleurs, pour le 31 décembre prochain, un rave qui se tient aux entrepôts Dominion, dans le quartier Saint-Henri, aura la permission de vendre de l’alcool jusqu’à 6 h du matin. L’établissement aurait voulu être en mesure de mener un projet-pilote à ce sujet sur une plus longue période, mais les élus de l’arrondissement du Sud-Ouest ont refusé. L’endroit est habituellement ouvert jusqu’à 6 h du matin, mais la vente d’alcool cesse à 3 h.

« On a décidé d’y aller avec un projet-pilote le 31 décembre. On sera en plein réveillon du jour de l’An, on verra ce que ça donne et on va l’analyser. Mais nous avons beaucoup de problèmes avec le va-et-vient, » a dit le maire de l’arrondissement, Benoit Dorais.

« Ce que nous voyons à la sortie des bars, ce sont beaucoup de gens éméchés, qui gueulent, font des méfaits publics, etc. On a de la difficulté, il y a beaucoup de plaintes auprès des policiers. Si, entre 3 h et 6 h, il n’y a plus de vente d’alcool, les gens ont le temps de relaxer un peu. Alors que si on continue de vendre de l’alcool, quand les gens quittent, ils peuvent être assez chaudasses, réchauffés, et peuvent se lâcher un peu plus lousse. Avant de donner des permis à de nouveaux évènements, on veut prendre le temps de les analyser, regarder comment ça va se passer. »

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Planète économique L’inflation recule partout ou presque

PHOTO TED SHAFFREY, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Dans la plupart des pays du G20, l’inflation est sur le point d’être maîtrisée.

L’inflation a reculé à peu près partout dans le monde, assez pour que les banques centrales rangent leurs armes et se préparent à célébrer leur victoire en réduisant les taux d’intérêt.

Mis à jour hier à 9h00

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Hélène Baril
Hélène Baril La Presse

La résurgence de l’inflation devait être transitoire. C’est du moins ce que croyaient les principales banques centrales et bon nombre d’économistes. Le temps que les chaînes d’approvisionnement mondiales paralysées par la pandémie retrouvent leur rythme normal, et les prix qui s’envolaient redescendraient assez rapidement sur terre.

Ce n’est pas ce qui s’est produit, en partie parce que la guerre en Ukraine a fait flamber les prix des céréales et de l’énergie, qui se sont répercutés sur une multitude de produits, et aussi parce que la générosité des mesures gouvernementales pour atténuer l’impact de la crise sanitaire a attisé la consommation de biens et de services.

La transition aura été longue, mais ceux qui pariaient sur une période d’inflation transitoire semblent avoir eu raison.

Presque trois ans plus tard, dans la plupart des pays du G20, l’inflation est sur le point d’être maîtrisée. La crédibilité amochée des banques centrales s’en trouvera renforcée. On leur a reproché d’avoir trop attendu avant d’enclencher la hausse des taux d’intérêt, on les accuse maintenant de vouloir étrangler les consommateurs. Mais la politique monétaire, qu’on n’avait pas vue à l’œuvre depuis des décennies, est en train de prouver qu’elle fonctionne toujours.

On peut constater les ravages de l’inflation dans les pays qui renient leurs banques centrales, comme la Turquie.

Actuellement, dans la plupart des économies importantes, les banques centrales sont sur pause pour voir si elles en ont fait suffisamment pour gagner le combat. Pour combien de temps, on l’ignore, mais on sait que leur prochain geste sera une baisse de taux.

Il y en a des plus pressées que d’autres à vouloir baisser les taux d’intérêt. La banque centrale du Brésil, par exemple, a déjà réduit quatre fois son taux directeur, un des plus élevés au monde.

Un passage critique

La semaine dernière, la Banque centrale européenne a laissé son taux directeur inchangé, sa présidente Christine Lagarde estimant que le temps n’était pas encore venu de baisser… la garde, justement, même si l’inflation ralentit.

En Angleterre, la banque centrale a laissé la porte ouverte à d’autres hausses de taux, comme la Banque du Canada l’avait fait avant elle. Mais même l’hyper prudent gouverneur de la Banque du Canada a dit vendredi dernier que 2024 sera « une année de transition ».

La prudence est de mise parce que les banques centrales traversent un passage critique. Elles ne savent pas encore si l’inflation recule de façon permanente ou si leurs hausses de taux sont en train de provoquer une récession. Les deux sont possibles et leur crédibilité est encore dans la balance.

C’est pourquoi la Réserve fédérale a surpris tout le monde la semaine dernière en indiquant son intention de baisser trois, ou peut-être quatre fois son taux directeur en 2024. Deux semaines auparavant, son gouverneur, Jerome Powell, avait déclaré publiquement qu’il était prématuré d’envisager une baisse des taux.

La Fed a relevé 11 fois son taux directeur, dont la fourchette atteint maintenant 5,25 % à 5,50 %, son niveau le plus élevé en 20 ans. L’économie américaine n’a pas plié sous l’assaut. C’est plutôt le contraire, le produit intérieur brut américain continue de croître à un rythme étonnant.

Ailleurs dans le monde, les économies ont ralenti considérablement, certains pays flirtent avec la récession, mais ce n’est nulle part l’hécatombe appréhendée quand la guerre à l’inflation a commencé.

Gardons-nous quand même une petite gêne avant de parler de miracle et d’atterrissage réussi.

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Autocars New York passe un contrat « historique » à Prevost

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

François Tremblay, président de l’entrepsie et de Volvo Group Canada

(Sainte-Claire) Le fabricant d’autocars Prevost dans Bellechasse vient d’obtenir son plus important contrat en 100 ans : la société de transport de la ville de New York lui commande 381 autocars pour une valeur de 447 millions de dollars.

Publié à 15h04

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Gabriel Béland
Gabriel Béland La Presse

Tout le gratin politique de la Rive-Sud de Québec était rassemblé mardi après-midi dans l’usine qui surplombe le village de Sainte-Claire. C’est dans ce même village que le fondateur Eugène Prévost avait fondé en 1924 cette entreprise maintenant propriété du Groupe Volvo.

« Ce contrat historique provenant de la plus grande agence de transport public d’Amérique du Nord est une excellente nouvelle pour l’entreprise », a indiqué le président de Prevost François Tremblay.

La Metropolitan Transportation Authority (MTA) a passé une commande ferme pour 250 autocars à être livrés entre 2025 et 2026. Elle a une option d’achat pour 131 autocars supplémentaires. Le contrat estimé à 447 millions inclut pièces et services.

Ces autocars, différents des autobus urbains, seront surtout utilisés pour le navettage des usagers de la banlieue de New York. La MTA est responsable du célèbre métro new-yorkais, des autobus mais aussi de plusieurs lignes d’autocars vers les banlieues.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

L’usine d’autocar Prevost dans Bellechasse, au sud de Québec

Prevost emploie présentement 1704 personnes, dont 1087 à Sainte-Claire. Le contrat annoncé mardi permettra d’ajouter 150 employés selon l’entreprise.

Ce contrat historique pour l’entreprise « va créer une centaine de nouveaux emplois et va enrichir tout le Québec », s’est réjoui le premier ministre François Legault dans un communiqué.

Cette nouvelle survient alors que l’entreprise s’apprête à fêter ses 100 ans. Des évènements sont prévus au mois de janvier.

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Le Québec en récession

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Deux trimestres de recul consécutifs du PIB représentent la définition technique d’une récession.

Le Produit intérieur brut du Québec a reculé au troisième trimestre pour un deuxième trimestre consécutif, ce qui signale que l’économie est entrée officiellement en récession.

Publié à 9h55 Mis à jour à 11h46

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Hélène Baril
Hélène Baril La Presse

Le recul de 0,2 % du PIB au troisième trimestre survient après une baisse de 0,4 % au trimestre précédent. En rythme annualisé, le repli de l’économie atteint 0,8 %, selon l’Institut de la statistique du Québec.

Deux trimestres de recul consécutifs représentent la définition technique d’une récession. L’économie québécoise ralentit depuis le printemps 2022, rappelle Benoit Durocher, économiste de Desjardins et ce ralentissement s’est accéléré au cours des derniers mois. Pour les neuf premiers mois de l’année 2023, le PIB réel du Québec est de 0,3 % supérieur à celui de la même période de 2022.

Toutefois, le quatrième trimestre pourrait aussi être négatif et confirmer la récession au Québec, surtout en raison des grèves dans le secteur public, prévoit l’économiste de Desjardins.

Le ministre des Finances du Québec, Éric Girard estime pour sa part qu’il est trop tôt pour parler de récession. Le ralentissement se poursuit, a-t-il commenté sur le réseau social X. « Il est néanmoins trop tôt pour déclarer que le Québec est en récession, puisque la baisse de l’activité économique n’est pas généralisée », dit-il.

Les économistes de la Banque Nationale croient de leur côté que la situation économique du Canada est moins inquiétante qu’il n’y paraît à première vue, malgré les deux trimestres consécutifs de recul. « Pour avoir une meilleure idée de la robustesse de l’économie de la province, il vaut mieux regarder la demande intérieure privée, qui a rebondi de 2,6 % en rythme annualisé au cours du trimestre, comparativement à une baisse de 0,4 % pour l’ensemble du Canada », pointent Matthieu Arseneau et Daren King.

L’économie québécoise été plombée par le commerce international et par une baisse des investissements, tandis que la demande intérieure est restée solide.

L’économie canadienne a aussi reculé au troisième trimestre et sa croissance est de 1,5 % après les neuf premiers mois de l’année par rapport à la même période l’an dernier.

Au Québec, les principaux secteurs contribuant à la baisse du PIB réel au troisième trimestre sont les services publics, la construction, le secteur des soins de santé et d’assistance sociale ainsi que le secteur des services professionnels, scientifiques et techniques. À l’opposé, le commerce de détail, les administrations publiques, les services immobiliers et les services de location et de location à bail ainsi que le commerce de gros enregistrent des hausses de leur niveau d’activité, selon l’Institut de la statistique du Québec.

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Le ministre François-Philippe Champagne en entrevue avec La Presse « On a gagné la Coupe Stanley des investissements en 2023 ! »

PHOTO STÉPHANE LESSARD, ARCHIVES LE NOUVELLISTE

François-Philippe Champagne (à droite), accompagné du ministre Pierre Fitzgibbon et du premier ministre François Legault lors de l’annonce de la construction d’une usine de cathodes pour les camions Ford à Bécancour, en août dernier

(Ottawa) Le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, s’enthousiasme quand il consulte la liste des projets et des investissements privés qui ont abouti au Canada au cours des 12 derniers mois. Il ne manque d’ailleurs pas d’images fortes pour traduire en mots ce que cela représente pour le pays.

Publié à 1h27 Mis à jour à 6h00

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Joël-Denis Bellavance
Joël-Denis Bellavance La Presse

« On a gagné la Coupe Stanley des investissements en 2023 ! Soyons-en fiers », s’exclame le ministre en entrevue avec La Presse, toujours aussi débordant d’énergie malgré l’horaire chargé qu’il s’impose et qu’il impose à son équipe de proches collaborateurs et à l’ensemble de son ministère, et ce, malgré une session parlementaire des plus mouvementées.

Assis dans la petite salle de conférences qui jouxte son bureau ministériel et qui offre une vue appréciable de la colline du Parlement, François-Philippe Champagne énumère d’un trait les projets totalisant des milliards de dollars en investissements dans des secteurs qu’il juge névralgiques pour la prospérité du pays.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

« Northvolt, c’est le plus grand investissement privé dans l’histoire du Québec », dit le ministre.

Certes, ces investissements « générationnels » ont vu le jour grâce à une concertation des gouvernements au Québec et en Ontario, entre autres. Mais si Ottawa a décidé de délier le cordon de sa bourse pour convaincre Northvolt de s’établir à Saint-Basile-le-Grand et McMasterville, pour s’assurer que Stellantis modernise ses usines à Windsor et pour persuader Volkswagen de s’installer à St. Thomas, c’est parce qu’il fallait le faire, selon lui, pour attirer les acteurs importants et relancer une industrie de l’automobile en fort déclin.

« 2023, c’est l’année des grands investissements. Northvolt, c’est le plus grand investissement privé dans l’histoire du Québec. On a fait entrer le Québec dans l’industrie automobile par la grande porte. C’est du jamais vu. C’est important. Les grandes chaînes d’approvisionnement, c’est l’industrie automobile. C’est cela qui manquait au Québec », a exposé le ministre.

C’est une avancée majeure. On a transformé le portrait économique du Québec pour les générations à venir. Les gens vont vraiment comprendre l’ampleur de ce qui s’est produit en 2023 dans 10 ans. C’est un peu comme quand les usines de pâtes et papier ou les usines d’aluminerie sont arrivées chez nous.

François-Philippe Champagne, ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie

À ce tour d’horizon, le ministre ajoute les investissements de près de 9 milliards de dollars de Dow Chemicals, confirmés en novembre, afin de construire une usine d’éthylène à zéro émission nette, à Fort Saskatchewan, en Alberta. Le coup de pouce financier d’Ottawa s’élève à 400 millions de dollars, sous forme de crédits d’impôt à l’investissement propre – une mesure annoncée dans le dernier budget fédéral.

Il souligne aussi en exemple la récente décision du géant australien de l’industrie minière, BHP, d’investir 6,4 milliards de dollars pour la construction de la deuxième phase d’une mine de potasse à Jansen, située à 140 kilomètres à l’est de Saskatoon. Cette mine de BHP est en passe de devenir la plus grande mine de potasse au monde.

PHOTO DARRYL DYCK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Visite de l’usine de batteries E-One Moli Energy, à Maple Ridge, en Colombie-Britannique

Résultat : le Canada se retrouve maintenant au troisième rang des investissements étrangers en 2023, derrière les États-Unis et le Brésil, pour la première fois de son histoire, selon une récente compilation de l’OCDE.

« Ce sont des investissements dont les retombées seront mesurées sur plusieurs générations. Quand des entreprises parmi les plus grandes au monde choisissent le Canada pour faire des investissements parmi les plus gros de leur histoire, c’est parce qu’ils ont confiance dans le Canada », a dit le ministre.

Il a souligné que le Canada a des atouts historiques, notamment la stabilité, la prévisibilité et la primauté du droit. Mais à cette liste, il faut ajouter la main-d’œuvre qualifiée, les écosystèmes existants, la proximité des grands marchés, l’abondance des minéraux critiques et l’énergie verte – le « dividende de monsieur [Robert] Bourassa ».

La multiplication des investissements fédéraux pour attirer les grandes entreprises étrangères a provoqué un débat au cours des derniers mois quant à l’opportunité d’utiliser les fonds publics à cette fin. Pourquoi ne pas utiliser ces milliards pour consolider le système de santé, par exemple, ou retaper nos routes ?

À ce sujet, le ministre Champagne estime que le choix était clair. Alors qu’Ottawa devait faire face au déclin de l’industrie automobile au Canada, le gouvernement fédéral devait sauter sur une occasion qui ne se présente pas tous les six mois.

PHOTO JUSTIN TANG, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

François-Philippe Champagne

Quand je suis rentré en poste ici, on nous préparait pour le déclin de l’industrie automobile. Là, on est dans la croissance la plus importante de l’histoire du Canada dans ce secteur.

François-Philippe Champagne, ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie

« Il fallait saisir l’opportunité parce que la fenêtre, elle était de 12 à 18 mois. Une fois que Volkswagen décide de faire sa plus grande usine en dehors de l’Allemagne et qu’elle choisit le Canada, il n’y en aura pas une autre en Amérique du Nord », a argué le ministre, affirmant que c’est la même logique qui s’applique à Northvolt, qui a opté pour le Québec et non la Californie.

« Il fallait saisir ces opportunités. Si on ne les avait pas saisies, ces usines-là seraient allées dans le sud des États-Unis. Il fallait saisir la balle au bond parce que dans six mois, toutes ces décisions sont prises. Une usine de 10 milliards, tu n’en construis pas deux en Amérique du Nord. »

En entrevue, M. Champagne étoffe son argument. Sans l’intervention d’Ottawa et des provinces, c’est toute l’économie canadienne qui en aurait souffert, ainsi que le financement des programmes sociaux dont dépendent les Canadiens.

« Regardez ce qui se passe au sud de la frontière, aux États-Unis, avec l’IRA. Il y a une nouvelle théorie économique. Les gouvernements doivent faire partie de l’équation parce qu’ultimement, le risque, c’était de s’appauvrir sur le plan économique. »

La campagne de séduction que mène avec succès le ministre François-Philippe Champagne auprès des grandes entreprises fait d’ailleurs des envieux… à Washington. Il y a quelques semaines, le site Politico lui a consacré un texte dithyrambique de six pages. Le titre du reportage disait tout. « Comment le vendeur en chef de Trudeau a réussi à déjouer l’Amérique ».

Lisez l’article de Politico (en anglais)

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Acquisition de 1,5 milliard aux États-Unis Une grosse prise pour le géant du camionnage TFI

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Le géant québécois du camionnage TFI International est propriétaire de plus de 90 marques, dont Canpar.

Le géant québécois du camionnage TFI International emploie les grands moyens pour devenir l’un des principaux acteurs dans le segment du transport spécialisé au sud de la frontière : il achète l’entreprise américaine Daseke dans le cadre d’une transaction qui valorise cette dernière à environ 1,5 milliard.

Publié à 10h32 Mis à jour à 12h14

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Julien Arsenault
Julien Arsenault La Presse

« On est l’acteur dominant au Canada dans le transport spécialisé, mais nous ne l’étions pas aux États-Unis, a résumé vendredi le président et chef de la direction de TFI, Alain Bédard, en entrevue téléphonique avec La Presse. Nous serons maintenant parmi les plus gros. »

Anciennement connue sous le nom de TransForce, l’entreprise québécoise offre 8,30 $ US pour chacune des actions de Daseke, ce qui correspond à une prime d’environ 70 % par rapport à son cours de clôture, jeudi, au NASDAQ. Le prix offert est néanmoins inférieur au sommet des 52 dernières semaines, soit 9,58 $ US, atteint l’hiver dernier. Les conseils d’administration des deux sociétés disent appuyer unanimement la transaction proposée.

Établie dans la région de Dallas, au Texas, cette entreprise américaine se présente comme la plus importante dans le créneau des remorques à plateforme – qui sont par exemple utilisées pour transporter de l’équipement ainsi que des matériaux de construction. Elle exploite un parc de 4500 tracteurs et 11 000 remorques.

TFI devra débourser environ 515 millions pour acquérir toutes les actions en circulation de Daseke. L’entreprise québécoise devra cependant assumer d’autres charges, comme la dette du transporteur américain, évaluée à environ 880 millions.

À moyen terme, l’acquisition pourrait ouvrir la voie à un essaimage de la division du transport de lots complets et spécialisés, qui devrait afficher des revenus annuels de 3,6 milliards US si on tient compte des activités de Daseke. Aucun échéancier précis n’a été évoqué.

Contexte plus difficile

L’industrie du camionnage est confrontée à des vents de face en raison du ralentissement économique qui pèse sur la demande et de l’inflation qui exerce une pression sur les coûts. L’achat de Daseke tombe à point, affirme M. Bédard, qui croit que le contexte s’apprête à changer.

« Vous achetez quand les nouvelles sont mauvaises et vous vendez lorsqu’elles sont bonnes, lance-t-il. Il ne faut pas oublier que les infrastructures, les écoles, les hôpitaux, les routes et les ponts ont besoin d’investissements majeurs. Cela profite à l’industrie du camionnage et encore plus au secteur de la remorque à plateforme. »

Les investisseurs ont réagi favorablement à ce qui est la quatrième acquisition de TFI depuis le début de son année financière. Sur le parquet de la Bourse de Toronto, vendredi, le titre de l’entreprise a terminé la journée en hausse de 7,9 %, ou 12,76 $, pour atteindre 175,29 $. Depuis le début de l’année, l’action affiche une progression d’environ 27 %.

Pour Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, même si l’achat de Daseke est logique pour TFI, les investisseurs s’attendaient probablement à un autre type de transaction.

« TFI a surtout effectué des acquisitions complémentaires aux États-Unis, écrit l’analyste, dans une note. Nous pensons que les investisseurs s’attendaient à ce que la compagnie achète d’autres entreprises spécialisées dans les lots brisés et la logistique. »

Un visage qui change

TFI génère plus de la moitié de ses revenus aux États-Unis. Dans le créneau du transport spécialisé, son chiffre d’affaires dépasse à peine les 100 millions US. L’ajout des activités de Daseke changera les choses. Au terme de la période de neuf mois ayant pris fin le 30 septembre dernier, elle affichait des revenus de 1,2 milliard US.

Il s’agit d’un recul d’environ 15 % par rapport à la même période en 2022.

« Nous sommes capables d’effectuer des acquisitions d’entreprises qui traversent des temps plus difficiles, affirme M. Bédard. Les coûts d’intérêt de Daseke sont de 10 %. Ils sont dans une mauvaise position. C’est faramineux. Nous, notre taux moyen est d’environ 4,5 %. Avec notre bilan, nous sommes capables d’effectuer ce genre d’acquisition. »

La clôture de la transaction, qui doit obtenir les approbations réglementaires habituelles au Canada ainsi qu’aux États-Unis, est prévue au cours du deuxième trimestre de 2024.

TFI International en bref

Siège social : Montréal

Président et chef de la direction : Alain Bédard

Secteurs d’activité : transport de colis et de courrier, lots brisés et complets, logistique

Employés : environ 26 000

Revenus : 5,6 milliards US (pour les neuf mois terminés le 30 septembre dernier)

En savoir plus

  • 90
    Nombre d’acquisitions réalisées par TFI International depuis 2014

Source : TFI International

Plusieurs chiffres intéressants sur le nombre de commerces à Montréal.

Fait étonnant, le nombre de restaurants augmente. Il y en a 4057 à Montréal, et c’est sur le Plateau qu’il y en a le plus avec 472. Rosemont suit avec 309, ce qui ne me surprend pas vu la popularité de ce quartier dans les ouvertures récentes.

Texte itntégral

Regard sur l’immobilier L’état du commerce sur rue à Montréal en dix chiffres

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Une enquête a permis de répertorier 28 256 locaux commerciaux présentant un affichage commercial visible de la rue.

Un jeudi sur deux, La Presse propose un retour sur ce qui retient l’attention dans le domaine de l’immobilier résidentiel et commercial.

Publié à 1h29 Mis à jour à 7h00

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André Dubuc
ANDRÉ DUBUCLA PRESSE

Le service du développement économique de la Ville de Montréal vient de publier la mise à jour de son enquête terrain sur l’occupation commerciale qui donne un portrait du commerce de rue dans la dernière année. Résumé en dix données.

13,4 %

Taux d’inoccupation des locaux commerciaux dans l’ensemble de l’île de Montréal en 2023. Il tourne autour de 13 % depuis 2021. Les données ont été collectées entre mai et août 2023 sur l’ensemble du territoire, et l’enquête a permis de répertorier 28 256 locaux commerciaux présentant un affichage commercial visible de la rue. Les locaux se situent au rez-de-chaussée ou au sous-sol. On a dénombré 3781 locaux vacants.

20 %

Au centre-ville, la situation a continué de se détériorer pour les marchands, car c’est 20 % des 4272 locaux qui sont vacants, soit 853. En deux ans, 133 locaux de plus se sont libérés au net. Le taux d’inoccupation est passé de 17,7 % en 2021 à 20 % en 2023. Il s’agit du secteur de l’île où la réalité commerciale est la plus négative. Soulignons que l’enquête n’englobe pas les galeries marchandes souterraines du centre-ville ni les aires de restauration rapide des tours de bureaux.

+ 68

Donnée surprenante, le nombre de restaurants a augmenté de 68 établissements en un an sur le territoire de l’agglomération de Montréal, malgré toutes les embûches (main-d’œuvre, inflation, réservations non honorées, etc.). On en dénombre dorénavant 4057 sur l’île. C’est plus que les épiceries, les dépanneurs et les cafés réunis. « L’accroissement du nombre de restaurants est un peu bizarre », fait savoir Jean-François Grenier, directeur principal chez Altus Solutions analytiques, une division du Groupe Altus. Il est possible que cet ajout soit le fait de petits restaurants genre Poke Bowl dont les investissements nécessaires pour ce genre de commerce sont bas. « Au 1250, René Lévesque, il y avait environ une douzaine de restaurants-minute avant la pandémie, rappelle-t-il. Il n’en reste que deux. »

472

C’est le nombre de restaurants dans l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal, en hausse de 8 en un an. C’est plus que les 309 tables de Rosemont–La Petite-Patrie, les 277 établissements de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension et les 154 adresses de l’arrondissement du Sud-Ouest.

- 12

Vous connaissez sans doute des parents en attente d’une place en garderie. Contre toute attente, 12 de ces services ont fermé leurs portes en 2023 sur l’île. Il s’agit sans doute d’établissements privés non subventionnés offrant des places à 50 $ et plus par jour. Malgré le crédit d’impôt remboursable par versements anticipés, l’écart de prix au net entre le réseau subventionné et le réseau non subventionné dépasse les 8 $ par jour pour un couple de deux professionnels gagnant 135 000 $ par an avec un enfant au service de garde. On dénombre 803 services de garde dans l’agglomération.

1652

Nombre d’épiceries sur l’île de Montréal, en hausse de 52 en un an, ou de 3,25 %. On dénombre aussi 1252 dépanneurs, en baisse de 15 en 12 mois. Moins de dépanneurs que d’épiceries, qui l’eût cru ?

1,49

Nombre de marchés d’alimentation par 1000 habitants au Plateau-Mont-Royal, le ratio le plus élevé de l’île. Il est suivi par Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, à 1,42, et Rosemont–La Petite-Patrie, à 1,33. Le centre-ville affiche un taux supérieur à 1, contrairement aux perceptions de « désert alimentaire ». C’est aussi le cas pour Westmount et le Sud-Ouest. À l’échelle de l’île de Montréal, on dénombre 0,81 épicerie pour 1000 habitants ou encore 1 épicerie pour 1235 habitants. Les taux les plus bas sont observés dans les quartiers excentriques ou dans les villes liées. L’exception étant Verdun avec un ratio de 0,47 par 1000 habitants, ou 1 épicerie pour 2127 habitants en moyenne.

27,1

C’est la densité commerciale constatée dans l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal. On obtient ce ratio en divisant le nombre de locaux commerciaux par 1000 habitants. Avec près de 3000 locaux, le Plateau affiche la deuxième concentration commerciale en importance sur l’île, après le centre-ville à 41,5. Malgré l’abondance de places d’affaires, le taux d’inoccupation se situe légèrement au-dessus de la moyenne régionale à 14,9 %, en recul de 2,4 points de pourcentage en deux ans.

8,1 %

Taux d’inoccupation le plus faible de tous les arrondissements et des villes liées ayant une présence commerciale conséquente. C’est à Pointe-Claire qu’on le retrouve. La ville compte 5 centres commerciaux, dont le Fairview Pointe-Claire, et 556 magasins au total. On y dénombre 45 locaux vacants. L’arrondissement de LaSalle, qui accueille le Carrefour Angrignon, fait presque aussi bien avec un taux de vacance de 8,3 % parmi ses 831 commerces divers.

18,5 %

À l’autre bout du spectre, c’est la ville de Montréal-Est qui affiche la proportion de magasins vacants la plus élevée, avec 10 locaux vides sur les 54 places d’affaires recensées sur son territoire. Plus significative est la situation dans l’arrondissement du Sud-Ouest, où 221 locaux sont délaissés parmi les 1244 commerces pour un taux d’inoccupation de 17,8 %.

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Un dépanneur ouvrira bientôt dans le bâtiment du métro Jarry, c’est la première fois depuis très longtemps qu’il y a un commerce dans ce local. À noter qu’il y a déjà un couche tard dans le même bâtiment.

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Est-ce que c’est le même dépanneur qui ouvrira dans la station Berri-UQÀM du côté du corridor qui mène à la sortie St-Denis?

Ah cool! Le couche-tard avait malheureusement sonné le glas de l’ancien dépanneur qui occupait ce local

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Prévisions économiques 2024 : la lumière au bout du tunnel

PHOTOMONTAGE LA PRESSE

L’économie a émis beaucoup de signes de détresse cette année et son parcours erratique rend la tâche des prévisionnistes difficile. L’équipe d’économistes qui a participé l’an dernier à notre exercice traditionnel de prévisions économiques avait prévu une année entre stagnation et récession, ce qui s’est avéré juste. Que nous réserve 2024 ?

Publié à 1h15 Mis à jour à 5h00

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Hélène Baril
Hélène Baril La Presse

Alors que des mois difficiles sont encore à venir, il y a de l’amélioration en vue dans la deuxième moitié de 2024, prévoient Matthieu Arseneau, chef économiste adjoint à la Banque Nationale, Jimmy Jean, économiste en chef de Desjardins, et Robert Hogue, économiste principal de la Banque Royale du Canada, qui ont participé à la 48e édition des prévisions économiques de La Presse.

3/3

Inflation : victoire à l’horizon

La meilleure nouvelle de l’année 2024 sera sans contredit le déclin de l’inflation et le retour de l’indice des prix à la consommation à la cible de 2 % de la Banque du Canada. « La bataille tire à sa fin », avance Jimmy Jean. Très critiquée pour avoir trop attendu avant d’augmenter les taux d’intérêt et pour l’avoir fait de façon très agressive, la Banque du Canada a agi de façon appropriée pour refroidir l’économie, croit pour sa part Robert Hogue. Pour Matthieu Arseneau, la dernière hausse du taux directeur était probablement de trop et elle a aggravé le ralentissement économique. Mais la politique monétaire fonctionne, dit-il, et elle a calmé l’inflation de façon importante. L’IPC, qui était de 5,9 % au début de 2023, avait reculé sous les 3 % à la fin de l’année.

La Banque du Canada devrait pouvoir dire mission accomplie à la fin de 2024, prévoient nos participants.

Ce qui ne veut pas dire que les consommateurs ne souffriront plus, souligne Jimmy Jean. Les prix des aliments, comme ceux du logement, vont rester élevés pour des raisons que ne peut contrôler la politique monétaire. L’augmentation des prix du logement se poursuivra, à moins d’avoir un moratoire sur l’immigration pour essayer de rééquilibrer l’offre et la demande, dit Matthieu Arseneau.

Une, deux, trois baisses de taux

La baisse des taux d’intérêt est l’autre embellie que devrait apporter la prochaine année. Les trois économistes prévoient une baisse du taux directeur de la Banque du Canada d’ici la fin de 2024. Cette baisse pourrait varier entre 100 et 150 points de base, en deux ou trois annonces. Contrairement à la Réserve fédérale américaine, qui a télégraphié trois baisses du taux directeur pour 2024, la Banque du Canada cache bien son jeu. Son discours officiel parle toujours d’une autre hausse « si nécessaire » et elle ne le changera pas avant d’avoir la conviction que l’inflation a reculé sur une baisse durable, croient nos économistes.

Les conditions attendues par la Banque du Canada pour entamer la baisse des taux devraient arriver en même temps que le printemps, au mois d’avril.

Attention, dit Matthieu Arseneau, même après une baisse de 150 points de base, on a encore un taux directeur à 3,5 %, ce qui reste très élevé. « Il ne faut pas oublier que la politique monétaire peut mettre jusqu’à huit trimestres pour avoir son plein impact sur l’économie, insiste l’économiste de la Banque Nationale. Ça veut dire qu’il reste 40 % de l’impact des hausses de taux passées à répercuter sur un consommateur qui a déjà un genou à terre. »

Le mot qui commence par R

Il a beaucoup été question de récession dans l’année qui vient de s’achever, mais elle ne s’est pas encore matérialisée, sauf peut-être au Québec où les dernières statistiques devraient confirmer deux trimestres consécutifs de recul du produit intérieur brut, ce qui est la définition technique d’une récession.

Malgré un endettement record, les ménages ont supporté le choc des hausses rapides des taux d’intérêt.

Ce n’est pas la catastrophe que certains avaient prédite ni au Canada ni au Québec, dit Jimmy Jean. « Les bilans des ménages québécois sont en relativement bonne santé. On ne voit pas une explosion des insolvabilités ou des défaillances. » Les prochains mois vont être difficiles, selon lui, mais « lorsque la pression va commencer à tomber au niveau des taux d’intérêt et que l’inflation extrême va être chose du passé, l’économie du Québec va être capable de rebondir parce qu’il n’y a pas une détérioration significative autant du marché de l’emploi que des bilans des ménages ».

Pour les mêmes raisons, Matthieu Arseneau estime que la faiblesse de l’économie québécoise n’est pas alarmante. « C’était l’économie la plus en surchauffe de la fédération. Oui, le taux de chômage a augmenté plus qu’ailleurs, mais il reste sous la moyenne nationale, rappelle-t-il. J’ai du mal à croire que le Québec va continuer d’avoir une contre-performance par rapport au reste du Canada. »

Le prix des maisons résiste

La baisse prévue des taux d’intérêt devrait redonner un peu d’air au marché immobilier, prévoit Robert Hogue. « On s’attend à ce que le marché demeure assez calme d’ici le printemps, sinon jusqu’à l’été. Ça va prendre une baisse de taux pour faire redécoller un petit peu l’activité. »

La hausse des taux d’intérêt n’a pas donné lieu à une vague de ventes de maisons, dit-il, elle a plutôt conduit les ménages à se serrer la ceinture et à restreindre leurs autres dépenses. « Culturellement, au Canada et au Québec, les gens sont prêts à faire des sacrifices avant de donner les clés de leurs maisons », croit Robert Hogue.

L’économiste de la Banque Royale souligne que 40 % des détenteurs de prêts hypothècaires les ont déjà renouvelés leurs prêts à des taux plus élevés. Ceux qui doivent encore le faire devraient passer à travers, selon lui, surtout si les taux baissent. La cohorte la plus à risque parmi les détenteurs d’hypothèque arrivera en 2025, alors que les taux devraient être plus bas.

Le prix des maisons résiste aussi parce les gens ont gardé leur emploi. Mais on remarque une augmentation des inscriptions et le marché a déjà tourné en faveur des acheteurs dans certaines régions, selon Jimmy Jean. « Ça pourrait mener à une baisse du prix des maisons », dit-il.

Si le prix des maisons devait baisser beaucoup, la récession serait inévitable. « Un atterrissage en douceur deviendrait aussi probable que le retour des Nordiques de Québec », image l’économiste, qui croit toutefois que les risques d’une correction majeure des prix de l’immobilier sont « assez faibles ».

Chômage : hausse inévitable

La bonne tenue du marché du travail a été la surprise de 2023. Il faut s’attendre à ce que le taux de chômage continue d’augmenter en 2024, estiment nos économistes, pour se rapprocher de 7 %.

L’économie ne pourra pas créer assez d’emplois pour absorber la croissance démographique record. « La hausse du taux de chômage n’est pas due uniquement à des pertes d’emplois, rappelle Robert Hogue, c’est que la population active augmente tellement vite, c’est une situation assez inusitée. »

Le marché du travail sera moins porteur parce que l’impact des taux d’intérêt continue de faire mal aux entreprises.

« Il y a tout un contraste entre les salaires qui augmentent de 7 % et les profits des entreprises qui baissent de 20 % au Canada, explique Matthieu Arseneau. Les entreprises sont un peu traumatisées par les pénuries de main-d’œuvre, elles gardent leurs employés, mais à un moment donné, il y a des secteurs qui vont avoir des difficultés et il y aura des décisions difficiles à prendre. »

Les entreprises pourraient aussi subir l’impact du ralentissement prévisible de l’économie américaine au début de l’année. Les risques d’une récession ou d’un ralentissement majeur aux États-Unis ne peuvent pas être écartés, estiment nos trois participants. Si ça arrive, « on va être exposés par le canal des exportations », avance Jimmy Jean.

Des gouvernements trop généreux

Les gouvernements se sont montrés généreux récemment pour aider les ménages à faire face à l’inflation. Cette générosité a nourri la croissance économique et l’inflation que la Banque du Canada s’efforçait de calmer. « Je pense qu’il va falloir que les gouvernements fassent attention parce que les investisseurs sont très aux aguets de leur situation financière », estime Matthieu Arseneau.

Le niveau des déficits et de l’endettement des gouvernements, tant au Canada qu’aux États-Unis, devrait imposer une certaine retenue dans les dépenses publiques. Si le contexte économique devait se détériorer, les demandes d’intervention vont affluer de toutes parts, et les gouvernements ont démontré qu’ils ont du mal à résister à la tentation, surtout que l’échéance électorale se rapproche, craint Robert Hogue. « Il y a peut-être quelque chose qui a changé durant la pandémie, les programmes de dépenses pour faire face à des situations absolument historiques deviennent un peu la norme. »

Le Canada a intérêt à faire preuve de plus de rigueur dans ses dépenses s’il veut conserver sa cote de crédit triple A. Après avoir analysé la situation financière du gouvernement, les économistes de la Banque Royale sont arrivés à la conclusion que le Canada ne devrait pas tenir pour acquis qu’il conservera cette meilleure note. « On ne dit pas qu’une décote s’en vient, précise Robert Hogue, mais qu’il ne faut pas perdre ça de vue. »

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