Nouvelles culturelles

Exposition immersive Sweet Folie Un monde loufoque à explorer

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Après Van Gogh – Distorsion et Transformé, OASIS immersion présente Sweet Folie, sa troisième exposition au Palais des congrès.

Publié à 1h26 Mis à jour à 7h02

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Daniel Birru
Daniel Birru La Presse

C’est la première fois que l’organisme spécialisé dans l’art multimédia immersif, fondé en 2020, présente trois expositions simultanément.

Développée en collaboration avec l’agence Colegram, Sweet Folie amène les publics de tous âges au cœur d’un univers loufoque durant 60 minutes. Les créateurs procurent aux participants une expérience interactive à travers un concert d’images et d’effets sonores multiples.

L’exposition, que La Presse a visitée mardi, est divisée en trois galeries. Baptisée Murmures, la première est présentée comme une initiation au monde farfelu qui attend les visiteurs. On y fait la rencontre de Junior, un personnage qui nous accompagnera dans une série de découvertes visuellement impressionnantes.

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Intitulée Charivari et composée de pièces d’art fantaisiste, la deuxième galerie nous fait entrer dans un faux musée du GIF, un format d’images numériques courant sur l’internet. Enfin, la troisième galerie, Bingo Bango, prend des allures de jeux interactifs par l’entremise de projections.

En entrevue, le président et cofondateur d’OASIS, Denys Lavigne, raconte avoir tenté d’explorer différents univers avec Sweet Folie. Instagram, TikTok, le musée du GIF… Tout y est, en plus des différents effets visuels qu’on observe.

Il y a une émotion assez forte qui se dégage de cette immersion.

Denys Lavigne, président et cofondateur d’OASIS

« On arrive à connecter les visiteurs avec des sujets, des univers de façon quand même assez forte, souligne M. Lavigne. Depuis le début, ça nous inspire beaucoup. »

Sweet Folie permet aussi aux artistes de proposer une perspective optimiste. C’est le cas de Vincent Bilodeau, directeur de création et réalisateur d’animation chez Colegram, qui souhaite rendre une création très décomplexée, histoire de rallier le plus de groupes d’âge possible.

« OASIS nous a approché il y a quelque temps pour qu’on crée cette expérience, raconte Vincent Bilodeau. Ils avaient vraiment le mot “déjanté” comme [ligne directrice]. Ils nous ont donné carte blanche pour tout le contenu créatif. »

L’environnement

Après la fin de l’exposition, prévue à l’automne, Denys Lavigne caresse d’autres projets. Un peu comme Sweet Folie, il aimerait continuer de susciter l’émotion du public, mais en exploitant le thème de l’environnement, un sujet très d’actualité.

Le président et cofondateur d’OASIS immersion cherche de quelle façon il peut inspirer le public sur cette question. Aucune date n’est toutefois prévue pour l’aboutissement du projet.

L’exposition Sweet Folie est présentée au Palais des congrès de Montréal.

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Moment Factory illuminera le dôme des Invalides à Paris

L’expérience immersive «Aura Invalides» dans le dôme de l’hôtel des Invalides, à Paris

Photo : Moment Factory

Radio-Canada

Publié à 5 h 00

À compter du 22 septembre, le studio montréalais Moment Factory utilisera le dôme de l’hôtel des Invalides, à Paris, pour une nouvelle mouture de l’expérience immersive Aura, après celle qui s’est déployée en 2017 à la basilique Notre-Dame, à Montréal, pour devenir une installation permanente.

Véritable dialogue entre le patrimoine architectural et l’art numérique, Aura Invalides propose une déambulation nocturne d’environ 45 minutes qui permettra au public de découvrir ou de redécouvrir sous une nouvelle lumière le dôme bâti il y a plus de 300 ans.

L’expérience immersive «Aura Invalides» dans le dôme de l’hôtel des Invalides, à Paris

Photo : Moment Factory

L’expérience est composée de trois mouvements, qui évoquent trois thématiques fondatrices du monument : la construction de son dôme, la mémoire qui l’anime et la sensation d’élévation qu’il procure, explique Moment Factory dans un communiqué.

L’expérience immersive «Aura Invalides» dans le dôme de l’hôtel des Invalides, à Paris

Photo : Moment Factory

Les talents canadiens demandés

C’est l’agence française de sorties culturelles Cultival qui a contacté Moment Factory en 2019, impressionnée par l’expérience Aura à la basilique Notre-Dame. Avec sa somptueuse architecture, le dôme des Invalides s’est rapidement présenté comme l’endroit idéal pour accueillir la première création Aura en France.

L’expérience immersive «Aura Invalides» dans le dôme de l’hôtel des Invalides, à Paris

Photo : Moment Factory

Le musée de l’Armée, situé dans l’hôtel des Invalides, s’est ensuite joint au projet, mettant ses équipes de conservation au service de Moment Factory afin de magnifier l’architecture du dôme et des chapelles, tout en s’assurant d’en préserver l’intégrité patrimoniale et architecturale. Cette entreprise pharaonique a pris plus de deux ans à se concrétiser.

L’expérience immersive «Aura Invalides» dans le dôme de l’hôtel des Invalides, à Paris

Photo : Moment Factory

Ouverte toute l’année pour plusieurs saisons, l’expérience immersive Aura Invalides accueillera les gens en soirée, après fermeture au public de jour. On peut déjà se procurer des billets sur le site de l’événement (Nouvelle fenêtre) .

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L’Orchestre Métropolitain en concert gratuit à Ahuntsic le mois prochain

L’Orchestre Métropolitain, ainsi que son directeur musical et chef principal Yannick Nézet-Séguin, est de nouveau de la programmation du CAM en tournée. Photo: fournie par le Conseil des arts de Montréal

Naomie Gelper

11 juillet 2023 à 14h56 - Mis à jour 11 juillet 2023 à 16h59 1 minute de lecture

L’Orchestre Métropolitain (OM), dirigé par Yannick Nézet-Séguin, présentera un concert gratuit en plein air au parc Ahuntsic le 5 août prochain. L’arrondissement sera le seul qui recevra l’OM avec Yannick Nézet-Séguin comme chef.

Cette année, le chef d’orchestre Yannick Nézet-Séguin entraînera ses musiciens pour interpréter des œuvres de Samuel Coleridge-Taylor, Wagner, Jean Coulthard, Dvorak et Màrquez lors d’un spectacle d’une durée d’environ 70 minutes.

Les spectateurs sont priés d’apporter chaises et couvertures pour s’installer sur l’herbe du parc et profiter du spectacle qui débutera dès 19h30.

Cela fait maintenant 40 ans que l’Orchestre Métropolitain va à la rencontre des Montréalais dans les différents arrondissements de la métropole. Cet été, l’OM convie la population à une série estivale de concerts complètement gratuits intitulée «L’OM prend l’air».

Cette année, l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville sera le seul arrondissement à recevoir l’OM avec Yannick Nézet-Séguin comme chef, peut-on lire dans le sommaire décisionnel du dernier conseil dont un des dossiers vise à octroyer une contribution financière de 50 000$ à l’OM pour la tenue d’un concert en plein air avec le chef d’orchestre.

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Réouverture de la Satosphère à la SAT après des mois de travaux

La Satosphère Photo: Gracieuseté/SAT

Naomie Gelper

12 juillet 2023 à 16h15 - Mis à jour 12 juillet 2023 à 16h18 1 minute de lecture

Après plusieurs mois de travaux de rénovation et de mise à niveau de son infrastructure technologique, la Satosphère de la Société des arts technologiques (SAT) est réouverte au public, qui peut profiter d’une programmation riche en expériences sensorielles.

En effet, pour célébrer cette réouverture, l’équipe de la SAT a préparé «une programmation diversifiée qui saura défier les sens et éveiller la curiosité avec une multitude de découvertes artistiques, musicales et festives».

Inaugurée en 2011, la Satosphère est un dôme de 13 mètres de hauteur comprenant 8 projecteurs vidéo et 157 haut-parleurs, idéal pour vivre une expérience audiovisuelle. Il s’agit aussi du tout premier théâtre immersif dédié à la création artistique et aux activités de visualisation.

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Qui prendra le meilleur cliché du fleuve Saint-Laurent?

L’image gagnante dans la catégorie Paysage urbain et naturel lors de la première édition du concours «Regards sur le Saint-Laurent». Photo: Gracieuseté, Jean-François Gagné.

Lucie Ferré

12 juillet 2023 à 14h45 - Mis à jour 12 juillet 2023 à 15h13 2 minutes de lecture

Le concours de photo Regards sur le Saint-Laurent est de retour pour une deuxième édition jusqu’au 4 septembre prochain, et est ouvert à l’ensemble de la population du Québec.

L’objectif du concours est de souligner la beauté du fleuve Saint-Laurent en mettant de l’avant ses usages multiples et son pouvoir rassembleur, tout en partageant différentes perceptions que peuvent avoir les gens par rapport au fleuve. La nouveauté de cette année: le photographe et artiste numérique Jean-Sébastien Veilleux offrira une formation d’une valeur de 1000$ à l’une des personnes gagnantes du concours. Les organisations espèrent ainsi attirer l’attention d’un plus grand nombre de photographes amateurs.

Stratégies Saint-Laurent et le Réseau Québec maritime s’associent également à l’organisme de conservation de l’environnement Organisation Bleue cette année.

La protection du Saint-Laurent passe aussi par l’art et la créativité, puisqu’une fois que l’on constate la beauté du patrimoine naturel maritime de chez nous, il est très difficile de demeurer indifférent face aux défis environnementaux auquel il fait face.

Anne-Marie Asselin, fondatrice et directrice générale d’Organisation Bleue.

Les photographes pourront soumettre leurs clichés dans quatre catégories: «Faune et flore du Saint-Laurent», «Le Saint-Laurent et l’humain», «Paysages du Saint-Laurent» et «Le Saint-Laurent en changement».

Des prix seront remis aux gagnants du concours pour une valeur totale de 3000$ qui récompensera les trois meilleures photos dans chaque catégorie. La population sera ensuite invitée à voter pour le prix Coup de cœur du public d’une valeur de 400$.

Comiccon de Montréal 60 000 personnes attendues ce week-end

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Comme c’est généralement le cas dans ce genre d’évènements, de nombreux fans de Star Wars étaient au rendez-vous. Ici, une délégation de gardiens royaux impériaux et de seigneurs Sith de la Garnison forteresse impériale, qui fait partie du regroupement mondial 501e Légion.

Lors de notre passage au 13e Comiccon de Montréal, samedi en milieu d’après-midi, davantage de visiteurs qu’à la fin de la journée l’an dernier avaient franchi les tourniquets à l’entrée. Selon Jason Rockman, porte-parole de l’évènement, plus de 60 000 personnes, dont plusieurs costumées, participeront à la grande fête geek ce week-end.

Mis à jour hier à 18h59

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Pascal LeBlanc
Pascal LeBlanc La Presse


Josie Desmarais
Josie Desmarais La Presse

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Les amateurs d’anime et de jeux vidéo, telles Janou Gallant, Elizabeth Gravel, Émeraude Gagnon et Thalia Brindle, étaient aussi fortement représentés. Pour ceux qui n’étaient pas déjà déguisés, il était possible d’acheter sur place une grande variété de costumes, mais aussi des bandes dessinées, des cartes, des jouets, des affiches, des sabres en métal et laser, des peluches et bien plus aux quelques 500 exposants réunis.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Nicole Lewis et Dara Bissonnette dans la peau d’Aurore et de Maléfique du film Maleficient. « Il y a des fans de tout : The Last of Us, Star Trek, Stranger Things… J’ai même vu du monde en cosplay de Red Ketchup ! », dit Jason Rockman.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Effectivement, une conférence en lien avec la nouvelle série animée Red Ketchup, diffusée à Télétoon la nuit, avait lieu samedi. Benoît Brière, qui prête sa voix au célèbre personnage de BD, était présent.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

L’ancienne lutteuse de la WWE, Trish Stratus (à droite), était l’une des nombreuses personnalités présentes cette année. L’actrice Christina Ricci y était aussi. La file pour rencontrer celle qui a récemment joué dans les séries Wednesday et Yellowjackets était très longue.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Bien sûr, il y avait suffisamment de superhéros pour sauver la Terre entière. Spider-Man, Spider-Woman, Hulk, Batman, Wonder Woman, ainsi que Theresa Ramsaruv en Storm et Gizabel Da Ponte en Scarlet Witch.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Laurie Leblanc et Daphnée St-Jacques forment le duo d’amis Korok issus du plus récent jeu Zelda : Tears of the Kingdom. « Quand on a commencé, il y avait 800, 1000 personnes. Maintenant, on est à plus de 60 000 et ça nous rend très fiers », affirme Jason Rockman, qui travaille au sein de l’organisation du Comiccon de Montréal depuis le début.

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Fini la croissance pour Le Festif! de Baie-Saint-Paul

Philippe B a lancé les concerts de la deuxième journée de la 14e édition du Festif! de Baie-Saint-Paul, vendredi à 17 h, sur l’intimiste scène Loto-Québec, entourée d’arbres. Photo: Samuel Gaudreault

Caroline Bertrand

21 juillet 2023 à 5h00 7 minutes de lecture

Le Festif! de Baie-Saint-Paul, dont la 14e édition bat son plein jusqu’à dimanche, a depuis l’an passé atteint sa pleine maturité. Et l’emblématique festival de Charlevoix compte désormais se maintenir ainsi.

Lointaine est l’époque où le festival n’accueillait que quelques milliers de festivalier.ères. Si la première édition, en 2010, avait attiré environ 2000 personnes, ce sont plus de 48 000 individus qui ont occupé en 2022 le centre-ville de Baie-Saint-Paul, municipalité d’à peine 7500 âmes.

Cette année, Le Festif! s’attend à une affluence similaire, indique le fondateur et directeur du festival, Clément Turgeon Thériault, en entrevue avec Métro.

Contrôler la croissance

Vous est-il arrivé d’entendre de la part d’adeptes de festivals de musique hors de Montréal que Le Festif! était rendu… trop gros? Serait-il victime de sa croissance? Clément ne voit certainement pas la situation de cet œil.

Dans la perspective où le Festif! se déploie en plein cœur du village, que des concerts ont lieu dans des endroits atypiques tels que les commerces, les balcons ou les terrains des résident.e.s, « on a atteint la limite qu’on juge correcte », affirme le fondateur « amoureux » de Baie-Saint-Paul, qu’il habite lui-même.

Lors de la consultation publique que l’équipe du festival a tenue plus tôt cette année, des résident.e.s se sont demandé si son plan était de poursuivre sa croissance. « On a pu les rassurer que non », assure-t-il, soulignant que le Festif! n’a pas augmenté le nombre de billets en vente.

Les sites qui accueillent les concerts du festival, gratuits comme payants, sont en effet remplis au maximum, indique le fondateur. « Côté hébergement et infrastructures, on ne veut pas se rendre plus loin que ça. Ce n’est pas nécessaire. Ça ne servirait personne d’augmenter le nombre de personnes sur ces sites. »

En matière d’affluence, Clément relève que les plus grandes difficultés sont liées aux nombreux concerts gratuits, qui se déroulent sur des sites de moindre taille (comme la caserne de pompier ou une boutique de vêtements) et où il est évidemment plus difficile d’évaluer le nombre de personnes, dont des résident.e.s du village, qui seront présentes.

Clément Turgeon Thériault, fondateur et directeur artistique et général du Festif! de Baie-Saint-Paul. Photo : Francis Gagnon

Changements

La saturation du nombre de festivalier.ère.s a mené cette année à certains changements, le plus notable étant le retrait, pour des raisons de sécurité, de l’archi populaire scène flottante. Installée sur la rivière du Gouffre depuis 2019, elle offrait des concerts que les festivalier.ère.s pouvaient regarder à bord de kayaks, pneus gonflables ou autres embarcations nautiques du genre.

« L’achalandage était difficile à contrôler; les gens arrivaient de partout dans la rivière », affirme Clément Turgeon Thériault.

Mais le festival avait déjà décidé de la retirer en raison des intenses inondations qui ont frappé Baie-Saint-Paul en mai dernier. « Le visage de la rivière du Gouffre a changé depuis les inondations, indique le fondateur. On n’aurait même pas pu ramener la scène. »

Le Festif! a également renouvelé son offre de scènes de proximité réunissant une centaine de personnes, fait savoir Clément. « On a aussi retiré quelques sites un peu plus énergivores pour l’équipe. »

En outre, après avoir prolongé jusqu’à la nuit du dimanche au lundi sa précédente édition, qui en était une de relance post-pandémique, le festival se conclut cette année dimanche midi, comme à l’accoutumée.

C’était prévu, fait savoir Clément. « Pour ne pas trop étirer l’édition et ne pas que la population soit agacée. Mais même pour l’expérience du festivalier, c’est plus magique d’y aller plus concentré. »

Appui de la population

Le Festif! a depuis toujours à cœur le bien-être de sa population, qui accueille chez elle des dizaines de festivalier.ère.s durant quelques jours, sensibilisant plus que jamais les convives à ce contexte de proximité, incitant à la fin des concerts les gens à prendre soin de Baie-Saint-Paul.

« On rappelle toujours aux festivaliers qu’on est à même la communauté. On n’est plus dans la pression de vendre des billets : on est plus dans un message rassurant », indique Clément Turgeon Thériault.

Vu l’ascension qu’a connue le festival en quelques années, il allait de soi de se demander comment les résident.e.s composaient avec ce rendez-vous estival prisé des mélomanes.

La consultation publique de cette année — un exercice auquel s’est prêté à plusieurs reprises déjà Le Festif!, mais qu’il a davantage médiatisé cette année — lui a de nouveau permis de prendre « le pouls de la population ».

D’ailleurs, Clément souhaite que le message passe clairement : « Le festival n’est pas en guerre contre les résident.e.s. Ce n’est vraiment, vraiment pas le cas! On a un gros soutien de la population. »

La situation ayant été dépeinte dans certains médias de façon plus négative, cela « a pu donner des munitions à certaines personnes », déplore-t-il.

Pour un commentaire négatif, affirme-t-il, la population ayant pris part à la consultation y est majoritairement allée de suggestions visant à améliorer le festival.

« On n’était pas dans une ambiance de confrontation; les gens avaient des commentaires constructifs, se souvient Clément. On pensait que les gens pouvaient être frustrés pour certaines raisons, finalement, ce n’était pas le cas. La plupart des gens sont derrière notre organisation. Beaucoup de gens étaient là pour nous suggérer des artistes, en fait. »

Le Festif! ne pourrait vibrer de la sorte sans l’appui des Charlevoisien.ne.s. « Je vais rarement à Montréal, on reste dans notre communauté, dit Clément. On va dans les soupers spaghettis, on sert des hot-dogs au Club Optimiste, et c’est ce qui fait qu’on peut faire des shows dans la cour de Johanne ou sur le balcon de Ginette. On les connaît, les gens. On est restés nous-mêmes. »

Lorsque Clément Turgeon Thériault a abandonné ses études universitaires il y a plus de 14 ans afin de se vouer à la fondation du Festif!, envisageait-il que son bébé susciterait un tel engouement? « J’avoue avoir eu un instinct vraiment fort qu’il fallait que je fasse ça et que ça allait marcher. » Cette tentative aura été l’une des meilleures décisions de sa vie.

Si le père du Festif! croyait en son idée d’événement d’envergure qui animerait les rues et la population de Baie-Saint-Paul et ferait rayonner le village, il ne s’attendait pas à un tel « succès critique », Le Festif! ayant inspiré depuis ses débuts maints autres festivals de la province, en plus d’attirer massivement médias et professionnel.le.s de l’industrie.

« Cette reconnaissance du milieu, je ne l’aurais jamais espérée. Et c’est flatteur. »

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Le père de l’art de rue de Montréal Zïlon n’est plus

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Zïlon, photographié en 2018. « Quand on prête attention au travail [de Zïlon], il y a tout le temps un personnage qui revient, témoigne M. Beauchamp. Il disait que c’est ce personnage-là qui l’a sauvé toute sa vie, et qui l’a poussé à peindre. »

L’artiste-peintre Raymond Pilon, connu dans le monde comme Zïlon, a marqué l’histoire de l’art de rue à Montréal. Figure de proue de la mouvance punk et de la contre-culture au Québec, ses œuvres continuent d’inspirer une nouvelle génération d’artistes. Sa mort a été annoncée par la Galerie d’art Beauchamp samedi matin.

Publié à 9h41 Mis à jour à 11h12

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Lila Dussault
Lila Dussault La Presse

Celui dont les murales ont façonné l’histoire de l’art de rue était né en 1956. Il venait de fêter, mardi dernier, son 67e anniversaire. Il a été retrouvé inanimé chez lui, à Montréal, vendredi. La cause de sa mort fait l’objet d’une enquête du coroner, a expliqué à La Presse son agent Vincent Beauchamp, de la Galerie d’art Beauchamp.

M. Beauchamp a alerté les policiers après avoir été sans nouvelles de Raymond Pilon pendant quelques jours. L’artiste avait un projet prévu à Québec cette semaine. Il participait à un mémoire sur son œuvre mené par le fils de M. Beauchamp. Il préparait une nouvelle exposition. « Oui, ça fait 30 ans que Zïlon a toujours parlé de suicide, de mort dans son œuvre, mais on pense qu’il y a peut-être aussi une cause naturelle [à sa mort], parce qu’il avait des problèmes de santé depuis longtemps », ajoute M. Beauchamp, bouleversé par la nouvelle.

« Quand on prête attention au travail [de Zïlon], il y a tout le temps un personnage qui revient, témoigne M. Beauchamp. Il disait que c’est ce personnage-là qui l’a sauvé toute sa vie, et qui l’a poussé à peindre. »

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Sur sa page Facebook, les hommages à l’œuvre de Zïlon se sont rapidement mis à pleuvoir. « Je m’éveille le cœur lourd ce matin », a réagi la directrice de la galerie la Guilde France Cantin. « Ceux qui l’ont connu savent qu’il n’était pas toujours facile, voire agréable, mais il était une personne profondément sensible, attachante, même drôle à ses heures. J’ai vécu à ses côtés une expérience incroyable qui m’a changée pour toujours. »

Punk jusqu’au bout

Zïlon est considéré comme le père du street art québécois. « Il a inventé ce courant-là, il l’a développé, et il l’a maintenu toute sa vie », confirme M. Beauchamp.

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Son tracé si distinctif a couvert les rues et murales de la métropole. Véritable figure de proue de la mouvance punk, Raymond Pilon a connu les bars et week-ends enfiévrés des années 1980 à New York comme à Montréal, raconte M. Beauchamp.

Le bar Le Business à Montréal, désormais fermé, avait été l’un des premiers lieux dédiés à l’art immersif au Québec. « Les murs, les comptoirs, les plafonds, les planchers, c’était Zïlon au complet », souligne M. Beauchamp.

Un bar dont se souvient encore l’animatrice Geneviève Borne. « La première fois que j’ai vu ses œuvres, c’était au bar Le Business, à la fin des années 1980, s’est-elle émue sur Facebook samedi. Les visages, peints sur les murs, tremblaient au rythme de la musique house et devenaient flous plus l’alcool faisait effet », se souvient-elle.

« Depuis longtemps, le Capitaine Punk s’ancrait à l’encre noire de ses dérives et dépeignait ses naufrages sur les murs de la cité, poursuit l’animatrice dans son hommage en ligne. De l’art qui cogne comme un coup de poing sur la gueule. Qui frappe comme une bataille de ruelle. Il hurlait son art dans un cri furieux. […] Il était notre Basquiat. Notre Keith Haring. Gageons que maintenant qu’il est parti, ses œuvres vont s’envoler comme des petits pains chauds… Lui qui peinait à payer son loyer. »

PHOTO ANDRE PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

« Il y’a eu plus d’une cinquantaine de vernissages d’artistes d’art visuel dans mon restaurant Soupçon Cochon, a pour sa part témoigné en ligne Christyna Pelletier. Mais celui qui m’a marqué le plus n’est pas tant le collectif qui exposait à ce moment-là, mais ma rencontre avec Zïlon. Un personnage discret, mais à la fois exubérant. »

Toujours actuel

En 2019, l’Économusée du fier monde a consacré à Zïlon une exposition rétrospective. En 2022, l’exposition Vandale de Lüxe$$ s’est aussi déployée au Musée des Beaux-Arts de Mont-Saint-Hilaire. Une suite était en préparation, selon M. Beauchamp.

Sa toute dernière murale se trouve dans la salle du théâtre Le Diamant à Québec. La fresque rend hommage au mythique bar le Shoeclack déchaîné de la capitale. Elle est protégée par une vitre, la raison principale pour laquelle il a accepté de la peindre, souligne M. Beauchamp. En effet, Zïlon décriait les tags qui défigurent désormais l’art urbain.

Dans les dernières années, les œuvres de Zïlon ont été rassemblées et répertoriées pour éviter qu’elles ne se dispersent, ajoute-t-il. « Raymond Pilon n’avait plus de place à son atelier, dans son appartement, des choses avaient été dilapidées, raconte M. Beauchamp. En juin dernier, on a terminé tout son espace de rangement pour ses murales, ses œuvres, ajoute-t-il. Heureusement, tout est là, tout a été colligé. »

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Vraiment frustrant comme nouvelle. Je comprends pas comment on décide de vivre sur la MAIN et qu’on se plaigne du bruit.

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Le Métropolitain enflamme le pied du mont Royal

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Des dizaines de milliers de personnes se sont déplacées pour le concert en plein air de l’Orchestre Métropolitain.

Le concert en plein air de l’Orchestre Métropolitain du 2 août 2022 avait été un succès monstre, avec une assistance de quelque 50 000 personnes. Celui de mercredi soir, donné un an plus tard, jour pour jour, semble avoir au moins égalé ce chiffre, tout en allant encore plus loin en matière de surprises et de coups d’éclat.

Mis à jour à 7h12

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Emmanuel Bernier Collaboration spéciale

Après Pénélope McQuade l’an dernier, c’est l’humoriste Katherine Levac qui a animé la soirée, entretenant une complicité certaine avec le public, notamment les plus néophytes, dont elle a candidement avoué faire partie.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

L’humoriste Katherine Levac a animé la soirée.

Mais c’est le chef Yannick Nézet-Séguin qui remporte la palme de l’épate avec ses trois ensembles vestimentaires de la soirée, passant d’un veston en strass noir à une camisole multicolore puis à une chemise rose, toujours avec ses habituels shorts.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Le chef Yannick Nézet-Séguin

De West Side Story à Dvořák

L’orchestre a commencé la soirée par une pièce absente du programme, l’irrésistible Mambo des Danses symphoniques de West Side Story.

Changement total d’atmosphère ensuite avec une pièce de la Vancouvéroise Jean Coulthard (1908-2000), une élève de Vaughan Williams, qui trône au panthéon des compositeurs anglo-canadiens. Son Kalamalka (Lake of Many Colours), un « prélude pour orchestre » créé en 1974 pour la CBC (à une époque révolue où la radio d’État faisait des commandes d’œuvres), est une pièce magnifique d’une dizaine de minutes, éminemment debussyiste, où les vents occupent une place importante.

Saut en arrière de presque un siècle ensuite avec les deux derniers mouvements de la Symphonie n o 7 en ré mineur, opus 70, de Dvořák, que le chef, bien de son temps, a demandé aux membres du public d’immortaliser avec leur téléphone.

Nézet-Séguin a très bien défendu cette œuvre, tellement qu’on aimerait bien l’entendre la diriger au complet dans un lieu plus propice comme la Maison symphonique. Le scherzo est réalisé avec une agréable impatience et le finale se distingue par un beau sens du lyrisme et de l’architecture.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Le monument à sir George-Étienne Cartier dominait la foule.

Couleur et intensité

Venait ensuite le moment québécois de la soirée, avec la Rhapsodie romantique d’André Mathieu, une œuvre qui aurait dû être créée au mont Royal dans les années 1960, un évènement tombé à l’eau. L’œuvre est toutefois revenue à la vie par les bons soins de l’infatigable Alain Lefèvre, mais aussi de l’orchestrateur Gilles Bellemare. On l’entend notamment dans le film Le prodige, sur la vie de Mathieu, mais aussi sur un enregistrement avec l’Orchestre symphonique de Montréal.

Lefèvre l’a défendu avec son intensité habituelle sur un grand Steinway déplacé pour l’occasion. Il a été chaleureusement ovationné par le public.

La Rhapsodie était suivie du rutilant Danzón n o 2 du Mexicain Arturo Márquez, une partition de 1994 qui fait un tabac partout dans le monde.

Puis est arrivé le dernier bonbon de la soirée, l’interprétation de La vie en rose avec nulle autre qu’Ariane Moffatt, avec un accompagnement orchestral rythmé et coloré.

Espérons qu’on retrouvera une partie de ce public enthousiaste cette année pour la saison en salle.

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La Grande Paix de Montréal, un événement historique méconnu

En 2014, Pointe-à-Callière ajoute à sa collection l’œuvre de l’artiste Nicolas Sollogoub intitulée “1701. La Grande Paix de Montréal”. Photo: Gracieuseté, Sébastien Roy

Jason Paré

4 août 2023 à 5h00 6 minutes de lecture

27 septembre 2019, au Musée des Hospitalières, à Montréal. Quelques heures avant le début de la marche pour le climat qui ralliera plusieurs centaines de milliers de personnes dans les rues de la métropole, différentes personnalités se réunissent en présence de la militante écologiste Greta Thunberg.

Si certains déclarent en guise d’introduction que l’événement se déroule sur un territoire autochtone non cédé, le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard, amorce plutôt son allocution en soulignant que leur prise de parole a lieu sur le territoire de la Grande Paix de Montréal de 1701. Un traité dont on souligne le 322e anniversaire ce vendredi.

Bien que ce traité de paix ait été crucial pour la prospérité de la Nouvelle-France, mettant fin à plusieurs décennies de conflits qui opposent les Iroquois aux Français et à leurs alliés autochtones, et malgré les célébrations du 300e anniversaire en 2001, cet événement historique semble encore aujourd’hui méconnu du grand public.

Guerre et Paix

Pour Louise Pothier, conservatrice et archéologue en chef à Pointe-à-Callière – un musée qui a, depuis sa fondation, consacré beaucoup d’efforts à faire découvrir au public la Grande Paix de Montréal –, la méconnaissance de cet événement est due au fait qu’on s’intéresse généralement plus aux moments difficiles de notre histoire qu’à ceux liés à la paix.

Il y a des études à profusion qui se sont faites [sur les guerres], mais on dirait que les événements pacifiques attirent moins l’attention et l’intérêt des chercheurs.

Louise Pothier, conservatrice et archéologue en chef à Pointe-à-Callière

L’historien Éric Bédard constate pour sa part que « le grave et dramatique épisode » des pensionnats autochtones a dans les dernières années « occupé toute la place probablement parce que c’est un phénomène qui était encore mal connu, mal digéré et dont on n’avait pas mesuré l’ampleur ».

« C’est peut-être pour ça qu’un événement comme la Grande Paix de Montréal est un peu passé à la trappe, comme si dans les dernières années, on avait préféré insister sur des événements dramatiques et noirs, notamment les pensionnats, plutôt que sur les événements heureux qui peuvent nous rapprocher et nous rassembler. »

Louise Pothier soutient de son côté qu’en parallèle au processus de vérité et réconciliation « qui doit suivre son cours », il y a actuellement un « rapprochement entre les scientifiques et les communautés autochtones pour avoir des regards croisés » sur notre histoire.

Un rapprochement encouragé entre autres dans les préparatifs du 325e de la Grande Paix de Montréal, afin dit-elle, de donner une plus grande résonnance historique aux événements qui auront lieu lors de cette célébration.

« Ce n’est pas une histoire coloniale. C’est une histoire commune qu’on a avec les Autochtones, les Français, mais les Anglais aussi », soutient l’archéologue en chef.

La Place de la Grande-Paix-de-Montréal est située sur la place D’Youville, dans le Vieux-Montréal, là où se trouve l’obélisque qui rend hommage aux fondateurs de Ville-Marie.

Une prouesse diplomatique inspirante

Louise Pothier et Éric Bédard s’entendent pour dire que la Grande Paix de Montréal a été une prouesse diplomatique.

« Les Français ont compris que s’ils voulaient se maintenir sur place, ça passait par des alliances et non pas par des guerres », raconte l’archéologue en chef à Pointe-à-Callière.

Si on attribue généralement cette grande réussite aux habilités de négociateur du gouverneur Louis-Hector de Callière, ainsi qu’à l’intervention décisive du grand chef huron-wendat, Kondiaronk, Louise Pothier tient à souligner l’apport de la communauté de Kahnawake.

« Avant que les Nations [autochtones] arrivent à Montréal, elles se sont arrêtées à Kahnawake, à la mission du Sault Saint-Louis. Cela a été extrêmement important. Il y a eu une première mise en commun de leurs attentes avant d’arriver au village de Montréal. »

Pour l’avocat abénakis Alexis Wawanoloath qui coanime l’émission Kwé, Bonjour sur Canal M, la Grande Paix de Montréal a été possible, car « l’empire colonial français avait besoin de stabilité pour prospérer […] et qu’on a respecté les cérémonies et la façon de traiter des Premières Nations ».

Alexis Wawanoloath aimerait qu’on s’inspire de la Grande Paix de Montréal « pour aller au-delà du traité de la Baie James et essayer de voir dans quelle mesure on peut faire de nouveaux traités pour les territoires non cédés du Québec ».

Épuisé et affaibli par la maladie, Kondiaronk décède le lendemain de son fameux discours lors de la Grande Paix de Montréal.
Photo: Gracieuseté, Patrick Desrochers

Montréal, plaque tournante des Nations

Éric Bédard trouverait « rafraichissant » d’entendre un maire ou une mairesse de Montréal souligner la Grande Paix de Montréal au début d’une allocution. Cela permettrait selon lui de sortir « d’une forme d’impasse » causée par la notion de territoire non cédé.

« Répéter cette formule comme une incantation sans qu’il y ait de suite claire au plan politique, c’est pour se donner bonne conscience, mais ça ne mène à rien, cela fait juste créer des tensions », soutient l’historien.

Alors que si l’on disait que c’est ici qu’il a eu lieu une grande paix, une grande négociation, ce serait plus positif.

Éric Bédard, historien

Louise Pothier dit mentionner régulièrement que le musée de la Pointe-à-Callière se situe sur un territoire non cédé, « mais une fois qu’on a dit ça, on est rendu où? Ça veut dire quoi au juste? À qui l’on s’adresse? »

« C’est une reconnaissance, mais moi, ce que j’aime bien mentionner, c’est justement qu’on est sur le territoire de la Grande Paix où les nations se sont réunies dans un geste pacifique et d’ouverture à l’autre. »

Pour l’archéologue, Montréal est une plaque tournante des nations au fil des siècles, un carrefour millénaire d’échanges et de commerce, ajoute-t-elle, reprenant le slogan du musée de la Pointe-à-Callière lors de sa fondation en 1992.

« Tout le monde se retrouve là-dedans, soutient-elle. Il faut tirer davantage l’attention sur cet événement qui a joué un rôle majeur dans l’histoire de la Nouvelle-France au grand complet. »

Un événement historique qui peut rejoindre toutes les communautés, les néo-Québécois inclus.

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Orchestre symphonique de Montréal Une dépaysante Virée

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Un quatuor à cordes de l’OSM s’est produit à guichets fermés au Théâtre Maisonneuve dans le cadre de la Virée classique, samedi.

La journée de samedi constituait le cœur de la Virée classique organisée depuis une dizaine d’années par l’Orchestre symphonique de Montréal, un mini-festival qui s’est mis en branle vendredi soir et se terminera ce dimanche après-midi. La Presse a assisté à quatre des quatorze concerts payants offerts samedi à différents endroits de la Place des Arts.

Publié à 1h43 Mis à jour à 7h00

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Emmanuel Bernier Collaboration spéciale

Cela faisait chaud au cœur de voir la foule venue nombreuse écouter les concerts gratuits offerts dans le grand hall de la Place des Arts et au Complexe Desjardins. Mais les autres concerts n’ont pas été moins populaires, notamment le premier que nous avons eu la chance d’entendre, donné à guichets fermés.

Plus un billet pour entendre de la musique de chambre pour cordes ? Les mélomanes, rassemblés en début d’après-midi dans cet espace idéal que constitue la scène du Théâtre Maisonneuve, ont pu entendre des membres de l’OSM jouer des extraits de la Commedia dell’arte, œuvre pour quatuor à cordes composée il y a une dizaine d’années par la Montréalaise Ana Sokolović, et le sextuor Souvenir de Florence, op. 70, de Tchaïkovski.

Si la première œuvre charme par ses sonorités inattendues, passant du jazz à la boîte à musique, avec des effets instrumentaux bluffants (jeu sur le chevalet ou sur la touche, harmoniques…), la seconde, chef-d’œuvre de la musique de chambre peu joué du fait de ses effectifs passablement inhabituels, décoiffe par l’engagement des six musiciens menés par le violon solo de l’OSM Andrew Wan, qui émeut dans ses différentes interventions en solo, notamment dans le splendide Adagio cantabile.

Détour à Bali

On change ensuite de scène pour celle de la salle Wilfrid-Pelletier, où encore plus de spectateurs sont entassés. Mais le menu est cette fois aux antipodes. Littéralement.

Honte à nous d’avoir méconnu ce trésor national qu’est Giri Kedaton (« mont royal » en indonésien), orchestre de musique balinaise en résidence à l’Université de Montréal depuis la fin du siècle dernier. L’ensemble joue sur un gamelan (ensemble d’instruments à percussion) gracieusement offert par le gouvernement indonésien.

Il faudrait un article complet pour décrire cette expérience où se conjuguent costumes, accessoires, instruments exotiques (beaucoup de percussions métalliques, mais aussi flûtes, gongs…), chant, danse, masques et rituels divers.

Une heure de musique extrêmement touffue (Debussy disait que Palestrina aurait rougi en entendant la complexité de la musique balinaise), jouée essentiellement par cœur, avec des sonorités d’un autre monde… inoubliable !

Beauté immatérielle

On reste tout près (au Piano Nobile) pour le récital du violoncelliste allemand Nicolas Altstaedt, une des vedettes de cette édition de la Virée, qui propose trois jalons du répertoire pour violoncelle solo : la Suite pour violoncelle n o 5 en do mineur, BWV 1011, de Bach, les Trois strophes sur le nom de Sacher de Dutilleux et la Sonate pour violoncelle seul de Kodály.

On est bouche bée devant le raffinement du jeu du musicien, à peine perturbé par la chute de sa tablette électronique dans le premier morceau de la Suite de Bach. Il faudrait plusieurs écoutes pour saisir toutes les nuances (dynamiques, mais pas que) qui émanent de son instrument.

Mais tout cela est d’une perfection un peu hautaine. Le Dutilleux aurait par exemple bénéficié d’une amplification des effets, et le Bach d’un tempo légèrement plus large, en particulier le prélude, dont on sent peu la solennité à la française. Heureusement, la sarabande a tout racheté par sa beauté immatérielle.

PHOTO ERICK LABBÉ, ARCHIVES LE SOLEIL

Le violoncelliste allemand Nicolas Altstaedt

Nous partons enfin (ratant malheureusement la formidable Sonate de Kodály) pour arriver à temps sur la scène du Théâtre Maisonneuve pour un autre concert inusité, cette fois donné par un quatuor de cornistes de l’OSM, une formation qu’on entend trop rarement.

Très sympathique moment avec des œuvres généralement brèves, surtout des transcriptions, hormis l’intéressante Suite pour quatre cors en fa d’Eugène Bozza, un compositeur spécialiste des cuivres qui sait toujours les faire bien sonner. En sus, une habile transcription du célèbre Prélude en sol mineur, op. 23 no 5, de Rachmaninov, qui pousse le quatuor dans ses retranchements.

La Virée classique se termine ce dimanche avec sept concerts, dont Carmina Burana d’Orff, les Vêpres de la Vierge de Monteverdi et le Requiem de Fauré.

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Bob Dylan à la salle Wilfrid-Pelletier le 29 octobre, billets en vente vendredi

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Comment Montréal est-elle devenue une plaque tournante des arts technologiques?

On voit un silouette dans l'ombre, avec une projection en arrière plan.

Grâce à des événements comme MUTEK, Montréal s’est taillé une place de choix dans l’écosystème des arts numériques en Amérique du Nord.

Photo : Autre banques d’images / Myriam Ménard

Publié à 4 h 00 HAE

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Que ce soit dans les musées, sur les scènes de spectacle ou encore au cirque, les arts numériques sont partout. À Montréal, une poignée de passionnés ont flairé la bonne affaire il y a près de 30 ans, permettant à la métropole de se hisser comme leader de cette forme d’art tentaculaire.

Le festival MUTEK, qui se déroule jusqu’au 27 août, a été l’un des fers de lance de cette petite révolution, avec ses spectacles de musique et de création numérique avant-gardiste.

À l’époque de sa fondation, dans les années 1990, peu de gens pouvaient imaginer que les nouvelles technologies allaient bientôt populariser des expositions sans tableaux, comme celle de Frida Khalo, ou encore permettre des expériences de réalité virtuelle qui allaient nous transporter jusque dans l’espace.

Une photo en noir et blanc d'une femme est projetée sur un mur.

«Frida Kahlo, la vie d’une icône» a été projeté à L’Arsenal Art contemporain de Montréal en 2022.

Photo : fridakahlomontreal.com

La création numérique était vue comme un phénomène éphémère, réservé aux adeptes de soirées dansantes et de substances psychoactives. Le fondateur de MUTEK Alain Mongeau, lui, mesurait son immense potentiel culturel.

J’étais un peu frustré parce que je voyais que Montréal et l’Amérique du Nord avaient plusieurs trains de retard par rapport à ce qui se passait en Europe, se rappelle-t-il. Et je ne pouvais pas déménager, car je venais d’avoir un enfant. Alors, j’ai décidé de mettre la main à la pâte pour essayer de rendre Montréal intéressante.

Les arts technologiques, c’est quoi?

Les arts technologiques regroupent les pratiques artistiques qui mêlent créativité et technologie, comme les expériences de réalité virtuelle, les projections vidéo, les installations immersives, la musique électronique ou encore les œuvres créées avec l’intelligence artificielle. Ils s’immiscent de plus en plus dans les formes d’arts traditionnels, comme la danse ou le théâtre.

C’est ainsi qu’en 1996, Alain Mongeau a cofondé avec Monique Savoie et Luc Courchesne la Société des arts technologiques (SAT), un centre de recherche, de création et de formation devenu incontournable à Montréal. Puis, en 1999, c’était au tour de MUTEK de prendre son envol.

Alain Mongeau a été assez visionnaire, car parler d’art et de technologie en 1996, 1997, ce n’était pas très accepté, les outils n’étaient pas très démocratisés, estime Jenny Thibault, directrice générale de la SAT. Moi, j’ai eu ma boîte courriel en 2000!

On voit l'artiste devant un bocal avec un fluide magnétique. Il y a des éclairages colorés.

L’artiste Olivia Lathuilliere, qui était à MUTEK cette année, expérimente avec les fluides magntiques.

Photo : Autre banques d’images / Myriam Ménard

Au même moment, un politicien décidait, lui aussi, de miser sur les nouvelles technologies. Bernard Landry, alors ministre des Finances du Québec, a lancé en 1996 un généreux crédit d’impôt aux entreprises multimédias, faisant de la province une terre promise pour l’industrie des jeux vidéo. Il a également convaincu Ubisoft de s’installer à Montréal.

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Ça a créé un écosystème fertile et fécond pour former des talents, poursuit Jenny Thibault. À Montréal, on est bon pour former des développeurs, des intégrateurs, des programmeurs, et on a beaucoup d’écoles spécialisées, car on avait cette industrie des jeux vidéo à nourrir.

La naissance d’une industrie

Durant cette période bouillonnante, on a notamment vu naître Elektra (1999), qui est à l’origine de la Biennale internationale d’art numérique à Montréal, et Moment Factory (2001), un studio de divertissement multimédia montréalais de renommée internationale.

Les raves et les afterhours étaient vraiment des lieux où on pouvait faire de l’expérimentation, où l’innovation était encouragée, et c’est devenu une locomotive pour le milieu des arts numériques, raconte Catherine Turp, directrice de la création et de l’innovation chez Moment Factory.

On voit des lumières et une foule dans une pièce de couleur rouge et rose.

Les arts technologiques englobent la musique électronique et les projections vidéo, deux pratiques artistiques qui ont évoluées ensemble.

Photo : Autre banques d’images / Myriam Ménard

Des lieux comme la SAT et des événements comme MUTEK nous ont permis de nous rassembler, d’avoir un croisement entre les disciplines, de créer une communauté, mais aussi d’asseoir ces pratiques-là à l’intérieur d’une nouvelle forme d’art.

Aujourd’hui, on retrouve les bureaux de Moment Factory à Paris, Tokyo, New York et Singapour. L’entreprise collabore avec des artistes comme The Killers et Billie Eilish, et pilote des projets immersifs en tout genre dans plusieurs des grandes villes de la planète.

Il y a vraiment eu une révolution numérique à la fin des années 1990, et maintenant, c’est une industrie.

Une citation de Catherine Turp, directrice de la création et de l’innovation chez Moment Factory

Montréal est aussi choyée par son riche écosystème étudiant, fait remarquer Robert Normandeau, professeur associé à la Faculté de musique de l’UdeM, et poids lourd de la musique électroacoustique au Québec.

Avec ses quatre universités et son conservatoire de musique, la métropole est abreuvée d’une quantité impressionnante de jeunes talents, ce qui contribue à en faire la capitale des musiques expérimentales et électroaccoustiques en Amérique du Nord, selon lui.

Le professeur souligne que l’écologie artistique importante de Montréal permet à beaucoup de finissants et de finissantes de sa faculté de gagner leur pain en composant de la musique pour le milieu du théâtre, de la danse, des jeux vidéo ou encore de la postproduction.

La musique électroacoustique, c’est quoi?

La musique électroacoustique est un type de musique exploratoire qui utilise la technologie pour manipuler des sons acoustiques.

On voit deux artistes sur scène devant un écran blanc présentant une forme organique noire.

Les musiques expérimentales ont une place de choix à MUTEK.

Photo : Autre banques d’images / Myriam Ménard

Soutenir l’art technologique

N’empêche, l’art technologique n’est pas encore reconnu à sa juste valeur par les institutions gouvernementales, selon plusieurs intervenants et intervenantes rencontrés. Et ce, malgré l’intérêt grandissant du public et des artistes pour le numérique.

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Oasis immersion, plus grand lieu destiné à l’art immersif déambulatoire au Canada, a ouvert ses portes au Palais des congrès de Montréal durant la pandémie. MUTEK, quant à lui, a reçu une nombre record de propositions de projets cette année.

Et le Conseil des arts de Montréal, de son côté, dit être de plus en plus sollicité par des d’artistes adeptes de création numérique.

On avait une longueur d’avance [sur les autres pays], mais est-ce qu’on l’a encore? Je ne sais pas, laisse tomber Jenny Thibault. La directrice générale de la SAT montre du doigt la vision de la France ou encore de Taiwan, qui ont investi massivement la scène numérique ces dernières années.

Montréal est encore perçu comme étant un leader, mais parfois, j’ai peur que d’autres pays flairent la bonne affaire et qu’ils s’organisent plus vite que nous.

Une citation de Jenny Thibault, directrice générale de la SAT

Car la créativité numérique coûte cher. La SAT le sait bien, elle qui vient de rouvrir son dôme, une immense structure de projection immersive, après de coûteux travaux.

On voit un artiste dans une grande salle de projection.

Le dôme de la Société des arts technologique (SAT) est souvent utilisé pour des concerts et des expériences immersives.

Photo : Autre banques d’images / Myriam Ménard

Et contrairement au secteur des jeux vidéo, celui des arts numériques est encore en train de prouver ses modèles d’affaires, ce qui complique les demandes de financement.

On commence à avoir des success-stories. On commence à avoir des projets qui ont rayonné à l’international et qui ont eu des retombées commerciales intéressantes, souligne toutefois Jenny Thibault.

Alain Mongeau, qui a piloté MUTEK jusqu’à Barcelone, Buenos Aires, Mexico et Tokyo, regarde vigilant lui aussi. On ne peut pas s’asseoir sur nos lauriers. Le financement reste toujours un problème, surtout avec la sortie de la pandémie, et le coût de la vie qui a explosé.

Il faut rester proactif pour continuer à tirer notre épingle du jeu.

Le beatmaking réclame sa place au sein des arts technologiques

Le beatmaking (conception de son) est en vitrine à MUTEK cette année avec Loop Sessions, qui propose des ateliers de composition et d’échantillonnage.

J’ai l’impression que quand on parle d’art numérique, les gens pensent nécessairement à quelque chose d’audiovisuel et d’immersif, remarque Mark The Magnanimous, cofondateur de Loop Sessions avec Mario Reyes alias Shmings.

Mais le beatmaking repose sur la création numérique depuis ses débuts. Ça devrait avoir autant de valeur que les installations audiovisuelles.

Loop Sessions offre un lieu de rencontre et d’expérimentation aux producteurs et productrices de tous les niveaux depuis plusieurs années à Montréal. On retrouve aussi de ses chapitres un peu partout dans le monde.

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PHOTO FOURNIE PAR LE MUSÉE POINTE-À-CALLIÈRES

Le marché public inspiré de l’ambiance du Régime français organisé chaque été dans le Vieux-Montréal fête ses 30 ans.

Le fameux marché public organisé annuellement sur la place Royale par le musée Pointe-à-Callières fête ses 30 ans.

Publié hier à 11h45

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Pierre-Marc Durivage
Pierre-Marc Durivage La Presse

On y recrée chaque été l’ambiance des marchés publics du Régime français, avec une galerie de personnages authentiques interprétés par des comédiens de talent, mais aussi avec des dizaines d’artisans qui invitent le public à découvrir les métiers d’autrefois : fileuse de laine, luthier, bardeleur, tisserande, dentellière, fabricant de canot d’écorce, scieur de long, ou encore tourneur sur bois. L’expérience est aussi ludique que pédagogique.

Comme l’endroit était aussi un important lieu de rencontres et d’échanges entre les Autochtones et les Français, les visiteurs sont invités à venir rencontrer une nouvelle génération d’artisans abénaki, anishinabe, kanyen’kehà:ka, mi’gmaq et wendat dans la section contemporaine du Marché.

Enfin, l’offre gourmande variée est évidemment toujours au rendez-vous, notamment avec la brasserie Brewskey, une institution du Vieux-Montréal qui a brassé une bière exclusive pour l’évènement : la Pinte-à-Callières, une lager blonde légèrement houblonnée, sera offerte à l’auberge du Marché.

Marché public du Régime français du musée Pointe-à-Callières, place Royale, 26 et 27 août

Consultez le site du Marché public

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Magnifique évènement qui mériterait de se reproduire plus souvent et à plusieurs endroits. D’ailleurs, les jeunes ‘‘acteurs’’ sont excellents et ont souvent une physionomie naturelle pour ce genre de situation, comme le démontre la photo. Ou est-ce peut-être l’habit qui fait le moine dans ce cas.

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Un mois de juillet record dans des cinémas de Québec

Des spectateurs regardent un film dans une salle de cinéma.2:05

Le Téléjournal Québec

Un mois de juillet record dans des cinémas de Québec

Les cinémas battent de l’aile depuis plusieurs années en raison de l’essor des plateformes de diffusion en continu. (Photo d’archives)

Photo : Krists Luhaers - Unsplash

Publié hier à 14 h 19 HAE

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Les fervents du grand écran se sont visiblement bousculés au portillon des cinémas de la grande région de Québec cet été. Les films du moment – Barbie, Oppenheimer – et la météo, parfois pluvieuse, ont permis aux cinémas Le Clap d’enregistrer le meilleur mois de juillet depuis l’ouverture du premier établissement en 1985.

C’est un juillet exceptionnel, dit d’emblée le directeur général des cinémas Le Clap, Robin Plamondon.

Le film de Barbie qui a attiré les foules, ainsi que le long métrage de Christopher Nolan Oppenheimer ont grandement contribué à ces chiffres mais des films québécois ont aussi su tirer leur épingle du jeu d’après M. Plamondon.

Le mois de juillet est toujours un mois très fort, étant donné les vacances estivales et les grosses sorties, mais cette année les films québécois, Le temps d’un été et aussi Les hommes de ma mère, qui ont très bien fonctionné ainsi que Barbie et Oppenheimer.

Une citation de Robin Plamondon, le directeur général des cinéma Le Clap

Pour M. Plamondon, le retour à la normale en termes d’achalandage post-pandémie surpasse ses attentes. Il remarque aussi que de nombreux adolescents se sont déplacés dans ses salles.

Robin Plamondon mentionne également que les salles de cinéma vivent toujours un trimestre à l’avance.

On a une clientèle qui a été exposée aux bandes-annonces, […] c’est la meilleure façon pour nous d’assurer les prochaines semaines ou les prochains mois.

Robin Plamondon dans une salle de cinéma.

Le directeur général des cinémas Le Clap, Robin Plamondon.

Photo : Radio-Canada / Nicole Germain

Cet été a été un avant-goût des années prépandémiques dans les salles de Sylvain Gilbert, propriétaire des cinémas Lido et des Chutes à Lévis.

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Est-ce que ça va tenir ? , se demande le propriétaire. Il l’espère grandement.

Sylvain Gilbert pointe une trentaine de films qui ont attiré sans cesse dans les salles tout au long de l’été, surtout des films américains mais aussi certains films québécois comme Cœur de slush et Les hommes de ma mère.

Et ce sont les cinémas de la province qui ont bénéficié de ces films très attendus par le public.

Un extrait du film Barbie.

La comédienne australienne Margot Robbie incarne Barbie dans le film de Greta Gerwig.

Photo : Gracieuseté de Warner Bros. Pictures

Le coprésident de l’Association des propriétaires de cinémas du Québec, Éric Bouchard croit aussi que cet été il y avait une variété de films qui pouvaient plaire à un large public.

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La température a été de notre côté et on aime croire également que des gens sont revenus et ont aimé leur expérience et qu’ils ont redécouvert le cinéma.

Grève à Hollywood, quels impacts ?

Alors que la sortie du très attendu Dune : deuxième partie de Denis Villeneuve est reporté à l’année prochaine en raison de la grève à Hollywood. Robin Plamondon n’est pas forcément inquiet à court terme.

Il y a quand même des films québécois, français, pour l’automne ce n’est pas un enjeu pour nous. Une grève par contre qui perdurerait jusqu’à la fin de cette année aurait des répercussions jusqu’en 2025.

Par ailleurs, dimanche était la Journée nationale du cinéma. Pour l’occasion, tous les films à l’affiche dans les cinémas participants sont présentés pour seulement 4 $ le billet.

Avec des informations de Philippe L’Heureux et Louis-Simon Lapointe

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Michel Tremblay, l’écrivain du siècle

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

L’écrivain Michel Tremblay


Chantal Guy
Chantal Guy La Presse

Dans cette province dont la devise est « Je me souviens », de grands artistes ont souvent sombré dans l’oubli avant d’être, s’ils sont chanceux, redécouverts après leur mort. Ce n’est vraiment pas ce qui se passe avec Michel Tremblay. Aucun écrivain n’a autant été célébré de son vivant au Québec. Comme s’il n’y en avait qu’un, comme s’il n’y avait que lui, et ça peut en énerver certains, mais il n’a pas d’équivalent. Il n’a pas sombré dans l’abîme du rêve, son destin d’écrivain n’est en rien tragique ; il est toujours là, à 81 ans, à écrire, à recevoir les honneurs et les hommages, à mesure que nous comprenons la place incomparable qu’il occupe dans la culture québécoise.

Mis à jour hier à 7h15

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Très rares sont les gens qui connaissent en totalité l’œuvre de Tremblay, et je n’en fais pas partie. Il y a ceux qui fréquentent son théâtre, mais pas ses romans, et vice versa, ceux qui s’en tiennent aux classiques (les Chroniques du Plateau-Mont-Royal), et d’autres qui l’ont découvert (ou redécouvert) avec La diaspora des Desrosiers.

J’ai compris que Michel Tremblay était dans quelque chose de bien plus vaste que je ne le pensais quand il s’est lancé dans La diaspora des Desrosiers. Comme sa voisine Marie-Claire Blais à Key West qui était plongée dans l’énorme projet du cycle Soifs. Dans cette île gay-friendly américaine, ces deux-là, qui ont failli être réduits à leurs premiers chefs-d’œuvre, ont créé des mondes qui font croire au pouvoir de l’art et de l’affirmation, et ils seront à jamais associés dans ma tête sous la lumière de Key West.

PHOTO CAROLINE GRÉGOIRE, ARCHIVES LE SOLEIL

La première de l’opéra de Michel Tremblay Messe solennelle a eu lieu en juillet dernier, à Québec.

La richesse de l’œuvre de Tremblay prête à toutes les formes artistiques : théâtre, opéra, comédie musicale, cinéma, télésérie. Pendant que j’écris ceci, Les belles-sœurs a été joué au festival de Stratford et la comédie musicale sera transposée au cinéma par René Richard Cyr ; les Chroniques du Plateau-Mont-Royal font l’objet d’une série télé par Serge Boucher que j’attends impatiemment ; Messe solennelle pour une pleine lune d’été et Albertine en cinq temps sont des opéras de Christian Thomas et Catherine Major, tandis que Luc Provost, alias Mado Lamotte, incarnera Hosanna au Trident à Québec dans La Shéhérazade des pauvres.

J’en oublie sûrement, mais l’hommage le plus imposant concernant Tremblay en ce moment est La traversée du siècle. Un travail titanesque d’Alice Ronfard, aidée au début par le regretté André Brassard, qui a voulu adapter à partir de ses écrits tout l’univers de Tremblay en une pièce de 12 heures, présentée dans sept théâtres montréalais jusqu’en 2024 – du jamais-vu, une telle collaboration.

La traversée du siècle a été créée une première fois en août 2022 à Espace Libre, devant un Michel Tremblay qui a pleuré « pendant douze heures », selon ses propres mots. Mon amie, la journaliste Marie-Christine Blais, qui était là, m’a convaincue d’aller vivre cette expérience unique, parce que 12 heures, ça me faisait peur. Mon chum aussi d’ailleurs, heureux d’apprendre que je n’avais pas pu obtenir deux billets – imaginez-vous donc que ce spectacle-fleuve est pratiquement complet partout.

PHOTO MARLÈNE GÉLINEAU PAYETTE, FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Une partie de la distribution de La traversée du siècle

Mais nous avions écouté ensemble la balado de Radio-Canada de La traversée du siècle, émus dès les premières minutes par ce spunkie écossais, une créature fantastique débarquée en Amérique du Nord pour découvrir qu’il n’existe aucune féérie dans le village de Duhamel, celui de Josaphat et Victoire, frère et sœur dont l’amour incestueux est à l’origine d’une famille maudite.

On a tendance à oublier le sens du fantastique et du merveilleux dans l’œuvre de Tremblay, dont le tout premier livre est le recueil Contes pour buveurs attardés. Ce qu’Alice Ronfard a placé dès le début, pour rappeler que c’est une mythologie québécoise que Tremblay a fini par tricoter, comme Florence, Mauve, Rose et Violette ont tricoté des vies. Et qui touche aujourd’hui à l’universel.

Tremblay a fait du destin de familles canadiennes-françaises une grande tragédie aux accents antiques. Si Les belles-sœurs a fait le tour du monde et a été traduit en tant de langues, c’est que partout des femmes vivent les mêmes choses, ce que l’écrivain a su saisir juste en regardant autour de lui dans les rues du Plateau Mont-Royal et sur la Main.

Mais c’est encore plus que ça, Tremblay. C’est la voix des marginaux, des déclassés et des humiliés qui se fait entendre, celles des femmes, des fous et des minorités sexuelles, tandis que les hommes sont presque tous anéantis et alcooliques. Je ne suis guère surprise que des jeunes soient en train de le découvrir, ça demeure avant-gardiste. Et tout cela en inscrivant la langue québécoise pour toujours au patrimoine de l’humanité.

Un jour, j’ai fait un reportage sur les influences littéraires de la jeune génération comme on en fait souvent, et Michel Tremblay ne figurait pas sur cette liste à ce moment-là. J’ai reçu un courriel de Michel que je n’oublierai jamais :

« En toute humilité : et moi, je suis un coton ? »

J’avais l’impression d’être dans un dialogue de Tremblay, et j’avais envie de lui répondre « mais laissez-en des fois pour les autres, Michel ». En fait, j’ai pensé : « Vous ne savez donc pas que vous êtes le plus grand ? »

Ce doute, ce besoin insatiable d’être aimé et pertinent, quand on est l’écrivain québécois le plus célébré de son vivant, m’a bouleversée. C’est l’une des raisons qui m’ont fait voir La traversée du siècle, dont j’avais finalement besoin.

Samedi dernier au Centre du Théâtre d’aujourd’hui, à traverser les 12 heures de La traversée du siècle dans une sorte de communion avec le public et les interprètes, j’étais en train de vivre ce qui fait les classiques. Ce sont leurs contemporains. Tous ces gens qui se réunissent pour un auteur, pendant qu’il est dans la salle, comme autrefois des gens ont dû voir du Shakespeare en même temps que le dramaturge. Entendre rire Tremblay, quelques rangées plus loin que la mienne, ça n’avait pas de prix. Je pourrai dire que j’étais là, comme d’autres se vantent d’avoir été les premiers spectateurs des Belles-sœurs.

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Dans ce projet incroyable d’Alice Ronfard qui a tout lu, et que j’ai juste envie de remercier, Michel Tremblay craignait qu’elle ne découvre des erreurs – « parce que j’ai commencé à l’envers, par l’apocalypse pour finir avec la genèse, je n’avais pas de plan », m’a-t-il dit. Ce qui l’a le plus marqué dans le résultat de La traversée du siècle est la cohérence. « Tout ça se tient. » Il y a de quoi pleurer quand un écrivain traverse ainsi ses 60 ans d’écriture en un seul spectacle qui dure quand même une journée. Car ce n’est pas la cohérence des dates et des faits que l’on découvre avec cette pièce, c’est celle de l’écriture, implacable. La langue de Tremblay, comme on pourrait dire la langue de Molière.

Il m’a fallu tenir pendant 12 heures pour comprendre ça, éblouie par ce qui se déployait devant moi. Une formidable offrande pour l’auteur, évidemment, mais d’abord pour les spectateurs qui peuvent maintenant combler des trous dans leur connaissance de l’œuvre immense de Tremblay en suivant une chronologie.

Beaucoup de morceaux du puzzle trouvent ainsi leur place dans nos têtes avec La traversée du siècle, en suivant les destins de Victoire, Albertine et Thérèse, entourées de personnages tout aussi inoubliables (au premier rang Édouard, la Duchesse de Langeais).

J’ai cassé au beau milieu, après la mort de Victoire, incapable de retenir mes larmes. Trop d’émotions, comme si je prenais conscience que j’assistais à quelque chose de rare, un partage profond et sincère, une catharsis, une compréhension de mon identité, par la seule force de l’écriture de Tremblay. Un tel voyage devrait enlever pour toujours cette peur de disparaître qui tenaille ce peuple depuis si longtemps : Michel Tremblay l’a tout simplement rendu immortel.

La traversée du siècle, en tournée

  • Le 2 septembre 2023, à Espace Libre
  • Le 20 avril 2024, à La Licorne
  • Le 25 mai 2024, au Quat’Sous
  • Le 8 juin 2024, au Rideau Vert
  • Le 15 juin 2024, chez Duceppe
  • Le 29 juin 2024, au Théâtre du Nouveau Monde

La traversée du siècle

La traversée du siècle

Michel Tremblay et Alice Ronfard

Leméac

461 pages

Écoutez la balado Michel Tremblay : La traversée du siècle

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