Nouveau Vic / New Vic (pavillon de l’Université McGill)

Il y avait bcp de questions à ce sujet hier au conseil municipal

Le réaménagement du Royal Victoria engendre des tensions

Alors que le gouvernement supervise des travaux à l’hôpital Royal Victoria, un groupe de femmes mohawks s’y oppose. Depuis, une série d’événements sont survenus et ne cessent de complexifier le dossier.


L’ancien hôpital Royal Victoria, construit à la fin du 19e siècle.
PHOTO : RADIO-CANADA / IVANOH DEMERS

Delphine Jung
Publié à 4 h 00

Ils veulent réaménager l’hôpital Royal Victoria. Elles veulent les stopper pour retrouver d’éventuels corps qui resteraient en dessous. Entre les instigateurs de ces travaux et les mères mohawks, le dialogue semble rompu.

Depuis plusieurs mois, le groupe appelé Mères mohawks (kanien’kehá:ka kahnistensera) s’oppose à ce projet. Elles estiment que les travaux passent avant la recherche d’éventuels corps d’Autochtones enterrés il y a quelques décennies sur place.

Ces Autochtones auraient selon elles été victimes des expériences psychiatriques menées par le Dr Donald Ewen Cameron à l’Institut Allan Memorial de McGill dans les 50 et 60.


L’Institut Allan Memorial à Montréal est le lieu où des expériences ont été menées par le Dr Donald Ewen Cameron.
PHOTO : CBC

Plus généralement, elles affirment que les terrains de l’hôpital et le mont Royal en général font partie d’un territoire non cédé et que, par conséquent, les Autochtones devraient être consultés pour tout projet.

Leurs allégations se basent sur plusieurs témoignages et des articles de journaux qui ont été présentés à la cour.

Les Mères mohawks ont déposé une demande d’injonction interlocutoire pour que ces travaux soient suspendus. Elle sera d’ailleurs entendue ce mercredi 26 octobre.

En 2016, l’Université McGill, à laquelle est rattaché l’hôpital, a commandé une étude sur le potentiel archéologique de l’emplacement de l’hôpital Royal Victoria.

Selon cette étude, il est peu probable que des restes de corps autochtones soient trouvés sur les lieux du projet.

Vandalisme

Mais ces dernières semaines, les choses ont évolué. Surtout depuis que des activistes sont entrés cagoulés et ont vandalisé les locaux d’Arkéos, l’entreprise d’archéologie mandatée par la Société québécoise des infrastructures (SQI) et l’Université McGill pour effectuer des recherches sur le terrain.


Les locaux d’Arkéos ont été vandalisés par un groupe d’anarchistes.
PHOTO : SITE MTL CONTRE-INFORMATION

Ces faits se sont déroulés le vendredi 14 octobre. Le 20 octobre, des cercueils de décoration ont aussi été déposés sur le chantier, selon David Tessier, l’archéologue d’Arkéos qui porte ce dossier.

Kahentinetha, l’une des Mères mohawks, laisse deviner une amertume retenue.

« On n’a absolument rien à voir avec ce qu’il s’est passé. C’est terrible. D’autant plus que la SQI a directement rapporté l’incident au juge qui doit entendre la cause des Mères mohawks. »

— Une citation de Kahentinetha

Une manœuvre de la SQI qui viserait à décrédibiliser les Mères mohawks, selon elle.

Un geste pas très malin de la part de la SQI, indique aussi M. Tessier d’Arkéos.


Kahentinetha est une aînée qui a participé à de nombreux combats des Mohawks.
PHOTO : RADIO-CANADA / DELPHINE JUNG

Les instigateurs du saccage, qui se présentent comme quelques anarchistes, ont finalement rectifié le tir sur leur site Internet.

Nous avons planifié et mis en œuvre cette action de façon complètement indépendante des kahnistensera et n’avons pas communiqué avec elles à propos de l’action, peut-on lire.

Kahentinetha rappelle que, de leur côté, les Mères mohawks ont plutôt lancé un appel à la paix, dans la plus grande tradition mohawk, et qu’il n’est pas du tout dans leurs habitudes de se livrer à de telles actions.

Le conseil de bande de Kahnawake dénonce lui aussi ces actes de vandalisme. Ceux qui choisissent de perturber [le travail des ouvriers et archéologues] rendent en fait un mauvais service à leur propre cause qui est de déterminer si des vestiges se trouvent sur le site.

Confusion

Depuis quelques semaines, les Mères mohawks accusent la SQI et Arkéos de mettre en oeuvre les travaux avant même que leur demande pour les stopper ne soit entendue par le tribunal.

David Tessier indique qu’il y a confusion entre deux emplacements distincts. L’entreprise a en effet reçu deux mandats différents : l’un concerne un endroit où des travaux de branchement doivent avoir lieu et un autre vise le lieu où des corps auraient été enterrés, selon les Mères mohawks.


Des fouilles archéologiques sont menées dans plusieurs communautés depuis les découvertes de Kamloops, comme ici, à Mashteuiatsh.
PHOTO : RADIO-CANADA / GABRIELLE PAUL

Les ouvriers vont creuser des tranchées pour y installer des tuyaux à environ 200-250 mètres à vol d’oiseau du site indiqué par les Mohawks sur lequel des corps seraient enterrés, détaille l’archéologue.

Ce projet n’a rien à voir avec leurs allégations. Il y a beaucoup de mélange à ce sujet présentement et on en paie le prix, dit M. Tessier.

Mais Kahentinetha n’y croit pas. Je pense qu’il y en a partout [des corps, NDLR]. Ils n’ont jamais fouillé, alors ils ne peuvent pas savoir où ils sont exactement, dit-elle en demandant à Arkéos d’utiliser des radars et des chiens renifleurs au lieu de détruire les preuves.

Arkéos mentionne que ses équipes seront présentes tout le temps des travaux et seront prêtes à intervenir si les ouvriers tombent sur des ossements ou des artefacts.

David Tessier renvoie les Mères mohawks à la police, puisqu’elles semblent traiter ces lieux comme une scène de crime.

On nous accuse de ne pas utiliser des méthodes qui ne sont pas des méthodes utilisées en archéologie, poursuit M. Tessier.

Kahentinetha explique que son groupe a bien tenté de le faire. En vain. Nous avons appelé la police. Ils nous ont dirigés vers le 911 puisque nous évoquions une scène de crime. Finalement, ça n’a rien donné. La police n’a pas été très coopérative, dit-elle en entrevue.

La matriarche explique que ces questions entourant les dépouilles d’Autochtones sont très importantes. Le Québec et le Canada ne respectent pas nos tombes et ils n’y prêtent pas attention. C’est horrible, s’exclame-t-elle.

Le groupe a même déposé une plainte auprès de l’Association canadienne d’archéologie.

David Tessier précise que son entreprise ne dépend pas de cet organisme qui n’a aucune prise sur elle.

Consultations critiquées

Autre sujet litigieux : les consultations. La SQI indique dans un courriel que [des] informations ont été communiquées à l’ensemble des parties prenantes, groupes d’intérêts, groupes communautaires, partenaires autochtones le 3 octobre dernier dans le bulletin d’information.

Arkéos mentionne aussi que le conseil de bande et les aînés ont fait l’objet de rencontres.

Contacté par Espaces autochtones, le Conseil de bande de Kahnawake indique avoir soutenu les travaux effectués sur le site de McGill.


La communauté de Kahnawake.
PHOTO : RADIO-CANADA / DELPHINE JUNG

Nous sommes convaincus que ces travaux sont menés de manière respectueuse et selon tous les protocoles appropriés, écrit-il. Nous avons travaillé avec Arkéos dans le passé et nous avons toujours trouvé que la qualité de leur travail et leur volonté de travailler en collaboration étaient éthiques et irréprochables.

Les Mères mohawks, elles, estiment ne pas avoir été consultées. D’autant plus qu’elles ne reconnaissent pas l’autorité ni la légitimité du conseil de bande, qu’elles considèrent comme une entité colonialiste.

David Tessier précise que son équipe a tenté de rencontrer les Mères mohawks. Le rendez-vous était pris, mais le jour même, la SQI nous a demandé de ne pas aller de l’avant, dit-il.


L’autorité de la grande cheffe de Kahnawake n’est pas reconnue par les Mères mohawks.
PHOTO : RADIO-CANADA / IVANOH DEMERS

Finalement, ce dialogue entre les deux parties n’a jamais eu lieu, alors que, selon Kahentinetha, elles ont tenté de planifier une nouvelle rencontre. On n’a jamais eu de réponse, dit-elle.

La SQI répond plutôt que la rencontre n’a pas été annulée, mais plutôt reportée. Elles ont reçu quelques propositions de créneaux. Toutefois, malgré les efforts pour organiser cette rencontre, la sensibilité du dossier a pris des proportions telles que des enjeux de sécurité préoccupants ont été rapportés par les différents partenaires.

Kahentinetha et les Mères mohawks ne comptent pas baisser les bras dans ce combat qui leur tient très à cœur.

D’ailleurs, Kahentinetha dit que, dans la communauté, les gens nous soutiennent, et même au-delà, notamment à Akwesasne [une communauté mohawk située à cheval sur l’Ontario, le Québec et les États-Unis, NDLR].

Ce que les Mères mohawks veulent avant tout, c’est qu’une enquête indépendante soit menée par des Autochtones, comme le préconisent des recommandations de la Commission de vérité et réconciliation.

On n’arrêtera jamais de les chercher. C’est notre famille. On veut savoir qui a ordonné tout ça. On est patients et on n’oubliera pas, termine Kahentinetha.

Il est où le site visé par les Mohawks? S’agit-il du stationnement et de la piscine en arrière du Ravenscrag?

Selon l’article, ce que je comprend du litige est que les mères Kanien’keha:ka considèrent la totalité du site du Royal Vic comme potentiellement archéologique.

Se pourrait-il qu’il y ait des tombes anonymes? C’est possible, mais peu probable selon les études réalisées. Si des ossements sont découverts, ils vont procéder avec diligence comme c’est généralement le cas.

D’ici-là, le fardeau de la preuve revient à ceux qui sont convaincus de la présence d’ossements. Ils veulent réalisés des relevés poussés sans réelles preuves? Pas de problèmes, mais ce sera à vos frais.

Le projet MK-Ultra est une honte pour McGill et le RVH, et je n’ai rien contre le fait d’offrir davantage de reconnaissance à ses victimes. Mais de paralyser un projet porteur parce qu’il y a peut-être des chances, peut-être une vague possibilité, qu’il pourrait y avoir des tombes anonymes? Désolé, mais je décroche. Il y a des limites à vouloir ankyloser le futur au nom d’un passé possiblement chimérique selon les évidences disponibles.

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Des travaux de McGill arrêtés pour éviter un « préjudice irréparable » aux Mohawks


Un bras de fer oppose un groupe autochtone à l’Université McGill concernant la réhabilitation de l’ancien emplacement de l’Hôpital Royal Victoria.
PHOTO : RADIO-CANADA

La Presse canadienne
Publié hier à 20 h 34

L’Université McGill a indiqué mardi qu’elle entamerait des discussions avec un groupe autochtone qui a soulevé des inquiétudes au sujet des tombes anonymes après qu’un tribunal eut statué que les travaux d’excavation dans le cadre d’un projet d’agrandissement de l’université causeraient « un préjudice irréparable ».

Le juge Gregory Moore a ordonné la semaine dernière l’arrêt de tous les travaux sur l’ancien emplacement de l’Hôpital Royal Victoria jusqu’à ce que les parties tiennent des discussions pour élaborer un plan archéologique de recherche de tombes.

L’Université McGill prend au sérieux les préoccupations des communautés autochtones concernant le projet Nouveau Vic et cherche à mieux comprendre comment elles peuvent être traitées, a précisé Katherine Gombay, une porte-parole de McGill, dans un courriel. Elle a ajouté que l’université engagerait une conversation avec les plaignants autochtones avec humilité et de bonne foi. Le projet Nouveau Vic vise à créer un nouveau pôle de recherche et d’enseignement.

Le juge a également accordé à Kimberly R. Murray, l’interlocutrice spéciale indépendante pour les enfants disparus et les tombes et les sépultures anonymes en lien avec les pensionnats pour enfants autochtones, le statut d’intervenante dans l’affaire. Mme Murray a confirmé vendredi à La Presse canadienne qu’elle participerait aux réunions avec les parties.

Dans sa décision écrite publiée mardi, le juge Moore a indiqué que l’identification des tombes autochtones non marquées est une priorité pour découvrir la vérité et travailler à la réconciliation. Il a cité les recommandations de la Commission de vérité et réconciliation de 2015 sur les cimetières des pensionnats et a établi un lien avec le système de santé.

L’injonction a été accordée jeudi à l’issue d’une audience de deux jours à la suite d’une demande formulée en mars par un groupe d’aînées de Kahnawake, connu sous le nom de Mères mohawks. Le groupe a allégué que les corps de patients autochtones de l’Institut Allan Memorial et de l’Hôpital Royal Victoria sont enterrés sur le terrain qui doit être réaménagé.

Préjudice irréparable

Les Mères mohawks ont affirmé avoir découvert des preuves d’enterrements grâce à des entretiens avec un survivant des expériences de contrôle mental MK-Ultra, menées dans les années 1950 et 1960 par le Dr Ewen Cameron à l’Institut Allan Memorial, sur le terrain du Royal Victoria.

Lors de l’audience, les avocats représentant McGill et la Société québécoise des infrastructures (SQI) ont fait valoir qu’il n’y avait aucune preuve de sépultures anonymes sur les lieux.

Au-delà de ce que je considère être les convictions très fermement ancrées des plaignants, il y a en fait très peu de preuves pour étayer leur affirmation selon laquelle il y aurait des tombes sur le site de l’Hôpital Royal Victoria, a déclaré l’avocat de McGill, Doug Mitchell.

Cependant, dans sa décision, le juge a fait référence à un rapport archéologique de 2016 préparé pour McGill et la SQI qui suggérait que le mont Royal avait été utilisé comme lieu de sépulture avant l’arrivée des Européens. L’ancien hôpital est sur un versant de la montagne.

Le juge Moore a déclaré que les plaignants subiraient un préjudice irréparable si les travaux d’excavation n’étaient pas suspendus le temps qu’il faut pour élaborer un plan archéologique approprié afin d’identifier les tombes non marquées. Il a noté qu’il n’y a aucune preuve que le projet serait retardé par la suspension, puisque le calendrier de construction n’a pas été établi.

La décision conclut qu’il est urgent de répondre aux préoccupations légitimes des plaignants concernant les tombes anonymes. Sinon, les plaignants et ceux qui partagent leurs préoccupations continueront à faire face au traumatisme, a écrit le juge.

Décision importante

Julian Falconer, l’avocat représentant Mme Murray, a qualifié la décision du juge Moore de révolutionnaire et a déclaré qu’il était extrêmement important pour les peuples autochtones que la vérité et la réconciliation soient au cœur de sa décision.

L’affidavit de Mme Murray fournit au tribunal des recommandations sur les meilleures pratiques pour entreprendre une recherche de tombes non marquées.

« Le juge a ordonné qu’un dialogue approfondi ait lieu en dehors du tribunal, mais aussi dans le cadre du processus de gestion des affaires. Il a également accepté que les informations fournies par l’interlocutrice spéciale puissent être utiles », a souligné Me Falconer.

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Transformation du Royal Victoria Chantier arrêté, dialogue entamé


IMAGE FOURNIE PAR CCXA | Projection du rendu architectural du projet « New Vic »

Le dialogue entre Québec, McGill et un groupe de Mohawks vient de débuter, à Kahnawake, deux semaines après l’arrêt par la justice du chantier de transformation de l’hôpital Royal Victoria, à la demande des Autochtones.

22 novembre 2022 | Publié à 7h00 | PHILIPPE TEISCEIRA-LESSARD | LA PRESSE

Le groupe baptisé Mères mohawks craint que les travaux n’endommagent d’éventuelles sépultures autochtones précoloniales ou des tombes clandestines beaucoup plus récentes sur ce flanc du mont Royal.

La première rencontre « s’est bien passée », a rapporté Philippe Blouin, anthropologue et interprète francophone des Mères mohawks. Il a assisté à la discussion, qui s’est déroulée la semaine dernière, sans la présence d’avocats. « C’est un premier moment pour partager une vision commune du jugement de M. Moore et voir les prochaines étapes. »

Le jugement en question, c’est l’injonction prononcée le 27 octobre dernier qui paralyse le chantier de réfection du « Royal Vic ». McGill compte utiliser une grande partie de l’ancien complexe hospitalier pour y agrandir son campus, un projet baptisé « New Vic ».

Québec et McGill « ne doivent pas excaver le site avant qu’un plan archéologique approprié soit établi », a tranché le juge Gregory Moore, de la Cour supérieure, dans ses motifs rendus publics par la suite.

« Les parties sont invitées à se rencontrer en dehors du tribunal pour établir comment les travaux archéologiques devraient être effectués », note le juge.

Cette décision constituait une grande surprise pour les Mères mohawks, a indiqué M. Blouin : « Elles n’en croyaient pas leurs yeux. »

L’Université McGill et le bras immobilier du gouvernement du Québec (la Société québécoise des infrastructures, actuelle propriétaire du Royal Victoria) plaidaient que des recherches archéologiques seraient effectuées en bonne et due forme là où elles étaient nécessaires pour conserver les sépultures anciennes. À leurs yeux, rien ne permet de croire que des corps ont été enterrés sur place dans les années 1950 et 1960 en marge des expériences controversées menées à l’époque à l’Institut psychiatrique Allan Memorial, comme le suggèrent les Mères mohawks. L’établissement recevait alors du financement de la CIA pour tester les effets de substances illégales sur le cerveau, parfois à l’insu des cobayes.

Des fouilles moins invasives exigées

Le jugement de la Cour supérieure les oblige à refaire leurs devoirs.

« Nous avons entamé les discussions avec les Mères mohawks afin d’élaborer un plan archéologique qui prendrait en considération les préoccupations de toutes les parties impliquées », a indiqué par courriel Francis Martel, porte-parole de la Société québécoise des infrastructures (SQI). Il a souligné que son organisation était déjà en contact depuis « plusieurs mois » avec les conseils de bande des communautés mohawks autour de Montréal.

Francis Martel a souligné que des recherches archéologiques avaient déjà eu lieu sur une partie du site. « L’intervention n’a mené à aucune découverte », a-t-il précisé, toujours par courriel. La SQI a refusé la demande d’entrevue de La Presse. McGill a renvoyé La Presse vers la SQI, en ajoutant qu’elle « prend au sérieux les préoccupations des communautés autochtones concernant la requalification du site et cherche à mieux comprendre comment y répondre ».

Mères mohawks – un groupe qui rassemble des femmes et des hommes – voudrait que le reste du chantier du Royal Victoria soit traité comme les terrains de pensionnats pour Autochtones où l’on soupçonne la présence de tombes anonymes. La Commission vérité et réconciliation du Canada et l’Association canadienne d’archéologie ont établi une marche à suivre stricte dans ces cas.

Il faut que les fouilles soient « menées par les Autochtones » eux-mêmes, il faut « prioriser tous les moyens de détection à distance, comme le radar pénétrant, […] les chiens renifleurs, toutes ces techniques qui permettent de savoir ce qu’il y a sous la terre sans la briser », a expliqué l’anthropologue et interprète Philippe Blouin.

À partir du moment où il y a excavation, il y a des risques de détruire des preuves médicolégales. Il ne pourrait pas y avoir d’enquête criminelle.

Philippe Blouin, anthropologue et interprète francophone des Mères mohawks

Les Mères mohawks croient que de jeunes Autochtones pourraient avoir été utilisés comme cobayes à l’Institut Allan Memorial, y avoir perdu la vie et avoir été enterrés en catimini sur le site.

Devant la justice, des membres de Mères mohawks ont exprimé « leur traumatisme lié à la disparition de membres de leur famille ou de leur communauté et à la possibilité qu’ils aient été maltraités ou qu’ils aient souffert », a écrit le juge Gregory Moore dans sa décision. Ces personnes « ont décrit leur angoisse face au fait que le projet de transformation [du Royal Victoria] les empêche de remplir leurs obligations de prendre soin de toutes les générations, passées, présentes et futures ».

La SQI a indiqué qu’elle ne pouvait pas encore déterminer si la décision du juge Moore se traduirait par des retards dans le projet du New Vic. Aucune date de livraison n’a encore été arrêtée.

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Je suis très content de lire ce rapport! Beaucoup de détails intéressants, notamment en ce qui a trait aux détails de la restauration des pavillons A, E, L (et la préservation du pavillon X).

On confirme également la démolition complète des additions modernes (pavillons M, S, T et extensions des pavillons A, E et L) qui jurent avec l’ensemble, ce dont je me réjouis. On spécifie même que le calcaire utilisé en revêtement sera recyclé et partiellement réutilisé, quoique de façon somme toute assez minime.

Par contre, la partie qui éveille certaines craintes chez moi est la suivante:
«La tour rassemble les équipements mécaniques a partir du 5e niveau. Ainsi, les premiers étages ont un parement de mur rideau vitré tandis que les étages supérieurs, de panneaux tympans et persiennes. Le même traitement architectural est réservé au bâtiment situé à l’arrière du pavillon L, côté ouest. Ce bâtiment sert de jonction entre le pavillon existant et un nouveau pavillon, qui aura un revêtement de panneau de béton préfabriqué.»

C’est dommage que les quatre étages supérieurs de la nouvelle tour de huit étages bien visible sur University soient des étages mécaniques. Je ne m’y connais pas suffisamment en mécanique du bâtiment pour savoir si c’est excessif ou parfaitement justifié, mais ça me semble beaucoup. Bien hâte de voir à quoi ressembleront les panneaux tympans et les persiennes, mais en général c’est plutôt laid.

Pour le nouveau pavillon mentionné, ils spécifient qu’il aura un revêtement de préfab… je sais que ce ne sont pas tous les préfabs qui sont égaux, mais à voir l’orgie de préfabs tous plus hideux les uns que les autres des dernières années, vous me permettrez d’être inquiet! J’espère que ce sera très peu visible, car on va se retrouver avec un revêtement plus cheap que les pavillons modernes qu’on démolit à grands frais (le calcaire lisse jurait peut-être, mais c’était toujours de meilleure qualité que du préfab!).

Bien hâte de voir davantage de détails, surtout concernant ces nouvelles additions. Je sais que la mode n’est pas aux pastiches, mais une addition dans le style des éléments patrimoniaux (du moins pour les éléments visibles) peut être faite avec goût. La passerelle qui sort d’un mur-rideaux, j’attends de voir.

Finalement, j’espère que la ville annoncera bientôt ses intentions pour l’aménagement de l’avenue des Pins à l’ouest de l’avenue du Parc, ainsi que de la rue University et de son nouvel accès au Mont-Royal. J’ai été très déçu des annonces timides pour l’agrandissement du parc du Mont-Royal (un demi-stationnement verdi en 2036?!). Espérons que la vision sera plus ambitieuse pour la suite. Et une extension de la piste cyclable sur l’avenue des Pins mériterait d’être sérieusement considérée.

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Ce que je peut voire pour les étage mécanique, c’est le retrait de machinerie des toit existant pour laisser place à des toit vitré ou des terrasses sur le toit.

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Toutes les parties ont l’air heureuses de cette issue - on espère évidemment que les fouilles ne trouvent rien, mais au moins on en aura le coeur net.

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Fouilles à l’ancien hôpital Royal Victoria : des anomalies détectées

Des chiens spécialisés dans la détection de restes humains ont signalé des anomalies dans le sol de l’ancien hôpital.


La Cour supérieure a donné le feu vert à des fouilles archéologiques sur le site de l’ancien hôpital Royal Victoria. (Photo d’archives)
PHOTO : RADIO-CANADA / IVANOH DEMERS

Julie Roy
14 h 34 | Mis à jour à 19 h 33

Le signalement d’anomalies dans le sol de l’ancien hôpital Royal Victoria par des chiens spécialisés dans la détection de restes humains a poussé les Mères mohawks à se tourner de nouveau vers la Cour supérieure du Québec, jeudi.

En avril dernier, une entente entre le regroupement des Mères mohawks (kanien’kehá:ka kahnistensera), la Société québécoise des infrastructures (SQI), l’Université McGill, l’Hôpital Royal Victoria, le CUSM, la Ville de Montréal et les procureurs généraux du Québec et du Canada a été entérinée par la cour et a donné le feu vert à des fouilles archéologiques sur le site.

Cette entente faisait suite à la décision rendue en octobre 2022 par la Cour supérieure du Québec de suspendre les travaux d’excavation sur le site de l’ancien hôpital, qui fait l’objet d’un vaste réaménagement. La demande avait été formulée par les Mères mohawks qui suspectent que des enfants autochtones ont été enterrés à cet endroit.

Le 9 juin dernier, trois chiens spécialement entraînés pour retrouver des restes humains ont détecté des anomalies au même endroit dans la zone prioritaire des recherches. Les trois équipes ont procédé séparément, mais sont toutes arrivées au même résultat.

Depuis, les Mères mohawks constatent des failles dans la sécurité du site, qui est assumée par la partie défenderesse. Elles demandent de pouvoir prendre en charge cet aspect du processus, et aussi que l’entente avec les autres parties soit revue pour inclure une marche à suivre plus détaillée suivant la découverte des chiens pisteurs.


Les Mères mohawks, Karennatha, Karakwine, Kahentinetha et Kwetiio, entourées de l’anthropologue Philippe Blouin, leur accompagnateur, ainsi que de l’archéologue Karonhianoron. On les voit ici à leur sortie de la salle d’audience, jeudi, au palais de justice de Montréal.
PHOTO : RADIO-CANADA / JULIE ROY

Des protocoles doivent être mis en place et des agents de sécurité autochtones doivent être déployés. C’est très important que le site soit protégé, explique Kwetiio, l’une des quatre Mères mohawks.

Le fait que la défense soit responsable de la sécurité de ce possible cimetière clandestin, c’est un conflit d’intérêts majeur, poursuit-elle. Pour nous, c’est un risque.

L’archéologue mohawk qui participe aux recherches du panel d’experts désigné par les parties prenantes estime que le travail sur le terrain est compliqué.

C’est difficile de naviguer à travers ce genre de situation, car il y a tellement de parties impliquées [… ] Les contracteurs [entrepreneurs] pour le nouveau projet sont aussi présents, a indiqué Karonhianoron. En raison du manque de sécurité, il y avait même des piétons sur le site pendant que nous faisions les recherches. C’est difficile pour moi de travailler comme ça.

Plus largement, les Mères mohawks déplorent le non-respect de certains éléments centraux de l’entente par les autres parties, dont l’accès à certaines archives de l’Hôpital Royal Victoria pour pouvoir progresser dans l’enquête.

Le délai prévu pour certains aspects cruciaux de l’entente, qui viendront à échéance dans 90 jours, crée aussi une certaine pression pour les plaignantes, qui peinent à obtenir les documents et les informations demandées aux institutions concernées.

La défense conteste

Les défendeurs ont contesté les demandes et affirmations des Mères mohawks jeudi, en cour, et ont affirmé qu’ils respectaient l’entente à la lettre.

Concernant l’accès aux archives médicales, l’avocate du CUSM a soulevé des préoccupations par rapport à de possibles violations de la confidentialité. Le procureur général du Canada a quant à lui indiqué que beaucoup de documents ont été demandés par les plaignantes, ce qui ralentit les processus de traitement et de livraison.

Quant à la sécurité du site, les représentants de l’Université McGill et de la SQI affirment que toutes les mesures nécessaires ont été mises en place pour protéger l’accès à la zone d’intérêt. La SQI a également indiqué que l’entente conclue en avril comprend les protocoles nécessaires pour aborder les prochaines étapes des fouilles et de l’enquête.

La procédure entourant les vérifications archéologiques est encadrée par un panel d’archéologues nommés dans le cadre de l’entente avec les Mères mohawks. Par ailleurs, l’entente prévoit que des moniteurs culturels autochtones nommés par les Mères mohawks peuvent être présents pendant l’exécution des techniques archéologiques, a rappelé le directeur des communications de la SQI Nicolas Murgia, par courriel.

La prochaine étape impliquera l’utilisation d’un géo radar, mais pour le moment, rien ne permet de confirmer ou d’infirmer la présence de sépultures, a ajouté M. Murgia.

Pour sa part, l’avocat du Bureau de l’interlocutrice spéciale indépendante, Me Julian N. Falconer, partageait l’avis des Mères mohawks concernant les limites du panel mis en place. Il a même rapporté des dissensions au sein de l’équipe d’archéologues qui ne s’entendent pas sur la manière de procéder pour la suite.

Enfin, la Ville de Montréal a demandé à être retirée du dossier.

De cette audience, le juge Gregory Moore a conclu à des problèmes de communication entre les parties, qu’il ne croit pas opposées sur le fond de la démarche en cours. Il les a d’ailleurs encouragées à communiquer davantage hors cour, comme elles l’avaient fait pour élaborer leur entente.

Il a toutefois donné différentes options aux parties sur lesquelles elles devront se prononcer d’ici le 14 juillet. Il a proposé d’élargir le mandat du panel d’archéologues en ajoutant l’expertise manquante. La possibilité de retirer les délais prescrits à l’entente a aussi été évoquée. Enfin, les parties auront la possibilité de poursuivre les discussions devant la cour ou d’aller en médiation.

Des appuis précieux

Au sortir de la salle d’audience, les Mères mohawks étaient émotives, mais sereines.

La découverte des chiens pisteurs est venue confirmer plusieurs choses dans cette démarche qu’elles poursuivent obstinément, sans fléchir, sans même avoir de représentation légale.

On se sent un peu mieux. On travaille là-dessus depuis si longtemps, a lancé Kahentinetha.

Nous avons demandé à l’esprit de nos enfants de nous guider dans ce qu’on fait, a-t-elle poursuivi. Nous savons qui sont ces enfants et ces personnes. Nous avons besoin que les gens continuent de nous encourager, qu’ils se tiennent à nos côtés. Maintenant, ce ne sont plus juste des ouï-dire; nous savons qu’il y a quelque chose là.

Des orphelins de Duplessis étaient présents pour les soutenir. Eux aussi, comme plusieurs Autochtones, sont passés par l’ancien hôpital Royal Victoria, plus précisément à l’Institut Allan Memorial de l’Université McGill.

Dans les années 1950 et 1960, des expérimentations y ont été conduites par le Dr Donald Ewen Cameron dans le cadre du programme MK-Ultra, piloté par la CIA.

Des séances massives d’électrochocs, de gavage [pour administrer des médicaments] et de privation sensorielle ont été menées sur des cobayes humains. Des témoignages récoltés par les Mères mohawks laissent croire que des victimes de ce programme pourraient avoir été enterrées anonymement sur le site.


L’ancien directeur du programme MK-Ultra, Sidney Gottlieb (à gauche), a comparu devant une commission sénatoriale en 1977.
PHOTO : GETTY IMAGES / BRIDE LANE LIBRARY/POPPERFOTO`

Dans sa décision d’octobre 2022, le juge Moore avait demandé à ce que des fonds soient prévus pour qu’une enquête médico-légale et archéologique soit menée par une équipe d’enquête indépendante dirigée par les Mères mohawks et par les survivants des expériences du Dr Cameron.

Ce processus doit être significatif, insiste Kwetiio. Ce n’est pas seulement la vie de ces enfants qui est importante; leur mort l’est aussi. Elle peut mener notre société à devenir meilleure, à apprendre ce qui s’est passé et à s’assurer que ça ne se reproduise jamais.

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De possibles tombes autochtones découvertes près de l’Université McGill


Ryan Remiorz, La Presse canadienn
Le campus de l’université McGill à Montréal

Jean-Louis Bordeleau et Charles-Olivier L’Homme
21 h 08
Société

Des chiens entraînés pour localiser des restes humains ont identifié le site d’une possible sépulture autochtone près de l’Université McGill. Une équipe canine a pu localiser le 9 juin dernier un lieu où se trouveraient des corps en décomposition, relançant l’espoir de mères mohawks qui souhaitent faire toute la lumière sur l’histoire de leurs ancêtres.

Trois chiens, indépendamment les uns des autres, ont repéré un site non loin du pavillon Hersey de l’Hôpital Royal Victoria, une zone pourtant déterminée sans cadavre par des archéologues qui l’ont préalablement inspecté.

La surprise créée par cette anomalie a conduit ces femmes autochtones, l’Université McGill, la Société québécoise des infrastructures (SQI) et six autres organismes gouvernementaux à se réunir pour discuter de la relance des excavations.

Toutes ces institutions avaient signé un accord en avril dernier pour que ces fouilles aillent de l’avant, une manière rétablir la confiance entre les peuples autochtones et les gouvernements. L’Université McGill décrivait alors avec fierté le sentiment de coopération qui habitait les différentes parties impliquées. « Elle représente une occasion de collaboration sans précédent entre ce groupe autochtone, la SQI et l’Université McGill, qui permettra de vérifier les allégations concernant la présence possible de sépultures anonymes à certains endroits sur le site de l’ancien hôpital », pouvait-on lire dans une communication écrite.

En quête de vérité

Jeudi matin, cependant, l’humeur était moins joviale du côté des six mères mohawks qui se sont présentées avec beaucoup de questionnements à la Cour supérieure de Montréal. Elles y étaient venues plaider leur cause en doutant notamment de « la bonne foi des parties défenderesses », avance Phillipe Blouin, le traducteur représentant ces femmes autochtones.

« La SQI et l’Université de McGill partagent très peu d’informations », témoigne l’anthropologue.

L’entente d’avril assure un accès facile aux archives de McGill, mais les mères mohawks et les spécialistes n’ont toujours pas accès aux différents documents qui pourraient mener à bien leur quête de vérité.

Depuis les découvertes de l’équipe de chiens, la SQI a demandé un permis au ministère de la Culture pour réaliser les excavations nécessaires aux recherches archéologiques. La SQI refuse toutefois de partager le contenu de la demande avec les mères mohawks, qui se considèrent ainsi comme isolées du processus.

Que McGill puisse être tenu responsable de ces décès autochtones et qu’il gère en même temps le processus de restitution des sépultures place par ailleurs cette institution dans un potentiel « conflit d’intérêts », selon Philippe Blouin. « La SQI et McGill […] sont responsables de la sécurité, responsables de l’accès au site et ils donnent eux-mêmes les contrats aux fournisseurs de services qui effectuent les recherches. Ils donnent directement les demandes de permis sans les partager avec les mères mohawks », déplore-t-il.

Un processus compliqué

En octobre 2022, le juge Gregory Moore avait suspendu le chantier du « Nouveau Vic » pour que des fouilles confirment d’abord la présence de sépultures d’enfants maltraités, répondant ainsi aux demandes des mères mohawks.

En avril dernier, les partis en litige s’étaient entendus pour que le chantier reprenne à condition qu’une collaboration permette de mener à bien ces recherches archéologiques en dépit de travaux.

Les dépouilles dateraient des années 1950, à l’époque où le docteur Donald Ewen Cameron menait de violentes expériences sur des patients vulnérables. Ces expérimentations, allant d’électrochocs à l’ingestion de substances psychédéliques, auraient été conduites grâce au financement du gouvernement canadien et de la CIA.

Philippe Blouin estime qu’il y a trois possibilités pour la suite des choses : « Soit élargir le mandat du panel d’experts pour qu’ils puissent donner des recommandations notamment sur la sécurité et le protocole autochtone à suivre en présence des sépultures. Soit de retourner en procès, ce qu’on cherche à éviter. Soit retourner en médiation comme on l’avait fait pour l’entente d’avril. »

Publié sur Twitter par le DG de la SDC Centre-Ville

Le @GouvQc mandate la @LaCDPQ pour analyser la faisabilité de créer une cité universitaire de classe mondiale sur une portion du Royal Victoria :student:t3::stethoscope::dna::microscope:

Fantastique nouvelle pour le centre-ville de Montréal, plus grand pôle universitaire du pays

https://citeuniversitairemtl.com

Sur le site

Le gouvernement du Québec a confié à la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) le mandat de réaliser une analyse de faisabilité pour convertir une portion du site de l’ancien hôpital Royal Victoria. L’objectif est de créer une cité universitaire de classe mondiale et ainsi consolider le statut de Montréal comme l’une des meilleures villes étudiantes au monde. L’analyse sera réalisée par la filiale immobilière de la CDPQ, Ivanhoé Cambridge.

Je vais partir un nouveau fil

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Mohawk Mothers feel pushed aside in the search for unmarked graves

“The main goal is to find our children,” says Kwetiio a member of the Mohawk Mothers who feel pushed aside by McGill University and Quebec’s infrastructure society in the search for unmarked graves. Felisha Adam reports.

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