Montréal : Ville de savoir (enseignement supérieur)

Est-ce que quelqu’un peut nommer des universités canadiennes dont les frais de scolarité annuels pour des étudiants canadiens provenant de l’extérieur de la province dans laquelle l’université est située s’élèvent à 17 000$ ? …

Si les gens étudient trois trimestres par année académique, les chiffres s’additionnent. Ce serait le cas de l’Université de Toronto par exemple si les étudiants décident d’étudier également pendant l’été. Cependant, si cela ne concerne que l’automne et l’hiver, il s’agit clairement des frais de scolarité les plus coûteux au pays. La mesure coûtera probablement à l’économie montréalaise au moins 30 000 $ par année en perte de revenus pour chaque étudiant qui décide de ne pas venir.

Je me demande si les universités anglophones tenteront de compenser leurs pertes budgétaires catastrophiques en augmentant le nombre d’étudiants internationaux ?

Les étudiants internationaux doivent faire une demande d’immigration temporaire auprès du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration du Québec… et ensuite doivent faire une demande au Fédéral pour le permis d’étude

Québec pourrait limiter le nombre de demandes

Je crois qu’on aurait plutôt dû mettre l’accent sur des collaborations entre les universités francophones et anglophones. Je comprends vraiment pas cette mesure.

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Le 13 octobre 2023

Mise à jour sur les changements apportés par le gouvernement

du Québec aux droits de scolarité

Chères Concordiennes,
Chers Concordiens,

Je tiens à vous faire part de la stupéfaction et de la déception que j’éprouve après l’annonce faite aujourd’hui par le gouvernement du Québec, qui entend accroître considérablement les droits de scolarité facturés aux étudiants canadiens de l’extérieur du Québec et à ceux de l’étranger qui fréquentent les universités québécoises traditionnellement anglophones. Le gouvernement déclare également son intention de récupérer les droits de scolarité payés par ces étudiants pour les rediriger vers les établissements francophones. Il s’agit d’une décision irréfléchie, malavisée et fondée sur des données erronées. Je peux confirmer que le gouvernement ne nous a jamais consultés pour évaluer la faisabilité des changements proposés ou leurs répercussions possibles.

En tant qu’université, notre objectif est toujours de promouvoir le plus vaste accès possible à l’éducation, et nous considérons les étudiantes et étudiants, durant et après leur parcours scolaire, comme de formidables atouts pour le Québec. Par cette décision, le gouvernement envoie le troublant message que l’excellence de longue date en enseignement, en recherche et en formation d’une main-d’œuvre hautement qualifiée – quelle que soit la langue dans laquelle se déroulent ces activités – présente une menace pour l’avenir collectif des Québécoises et Québécois.

Grâce à ses établissements francophones et anglophones, Montréal est un des endroits les plus prisés du monde pour faire des études universitaires. Les mesures annoncées aujourd’hui, de pair avec les récents changements apportés au Programme de l’expérience québécoise (PEQ), auront pour effet, au mieux, de décourager des milliers d’étudiants canadiens de l’extérieur du Québec et d’étudiants étrangers de choisir le Québec. Et au pire, elles empêcheront les meilleurs talents du Canada et des quatre coins de la planète de venir ici, faute d’en avoir les moyens. Dans un cas comme dans l’autre, ces mesures sont contreproductives dans le contexte d’une pénurie de main-d’œuvre bien documentée dans de nombreux secteurs économiques essentiels et novateurs.

Pour bon nombre d’entre nous à Concordia, l’antagonisme du gouvernement du Québec à l’égard de ses universités est particulièrement désespérant. Concordia est une université québécoise dont les activités profitent au Québec. Nous avons profondément à cœur de protéger et de promouvoir le français, comme en témoignent par exemple l’expansion de notre programme Réussir en français, l’ajout d’un volet de valorisation du français au mandat d’une membre de notre équipe de haute direction ainsi que notre engagement à offrir des occasions d’apprentissage expérientiel à tous nos étudiants, dont un grand nombre se déroulent au Québec et en français. Le gouvernement possède en Concordia un allié volontaire. Quel dommage qu’il renonce à un partenariat si prometteur pour marquer des points politiques!

Concordia poursuivra sa mission de bonne foi, offrant des solutions qui renforcent nos initiatives en matière de promotion du français tout en continuant de faire valoir son point de vue auprès du gouvernement. Cependant, notre communauté doit se préparer à composer avec les graves conséquences financières de ces changements, dont l’ampleur se précisera au fil du temps.

Avec votre aide, Concordia continuera d’exceller malgré ces nouveaux défis. J’en suis persuadé, car la souplesse, la résilience et le dévouement ont toujours fait partie de notre identité.

Merci de votre soutien continu. Nous avons commencé à analyser l’impact de ces décisions. Je communiquerai de nouveau avec vous dans les prochains jours afin de vous présenter une mise à jour sur notre situation budgétaire actuelle et future.

Graham Carr
Recteur et vice-chancelier

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Je sais qu’on est pas rendu là, mais est-ce que les universités anglophones pourraient poursuivre le gouvernement pour cette décision?

Ça semble être la logique des ministres Déry et Roberge. Dans le meilleur des scénarios, il n’y aura pas de déclin majeur des taux d’inscription et ces mesures auront comme effet d’attirer des étudiants hors-province et étrangers vers les établissements francophones, mais rien n’est moins sûr…

Il y aura probablement un effondrement des effectifs des universités anglophones, et les universités francophones seront ironiquement dérobées des fonds qu’on souhaitait leur attribuer à travers cette majoration. Comme pour le TeC, la CAQ n’arrive pas a livré un modèle de financement cohérent et durable.

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Éditorial de Stéphanie Grammond dans La Presse

La chasse aux étudiants anglophones est ouverte


PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE
Campus de l’Université McGill, à Montréal

Stéphanie Grammond
LA PRESSE
Publié à 2h32 Mis à jour à 5h00

Attention, la saison de la chasse aux étudiants anglophones est ouverte ! Quoi de mieux pour faire oublier les ratés de la CAQ qui s’est calée elle-même en ressuscitant le troisième lien après sa défaite cuisante à l’élection complémentaire dans Jean-Talon ?

Sur le plan politique, ça tombe bien. L’offensive contre des étudiants anglophones ravive la flamme nationaliste des électeurs qui ont déserté vers le Parti québécois, sans que la Coalition avenir Québec (CAQ) ait à se mettre à dos le moindre électeur potentiel. Une aubaine.

Mais sur le fond, le gouvernement ne vise pas dans le mille. Les mesures auront peu d’influence sur le « déclin » du français tel que le gouvernement le mesure, en focalisant à tort sur la langue maternelle et la langue parlée à la maison.

Prenez les modifications attendues aux règles d’immigration.

En ajustant son programme de l’expérience québécoise (PEQ), Québec offrira aux étudiants étrangers une voie rapide s’ils veulent s’établir chez nous après avoir décroché leur diplôme. C’est une excellente idée, car ces étudiants sont les immigrants idéaux, ayant un diplôme reconnu et un réseau de contacts qui favorisent leur intégration dans la société.

Malheureusement, cette voie rapide ne s’adresse qu’à ceux qui ont étudié en français. Ceux qui ont étudié dans un établissement anglophone vont rester sur la voie de garage, et ce, même s’ils ont une excellente maîtrise du français. Cette discrimination ne tient pas la route. On se prive d’excellents candidats pour rien.

En se fondant sur une récente étude de Statistique Canada1, certains craignent que ces étudiants, même s’ils sont bilingues, parlent davantage anglais lorsqu’ils seront en emploi.

Or, il ne faut pas oublier que ce sont beaucoup les exigences du milieu de travail – de plus en plus ouvert sur le monde – qui dictent l’usage de l’anglais en entreprise.

On ne saurait trop insister sur l’importance de l’usage du français dans l’espace public au Québec. C’est notre culture et notre identité qui sont en jeu. Mais la province ne peut pas se replier sur elle-même non plus.

Prenez maintenant les changements annoncés au financement des universités, vendredi.

Grosso modo, la CAQ a l’intention de doubler les droits de scolarité des étudiants qui viennent des autres provinces, de 9000 $ à 17 000 $ par année. Des frais planchers de 20 000 $ seront aussi imposés aux étudiants étrangers.

En prélevant une partie des frais payés par les étudiants non québécois, qui fréquentent davantage les universités anglophones, Québec veut réinvestir plus de 100 millions de dollars dans les universités francophones. Soit. Mais cette péréquation pourrait être moins importante si les inscriptions fondent à cause de la hausse des droits.

Québec présente sa réforme comme un moyen d’arrêter de subventionner les études de jeunes qui retournent dans leur province par la suite. Ça se défend. Mais dans sa réflexion, le gouvernement perd de vue leur contribution pour le Québec.

Sur le plan économique, ils ont un impact important dans la communauté où ils vivent. Et sur le plan humain, ils enrichissent la vie de campus.

Ils permettent aux étudiants québécois de tisser un réseau de contacts à travers le Canada et le monde. Et ils deviennent eux-mêmes des ambassadeurs du Québec à l’extérieur de la province.

Il ne faut pas perdre de vue que les universités sont des institutions clés du Québec dont la contribution se mesure en découvertes et en avancées scientifiques qui bénéficient à l’ensemble de la société.

Au lieu de leur tendre la main pour trouver une solution, Québec leur a imposé une décision surprise. Tout cela alors que les universités collaboraient depuis de longs mois à la révision de leur politique de financement.

Ici encore, Québec présente sa réforme comme une solution au recul du français. Mais les étudiants hors Québec ont le dos large.

Il est vrai que certains contribuent à l’anglicisation du centre-ville, en travaillant dans des commerces sans parler un mot de français qui doit pourtant être la langue d’accueil. Sauf que cela occulte bien d’autres facteurs qui ont un impact significatif sur l’évolution du français, mais dont on parle très peu. Un exemple : pourquoi 74 000 francophones ont-ils quitté la région de Montréal en cinq ans ? Cela aussi pèse dans la balance.

En mettant sans cesse le recul du français sur le dos des immigrants, à des fins politiques, on risque de décourager les nouveaux arrivants qui font des efforts réels pour apprendre notre langue.

La demande monstre depuis le lancement de la plateforme Francisation Québec en juin dernier prouve de façon éclatante que les immigrants ont un grand intérêt pour le français qui est la clé de l’intégration dans le marché du travail et la société québécoise.

De la francisation, il en faut davantage sur les campus si on veut que les étudiants embarquent. Justement, McGill devait lancer un programme de francisation de 50 millions ces jours-ci. Mais l’université a appuyé sur pause.

Ironiquement, l’offensive de Québec risque de nuire au français.

LA POSITION DE LA PRESSE

En durcissant le ton envers les étudiants anglophones, Québec occulte leur contribution dans la province et risque de miner les efforts de francisation dans les universités.

  1. Consultez l’étude de Statistique Canada
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Le recteur était dans ce reportage du Téléjournal

Hausse des tarifs pour les étudiants universitaires non résidents au Québec

Des étudiants étrangers devront payer beaucoup plus cher pour fréquenter les universités du Québec. Les droits de scolarité vont aussi doubler pour des étudiants en provenance des autres provinces canadiennes. Une question d’équité entre les universités anglophones et francophones et de protection du français, dit le gouvernement Legault, qui a prévu des exceptions.

Le reportage de Raphaëlle Drouin

Ça me semble logique d’arrêter d’utiliser les impôts payés par les contribuables québécois pour former en anglais les étudiants des autres provinces.

Ensuite, si les universités francophones ont plus de fonds, elles pourront proposer davantage et être plus attrayantes. Une des raisons que beaucoup de francophones vont à McGill et Concordia est que ces universités sont plus riches et peuvent ainsi souvent proposer mieux à leurs étudiants pour cette raison.

Les étudiants aux universités francophones dépensent dans la ville aussi.

Enfin, l’argument du rayonnement, les fameuses retombées, a ses limites, surtout quand une bonne partie des étudiants quittent le Québec après leurs études faites pour pas trop cher aux frais des Québécois. Et si on veut tant rayonner, je préfère qu’on investisse pour rayonner en français, tant qu’à y être. La langue anglaise ne manque pas d’institutions pour rayonner en Amérique du Nord et dans le monde.

C’est ce qui est confondant; la cagnotte attendue serait recueillie à même les groupes qu’on souhaite diminuer la présence avec ces mesures, et donc dont la contribution globale diminuerait… Pas si logique, à moins que lesdits groupes ne soient pas vraiment responsables des baisses d’inscriptions dans les établissements de l’UQ, du modèle de financement inadéquat, et de l’insatisfaction du gouvernement devant certains marqueurs de l’état du Français.

On improvise, on leur attribue divers maux de notre société, on abâtardi des mesures comme le PEQ, pour ensuite se demander, béat, pourquoi des étudiants (dont plusieurs Francophones, bilingues, ayant étudié dans un établissement francophone) quittent le Québec après diplomation.

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Ironiquement, de plus en plus, “proposer d’avantage” signifie offrir des programmes en anglais dans les universités francophones.

Je me répète, je m’en excuse, mais il n’y a absolument rien dans cette nouvelle politique pour accroitre la francisation de manière productive. Il ne suffit pas d’y penser longtemps pour imaginer comment le gouvernement a échappé une fichue bonne opportunité ici. Imaginons si on offrait des frais de scolarité entre le 17k et le 9k actuel pour ceux et celles qui prennent des crédits de cours en/de français dans les universités anglophones? En voilà une manière productive d’allier accessibilité des études supérieures avec la francisation, sans même prendre en compte que les élèves hors-Québec qui apprendraient le français à l’université seraient probablement bien plus portés à rester après la graduation.

Mais non! La CAQ recherchait la page couverture du JdM, sans plus. J’espère encore (probablement en vain) voir des changements constructifs apportés à cette mesure avant qu’elle entre en fonction.

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Je crois que cet argument ne considère pas la spécialité actuelle de chaque université.
Un francophone qui veut étudier en ingénierie a le choix de beaucoup d’universités à Montréal. Par contre, dépendamment de la spécialité ou du sujet en particulier, cette personne choisira ÉTS, Poly, Concordia, ou McGill. McGill est peut-être l’université la plus reconnue à l’extérieur du Québec mais en ingénierie, ce n’est pas automatiquement la meilleure.

De plus, Concordia est souvent choisie non pas parce qu’elle est plus riche (note: Elle ne l’est pas!) mais bien parce qu’elle est une université beaucoup plus représentative du monde au 21e siècle: très diversifiée. Par contre, si quelqu’un veut étudier l’astrophysique, il est beaucoup mieux de choisir l’UdM considérant son expertise en la matière.

Chaque université a ses forces et ses faiblesses. Penser qu’une université est automatiquement plus riche parce qu’elle est anglophone me semble mettre de côté la réalité de la planète: Si quelqu’un est intéressé à un travail ou de la recherche qui transcende les frontières, l’anglais est un atout indéniable…surtout si un francophone a l’interdiction d’étudier dans un CÉGEP anglophone avant d’arriver à l’université.

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Donc si je comprends bien, un étudiant de l’Alberta, s’il vient étudier à McGill ou Concordia, devra désormais payer 17 000$ pour ses droits de scolarités ?

S’il choisi d’étudier à l’UQAM, combien devra-t-il payer ?

Et s’il va étudier en Ontario, combien devra-t-il payer?

Des questions anodines mais qui ont pour but de contextualiser et de comparer le tout. Alors si quelqu’un a les réponses…

Un étudiant d’Alberta payerait entre 8,000$ et 12,600$ par ans en Ontario en frais de scolarité seulement. C’est très similaire au prix pour les résidents d’Ontario.

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You understood correctly.

Currently, a full-time, 5 courses/semester (no summer semester), sociology bachelor’s degree (to compare) would cost:

Concordia:

  • $10,678.45/year (Canadian)
  • $4,567.45 (Québec resident)
  • $30,435.80/year (international student)

Université du Québec à Montréal:

  • $9,749.36/year (Canadian)
  • $3,638.36/year (Québec resident)
  • $24,593.66/year (international student)

uOttawa:

Toronto Metropolitan University:

  • $8,008.03/year (Canadian)
  • $7,179.62/year (Ontario resident)
  • $33,435.27year (international student)

University of British Columbia - Vancouver:

  • $9,282.36/year (Canadian)
  • $9,282.36/year (BC resident)
  • $48,381.36/year (international student)

University of Alberta - Edmonton:

  • $9,950.25/year (Canadian)
  • $31,895.40/year (international student)

Note: Alberta does not seem to distinguish between an Albertan and a Canadian. I checked both the University of Alberta and the University of Calgary.

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Cinq raisons d’accueillir des étudiants d’ailleurs


PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE
Le nombre d’étudiants étrangers fracasse un nouveau record dans les universités, au Québec.

Le Québec comptait 58 049 étudiants étrangers dans ses universités, à l’automne 2023, 6,9 % de plus que l’année précédente, selon les plus récentes données du Bureau de coopération interuniversitaire (BCI), publiées le 5 octobre.

Publié à 5h00
Suzanne Colpron
La Presse

D’où vient cet engouement pour les étudiants d’ailleurs ? Pourquoi en veut-on toujours plus, malgré des bémols exprimés à la fin du mois d’août par le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, dans le sillage de la crise du logement ? Ce sont en effet 3728 étudiants étrangers de plus qu’en 2022 qui ont dû trouver un toit.

Les gouvernements, les universités et les milieux économiques ont chacun leurs raisons pour les accueillir à bras ouverts.

1. Des droits de scolarité

Pour les universités, le facteur le plus évident, c’est que les étudiants d’ailleurs paient des droits de scolarité beaucoup plus élevés que les résidants québécois, ce qui en fait une source de revenus appréciable.

Au Québec, les droits de scolarité sont solidement encadrés, autour de 3000 $ par année pour les étudiants québécois et les résidents permanents, en 2023. Les droits demandés aux étudiants étrangers, eux, sont déréglementés. Ils varient selon les universités et les programmes, mais en général, ils sont compris entre 20 000 $ et 30 000 $ par année scolaire.

Le gouvernement a annoncé, le 13 octobre, que le tarif établi pour les étudiants internationaux inscrits au 1er et au 2e cycle professionnel sera d’environ 20 000 par an, à partir de l’automne 2024, soit moins que ce qui est déjà exigé dans la plupart des universités.

Les revenus provenant des frais de scolarité des étudiants internationaux ont procuré aux universités québécoises des sommes supplémentaires de 407 millions entre 2019 et 2022, dont 282 millions à McGill, Concordia et Bishop’s.

Les universités se défendent toutefois d’accueillir des étudiants étrangers « pour remplir leurs coffres ».

« Ce n’est pas un gain financier énorme pour nous, assure le recteur de l’Université de Montréal, Daniel Jutras. La première question à se poser, ce n’est pas le gain financier, c’est la manière dont ces gens-là contribuent à nos programmes, à la diversité des discours dans les cours, les labos, dans les équipes de recherche, et à la qualité de la formation des étudiants québécois. Toutes les grandes universités du monde attirent beaucoup d’étudiants internationaux dans cet objectif, non pas pour remplir leurs coffres. »

2. Des places à pourvoir

L’inscription des étudiants joue un autre rôle, celui de compenser l’érosion des clientèles locales. Les effets de la démographie font en sorte que, après une croissance forte, les effectifs étudiants ont commencé à plafonner à partir de 2014. En 2023, le nombre total d’étudiants, soit 313 589, était à peine plus élevé que celui de 2015, qui était de 310 516.

Mais le nombre d’étudiants locaux, qu’ils soient québécois, résidents permanents ou canadiens des autres provinces, lui, a baissé. De 272 103 en 2015, il est passé à 257 375 en 2022 et à 255 540 en 2023.

Pendant cette période, le nombre d’étudiants internationaux a explosé. En 2015, ils étaient 38 294. Cette année, 58 049 étudient dans une université québécoise. Résultat : l’arrivée des étudiants étrangers a empêché une baisse des clientèles.

Cet impact est important en région, où certains programmes ont pu être préservés grâce aux étudiants internationaux.

3. Un apport à la recherche

Un autre facteur, c’est l’apport de ces étudiants à la recherche et au savoir.

« L’UQAM s’inscrit dans une perspective d’internationalisation depuis déjà quelques décennies, souligne la porte-parole, Caroline Tessier. L’internationalisation fait référence à l’intégration d’une dimension internationale en enseignement et en recherche, ainsi qu’en matière de services aux collectivités. »

Si, dans le cas des résidants québécois, 76,6 % sont inscrits au premier cycle, c’est 49,6 %, soit un peu moins de la moitié, pour les étudiants internationaux. L’autre portion de 51,4 % poursuit des études de deuxième et troisième cycle. Cela correspond à un phénomène répandu, selon lequel les étudiants vont faire des études avancées à l’étranger. Les Québécois font de même.

Il n’en reste pas moins que si les étudiants internationaux comptent pour 18,5 % des effectifs totaux, ils représentent 28 % des étudiants à la maîtrise et 48 % des étudiants au doctorat.

C’est un apport essentiel en recherche et en innovation pour les universités.

« Ces étudiants apportent une super belle contribution à la vie universitaire », affirme Yan Cimon, vice-recteur adjoint aux affaires internationales et à la francophonie à l’Université Laval.

« La présence d’étudiants étrangers est critique au bon fonctionnement de nombreux laboratoires, dont le mien », ajoute Roger Lippé, professeur et chercheur au département de pathologie et biologie cellulaire de l’Université de Montréal.

4. Des candidats idéaux à l’immigration

Pour les gouvernements, la principale raison, c’est que les étudiants internationaux diplômés ici sont des candidats idéaux pour la résidence permanente. Souvent jeunes, ils possèdent des compétences professionnelles recherchées, en plus d’avoir séjourné pendant au moins deux ans au Québec, ce qui favorise leur intégration à long terme.

Ces étudiants sont un pilier de la stratégie d’immigration au Québec et au Canada.

La nouvelle version du Programme de l’expérience québécoise (PEQ) vise d’ailleurs à favoriser la rétention des étudiants étrangers francophones diplômés ici, en leur offrant une voie rapide vers l’immigration.

« On a des étudiants qui ont une expérience très intéressante du Québec et du Canada, qui comptent parmi les meilleurs talents dans leur pays puisqu’ils réussissent à passer au travers des exigences d’admission de nos établissements », souligne M. Cimon.

Mais, attention, la concurrence nationale et internationale s’intensifie pour gagner la faveur des étudiants étrangers de haut niveau.

5. Des retombées économiques

La présence de ces étudiants a aussi un impact économique important.

En 2019-2020, outre les droits de scolarité, les 50 000 étudiants de l’extérieur du Québec qui fréquentaient des établissements d’enseignement de Montréal ont généré des dépenses estimées à 722,3 millions, selon une étude de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Ces dépenses ont contribué à hausser le PIB de 427,4 millions et ont généré 52,5 millions en recettes fiscales directes et indirectes, note la Chambre.

UNE NOUVELLE TARIFICATION SANS GRAND IMPACT

Le nouveau modèle de tarification pour les étudiants venant de l’extérieur du Québec, dévoilé le 13 octobre, devrait avoir peu d’effets sur les étudiants étrangers. Il affectera surtout les étudiants des autres provinces canadiennes. Même si les détails précis sur ce projet restent à venir, le communiqué de la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, indique que la principale mesure affectera les étudiants canadiens hors Québec, dont les droits de scolarité vont passer de 9000 $ à environ 17 000 $ par an, soit le coût de leur éducation s’ils s’inscrivent dans une des trois universités anglophones. Le tarif plancher qui sera imposé aux étudiants étrangers sera d’environ 20 000 $ par an. Cependant, ce montant est inférieur aux frais en vigueur dans la plupart des universités. En outre, les étudiants qui bénéficient d’une exemption des droits de scolarité supplémentaires, notamment les Français, ne sont pas visés par les nouvelles mesures. Or, les étudiants français représentent environ la moitié de l’effectif des étrangers dans les universités francophones, et sont le troisième groupe en importance à McGill et à Concordia. De plus, les étudiants non québécois inscrits au deuxième cycle en recherche et au troisième cycle ne seront pas touchés par ces nouvelles mesures. Ces étudiants constituent autour de 50 % des étudiants étrangers dans les universités québécoises.

LA PART DES UNIVERSITÉS FRANCOPHONES

La part des universités francophones ne cesse de croître. Selon les données récentes du BCI, le nombre d’étudiants étrangers dans les trois universités anglophones du Québec a baissé très légèrement, de 20 598 en 2022 à 20 449 en 2023, en raison d’une stabilisation des inscriptions à McGill et à Concordia. Mais les inscriptions de ces étudiants dans les universités francophones ont bondi, passant de 33 723 à 37 600, soit une hausse de 11,5 %. Cette augmentation s’explique essentiellement par de très fortes croissances hors de la métropole : Laval (15,4 %), Sherbrooke (18,5 %) et plusieurs établissements du réseau de l’Université du Québec, à Rimouski (48,9 %), en Outaouais (40,0 %), à Trois-Rivières (34,8 %). Résultat : la part des étudiants étrangers inscrits dans les universités de langue anglaise a poursuivi son déclin. D’un sommet de 44,9 % en 2020, leur proportion était passée à 37,9 % en 2022. En 2023, elle se situe maintenant à 35,2 %. À Montréal, où se concentrent les universités anglophones, on observe aussi une réduction. McGill et Concordia, qui attiraient 56 % des étudiants étrangers, devançant ainsi l’Université de Montréal, Polytechnique, HEC, l’UQAM et l’ETS, ont vu leur poids baisser à 50 % en 2022 et à 49 % en 2023.

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Merci beaucoup pour le tableau de comparaison exhaustif. Et en ce basant sur les chiffres de ce tableau étudier à Montréal, pour un étudiant du ROC, deviendra beaucoup plus cher qu’ailleurs au Canada. Une différence assez importante quand même.

Est-ce qu’il existe d’autre frais que les frais de scolarités?

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Toutes les universités ont des frais « non académiques » (ou frais accessoires) dont les frais facultaires, les frais pour services aux étudiants, les frais d’association et sociétés étudiantes, les services sur le campus, les installations d’athlétisme et de loisirs, et les régimes de santé et de soins dentaires pour les étudiants, etc. Beaucoup de ces frais sont obligatoires, mais dans quelques cas il est possible de s’en désister et d’obtenir un remboursement.

Après, il y a tout les coûts de la vie (loyer, internet, hydro, cell, épicerie, transport, etc.) ce qui varie énormément.

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