Il s’agit d’une extension du campus principal, comme le MIL et Pierre-Dansereau. L’article se concentre surtout sur des campus secondaires, mais si Le Devoir incluait du multisites la carte interactive aurait davantage des grosses tâches que de points.
Pour une cinquième faculté de médecine au Québec
MICHEL GAGNER
Chef du département de chirurgie, Centre de chirurgie Carré Westmount
PHOTO ANDREW HARRER, ARCHIVES BLOOMBERG
« Les augmentations du nombre d’étudiants dans les facultés existantes déjà annoncées ne seront pas suffisantes pour combler la perte de médecins qui prendront leur retraite dans la prochaine décennie », évalue l’auteur.
On manque de médecins au Québec, au Canada, aux États-Unis, en Europe, en fait, partout. En effet, selon l’Association of American Medical Colleges, il manquera 124 000 médecins aux États-Unis en 2034, plus que le nombre total de médecins au Canada, ce qui causera une pression énorme sur le pays.
Les Américains viendront chercher les médecins canadiens pour remplacer les leurs, car ils sont déjà très bien formés et prêts à débuter sans nouvelles accréditations, surtout ceux de l’Ontario, de l’Alberta et de la Colombie-Britannique. Puis, le vide entraînera un effet domino sur le Québec. L’Ontario viendra piger au Québec et y chercher des médecins, comme cela s’est déjà produit.
Et le Québec, où cherchera-t-il ses médecins ? Actuellement, 24 % des médecins pratiquant au Canada (un médecin sur quatre) ont fait leur formation médicale à l’étranger. Pire, en Saskatchewan, c’est 54 %.
Selon les données de l’OCDE, le Canada compterait 2,8 médecins par tranche de 1000 habitants, en deçà de la moyenne de 3,5.
Nous avons pris un retard depuis 20 ans, pourquoi n’en formons-nous pas plus ? Et pour compliquer la situation, 25 % des étudiants en médecine songent à abandonner leurs études, qui sont finalement trop stressantes.
Le Canada compte 17 facultés de médecine, dont 4 au Québec. Bientôt, quatre nouvelles facultés verront le jour, mais aucune au Québec. Bon an, mal an, il y a 3000 places par année au Canada. Les étudiants québécois sont désavantagés, car en dehors des facultés du Québec, ils vont rarement postuler dans les autres provinces, à cause de la demande du baccalauréat universitaire et du match canadien.
Ainsi, quatre provinces ont emboîté le pas, soit l’Ontario, la Colombie-Britannique, la Nouvelle-Écosse et l’Île-du-Prince-Édouard. On verra naître des facultés de médecine à l’Université métropolitaine de Toronto, à l’Université Simon Fraser, à l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard et à l’Université du Cap-Breton. En effet, l’Université métropolitaine de Toronto ouvrira 200 places pour les étudiants en médecine à Brampton, dès septembre 2025. Cette faculté se voudra plus inclusive et tournée vers la médecine communautaire. Pour ce qui est de l’Université Simon Fraser, à Burnaby, elle accueillera jusqu’à 120 étudiants dès septembre 2026, et elle aura aussi une approche communautaire, orientée vers la médecine de famille.
Gatineau, candidat tout désigné
Si on veut garder au Québec un ratio de 25 % des facultés de médecine du Canada, il faudrait aller de l’avant et en fonder une cinquième. Je propose que l’UQAM, dont le recteur Stéphane Pallage est fort d’une expérience comme recteur de l’Université du Luxembourg, crée une faculté de médecine plus inclusive d’au moins 100 nouveaux étudiants en médecine par année, tournée vers la partie ouest de la province, qui en a bien besoin.
La dernière création d’une faculté de médecine remonte à plus de 60 ans. Sherbrooke, une ville d’alors 66 550 habitants, a reçu en 1966 ses 32 premiers étudiants, puis le Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS), ses premiers patients en 1969.
Aujourd’hui, on peut bien imaginer qu’une ville comme Gatineau, avec 300 000 habitants et 1,5 million en comptant sa région métropolitaine, pourrait voir naître une faculté de médecine, tournée vers la médecine familiale et communautaire.
L’UQAM a déjà des facultés de sciences ; les premières années d’études en médecine pourraient se dérouler à Montréal, au campus du centre-ville, et les suivantes pourraient se faire à Gatineau, dans un nouvel hôpital universitaire et dans ses autres établissements affiliés.
Les augmentations du nombre d’étudiants dans les facultés existantes déjà annoncées (660 au total) ne seront pas suffisantes pour combler la perte de médecins qui prendront leur retraite dans la prochaine décennie – 25 % des médecins ont plus de 60 ans. Alors, afin d’éviter de recruter davantage de médecins étrangers, ce qui cause une pénurie dans des pays qui en ont bien plus besoin que nous (est-ce éthique de faire cela ?), il faudra une cinquième faculté de médecine au Québec.
Cela fera au total environ 500 étudiants de plus après 5 années au Québec, ce qui sera probablement encore insuffisant, compte tenu du nombre annuel de nouveaux arrivants. Il faudra bientôt 30 000 médecins au Québec pour atteindre un ratio de 3,3 médecins par tranche de 1000 habitants. Il faut commencer dès maintenant, car cela prendra cinq ou six ans avant de voir les résultats. Le gouvernement doit avoir le courage de cette décision, qui serait sans doute bien vue par la population.