Le maire de l’arrondissement montréalais d’Anjou, Luis Miranda, envisage de briguer la mairie de Montréal avec son propre parti aux élections municipales de 2025. L’élu, qui veut mesurer ses appuis avant de se lancer, évoque la nécessité pour la Ville de resserrer ses dépenses et de se concentrer sur les services aux citoyens. S’il est favorable aux pistes cyclables, il envisage toutefois une immatriculation des vélos.
« Je suis à 75 % décidé. Ça se présente bien », indique Luis Miranda en entrevue au Devoir. « Si j’ai les appuis, je vais y aller. […] Montréal est dans le fond du baril. Il y a trop eu d’improvisation dans les huit dernières années. »
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Maire d’Anjou depuis 27 ans, Luis Miranda estime « avoir fait le tour du jardin » dans son arrondissement. Et il a bien des reproches à adresser à l’administration de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, notamment en ce qui concerne sa stratégie budgétaire et sa gestion des dépenses. « Ce n’est pas compliqué, on a augmenté de 40 % le budget de fonctionnement de Montréal en huit ans. C’est énorme, alors que normalement, on ne devrait pas l’augmenter de plus de 2 % par année », explique-t-il. « On devrait être en mesure de fonctionner avec ça. »
Une administration dirigée par Luis Miranda gèlerait le budget de la Ville à sa première année au pouvoir, soutient-il. « Il va falloir que les services s’organisent avec ce budget-là. […] Je me donne un an pour faire le ménage. C’est clair que pour moi, il faut redonner aux arrondissements. Ils ne doivent pas avoir à toujours quémander à la ville-centre. »
Répit pour les citoyens
Selon lui, les citoyens ont besoin d’un répit financier et la Ville doit concentrer ses efforts sur les services de proximité. « Il faut que les gens puissent respirer. Ce n’est pas normal que les gens ne puissent plus acheter [de propriété] à Montréal. »
Luis Miranda se dit favorable aux pistes cyclables. « Les pistes cyclables ont leur place, mais pas de la façon qu’on les fait », dit-il. « Ça fait 40 ans qu’on a des pistes cyclables à Anjou et la cohabitation se fait bien. »
En revanche, l’élu estime que les vélos devraient être immatriculés de manière à pouvoir identifier les délinquants et sévir en cas d’infraction. « Ce n’est pas pour aller chercher de l’argent, mais simplement pour qu’on sache qui est qui. »
En matière d’itinérance, il juge inacceptable que les personnes sans-abri soient confinées à la rue et que les autorités se contentent de démanteler leurs campements. Selon lui, il faut prévoir pour eux des abris chauffés et leur offrir davantage de services d’accompagnement. Montréal doit aussi peser sur l’accélérateur en matière de logements sociaux et de coopératives d’habitation, estime-t-il. « Il faut faciliter la vie des gens. »
Décision à venir
Luis Miranda envisage de créer son propre parti. Il indique avoir des appuis dans cinq arrondissements montréalais jusqu’à maintenant. « Je ne veux pas aller avec un parti des insatisfaits. Ça serait une erreur. »
Malgré ses 70 ans, l’élu assure avoir l’énergie pour se lancer et insiste sur son expérience en gestion municipale. « Je suis au bureau à 7 h tous les jours. C’est clair que c’est une autre vie, mais je suis prêt à donner ce coup-là. Je suis encore en santé. Je peux donner un autre quatre ans. »
Luis Miranda prévoit annoncer sa décision en février.
Élu maire d’Anjou en 1997, M. Miranda s’était joint à l’équipe du maire de Montréal de l’époque, Gérald Tremblay, quatre ans plus tard. Il a ensuite quitté Union Montréal (UM) en 2003, avant d’y revenir cinq ans plus tard. Après la dissolution d’UM en 2013, l’élu créé finalement son propre parti dans son arrondissement, Équipe Anjou.
En 2022, M. Miranda avait été blâmé pour ses propos tenus à l’endroit d’un adolescent de 15 ans venu poser une question au conseil d’arrondissement. Lorsque le jeune Hocine Ouendi avait fait part au maire de sa déception concernant l’interdiction de pratiquer le soccer libre sur certains terrains de l’arrondissement, Luis Miranda s’était emporté. « Je trouve ça particulier. Premièrement, moi, à 15 ans, je ne serais pas venu affronter le maire comme vous l’avez fait », avait-il déclaré. « Je ne sais pas pourquoi c’est vous. Ça aurait dû être votre père ou votre mère qui aurait dû être là. […] Si j’avais su que vous aviez 15 ans, je ne vous aurais pas parlé. »
D’autres candidatures ?
Plusieurs noms circulent comme de potentiels candidats à la mairie de Montréal, dont celui de Soraya Martinez Ferrada, l’actuelle députée fédérale d’Hochelaga et ministre du Tourisme au sein du gouvernement libéral de Justin Trudeau. Son bureau soutient toutefois que la ministre doit se concentrer sur ses fonctions de coprésidente du Comité de la campagne nationale libérale, en prévisions des élections fédérales de 2025, et qu’il s’agit là de sa principale préoccupation dans l’immédiat.
Selon nos informations, Glenn Castanheira, directeur de la Société de développement commercial (SDC) du centre-ville, a été approché par des militants des partis Projet Montréal (où il a déjà été conseiller stratégique) et Ensemble Montréal. D’autres l’ont sollicité pour l’aider à monter une équipe en tant que candidat indépendant à la mairie.
Ce représentant du milieu des affaires a confié à des proches qu’il ne ferme pas la porte à une éventuelle candidature, mais il est accaparé pour le moment par son rôle de père. Sa conjointe vient d’accoucher, et le couple a un autre enfant en bas âge, indique-t-on.