Montréal - Politique municipale

Parce qu’ils ne l’étaient pas déjà avant?

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Sous le couvert de principes qui semblent nobles, c’est une vision égocentriste du je me moi qui se révèle à travers ces politiques agaçantes qui nuisent à la qualité de vie de bien des Montréalais. Un équilibre est nécessaire et il a une longueur d’avance sur sa rivale le Denis.

C’est bizarre parce que je demeure dans Rosemont, je suis un automobiliste ( et aussi un cycliste - et un piéton évidemment) et je n’ai jamais de difficulté à circuler partout dans Montréal. Je peux faire le trajet de chez moi au centre-ville en 20 minutes n’importe quand. Certes, je ne roule presque jamais sur les autoroutes, mais les bouchons sur les voies rapides ne sont pas du ressort de la ville. Sinon, dans Rosemont, Le Plateau, le centre-ville, c’est presque toujours fluide. Qui a déjà vu un embouteillage sur l’avenue du Mont-Royal ? Même St-Denis est resté fluide depuis le REV. Les nouvelles entraves dues aux piétonisations ou aux voies réservées pour autobus sont totalement justifiées, et on apprend à vivre avec pour le bien commun.

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Même constat ici. J’ai jamais vraiment de problème à circuler en auto, sinon je ne la prendrait pas. Ces histoires de ville pas circulable, je ne la comprends vraiment pas du tout. Certaines rues comme Papineau sont plus congestionnées qu’avant, mais rien qu’on ne peut s’éviter en prenant de Lorimier ou d’Iberville à la place la plupart du temps.

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C’est quelque chose qu’on entend souvent, mais que j’ai du mal à comprendre.

Je suis parfaitement d’accord qu’un équilibre est nécessaire. L’objectif n’est pas d’éliminer la voiture, qui reste pertinente et nécessaire pour beaucoup de gens.

Mais comment la volonté d’aménager des pistes cyclables, mode de transport très accessible, silencieux, sans émissions, positif pour la santé, ainsi que d’améliorer l’espace consacré aux piétons, donc de 100% des gens puisque tout le monde est piéton, peut être considéré comme davantage «égocentrique», «je me moi» et «nuisible à la qualité de vie» que de prioriser la voiture qui, par définition, est le mode de transport le plus individualiste, et qui nuit le plus à la qualité de vie des quartiers par son bruit, sa pollution et sa surconsommation d’espace?

Et aussi, comment une poignée de pistes cyclables excessivement nécessaires et quelques piétonnisations ponctuelles et saisonnières peuvent-elles être perçues comme si «agaçantes» par rapport au tout-à-l’auto des 60 dernières années dans l’ensemble du Grand Montréal ? Il me semble que ce qui est agaçant c’est d’avoir considéré pendant si longtemps que la ville appartenait uniquement aux chars et considérer que les autres citoyens n’existaient pas, qu’ils valaient rien…

Si réellement on cherche un équilibre, alors ça va prendre des centaines d’autres pistes cyclables et de très nombreuses piétonnisations! On est encore loin de l’équilibre! Quelqu’un qui ne possède pas de voiture n’a accès qu’à une portion très restreinte de la ville.

Je serais curieux que quelqu’un me l’explique un jour…

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Moi ce n’est pas vraiment les problèmes de circulation qui posent problème, cela affecte surtout les banlieusards esclaves de leur voiture et habitant loin de tout. Non, moi le problème qui m’inquiète le plus en ce moment c’est la hausse vertigineuse du prix de l’immobilier, autant pour la location que pour la vente. C’est pourtant un dossier ou l’administration actuelle était faite sur mesure pour régler ce genre de problème mais je constate, après 3 ans et demi au pouvoir, qu’elle n’a pratiquement rien résolu. Il n’y a aucun nouveau règlement, aucun chantier majeur de construction de loyer abordable, et pourtant ce n’est pas les terrains vacants qui manquent. Que se passe-t-il avec le terrain de l’hippodrome ?

Idem pour les loyers commerciaux. Rien, ou presque !

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Je suis d’accord avec vous que c’est le plus gros enjeu en ce moment!
Et il faut trouver des solutions.

Mais c’est faux de dire que rien n’a été fait,
D’ailleurs, c’est cette semaine qu’a été adopté le Règlement pour une métropole mixte, qui sans être parfait, vise précisément à améliorer concrètement la situation.

La ville s’est également dotée d’un droit de préemption, qu’elle a déjà utilisé pour acheter un immeuble sur Hutchison dans le but d’en faire du logement social. C’est la première fois depuis près de 25 ans qu’une administration pose un geste concret pour créer du logement social, et non juste des promesses vagues.

Pour les loyers commerciaux, il y a eu une énorme commission (commission qui avait été repoussée par Tremblay et Coderre parce que ce n’était pas un enjeu assez intéressant pour eux). Cette commission propose de nombreuses solutions concrètes, dont certaines sont déjà mises en place. Mais il faut rappeler qu’une grande partie de cette problématique ne peut pas se régler au municipal, et la CAQ n’est pas intéressée par l’enjeu.

Donc oui ça n’avance pas assez vite, oui il faut en faire beaucoup plus, mais il faut rester conscient que ce type de changement est lent, et que c’est la première fois depuis longtemps qu’une administration en fait autant (et c’est surtout pas Coderre qui ferait mieux).

Pour l’hippodrome, je ne comprends pas non plus pourquoi c’est aussi lent! Il y aurait moyen d’en faire un grand projet de développement, un quartier model. Projet Montréal aurait d’ailleurs pu en profiter pour proposer un quartier vitrine de leur vision urbaine… c’est une occasion manquée.

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Et c’est quand même grâce à Coderre tout ça il faut le souligner.

Pour moi le 20/20/20 ne règlera rien. S’il était couplé à une contrepartie telle que plus de densité ça aurait été gagnant-gagnant. Les promoteurs aujourd’hui regardent de plus en plus autour des stations du REM. À l’extérieur des limites de la ville. Et nous seront perdants. C’est une loi purement électoraliste qui vise à faire croire aux gens qu’on les aide. À part si ralentir la construction de nouvelles unités est un objectif caché, ce qui m’étonnerait.

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Oui c’est effectivement le discours qu’on entend chez tous les gens contres, mais c’est basé sur quoi à part la peur? Comme tout règlement, il a été évalué pendant plusieurs années par des spécialistes de tous les domaines et ajusté de manière à atteindre le but sans nuire à quoi que ce soit. Alors qu’est-ce qui vous fait dire que tout ces gens se trompent? Sur quoi est-ce que vous vous basez?

Et là aussi on peut donner le crédit à Coderre. C’est un règlement qui part de son administration et qui a été ajusté. Qu’est-ce qui a tant changé? Pourquoi sous Coderre c’était bon et sous Plante c’est «électoraliste»?

Et en quoi ça va ralentir la construction? On parle de 2% du coût de construction. Les promoteurs font des marges de profit extrêmement élevées. Vous avez vraiment pitié de Devimco et autres pour 2%? On ne devrait pas s’assurer d’avoir des logements pour tous simplement pour s’assurer que les gros promoteurs multi millionnaires ne perdent pas 2% de profit?

Je n’arrive pas à comprendre ce qu’on peut reprocher à ce règlement. Depuis plusieurs années, on construit des minuscules condos parce que c’est ce qui est le plus payant pour le promoteur, mais ce n’est pas du tout ce dont nous avons besoin. Le prix des duplex continue à exploser de manière dramatique et exponentielle parce que ce sont des habitations idéales pour la plupart des gens, avec une grande qualité, un accès à la cours, des pièces de taille acceptable, plusieurs chambres fermées… Mais de peur que les promoteurs réduisent leur cadence de construction on accepte qu’ils construisent des projets qui ne répondent pas aux besoins réels des montréalais?

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Je n’adhère vraiment pas à cette rhétorique des méchants promoteurs vs le pauvre citoyen. C’est un discours populiste. La réalité est toute autre.
2% selon quoi ? Ce que la ville pense que chaque unité va coûter ? Parce que le coût réel est plus élevé que les évaluations de la ville, toujours. On le voit au Square Children’s où la ville veut donner moins que ce que la tour de logement social va vraiment coûter et tente de se victimiser bien évidemment.
Ensuite non, je n’ai pas pitié de Devimco, j’ai pitié des Montréalais qui se verront refiler la facture. On fait un règlement pour aider les moins nantis mais en fin de compte ça nous appauvrit collectivement selon moi.

Si des petits logements et des logements de luxe se construisent c’est parce qu’il y a une demande pour cela et selon moi c’est tant mieux parce que ça fait que ça evite que des riches compétissent avec les moins riches pour les autres logements. Je vois pas en quoi c’est mal et moi ça m’arrange. C’est la rareté de l’offre qui fait que les prix montent. Qu’on s’arrangent pour qu’il y ait plus de construction plutôt que d’adopter des règlements qui nous désavantagent. Et qu’on arrête de toujours se dire ce sont les riches contre les pauvres, les méchants promoteurs contre les montréalais. Ce n’est pas ça du tout.

Plante a augmenté les cibles et resserré les règles considérablement. Et même la le milieu communautaire n’est pas content. Il ne le sera jamais. On pourrait mettre 50% de logements sociaux, ce ne serait toujours pas assez pour eux! C’est la nature humaine. Je ne les blâme pas mais selon moi la solution elle est pas là. Si toute la CMM était prête à adopter ce genre de règlement je dirais oui ! Mais là on est en désavantage. Et avec le Covid Montréal à beaucoup perdu de son pouvoir d’attraction. Si habiter au Solar me permet de venir facilement à Montréal tout en payant moins cher mon logement et en ayant un moyen de transport plus rapide vers le centre ville que si j’habite dans n’importe quel arrondissement périphérique de Montréal pourquoi hésiterais-je ? Et c’est cette situation que je déplore. Bientôt habiter en banlieue (Brossard, Ouest de l’île) ne nécessitera plus d’avoir une voiture pour se rendre en ville. Le REM va permettre à des pôles de se multiplier. Le beurre et l’argent du beurre.

Biensûr si on occulte tout ce que j’ai énuméré, c’est un règlement parfait.

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Honnêtement, j’aimerais qu’on m’explique et qu’on me démontre cette corrélation pour le marché immobilier.

Le marché immobilier ne me parait pas dicté par le rapport simple entre l’offre et la demande comme celui du stand à limonade, pour reprendre l’exemple qu’on nous apprend au secondaire. Plusieurs facteurs semblent venir nuancer cette relation entre les deux pour ce type de marché.

Je ne suis pas économiste et ce n’est pas mon champ d’expertise, donc je suis sincère dans ma demande. J’ai d’ailleurs trouvé très intéressante la chronique de Fabien Major sur le sujet le mois dernier. Le reste de mon message en reprend d’ailleurs les chiffres et les tendances.

Tout d’abord, on sait que la clientèle des tours à condo au centre-ville n’est pas la même que celle qui s’exode en banlieue. Sans régulation comme le règlement sur la métropole mixte, le marché tend donc vers un type d’unité de dimension favorable aux investissements et qui s’adresse généralement à une clientèle au profil très limité et de passage.

À cet effet, le marché du centre-ville est particulièrement affecté par la pandémie, alors qu’on y observe une chute des ventes de 5% en 2020 et où la valeur des condos est en repli, une tendance qui échappe aux autres quartiers centraux et ceux en périphérie.

Pour le marché locatif, la SCHL observait que le taux d’inoccupations sur l’ile de Montréal avait doublé en 1 an pour atteindre 3,2%. Elle note également : Le marché s’est détendu sur l’île de Montréal. Cela s’explique en partie par la forte hausse des taux d’inoccupation dans les moyennes et grandes tours locatives du centre-ville.

Cette inoccupation au centre-ville est d’ailleurs montée à 11%

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Une corrélation directe entre l’offre et la demande aurait fait diminuer le loyer moyen, mais ce n’est pas arrivé puisqu’on note une hausse de 4,2% (en comparaison, le taux d’inflation pour 2020 est de 0,7 %), et ce même dans les quartiers centraux. Il s’agit de la plus forte hausse des loyers depuis 2003.

En fait, sans que je n’y attribue une responsabilité, il est intéressant de constater que la dernière vague de hausse des loyers correspond à la grande vague de constructions au centre-ville et en banlieue:

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La SCHL explique cette différente entre les loyers et le taux d’inoccupation :

il faut se rappeler que l’augmentation du taux d’inoccupation cette année semble concentrée dans quelques secteurs de Montréal, et plus particulièrement dans les immeubles de grande taille. Dans plusieurs autres secteurs de la RMR, ainsi que dans les immeubles de plus petite taille, des tensions sur le marché locatif sont toujours présentes.

Dans le locatif comme la vente, le marché qui vit une réelle surchauffe est donc celui de l’habitation familiale. Le profil des acheteurs actuels dans la région montréalaise est celui d’une famille qui cherche des chambres à coucher.

À cet effet, force est de constater que l’offre du centre-ville ne répond pas aux secteurs les plus en demande du marché. L’augmentation du taux d’inoccupation et la baisse des ventes ne semblent pas non plus influencer ces autres secteurs et les zones hors centre-ville.

Je comprends que nous sommes dans une période particulière qui reviendra en partie à la normal (ce qui n’est pas nécessairement assuré). Mais la pandémie permet tout de même de prendre connaissance de certaines tendances, dont la forte vulnérabilité du centre-ville au changement. C’est comme une province qui base son économie sur un seul type de marché: elle s’expose davantage au risque.


À partir de ces observations, je ne vois pas comment augmenter l’offre dominante actuelle et volatile du centre-ville répondrait aux enjeux accessibilités des propriétés des ménages types montréalais et de l’exode en banlieue.

Je crois aussi mes connaissances limitent ma compréhension d’un autre pan de du marché immobilier d’un centre-ville: celui de l’investissement, local comme étranger, qui influence grandement le marché et contribue à une certaine distorsion. Autrement dit, l’influence de l’arrivée sur le marché de capitaux étrangers.

Sur cet enjeu, les marchés torontois et vancouvérois se trouvent toujours au sommet des palmarès des grandes villes nord-américaines où il coute les plus cher pour se loger par rapport au revenu moyen, alors qu’on constate tous leur effervescence immobilière.

Comme je l’ai dit, je suis ouvert à ce qu’on me démontre la corrélation. Je crois cependant que la question est plus complexe que le simple rapport offre/demande.

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Je sais que j’ai déjà publié un mur de texte et je suis désolé d’en ajouter, mais je n’ai abordé qu’un seul aspect de la complexité du marché immobilier et des enjeux d’exode et d’abordabilité.


Les chiffres évoqués plus haut démontrent que la variation de l’offre au centre-ville a peu d’influence sur le marché à l’extérieur de celui-ci. Augmenter l’offre actuelle n’induira pas un retour en ville de la famille montréalaise ni un marché plus abordable pour celle-ci, puisqu’il ne s’agit pas de la même demande, ni de la même offre.

Sachant que le secteur du marché immobilier étant le plus en demande est celui des habitations familiales, il faut donc se questionner sur ce qui peut convaincre une famille à opter pour un multilogement dans un quartier dense vs une habitation unifamiliale en périphérie.

La densité qui saura interpeller la famille doit être bien calibré, et force est de constater que les quartiers anciens et plus denses répondent aux besoins d’une certaine part de ces familles.

L’écoquartier Angus nous donne d’ailleurs peut-être un petit indice sur cet équilibre. Les condos qu’on y offre sont majoritairement destinés à des familles et sont toutes vendues ou presque. Toutes les 120 unités de la première phase ont d’ailleurs 2 chambres et plus, et la majorité d’entre elles sont abordables selon le Programme d’appuis à d’acquisition résidentielle de la Ville de Montréal (on peut questionner l’architecture, mais pas la programmation!). Même chose pour la phase 2, sauf le volet abordable.

Il y a un cout d’opportunité à choisir un condo vs une maison, c’est indéniable. À mon avis (et c’est prouvé, mais je ne fouillerai pas dans les livres d’école), ce qui joue beaucoup dans la balance, c’est l’environnement bâti et social. Un espace urbain bien conçu permet de compenser pour les inconvénients de la densité et les prix d’achat plus élevé. En fait, la densité peut devenir un avantage, notamment pour l’accès aux services et la mobilité.

Mais comme je l’évoquais, il y a un sain équilibre à trouver, et l’offre actuelle du centre-ville n’y correspond visiblement pas.


Quant à la spéculation immobilière, les outils de zonage ont une influence importante sur la valeur marchande d’une propriété, puisque celle-ci reflète également la plus value de l’exploitation d’un immeuble (terrain + édifice).

Une règlementation contraignante misant sur le maintien du cadre bâti existant (comme le quartier ancien de Montréal) limite le potentiel de revenu lié à l’exploitation du terrain. À l’inverse, en dérèglementant un secteur, on expose les propriétés au marché spéculatif.

Un secteur dans lequel la valeur des immeubles repose principalement sur celle des terrains et leur potentiel d’exploitation (et donc de remplacement du parc immobilier existant) peut provoquer d’autres enjeux graves et historiquement démontrés notamment sur l’entretien des immeubles. De plus, un coût d’achat plus élevé d’un multiplex, par exemple, devra être absorbé d’une façon ou d’une autre, souvent au détriment de l’abordabilité de ses logements.

Bref, un élément à peut-être considéré quand on parle de dérèglementation et d’accessibilité, surtout dans un quartier déjà bâti.

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De Coderre à Plante Comment défendre Montréal ?

À Tout le monde en parle, Denis Coderre a promis d’exercer un « contrepoids » pour défendre Montréal. En laissant entendre, bien sûr, que Valérie Plante en était incapable.

Publié le 5 avril 2021 à 5h00

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Paul Journet Paul Journet
La Presse

Mais est-ce le cas ? Cela mérite une analyse…

J’ai fait une petite tournée téléphonique – auprès d’hommes et de femmes – pour comprendre ce qui les différencie.

Commençons avec une réserve sur l’objectif. La défense de Montréal passe tant par la collaboration que par la confrontation avec Québec et Ottawa.

D’ailleurs, quand François Legault est devenu premier ministre à l’automne 2018, on craignait surtout qu’il soit incapable de s’entendre avec la mairesse. Car tout semblait les opposer. Proche des milieux communautaires et de la gauche inclusive, elle défendait une vision verte pour les quartiers urbains. Alors que lui, proche des milieux d’affaires et des nationalistes, avait été élu grâce au 450 et aux régions.

C’a été nettement mieux que prévu.

Pour éviter les frictions inutiles, l’entourage de Mme Plante prévient parfois le gouvernement caquiste avant de le contredire, comme sur l’étalement urbain.

Un code a même été créé. Quand un coup bas est fait, un conseiller écrit au clan adverse en surlignant la septième et dernière condition de leur pacte : travailler en équipe.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Le dossier-clé a été le nouveau tronçon du Réseau express métropolitain (REM). Mme Plante a compris que sa ligne rose n’irait nulle part. Puisque M. Legault voulait développer l’est de Montréal, elle en a profité pour récupérer une partie de son projet.

En coulisses, elle a suggéré des ajustements, pour ensuite se rallier. Elle peine toutefois à convaincre son caucus du controversé segment en hauteur dans le centre-ville.

M. Coderre se vante de son rôle dans la phase I du REM. En fait, il était arrivé à la toute fin de ce projet développé par le gouvernement Couillard et la Caisse de dépôt et placement. À l’annonce, on s’étonnait de le voir se précipiter devant les caméras, comme si c’était son bébé.

Peu importe, se disait-on en riant. Au moins, il vend le projet.


Mme Plante, elle aussi, cède parfois aux mises en scène.

Au début de la pandémie, elle a irrité Québec en se présentant à l’aéroport de Montréal pour s’approprier l’intervention de la Santé publique auprès des voyageurs.

Dans l’ensemble, toutefois, la COVID-19 les a rapprochés. Les caquistes n’ayant presque pas d’élus dans l’île, ils avaient besoin de son administration pour comprendre ce qui s’y passait.

Voilà pourquoi la sortie de Mme Plante a surpris après le plus récent budget Girard. Elle lui a donné une note de 6,5 sur 10. Une attaque inutile, qui ne s’inscrivait pas dans une stratégie de négociation précise. La ministre responsable de la Métropole, Chantal Rouleau, a répliqué que Mme Plante mériterait une pire note.

Cela a créé un malaise. Mme Rouleau, ex-membre de l’équipe Coderre, est invisible depuis qu’elle est ministre. Qu’elle attaque soudainement son ancienne rivale au municipal, la semaine du retour officiel de M. Coderre, donnait l’impression que Québec avait choisi son camp.

« Ce n’est pas le cas », dit un proche de M. Legault.

Il insiste : « On ne va pas se mêler de la course. »


Le cas le plus révélateur de l’approche de Mme Plante est la nomination de sa commissaire au racisme, Bochra Manaï.

Mme Manaï était l’une des meneuses de la contestation de la Loi sur la laïcité de l’État. Elle a déjà dit que le Québec était devenu « une référence pour les suprémacistes du monde entier »…

Ce choix ressemblait à une provocation. Mais il relève d’un processus administratif, s’est défendue Mme Plante. Elle n’a pas voulu s’y ingérer.

M. Coderre avait laissé l’impression d’un monarque. La Ville, c’était lui. Mme Plante respecte le travail de ses fonctionnaires. Un peu trop, disent ses critiques.

Cela se sent dans d’autres dossiers économiques, où les règles tatillonnes sont suivies avec un respect masochiste. D’ailleurs, dans le milieu des affaires, beaucoup étaient heureux que Mme Rouleau rappelle que la mairesse, qui réclame toujours plus d’argent, est incapable de dépenser tout ce qu’elle reçoit. Un bon exemple : la décontamination des terrains dans l’Est qui stagne à cause de la lourdeur administrative.


Quel est le rôle du maire dans les dossiers économiques ? Pas aussi grand qu’on le croit.

Les entreprises sont attirées, en ordre, par la qualité de la main-d’œuvre (nos quatre universités), l’accès aux grands marchés (notre proximité aux métropoles nord-américaines) et les coûts (impôts et subventions).

Comparativement à Québec et à Ottawa, le maire a peu de leviers.

Mme Plante considère que son rôle consiste surtout à offrir des milieux de vie accueillants. Elle a embelli plusieurs quartiers. Si elle a nui à l’économie, cela ne paraît pas dans les chiffres. Montréal offre la deuxième stratégie d’investissement au monde, selon une publication du Financial Times. En 2019, les investissements directs ont atteint un record de 2,6 milliards de dollars. Soit 30 % de plus qu’en 2017.

Quelques obstacles inutiles demeurent néanmoins, comme les règles d’urbanisme, qui varient capricieusement d’un arrondissement à l’autre, ou l’application rigide des plans de développement.

« On le voit avec d’autres projets, déplore un intervenant exaspéré. Quand c’est oui, c’est oui à moitié, et avec un an de retard. »

Dans le milieu des affaires, on s’étonne que Mme Plante ne s’implique pas davantage dans la relance du centre-ville. Québec et Ottawa ont les coudées franches.

Sa bonne entente avec les autres gouvernements n’est donc pas qu’une qualité. D’autant que le gouvernement caquiste n’a pas le « réflexe Montréal ». Ses sièges se trouvent en banlieue et en région, et cela se sent dans plusieurs dossiers.

Mme Plante est une bonne ambassadrice pour la métropole – elle a pris la parole deux fois à l’ONU. Par contre, elle est une négociatrice moins coriace que son prédécesseur.

En politique, il faut être craint au moins un peu par ses adversaires. M. Coderre aurait sans doute mis plus de pression pour que le conflit de travail au port se règle ou pour obtenir de l’aide pour le secteur aérien.

Par contre, cette qualité de M. Coderre vient avec un côté sombre. On le compare parfois au maire de Québec, Régis Labeaume, pour sa pugnacité. « Mais M. Labeaume cherche toujours une entente gagnant-gagnant. Pour M. Coderre, une seule chose compte : lui-même. Il se fout du reste », lance une source qui a subi son style sous un précédent gouvernement.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Denis Coderre

En janvier 2017, il exagérait la menace de déménagement de l’Agence mondiale antidopage pour mieux se poser en sauveur.

L’ex-maire n’est pas réputé non plus pour son élégance. On l’oublie, mais en 2008, il avait manœuvré pour défaire Justin Trudeau dans l’investiture libérale de Papineau. L’arrivée du candidat vedette nuisait à ses plans d’avenir…

Parmi les gens à qui j’ai parlé, personne n’est convaincu qu’il a changé. Des batailles sont à prévoir s’il redevient maire. Il veut rapatrier de Québec la gestion des édifices scolaires, et d’Ottawa, celle du Vieux-Port. Difficile d’imaginer que MM. Legault et Trudeau cèderont. Pas à n’importe quel prix du moins. Or, les finances de Montréal sont déjà précaires, et le pire est à venir à cause des coûts dans les transports en commun.

Si M. Coderre a laissé de mauvais souvenirs, Mme Plante a trop compensé en essayant de corriger ses défauts.

Cela explique sûrement pourquoi beaucoup cherchent encore une troisième voie. Mais d’ici quelques semaines, le temps va finir par manquer.

Au moins, la Ville a déjà deux choix, et personne ne peut prétendre qu’ils se ressemblent.
https://www.lapresse.ca/actualites/2021-04-05/de-coderre-a-plante/comment-defendre-montreal.php

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Le rôle de la police au menu du congrès de Projet Montréal


Valérian Mazataud, Le Devoir
Deux cyclistes empruntant la piste du Réseau express vélo (REV) de la rue Saint-Denis à Montréal

Jeanne Corriveau
7 avril 2021

Accélérer le développement du réseau cyclable, revoir la politique de financement du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et désarmer les policiers qui patrouillent dans les rues de Montréal. Voilà quelques-unes des propositions qui risquent de faire débat lors du congrès de Projet Montréal qui se tiendra en fin de semaine prochaine. À cette occasion, les militants jetteront les bases de la plateforme électorale du parti de Valérie Plante en prévision du scrutin de novembre.

Le cahier des participants du congrès, dont Le Devoir a obtenu copie, compte plus d’une centaine de propositions et aborde un large éventail de thèmes, dont les services aux citoyens, l’habitation, la relance de Montréal, le développement durable, la diversité et la sécurité publique.

Une trentaine de propositions seront soumises à l’approbation des membres du congrès virtuel qui débutera samedi et qui se terminera avec une allocution de Valérie Plante dimanche. Quelque 300 participants sont attendus pour l’événement.

Le document accorde une large place à la relance de Montréal dans le contexte de la pandémie avec des propositions misant sur les atouts de la ville, dont l’accélération des projets de transport — bien que plusieurs d’entre eux ne soient pas de la responsabilité de la Ville —, le développement de nouveaux écoquartiers dans les friches industrielles de l’Est, la création d’un réseau d’espaces verts et des mesures de soutien aux entreprises locales. Parmi les idées présentées, on suggère notamment de permettre l’implantation de terrasses à longueur d’année dans certains secteurs, dont le centre-ville, et de créer de nouveaux marchés publics.

Le programme politique qui sera adopté lors du congrès donnera un avant-goût de la plateforme électorale du parti de Valérie Plante. « J’aimerais que les membres puissent reconnaître qu’il faut s’occuper des inégalités, notamment en habitation », explique Guedwig Bernier, président de Projet Montréal. « Il sera aussi question de ville à échelle humaine et de relance des différents quartiers de Montréal, dont le centre-ville. Il faut que les Montréalais sentent qu’on a à cœur leurs préoccupations et qu’ils se retrouvent dans ce programme politique. »

Plus de pistes cyclables

Fidèle à sa marque de commerce en matière de transport actif, Projet Montréal compte accélérer le développement du réseau cyclable avec la poursuite du Réseau express vélo (REV). Mais, signe que les critiques suscitées par la première phase des REV ont été entendues, on précise qu’il faudra appuyer « ces décisions sur des données probantes, dûment communiquées à la population montréalaise ». Un amendement qui pourrait être soumis aux membres avance même l’idée d’implanter une taxe kilométrique « qui favorisera l’émergence de transport collectif structurant sur le territoire de la CMM ».

On propose aussi de travailler avec Bixi pour une offre hivernale et on évoque le concept de « ville du quart d’heure », afin que les Montréalais puissent avoir accès à un ensemble de services à moins de 15 minutes à pied de leur résidence.

Certaines propositions figurant dans le cahier des participants ne sont pas nouvelles et se trouvaient déjà dans le programme électoral de Projet Montréal en 2017, dont celle de demander à Québec de modifier la composition du conseil d’arrondissement de Ville-Marie qui, à l’heure actuelle, est présidé par la mairesse de Montréal. L’imposition d’une taxe spéciale pour les investisseurs étrangers en immobilier et une tarification sociale dans les transports en commun apparaissaient aussi dans la plateforme du parti il y a quatre ans.

Repenser les services policiers

D’autres propositions font écho à l’actualité des derniers mois, avec la préoccupation grandissante à l’égard du profilage racial et de la hausse de violence par armes à feu. Le document soumis aux militants évoque la nécessité de réfléchir à la politique de financement du SPVM afin de consacrer plus de ressources aux services de proximité et aux équipes d’intervention mixtes. On mentionne aussi l’implantation rapide des caméras portatives avec la collaboration du gouvernement. Trois associations locales de Projet Montréal vont même jusqu’à remettre en question le port d’armes par les policiers. Ainsi, comme l’ont fait certains pays européens, seules les brigades spécialisées pourraient être armées, souligne-t-on.

Guedwig Bernier ignore si cette suggestion sur le désarmement de la police sera entérinée par les membres du congrès. « Ce n’est pas dans les cartons de l’administration actuellement, dit-il. Mais le rôle de la police de façon globale, tout le monde en discute. […] On ne va reculer devant aucun débat. » De même, on peut se demander si l’idée avancée par une association locale de « mettre en place un plan d’action afin d’éliminer l’itinérance d’ici 2035 » recevra l’aval des militants.

Le document s’attarde par ailleurs à la lutte contre le racisme et les discriminations en fixant des cibles de représentativité au sein des instances pour lesquelles la Ville a un droit de nomination. On évoque la possibilité d’assurer un « salaire minimum viable » de 15 $ l’heure pour les employés et les sous-traitants. Il est aussi envisagé de réviser le système d’approvisionnement de la Ville afin de favoriser les organismes « ayant des standards élevés en matière de diversité et d’accès à l’égalité en emploi ».

En matière d’habitation, outre la construction d’au moins 1500 logements sociaux par année, les instances du parti suggèrent la création d’un registre public pour les logements ayant fait l’objet de condamnations en matière d’insalubrité.

Au chapitre des espaces verts, Projet Montréal envisage d’agrandir la superficie du parc du Mont-Royal, de transformer le parc Jean-Drapeau en un « parc régional de calibre mondial » et de créer de nouveaux parcs dans l’est de l’île, dont le « grand parc de la Pointe-de-l’Île ». Un amendement soulève la possibilité de mettre en place un fonds destiné à des expropriations en zone riveraine afin de créer des parcs linéaires donnant accès aux berges.

Selon Guedwig Bernier, l’entrée en scène de Denis Coderre comme candidat à la mairie va sans doute changer la dynamique des discussions lors du congrès : « Je crois que ça aide de savoir qui est notre adversaire. Pour moi, ça ne fait que stimuler les troupes. »

Avec Zacharie Goudreault

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Quelles équipes assemblent Valérie Plante et Denis Coderre?

La mairesse de Montréal et son prédécesseur multiplient, en coulisses, les appels pour tenter d’étoffer leurs équipes en vue des élections municipales de novembre.


Les deux principaux candidats à la mairie de Montréal, Valérie Plante et Denis Coderre, tentent actuellement de convaincre des candidats.
PHOTO : RADIO-CANADA / MARTIN THIBAULT

Romain Schué
Publié à 3 h 59

Depuis plusieurs semaines, les cellulaires chauffent. Avec l’annonce du retour de Denis Coderre en politique municipale, qui était néanmoins pressenti depuis des mois, les prises de contact et tentatives de séduction ont même repris de plus belle.

D’un côté, les deux partis, Projet Montréal et Ensemble Montréal, doivent composer, à l’interne, avec la volonté de certains élus de briguer des postes plus importants, tout en cherchant à recruter de nouvelles figures.

L’équipe de Valérie Plante tient notamment à se renforcer, en recrutant des candidats d’expérience, avec des connaissances de gestion, mais aussi des personnalités permettant d’améliorer ses relations avec le milieu des affaires, qui n’a pas toujours été tendre avec la mairesse de Montréal.


Valérie Plante vise un second mandat à la tête de Montréal.
PHOTO : RADIO-CANADA / IVANOH DEMERS

Projet Montréal courtise par exemple Billy Walsh, le président de l’Association des sociétés de développement commercial (SDC) de Montréal, qui travaille actuellement avec la Ville pour mettre en place plusieurs projets de piétonnisation, sur des artères commerciales, cet été.

J’ai beaucoup d’appels en ce moment, de partout. Mais je ne suis pas arrêté sur mon avenir en politique, souligne le principal intéressé, qui pourrait être candidat dans Verdun, un arrondissement à la recherche d’un nouveau maire avec le départ annoncé de Jean-François Parenteau, qui est actuellement membre du comité exécutif.

Je me concentre sur la réalisation des projets cet été, pour la santé et la prospérité des commerçants et pour développer des milieux de vie.

**Une citation de :**Billy Walsh, président des SDC de Montréal


Billy Walsh est le directeur général de la Promenade Wellington et le président de l’Association des SDC de Montréal.
PHOTO : RADIO-CANADA / BENOÎT CHAPDELAINE

De son côté, Denis Coderre discute également avec des gens d’affaires. Pour reconquérir la mairie de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles, tombée dans les mains de Projet Montréal après le départ de Chantal Rouleau au gouvernement provincial, l’ex-maire – qui n’a pas, comme son parti, répondu aux demandes de Radio-Canada – miserait sur Christine Fréchette.

Cette dernière a travaillé au sein du gouvernement péquiste de Pauline Marois, avant de diriger la Chambre de commerce de l’Est de Montréal. Contactée par Radio-Canada, elle n’a pas nié ces informations, mais n’a pas voulu émettre de commentaires. Une réflexion est en cours, a-t-elle répondu sobrement.

D’autres proches du mouvement souverainiste ont également été sondés par Denis Coderre ou son entourage. Ancien député du Bloc québécois, membre du comité exécutif et maire de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Réal Ménard, 58 ans, garde la porte ouverte à un retour. Je ne veux pas commenter, indique-t-il, tout en se disant intéressé par l’avenir de son arrondissement.

La femme d’affaires Danièle Henkel reconnaît elle aussi avoir des conversations privées et personnelles avec Denis Coderre, qui l’avait nommée en 2015 à la tête du conseil d’administration de la Société du parc Jean-Drapeau. Se lancera-t-elle en politique municipale? Sincèrement, je n’en suis pas là. J’attends de voir, répond-elle.

Ce qui est important, c’est de redonner à Montréal ses titres de noblesse.

**Une citation de :**Danièle Henkel


Denis Coderre a annoncé fin mars son retour en politique municipale.
PHOTO : RADIO-CANADA / IVANOH DEMERS

Lutte intense à prévoir dans des arrondissements clés

L’issue du scrutin se jouera notamment dans deux arrondissements clés, Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce (CDN-NDG) et Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension (VSMPE), remportés en 2017 par Projet Montréal.

Des bisbilles internes ont néanmoins entraîné l’expulsion du caucus des deux mairesses locales qui ont fondé leur propre parti en vue de leur réélection.

Ce seront des baromètres. Ce sont deux arrondissements extrêmement importants pour les deux partis, reconnaît le président de Projet Montréal, Guedwig Bernier.

Dans Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, l’arrondissement le plus populeux de la métropole, la mairesse Sue Montgomery devrait faire face à Lionel Perez, qui vient de céder sa place de chef d’Ensemble Montréal à Denis Coderre, et à un candidat de Projet Montréal.


Lionel Perez, chef par intérim de l’Opposition officielle jusqu’au retour de Denis Coderre, devrait être candidat à la mairie de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce.
PHOTO : RADIO-CANADA

Une lutte à trois, similaire, devrait aussi avoir lieu dans Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension (VSMPE), mais la recherche de candidats d’envergure se poursuit.

La rumeur d’un retour d’Anie Samson, mairesse de 2006 à 2017, a couru dans le milieu politique municipal.

Ancienne proche de Denis Coderre, elle ne mâche pas ses mots, désormais, contre l’ancien maire de Montréal, en critiquant son attitude durant la dernière campagne électorale, qui a provoqué également la défaite de Mme Samson. Je ne suis pas rancunière, mais je n’oublie pas. On aura à régler nos comptes ensemble, soutient-elle.

Tout en reconnaissant avoir déjà jasé de ce sujet, un retour sur la scène municipale est cependant hors de question pour elle, alors qu’un rapprochement avec Projet Montréal a été évoqué en coulisses, après ses piques lancées contre Denis Coderre.

Je ne reviendrai ni avec l’un, ni avec l’autre, même si on me l’offrait sur un tapis rouge.

**Une citation de :**Anie Samson, ex-mairesse de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension


Anie Samson a été élue durant plus de 20 ans à Montréal.
PHOTO : RADIO-CANADA

Partenaire de boxe de Denis Coderre, l’ancien ministre libéral David Heurtel, désormais avocat chez Fasken, décline aussi toute proposition, après avoir déjà été sondé par Ensemble Montréal. Je n’ai aucune intention d’aller à la mairie de VSMPE ni dans aucun autre arrondissement, mentionne-t-il.

Dans un secteur voisin, Montréal-Nord, largement acquis à Denis Coderre en 2017, Projet Montréal a contacté le documentariste et militant antiraciste Will Prosper, pour tenter de battre Christine Black. Pour l’instant, je n’ai pas encore pris de décision. Mais quand je vois la situation à Montréal-Nord, avec la pandémie, ça devient frustrant et c’est tentant, spécifie-t-il.

Tensions à Rosemont

Dans le même temps, Projet Montréal doit aussi gérer ses propres luttes à l’interne dans l’un de ses bastions, Rosemont-La Petite-Patrie. En coulisses, selon nos informations, une bataille fait rage et, selon diverses sources, cette lutte serait rude et déjà intense, depuis plusieurs mois.

Conseiller depuis 2009 dans le district de Saint-Édouard, François Limoges convoite le poste de maire d’arrondissement et tente de monter sa propre équipe. Une ambition qui serait légitime et vue d’un bon œil, selon des proches de la mairesse Plante.

Mais il y a un problème : le maire actuel, François Croteau, ne compte aucunement lui céder la place et a déjà confirmé ses intentions de briguer un quatrième mandat.


François W. Croteau est le maire de l’arrondissement Rosemont–La Petite-Patrie depuis 2009.
PHOTO : RADIO-CANADA / BENOÎT CHAPDELAINE

François Limoges n’a pas souhaité répondre aux questions de Radio-Canada, mais dans une déclaration, il juge qu’un processus rigoureux est en cours pour déterminer les candidatures.

C’est le processus le plus clair et démocratique que nous avons eu depuis la fondation de Projet Montréal.

**Une citation de :**François Limoges, conseiller de Projet Montréal

Au sein des plus hautes instances du parti, a-t-on appris, cette situation agace et une issue, rapide, est souhaitée.

On a des gens qui veulent grandir. Il faut gérer tout ça, confirme le président de Projet Montréal, Guedwig Bernier. On veut aussi des personnes issues de la diversité et des personnes racisées dans des endroits où l’on a déjà gagné.

Il faut gérer les attentes et les déceptions. C’est un jeu d’équilibre à avoir. Mais l’objectif premier, c’est de faire réélire Valérie Plante et dans un deuxième temps, d’avoir des équipes fortes en arrondissement.

**Une citation de :**Guedwig Bernier, président de Projet Montréal

Le président de Projet Montréal – qui tient son congrès en fin de semaine afin de déterminer les propositions politiques avant les prochaines élections – affirme cependant qu’il n’y a pas de course à l’investiture pour un maire sortant, mais, précise-t-il, une évaluation doit être menée, pour tous les élus sortants, et une décision sera prise par le conseil de direction du parti, dans le cas notamment de la mairie de Rosemont-La Petite-Patrie.

Débat à venir sur le désarmement des agents du SPVM

La direction de Projet Montréal indique avoir une base de données d’environ 400 candidats potentiels pour l’un des 103 postes en jeu dans la métropole. Le parti a également lancé un programme, Tremplin, réservé aux minorités visibles et personnes issues de la diversité. Une vingtaine de personnes ont manifesté leur intérêt pour être candidat. Avec quelle plateforme?

Ces éléments devraient être dévoilés, petit à petit, après le congrès de Projet Montréal prévu les 10 et 11 avril. Plus d’une centaine de propositions seront étudiées. Parmi celles-ci, on retrouve notamment l’idée de revoir le financement du Service de police de la Ville de Montréal ou encore la possibilité de désarmer les policiers. La création de voies cyclables sous un REM aérien, tel qu’évoqué pour l’est de Montréal, sera aussi débattue, tout comme le développement du Réseau express vélo.

Une troisième voix?

Outre Valérie Plante et Denis Coderre, d’autres candidats s’intéressent à la mairie de Montréal. L’entrepreneur et consultant Félix-Antoine Joli-Cœur a fondé Engagement pour Montréal, après avoir dans un premier temps voulu prendre la tête d’un autre parti nouvellement créé, Ralliement pour Montréal.

Ce dernier est dirigé par l’avocat Marc-Antoine Desjardins, qui a été candidat pour Denis Coderre en 2017.


Balarama Holness a fondé le mouvement Montréal en action.
PHOTO : RADIO-CANADA / JULIE MARCEAU

L’ancien joueur des Alouettes Balarama Holness, à l’origine d’un mouvement qui a poussé Montréal à mettre en place des actions pour lutter contre le racisme systémique, laisse aussi planer le doute. J’ai parlé aux deux partis politiques à plusieurs reprises. Je n’ai pas encore pris de décision, dit-il.

Ex-conseiller de Lachine, Jean-François Cloutier vise aussi la tête de la métropole avec Équité Montréal, tout comme Gilbert Thibodeau, associé à Action Montréal, qui avait déjà tenté sa chance au précédent scrutin (0,35 % des votes).

Avec la collaboration de Thomas Gerbet

Projet Montréal prêt pour la bataille

Publié le 12 avril 2021 à 6h00
MARIO GIRARD
LA PRESSE


Ce fut un bon congrès. Un quoi, dites-vous ? Eh oui, pendant que vous vous prélassiez dans les parcs de Montréal pour profiter du beau temps, les membres de Projet Montréal tenaient leur 9e congrès annuel.

Je m’y suis intéressé de près, car, on peut très bien l’imaginer, les nombreuses propositions formulées ou amendées samedi et dimanche devraient servir de base au programme électoral que présentera le parti au cours des prochains mois.

Au fil des interventions, j’ai perçu beaucoup d’aplomb, mais aussi une grande cohérence. L’ensemble des idées forment un tout solide.

Les interventions étaient dans l’ensemble bien amenées. Il n’y a pas eu trop de tataouinage. Qu’il s’agisse d’environnement, de transport collectif, de relance commerciale, d’habitation ou de vie de quartier, les thèmes ont été abordés avec lucidité.

On sent que Projet Montréal est en accord avec son époque. On peut ne pas être d’accord avec la vision globale de ce parti, mais force est d’admettre que les idées mises de l’avant gravitent autour du bien-être des citoyens et favorisent un concept de vie urbaine à échelle humaine.

Il n’y a pas eu de grandes surprises. Projet Montréal demeure Projet Montréal. Mais comme Valérie Plante l’a précisé dans son discours inaugural, samedi matin, son parti a besoin d’un second mandat pour amener ses idées plus loin.

C’est sûr que l’on souhaite davantage de pistes cyclables (une participante a par ailleurs souligné qu’on offrait peu de place aux piétons dans le document de travail), c’est sûr que l’on veut prolonger des projets de transport collectif vers les quartiers limitrophes, c’est sûr que l’on souhaite encore plus de parcs et d’espaces verts.

L’ADN du parti est plus fort que jamais.

Si vous pensiez qu’en prévision des prochaines élections municipales, Projet Montréal allait édulcorer son programme pour rallier un plus vaste électorat, vous vous trompez. Le 9e congrès annuel du parti, qui a eu lieu en mode virtuel, a été l’occasion d’ancrer encore plus solidement les principes qui l’ont porté au pouvoir en 2017.

Un bon exemple de cela est cette proposition misant sur l’économie circulaire, en « encourageant contractuellement le recyclage des matériaux de construction dans les chantiers urbains et l’utilisation de nouvelles technologies dans la gestion des matières résiduelles ».

Un participant a proposé de changer le terme « encourageant » pour « obligeant ». « Si on ne force pas les gens à changer leur mentalité, il n’y a rien qui va se passer », a-t-il dit.

La journée de samedi s’est fort bien déroulée. Elle fut productive, malgré de nombreux petits pépins techniques (Ah, ces participants qui laissent leur petite main affichée pour rien…) et un programme trop chargé qu’on n’a pu couvrir au complet. Mais alors que la séance allait prendre fin, une participante a proposé que les sections 15 et 16, prévues dimanche, se fassent à huis clos.

Ces sections touchaient les sujets de la discrimination raciale, de l’itinérance, de la lutte contre les inégalités, des espaces publics sûrs pour les femmes et de la sécurité publique. Pour cette participante, ces sujets « sensibles » pourraient donner l’occasion aux journalistes présents d’en faire « leurs choux gras ».

Après avoir reçu deux interventions favorables à cet amendement, la présidente du congrès, Sophie Deleuil-Millette, a demandé aux militants de voter. Ceux-ci se sont dits en faveur du huis clos dans une proportion de 81 %.

C’est à ce moment que le conseiller Alex Norris a exprimé son plus total désaccord. « Projet Montréal n’a absolument rien à cacher », a-t-il dit, ulcéré. M. Norris a rappelé que son parti a toujours défendu la transparence. Pour lui, cette proposition était absolument irrecevable.

Il a été appuyé par une collègue, qui s’est dite « bouleversée » par cette suggestion. On a senti un certain malaise… La présidente, qui aurait dû donner la parole à ces deux personnes avant de procéder au vote, a ensuite demandé aux militants de voter de nouveau. Ceux-ci ont quand même maintenu cette demande de huis clos dans une proportion de 57 %.

Il est franchement étonnant de voir que les militants de Projet Montréal aient adopté un amendement si contraire à leur philosophie qui tend à défendre la liberté d’expression et la transparence.

J’ai tenté de déterminer ce qu’il pouvait y avoir de « sensible » dans les propositions qu’on a souhaité aborder loin des « observateurs externes ». À part l’article qui demande que l’on revoie « la nécessité que tous les agents portent une arme à feu », je ne vois rien d’autre.

Dans cet exercice où l’harmonie a beaucoup régné (on a souvent entendu dire « je suis contre cette proposition, mais très faiblement »), il faut maintenant voir ce qui sera retenu de tout cela et, surtout, comment on précisera la teneur de ces idées pour en faire des engagements électoraux limpides pour les citoyens.

On veut revoir les opérations de déneigement et de salage, mais ça veut dire quoi ? On veut diversifier les sources de revenus de la Ville, mais ça veut dire quoi ? On veut créer une taxe kilométrique sur le territoire de la Communauté urbaine de Montréal et obtenir du gouvernement le droit de l’appliquer à la première couronne, mais cela veut dire quoi ? On veut aider les jeunes familles à s’offrir un logement abordable, mais cela veut dire quoi ?

Il ne fait aucun doute qu’en « gardant le cap », comme l’a dit Valérie Plante au cours du week-end, Projet Montréal comble sa base électorale. Mais saura-t-il conserver ceux qui ont voulu « essayer » ce parti en 2017 ? Saura-t-il séduire la large part d’indécis ?

Normalement, le discours de clôture d’un congrès est l’occasion de résumer les décisions prises au cours de l’évènement. Mais il ne faisait aucun doute, dimanche en fin d’après-midi, que pour Projet Montréal, ce congrès constituait le lancement de la campagne électorale municipale. Avec son concept de relance de Montréal en 500 jours (lire le texte de mon collègue Philippe Teisceira-Lessard), Valérie Plante semblait être d’attaque.

Sa stratégie est simple : montrer qu’elle a une véritable vision d’avenir pour Montréal et les Montréalais.

La bataille qui va se jouer au cours des prochains mois s’annonce féroce. Préparez-vous à des discussions enflammées… dans les parcs de la métropole.

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Ça n’a pas duré longtemps

Course à la mairie de Montréal

Felix-Antoine Joli-Coeur retire sa candidature


PHOTO LA PRESSE
Felix-Antoine Joli-Coeur

Moins de deux mois après avoir annoncé sa candidature à la mairie de Montréal en prévision des élections de novembre prochain, le consultant Félix-Antoine Joli-Cœur jette l’éponge et se retire de la course.

Publié le 14 avril 2021 à 5h00
ISABELLE DUCAS
LA PRESSE

Dans une lettre envoyée à La Presse, M. Joli-Cœur évoque une erreur stratégique de sa part.

« Le plan était de déclarer publiquement mon intention, pour ensuite m’attaquer à l’organisation de la campagne. Aujourd’hui, je réalise que c’était un mauvais calcul, une séquence qui ne n’a pas permis de rassembler les conditions gagnantes. J’annonce en conséquence mon retrait de la course », écrit-il.

Félix-Antoine Joli-Cœur avait fondé le parti Ralliement pour Montréal, en janvier dernier. Moins d’un mois plus tard, le parti annonçait qu’il se séparait de son chef. M. Joli-Cœur avait alors formé un nouveau parti, Engagement pour Montréal, dans le but de recruter une équipe de candidats.

Ralliement pour Montréal est maintenant dirigé par Marc-Antoine Desjardins.

Au début de l’hiver, M. Joli-Cœur était en discussion avec trois autres professionnels dans le but de créer une alliance. Mais la déclaration publique de sa candidature a fait dérailler le projet.

Outre Projet Montréal, dirigé par la mairesse Valérie Plante, et Ensemble Montréal, dirigé de nouveau par Denis Coderre depuis la semaine dernière, quatre autres partis ont l’intention de présenter des candidats à la mairie aux élections de novembre prochain.

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