Montréal - Politique municipale

Hausse des taxes foncières

Entre 2 % et 8 %, « on va trouver un équilibre »

PHILIPPE TEISCEIRA-LESSARD
ISABELLE DUCAS

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Valérie Plante, mairesse de Montréal, en entrevue avec La Presse

Les Montréalais doivent s’attendre à une hausse de leurs taxes municipales plus importante que celles des dernières années, mais sous les 8 %, a affirmé Valérie Plante lundi.

En entrevue-bilan pour sa cinquième année de pouvoir, la mairesse a fait valoir qu’elle tente de « trouver un équilibre » en vue de son budget de la fin novembre, mais que la dépendance de la métropole aux taxes foncières est problématique.

Le sujet inquiète beaucoup de Montréalais, qui ont reçu ces dernières semaines leur évaluation municipale souvent en hausse vertigineuse.

« Moi, je ne veux pas augmenter les taxes des citoyens, ce n’est pas ça mon but dans la vie », a-t-elle dit. Objectif : « trouver une façon de respecter la capacité de payer des Montréalais — avec l’inflation et le nouveau rôle foncier —, mais aussi s’assurer que la Ville est capable d’assurer les services aux citoyens », a-t-elle dit, installée sur un canapé de son bureau. Elle a évoqué une augmentation de 8 % (soit l’inflation canadienne en juin, à son point le plus élevé) comme étant « hors de question ». Mais « on ne pourra pas geler les taxes non plus », a-t-elle ajouté, rappelant les augmentations de 2 % ou moins des dernières années.

Un an après sa réélection, Valérie Plante a affirmé que sa plus grande fierté des 12 derniers mois était justement d’avoir mis le débat sur la fiscalité municipale à l’avant-scène. « Ce modèle archaïque ne tient plus la route », a-t-elle laissé tomber, tranchante.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

La mairesse de Montréal, lors de sa réélection, le soir du 7 novembre 2021

L’une des solutions, selon Mme Plante : s’entendre avec Québec sur des transferts plus généreux et plus stables vers la métropole. Chaque année, « je quête de l’argent pour des choses que je fais », notamment pour l’itinérance, le logement et la lutte contre les changements climatiques, a-t-elle déploré. Sur le plan personnel, « c’est très difficile. C’est difficile parce que nous, on les voit, les besoins, et on les entend ». Une lueur d’espoir, tout de même : « ça va bien » avec la vice-première ministre, a assuré la mairesse.

Autre solution : trouver de nouvelles sources de revenus, notamment à travers la taxation des gestions non écologiques (écofiscalité). Un forum sur la question est prévu lundi. Mme Plante n’a pas voulu mettre de proposition sur la table avant d’avoir entendu le résultat de cet évènement.

Le pont-tunnel, antidote à l’auto ?

La congestion qui frappe la métropole plus que jamais depuis le début du chantier du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine pourrait être l’élément déclencheur pour inciter un plus grand nombre d’automobilistes à se tourner vers les transports en commun, selon la mairesse, qui s’en réjouit.

« J’espère que les travaux au pont-tunnel vont donner le goût à beaucoup de monde d’aller dans le transport collectif, a-t-elle dit. S’ils sont pris dans leur voiture pendant de longues minutes, ou même une heure ou deux, ils vont peut-être se dire qu’il est temps d’essayer le transport collectif. Le transport collectif, c’est la clé de voûte. »

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Valérie Plante, mairesse de Montréal, en entrevue avec La Presse

Vrai changement pour Montréal, fondé en 2013, confirme avoir eu des échanges avec M. Lavoie. « C’est quelqu’un avec qui j’ai beaucoup de proximité », confie la chef actuelle, Justine McIntyre. Elle reconnaît que la COVID-19 « engendre des défis de taille », mais assure que son parti « sera sur la mappe » en 2021.
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Le nombre de voitures n’arrête pas d’augmenter à Montréal, donc c’est normal que le réseau soit à saturation.

— Valérie Plante, mairesse de Montréal

En plus de faire perdre du temps aux automobilistes, les embouteillages affectent le transport de marchandises et perturbent la chaîne logistique, ce qui a des conséquences sur l’économie, a fait remarquer Mme Plante.

Même si les sociétés de transport ont mis en place des mesures pour inciter les navetteurs à opter pour les transports en commun, la mairesse s’est désolée que certains projets n’aient pas vu le jour plus tôt. Elle a notamment cité le prolongement de la ligne bleue, et un tramway dans l’axe de l’avenue Notre-Dame, qui a déjà été évoqué dans le passé.

« Si on avait eu ça, imaginez comment la situation serait différente. Les gens auraient déjà fait le transfert modal, ou encore ils auraient des options », a-t-elle affirmé. « Ces projets, en développement avec le fédéral et le gouvernement du Québec, auraient dû être faits avant. »

Pour l’avenir, elle s’est toutefois montrée optimiste devant l’avancement des projets de transport collectif. Elle souligne que les travaux pour le prolongement de la ligne bleue sont en cours, notamment la publication d’un appel d’offres pour le tunnelier, que la Ville participe à l’aménagement des stations du REM de l’Ouest, que le projet de REM de l’Est est toujours sur les rails et que sa proposition de ligne rose entre le centre-ville et Lachine est inscrite au Plan québécois des infrastructures 2022-2032.

REM au centre-ville, « dans une deuxième étape »

D’ailleurs, Mme Plante s’est félicitée du prolongement possible de l’éventuel REM de l’Est vers Rivière-des-Prairies. La Presse révélait vendredi que cette possibilité était étudiée par le groupe de travail qui a pris le relais de CDPQ Infra en mai 2022 et qui réunit le gouvernement du Québec, Montréal et la Société de transport de Montréal (STM). Des prolongements vers Laval et vers Lanaudière sont aussi étudiés.

« Je suis très heureuse que ce soit là », s’est-elle réjouie, visiblement satisfaite de son coup. « Rivière-des-Prairies, ça faisait partie de nos demandes. C’est un secteur très enclavé pour lequel il y a peu d’options [de transport en commun]. En autobus, venir de Rivière-des-Prairies au centre-ville, c’est une heure et demie. »

Lorsqu’il est question du centre-ville, toutefois, l’enthousiasme de Mme Plante s’atténue. Le « tracé de référence » actuel du REM de l’Est n’est pas connecté au cœur de Montréal, mais plutôt aux lignes bleue et verte à la hauteur du boulevard Lacordaire.

« Moi, je crois qu’il faut vraiment le considérer dans une deuxième étape », a-t-elle dit. « Un lien vers le centre-ville demeure pertinent. Maintenant, ce qu’on voulait dans un premier temps, c’est reprendre les travaux de CDPQ Infra, monter une nouvelle mouture, montrer ce à quoi ça pourrait ressembler. »


BILAN EN VRAC

Quel est votre principal regret de la dernière année ?

La sécurisation de la voie Camillien-Houde, ça ne va pas assez vite à mon goût. C’était un engagement qu’on avait pris pendant le dernier mandat. […] On travaille à faire un chemin de parc en bonne et due forme, mais on a un enjeu à cause de la configuration en haut, avec le col [de roc].

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Cyclistes sur la voie Camillien-Houde

À ce sujet, pourriez-vous revenir à une interdiction du transit automobile à travers la montagne, comme en 2018 ?

On verra.

Avez-vous voulu profiter de cette première année de mandat pour prendre des décisions impopulaires, comme le font souvent les gouvernements ?

Je n’ai jamais gouverné avec un tel calendrier. Je le comprends, mais ça s’inscrit dans une certaine façon de faire de la politique. Alors que depuis le début, nous, on est hyper-transparents.

Avez-vous décidé si ce mandat serait votre dernier ?

À ce moment-ci, je n’ai absolument pas pris de décision, mais je pense que je vais continuer. Tant et aussi longtemps que la population va dire que la mairesse, on la veut, on souhaite qu’elle soit là, je pense que je vais continuer.

Ces réponses ont été reformulées par souci de clarté et de concision.

AUGMENTATION MOYENNE DES TAXES RÉSIDENTIELLES À MONTRÉAL

  • Budget 2022 : 2 %
  • Budget 2021 : 0 %
  • Budget 2020 : 2,1 %
  • Budget 2019 : 1,7 %
  • Budget 2018 : 3,3 %

Source : Ville de Montréal

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