Centenaire de Riopelle Riopelle en Charlevoix
PHOTO MICHEL ANTOINE CASTONGUAY, FOURNIE PAR LE MUSÉE DE CHARLEVOIX
Vue de l’exposition Riopelle et art populaire au Musée de Charlevoix
Dès le 16 juin, le Musée de Charlevoix et le Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul marqueront les 100 ans de naissance de Jean Paul Riopelle. Le musée de La Malbaie présentera une exposition sur les liens de Riopelle avec l’art populaire et, à Baie-Saint-Paul, on propose Un lieu de mémoires : contextes d’existence, une expo sur le déracinement que le Musée d’art de Joliette a déployée ce printemps.
Mis à jour hier à 18h00
« Le concept de l’exposition est survenu, il y a deux ans, du Dr Jean-Luc Dupuis, qui a fait le film Les oies de Jean Paul Riopelle, explique Sylvain Gendreau, directeur général du Musée de Charlevoix. Il nous a demandé si ça nous tenterait de faire quelque chose pour marquer le centenaire de naissance de Riopelle. Ensuite, Yseult, la fille aînée de Riopelle, a souhaité faire le commissariat de l’exposition qu’elle dédie à son père. »
PHOTO ÉRIC CLÉMENT, LA PRESSE
Sans titre, 1972-1989, techniques mixtes, triptyque de 432 x 180 cm. Collection Sylvie Riopelle.
« Mon idée était de lier la collection du musée à Riopelle qui aimait beaucoup l’art populaire, dit Yseult Riopelle. Il parlait souvent du facteur Cheval, en France [un postier qui a construit pendant 33 ans, pierre par pierre, un palais idéal dans le village drômois de Hauterives]. Et il a tellement utilisé d’objets pour faire ses œuvres. Un collier de cheval, des fers à cheval, des raquettes. Il aimait les formes des objets du quotidien. »
Avec un accompagnement de sons de la nature, Riopelle et l’art populaire – Objets trouvés, détournés, volés évoque aussi cet amour de la diversité biologique qui a marqué l’œuvre de Riopelle. Son attrait pour les animaux, la chasse et la pêche, est incarné avec une vingtaine d’œuvres appartenant à des membres de la famille Riopelle (dont sa fille cadette Sylvie, morte le mois dernier) et à des collectionneurs privés, couplées à des dizaines d’objets d’art et d’artisanat du Québec et d’ailleurs.
PHOTO FOURNIE PAR LE MUSÉE
Riopelle, pêcheur à 5 ans
L’exposition débute par une section consacrée à la pêche. Avec des sculptures en bois de poissons et, dans une vitrine, des mouches de pêche de Paul Marier, ami de Riopelle et as de la pêche à la mouche. La mouche intitulée Riopelle a même été reproduite en grande dimension par l’artiste Daniel Bernier.
PHOTO ÉRIC CLÉMENT, LA PRESSE
La mouche Riopelle de Daniel Bernier
Confronté à ces objets artisanaux, on ressent une sorte de proximité. Les œuvres ont été disposées par Yseult Riopelle, assistée de Nadyne Deschênes, technicienne en muséologie, en les intégrant dans une dizaine de sections. Au centre de la salle principale de l’expo a été suspendu le canot à glace peint par Riopelle en 1990. Avec une inclinaison qui évoque la légende de la Chasse-galerie, et entouré d’oies en bois, dont une prend son envol.
PHOTO ÉRIC CLÉMENT, LA PRESSE
Au pays des ouaouarons, 1983, techniques mixtes, 317 x 323 cm. Galerie Simon Blais.
En faisant le tour des grands tableaux de Riopelle, on prend une fois de plus conscience de la formidable construction de son geste pictural, de cette accumulation de techniques qui font que son style demeure unique et inégalé. On peut apprécier ses techniques de collage, d’insertion d’éléments recyclés, juxtaposés, notamment ses bouchons de tubes de peinture pour figurer les yeux des oies, dans Au pays des ouaouarons. Et cette façon qu’il avait de cerner une forme animale en appliquant la couleur directement avec le tube.
PHOTO ÉRIC CLÉMENT, LA PRESSE
La loi c’est l’oye, 1983, lithographies rehaussées, technique mixte, 200 x 610 cm
Une zone évoque les raquettes qu’il utilisait aux pieds jeune et comme pochoir plus tard ! Une autre zone est celle des coqs, avec notamment l’installation À voleur volé de Madeleine Arbour qui, d’ailleurs, a eu 100 ans le 3 mars dernier. Des coqs que ces deux grands amis se plaisaient à voler aux croix des chemins et sur des girouettes ! Au nom du Club des voleurs de coqs ! Les gredins !
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Sur la mezzanine ont été accrochées 13 estampes de la série Cap Tourmente, des œuvres de la collection du musée. Dans le hall sont installées des sculptures. Des extraits du film Les oies de Jean Paul Riopelle sont projetés dans une salle adjacente, où l’on a reconstitué d’une certaine façon l’atelier que Riopelle avait à Cap-Tourmente. Des séances du film seront organisées les vendredis et samedis à 13 h 30 pour qu’on puisse le visionner en totalité. À noter que ce film sera présenté au Domaine Forget, à Saint-Irénée, le 18 juin à 14 h.
Quelques estampes de la série Cap Tourmente
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À voir au Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul
En parallèle, le Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul propose, du 17 juin au 5 novembre, Un lieu de mémoires : contextes d’existence, que le Musée d’art de Joliette a présentée jusqu’au 14 mai dernier. Une expo commissariée par l’Italo-Danoise Irene Campolmi et qui comprend des peintures, bronzes et collages de Riopelle ainsi que des œuvres de cinq artistes étrangers. À Baie-Saint-Paul, le déploiement d’Irene Campolmi s’accompagne de deux autres œuvres de Riopelle, des grands formats, dont une appartient à sa dernière compagne, Huguette Vachon. À noter que le musée propose en même temps Couleurs en jeu, une exposition d’œuvres de Jean McEwen, dont on célèbre aussi le centenaire de naissance cette année. « Des œuvres de Françoise Sullivan seront aussi ajoutées à l’entrée du musée », précise Gabrielle Bouchard, directrice générale et conservatrice en chef du musée. Un hommage à Françoise Sullivan puisqu’elle aussi est centenaire. Elle fête d’ailleurs ses 100 ans aujourd’hui !
Lisez la critique d’Un lieu de mémoires : contextes d’existence
Visitez le site du Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul