Il faut faire attention, ce marché de luxe bas de gamme (car oui, dans l’échelle du luxe, les commerces dont il est question ici sont au plus bas et visent les clientèles de classe moyenne qui souhaitent projeter une image de luxe, les vrais compagnies de luxe n’étant généralement pas des chaînes et étant généralement très méconnues du grand public), bref, ce marché de luxe bas de gamme vise beaucoup les gens en voyage.
C’est d’ailleurs pour ça qu’il y a souvent des magasins Hermès, Gucci, Louis Vuitton et autres dans les grands aéroports. Les gens ne sont pas portés à s’acheter un t-shirt 500$ dans leur propre ville, mais en voyage il y a une frénésie, une excitation qui pousse à ce genre de consommation. Même si les articles sont similaires partout dans le monde, les gens ont tendance à les acheter ailleurs que chez eux.
La clientèle du Ogilvy est en grande partie étrangère. Comme la clientèle des Galeries Lafayette est en grande partie étrangère, principalement asiatique, même si ces mêmes produits sont maintenant facilement disponibles dans la plupart des pays d’Asie.
Aussi, comme plusieurs ici je ne vois pas l’intérêt de cette offre, qui semble tellement absurde dans le contexte d’une crise climatique. Mais je ne peux pas nier qu’elle répond à une demande! Il ne faut pas oublier à quel point Montréal est une ville diverse. Si c’est vrai que cette offre semble anachronique pour les gens des quartiers centraux, dont plusieurs ici semblent faire partie, elle est encore d’actualité pour toute la partie ouest de l’île, principalement anglophone et très influencée par la culture américaine / canadienne d’ultra-consommation.
Au final, j’ai l’impression qu’on ne peut plus faire grand chose pour freiner ce projet. Comme je l’ai déjà dit, je risque moi-même de l’apprécier jusqu’à un certain point, je ne peux pas le nier! Ce genre d’endroit est précisément conçu pour plaire. Mais avec sa situation géographique et l’évolution naturelle de l’économie qui se trace pour les années à venir, je prédis un bon trois ans de succès, avec l’effet de nouveauté, puis un long déclin, dont le coup de grâce sera lorsqu’ils devront remplir un des nombreux locaux vacants par un commerce dont la nature nuit à l’image du centre (genre un Dollorama) et fera fuir certains des locataires importants restants, jusqu’à la fermeture complète vers 2038 après un bon quatre ans sur le respirateur artificiel avec principalement des commerces de liquidation. C’est un pattern assez courant, et ça ne serait pas le première centre commercial à avoir commis des erreurs. Il suffit de penser au DIX30 qui a environ suivi la même courbe ascension/déclin mais pour d’autres raisons. Ou le centre Les Terrasses sur Sainte-Catherine. Ou le Faubourg Sainte-Catherine.
Ou le Carrefour Décarie. Le site pourra toujours servir à autre chose! Et à part un désastre environnemental, on n’aura pas perdu grand chose.