Se déplacer en auto dans la métropole coûte nettement plus cher qu’en autobus ou encore à vélo, confirme une étude de HEC Montréal. Opter pour une monture à deux roues plutôt que la voiture pour ses courts déplacements permettrait à la société d’épargner plus de 1 milliard par année, révèle aussi le rapport.
Résumé
Étude de HEC La voiture, mode de transport le plus onéreux
PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE
Le coût social par personne d’une voiture à Montréal, sur une base annuelle, est de 15 250 $.
Se déplacer en auto dans la métropole coûte nettement plus cher qu’en autobus ou encore à vélo, confirme une étude de HEC Montréal. Opter pour une monture à deux roues plutôt que la voiture pour ses courts déplacements permettrait à la société d’épargner plus de 1 milliard par année, révèle aussi le rapport.
Publié à 1h50 Mis à jour à 5h00


Henri Ouellette-Vézina La Presse
15 250 $
IMAGE FOURNIE PAR HEC MONTRÉAL
Les coûts sociaux des transports
Il s’agit du coût social par personne d’une voiture à Montréal, sur une base annuelle, selon un rapport publié par Gabrielle Beaudin et Muriel Julien, deux étudiantes en développement durable à HEC Montréal, et leur professeur d’économie, David Benatia. La facture du transport collectif, elle, revient à 7450 $, pendant que le vélo coûte 2400 $ et la marche, 2050 $. Ces chiffres sont calculés en rapportant le coût social – soit les investissements en infrastructures – sur la surface utilisée par chaque mode, les dépenses privées y étant associées et d’autres « coûts externes », comme la congestion ou l’émission de GES.
Un coût annuel élevé
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE
Toutes proportions gardées, la marche est le moyen de transport qui coûte le moins cher à la société.
Sur une base annuelle, l’équipe de recherche calcule que les coûts du navettage automobile représentent 9,4 milliards de dollars dans la métropole. La facture du transport collectif s’établit quant à elle à 3,7 milliards, celle du vélo à 113 millions et celle de la marche à 335 millions. L’étude s’accompagne d’ailleurs d’un « calculateur » offert en ligne pour évaluer soi-même les coûts réels de ses habitudes de transport. On y indique sa distance de trajet, son mode, son arrondissement et le temps estimé, avec et sans congestion. Ainsi, pour un trajet récurrent d’à peine 10 kilomètres par jour dans Ville-Marie en voiture, pour un total de 35 minutes avec la congestion, un automobiliste coûte plus de 20 000 $ à la société.
Économiser jusqu’à 1,7 milliard
IMAGE FOURNIE PAR HEC MONTRÉAL
Le potentiel du report modal
Les chercheurs rappellent au passage que si chaque automobiliste ayant un trajet aller simple de 10 kilomètres ou moins – le plus souvent vers le travail ou l’école – prenait le vélo ou le transport collectif, des économies de l’ordre de 1,7 milliard pourraient être dégagées chaque année. Dans un scénario de report des parcours de 7 kilomètres et moins, l’économie serait tout de même de 1,2 milliard. De plus, celui-ci entraînerait une diminution de 42 % des GES, de 15 % de la congestion et de 37 % du coût associé aux accidents routiers. À 5 kilomètres et moins, la société épargnerait approximativement 840 millions annuellement.
L’auto prend plus de place
Les auteurs de l’étude estiment par ailleurs que l’auto prend plus de place à Montréal depuis la pandémie. Le rapport évalue à 50 % la part modale de la voiture dans l’île en 2023, alors qu’elle était de 45,8 % en 2018, selon les plus récentes données de l’Enquête Origine-Destination (OD). La place du transport collectif, elle, aurait reculé de 38,6 % à 30,5 % en cinq ans, pendant que le vélo a pris un peu de galon, de 3,5 % à 4,2 %. Le rapport de HEC Montréal arrive à ces estimations en se basant sur l’évolution du parc automobile, le nombre de passages annuels à la STM et les compteurs sur les pistes cyclables, mais aucune donnée officielle n’est encore disponible à ce jour.
Plus cher dans certains quartiers
PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE
Sur une base annuelle, l’équipe de recherche calcule que les coûts du navettage cycliste s’élèvent à 113 millions.
L’étude constate également que la facture pour la voiture a tendance à augmenter dans les quartiers où la valeur des bâtiments est plus élevée. Par exemple, dans le centre-ville, les dépenses associées à l’utilisation de l’automobile sont de 2,36 $ par personne-kilomètre et 0,89 $ par personne-kilomètre en transport collectif. C’est presque 50 % supérieur à la moyenne de l’agglomération. Cette tendance est aussi visible « sur Le Plateau-Mont-Royal (1,49 fois plus cher pour l’auto), […] Mont-Royal (1,67 fois plus cher pour l’auto), Outremont (1,79 fois plus cher pour l’auto), Hampstead (2,29 fois plus cher pour l’auto) et Westmount (2,35 fois plus cher pour l’auto) », affirment les auteurs.