Intelligence artificielle (IA) - Actualités

Actualités et discussion sur l’intelligence artificielle


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Actualité - Google réinvestit quatre millions $ sur trois ans au Mila, pour la recherche sur l'IA - 13 novembre 2020(message initial)

Le Mila mise sur les applications de l’intelligence artificielle qui influencent la vie de tous les jours.

Google réinvestit quatre millions $ sur trois ans au Mila, pour la recherche sur l’IA

Jessica Beauplat

La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Google renouvelle son engagement envers l’Institut québécois d’intelligence artificielle, le Mila, avec un investissement de quatre millions $ sur trois ans. Dirigé par Yoshua Bengio, l’un des pionniers de l’intelligence artificielle (IA) dans le monde, le Mila poursuivra ses recherches sur les différentes applications de l’IA, notamment dans le secteur de la santé et de la lutte contre la COVID 19.

Selon M. Bengio, «l’investissement de Google nous permettra de faire des recherches pour repousser les limites de l’intelligence artificielle».

Google avait déjà versé 4,5 millions $ sur trois ans en 2016, ce qui a permis au Mila de croître et de passer de 25 à 519 chercheurs.

Le directeur de Google IA à Montréal, Hugo Larochelle, résume en deux mots la raison de cet appui au Mila : Yoshua Bengio. Partout au monde, de grandes avancées dans le domaine de l’IA découlent directement des travaux du professeur de l’Université de Montréal et directeur du MILA, explique-t-il.

«Il s’est lancé dans la production d’un écosystème, pour créer un environnement de première classe, pour soutenir la formation de la prochaine génération de chercheurs et ses efforts portent fruit», selon M. Larochelle.

L’IA pour combattre la COVID-19

Le Mila mise sur les applications de l’IA qui influencent la vie de tous les jours. L’équipe du Mila travaille actuellement sur LambdaZéro, un algorithme qui aidera les scientifiques à trouver les molécules les plus efficaces pour fabriquer de nouveaux médicaments. Ce système permettra de prédire quelles combinaisons auront le plus de chances de fonctionner.

Pour le moment, le processus pour trouver un bon remède prend en moyenne dix ans, puisqu’il existe une si grande quantité de molécules que les combinaisons possibles sont quasi infinies. Les scientifiques sous la gouverne de M. Bengio veulent développer un outil qui prédira la bonne combinaison beaucoup plus rapidement.

En janvier, grâce au projet LambdaZéro, ils entameront d’ailleurs des tests pour identifier un nouveau médicament capable de combattre la COVID-19.

Investir pour l’avenir

Montréal poursuit son marathon pour conserver sa place dans le peloton de tête de l’écosystème mondial de l’intelligence artificielle (IA) grâce à différents investissements du secteur privé, mais également grâce au soutien financier des gouvernements provincial et fédéral.

Dans le cadre de la Stratégie pancanadienne en matière d’intelligence artificielle lancée en 2017 par le gouvernement fédéral, 125 millions $ ont été octroyés à différents groupes de recherche. La directrice de la Stratégie, Elissa Strome, estime que 30 % de cette somme a été versée au Mila.

Ces investissements sont nécessaires, non seulement pour attirer des étudiants et chercheurs de talents, mais également les garder au pays. La compétition dans ce secteur est très forte, rappelle-t-elle, d’où le besoin de créer un environnement favorable au développement de l’IA pour encourager la relève.

En trois ans à peine, Mme Strome a vu le visage de l’industrie se transformer. Elle a noté une augmentation de 50 % de l’investissement étranger en IA au Canada.

C’est un secteur novateur qui met au point une variété d’applications intelligentes qui peuvent permettre de réduire les coûts du système de santé avec des outils qui gèrent l’horaire des patients, des employés ou des salles d’opération, donne-t-elle en exemple.

Ce reportage a été préparé dans le cadre du programme de Bourses Facebook et La Presse Canadienne pour les nouvelles.

Google réinvestit quatre millions $ sur trois ans au Mila, pour la recherche sur l'IA

Element AI acquise par une firme californienne


PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE | Depuis 2019, Element AI offre à ses clients différentes applications qui peuvent être combinées, à la manière de blocs Lego. On a annoncé ce lundi son acquisition par une firme californienne de logiciels, ServiceNow.

Un des fleurons montréalais de l’intelligence artificielle, Element AI, cofondée en 2016 par Yoshua Bengio, a été acquis par une firme californienne de logiciels, ServiceNow.

Publié le 30 novembre 2020 à 9h31 | KARIM BENESSAIEH | LA PRESSE

La transaction, d’un montant qui n’a pas été confirmé, devrait être bouclée « au début de 2021 », selon un communiqué publié ce lundi matin. En 2019, Element AI avait réussi à recueillir plus de 200 millions de dollars avec l’appui de nouveaux investisseurs, dont la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) et le gouvernement du Québec. Selon une estimation du site spécialisé TechCrunch, cette collecte de fonds donnait une valeur entre 800 et 930 millions à la firme montréalaise.

À l’époque, cette annonce survenait alors que plusieurs reportages dans les médias avaient soulevé des doutes sur la gestion de l’entreprise, qui compte un demi-millier d’employés, mais n’aurait eu que des revenus de 10 millions en 2018, selon le Globe and Mail.

Depuis 2019, Element AI offre à ses clients différentes applications qui peuvent être combinées, à la manière de blocs Lego. On vise dans un premier temps les entreprises de taille moyenne, entre 500 et 5000 employés, surtout dans les secteurs de la cybersécurité, de l’assurance et de l’analyse d’entreprises. Conçues à partir de la quarantaine de projets auxquels a participé Element AI, notamment en Corée du Sud, ces applications utilisent l’apprentissage profond pour automatiser des tâches.

ServiceNow a annoncé dans le communiqué que l’acquisition d’Element AI lui permettra d’établir « un nouveau carrefour de l’IA au Canada afin d’accélérer le développement d’innovations axées sur le client destinées à la plateforme Now ».

Selon TechCrunch, cette acquisition, la quatrième de ServiceNow en 2020, serait la plus importante jamais effectuée par l’entreprise dont la valeur boursière est de 103 milliards US. Une porte-parole a confirmé au site spécialisé qu’on retiendrait les services de la quasi-totalité des employés actuels d’Element AI, incluant le PDG Jean-François Gagné et Yoshua Bengio, qui deviendrait conseiller technique.

Paradoxalement, M. Gagné est intervenu à plusieurs reprises sur la place publique pour dénoncer le fait que l’arrivée de nombreuses entreprises américaines à Montréal dans le secteur de l’intelligence artificielle, notamment Google et Facebook, menait à l’exportation de de la propriété intellectuelle locale.

Fondée en 2004, l’entreprise californienne a fait sa marque dans la «transformation numérique» qu’elle propose à ses clientes, «notamment ses solutions de gestion des technologies de l’information, du service à la clientèle et des ressources humaines», explique-t-on dans le communiqué.

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Selon la Caisse de dépôt, c’est une bonne nouvelle

Une bonne nouvelle, selon la Caisse de dépôt

Bien que le fait de voir passer une étoile montante de la technologie québécoise à des intérêts étrangers peut faire sourciller, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), qui détient une participation évaluée entre 30 et 50 millions de dollars dans Element AI, estime qu’il s’agit plutôt d’une bonne nouvelle pour le pôle technologique de Montréal en intelligence artificielle.

On a agi dans l’intérêt de nos déposants. On a accompagné Element AI de façon intensive ces dernières années, a expliqué Maxime Chagnon, porte-parole de la CDPQ au micro de Radio-Canada.

La seule issue [pour Element AI] était de trouver un partenaire stratégique qui allait lui permettre de poursuivre ses activités. Ça va renforcer Element AI dans sa croissance, a poursuivi M. Chagnon, qui assure qu’il y a eu un rendement pour les actionnaires dans cette transaction.

Rappelons qu’Element AI a récolté par le passé près de 340 millions de dollars lors de deux rondes de financement (en 2017 et 2019) à laquelle ont contribué la CDPQ, le gouvernement du Québec, BDC Capital, RealVentures et McKinsey & Company, pour n’en nommer que quelques-uns.

L’IA toujours en croissance à Montréal

PHOTO ALAIN ROBERGE

Valérie Pisano, PDG du Mila

L’annonce de la vente, la semaine dernière, d’Element AI à la firme américaine ServiceNow et la décision qu’a prise à l’été le gouvernement fédéral de ne pas utiliser l’application de traçage de la COVID-19 conçue par le Mila, l’Institut québécois de l’intelligence artificielle, ont jeté de l’ombre sur l’expertise mondiale de pointe que Montréal a développée dans le domaine de l’intelligence artificielle. Valérie Pisano, PDG du Mila, fait le point sur l’état de la situation et défend les avancées faites par l’IA à Montréal au cours des deux dernières années.

Publié le 9 décembre 2020 à 6h23

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Jean-Philippe Décarie Jean-Philippe Décarie
La Presse

Element AI n’était peut-être pas un fleuron québécois, mais elle était quand même une entreprise phare de l’intelligence artificielle montréalaise avec son cofondateur Yoshua Bengio, qui est également fondateur et directeur scientifique du Mila. Est-ce que la vente de cette entreprise va entacher la crédibilité de la grappe de l’IA à Montréal ?

Je ne pense pas. Cette transaction avec une grande entreprise opérante comme SerivceNow vient plutôt valider la pertinence d’avoir créé un hub de l’intelligence artificielle à Montréal. Cette transaction confirme l’importance de l’écosystème montréalais et des talents qui y travaillent.

Mais l’échec commercial d’Element AI qui a entraîné sa vente ne vient-il pas porter ombrage à notre capacité de développer nous-mêmes des entreprises rentables dans le domaine de l’intelligence artificielle ?

C’est certain qu’Element AI a pu connaître des enjeux de commercialisation, mais l’entreprise a aussi réussi à développer des solutions innovantes dans le domaine de l’IA, et c’est pourquoi une entreprise du secteur s’y est intéressée. L’entreprise va poursuivre son développement à Montréal avec du nouveau capital et un nouveau partenaire, ce n’est pas la première start-up à qui cela arrive.

Mais cette transaction ne doit pas nous faire oublier qu’on a plusieurs autres entreprises en IA qui continuent de se développer fort bien à Montréal et au Québec, comme Coveo, Imagia, StradigiAI, Lightspeed, Upper…

Le Mila a développé au printemps dernier une application pour lutter contre la COVID-19 qui n’a pas été retenue par le gouvernement fédéral. Est-ce que vous avez considéré ce refus comme un échec ?

Pas du tout. Les chercheurs du Mila ont développé un outil de prédiction du risque dont les algorithmes permettaient de prévenir l’exposition à la maladie. On a conçu un modèle épidémiologique unique qui a donné lieu à la publication de deux études scientifiques. On va bientôt publier les deux codes de simulation qu’on a développés.

Le problème, c’est qu’on devait envoyer toutes les données recueillies sur un serveur central, et certains ont émis des craintes au sujet de la protection des données personnelles des utilisateurs même si on ne prélevait aucune donnée du type nom ou adresse IP. Bref, le gouvernement a préféré l’application de Shopify qui n’utilise pas l’intelligence artificielle.

Cela dit, l’Institut québécois de l’intelligence artificielle, le Mila, a été créé pour attirer et garder à Montréal le plus de compétences possible en matière d’IA, et vous êtes opérationnels depuis deux ans maintenant. Quel bilan faites-vous de ces deux dernières années ?

On a débuté avec une vingtaine de professeurs associés à HEC Montréal, à l’Université de Montréal, à McGill et à Polytechnique et quelque 200 étudiants. On compte maintenant plus de 50 professeurs-chercheurs et plus de 600 chercheurs-étudiants.

Nos quatre universités recrutent des professeurs-chercheurs en IA et le Mila finance des chaires de recherche dans leurs domaines respectifs. On a entrepris nos activités avec des chercheurs-étudiants – maîtrise, doctorat et postdoctorat – qui venaient principalement d’ici, mais maintenant, la moitié de nos étudiants proviennent de partout dans le monde, dont principalement de l’Inde, de la Chine, de la France et des États-Unis.

Est-ce qu’il y a des secteurs d’activité où l’expertise du Mila est plus sollicitée que d’autres ?

Nos chercheurs sont actifs dans tous les secteurs d’activité. Dans le domaine de la santé, par exemple, on a des équipes qui développent des algorithmes pour accélérer la production de molécules. Plusieurs grandes sociétés se sont aussi associées au Mila pour avoir accès à nos talents, comme la société Novartis ou Roche, qui a récemment ouvert un laboratoire de recherche en IA à Montréal et qui collabore avec nous. On est un épicentre de la recherche scientifique et nos travaux se font en mode ouvert.

Est-ce que vous croyez que le Mila a permis de renforcer la position de Montréal comme pôle important de l’IA dans le monde ?

Le gouvernement fédéral a commandé une étude à Accenture pour mesurer l’impact de la création des trois laboratoires canadiens en IA, et ce rapport nous a appris il y a trois semaines que l’Université de Montréal se classait aujourd’hui au premier rang mondial pour la recherche en IA.

Un autre rapport de Montréal International a démontré que Montréal se classait au premier rang des villes nord-américaines pour investir en IA et que les investissements directs en technologies ont augmenté de 50 % entre 2017 et 2019.

Vous avez aussi le mandat de rendre plus accessible l’intelligence artificielle aux entreprises d’ici. Comment gérez-vous ce volet de votre mission ?

C’est une part importante de nos activités. Il y a beaucoup d’appétit chez nos entreprises pour l’IA, mais il y a aussi un déficit numérique à combler dans de nombreuses sociétés.

On a tout de même plus de 50 entreprises partenaires comme Hydro-Québec, avec qui on développe des algorithmes qui vont permettre de prédire la radiance solaire afin de mieux gérer l’ensemble du réseau.

Ces grandes entreprises, comme le CN, font affaire avec notre équipe de chercheurs appliqués qui ont une dizaine de projets en cours.

On a aussi un partenariat avec la Caisse de dépôt, qui a accès à nos ressources technologiques et qui est installée sur place avec une vingtaine de start-up dans lesquelles elle a investi. On a aussi une équipe de chercheurs qui encadrent nos propres start-up, celles qu’ont mises sur pied nos chercheurs-étudiants.

Comment entrevoyez-vous l’avenir du Mila et de l’IA à Montréal ?

On est nous-mêmes une start-up. On s’est installés rapidement, il y a deux ans, on est dans l’opérationnalisation, et là, on veut accélérer notre rayonnement. On a la responsabilité de participer à la discussion publique pour mieux faire comprendre comment l’intelligence artificielle s’intègre à la vie et on doit aussi rendre plus fluides les avancées de l’IA pour nos entreprises.https://www.lapresse.ca/affaires/2020-12-09/grande-entrevue-valerie-pisano-pdg-du-mila/l-ia-toujours-en-croissance-a-montreal.php

Texte sur le 6600, rue Saint-Urbain de Canderel

Technologies numériques Boulons, neurones et électrons

PHOTO SÉBASTIEN ARBOUR, FOURNIE PAR INFASCO

Le traitement thermique des boulons, après leur usinage

L’intelligence artificielle catalyse le potentiel de la fabrication manufacturière avancée. Mais qu’elle soit artificielle ou humaine, l’intelligence doit être ordonnée. Témoignages.

Publié le 11 janvier 2021 à 6h00

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Marc Tison Marc Tison
La Presse

L’humble boulon. Le rivet excepté, il est difficile d’imaginer dans la civilisation industrielle une pièce plus élémentaire. À l’heure de la mondialisation, c’est pourtant ce que fabrique Infasco à Marieville, en Montérégie.

« On dit qu’on fait des boulons à valeur ajoutée, mais c’est un produit de nécessité », indique Luc Lessard, vice-président et directeur général d’Ifastgroupe, pour souligner l’exploit d’une production locale plutôt qu’asiatique. « On est super fiers. »

PHOTO FOURNIE PAR INFASCO

Luc Lessard est vice-président et directeur général d’Ifastgroupe, dont fait partie Infasco.

Cette fabrication montérégienne se poursuit depuis plus de 60 ans. L’entreprise, qui emploie quelque 400 personnes, est la propriété du groupe américain Heico, mais les décisions sont prises à Marieville, assure le vice-président.

Infasco fabrique 65 000 produits différents.

Ils sont distribués par l’entremise de sept entrepôts répartis en Amérique du Nord, et sont souvent destinés à la fabrication de véhicules lourds ou de machinerie agricole.

Dans la vaste usine de 75 000 m2, les bassins et les machines-outils automatiques s’alignent pour traiter le fil d’acier en rouleau, le redresser, le couper, le matricer et le fileter afin de former des vis et des écrous à un rythme de mitrailleuse lourde.

PHOTO FOURNIE PAR INFASCO

Une des chaînes de production automatisée de l’usine Infasco, à Marieville.

Une cinquantaine de presses peuvent chacune frapper jusqu’à 300 vis à la minute.

« On a une capacité de 1 million de livres de boulons par jour », informe Luc Lessard. Ou 500 tonnes, si on préfère.

À la suite de la crise de 2008, toutes les presses ont été connectées à l’informatique, souligne-t-il. « Avec Hugues, on est dans la prochaine vague. »

L’intervention

Il parle d’Hugues Foltz, copropriétaire et vice-président de Vooban, firme de Québec spécialisée dans le développement de logiciels sur mesure qui s’appuient sur l’intelligence artificielle et l’internet des objets.

« C’est moi qui ai approché Vooban, explique Luc Lessard. Hugues faisait une prestation à laquelle je m’étais inscrit, et je suis allé lui parler. »

Il avait de bonnes raisons d’entamer la conversation : l’automatisation de son usine atteignait ses limites.

« On ne peut pas continuer à investir dans de nouveaux équipements sans passer par l’optimisation de notre équipement actuel », fait-il valoir.

La multiplication des produits, la complexité croissante des boulons et les exigences du juste-à-temps imposaient l’ajout d’un cerveau numérique aux procédés déjà automatisés.

L’objectif, dit-il, est de « prendre des décisions sur l’information plutôt que sur le feeling ».

Le problème n’est pas tant l’émotivité des boulons que leur variété.

Les 65 000 produits d’Infasco ont des caractéristiques de marché, une saisonnalité et un rythme de production qui divergent largement.

De surcroît, ils se déclinent en 350 000 unités de gestion des stocks (ou SKU).

PHOTO FOURNIE PAR INFASCO

Le rouleau de fil d’acier est plongé dans plusieurs bassins pour le nettoyer et le protéger.

L’entreprise ne peut maintenir un stock complet et chaque fois qu’un de ses innombrables produits est mis en production pour répondre à une commande, aussi petite la série soit-elle, il faut interrompre la chaîne, nettoyer la machinerie, voire réajuster les appareils. Bref, une coûteuse perte de temps.

Avec une meilleure planification, l’entreprise pourrait optimiser les séries et minimiser ces mises en route.

Les décisions de production seront mieux étayées « si on comprend bien le comportement de nos produits », commente Luc Lessard.

Vooban a commencé son intervention en mai 2020.

« Dans 10 mois, on va avoir terminé le développement de la première couche, qui va couvrir l’ensemble des activités de l’entreprise », précise Hugues Foltz.

« C’est une couche qui ressemble à un MES, mais intelligent », ajoute-t-il.

Ah, les acronymes spécialisés !

Un manufacturing execution system (MES), ou système d’exécution de la fabrication, est un système informatisé qui assure le pilotage et le suivi, en temps réel, des diverses étapes de la production, ainsi que nous l’apprend l’Office québécois de la langue française.

Dans une de ses premières interventions, Vooban a installé un entrepôt de données – (data warehouse, dans le jargon), c’est-à-dire un système de stockage de l’information stratégique, organisé et facile d’accès.

L’entrepôt de données devient la pierre angulaire de l’intelligence artificielle pour optimiser les décisions de l’entreprise.

Hugues Foltz

Parcourant cet entrepôt soigneusement structuré, des algorithmes recueillent et analysent les données pertinentes, envoient des signaux et prennent des décisions.

Mieux, ils apprennent.

« C’est à force de réentraîner l’algorithme et d’ajouter des variables qu’on va atteindre le niveau de productivité voulu », ajoute-t-il.

À terme, Infasco veut réduire les délais de livraison, atteindre une efficacité de 96 % dans la gestion du juste-à-temps et obtenir dans l’ensemble des gains de productivité de l’ordre de 20 %.

Investir dans l’éducation

L’investissement est important, mais c’est sa nature qui le rend particulièrement délicat. « On est habitués à investir dans le dur, dans des presses, explique Luc Lessard. Mais l’intelligence artificielle, l’entraînement des algorithmes, c’est beaucoup d’inconnus. C’est cet inconnu qui est plutôt malaisant. »

Il a fait ce pas, malgré tout. Pourquoi ?

« Je crois que l’intelligence artificielle peut nous amener beaucoup plus loin, répond-il. Je suis convaincu qu’on va vouloir investir plus à mesure qu’on va voir les gains que ça va nous apporter. »

À l’appui des algorithmes qui apprennent, on pourrait citer le populaire adage : si vous trouvez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance.

« C’est un bel exemple : une entreprise aussi traditionnelle qui a compris l’importance de prendre le virage de l’intelligence artificielle, commente Hugues Foltz. Je lui lève mon chapeau ! »

Transformation numérique

Intelligence artificielle : l’automatisation qui apprend

Il en va de l’intelligence artificielle (IA) comme des petites cellules grises d’Hercule Poirot : il faut de l’ordre et de la méthode.

« C’est malheureux, mais on a vu ça dans plein d’entreprises, s’exclame Hugues Foltz, copropriétaire et vice-président de la firme Vooban. Il fallait acheter un robot, mais finalement, à l’endroit où il a été mis, il a créé un goulot supplémentaire, parce que le reste de l’usine n’était pas prêt à fournir le robot en question. »

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Hugues Foltz est copropriétaire et vice-président de la firme Vooban, située à Québec.

« C’est pour ça que dans un plan de transformation numérique, il y a une grande importance à faire les choses dans le bon ordre, à ne pas tomber dans ce trip technologique, qui inclut l’intelligence artificielle. »

Située à Québec, Vooban se spécialise dans le développement de logiciels sur mesure, « et par la force des choses, dans l’intégration des technologies, telle que l’intelligence artificielle et tout ce qui s’y associe ».

L’entreprise compte une soixantaine de spécialistes.

« Souvent, on se fait appeler et on se fait dire : on veut faire de l’AI. D’accord, mais pourquoi ?

« Les principes d’affaires et surtout la façon dont on déploie la transformation numérique dans une organisation sont quelque chose de très méthodique, qui doit être bien campé. On doit asseoir une série de données, d’informations et de décisions pour pouvoir dire qu’on a un roulement solide. »

La séduction d’une belle machine

Les entrepreneurs sont souvent séduits par le charme technologique d’une belle machine. Mais loin de se taire, la belle doit communiquer.

« Ce que nos entreprises n’ont pas toujours réalisé, je pense, c’est que cette machine doit fonctionner avec des données de qualité, en dessous, pour atteindre son plein potentiel. Il faut qu’elle soit connectée avec les autres machines, il faut qu’elle soit interfacée. »

C’est alors que l’entreprise peut récolter les pleins bénéfices de l’automatisation.

Il donne en exemple le cas de Patates Dolbec, où Vooban a contribué à améliorer la détection des défauts rédhibitoires sur les pommes de terre.

Les trieurs optiques avec intervention humaine avaient un taux de fiabilité de 30 %. « Aujourd’hui, avec un algorithme qu’on a entraîné, on a dépassé les 85 % et on devrait franchir les 90 % sous peu. On a battu l’humain ! », s’exclame-t-il.

Quand on fait les choses dans le bon ordre et qu’on déploie les technologies au bon moment, ce sont des résultats qui sont souvent surprenants pour beaucoup d’organisations.

Hugues Foltz

Les mots-clés sont prononcés : bon ordre et bon moment.

Ordre et méthode

« Il y a plusieurs étapes dans la transformation numérique d’une entreprise, et la première est toujours la même : c’est de bien maîtriser les données de son organisation. »

Au Québec, cette première étape est souvent négligée par les organisations, déplore M. Foltz.

« C’est vraiment une compréhension de l’ensemble de l’organisation qui est nécessaire pour dire qu’on a un plan de transformation numérique qui est adéquat et adapté à l’entreprise. Il n’y a pas de copier-coller possible. »

Une couche d’intelligence

Sur ces solides fondations sera appliquée ce qu’il appelle une couche d’intelligence artificielle, sous la forme d’un système d’exécution de la fabrication dopé aux algorithmes.

« C’est une couche qu’on vient asseoir sur les autres systèmes de l’organisation et qui, littéralement, remplace des gens qui, aujourd’hui, avec leur expérience et leur bagage, prennent toutes ces décisions, font ces interprétations des données. On leur dit : vous avez assez couru, partagez avec nous pourquoi vous prenez telle décision dans telle situation, et on entraîne un algorithme à prendre ces décisions-là à leur place. »

Résultat : « Ça devient des entreprises qui gagnent en productivité de façon assez incroyable. »

En continu

Les technologies évoluent à une telle vitesse que l’entreprise ne peut demeurer statique : l’innovation et la transformation numérique doivent être perpétuellement en mouvement.

« Peu importe à quelle hauteur les entreprises sont prêtes à investir, il faut investir en continu, recommande Hugues Foltz. Il ne faut pas voir la transformation numérique comme un one shot*.* Exactement comme on investit 1 % de notre masse salariale en formation, on devra investir un montant, un pourcentage fixe, année après année. »

Il lance un dernier message : les entreprises doivent se lancer dès maintenant. « Il faut arrêter d’attendre, conclut-il. Nos entreprises n’ont plus le luxe de dire : on va le faire l’année prochaine. »

Transformation numérique

Prophètes à l’étranger

PHOTO FOURNIE PAR PCI AUTOMATISATION INDUSTRIELLE

Une chaîne automatisée d’embouteillage d’eau de source sur laquelle est intervenue la firme de consultants PCI Automatisation industrielle en Floride.

C’est presque automatique : les spécialistes québécois en automatisation doivent garnir leur carnet de commandes à l’étranger.

« C’est peut-être une information mal partagée au Québec, mais l’offre d’automatisation au Québec est exceptionnelle, si bien que souvent, la majorité de nos volumes d’affaires sont exportés », constate Christian Perrier, président du conseil du Regroupement des entreprises en automatisation industrielle (REAI). « Ça donne une idée comment on est méconnus ici. »

Le REAI réunit une centaine d’acteurs de l’industrie de la fabrication avancée – équipements et outils, logiciels et services spécialisés.

L’organisme a pour objectif de promouvoir l’automatisation québécoise et de « stimuler la collaboration entre les différents joueurs de l’automatisation ».

Christian Perrier est par ailleurs président de la firme de consultants PCI Automatisation industrielle, qui réalise elle aussi une part importante de son chiffre d’affaires à l’étranger.

« On vend de l’intégration, de la programmation, de la conception, décrit-il. Notre croissance à l’international s’est faite beaucoup avec des partenaires qu’on avait ici, qui étaient satisfaits de notre travail et qui préfèrent continuer de travailler avec nous. »

On est là !

Selon une étude réalisée en 2019 pour le REAI, 79 % des 680 entreprises québécoises qui offrent des machines, des logiciels et des services pour la fabrication de pointe exportent leurs équipements ou leur expertise.

« Chez bien des intégrateurs, des boîtes d’automatisation ou des équipementiers, la majorité du chiffre d’affaires est à l’international », insiste Christian Perrier.

« Ce n’est pas nécessairement mauvais en soi, mais lorsqu’un manufacturier québécois recherche de l’équipement, sa première réaction est d’aller voir à l’étranger. Il fait peut-être fausse route. On a vraiment de très grandes qualités au Québec. »

Il explique ce réflexe par un manque de communication entre les manufacturiers et les fournisseurs et consultants en automatisation.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Christian Perrier est président de la firme de consultants PCI Automatisation industrielle et président du conseil du Regroupement des entreprises en automatisation industrielle (REAI).

On veut que les gens sachent que l’offre locale est présente, qu’elle est forte, bonne, disponible, et qu’on préfère travailler au Québec plutôt qu’aller à l’international.

Christian Perrier, président de la firme de consultants PCI Automatisation industrielle

En d’autres mots, l’offre et la demande locales ne se satisfont pas.

« C’est comme si les robots étrangers et les robots québécois se croisaient à la frontière », évoque Pascal Monette, président-directeur général de l’Association pour le développement de la recherche et de l’innovation du Québec (ADRIQ).

« Dans toutes les initiatives pour aider nos transformateurs, là où ça devient intéressant, c’est de faire valoir qu’il y a des équipementiers québécois qui offrent des solutions, des intégrateurs qui peuvent aider les entreprises. Oui, il y a des fois où tu es obligé de prendre un robot de l’étranger parce qu’il n’est pas fabriqué ici pour un besoin précis, mais je pense qu’il faut vraiment miser sur ce secteur-là pour l’aider à se développer. »

La transformation numérique – expression qu’il préfère à industrie 4.0 « parce que c’est trop difficile à expliquer » – peut bénéficier aux manufacturiers.

« Mais si en plus ça se fait avec un écosystème d’entreprises québécoises, on est doublement gagnants. »

La fabrication avancée en chiffres au Québec

Plus de 680 entreprises
Plus de 44 000 emplois 5,2 milliards en PIB
43 % sont des MGE (moyennes et grandes entreprises, plus de 100 employés)
46 % sont des PE (petites entreprises, de 11 à 100 employés)
11 % sont des TPE (très petites entreprises, de 1 à 10 employés)
80 % des entreprises sont en mode croissance
Source : Portrait 2019, La fabrication de pointe au Québec, REAI

La fabrication de pointe québécoise s’exporte

79 % des entreprises du secteur exportent

  • 100 % des MGE
  • 83 % des PE
  • 54 % des TPE

30 % se concentrent davantage sur l’exportation que sur le marché local

Source : Portrait 2019, La fabrication de pointe au Québec, REAI
https://www.lapresse.ca/affaires/2021-01-11/technologies-numeriques/boulons-neurones-et-electrons.php

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L’intelligence artificielle connaît une forte croissance à Montréal

L’indice Tortoise classe le Canada au quatrième rang mondial en matière d’intelligence artificielle, derrière les États-Unis, la Chine et le Royaume-Uni.

« Les avancées récentes permettent de voir l’intelligence artificielle comme un vecteur de solutions à des enjeux globaux et collectifs, comme la santé et l’environnement », selon le fondateur et directeur scientifique de Mila, Yoshua Bengio.

Photo : La Presse canadienne / Graham Hughes

Mathieu Dion (accéder à la page de l’auteur)Mathieu Dion

Mathieu Dion

à 4 h 00

L’industrie montréalaise de l’intelligence artificielle a tourné la page sur la vente du fleuron Element AI à l’américaine ServiceNow, une transaction qui avait grandement déçu au sein du Québec inc. il y a un an. Mila, l’Institut québécois de l’intelligence artificielle, fait état de sa « croissance exponentielle » dans une première étude d’impact.

L’organisation, soutenue par les universités de Montréal et McGill, réunit maintenant 87 professeurs, plus du double qu’en 2019. Avec plus de 800 chercheurs et étudiants, il s’agirait de la plus grande concentration de chercheurs universitaires en apprentissage profond au monde. Le financement universitaire à Montréal atteint plus de 1,34 milliard de dollars, ce qui en fait la première ville canadienne en la matière.

Mila a été mis sur pied dans sa forme actuelle en 2017. Sa présidente et cheffe de la direction sentait qu’il était important de faire le point. Valérie Pisano rapporte que Mila a triplé en trois ans, tant sur le plan scientifique que sur les plans économique et social.

« L’adoption de l’intelligence artificielle par les entreprises, on en parle et on en parle, mais là, quelque chose est en train de se mettre en place. De plus en plus de gens l’adoptent pour l’intégrer dans leurs projets de services. »

— Une citation de Valérie Pisano, présidente et cheffe de la direction de Mila

Depuis mars 2020, le nombre de partenaires industriels, comme IBM, est passé de 42 à 84, et Mila compte désormais 46 entreprises émergentes parmi ses membres. Une trentaine de géants technologiques, comme Facebook, Google, Ericsson, Microsoft et Samsung, ont établi des centres de recherche en intelligence artificielle dans les dernières années à Montréal.

Quant à la perte de la propriété québécoise sur Element AI et la suppression de nombreux postes qui en a découlé, Valérie Pisano admet qu’un moment d’arrêt a été nécessaire. La conclusion, c’est qu’il va y avoir d’autres licornes, estime-t-elle. Elle rappelle que la majorité des chercheurs de la défunte entreprise demeurent présents au Québec sous la bannière de ServiceNow.

L’attraction des talents

Seulement en 2020, pas moins de 3500 nouveaux emplois ont été créés dans le secteur au Québec, une croissance de 22 % qui a contribué à hauteur de 385 millions de dollars au produit intérieur brut. L’intelligence artificielle regroupe dorénavant près de 20 000 emplois directs sur le territoire. De 2018 à 2020, plus de 1,7 milliard de dollars ont été investis en capital de risque dans de jeunes entreprises québécoises en intelligence artificielle.

Si la main-d’œuvre est difficile à trouver dans nombre de domaines aujourd’hui, imaginez dans celui de l’intelligence artificielle, qui nécessite des compétences de pointe du niveau de la maîtrise ou du doctorat.

Quelque 70 % des étudiants à Mila proviennent de l’étranger, et la renommée de Yoshua Bengio, fondateur et directeur scientifique de l’institut, n’y est pas pour rien. Le chercheur postdoctoral espagnol Alex Hernandez-Garcia parle de M. Bengio comme de la référence et de la personne la plus importante dans l’intelligence artificielle.

« C’était important pour moi de venir ici en raison des valeurs de Mila, où on utilise la recherche pour avoir un impact positif dans la société et lutter contre les changements climatiques. »

— Une citation de Alex Hernandez-Garcia, chercheur postdoctoral, Mila

L’intelligence artificielle vise entre autres à apprendre des fonctions aux ordinateurs pour automatiser certaines tâches. Les possibilités sont infinies, des assistants vocaux pour faciliter votre quotidien à l’accélération de la recherche en santé et à la lutte contre l’exploitation sexuelle en ligne.

Tout récemment, Mila proposait à la population un outil pour visualiser l’impact du réchauffement de la planète sur votre maison, votre lieu de travail et plus encore.

Un écosystème tissé serré

Les entreprises qui misent sur l’intelligence artificielle sont toutes convaincues de la force du pôle montréalais sur la planète.

L’équipe de 40 personnes en recherche et développement de Google dans la métropole tente de développer de nouveaux produits grâce à l’apprentissage par renforcement. Le chef et chercheur Marc Bellemare mentionne la traduction automatique comme l’une des directions de recherche importantes ici.

Il souligne que les travaux en apprentissage profond – ou automatique – menés par Yoshua Bengio ont permis à Montréal de se tailler une place en tant que centre névralgique dans le monde.

On a fait plusieurs découvertes fondamentales qui se trouvent partout aujourd’hui, dit-il. Nous avons plusieurs étudiants des universités de Montréal et McGill qui ont obtenu des postes d’importance dans la Silicon Valley. On est tout à fait intégré au reste de la communauté scientifique et des entreprises.

L’Américaine BusPatrol, dirigée par le Québécois Jean Soulière, a choisi d’implanter son centre de développement technologique à Montréal l’année dernière. L’entreprise équipe des autobus scolaires de caméras intelligentes pour repérer les automobilistes dangereux.

Au Québec, on a la créativité de la main-d’œuvre qui, jumelée avec la rapidité bureaucratique des États-Unis, nous permet d’avoir une belle plateforme de croissance, explique M. Bellemare.

Dans le domaine des télécommunications, Ericsson intègre l’intelligence artificielle dans le déploiement de ses réseaux d’infrastructures 5G. Parmi ses 1000 travailleurs à Montréal, une trentaine sont affiliés à son centre d’expertise mis sur pied en 2019.

Le directeur de site, Paul Baptista, soutient que les réseaux 5G deviennent complexes à gérer à l’échelle humaine et que les algorithmes aident à détecter, à réagir et à prendre des décisions. Montréal offre, selon lui, cette expertise en intelligence artificielle grâce à plusieurs conditions gagnantes telles que l’engagement des gouvernements et la formation universitaire.

La multinationale suédoise officialisera jeudi un partenariat avec l’Université Concordia pour partager ses données et défis technologiques, puis élever en retour le niveau de compétence en intelligence artificielle au sein de son personnel. On va travailler conjointement avec les professeurs afin de bâtir une formation approfondie pour nos employés qui ne sont pas des spécialistes, indique M. Baptista.https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1840727/mila-yoshua-bengion-ia-universites-entreprises

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L’IA toujours bien vivante à Montréal

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Amada Arciero et Pape Wade, cofondateurs d’Airudi

Jean-Philippe Décarie

Jean-Philippe Décarie La Presse

Après avoir généré beaucoup d’excitation et propulsé Montréal comme l’une des grandes plateformes mondiales de son développement, l’intelligence artificielle (IA) s’est soudainement faite bien discrète dans la métropole québécoise. Mais cette nouvelle grappe industrielle, éminemment porteuse, poursuit toujours sa croissance et sa diversification, comme en témoigne l’émergence d’une nouvelle start-up, Airudi, spécialisée dans la gestion des ressources humaines.

Publié à 6h30

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Depuis la vente, il y a deux ans, de la très prometteuse Element AI, cofondée par le chercheur québécois Yoshua Bengio, figure emblématique de l’apprentissage profond, le « buzz » autour de l’intelligence artificielle s’est brutalement assourdi, comme si on venait de constater que notre capacité à transformer nos compétences en modèle d’affaires probant avait été un peu exagérée ou, à tout le moins, que notre enthousiasme l’avait été.

Pourtant, l’IA continue de faire des percées à Montréal et ailleurs au Québec, alors que de nouvelles jeunes pousses émergent dans des secteurs où on ne les attendait pas nécessairement, comme la jeune firme Airudi, qui vient de développer une plateforme de gestion de ressources humaines qui gagne déjà en popularité, trois ans et demi seulement après sa fondation.

Pape Wade était directeur des ressources humaines d’une grande entreprise de 3000 employés et Amanda Arciero en était la conseillère principale. Les deux ont quitté leur employeur en 2019 parce qu’ils souhaitaient remettre l’humain au centre de la gestion des ressources humaines.

« Les responsables des ressources humaines dans les entreprises perdent beaucoup de temps avec des procédures, des formulaires, de la paperasse. Après les finances, les ressources humaines sont le deuxième secteur où l’on collige le plus de données. Les gestionnaires sont pris dans des processus très répétitifs », observe Amanda Arciero.

Pape Wade rappelle de son côté que les employés restent la ressource principale d’une entreprise et qu’un gestionnaire de ressources humaines doit s’assurer que ceux-ci créent de la valeur pour l’entreprise et pas seulement un coût.

Les deux collègues et cofondateurs d’Airudi ont donc entrepris de mettre sur pied une plateforme, un algorithme pour gérer plusieurs conventions collectives, une espèce de service de ressources humaines virtuel capable d’administrer les dossiers de recrutement, de santé et sécurité, d’évaluation de la performance et de relations de travail.

Durant deux ans, avant le lancement d’Airudi, les deux associés ont multiplié les rencontres les soirs et les week-ends avec des vice-présidents des ressources humaines pour bien circonscrire leurs besoins avant d’entreprendre le développement de leur algorithme.

« Dès le départ, en 2019, on a embauché des développeurs et on s’est entourés de gens compétents, des scientifiques de données, des architectes de solution, des ingénieurs en apprentissage machine, des développeurs de logiciels, et c’est à partir de là qu’on a construit notre plateforme qui s’appelle PAM [pour Pape et Amanda…] », poursuit Amanda Arciero.

Déjà rentable et en croissance

Airudi s’est associée à Polytechnique et à HEC Montréal pour financer les cours d’une quinzaine d’étudiants à la maîtrise et au doctorat qui ont travaillé au développement de la plateforme, et sept d’entre eux font partie de la vingtaine de spécialistes des technologies qui travaillent dans l’entreprise en recherche et développement.

« On a décroché notre premier contrat en 2020 avec une grosse boîte de consultants en ressources humaines, et notre plateforme dessert des milliers de clients de cette firme. C’est un contrat de 3 millions, mais on a des revenus récurrents sur l’utilisation de la plateforme », souligne Pape Wade.

Airudi a obtenu un contrat de 2 millions avec une firme de santé-sécurité du travail et conclu notamment une autre entente avec une firme de recrutement, à Sherbrooke.

Le carnet de commandes est de 10 millions pour les trois prochaines années et l’entreprise de 27 personnes, dont 6 spécialistes en ressources humaines, est rentable.

Une seule ronde de financement de 2 millions a été suffisante pour arriver à ces résultats.

« Notre plateforme est très utile pour les entreprises actives dans les chaînes d’approvisionnement parce qu’elle permet de prévoir la quantité de main-d’œuvre requise en fonction de différents paramètres et de multiples conventions collectives. On est devenus rapidement rentables et on travaille sur plusieurs gros contrats », explique Amanda Arciero.

La jeune pousse est en discussion avec l’Association des employeurs maritimes du Port de Montréal sur un projet d’implantation d’envergure, tout comme elle prévoit des avancées prochaines avec des entreprises portuaires en France et ailleurs au Canada.

« Plus les gens utilisent notre plateforme, plus il y a de mises à jour avec de nouvelles données, plus elle devient performante », insiste Pape Wade, qui rappelle l’importance pour une jeune pousse comme Airudi de bien s’entourer.

« On a mis sur pied un comité consultatif avec entre autres Robert Dutton, ex-PDG de Rona, Frantz Saintellemy, président de LeddarTech, et Julie Plouffe, cheffe de la direction financière de la firme de capital de risque White Star.

« On a recruté deux avocats du droit du travail, dont Jean Allard, de Norton Rose, nommé deux fois avocat de l’année en droit du travail, parce que les deux approchaient de la retraite et voulaient moins travailler. On avait besoin de leurs connaissances acquises en 30 ans de travail. C’est ça, la création de richesse grâce à la gestion des ressources humaines », observe avec intelligence, surtout pas artificielle, l’entrepreneur.https://www.lapresse.ca/affaires/chroniques/2022-02-03/l-ia-toujours-bien-vivante-a-montreal.php

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Intelligence artificielle Le Québec se classe 7e au monde

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

« Grâce à un écosystème d’IA florissant qui évolue dans les grandes villes du Québec, la province […] a la possibilité d’égaler, voire de surpasser, des pays notables en matière d’IA », analyse la firme britannique Tortoise.

La recherche et les interventions gouvernementales ont propulsé le Québec au 7e rang mondial dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA). La province dépasse ainsi Israël et la France et suit de près la Corée du Sud et l’Allemagne, selon la plus récente étude réalisée par la firme britannique Tortoise Media et dévoilée ce mercredi.

Publié à 8h00

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Karim Benessaieh

Karim Benessaieh La Presse

Basé sur 143 indicateurs répartis en 7 catégories, le « Tortoise Global AI Index » classe depuis 2019 les pays selon leurs forces en intelligence artificielle. Commandée par le Forum IA Québec, un organisme à but non lucratif mis sur pied par le gouvernement Legault en 2020, l’étude de Tortoise s’est penchée pour la première fois plus spécifiquement sur le Québec, en comparant la province à 62 autres pays.

« Même Tortoise a été grandement impressionnée par ces données-là, affirme Marie-Paule Jeansonne, PDG du Forum IA Québec. C’est une firme internationale très neutre, qui applique une méthodologie très rigoureuse. »

« Le Québec possède une avance très impressionnante sur de nombreux pays, y compris certains qui font le double de sa taille, confirme Tortoise Medias dans son analyse. Grâce à un écosystème d’IA florissant qui évolue dans les grandes villes du Québec, la province […] a la possibilité d’égaler, voire de surpasser, des pays notables en matière d’IA, de la Corée du Sud à l’Allemagne. »

Intelligence artificielle : le top 10

  1. États-Unis 2. Chine 3. Grande-Bretagne 4. Canada 5. Corée du Sud 6. Allemagne 7. Québec 8. Israël 9. Pays-Bas 10. France

Source : Tortoise Global AI Index 2021

Gouvernements en vedette

Avec plus de 800 chercheurs et étudiants en IA, une trentaine de géants technologiques comme Facebook, Google et Microsoft qui y ont ouvert un centre de recherche et un réseau universitaire reconnus mondialement dans ce domaine, il n’est pas surprenant que le Québec ait hérité du cinquième rang mondial dans la catégorie « recherche ».

Fait moins souvent souligné, Tortoise a aussi donné une très bonne note à la « stratégie gouvernementale », tant du fédéral que du provincial. On comprend mieux pourquoi dans une seconde étude commandée par le Forum IA Québec au bureau montréalais de la firme d’experts-conseils PwC. Celle-ci a dressé un portrait plus statistique de l’écosystème. On y apprend notamment qu’entre 2017 et 2021, on a investi 800 millions de dollars de fonds publics, 293 de Québec et 520 d’Ottawa, dans la recherche et les entreprises du secteur. À cette manne s’ajoutent 1,5 milliard en fonds de capital de risque.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Marie-Paule Jeansonne, PDG du Forum IA Québec

« C’est un calcul qui n’est pas simple à faire, qui n’inclut pas par exemple tout ce qui est industrie 4.0, précise Mme Jeansonne. Et ça ne tient compte que de ce qui a été réellement investi, pas seulement annoncé, et qui a été dépensé au Québec. »

« Un bond énorme »

Là où le palmarès de Tortoise suscite l’étonnement, c’est en accordant une septième place mondiale au Québec en ce qui concerne les entreprises commerciales. Plusieurs observateurs, y compris le premier ministre François Legault, qui l’a rappelé le 3 février dernier, considèrent que le Québec traîne la patte dans le domaine de la commercialisation des technologies.

Ce n’est pas du tout l’avis de Yoshua Bengio, professeur à l’Université de Montréal considéré comme un des trois pères de l’apprentissage profond. « Il y a des faits à rétablir, affirme-t-il d’emblée en entrevue. On est partis de pratiquement rien et si on regarde les entreprises qui font de l’IA aujourd’hui, on parle de plus de 200 startup, de plus de 2000 entreprises, 600 organisations, de dizaines de milliers de personnes. C’est un bond énorme. »

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Yoshua Bengio, chercheur en intelligence artificielle et professeur à l’Université de Montréal

Les fonds de capital de risque américains ne s’y trompent pas, « ils veulent investir ici », note-t-il. « Ce qui est complètement nouveau, c’est qu’ils sont prêts à le faire dans des entreprises sans les forcer à déménager aux États-Unis. Il y a vraiment une reconnaissance dans le milieu économique qu’on a quelque chose à apporter. »

L’intelligence artificielle, selon le rapport de PwC, a ajouté 1,9 milliard au produit intérieur brut du Québec entre 2017 et 2021 pour des recettes fiscales de 400 millions pour les deux gouvernements.

« C’est un investissement à long terme. »

On ne construit pas un secteur économique en criant ciseaux. La Silicon Valley a pris des décennies à se mettre en place. On n’est pas les seuls à investir, le train avance ailleurs.

Yoshua Bengio, chercheur en intelligence artificielle et professeur à l’Université de Montréal

Investissements positifs

Là où le Québec doit s’améliorer, selon Tortoise, c’est pour son « infrastructure », qui lui vaut le 34e rang mondial. C’est notamment loin du classement du Canada dans son ensemble, qui est au 17e rang à ce chapitre. On inclut dans ce calcul la disponibilité d’infrastructures fiables, notamment pour l’accès à l’internet ou les capacités de supercalcul et de disponibilité de bases de données pour l’apprentissage profond, mais également des statistiques comme le nombre de téléphones intelligents par personne et la disponibilité de la 5G.

« Il faut prendre ça avec un grain de sel, estime Marie-Paule Jeansonne. L’étude Tortoise confirme tout de même qu’on a réussi à bâtir un écosystème très fort, de classe mondiale. »

Yoshua Bengio, quant à lui, estime qu’il est dans « l’intérêt collectif » que les gouvernements investissent plus dans l’intelligence artificielle, notamment associée à des gains de productivité, à la création d’emplois et d’entreprises de qualité. Son conseil : « Je pense que ce qui rendrait les investissements en technologie mieux acceptés, c’est que les gens y voient leur intérêt […], que les investissements aillent dans les entreprises qui jouent un rôle positif dans la société. »
https://www.lapresse.ca/affaires/techno/2022-03-09/intelligence-artificielle/le-quebec-se-classe-7e-au-monde.php

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Est-ce que le classement du Canada inclus le Québec ou c’est sans le Québec?

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Un Montréalais qui est l’un des premiers au Canada à avoir le système de Conduite Autonome de Tesla, qui le teste en Banlieue de Montréal… Dont en rond-point.

Ça s’appelle FSD Beta (Full-Self-Driving) B… Et ça fonctionne principalement par en intelligence sous plusieurs formes via une caméra, des données cartographiques et des calculs dans l’ordinateur dédié pour ça dans l’auto et dans les serveurs de Tesla…

Même pas de Radar/Lidar !

Maintenant, il reste à voir comment ça fonctionne en ville. Je m’attends à ce qu’il rush beaucoup avec les voies réservées, les grandes pistes cyclables unidirectionnelles sur Peel, Saint-Denis, de la Roche et l’énorme trafic piéton sur le plateau.

J’anticipe aussi des problèmes avec les rues piétonnes, les rues partagées, les nids de poule, la peinture effacée sur la route, les panneaux de rues barrées et les dépassements sur Sainte-Catherine ouest.

C’est sans oublier la mauvaise réputation des véhicules autonomes au niveau de la sécurité cycliste.

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T’as raison c’est ambitieux…

Avec le temps, pour le moment, c’est rendu que Toyota font confiance à Tesla pour leur approche de Conduite avec juste Caméra pas de Lidar/Radar

Un événement sur l’IA organisé par la CCMM se déroule en ce moment

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Interressant pour la Vente au détail!

https://www.tvanouvelles.ca/2022/06/08/des-caisses-du-futur-debarquent-chez-couche-tard

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Wow, je n’avais jamais entendu parler de cette technologie mais ça pourrait définitivement changer la donne. J’imagine que c’est une technologie surtout appropriée pour des magasins qui vendent des items de petite taille.

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Décathlon a un système semblable, il suffit de mettre les articles dans la ‘‘cuve’’ à la caisse et l’étiquette est immédiatement scannée.

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Une nouvelle reliée à l’IA

Le chercheur Yoshua Bengio entre dans le Larousse


Yoshua Bengio
Photo: Gracieuseté - Amélie Philibert

Lila Maitre
23 juin 2022 à 5h00 3 minutes de lecture

Le professeur de l’Université de Montréal (UdeM) et directeur scientifique de l’Institut de recherche en intelligence artificielle Mila Yoshua Bengio intègre le dictionnaire français le Petit Larousse illustré 2023, et rejoint les 300 Canadiens et la trentaine de Québécois qui y figurent déjà.

C’est avec honneur et incrédulité que le professeur et chercheur montréalais a appris que son nom serait dorénavant présent dans le prestigieux dictionnaire français Larousse, après avoir obtenu en 2022 la Légion d’honneur française, et le prix hispanophone Princesse des Asturies.

«Tous ces prix, je ne les aurais pas imaginés il y a quelques années […], mais ça m’amène à me recentrer sur l’humilité, parce que la science ce n’est pas deux ou trois personnes, mais des équipes.»

Le chercheur québécois, né à Paris, s’est illustré au fil des ans pour son travail dans le domaine de l’intelligence artificielle et de l’apprentissage automatique. En 1993, il a fondé l’institut Mila, basé à Montréal, qui rassemble près de 900 chercheurs travaillant sur différents aspects de l’apprentissage profond, comme la traduction automatique, le langage ou la reconnaissance d’objets.

Utiliser l’intelligence artificielle, ça serait comme utiliser une calculatrice. Au bout d’un moment, tout le monde devrait se familiariser avec ça.

— Yoshua Bengio

«Yoshua Bengio œuvre dans le monde scientifique depuis de nombreuses années et ses découvertes et innovations sont non seulement reconnues, mais très importantes et utiles à tous», a souligné la maison d’édition Larousse.

L’intelligence artificielle dans la société

Ce «précurseur des réseaux de neurones artificiels et du deep learning ayant développé une technologie d’apprentissage automatique utilisée dans la reconnaissance vocale des téléphones et la traduction de langues», comme le définit le Larousse, espère que cette nouvelle reconnaissance, ajoutée aux prix reçus cette année, lui permettra d’avoir un impact et de faire partager ses connaissances au sein de la société.

«Je suis arrivé à un point de ma carrière où, en plus de mon enthousiasme de chercheur, j’aimerais convaincre les populations et gouvernements d’agir dans certaines directions, avec le recul que j’ai dans mon domaine», souligne Yoshua Bengio.

Selon le chercheur, le secteur de l’intelligence artificielle tend à se répandre de plus en plus dans la société, dans le cadre du travail ou, plus largement, dans la vie des citoyens.

Faire son entrée dans le dictionnaire

L’intégration d’une nouvelle personnalité dans le dictionnaire Larousse se base sur quatre critères: la notoriété de la personne en France, dans les pays francophones et dans le monde; la longévité des travaux; la légitimité; et l’accessibilité des recherches dans la société.

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Je me demande comment ce système fonctionnerait avec les fruits et autres produits en vrac non pré-emballés.

Intelligence artificielle L’art de copier sans payer

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À gauche, l’œuvre de Mathieu Laca utilisée par Stable Diffusion. À droite, l’image générée par l’IA, d’après le style de Mathieu Laca

Si une image vaut mille mots, avec l’intelligence artificielle, il suffit désormais d’écrire une courte phrase dans une boîte de dialogue pour générer des images époustouflantes à l’infini. La Presse est allée à la rencontre d’artistes québécois dont les œuvres ont servi, à leur insu et sans qu’ils y aient consenti, à entraîner un logiciel qui « apprend » un peu trop vite à les imiter.

Publié à 5h00

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Tristan Péloquin

Tristan Péloquin La Presse

Quand l’IA avale les œuvres à l’insu des artistes

PHOTOMONTAGE LA PRESSE

À gauche, l’œuvre de Denis Nolet utilisée par Stable Diffusion. À droite, l’image générée par l’IA, d’après le style de Denis Nolet

Le fonctionnement du logiciel est d’une simplicité déroutante. Imaginez une scène, banale, fantastique ou surréelle, et tapez sa description (en anglais) dans une boîte de dialogue. Ajoutez le nom du grand peintre que vous voulez imiter, puis patientez quelques secondes.

Si l’une des quatre images qui apparaissent à l’écran ne vous satisfait pas, il suffit de reformuler et de recommencer. Encore, et encore.

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Depuis un peu plus d’un mois, le fruit de cette opération sans effort, répétée des centaines de milliers de fois par des internautes de partout sur la planète, a donné naissance à ce qui est certainement une des plus grandes galeries d’images d’art que l’humanité a pu voir à ce jour. Le répertoire, diffusé sur le site Lexica.art, contient déjà des centaines de portraits improbables de Justin Trudeau posant avec un fusil d’assaut, des milliers de paysages urbains fantastiques inspirés du monde réel, et des gigaoctets d’images reconstituant autant d’exploits de hockeyeurs fantasmagoriques, d’illustrations de batailles historiques de la guerre du Viêtnam ou de dessins de Céline Dion en héroïne de la série The Walking Dead.

La matrice d’intelligence artificielle derrière cette prouesse, Stable Diffusion, de la société britannique Stability AI, n’est pas la seule à se disputer le marché naissant de l’art créé par le langage naturel (« text-to-image art »). Ses concurrentes, Midjourney, lancée en mars, et Dall-E, apparue en avril, sont aussi en train de s’imposer à coups de cycles de financement récoltant des centaines de millions en capital de risque. Google promet une réplique qui s’appellera Imagen.

Mais il y a un os.

IMAGE TIRÉE DE LEXICA.ART

Image de Montréal générée par Stable Diffusion

Pour qu’ils puissent générer de l’art sur demande, les développeurs de ces logiciels ont d’abord dû leur faire ingurgiter des millions de photos descriptives et d’œuvres d’art existantes, afin d’entraîner leur « réseau neuronal » à « comprendre » et « interpréter » le monde.

Stable Diffusion a révélé que les 2,3 millions d’images qui ont servi à son entraînement proviennent d’un gigantesque coup de gratte passé sur le web grâce à des robots d’indexation (web crawlers, en anglais). Le groupe de chercheurs universitaires qui a réalisé l’opération n’a jamais demandé la moindre autorisation aux dizaines de milliers d’artistes qui détiennent les droits de ces œuvres.

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« Les gens croyaient que les images venaient de bases de données publiques, mais ce n’est pas le cas. Je pensais que ça devait être connu de la population et des artistes touchés », lance Andy Baio, influent blogueur technologique et ex-administrateur du site de sociofinancement Kickstarter, qui a mis en ligne, au début septembre, un moteur de recherche permettant de fouiller dans la base de données d’images ainsi englouties par Stable Diffusion.

La Presse a trouvé dans cette base de données les noms de plusieurs peintres et photographes canadiens et québécois, dont les œuvres ont servi à leur insu à entraîner le logiciel.

« Ils ne m’ont pas demandé la permission », confirme le peintre Mathieu Laca, que nous avons rencontré dans son atelier de Laval à son retour d’une tournée en Allemagne. Une quinzaine de ses portraits éclatés de René Lévesque, de Michel Tremblay et de Marilyn Monroe, notamment, figurent dans la base de données.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Le peintre Mathieu Laca

Ça fait chier qu’ils puissent utiliser ça sans consentement, et que ce soit même éventuellement vendu.

Mathieu Laca, peintre

Se prêtant néanmoins au jeu, l’artiste a essayé de se servir de Stable Diffusion pour générer un portrait de Samuel Beckett imitant son propre style « brutal et texturé ». « Les résultats sont assez aléatoires, constate-t-il. On n’a pas vraiment de contrôle sur la composition, et l’image est extrêmement contrastée, sans nuances », analyste-t-il.

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N’empêche, le résultat plaît à l’œil. « J’ai aussi fait un Dalí. Il y a quelques bizarreries dans les teintes, mais on reconnaît son style », constate Mathieu Laca.

Nous avons aussi trouvé dans la base de données quelques photos architecturales du photographe montréalais Louis-Philippe Provost.

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Après quelques essais avec le logiciel, nous avons créé une série de photos d’Habitat 67 qui s’approchent de son style très léché.

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Dorénavant, n’importe qui pourra concocter une photo parfaite de n’importe quoi sans même sortir de sa maison.

Louis-Philippe Provost, photographe

« J’ai mis une vingtaine d’années à perfectionner mon style et à apprendre les différentes techniques de logiciels photo, ajoute-t-il. Je travaille de nombreuses heures sur chacune des photos que je produis. De voir mes œuvres se retrouver sur ce genre de site sans mon consentement devient très frustrant. »

Denis Nolet, un peintre dont une demi-douzaine de toiles figuratives montrant la ville de Québec se trouve aussi dans la base de données, soulève d’autres considérations éthiques. « La grande majorité des toiles que je crée, je les jette parce que je juge qu’elles ne sont pas à la hauteur, parce qu’elles n’ont pas d’âme. J’ai le luxe de le faire. Avec cette machine, il n’y a pas mon jugement final. L’intelligence artificielle ne rehausse rien », estime le peintre.

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« L’art, c’est faire des choix. Une multitude de choix, tranche Mathieu Laca. Pourquoi j’ai décidé de faire les rides sous les yeux de mon sujet avec des coups de spatule ou avec des dégoulinures ? Pourquoi tu décides de gratter ci et d’estomper ça ? Il y a, dans toute œuvre d’art, tout ce qui est de l’ordre de l’accident, de l’inconscient ! Tu ne peux pas décrire tout ça dans la boîte de dialogue d’un logiciel. »

De nouveaux « artistes » de la boîte de dialogue

L’Institut d’éthique en intelligence artificielle de Montréal, qui s’intéresse de près à la question, reconnaît que « l’échelle et le rythme » sans précédent auxquels ces machines sont capables de produire bousculeront certains métiers artistiques.

« Mais ça ne veut pas dire que les humains ne sont pas impliqués. Il y a un nouveau champ en émergence lié à l’IA, qui s’appelle le prompt engineering, qui est en soi une forme d’art », indique Abhishek Gupta, chercheur principal et directeur de l’Institut.

Sur les forums Reddit et Discord, ces « artistes de l’art par le langage naturel » se partagent des trucs et des phrases clés pour « créer » des œuvres toujours plus saisissantes avec l’IA. « Ça va devenir un savoir-faire qui peut s’apprendre et s’améliorer avec l’entraînement, prédit M. Gupta. Il y aura, éventuellement, une catégorie de personnes qui pourront être employables grâce à ces compétences. »

Mais d’ici là, il faudra d’abord régler l’enjeu épineux des droits d’auteur, reconnaît-il.

Déjà, les grandes agences de photos et d’images créatives Getty Images et Shutterstock, dont des millions d’images protégées ont été ingurgitées par Stable Diffusion, ont annoncé qu’elles bannissaient de leurs catalogues tout ce qui est créé par l’intelligence artificielle. Andy Baio s’attend à ce qu’une des deux entreprises intente des poursuites contre Stable Diffusion. « Elles sont les seules à avoir les ressources pour le faire », croit-il.

Trop tard pour « désapprendre »

Pour les artistes, par contre, les recours judiciaires, qui impliquent de s’attaquer à une entreprise établie à l’étranger, s’annoncent plus difficiles, estime Karim Benyekhlef, directeur du Laboratoire de cyberjustice de l’Université de Montréal. « Que leurs œuvres se retrouvent dans une base de données de 6 millions, de 600 millions ou 6 milliards d’images n’a pas d’incidence sur la gravité du viol d’une propriété intellectuelle », souligne-t-il.

Mais on est ici dans la logique californienne [de la Silicon Valley] : ces entreprises-là foncent, enfreignent les règles, et ça fait partie de leur calcul de se dire qu’au bout du compte, il n’y a qu’une centaine d’artistes qui vont avoir les reins assez solides pour les poursuivre, donc le jeu en vaut la chandelle.

Karim Benyekhlef, directeur du Laboratoire de cyberjustice de l’Université de Montréal

Et de toute façon, le génie est déjà sorti de la bouteille. « Même si des artistes arrivent à faire retirer leurs œuvres d’art de la base de données, à ce stade, à moins de recréer l’intelligence artificielle de la machine en partant de zéro, elle ne peut pas “désapprendre” ce qu’elle a déjà appris », assure Andy Baio.