Industrie des médias et de l'information

Le Fédéral s’entend avec Alphabet/Google

Ottawa s’entend avec Google sur les contributions versées aux médias canadiens

L’entreprise de services technologiques accepterait de négocier avec les médias canadiens des compensations financières pour la diffusion de leurs nouvelles en ligne.

Un logo de Google sur l'écran d'un ordinateur.
Selon une source de CBC, la contribution finale de Google avoisinerait les 100 millions de dollars par an. (Photo d’archives)
PHOTO : GETTY IMAGES / AFP/LOIC VENANCE

Daniel Thibeault
Publié à 10 h 40 HNEMis à jour à 10 h 58 HNE

À trois semaines de l’entrée en vigueur de la Loi sur les nouvelles en ligne, connue également sous le nom de loi C-18, au moment où les médias sont en pleine crise et que des postes sont supprimés presque toutes les semaines, plusieurs se demandaient si un accord était possible.

Selon une source gouvernementale au fait des négociations, Ottawa et Google se sont entendus en début de semaine sur le cadre réglementaire final qui établira un régime de contributions afin d’aider les médias canadiens.

Le montant total de la contribution, qui sera incluse dans le règlement, demeure à préciser officiellement. Selon une source de CBC, la contribution finale de Google avoisinerait les 100 millions de dollars par an. Selon nos informations, la somme finale sera indexée annuellement.

Il y a quelques semaines, Ottawa évaluait que la compensation devrait s’élever à 172 millions de dollars. Google estimait plutôt la valeur de ses obligations à 100 millions de dollars.

D’avoir franchi ce premier pas avec Google, c’est important, souligne la source qui a demandé de garder l’anonymat, parce qu’elle n’était pas autorisée à parler publiquement. C’est une solution de plus pour assurer la viabilité des médias et rétablir un équilibre entre les plateformes commerciales.

Des négociations simplifiées

Outre l’ampleur des demandes financières, en octobre dernier, Google s’était dit préoccupé par ce que son porte-parole Shay Purdy avait qualifié de problèmes structurels critiques dans la Loi sur les nouvelles en ligne. L’entreprise refusait de se faire imposer un modèle de négociation et d’arbitrage obligatoire avec les organismes de presse canadiens et préférait avoir affaire à un interlocuteur unique.

Le règlement permettrait dorénavant un modèle de négociation avec un seul groupe, qui représenterait tous les médias, et qui pourrait permettre à Google de limiter les risques d’arbitrage.

Ottawa aurait ainsi réussi à calmer les craintes du géant des moteurs de recherche, qui menaçait de bloquer le contenu journalistique canadien sur sa plateforme.

Il voulait savoir combien ça allait coûter, avec qui il devait négocier, explique la source.

Les règles négociées par le gouvernement seraient ajoutées au cadre législatif qui doit être dévoilé d’ici la mi-décembre. Google serait toujours tenu de négocier avec les médias et de signer une entente.

Le géant du web pourrait aussi ajouter dans les négociations des contributions en services qui demeurent à préciser.

Une entente au rabais?

Devant la menace de Google de cesser la distribution des nouvelles canadiennes, le gouvernement semble avoir dû adoucir ses positions.

La source gouvernementale fait toutefois valoir que, dans le contexte, une entente constitue une première victoire. Un gain net pour les médias canadiens, dans le cadre d’une négociation très symbolique et qui risque fort de servir d’exemple ailleurs dans le monde.

En vertu des critères établis, la loi C-18 s’applique aux plateformes numériques comptant 20 millions d’usagers mensuels uniques et enregistrant des revenus annuels d’un milliard de dollars. Seuls Meta et Google répondent à ces critères.

L’été dernier, Meta a mis un terme à ses discussions avec le gouvernement fédéral, et a cessé la distribution de nouvelles canadiennes sur ses plateformes Facebook et Instagram en août. Les négociations semblent toujours au point mort.

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Credit where credit is due, je ne croyais pas que le gouvernement allait y arriver. Bravo.

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Réseau social X Le boycottage des annonceurs risque de « tuer » la plateforme, met en garde Musk

PHOTO HAIYUN JIANG, THE NEW YORK TIMES

Elon Musk

(New York) Le boycottage du réseau social X (ex-Twitter) par des annonceurs pourrait « tuer » la plateforme, a estimé mercredi Elon Musk, qui s’est excusé pour un tweet polémique, mais a conseillé à ces sociétés d’« aller se faire foutre ».

Publié hier à 22h53

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Thomas URBAIN Agence France-Presse

Plusieurs grandes entreprises américaines, notamment Apple, le câblo-opérateur Comcast ou Disney, ont suspendu la diffusion de leurs publicités sur X après qu’Elon Musk a relayé une théorie complotiste antisémite sur le site.

Elles ont rejoint d’autres annonceurs qui avaient déjà déserté la plateforme après que l’observatoire des médias Media Matters a relevé que des publicités de marques de premier plan étaient apparues sur un compte néonazi.

« Je suis désolé de ce message », a déclaré Elon Musk, au sujet de sa publication taxée d’antisémitisme, lors d’un entretien public dans le cadre de l’évènement DealBook Summit, organisé par le New York Times.

« C’était idiot de ma part », a-t-il poursuivi.

Parmi les 30 000 (messages publiés par l’entrepreneur), c’est peut-être le pire et le plus stupide que j’aie jamais publié.

Elon Musk

Dans ce message, Elon Musk avait répondu à un tweet affirmant que les personnes juives encourageaient « la haine contre les Blancs » : « Tu as dit l’exacte vérité ».

Pour autant, l’homme d’affaires a eu des mots très durs pour les annonceurs qui ont fait le choix de suspendre leurs publicités sur X, les accusant d’« essayer de (lui) faire du chantage ». « Allez vous faire foutre. Est-ce que c’est clair ? »

Immédiatement après cette phrase, Elon Musk a fait mine de saluer le directeur général de Disney (« Salut Bob ! ») Bob Iger, dont le groupe fait partie des entreprises concernées et qui avait été interviewé plus tôt lors du même évènement à New York.

Le patron du géant du divertissement avait justifié, à cette occasion, la décision du groupe. Le fait d’être associé à ce tweet d’une façon ou d’une autre « n’était pas pour nous », selon Bob Iger.

« J’espère qu’ils vont arrêter » d’acheter des espaces promotionnels sur le réseau social, a-t-il clamé à l’adresse des annonceurs aujourd’hui en retrait. « Ne faites pas de publicité », leur a-t-il lancé.

Chiffre d’affaires en berne

PHOTO DADO RUVIC, ARCHIVES REUTERS

Ce qui va se passer, c’est que ce boycottage va tuer la société. Et le monde entier saura que ces annonceurs ont tué l’entreprise.

Elon Musk

Presque entièrement dépendant de la publicité, même s’il a lancé récemment des formules payantes, X était déjà en mauvaise posture avant même cette nouvelle controverse.

Selon le cabinet Guideline, les revenus tirés des annonceurs avaient déjà fondu de 54 % entre septembre 2022 et août 2023.

D’après des documents consultés par le New York Times, la vague récente de retraits d’annonceurs pourrait priver l’ancien Twitter de 75 millions de dollars de chiffre d’affaires.

Mercredi, Elon Musk a laissé entendre qu’il ne mettrait pas la main à la poche pour empêcher le groupe, qu’il a racheté en octobre 2022, de sombrer.

« Si la société défaille à cause d’un boycottage d’annonceurs, elle fera faillite », a-t-il martelé.

Selon la société d’analyse de données de marché SensorTower, le nombre d’utilisateurs mensuels de X est en baisse de 45 % sur le début du quatrième trimestre par rapport à la même période de 2022.

L’actionnaire majoritaire a défendu la gestion des contenus sur X, alors que de nombreux observateurs alertent sur l’augmentation de la proportion de messages haineux ou de la désinformation depuis sa prise de contrôle.

« C’est assez rare que du contenu haineux soit mis en avant », selon Elon Musk. « Si vous analysez la plateforme aujourd’hui par rapport à il y a un an, je pense que c’est beaucoup mieux. »

« Mon aspiration, c’est que la plateforme X soit la meilleure source de vérité, ou en tout cas celle qui soit la moins inexacte », a expliqué le natif d’Afrique du Sud.

Très critiqué, jusque par la Maison-Blanche, pour son tweet polémique, Elon Musk s’est rendu, en début de semaine, en Israël, où il a visité, en compagnie du premier ministre Benyamin Nétanyahou, le kibboutz Kfar Aza, attaqué le 7 octobre par des combattants du mouvement islamiste palestinien Hamas.

« Je ne suis pas antisémite », a-t-il martelé. « Je suis plutôt philosémite. »


Depuis que Musk a pris les rênes de Twitter, maintenant réseau social X, c’est la descente aux enfers avec des positions extrémistes, des propos haineux, de la désinformation répandue et une énorme perte de crédibilité et de confiance d’une grande partie de ses membres. Vivement qu’il soit remplacé par un concurrent honnête, respectueux et digne de confiance, car le monde mérite mieux que cette infâme plateforme dont l’influence est devenue clairement néfaste dans l’univers médiatique international.

Je suis certain que ça va encourager les annonceurs à revenir sur la plateforme.

Et nous sommes encore trop dépendants de la plateforme pour recevoir des communications des services d’urgence ou de personnalités publiques. C’est clair que le service n’a aucun avenir pourtant.

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Avec la multiplication des plateformes, il n’y a pas vraiment d’endroit unique pour rejoindre la population. Pour les urgences, il a y le système d’alerte sur téléphone, radio et télé. Cependant pour des interruptions des services de transports, je ne sais pas ce qui pourrait remplacer Twitter/X.

Facebook c’est pas mal merdique, tu vois les trucs trois jours plus tard en raison de l’algo

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C’est un peu l’oeuf ou la poule. Personne ne veut aller sur un réseau alternatif qui ne s’est pas encore imposé, et aucun ne s’imposera si personne n’y va.

Il va falloir se brancher sur une alternative éventuellement anyway (X va mourir, c’est assez évident), et avoir la patience de construire une nouvelle audience.

Il existe des réseaux décentralisées comme Mastodon, qui garantirait un certain contrôle et une stabilité, mais le défi est de faire migrer les gens vers la plateforme. Et il faut que l’audience puisse avoir la patience de comprendre le fonctionnement…

Un des problèmes avec la décentralisation de Mastodon est qu’il y a un délai dans la synchronisation des serveurs. J’ai deux comptes sur deux serveurs différents et ça prend un certain temps pour que les publications de l’un apparaissent sur l’autre.

C’est effectivement une limitation. Je me demande d’un point de vue technique si c’est possible d’améliorer ce délai.

Mais au final le gros problème de Mastodon est, je crois, de faire comprendre sa nature décentralisée et son impact sur l’expérience des utilisateurs. La facilité d’utilisation est primordiale pour bien des gens.

Peut-être qu’on devrait aussi se résigner à avoir plus d’une plateforme avec plusieurs audiences… Ça évite de devenir otage d’un seul service.

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Je viens d’entendre le ministre à la radio
Il veut aussi avoir les pouvoirs pour redistribuer l’argent aux entreprises de médias…
Si c’est comme l’habitation, ça rajoute juste une couche qui ralentit le processus…

Pendant que les autres villes canadiennes profitent des subventions fédérales pour construire des logements. Au Québec, ça avance à pas de tortue pour redistribuer l’argent du Fédéral. On est dans une guerre de pouvoir plutôt que de répondre aux besoins des citoyens et entreprises…

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Play stupid games, win stupid prizes!

Dans le calepin de l’éditeur adjoint Des funérailles nationales sur… Facebook ?

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Les membres des Cowboys Fringants ont dit au revoir à Karl Tremblay lors d’une cérémonie d’hommage national à sa mémoire, le 28 novembre, au Centre Bell.


François Cardinal
François Cardinal Vice-président Information et éditeur adjoint de La Presse

Le métier, les médias, la salle de rédaction de La Presse, et vous

Publié à 1h23 Mis à jour à 5h00

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La cérémonie nationale pour Karl Tremblay fut touchante, émouvante, réussie. Il y avait du rire, des poèmes et des chansons à la fois mélancoliques et pleines d’entrain, comme la musique des Cowboys Fringants.

Mais avec quelques jours de recul, vous me permettez une réserve sur cet évènement à grand déploiement qui a touché le cœur des Québécois ?

Il y avait de grands absents parmi les 15 000 convives qui ont pu assister en direct au spectacle : les journalistes.

Je ne veux pas ici me plaindre au nom de l’« industrie », aucun corporatisme dans ce texte. Je veux plutôt souligner une incongruité dont je ne connais pas de précédent, afin qu’on y réfléchisse pour la suite, pour les autres évènements à caractère national qu’on organisera.

Lorsque Karl Tremblay est décédé, c’est tout le Québec qui a pleuré. Et le premier ministre Legault a tout de suite proposé à la famille des funérailles nationales, car il disait « sentir une grande demande de beaucoup de Québécois de rendre un dernier hommage à Karl ».

La famille avait bien sûr le choix de dire oui, ou de décliner afin d’organiser une cérémonie privée. Et à voir l’effusion passionnée qui a suivi, je comprends tout à fait qu’elle ait dit oui à des funérailles nationales sous forme de cérémonie d’hommage.

Mais ce faisant, n’a-t-elle pas accepté ce qui vient avec un tel évènement collectif ? Bien des gens présents… et des journalistes pour témoigner de l’évènement à ceux qui ne peuvent pas être présents.

Ça allait tellement de soi pour nous, à La Presse, que personne n’a cru bon se mettre en ligne pour se procurer des billets. Après tout, il n’y a jamais eu d’évènement « national » dont ont été exclus les journalistes, donc pas besoin de se faire passer pour un citoyen.

Et pourtant, c’est bien ce qui est arrivé. La famille a choisi de bloquer l’accès à tous les médias… pour diffuser plutôt l’évènement sur la plateforme qui bloque les médias, Facebook. Ouch.

On parlait pourtant, ici, d’une cérémonie organisée pour que tous les citoyens rendent hommage au défunt. Un évènement organisé par le Protocole du gouvernement du Québec. Le tout au Centre Bell pour montrer l’ouverture au plus grand nombre… mais pas de médias, afin que l’évènement soit « simple » et qu’on y préserve « un esprit de recueillement ».

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Des milliers de personnes ont assisté à l’hommage rendu au chanteur des Cowboys Fringants.

Je repense à la chapelle ardente pour Guy Lafleur, et je ne vois pas trop en quoi les médias présents ont nui à la dignité du moment. Mais bon, au-delà de cet argument douteux, j’espère que cette décision a fait sourciller un peu dans la population. Pas juste chez les journalistes.

Car si l’absence des représentants de la presse indiffère tout le monde, je m’inquiète de ce que tout le monde pense des représentants de la presse et de leur rôle.

Pour rappel, ils ont pour mandat de témoigner au quotidien de l’histoire pendant qu’elle s’écrit. Ils sont les yeux et les oreilles du public. Ce sont les représentants de tous ceux qui ne peuvent être partout, tout le temps, donc tout le monde.

Bref, leur rôle vise à rapporter ce qu’ils voient, ce qu’ils entendent, les réponses aux questions, afin que tous sachent ce qui se passe au Parlement, au palais de justice, dans les sociétés d’État, dans tous les quartiers, ici et à l’autre bout de la planète…

Mais mardi soir, les médias n’ont pas pu faire ce travail. Ils étaient refoulés aux portes du Centre Bell. Noovo et LCN ont même dû installer leur studio sur le trottoir.

Mais le pire n’est pas d’avoir laissé les animateurs geler dehors. C’est d’avoir empêché les Québécois qui n’étaient pas sur place de profiter de la cérémonie nationale comme il se doit, afin « de rendre un dernier hommage à Karl ».

Certaines radios ont couvert en direct, d’autres pas du tout, d’autres partiellement. Ce qui a empêché le plus grand nombre d’y avoir accès.

À la télé, Radio-Canada n’a pas diffusé afin de respecter « les souhaits de la famille ». Noovo a envoyé une équipe sur place pour ses rendez-vous de 17 h et 22 h, mais rien entre les deux. Et LCN a fait ce qu’il a pu avec le « feed » de Facebook, en diffusant un spectacle avec trop de pixels, des images saccadées, un carré rouge qui clignote dans le coin de l’écran et plusieurs moments forts gâchés par des arrêts sur image…

On a vu moment de recueillement plus digne, disons.

Entendons-nous, il n’y a pas ici de scandale à proprement parler. Il y a simplement un précédent, qui devrait nous inquiéter au moment où on sent notre culture à risque.

Si la famille avait choisi la plus grande intimité, tout le monde aurait compris, et les médias se seraient tenus à distance. Mais choisir des funérailles nationales et en réserver l’exclusivité à une plateforme américaine est une décision plutôt surprenante de la part d’un groupe à la conscience sociale aiguisée, car cela participe à la difficulté de faire partager la culture québécoise et au rétrécissement de sa place dans l’espace public.

Or jusqu’ici, les funérailles nationales servaient justement à partager un moment de deuil collectif, à dire adieu tous ensemble à une personnalité qui nous a touchés.

Le jour où le Québec décidera que tout ce qu’il vit collectivement doit passer par Meta plutôt que par ses médias d’ici, je vous prédis qu’il n’y a pas que ces derniers qui vont y passer. Notre culture aussi.

Écrivez à François Cardinal

Voilà l’extrait de l’article qui me dérange le plus, une première qui doit devenir une dernière et ne plus se répéter.

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600 postes coupés à CBC/Radio-Canada

Importantes compressions en vue à Radio-Canada


Photo: Spencer Colby, La Presse canadienne
La présidente-directrice générale de CBC/Radio-Canada, Catherine Tait, à Ottawa, le 2 novembre dernier

Étienne Paré
3 décembre 2023
Médias

Après le Groupe TVA le mois dernier, c’est au tour de CBC/Radio-Canada de procéder à d’importantes compressions, qui s’élèveraient à 125 millions $. Environ 600 postes pourraient passer à la trappe. L’annonce devrait se faire lundi après-midi.

La présidente-directrice générale du diffuseur public, Catherine Tait, s’adressera à l’ensemble des employés du service français à 14 h, lundi, pour faire le point sur les «défis financiers» de l’institution, ainsi que «sur ce qui s’en vient dans les prochains mois». Elle rencontrera ensuite l’ensemble des salariés de CBC.

Tout indique que des compressions majeures seront annoncées. D’après nos informations, les coupes avoisineraient les 125 millions $. Quelque 600 postes seraient concernés pour le moment. Radio-Canada et CBC seraient touchées à la même hauteur, et d’autres compressions pourraient être annoncées au printemps.

Chose certaine, depuis que les employés ont reçu la convocation la semaine dernière, la machine à rumeurs s’est emballée, donnant lieu à beaucoup d’inquiétude à l’interne. Certains évoquent de 600 à 700 suppressions d’emplois à travers le pays, tel que rapporté dimanche par Le Journal de Montréal. Joint par Le Devoir, le bureau de Catherine Tait n’a pas démenti cette information, se refusant à tout commentaire pour l’instant.

CBC/Radio-Canada compte à l’heure actuelle un peu moins de 8000 employés d’un océan à l’autre.

Temps difficiles

Déjà en octobre dernier, le diffuseur public avait décrété un gel sur les nouvelles embauches, tant du côté français que du côté anglais, et ce jusqu’à nouvel ordre. À l’époque, Catherine Tait avait expliqué que la société d’État devait faire face à manque à gagner de 100 millions $ par an pour les trois prochaines années. En cause: la baisse du financement public accordé par le gouvernement Trudeau, l’augmentation des coûts de production et la chute des revenus publicitaires.

Il se dit dans les couloirs depuis plusieurs mois déjà que la direction procédera à des compressions. Et plusieurs à Montréal appréhendent depuis longtemps que Radio-Canada soit affectée dans la même mesure par celles-ci que son pendant anglophone: une grave injustice à leurs yeux. Car le service français fait beaucoup mieux dans le contexte actuel que CBC. En 2021-2022, CBC représentait 6 % des parts de marché à la télévision dans le marché anglophone, ICI Radio-Canada Télé atteignait pour sa part près de 25 % des audiences du côté francophone.

L’ancien vice-président des services français, Michel Bissonnette, faisait partie de ceux qui croyaient que les compressions devraient davantage viser CBC plutôt que Radio-Canada, selon nos informations. CBC/Radio-Canada avait annoncé à la surprise générale son départ au début octobre dans ce qui avait tout l’air d’un congédiement. Michel Bissonnette aurait été écarté de la haute direction de Radio-Canada entre autres pour cette raison, avait-on appris à l’époque.

CBC/Radio-Canada n’est pas le seul diffuseur à devoir conjuguer avec l’exode des revenus publicitaires au profit des géants du numérique. Le Groupe TVA a particulièrement écopé dans la dernière année. Il y a un mois, l’entreprise a confirmé la suppression de 547 postes, soit près d’un tiers des effectifs.

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c’est 600 postes abolis et 200 postes vacants qui ne seront pas comblés
250 du côté français, ca va faire mal aux nouvelles des régions

Radio-Canada supprime 800 emplois au pays


`PHOTO SPENCER COLBY, LA PRESSE CANADIENNE
La présidente de CBC/Radio-Canada Catherine Tait

Radio-Canada a annoncé lundi après-midi la suppression de 600 emplois et l’abolition de 200 postes vacants, soit environ 10 % de son effectif, un nouveau coup de massue pour les médias canadiens.

Publié à 14h12 Mis à jour à 14h35
Charles-Éric Blais-Poulin
ÉQUIPE D’ENQUÊTE
LA PRESSE

C’est la présidente-directrice générale, Catherine Tait, qui en a fait l’annonce lors d’une rencontre avec les employés du diffuseur public. « Ce portrait résulte sur les dernières prévisions, a-t-elle dit. Il pourrait encore changer. » Les 600 postes qui seront supprimés touchent autant les syndiqués (85 %) que les non-syndiqués (15 %). Des mises à pied seront faites « dans les prochaines semaines », mais la plupart auront lieu au début de l’exercice financier 2024-2025.

Du côté francophone, 250 postes seraient abolis, selon l’Agence France-Presse. Des employés ont demandé en vain pourquoi le diffuseur public ne respectait pas la proportion du budget consacré à CBC (55 %) et Radio-Canada (45 %) dans ses compressions.

Radio-Canada fait face à des « pressions budgétaires » de 125 millions » et non de 100 millions, comme la patronne l’avait annoncé précédemment. Pour justifier les coupes, Mme Tait a invoqué en réunion des « tendances lourdes » dans l’industrie, comme l’inflation, la « concurrence féroce des géants numériques » ainsi que « la baisse des revenus de la télévision traditionnelle ».

La société d’État entend réaliser 25 millions d’économies dans les dépenses discrétionnaires — commandites, marketing, déplacements — et 40 millions dans les budgets de programmation, tant du côté anglophone que francophone.

La présidente-directrice générale s’est dite désolée que la teneur des coupes ait percolé dans différents médias avant que les employés en soient informés.

Plusieurs indices

La mesure draconienne annoncée lundi est l’aboutissement d’un automne tumultueux dans la Maison de Radio-Canada. Déjà en septembre, La Presse révélait que la direction de Radio-Canada faisait circuler le mot « compressions » lors d’une série de rencontres avec ses employés.

« Nous [leur] avons récemment indiqué que Radio-Canada fait présentement face à des pressions financières », avait confirmé le porte-parole du diffuseur public, Marc Pichette.

« Ces pressions sont attribuables en très grande partie à la baisse des revenus publicitaires et d’abonnement, l’impact de l’inflation sur les coûts d’opération et les coûts de production ainsi qu’aux économies demandées par le gouvernement fédéral aux ministères et aux sociétés d’État, dont CBC/Radio-Canada », a-t-il expliqué.

Au début du mois d’octobre, c’est le départ inattendu de Michel Bissonnette, vice-président principal des Services français de Radio-Canada, qui faisait la manchette. Cette « démission » — selon la version officielle — s’est inscrite dans un contexte tendu, non seulement après les divisions entre CBC et Radio-Canada autour de la controverse du mot commençant par un N, mais aussi à l’aube de compressions inévitables.

Deux semaines plus tard, en octobre, Radio-Canada suspendait la création de nouveaux postes, selon des informations d’abord publiées dans Le Devoir.

Puis début novembre, voilà que Mme Tait elle-même confirmait une coupe de 100 millions dans le prochain budget annuel du diffuseur public, ajoutant qu’il y aurait « des décisions difficiles à prendre. »

L’année 2023 aura amené des mois sombres pour les médias : en plus de la suppression de 547 postes à TVA, il faut ajouter la fermeture du quotidien Métro, la fin du papier et la perte d’emplois aux Coops de l’information ainsi que la décision de Meta, maison mère de Facebook et d’Instagram, de bloquer les médias canadiens dans la foulée du projet de loi C-18 sur les nouvelles en ligne.

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Entrevue de Catherine Tait au Téléjournal 18h

CBC/Radio-Canada supprime 800 postes : entrevue avec la PDG Catherine Tait

Après TVA et BCE, c’est au tour de CBC/Radio-Canada d’annoncer d’importantes compressions dans son personnel et dans sa programmation.

La société d’État a annoncé par communiqué, lundi après-midi, qu’elle entendait supprimer 600 emplois syndiqués et non syndiqués à travers le pays au cours des 12 prochains mois. Quelque 200 postes vacants seront également abolis.

Patrice Roy en discute avec la présidente de CBC/Radio-Canada, Catherine Tait.

AnalyseMédias : un modèle en échec, une démocratie en danger

L'enseigne de Radio-Canada

Dans le débat en cours au sujet de CBC/Radio-Canada, certains affirment qu’on devrait faire une distinction entre le service anglais et le service français.

Photo : La Presse canadienne / Ryan Remiorz

Publié à 4 h 00 HNE

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Les revenus provenant de la publicité, des abonnements, des ventes de contenus pour les services généralistes, facultatifs et en ligne, se sont élevés à 223 millions $ pour CBC en 2022-23, contre 225 millions $ pour Radio-Canada. Le marché couvert par le service anglais est pourtant de trois à quatre fois plus grand que celui du service français.

L’année précédente, les revenus ont été beaucoup plus élevés, dans la foulée de la sortie de la pandémie, mais l’écart est demeuré légèrement favorable au service français : des revenus de 376 millions $ du côté de Radio-Canada, et de 368 millions $ pour CBC.

On constate donc que les revenus de CBC, qui incluent ceux provenant des ventes liées au numérique, demeurent plus faibles que ceux de Radio-Canada, même si CBC rejoint un plus vaste public sur le web, soit de 17 à 18 millions de Canadiens tous les mois, selon la PDG de la Société d’État, Catherine Tait.

Des défis complexes à CBC

Les défis financiers de CBC s’expliquent en partie par la concurrence particulièrement féroce des Américains. Le contenu qui vient des États-Unis pénètre facilement le marché canadien anglophone et, avec l’ajout des plateformes de diffusion en continu au cours de la dernière décennie, cet accès est encore plus grand. Le défi dans le marché anglophone n’est clairement pas le même que dans le marché francophone.

Le résultat est sans équivoque : la part d’auditoires de CBC n’est que de 4,4 % alors que celle de sa contrepartie francophone, ICI Télé, est de 23,2 %. Ces données sont tirées du rapport annuel de CBC/Radio-Canada pour 2022-2023.

Des gens marchent autour de l'ombre de l'enseigne de Radio-Canada.

Les revenus de CBC, qui incluent ceux provenant des ventes liées au numérique, demeurent plus faibles que ceux de Radio-Canada.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Par ailleurs, la subvention fédérale de 1,272 milliard $ au cours du dernier exercice représente la plus grande part de revenus du diffuseur. Des fonds publics, 47 % des sommes vont à Radio-Canada alors que 53 % sont investies dans les activités de CBC, selon les données fournies par la société d’État.

Les revenus publicitaires sont en chute à CBC, au point où le service français génère aujourd’hui plus d’argent publicitaire que le service anglais. En 2022-2023, ces revenus ont baissé de 44 % à CBC pour s’établir à 139,5 millions $, alors que ceux de Radio-Canada se sont élevés à 149,1 millions $, en recul également, mais de façon moins marquée, soit de 12,6 %.

Au cours des deux premiers trimestres de 2023, les revenus publicitaires de Radio-Canada demeurent plus élevés que ceux de CBC : ils ont atteint 66,2 millions $ dans la première moitié de l’exercice, comparativement à 62,2 millions $ pour CBC.

Un écart grandissant entre les services français et anglais

Catherine Tait affirme que CBC/Radio-Canada n’est qu’une seule entreprise. Dans le débat public et politique qui est en cours, certains affirment qu’on devrait faire une distinction entre le service anglais et le service français, compte tenu de l’importance de Radio-Canada pour la culture au Québec comme pour l’ensemble des francophones au pays.

N’empêche, l’écart de rendement entre les deux marchés se creuse clairement. De plus, les résultats financiers montrent que la contribution du service français, pour ce qui est des revenus et des parts de marché, ne cesse d’augmenter.

Catherine Tait en entrevue.

La PDG de CBC/Radio-Canada, Catherine Tait.

Photo : Radio-Canada / Christian Patry

C’est dans ce contexte que la ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge, évoque la nécessité de revoir la mission et le mandat de CBC/Radio-Canada. Il devient aussi urgent, à Ottawa, de lancer une réflexion approfondie sur l’écosystème médiatique au pays. Les gestes qui sont posés pour aller chercher des sommes supplémentaires chez les géants du web sont parsemés d’embûches et s’avèrent insuffisants.

L’entente avec Google le prouve : le Canada est parvenu, de peine et de misère, à obtenir 100 millions $ de Google dans le cadre d’une entente sur ce qui pourrait être considéré comme des redevances de la part du géant de la recherche en ligne. Mais est-ce bien assez?

Sans une entente internationale large, avec tous les pays du G20 et de l’OCDE, jamais Google et Meta ne voudront se soumettre à des redevances plus généreuses pour compenser les pertes de revenus des grands médias, dont le modèle d’affaires s’effondre en ce moment.

Et il faut se le dire : ce n’est pas seulement un modèle d’affaires qui est en échec. L’enjeu, il est aussi – et surtout – démocratique.

Comment les Canadiens pourront-ils mieux s’informer si les grands médias, que ce soit CBC/Radio-Canada, TVA, CTV, le Toronto Star et j’en passe, n’arrivent plus à faire leur travail? L’heure est grave : 3500 emplois ont été supprimés cette année dans les médias canadiens.

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Grosse semaine pour… Catherine Tait L’art de se tirer dans le pied

PHOTO SPENCER COLBY, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

La présidente de Radio-Canada/CBC, Catherine Tait, a annoncé lundi la suppression de 600 emplois et de 200 postes vacants au sein de la société d’État.


Nathalie Collard
Nathalie Collard La Presse

Chaque vendredi, nous revenons sur la semaine médiatique d’une personnalité, d’une institution ou d’un dossier qui s’est retrouvé au cœur de l’actualité

Publié à 1h08 Mis à jour à 7h00

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« Le rôle de Catherine Tait n’était pas d’annoncer des coupes, son rôle, c’était de les dénoncer. »

Pierre C. Bélanger ne mâche pas ses mots quand je lui demande ce qu’il pense de la manière dont les coupes de 125 millions de dollars, de 600 emplois et de 200 postes vacants à Radio-Canada/CBC ont été présentées à la population en début de semaine.

Le professeur émérite en communication de l’Université d’Ottawa, qui suit cette industrie depuis plusieurs décennies, est très critique à l’endroit de l’actuelle présidente de la société d’État.

Pour cet expert, l’annonce de lundi dernier était prématurée. « Pourquoi traumatiser des centaines de familles avant Noël quand on n’a pas toutes les données en main ? Tu rends insécures des jeunes dans une industrie attaquée de toutes parts. Ça aurait très bien pu attendre le 6 janvier. »

Si le professeur Pierre C. Bélanger est à ce point abasourdi, c’est parce qu’il manque beaucoup de variables dans l’équation de Mme Tait.

Le ministère du Patrimoine n’a même pas précisé si Radio-Canada/CBC devait retrancher 3 % ou 1,5 %, ou si la société d’État était totalement exemptée des coupes. Comment peut-on arriver à un tel résultat sans connaître le véritable poids de ces variables ?

Pierre C. Bélanger, professeur émérite en communication de l’Université d’Ottawa

La sortie de Mme Tait est d’autant plus prématurée, selon lui, qu’on ne connaît pas encore la répartition des 100 millions de dollars annuels versés par le géant Google aux médias canadiens.

« C’est une aide au journalisme et Radio-Canada/CBC est le plus grand fournisseur de journalisme au pays, insiste le professeur. La ministre du Patrimoine aurait dû désamorcer la situation dès le départ en déclarant que Radio-Canada/CBC avait le droit à une part de cette somme. Là, on se retrouve devant une situation où Mme Tait ne sait pas si elle sera soumise aux compressions ni combien elle recevra des 100 millions, mais elle sait quand même qu’elle va supprimer 800 postes. C’est quand même incroyable ! »

À cette confusion, il faut ajouter la crise provoquée au sein de la société d’État. Les propos de Mme Tait laissent présager que les coupes seront réparties à parts égales entre le service français et le service anglais. Le professeur Pierre C. Bélanger croit que cette « injustice extraordinaire », ce sont ses mots, expliquerait le départ précipité plus tôt cette année du vice-président des services français, Michel Bissonnette.

Un message qui rate la cible

L’annonce de lundi dernier représentait plusieurs défis pour la présidente Catherine Tait : il fallait savoir être transparente avec les employés tout en étant solidaire. Il fallait être solide dans ses explications et convaincante dans sa défense de l’institution.

On ne peut pas dire que c’est mission accomplie.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Un studio radio de la nouvelle Maison de Radio-Canada, à Montréal. Les propos de Mme Tait, cette semaine, laissent présager que les coupes seront réparties à parts égales entre le service français et le service anglais.

Sa tournée d’entrevues a frôlé la catastrophe. Invitée au Téléjournal de Patrice Roy sur les ondes d’ICI Télé, Mme Tait a offert le dessus de sa tête à la caméra à plusieurs reprises. Sans doute moins à l’aise en français – qu’elle maîtrise pourtant très bien –, elle se penchait sur ses notes entre chaque question de l’animateur, ce qui lui donnait un air moins assuré.

Son passage à la CBC a été encore plus difficile.

À la question de l’animatrice Adrienne Arsenault à propos des bonis annuels de 16 millions de dollars distribués aux cadres de la société d’État, Mme Tait aurait dû être catégorique : pas de boni en contexte de coupes budgétaires. Elle a plutôt déclaré qu’elle n’avait pas encore étudié la question.

Le « O… K… » d’Adrienne Arsenault en disait long.

« Il y avait un problème de transmission du message, confirme Colette Brin, professeure au département d’information et de communication de l’Université Laval. Mme Tait semblait plus en contrôle en anglais, mais elle était souvent surprenante dans ses explications. Or, elle a le devoir d’envoyer un message clair. »

Une relation difficile

On s’entend, assumer la présidence de Radio-Canada/CBC n’est pas une tâche facile. Et rares sont les dirigeants qui n’ont pas été critiqués durant leur mandat.

Cela étant dit, entre Catherine Tait et Radio-Canada/CBC, on dirait que la sauce n’a jamais pris. La plus grande contribution de Catherine Tait demeure la diversité, l’équité et l’inclusion, selon Colette Brin. « Mais elle ne semble avoir aucune sensibilité à la culture québécoise et à ce qui se passe ici », ajoute la professeure.

« Je n’ai jamais senti de ralliement derrière cette personne-là, renchérit Pierre C. Bélanger. Pour gagner la sympathie de ses employés, il aurait fallu qu’elle ait foi dans la diffusion publique et qu’elle défende ses troupes. »

À son avis, Catherine Tait aura été la moins visible des six ou sept derniers dirigeants de la société d’État. « C’est difficilement justifiable, ajoute le professeur Pierre C. Bélanger. Dans ce poste, tu dois être incontournable, participer à tous les forums. Or, on ne la voit pas, on ne l’entend pas. Être un messager aussi discret, pour moi, c’est une faiblesse. »

En cette semaine particulièrement difficile, Catherine Tait aurait dû faire preuve de leadership. Elle a plutôt livré un message confus et donné l’impression qu’elle abandonnait ses employés à leur sort. Faut-il vraiment attendre janvier 2025 pour donner à Radio-Canada/CBC un président ou une présidente à la hauteur de cette fonction ?

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