UNEQ | Non aux cotisations, oui à la vente de la Maison
PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE
La Maison des écrivains, avenue Laval, à Montréal
La date du 29 mars 2023 en sera une historique pour le milieu littéraire québécois, alors qu’une courte majorité de membres votants de l’Union des écrivaines et des écrivains du Québec (UNEQ) se sont prononcés contre le prélèvement de cotisations syndicales, mais en faveur de la vente de la Maison des écrivains.
Publié à 8h00
Charles-Éric Blais-Poulin
LA PRESSE
Grâce aux prélèvements controversés, l’association souhaitait remplir un rôle éminemment syndical, avec comme mandat premier de négocier des ententes collectives avec les éditeurs, comme le prévoit la nouvelle Loi sur le statut de l’artiste.
Vers 17 h 30, plus de 550 membres étaient réunis sur Zoom, « du jamais-vu » pour une assemblée de l’UNEQ. Les deux questions épineuses ont été soumises au vote tard mercredi. Problèmes techniques, cacophonie, impatience : les échanges, auxquels La Presse a pu assister en partie, ont été pour le moins agités, les mots « garderie » et « capharnaüm » ayant été prononcés à quelques reprises.
Les cotisations proposées par l’UNEQ, soit 2,5 % des revenus pour les membres et 5 % pour les non-membres, alimentent une controverse depuis le mois de décembre dernier. En début d’assemblée, le directeur général, Laurent Dubois, a longuement argué que cette nouvelle source de revenus était vitale pour mener à bien les négociations et pallier un « déficit structurel », financé par des réserves qui fondent d’année en année.
Les membres, dans une proportion de 56 % (248), ont rejeté la proposition de cotisations, alors que 40 % (178) y ont adhéré. Ce choix démocratique renverse le résultat d’une assemblée tenue en juin dernier, annulé en raison d’une « erreur de procédure ».
Maison des écrivains à vendre
Au terme d’une seconde proposition, le conseil d’administration a reçu le mandat de vendre la Maison des écrivains. La lutte a été féroce : 189 membres ont voté pour tandis que 175 s’y sont opposés. Selon un amendement, l’UNEQ devra toutefois observer un moratoire de 18 mois afin que « les personnes et groupes intéressés [aient] la possibilité de déposer des projets d’acquisition ayant pour mission de promouvoir la littérature ou le métier d’écrivaine et d’écrivain ».
Le vote sur la vente s’est tenu sans aucun débat en raison d’une « question préalable » rapide. L’UNEQ a fait du déménagement de son siège social, carré Saint-Louis, l’un des « points marquants » de son plan d’action 2023-2025, une décision qui a déclenché une levée de boucliers dans le milieu littéraire.
La patience à rude épreuve
Au cours de la soirée, des micros négligemment ouverts permettaient d’entendre de nombreux grognements et jurons parmi les centaines de membres inscrits.
Au gré des interventions, quelques participants ont contesté le choix du syndicaliste Jacques Létourneau, ancien président de la CSN, pour mener l’assemblée, alors que l’UNEQ n’exclut pas de s’affilier à la centrale syndicale. D’autres auraient souhaité que Suzanne Aubry soit davantage entendue au micro en sa qualité de présidente. C’est plutôt le directeur général Laurent Dubois qui répondait aux questions.
La firme de sondage mandatée par l’UNEQ, SimpleSondage, en a aussi pris pour son rhume. De nombreuses erreurs de connexion ont miné le rythme de l’assemblée, au grand désarroi d’un président dont la patience a été saluée à plusieurs reprises. C’est peut-être le message d’erreur « 504 gateway time-out » qui, au final, aura été le plus débattu.
Il reste à savoir comment l’UNEQ pourra remplir sa mission syndicale sans cotisations de ses membres. À 23 h 50 mercredi, la fin de l’assemblée ne signifiait en rien la fin des débats.