Hydro-Québec - Actualités

Donc si ce n’était pas CDPQi qui a livré le REM mais compagnie Y de Calgary/Monaco/Mumbai, avec tous les autres critères du contrat intacte, la décision d’aller de l’avant aurait dû être différente?

Différences philosophiques, on est d’accord qu’on est en désaccord.

C’est la situation actuelle.

Non, le iPhone n’est produit que par 1 et 1 seule compagnie. Parallèlement, devrait-on étatiser Couche-Tard et Bombardier? Aussi, rien n’empêche techniquement le Québec d’avoir des centaines de fournisseurs d’électricités.

Je n’ai pas d’opinion sur l’orientation d’Hydro-Québec à ce sujet. Je déclare simplement qu’actuellement elle n’a pas cet expertise, et que rien ne prouve qu’elle l’aura de sitôt. Une expertise ne s’achète pas au supermarché.

Pour ce qui est de l’expertise sur l’hydroélectricité, le passé n’est pas garant de l’avenir, le résultat n’est pas garantie. 1960-1970 n’est pas 2020-2030.

Apple a littéralement des centaines de fournisseurs. TSMC (Taiwan) fabrique les puces de l’iPhone, non ? De plus, des centaines d’entreprises fabriquent des téléphones et s’approvisionnent également auprès de centaines de fournisseurs en concurrence avec Apple. Ils fabriquent dans tous les pays, en Inde, en Chine et dans le reste. C’est un marché mondial. L’électricité doit être produite à proximité du lieu où elle est vendue, généralement. Cela limitera la concurrence. Mais pour le reste, nous sommes fondamentalement en désaccord sur l’approche philosophique. Je pense que si ce n’était pas CDPQi qui développait le REM, ce serait différent, honnêtement. Bénéfices pour un bien public (transport en commun) en cours de privatisation. Alors que les couches-tards et Bombardiers ne produisent pas quelque chose sur lequel le public tout entier compte. Mais c’est fondamentalement une différence d’idéologie.

Le iPhone n’est produit que par 1 et une seule compagnie. C’est un fait. Tu mélanges le produit de sa composition, donc tu déplaces ton argumentation dans ton raisonnement.

Si on déplace l’argument du côté fournisseur, parce que c’est toi qui l’a initié, bien le barrage d’Hydro-Québec n’est pas seulement composé de produits d’Hydo-Québec. Donc implicitement tu insinuerais qu’Hydro devrait produire chaque cellule photovoltaique pour ses panneaux solaires, fondre son cuivre, etc. etc.

On est en désaccord là-dessus, et au moins tu as le mérite d’être clair sur ce point.

D’ici quelques années, on va devoir déplacer la totalité de l’énergie utilisée provenant du pétrole qu’on utilise pour bouger des autos et la transférer vers le réseau électrique.

Le gouvernement veut augmenter la capacité de HQ de 50%

Alors permettre des projets privés me semble la façon la plus efficace d’y parvenir. Certains vont argumenter que HQ pourrait faire elle-même ces projets mais cela implique une centralisation des projets vers une seule entité et des ressources limitées.

De plus je veux bien croire qu’on se doit de réduire notre consommation énergétique mais cela ne risque pas d’être suffisant pour les défis qui sont devant nous.

Dans le pire des cas, si un jour ce modèle hybride privé-public ne nous convient plus, on pourra toujours nationaliser.

Je pense que je suis mal compris. Non seulement tous les fournisseurs d’iPhone sont en concurrence les uns avec les autres, pour lesquels Apple se contente d’« assembler » l’iPhone en Chine, mais l’iPhone est également en concurrence avec toutes les autres compagnies de téléphone. Le nombre d’entreprises dans ce secteur est énorme et diversifié. L’électricité ici au Québec n’aura pas des centaines de fournisseurs en concurrence, et peut-être que 2 ou 3 avec leurs fournisseurs associés seront en mesure de financer la construction de ces centrales privées. Non seulement ça, nous ne pourrons pas choisir entre Apple, Samsung, Xiaomi et redMi pour notre électricité, il y aura beaucoup moins de choix. Il s’agit d’un marché limité. Toute interprétation plus granulaire de mon argument sur Apple risque de me mal comprendre. L’électricité est limitée parce qu’elle doit être produite ici, et il existe que quelques entreprises qui ont les moyens de la fournir. :person_shrugging:

Now why are we being sassy :skull:

De 2 points:

  1. Ton argument initial était le iPhone, et non les téléphones intelligents
  2. Tu déplaces ton raisonnement encore entre le produit et sa compostion. D’un point de vue produit on se fout royalement où et comment elle est faite, ou sinon ton raisonnement mène implicitement vers le contrôle total de la composition du produit (téléphone, éolienne ou barrage) par le même monopole. C’est un non-sens à mon avis, et donc une fausse argumentation.

C’est une opinion, mais quel est l’argument pour cela? Le concept de centrales virtuelles, terme qu’Hydro-Québec malmène avec sa marque Hilo, définit justement cela: qu’il y aura une masse de producteurs disctincts d’électricité. C’est déjà la réalité dans d’autres géographies.

Si Hydro permettait la revente d’électricité au réseau principal, qu’est-ce qui empêcherait une masse de clients d’avoir leur propres panneaux solaires et/ou éoliennes et/ou batteries, pour revendre l’électricité au réseau dans un marché dynamique de tarification?

Juste le début de cette phrase est un faux ou un raccourci de raisonnement, la rendant caduc. Hydro-Québec lui-même participe à l’achat et la vente d’électricité sur le marché. La société a littérallement des traders d’électricité.

C’était un compliment! J’ai définit un scénario clair et limpide (REM identique mais par une autre entité que CDPQi) et tu as fourni une réponse claire. C’est mieux en terme de clareté que beaucoup d’arguments sur la privatisation de l’électricité que j’ai rencontré jusqu’ici dans les divers articles et reportages.

Entrevue de Fitzgibbon à l’émission radio Midi info


Le ministre Fitzgibbon précise ses intentions pour répondre à la demande en électricité

Le privé jouera un rôle accru, mais sans remettre en cause le monopole d’Hydro-Québec, assure le ministre.

Pierre Fitzgibbon au micro du 15-18.
Le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec, Pierre Fitzgibbon (Photo d’archives)
PHOTO : RADIO-CANADA / MAYA ARSENEAU

Thomas Gerbet
Publié à 16 h 54 HNE

Des entreprises qui autoproduisent leur électricité pourront vendre leurs surplus à Hydro-Québec ou à d’autres consommateurs privés, mais sans utiliser les lignes de transport du réseau public, a prévenu le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec, Pierre Fitzgibbon, en entrevue avec Radio-Canada.

Son projet de loi, « pas finalisé », qui sera déposé d’ici le mois de mars, va encourager, tout en l’encadrant, la production privée d’électricité et la vente de celle-ci, afin de répondre à la forte demande pour la décarbonation des transports, de l’économie, mais aussi pour les projets industriels.

Il faut être flexible, a expliqué le ministre dans le cadre de l’émission Midi info. Hydro-Québec a besoin d’acheter de l’électricité, a-t-il rappelé, et il n’y a pas assez de mégawatts pour toutes les industries qui voudraient en recevoir de la société d’État.

Il faut encourager la production additionnelle, car on est en manque d’énergie.

– Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec

Des dizaines d'éoliennes dans un champ couvert de neige.
Les éoliennes sont déjà gérées par le privé au Québec, mais elles le sont dans le cadre d’appels d’offres avec Hydro-Québec, à qui cette production est destinée.
PHOTO : AFP VIA GETTY IMAGES / JONATHAN NACKSTRAND

Hydro-Québec a déjà prévu acheter des surplus d’électricité des barrages privés de Produits forestiers Résolu pour répondre aux besoins du réseau public, cet hiver. Ce modèle a la faveur du ministre.

Et si une entreprise privée veut vendre ses surplus à une autre compagnie à proximité, elle peut construire des lignes de transport privées, a expliqué le ministre.

On va être prudents. On ne pourra jamais laisser un producteur se servir du réseau de transport d’Hydro-Québec pour revendre à d’autres utilisateurs. Ce serait insensé.

– Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec

Jamais on ne va toucher au monopole de distribution et de transport, c’est trop important pour la sécurité énergétique, a-t-il ajouté. Il n’est pas question de dénationaliser Hydro-Québec.

Des pylônes et des lignes de haute tension.
« Il n’y aura pas de réseau parallèle » au Québec, a assuré le ministre.
PHOTO : SOURCE : HYDRO-QUÉBEC

À l’heure actuelle, il est interdit pour un producteur privé d’électricité de vendre directement cette énergie à un acheteur privé, même avec un réseau de transport privé. Par exemple, Rio Tinto, avec ses barrages (et éventuellement des éoliennes), ne peut pas en vendre à une autre entreprise.

Mais l’industrie de l’énergie renouvelable et les grands consommateurs industriels poussent en ce sens.

Hydro-Québec a besoin du privé pour s’alimenter en électricité, a reconnu le ministre Fitzgibbon, et c’est possible, selon lui, de faciliter cette relation sans remettre en question la nationalisation de l’électricité et l’héritage de René Lévesque, qu’il adore.

L’industrie continue de pousser pour légaliser la vente directe

Le 12 janvier, en réponse à une question de Radio-Canada, le cabinet du ministre avait déclaré qu’il avait de l’ouverture pour les contrats de vente directe d’électricité du privé au privé (Power Purchase Agreement, ou PPA) et que ces changements éventuels nécessiteraient d’utiliser le réseau de transport d’Hydro-Québec.

Ces PPA sont déjà autorisés ou en voie de l’être dans d’autres provinces canadiennes ainsi que dans plusieurs États américains, rappelle l’Association québécoise des consommateurs industriels d’électricité, qui est favorable à ce que ce modèle soit légalisé au Québec.

Hydro-Québec ne peut pas à la fois avoir le monopole de la distribution d’électricité et le droit de refus d’alimenter des clients actuels ou potentiels. Des solutions de rechange doivent donc être permises.

– Jocelyn Allard, président de l’Association québécoise des consommateurs industriels d’électricité

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Il y avait un débat sur le bienfait d’un monopole (dans ce fil ou ailleurs?)…

Nul doute qu’un tel changement secouerait le gros monopole que constitue Hydro-Québec, le forçant à s’ajuster face à la concurrence, ce qui serait bienvenu. Tous les économistes le disent : les monopoles font preuve de moins de dynamisme et d’innovation, ce qui prive les clients de prix et de services plus intéressants qu’avec une saine concurrence.

Le Québec perd 1 G$ à cause d’« un énorme déficit énergétique »

Le niveau historiquement bas des réservoirs va réduire les dividendes versés par Hydro-Québec à l’État.

Le barrage Daniel-Johnson et la centrale Manic-5
Le barrage Daniel Johnson de la centrale Manic-5 est alimenté par le réservoir Manicouagan qui a subi une forte baisse de son niveau d’eau dans les derniers mois.
PHOTO : ISTOCK / MELKING

Thomas Gerbet
Publié à 4 h 00 HNE

Un déficit record d’arrivée d’eau dans les réservoirs d’Hydro-Québec cause un manque à gagner d’un milliard de dollars dans les caisses du gouvernement du Québec, révèlent des données du ministère des Finances et un rapport interne de la société d’État, obtenus par Radio-Canada.

Le rapport, daté du 31 décembre, révèle que la société d’État a subi, en 2023, un premier gros choc énergétique négatif depuis qu’elle accumule des surplus. Ce déficit record d’hydraulicité (apport d’eau) est du jamais-vu depuis que les données sont compilées, soit en 1943.

Selon les calculs d’Hydro-Québec, ce sont 35 térawattheures (TWh) qui ont disparu des réserves d’énergie, l’an dernier, ce qui est qualifié d’énorme déficit énergétique.

35 TWh**, c’est l’équivalent de :**

  • toute l’électricité exportée par Hydro-Québec en 2022
  • 20 % de l’électricité consommée par tous les Québécois en une année
  • 30 % des surplus accumulés dans tous les réservoirs depuis huit ans

Personne n’est à blâmer, c’est le temps sec dans le nord de la province qui a considérablement réduit le niveau des réservoirs.

Le problème s’est concentré principalement sur deux complexes hydroélectriques : La Grande, dans le Nord-du-Québec (-30,7 TWh) et Manic, sur la Côte-Nord (-5,4 TWh).

La centrale Manic-5, la centrale Manic-5-PA et le barrage Daniel-Johnson font partie du vaste complexe Manic aux outardes.
La centrale Manic-5, la centrale Manic-5-PA et le barrage Daniel-Johnson font partie du vaste complexe Manic aux outardes.
PHOTO : HYDRO-QUÉBEC

Le rapport décrit un triste tableau météo dans lequel il a manqué beaucoup de neige, durant l’hiver dernier, et où il a manqué beaucoup de pluie au printemps, dans le Nord-du-Québec et la Côte-Nord. Puis, l’été a été anormalement sec (on se souvient des feux de forêt dans le nord). Enfin, il n’y a pas eu de crue d’automne, en raison de la faible pluie.

À la crue de printemps la plus faible de l’historique […] s’est donc ajouté un automne famélique qui bat le précédent record de l’historique 1943-2022, qui était 1985.

— Rapport interne d’Hydro-Québec

En septembre, Hydro-Québec avait déjà prévenu qu’elle allait réduire ses exportations en raison du bas niveau des réservoirs. On parlait alors d’une baisse des réserves d’énergie de 20 TWh. Mais on ignorait que la situation allait continuer de se dégrader durant l’automne pour atteindre un manque de 35 TWh.

Hydro-Québec n’a pas été chanceuse avec la météo, en 2023, puisqu’elle a aussi fait face à une demande d’électricité record, durant un grand froid, en février.

Ça va coûter cher cette année

Les Québécois ne manqueront pas d’électricité (les réserves demeurent suffisantes), mais ce sont des revenus destinés à l’État québécois qui vont manquer.

Ça va coûter cher cette année, prévient une source chez Hydro-Québec qui n’est pas autorisée à parler publiquement.

Le mot d’ordre, pour 2024, est d’énormément moins exporter, pour préserver les grands réservoirs.

—Une source chez Hydro-Québec

Une centrale hydroélectrique vue du haut des airs.
La centrale La Grande-3 (LG-3) avec son réservoir.
PHOTO : TIRÉE DU SITE INTERNET D’HYDRO-QUÉBEC

Nous avons restreint les ventes d’électricité sur les marchés externes afin de gérer nos ressources de façon optimale, confirme la porte-parole d’Hydro-Québec, Caroline Des Rosiers.

C’est une préoccupation majeure pour le dividende et les rendements d’Hydro-Québec.

— Une citation deUne source à Hydro-Québec

Pour chaque térawattheure qu’Hydro-Québec ne vend pas sur les marchés, ce sont 80 millions de dollars de revenus qui lui échappent, selon l’analyste indépendant en réglementation de l’énergie Jean-François Blain.

Heureusement qu’on n’a pas encore à fournir les 20 TWh vers l’État de New York et du Massachusetts, ajoute M. Blain, en référence aux contrats d’exportation signés pour après 2026, car la flexibilité aurait été moins grande. Deux sources chez Hydro-Québec qualifient ces contrats de « boulets ».

Le siège social d'Hydro-Québec.
Hydro-Québec doit verser 75 % de ses bénéfices de l’année en dividendes au gouvernement.
PHOTO : LA PRESSE CANADIENNE / PAUL CHIASSON

Au moins un milliard de manque à gagner

Selon des données fournies à Radio-Canada par le ministère des Finances, les revenus du gouvernement provenant d’Hydro-Québec vont baisser d’au moins 850 millions de dollars par rapport à ce qui était prévu lors de la présentation du budget 2023-2024. Mais ce n’est pas tout.

Dans son rapport sur la situation financière du Québec pour le second trimestre (juillet-septembre 2023), publié le 15 décembre, le ministère des Finances diminue encore ses prévisions de revenus provenant des sociétés d’État de 370 millions de dollars supplémentaires. Et c’est encore une fois surtout à cause d’Hydro-Québec.

image

Le ministère écrit, dans le rapport, que la baisse des revenus des sociétés d’État entre avril et septembre est principalement attribuable à la diminution des résultats d’Hydro-Québec, principalement liée à la baisse de la valeur de ses exportations.

Une ligne à haute tension se dresse dans la région de Saint-Hyacinthe en Montérégie.
Hydro-Québec vend de l’électricité sur le marché nord-américain.
PHOTO : ISTOCK

Si plus de la moitié des 370 M$ est attribuable à Hydro-Québec, alors, on peut calculer qu’au total, au moins un milliard de dollars vont manquer, cette année, dans les coffres du gouvernement à cause de la baisse des revenus de cette seule société d’État.

Et toutes ces sommes n’incluent pas encore le troisième trimestre 2023-2024 (octobre-décembre), où, là aussi, les apports hydrauliques étaient très faibles dans le nord.

La centrale La Grande-1 (LG-1) est située près de Chisasibi, dans la région de la Baie-James.
La centrale La Grande-1 (LG-1) est située près de Chisasibi, dans la région de la Baie-James.
PHOTO : HYDRO-QUÉBEC

Une réévaluation de la situation est en cours, explique le porte-parole du ministère des Finances du Québec, Philippe Bérubé. La nouvelle prévision des revenus provenant d’Hydro-Québec sera rendue publique au budget 2024-2025.

Le ministre des Finances Éric Girard a prévenu, jeudi, que les comptes de l’État se portent moins bien que prévu, avec une hausse des dépenses et une baisse des revenus.

L’an dernier, les revenus de la société d’État lui ont permis de verser un dividende de 3,4 milliards de dollars au gouvernement du Québec, le plus élevé de son histoire, ce qui contribue au développement socioéconomique de la province.

Le ministre Girard en conférence de presse.
Le ministre des Finances du Québec, Eric Girard, a prévenu, jeudi, que les comptes de l’État se portent moins bien que prévu.
PHOTO : RADIO-CANADA / SYLVAIN ROY ROUSSEL

Pour le professeur à l’Université de Montréal et directeur scientifique de l’Institut de l’énergie Trottier, Normand Mousseau, le niveau des réservoirs est moins inquiétant que le niveau des augmentations de tarifs imposées aux clients d’Hydro-Québec, cette année.

L’augmentation des tarifs ne compense pas l’augmentation des coûts. Et, pour moi, c’est un problème majeur, dit-il.

Si on n’arrive pas à faire suivre les revenus avec les coûts du système, ça veut dire que les rentrées d’argent pour le gouvernement vont devenir de plus en plus faibles. Et, le jour où il n’y en aura plus [de bénéfices], la pression va être très très forte pour qu’on privatise Hydro-Québec.

— Normand Mousseau, professeur à l’Université de Montréal et directeur scientifique de l’Institut de l’énergie Trottier.

En ce qui concerne le faible niveau des réservoirs, Hydro-Québec anticipe une tendance inverse, dans le futur. Les changements climatiques pourraient entraîner une hydraulicité en hausse dans le nord du Québec, prévient la porte-parole Caroline Des Rosiers.

À long terme, les prévisions de la société d’État laissent entrevoir une hausse de 5 à 10 % des précipitations dans le nord du Québec, là où se trouvent les grands réservoirs.

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C’est tout le problème, faire la différence entre un monopole d’État, et un monopole privé… Il semble que bien des économistes ne soient pas en mesure de faire la différence. Et encore, même le capitalisme avec concurrence semble clairement montrer que l’innovation stagne sans aide du gouvernement dans certains domaines. On le voit dans les provinces et états ayant privatisé l’électricité, ce n’est pas les clients qui sont gagnants. Dans les télécoms non plus.

Dans le cas présent, on va revenir à ce qui se faisait au siècle dernier. Chaque producteur aura son réseau de distribution. Et donc chacun aura son monopole finalement. Mais bon, hâte de voir comment la «concurrence» pourra avoir des meilleurs prix que le «monopole» d’Hydro-Québec ! Un p’tit 2$ qu’ils demandent, dans quelques années, de faire cesser le bloc patrimonial, pour concurrence déloyale. Ou la «subvention» des tarifs trop bas pour attirer les clients. Ou la privatisation du reste d’Hydro.

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Hydro-Québec paiera plus cher pour l’éolien


PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE
Hydro-Québec avait reçu 16 propositions totalisant 3 034 mégawatts. La société d’État en a choisi huit, pour un total de 1 550 mégawatts.

Les huit projets éoliens retenus par Hydro-Québec à la suite de son dernier appel d’offres lui fourniront de l’électricité à coût moyen de 7,8 cents, un prix qui n’inclut pas les coûts de transport et de distribution.

Publié à 9h59
Hélène Baril
LA PRESSE

Hydro-Québec avait reçu 16 propositions totalisant 3 034 mégawatts. La société d’État en a choisi huit, pour un total de 1 550 mégawatts. Les projets retenus se situent pour la plupart au sud du Québec. Les deux offres de Boralex ont été retenues par Hydro-Québec. Innergex et Kruger Énergie en ont aussi deux chacun. Invernergy en a un et Pattern Renewable Holdings Canada 2 ULC, un aussi.

Les livraisons d’énergie sont attendues entre le 1er décembre 2027 et le 1er décembre 2029.

Le prix obtenu par Hydro-Québec à la suite de cet appel d’offres est sensiblement supérieur à celui des appels d’offres précédents, qui tournait autour de 6 cents le kilowattheure. Le coût du capital a augmenté et les coûts de construction sont en hausse, avec comme résultat que les nouveaux approvisionnements d’Hydro-Québec coûtent plus cher. La société d’État estime que ses nouveaux approvisionnements coûteront en moyenne 11 cents le kilowattheure.

Consultez la liste des projets retenus

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Un article qui a le mérite de bien nous informer et surtout de nous amener à réfléchir sérieusement sur les enjeux concernant l’avenir d’Hydro-Québec.


Éviter la distraction ou la déception ?

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

« On ne gagne rien à exposer Hydro-Québec à d’éventuels risques de prédation ou de balkanisation en se fiant uniquement à la parole politicienne », écrit Boucar Diouf.


Boucar Diouf
Boucar Diouf Collaboration spéciale

Des députés de la Coalition avenir Québec (CAQ) ont rivalisé de contorsion intellectuelle pour nous expliquer le sens des mots « discipline » et « distractions », leurs mots d’ordre en ce début d’année politique 2024. Ce nouveau slogan inclut évidemment la nécessité de serrer les rangs et de laver le linge sale en famille. Malheureusement, cette façon de construire une muraille opaque entre les élus et le peuple est la principale nourriture du cynisme envers les politiciens.

Publié à 1h37 Mis à jour à 7h00

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Aussi, même si le premier ministre parle de distractions, son problème doit à une série de déceptions. C’est de plus de cohérence et de transparence que la CAQ a véritablement besoin. En effet, depuis la fin de la pandémie, les décisions du chef sont plus difficiles à suivre. Si Claude Legault le caricature si bien dans le Bye bye, ce n’est pas parce qu’ils ont le même nom de famille. Je crois plutôt que c’est parce que François est parfois aussi bon en improvisation que Claude.

PHOTO CHRISTINNE MUSCHI, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le premier ministre François Legault lors du caucus présessionnel de la CAQ à Sherbrooke, mercredi

Je n’ai pas besoin de revenir sur toutes les incohérences qui ont mené à la rupture du cordon ombilical de la confiance qui l’unissait fortement au vote francophone. Cependant, comme humble observateur de la politique, permettez-moi de lui prodiguer un conseil, bien plus ressenti que d’expert, sur le dossier miné qui peut politiquement faire encore plus mal à la CAQ.

Je pense que monsieur Legault devrait particulièrement surveiller le bourdonnement du duo Fitzgibbon-Sabia autour du monopole d’Hydro-Québec.

On a beau nous présenter encore cette part qu’on veut laisser au privé comme une petite soupape pour aider Hydro, la méfiance est de mise, car le Québec a déjà joué dans des films semblables.

Deux exemples. Lorsque le privé a commencé sa famélique incursion dans le système de santé, c’est le même discours qu’on nous tenait. On présentait cette petite brèche comme une soupape ou une contribution du privé pour aider à désengorger certains secteurs du système hospitalier. Aujourd’hui, est-ce qu’il y a quelqu’un qui pense encore que le privé en santé ne va pas rester, grossir, se diversifier et même rêver de livrer une compétition en règle au réseau public ?

Le même discours a également été utilisé pour nous rassurer sur le caractère bien marginal de la place des agences privées en santé. Que s’est-il passé depuis ? Elles sont désormais si puissantes et incontournables que les tasser occasionnerait de grosses turbulences.

Alors, même si on se surpasse en gymnastique intellectuelle pour nous expliquer que cela n’aura aucun effet sur son monopole, c’est ce qui risque ultimement de se passer à Hydro-Québec. Le temps finit toujours par révéler le diable, si bien caché soit-il dans les détails. L’énergie, c’est le lucratif nerf de la guerre en ces temps de décarbonation des économies. Or, penser qu’on peut donner un doigt à la grande entreprise privée sans qu’elle travaille à vous prendre le bras est une utopie.

Le néolibéralisme est une activité de prédation dont le désir de croître demeure la loi sacrée et fondamentale. Pourquoi de grandes entreprises travailleraient-elles dans l’ombre pour se faire ouvrir une brèche quand elles ne rêvent pas un jour d’encaisser plus que ces miettes qu’on nous dit vouloir leur réserver ? Si des industrielles commencent à posséder des parcs éoliens sur les terres publiques et à produire, transporter et vendre leur électricité à d’autres ou à Hydro-Québec, est-ce qu’on les empêchera plus tard de pratiquer le principe de la chaîne alimentaire qui est au centre de l’économie capitaliste ?

Dans cette doctrine, chacun mange le plus petit qui le précède et devient la nourriture du plus gros qui le suit. À la fin, il restera le ou les gros prédateurs.

Autrement dit, si une entreprise achète les autres petits producteurs privés d’électricité et devient plus imposante, que va-t-il arriver ? Que se passera-t-il lorsque cette entreprise aura la force de ses ambitions devant Hydro ?

Si hypothétique soit-elle, cette possibilité est un paramètre très important de l’équation et banaliser les craintes de la population en parlant de campagne de peur sur un sujet aussi sensible n’est pas un argument.

Comme le faisait remarquer récemment l’ex-politicien Thomas Mulcair, le gouvernement de Mike Harris a joué dans les mêmes stratégies communicationnelles pour entreprendre le démantèlement d’Hydro Ontario et précipiter la libéralisation du secteur énergétique de la province qui sera achevée par Kathleen Wynne. Pourtant, aujourd’hui, l’électricité coûte plus cher en Ontario qu’au Québec.

Chez nous, désireux d’exaucer la volonté du premier ministre de créer des emplois plus lucratifs et de réduire l’écart salarial avec l’Ontario devenu son obsession, on a fait des démarches pour ouvrir à des demandeurs d’électricité au rabais la possibilité de venir s’installer au Québec. Ce qui a généré une énorme surenchère de demandes de raccordement par des groupes industriels qui veulent profiter de cette manne énergétique.

Devant l’impossibilité de répondre à cette demande, au lieu de remettre en cause la campagne de séduction trop gourmande du ministre, on essaye de nous vendre les limites d’efficacité du monopole d’Hydro-Québec comme étant problématiques. Une façon indirecte de dire qu’on serait mieux servis par une certaine ouverture au libre marché. Trouvez la mystification.

Entendons-nous bien, je n’aime pas l’ultralibéralisme, mais je n’ai absolument rien contre la juste entreprise privée. Je suis moi-même un mini-entrepreneur. Tout ce que j’essaye de dire, c’est qu’on ne gagne rien à exposer Hydro à d’éventuels risques de prédation ou de balkanisation en se fiant uniquement à la parole politicienne.

De toute façon, François Legault et son gouvernement n’ont jamais demandé ou reçu le mandat d’ouvrir cette porte que la très grande majorité de la population voudrait garder fermée à double tour. Si le premier ministre décide de s’avancer dans cette direction, il affrontera un puissant vent de face pendant le reste de son mandat.

Cela dit, je suis de ceux qui pensent que la chute de la CAQ est réversible et François a le temps de retrouver sa place dans le cœur des Québécois. Pour cela, il lui suffit de se remémorer à chaque instant les raisons pour lesquelles la coalition qu’il dirige a été fondée. Un gros remaniement ministériel serait d’ailleurs bien plus pertinent comme marqueur de renouveau que tous ces mots qui ne sont que des mots.

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J’ai nettement préféré le texte de Stephanie Grammond. Elle semble mieux décomposer l’enjeu.

Par exemple:

À cause de cet interfinancement malsain, les ménages paient seulement 86 % du coût réel, tandis que les commerces assurent 134 % du coût. Des boutiques, des restos, des salons de coiffure… toutes sortes de PME qui finiront par refiler la facture à leurs clients.

La demande des véhicules électriques dépasse les prévisions d’Hydro-Québec

La quantité d’énergie nécessaire à leur recharge est revue à la hausse pour répondre à la croissance.

Des véhicules dans un stationnement à étages.

Le gouvernement du Québec souhaite que 2 millions de véhicules électriques roulent sur les routes de la province en 2030.

Photo : Associated Press / Hendrik Schmidt

Publié à 4 h 00 HNE

Hydro-Québec est forcée de revoir ses prévisions de consommation d’électricité au Québec, en raison de la popularité des véhicules électriques, mais aussi à cause des nouvelles ambitions du gouvernement Legault pour électrifier le parc automobile.

Un document déposé auprès de la Régie de l’énergie montre que la société d’État est déjà forcée de modifier son Plan 2023-2032 pour s’ajuster à la croissance anticipée du nombre de voitures électriques.

Hydro-Québec calcule que d’ici 2032, il faut ajouter 1,2 térawattheure (TWh) à la demande globale d’énergie déjà prévue, uniquement à cause des besoins de ce type de véhicules. Pour avoir un ordre de grandeur, 1,2 TWh, c’est l’équivalent de la consommation d’électricité de 70 000 familles québécoises.

La société d’État écrit à la Régie, le 19 janvier, que c’est « le renforcement de la norme Véhicules zéro émission (VZE) » qui l’a forcée à revoir ses calculs. Le gouvernement du Québec a annoncé, l’an dernier, que son Plan pour une économie verte vise dorénavant une cible de deux millions de véhicules électriques sur les routes d’ici 2030 plutôt que 1,6 million.

Une voiture électrique branchée à un câble de recharge. C'est l'hiver.

Il y a 250 000 voitures électriques immatriculées au Québec.

Photo : getty images/istockphoto / Scharfsinn86

Hydro-Québec avait sous-estimé la demande

Le 30 novembre, en commission parlementaire, la haute direction d’Hydro-Québec a admis qu’elle n’avait pas vu venir une telle demande.

Regardez le nombre de véhicules électriques qu’on a sur nos routes, aujourd’hui, versus il y a deux ans, à peine. Il y a une électrification importante. Il y a une demande importante pour l’électricité, qui dépasse ce qu’on avait anticipé, il y a deux ans, à peine.

Une citation de Julie Boucher, vice-présidente d’Hydro-Québec, en commission parlementaire, le 30 novembre 2023

Cette déclaration surprend beaucoup le professeur à l’Université de Montréal, Normand Mousseau, directeur scientifique de l’Institut de l’énergie Trottier, qui a supervisé une étude d’anticipation sur les besoins d’un parc automobile québécois tout électrique.

Ne pas avoir vu venir en 2021 le nombre de véhicules électriques de 2023, ça ne tient pas la route, selon lui. La tendance était claire, on voyait une croissance exponentielle. Il n’y a rien de surprenant où on est aujourd’hui

Il y a aujourd’hui plus de 250 000 véhicules électriques immatriculés au Québec.

Normand Mousseau doute qu’on atteigne l’objectif du gouvernement de deux millions de véhicules en 2030, avec les problèmes de délais de livraison des voitures.

J’ai un frère qui a commandé un véhicule électrique, on lui a dit que ça prendra deux ans avant qu’il l’ait. Donc, il ne fera pas partie des 300 000 véhicules qui devraient s’ajouter cette année pour atteindre notre objectif.

Le gouvernement fédéral a lui aussi annoncé une cible de 100 % de véhicules électriques parmi les véhicules neufs vendus en 2035.

Si jamais on atteint nos cibles, pourra-t-on charger toutes ces voitures?

En 2035, les véhicules électriques grugeront le tiers de la puissance ajoutée d’Hydro-Québec

La société d’État a récemment annoncé un gigantesque projet pour ajouter jusqu’à 9000 mégawatts (MW) de puissance dans son réseau. La puissance, c’est la capacité à fournir l’électricité à tous ceux qui la demandent au même moment.

Le tiers de toute cette puissance ajoutée servira uniquement à charger les véhicules électriques de la province. Le tableau présenté par Hydro-Québec à la Régie de l’énergie fait état d’un besoin de 2922 MW, juste pour ça, en 2035.

Les analyses d’Hydro-Québec montrent que les propriétaires de véhicules électriques les chargent le plus souvent entre 18 h et 20 h.

Selon le professeur Normand Mousseau, il faudra mettre en place « une réglementation pour le contrôle de la recharge » afin de gérer la pointe hivernale.

L’an dernier, Hydro-Québec avait sous-estimé la demande d’électricité lors d’un grand froid, début février. Une consommation record de tous les Québécois, plus de 43 000 MW, avait fortement dépassé les prévisions.

En 2050, les véhicules électriques pourraient consommer, à eux seuls, 6000 MW lors d’une pointe, selon la société d’État.

Le télétravail vient aider Hydro-Québec lors des pointes

Hydro-Québec écrit à la Régie avoir reçu de nouvelles données de recharge des véhicules électriques qui prennent en compte la nouvelle réalité du télétravail. Ainsi, l’étalement des heures de recharge pourrait réduire l’impact anticipé lors des pointes de 73 MW.

De plus, une offre présentement en développement et favorisant le déplacement de la recharge durant la nuit est aussi prise en compte dans la prévision, écrit la société d’État.

Sur un horizon aussi lointain, Hydro-Québec anticipe aussi que l’évolution technologique fera changer grandement le portrait du parc de véhicules, notamment les technologies de batteries qui verront leur poids diminuer et leur capacité, augmenter. Ceci aura un impact sur la fréquence des besoins de recharge.

Enfin, les prévisionnistes pensent que les véhicules électriques pourront devenir des outils de gestion des pointes de consommation avec des technologies d’alimentation bidirectionnelle qui permettra à la voiture électrique de servir de batterie pour alimenter la maison, lors des pointes de consommation hivernale.

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Hydro-Québec souffle le chaud et le froid sur un mégaprojet domiciliaire

Hydro peut-elle fournir l’électricité nécessaire? Les élus de Saint-Bruno-de-Montarville sont inquiets après des communications avec la société d’État.

Des maisons et un terrain vague.

Le mégaprojet résidentiel sera situé à côté des Promenades Saint-Bruno.

Photo : Radio-Canada / Source : Cogir

Publié à 4 h 00 HNE

Dans quelques années, le paysage va radicalement changer aux abords des Promenades Saint-Bruno, sur la Rive-Sud, dans la région de Montréal. Un énorme écoquartier, l’un des plus importants au Québec avec 3800 unités d’habitation, va sortir de terre. Si le projet suscite l’excitation, c’est surtout la confusion qui règne actuellement parce que des doutes subsistent sur l’approvisionnement en énergie par Hydro-Québec.

Lors du passage de Radio-Canada, on pouvait y voir les traces de camions sur le terrain boueux qui jouxte le centre commercial. Déjà, des analyses ont été menées lors des dernières semaines. Au loin, on imagine le quartier, de forme triangulaire, où seront implantés les deux projets domiciliaires menés par Cogir et par le Groupe Beauregard.

C’est un beau quartier, un beau projet. On a protégé les milieux humides, il y a des logements abordables, des logements sociaux, lance Vincent Fortier, conseiller à Saint-Bruno-de-Montarville.

Pourtant, le jeune élu est inquiet. Dans la forme actuelle du projet, le complexe sera approvisionné en partie par du gaz naturel. M. Fortier souhaiterait que le quartier soit alimenté à 100 % en énergie renouvelable, notamment de l’électricité.

Un homme avec une tuque.

Le conseiller municipal de Saint-Bruno, Vincent Fortier, est contre l’approvisionnement en gaz naturel dans le futur écoquartier.

Photo : Radio-Canada

On parle d’un écoquartier, on ne peut pas le brancher avec du gaz fossile pour une centaine d’années. Ça n’a juste pas de bon sens, lance-t-il, découragé.

Qu’est-ce qu’un écoquartier?

Un écoquartier est une zone urbaine aménagée et gérée selon des objectifs et des pratiques de développement durable qui appellent l’engagement de l’ensemble de ses habitants.

(Source : Office québécois de la langue française)

La question de l’approvisionnement en énergie est d’ailleurs devenue un sujet très épineux à Saint-Bruno. Lors de conseils municipaux, des citoyens ont dénoncé la présence attendue du gaz naturel dans le projet.

Un montage de photos montrant des passages verdis et lumineux.

Quelques photos du projet fournies par le promoteur.

Photo : Radio-Canada / Source : promoteur Cogir

Hydro-Québec avertit la municipalité

Hydro-Québec joue un rôle de premier plan dans le dossier. Après l’adoption d’une résolution de la Ville visant à bannir le gaz naturel des nouvelles constructions, la société d’État a envoyé une lettre à la municipalité.

Dans cette missive, Hydro-Québec avertit la Ville que le bannissement du gaz naturel serait une mauvaise idée, car les surplus énergétiques ont rétréci comme une peau de chagrin ces dernières années.

Vous aurez compris que puisqu’en période de pointe le réseau électrique est déjà saturé, une municipalité qui obligerait désormais l’alimentation tout électrique des projets de développement sur son territoire occasionnerait une pression importante sur le réseau disponible, ce qui pourrait compromettre la fiabilité ainsi que la disponibilité même de l’électricité requise en période de pointe, écrit Marie-Ève Sylvestre, cheffe, relations avec le milieu, dans une lettre obtenue par Radio-Canada.

La société d’État indique aussi qu’il est donc impossible de donner l’assurance sans réserve qu’elle sera en mesure de fournir cette énergie renouvelable de façon fiable, constante et suffisante pour tous les nouveaux projets de développement prévus à l’horizon de 30 ans.

Douche froide

Cette lettre a eu l’effet d’un coup d’assommoir sur la municipalité. Le maire de Saint-Bruno-de-Montarville, Ludovic Grisé Farand, ne sait toujours pas si Hydro serait en mesure d’assurer l’approvisionnement à 100 % électrique du projet si le gaz naturel était abandonné.

Pour nous, ce n’est pas rassurant. On est une ville, on essaie de prendre des décisions éclairées pour nos citoyens […] On est dans une impasse. Ce n’est pas rassurant pour nous.

Une citation de Ludovic Grisé Farand, maire de Saint-Bruno-de-Montarville

En entrevue, il avoue ne plus savoir sur quel pied danser. D’un côté, il souhaite que l’écoquartier aille de l’avant dans les délais et que le projet de résolution visant l’abandon du gaz soit adopté, mais il veut des assurances de la part d’Hydro-Québec.

Portrait de Ludovic Grisé Farand.

Le maire de Saint-Bruno, Ludovic Grisé Farand

Photo : Radio-Canada / Source : Ville de Saint-Bruno-de-Montarville

Si Hydro nous dit qu’il peut nous fournir à 100 % en électricité sans délai, c’est certain que ça change la donne pour le projet. Le règlement passerait. Toutes les nouvelles constructions devraient être à l’énergie renouvelable à 100 %, explique-t-il.

Le projet va nécessiter 23 mégawatts (MW) d’énergie. En comparaison, le Centre Bell a besoin de 5 MW. Si son approvisionnement devait être revu avec davantage d’électricité, le complexe devrait obtenir une autorisation du ministre de l’Énergie et de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, en vertu de la loi 2 sur la répartition d’électricité, a confirmé le ministère à Radio-Canada.

Toutefois, l’analyse du dossier serait basée sur un processus distinct et particulier de celui des projets industriels. Ce n’est pas simple, avoue le maire Grisé Farand.

Lors du dépôt d’un mémoire, le promoteur Cogir s’était lui aussi interrogé sur l’approvisionnement par Hydro-Québec. Selon la réglementation de Saint-Bruno, 50 % des cases de stationnement d’un nouveau projet devraient être prêtes à recevoir éventuellement une borne de recharge.

L’entreprise affirme qu’il est impossible de respecter la réglementation en raison de l’incapacité d’Hydro-Québec de fournir l’énergie nécessaire pour alimenter les bornes.

Hydro a la capacité, mais…

Questionnée par Radio-Canada, Hydro-Québec affirme que le mégaprojet pourrait être alimenté à 100 % à l’électricité.

Je vais être très clair, le poste de Saint-Bruno a la capacité. C’est un poste qui a fait l’objet de travaux récemment, il y a la capacité électrique pour desservir de nouveaux projets d’envergure, assure le porte-parole d’Hydro-Québec, Maxence Huard-Lefebvre.

Mais du même souffle, la société d’État met en garde les municipalités qui voudraient restreindre le gaz naturel.

On dit attention […] Si on va à 100 % électrique dans tous les projets, partout au Québec, ça aura un impact énorme sur la capacité du réseau à répondre à la demande, surtout pendant la pointe hivernale, quand il fait plus froid que -12 [°C], assure-t-il.

Le représentant regarde droit dans l'objectif de la caméra lors d'une entrevue.

Maxence Huard-Lefebvre, porte-parole d’Hydro-Québec

Photo : Radio-Canada

Depuis plusieurs mois, Hydro-Québec fait la promotion de la biénergie, un mixte d’électricité et de gaz naturel, qui permettrait de diminuer la pression sur le réseau. La société d’État soutient aussi que l’utilisation du gaz naturel renouvelable (GNR) est un bon moyen de décarboner le Québec.

Actuellement, il y a 2 % de GNR dans le réseau de gaz naturel québécois. Le reste provient du gaz d’origine fossile.

Ce message de la société d’État alimente l’incertitude chez les élus et entrave leur travail, croit Vincent Fortier.

Ça crée une immense confusion qui fait en sorte de ralentir la volonté des conseils municipaux des villes qui veulent décarboner, particulièrement les nouvelles constructions, indique l’élu.

Même son de cloche pour Jean-Pierre Finet, analyste au Regroupement des organismes environnementaux en énergie (ROEE).

Hydro tente depuis plusieurs mois de décourager les municipalités de bannir le gaz dans la nouvelle construction. Comme si le gaz était un mal absolument nécessaire pour gérer la pointe dans les nouveaux bâtiments. Les maires ne sont pas dupes, ils savent très bien qu’il n’y a que 2 % de GNR dans le réseau, dit M. Finet.

Gros plan de son visage.

Jean-Pierre Finet est un expert en énergie.

Photo : Source : LinkedIn

Ce dernier rappelle que la société d’État a vu ses surplus fondre notamment en raison des contrats d’exportation. Hydro va d’ailleurs fournir le cinquième de l’électricité de la ville de New York qui a elle-même banni le gaz dans les nouvelles constructions.

C’est quand même ironique, on se retrouve les cordonniers les plus mal chaussées en Amérique du Nord. On vend notre électricité pour les aider à se décarboner, mais nous on ne peut pas décarboner à cause de cela.

Une citation de Jean-Pierre Finet, analyste au ROEE

Hydro-Québec met en garde les municipalités

Ce n’est pas la première fois que la société d’État intervient auprès de municipalités québécoises dans les derniers mois.

À l’hiver 2023, Radio-Canada rapportait qu’Hydro-Québec s’inquiétait du nouveau règlement que prépare la Ville de Montréal pour limiter la place du gaz dans les bâtiments.

On discute avec plusieurs municipalités, affirme M. Huard Lefebvre. Ce n’est pas un secret qu’on a eu des échanges avec la Ville de Montréal. Je pense que la Ville était bien consciente des enjeux liés à une réglementation qui aurait été trop ferme. Elle est arrivée avec un règlement équilibré.

Le siège social d'Hydro-Québec.

Hydro-Québec s’inquiète des règlements contre le gaz naturel adoptés dans les villes québécoises.

Photo : La Presse canadienne / Paul Chiasson

Au printemps dernier, la société d’État avait critiqué ouvertement la Ville de Laval pour son intention de bannir le gaz naturel dans les nouvelles constructions.

Une telle décision aurait des conséquences directes sur notre capacité à électrifier efficacement le territoire de Laval, avait soutenu Hydro au quotidien Le Devoir.

Plusieurs municipalités ont adopté des règlements limitant le gaz naturel dans les nouveaux bâtiments, notamment Prévost, Candiac et Mont-Saint-Hilaire.

L’Union des municipalités (UMQ) vient tout juste de lancer un parcours de décarbonation à l’usage des villes. Ce processus se fait en partenariat avec Hydro-Québec et Énergir.

Vincent Fortier se dit déçu de l’attitude d’Hydro-Québec dans ce dossier.

Hydro-Québec ne soutient pas clairement les villes qui veulent sortir du gaz fossile. Je me demande si on est encore maître chez nous. J’aimerais qu’on revienne à cette fierté et que la société d’État nous aide à décarboner, conclut-il.

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Un autre reportage de Thomas Gerbet sur HQ qui pourrait relancer la centrale nucléaire Gentilly-2

Texte complet

Hydro-Québec : « Aucune barrière majeure au redémarrage de Gentilly-2 »

La production d’énergie nucléaire pourrait renaître au Québec, en 2036, selon la Régie de l’énergie du Canada.

La salle des commandes de la centrale nucléaire Gentilly-2, en dormance.
La salle des commandes de la centrale nucléaire Gentilly-2, en dormance (Photo d’archives)
PHOTO : RADIO-CANADA / JOSÉE DUCHARME

Thomas Gerbet
Publié à 4 h 00 HNE

Rien n’empêche de relancer la production d’électricité d’origine nucléaire à la centrale Gentilly-2, de Bécancour, selon une analyse réalisée pour le compte d’Hydro-Québec. Les conclusions de cette évaluation « préliminaire » ont été obtenues par Radio-Canada.

Ces informations sont incluses dans un document de quatre pages remis par la société d’État, le 25 janvier, à la Commission parlementaire de l’agriculture, des pêcheries, de l’énergie et des ressources naturelles.

La haute direction d’Hydro-Québec s’était engagée à fournir ces informations, à la suite de questions du chef libéral Marc Tanguay, le 30 novembre, lors d’une audition à l’Assemblée nationale du Québec.

L'extérieur de la centrale.
La centrale nucléaire Gentilly-2, à Bécancour, est hors de fonction depuis le 28 décembre 2012. (Photo d’archives)
PHOTO : RADIO-CANADA

« Possible » d’ajouter de la capacité à la centrale

Hydro-Québec a mandaté la firme AtkinsRéalis (anciennement SNC-Lavalin), cet été, pour réaliser une évaluation de l’état des installations de la centrale nucléaire Gentilly-2, dont les opérations ont cessé en 2012.

L’objectif du mandat était d’obtenir un état des lieux des actifs afin de documenter si leur remise en fonction était envisageable ou si cela est simplement impossible, explique la société d’État, dans sa lettre.

À la suite de la visite des installations, aucune barrière majeure n’a été identifiée pour le redémarrage de la centrale de Gentilly-2.

— Hydro-Québec, document du 25 janvier 2024, remis à l’Assemblée nationale

L’étude indique également que l’ajout de capacité sur le site pourrait être possible, sous réserve de valider certaines contraintes (exemple : capacité de refroidissement) et d’explorer des solutions potentielles.

Des analyses exhaustives supplémentaires seraient toutefois nécessaires afin de confirmer ou infirmer ces constats préliminaires, précise la société d’État.

Hydro-Québec refuse de dévoiler l’analyse complète

La lettre explique que le rapport commandé à la firme doit demeurer confidentiel, car il contient des renseignements de nature commerciale, scientifique, technique et stratégique ou un secret industriel appartenant à Hydro-Québec ou à AtkinsRéalis dont la divulgation pourrait vraisemblablement porter atteinte aux intérêts économiques des deux parties ou de la collectivité.

Aucune analyse supplémentaire n’est en cours actuellement ou n’est prévue, ajoute Hydro-Québec, qui rappelle aux parlementaires que son Plan d’action 2035 pour augmenter la production d’électricité (Nouvelle fenêtre)ne prévoit aucun ajout de mégawatt provenant d’énergie nucléaire. Mais que se passera-t-il après 2035?

Du nucléaire au Québec dès 2036, selon la Régie de l’énergie du Canada

Dans un rapport publié l’an dernier, la Régie de l’énergie du Canada réalise une anticipation de la production d’énergie, au pays, dans un horizon d’une décarbonation en 2050.

Le Québec, sorti du nucléaire depuis 12 ans, ferait ainsi son retour avec une utilisation de l’uranium pour produire de l’électricité jusqu’à quatre fois plus importante qu’au temps de Gentilly-2 en marche.

image

Les scénarios de la Régie de l’énergie du Canada prévoient, au Québec comme dans d’autres provinces, une augmentation importante des petits réacteurs modulaires (PRM) plutôt que la construction de nouvelles installations nucléaires de grande envergure.

Nous projetons une croissance considérable pour les PRM, en particulier pour la période de 2035 à 2050.

— Régie de l’énergie du Canada, dans son rapport Avenir énergétique du Canada en 2023

Le ministre québécois de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, a cité, plus d’une fois, les PRM en exemple.

Pierre Fitzgibbon en mêlée de presse.
Fermer la porte au nucléaire « serait irresponsable », selon Pierre Fitzgibbon. (Photo d’archives)
PHOTO : RADIO-CANADA / SYLVAIN ROY ROUSSEL

Le 30 novembre, en commission parlementaire, une vice-présidente d’Hydro-Québec, Claudine Bouchard, avait dit que la société d’État évalue le potentiel du site existant de Gentilly-2 pour accueillir une centrale nucléaire ou de petits réacteurs modulaires qui pourraient jouer un rôle au Québec, après 2035.

La société d’État doit augmenter fortement sa production, en raison d’une forte demande d’électricité qui dépasse l’offre disponible.

Nous nous intéressons, potentiellement, dans l’avenir, [aux] petits réacteurs modulaires qui pourraient être bien structurés pour certains endroits au Québec, mais ce n’est pas quelque chose qui fait partie du plan [2035].

— Michael Sabia, PDG d’Hydro-Québec, le 30 novembre 2023, en commission parlementaire.

La centrale nucléaire de Darlington, en Ontario.
La centrale nucléaire de Darlington, en Ontario (Photo d’archives)
PHOTO : ONTARIO POWER GENERATION (SITE WEB)

Au Canada, il y a trois grandes centrales en exploitation en Ontario et une au Nouveau-Brunswick. Environ 14 % de la production totale d’électricité du pays provient du nucléaire.

En 2022, les gouvernements de l’Ontario, de la Saskatchewan, du Nouveau-Brunswick et de l’Alberta ont publié un plan stratégique pour le déploiement des PRM.

Les PRM constituent une catégorie émergente de réacteurs nucléaires qui sont plus petits que les centrales nucléaires classiques en termes de taille et de puissance produite.

Des militants masqués tiennent une banderole indiquant : « Fermez Gentilly ».
En 2011, la pression avait été forte après l’accident de Fukushima pour ordonner le déclassement de Gentilly-2, comme l’a finalement fait le gouvernement de Pauline Marois, l’année suivante.
PHOTO : LA PRESSE CANADIENNE / GRAHAM HUGHES

D’une puissance de 675 mégawatts, la centrale Gentilly-2 générait à l’époque environ 2 % de toute l’électricité produite au Québec grâce à ses quelque 800 employés.

Lors de l’annonce de la fin des opérations, en 2012, Hydro-Québec estimait le coût de réfection de sa centrale à 4,3 milliards de dollars.

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