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Au Téléjournal

Nucléaire : pas d’obstacle pour rouvrir Gentilly-2

Rien n’empêche de relancer la production d’électricité d’origine nucléaire à la centrale Gentilly-2, de Bécancour, selon une analyse réalisée pour le compte d’Hydro-Québec.

Le reportage de Marie Isabelle Rochon


Texte complet

Le nucléaire pourrait « faire partie de la solution » après 2035, dit Hydro-Québec

Une analyse commandée par la société d’État conclut que le redémarrage de la centrale Gentilly-2 est possible.

Dave Rhéaume lors d'une commission à l'Assemblée nationale.
Dave Rhéaume, vice-président exécutif, Planification énergétique et expérience client, à Hydro-Québec.
PHOTO : RADIO-CANADA / ASSEMBLÉE NATIONALE DU QUÉBEC

Thomas Gerbet
Publié à 16 h 23 HNE
Mis à jour à 17 h 08 HNE

Comme l’anticipe la Régie de l’énergie du Canada, Hydro-Québec « ne ferme pas la porte » à l’énergie nucléaire et pense qu’il y a « une avenue » pour produire de l’électricité à partir d’uranium après 2035. Un rapport sur le potentiel de réouverture de la centrale de Gentilly-2 relance le débat.

Le vice-président responsable de la planification énergétique à Hydro-Québec, Dave Rhéaume, confirme les informations rapportées par Radio-Canada, mardi. On s’est fait dire que le site serait capable d’être remis en service, dit-il.

La centrale nucléaire de Gentilly-2, à l’arrêt depuis 12 ans, serait ainsi une option pour la société d’État qui cherche à augmenter sa production d’électricité. Mais attention : À l’horizon 2035, ça ne fait pas partie du plan.

La salle des commandes de la centrale nucléaire Gentilly-2, en dormance.
Le rapport remis à Hydro-Québec conclut qu’à la suite de la visite des installations, aucune barrière majeure n’a été identifiée pour empêcher le redémarrage de la centrale de Gentilly-2 et que « l’ajout de capacité sur le site pourrait être possible, sous réserve » d’études plus poussées.
PHOTO : RADIO-CANADA / JOSÉE DUCHARME

La filière nucléaire, dans plusieurs analyses, va faire partie de la solution, à long terme. […] On suit beaucoup la question des petits réacteurs modulaires, qui est une nouvelle technologie prometteuse. Ça fera peut-être partie de l’avenir énergétique au Québec et au Canada.

— Dave Rhéaume, vice-président exécutif, Planification énergétique et expérience client, à Hydro-Québec

Selon les scénarios de la Régie de l’énergie du Canada, le Québec va redémarrer sa production d’énergie nucléaire en 2036 et celle-ci va croître rapidement pour atteindre quatre fois le volume produit à l’époque de Gentilly-2.

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Dans un courriel à Radio-Canada, la Régie écrit que selon les hypothèses que nous posons […], l’énergie nucléaire se trouve dans le bouquet électrique le moins coûteux au Québec en 2036 et par la suite.

L’institution pense que toutes les nouvelles centrales nucléaires devraient prendre la forme de petits réacteurs modulaires (PMR). Ces derniers, qui n’existent pas encore, pourraient produire jusqu’à 300 mégawatts d’électricité chacun.

C’est vu comme une solution plus flexible que les grandes centrales hydroélectriques, dit Dave Rhéaume. Ils pourraient être placés dans des endroits stratégiques, avec un environnement sécuritaire autour.

Selon l’Association nucléaire canadienne, les PMR sont une bonne option pour alimenter des communautés isolées, par exemple les Premières Nations qui utilisent des combustibles fossiles pour leurs besoins en électricité et en chauffage. Les sites industriels isolés, tels que les mines, pourraient aussi en tirer profit.

La centrale Gentilly-2 est à l'arrêt depuis 2012.
La centrale Gentilly-2, de Bécancour, est à l’arrêt depuis 2012.

L’opposition exige un débat

L’analyste au Regroupement des organismes environnementaux en énergie Jean-Pierre Finet craint que le projet de loi que prépare le gouvernement Legault permette d’installer de tels réacteurs non seulement sur le site de Gentilly, mais un peu partout, en mode contrat d’achat d’électricité entre un fournisseur et un client industriel.

Attendez-vous qu’il y en ait beaucoup si on les laisse faire. […] C’est une catastrophe qui est en train de se préparer.

— Jean-Pierre Finet, analyste au Regroupement des organismes environnementaux en énergie

Le ministre québécois de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, a cité plus d’une fois les PRM en exemple.

Selon le leader parlementaire libéral, Monsef Derraji, ces informations justifient l’importance d’une discussion nationale sur l’énergie : L’avenir de l’énergie n’appartient pas au couple François Legault-Pierre Fitzgibbon, il appartient à tous les Québécois.

Monsef Derraji en point de presse à l'Assemblée nationale.
Monsef Derraji, leader parlementaire du PLQ.
PHOTO : RADIO-CANADA / SYLVAIN ROY ROUSSEL

Le Parti libéral du Québec a d’ailleurs écrit à Hydro-Québec, mardi, pour réclamer la publication du rapport complet sur le potentiel de réouverture de Gentilly-2, préparé par AtkinsRéalis, nouveau nom de SNC-Lavalin.

Les libéraux n’ont pas voulu dire s’ils sont pour ou contre le retour de la production d’énergie nucléaire au Québec.

« Très grande surprise » à Bécancour

La mairesse de Bécancour, où se trouve la centrale Gentilly-2, s’est dit extrêmement surprise par les conclusions de l’analyse commandée par Hydro-Québec.

Lucie Allard a soutenu et répété que l’information que nous avons au conseil municipal, à l’Hôtel de Ville de Bécancour, c’est que la centrale nucléaire est fermée de façon irréversible.

Lors de l’annonce de la fin des opérations, en 2012, Hydro-Québec estimait le coût de réfection de sa centrale à 4,3 milliards de dollars.

Avec la collaboration de Mathieu Gohier

Pendant ce temps à Bécancour,

Analyse à Zone économie sur RDI

Zone économie | Faut-il relancer Gentilly-2?

L’idée de redémarrer la centrale Gentilly-2 refait surface alors que l’Ontario annonce la remise à neuf de quatre réacteurs nucléaires. Le Québec doit-il miser sur l’énergie nucléaire? «Je crois que ça vaut la peine d’être exploré» dit le professeur Jean-Thomas Bernard en entrevue à Zone économie.

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Si on est sérieux dans notre objectif d’atteinte de la carboneutralité il faudra avoir un débat serein sur le rôle que peut jouer l’énergie nucléaire et quels sont les impacts de refuser cette forme d’énergie.

Par exemple les cimenteries et les haut-fourneaux sont des procédés industriels hautement énergivores où le nucléaire pourrait jouer un rôle intéressant.

Alimenter les aciéries de demain grâce à l’énergie nucléaire

Selon Bâtiment durable Québec Des règles d’Hydro-Québec freineraient l’autoproduction d’énergie renouvelable

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Actuellement, des citoyens et des entreprises du Québec réduisent leur facture d’électricité en produisant leur propre énergie éolienne ou solaire, en échangeant leurs surplus d’énergie à d’Hydro-Québec.

(Montréal) Le programme « mesurage net » d’Hydro-Québec est un frein à l’autoproduction d’énergie renouvelable selon Bâtiment durable Québec, qui recommande au gouvernement d’encourager la production d’énergie solaire par les citoyens et les entreprises.

Publié hier à 13h43

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Stéphane Blais La Presse Canadienne

Bâtiment durable Québec (BDQ), un regroupement formé notamment d’ingénieurs, d’architectes, de gestionnaires immobiliers et d’entrepreneurs, a participé mercredi à la consultation menée sur le projet de loi 41, qui prévoit un vaste chantier pour décarboner les bâtiments.

BDQ appelle le gouvernement à moderniser le cadre réglementaire qui régit la production d’énergie solaire et éolienne pour les particuliers et les entreprises.

Actuellement, des citoyens et des entreprises du Québec réduisent leur facture d’électricité en produisant leur propre énergie éolienne ou solaire. Ainsi, les clients d’Hydro-Québec qui adhèrent au programme « mesurage net » échangent leurs surplus d’énergie à la société d’État.

Il y a toutefois « des freins » importants dans le programme « mesurage net » selon BDQ.

« La capacité est énorme sur les toits », a indiqué l’ingénieur de BDQ Martin Roy, « mais ce qui ralentit l’autoproduction ou la production d’électricité sur des toits, c’est les règles, c’est la tarification et le mesurage net qui sont seulement disponibles pour les bâtiments qui vont produire moins de 50 kilowatts (kW) au tarif soit résidentiel ou au tarif de petit commercial ».

La limite d’admissibilité au programme d’Hydro-Québec qui est fixée à une puissance de 50 kilowatts (kW) découragerait donc plusieurs organisations qui souhaiteraient produire de grandes quantités d’énergie renouvelable.

Martin Roy a donné l’exemple de la bibliothèque de Varennes, qui est munie de panneaux photovoltaïques de 110 kW, et qui n’est donc pas admissible au programme d’Hydro-Québec, car sa puissance dépasse 50 kilowatts.

« Le bâtiment produit plus qu’il consomme une bonne partie de l’été […], mais il est obligé d’acheter de l’électricité d’Hydro-Québec parce qu’Hydro-Québec ne crédite pas l’électricité produite ».

La province est donc en retard sur d’autres juridictions selon l’ingénieur, qui a donné l’exemple de « l’Alberta qui fait à peu près 130 fois plus de production d’énergies renouvelables sur les bâtiments » que le Québec.

« Hydro-Québec a déjà mentionné qu’elle atteindrait une limite de production et qu’on aura besoin de produire de l’énergie supplémentaire. Or, selon plusieurs études, on pourrait facilement combler plus de 25 % de cette demande supplémentaire dans les dix prochaines années. Cette production-là est relativement peu chère », a-t-il expliqué en faisant référence au potentiel de l’autoproduction d’énergie photovoltaïque.

Les consultations et auditions publiques sur le projet de loi n° 41 continuent jusqu’à jeudi.

Ce projet de loi prévoit que les nouveaux bâtiments respectent un certain nombre de critères relatifs à l’efficacité énergétique, à l’empreinte carbone, à la réduction de la demande de pointe et à l’intégration d’infrastructures pour favoriser la mobilité durable.

Les bâtiments existants qui doivent être rénovés seront aussi assujettis à certains critères liés à l’efficacité énergétique.

La loi prévoit également un registre public de la performance environnementale des bâtiments ainsi qu’une « obligation d’affichage et de divulgation de la cote obtenue par un bâtiment dans certaines circonstances ».

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Reportage à ICI Québec

L’électrification des camions utilitaires d’Hydro-Québec passe par la Beauce

Les nouveaux fourgons-atelier électriques d’Hydro-Québec ont pris la route il y a quelques mois. Un projet réalisé avec une technologie dont les racines sont en grande partie en Beauce, à l’entreprise Maximetal, de Saint-Georges.

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Rapport L’état de l’énergie 2024 | Des tarifs d’aujourd’hui pour les clients de demain ?


PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE
Selon l’auteur du rapport, Hydro-Québec devrait idéalement facturer l’électricité au coût de production d’aujourd’hui, soit son coût marginal, à tous ses clients pour assurer une utilisation efficace de la ressource.

Hydro-Québec devrait vendre son électricité au coût de production actuel aux enteprises qui songent à s’établir ici, suggère l’auteur du rapport L’état de l’énergie 2024

Publié à 0h56 Mis à jour à 5h00
HÉLÈNE BARIL
La Presse

Hydro-Québec devrait vendre son kilowatt au coût de production d’aujourd’hui aux entreprises qui veulent s’établir en territoire québécois pour profiter d’une source d’énergie fiable et verte, estime l’auteur de L’état de l’énergie au Québec.

C’est assurément une avenue à envisager, selon Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire en énergie de HEC Montréal, qui publie pour la dixième fois son rapport annuel ce jeudi.

L’annonce d’Hydro-Québec d’investir de 150 à 180 milliards pour doubler sa production d’électricité est un des évènements marquants de l’année dans le monde de l’énergie, selon lui.

Le Québec est déjà un champion mondial de la consommation d’électricité et il risque de conserver ce titre encore longtemps en voulant attirer les entreprises qui veulent se décarboner avec ses bas tarifs d’électricité. « On a toujours fait du développement économique avec l’électricité au Québec et on peut certainement devenir les fournisseurs du monde pour certains produits, mais je préférerais qu’on travaille par ailleurs à améliorer la performance énergétique », dit le professeur, ce qui passe notamment par une augmentation du prix de l’électricité qui inciterait à mieux l’utiliser.

La plupart des entreprises qui veulent investir au Québec sont attirées par le tarif industriel d’Hydro-Québec (5,3 cents le kilowattheure), beaucoup plus bas que la nouvelle production prévue par Hydro-Québec pour les approvisionner (environ 11 cents le kilowattheure), ce qui est possible en raison du coût de production très bas des plus anciennes installations hydroélectriques.

Selon le professeur, Hydro-Québec devrait idéalement facturer l’électricité au coût de production d’aujourd’hui, soit son coût marginal, à tous ses clients pour assurer une utilisation efficace de la ressource.

Étant donné que les entreprises se bousculent pour s’installer au Québec, ce serait certainement une possibilité dans le secteur industriel, selon lui. Les entreprises qui veulent produire leur propre électricité, comme TES Canada, sont déjà prêtes à payer le coût de production d’aujourd’hui, soit le double du tarif industriel d’Hydro-Québec, dit-il.

La dernière version de L’état de l’énergie au Québec constate encore une fois que tout est à faire pour améliorer l’utilisation de l’énergie au Canada et au Québec, dit Pierre-Olivier Pineau.

« Non seulement on a la plus faible productivité énergétique [soit la richesse créée par unité d’énergie consommée] parmi les pays du monde auxquels on aime se comparer, comme l’Allemagne ou la Norvège, mais on est celui qui a le moins progressé », déplore-t-il.


PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE
La consommation énergétique par habitant au Québec reste l’une des plus élevées au monde, selon le rapport.

Pas de progrès

L’état de l’énergie au Québec, qui trace le portrait de l’énergie produite et consommée sur le territoire québécois, en est à sa dixième édition. Même si le secteur de l’énergie évolue lentement, Pierre-Olivier Pineau est déçu de l’absence de progrès. La consommation énergétique par habitant reste l’une des plus élevées au monde, constate-t-il. La part des produits pétroliers dans le total de l’énergie consommée est restée la même et le gaz naturel a maintenu sa part et le parc automobile continue d’augmenter. « J’aurais aimé voir les émissions de gaz à effet de serre diminuer, comme on l’avait prévu dans la politique énergétique de 2015, mais clairement, on n’en est pas là », dit le professeur.


PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE
La voiture continue de reculer face aux véhicules utilitaires sport et aux camions légers, constate L’état de l’énergie.

Place aux VUS

La voiture continue de reculer face aux véhicules utilitaires sport (VUS) et aux camions légers, constate encore L’état de l’énergie. « Le déclin des ventes de voitures a débuté en 2008 et, si la tendance se maintient, la dernière voiture à combustion devrait se vendre en 2028. » « Le même phénomène affecte les véhicules électriques : les ventes de camions électriques dépassent désormais celles des voitures électriques. Ce déclin de la voiture au profit de véhicules plus gros et plus lourds est problématique à plusieurs égards : les consommateurs achètent des véhicules qui coûtent davantage et consomment plus d’énergie que des alternatives disponibles. »


IMAGE FOURNIE PAR TES CANADA
Un projet d’hydrogène vert qu’ambitionne de construire TES Canada à Shawinigan.

Pluie de projets d’hydrogène

Si le secteur de l’énergie a peu changé au Québec depuis dix ans, le discours public a évolué. La Chaire en énergie de HEC Montréal note qu’il n’est plus question de pipelines ou d’exploitation d’hydrocarbures. Les projets d’hydrogène vert, en revanche, émergent un peu partout sur le territoire. Le document en recense une douzaine, la plupart en attente d’obtenir de l’électricité d’Hydro-Québec pour se réaliser. En plus de nécessiter énormément d’électricité, la production d’hydrogène vert coûte trois fois plus cher que l’hydrogène traditionnel qui est déjà produit au Québec à partir de reformage du méthane.


PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE
Les ménages québécois consacrent 17 % de leur budget à l’énergie sous toutes ses formes.

L’énergie : 17 % du budget des ménages

Les ménages québécois consacrent 17 % de leur budget à l’énergie sous toutes ses formes. Les dépenses directes en électricité, gaz naturel et essence totalisent annuellement 14,4 milliards de dollars. Plus de la moitié de cette somme est consacrée à l’achat d’essence, et le reste à l’électricité. La consommation d’énergie dans les foyers augmente avec le revenu. La facture moyenne d’un ménage dont les revenus ne dépassent pas 40 000 $ est de 1 085 $. Les ménages dont les revenus sont de 150 000 $ paient plus du double, soit 2114 $ par année.

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Dans la séance du comité exécutif de la ville de Montréal du 7 février on voit un aperçu des projets d’enfouissement des fils électriques prévus sur la période 2024-2028 pour un budget de 36 millions.

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Les riches devraient-ils payer leur électricité plus cher lorsqu’ils consomment trop?


Photo: Jacques Boissinot, La Presse canadienne
Il faut éviter de faire une tarification en fonction du revenu, mais plutôt mettre en place des tarifs en fonction de la consommation, estime l’analyste Jean-Pierre Finet.

Stéphane Blais - La Presse canadienne
9 février 2024
Économie

Les ménages les plus riches consomment en moyenne plus d’électricité que les autres. À un moment où Hydro-Québec tente d’accroître ses efforts en efficacité énergétique, les plus riches pourraient être appelés à payer plus pour leurs kilowattheures, lorsqu’ils dépassent un certain seuil.

Historiquement, les clients résidentiels d’Hydro-Québec paient moins qu’il en coûte au producteur d’électricité pour les alimenter. En revanche, les clients commerciaux paient plus. C’est ce qu’on appelle l’interfinancement.

Selon les données du rapport sur l’État de l’énergie 2024 publié jeudi, les clients industriels paient 105 % des coûts de leur consommation alors que les clients commerciaux paient 133 %. En comparaison, les clients résidentiels paient moins de 86 % du coût de l’énergie qu’ils consomment.

Toujours selon les données du rapport, ce sont les plus riches qui profitent le plus de l’interfinancement.

« La question qu’il faut se poser, c’est : est-ce que c’est normal que des ménages aux revenus élevés soient interfinancés par les PME du Québec ? » a demandé Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal, lors de la présentation du rapport jeudi.

L’État de l’énergie au Québec 2024 rapporte que les ménages ayant des revenus de plus de 150 000 $ ont consommé en moyenne plus de 25 000 kWh en 2022, alors que les ménages gagnant moins de 40 000 $ n’ont consommé que 13 000 kWh en moyenne.

La « subvention » pour les revenus moins élevés équivalait à 164 $ en 2022, alors que celle pour les ménages aux revenus supérieurs équivalait à 319 $, selon le document.

Il faut se demander « s’il faut continuer à financer toutes les classes de consommateurs », car notre consommation d’énergie électrique « va aller en augmentant », a souligné Pierre-Olivier Pineau.

Des tarifs en fonction de la consommation

Selon Jean-Pierre Finet, analyste en régulation économique de l’énergie pour le Regroupement des organismes environnementaux en énergie (ROEE), il faut éviter de faire une tarification en fonction du revenu, mais plutôt mettre en place des tarifs en fonction de la consommation, en ajoutant un ou des paliers à la tarification.

Les 40 premiers kilowattheures par jour de consommation sont facturés aux alentours de 0,07 $ du kilowattheure et le reste des kilowattheures sont facturés à peu près à 0,10 $.

« On pourrait faire un autre palier à partir de 80 kilowattheures et plus par jour, pour ceux qui chauffent leur entrée de stationnement en hiver par exemple », a indiqué Jean-Pierre Finet.

Il estime qu’il pourrait également y avoir des paliers de tarifs différents l’été, un moment de l’année où le besoin en énergie baisse.

« On pourrait ajouter un autre palier à partir de 41 kilowattheures par jour », donc « ceux qui font chauffer leur piscine ou qui utilisent la climatisation à fond la caisse » seraient touchés « par ce plafond tarifaire ».

Toutefois, a prévenu l’analyste, « si on fait une refonte tarifaire, il faut aussi accompagner cela avec un programme d’aide en efficacité énergétique pour améliorer la performance des bâtiments ».

Des programmes ciblés pour « maisons imposantes » ?

Lorsqu’il a présenté aux médias son Plan d’action 2035 en novembre dernier, le président-directeur général d’Hydro−Québec, Michael Sabia, avait indiqué que les clients résidentiels qui consomment beaucoup d’énergie pourraient avoir « des options tarifaires personnalisées » qui reflètent leur importante consommation.

« Nous irons plus loin dans l’effort de sensibilisation et d’encadrement de certaines catégories de clientèle, comme les propriétaires de maisons imposantes ou d’immeubles locatifs mal isolés et les entreprises de secteurs qui consomment beaucoup d’électricité », peut-on lire dans le plan d’Hydro-Québec.

Le p.-d.g. d’Hydro-Québec n’avait pas précisé lors de la présentation du plan de quelle façon les propriétaires de maisons imposantes pourraient voir leurs tarifs changer.

Dans la même conférence de presse, le vice-président Dave Rhéaume avait toutefois précisé qu’Hydro-Québec n’avait pas l’intention « d’interdire, mais plutôt d’inciter aux bons comportements ». « On peut imaginer envoyer des signaux » à « des propriétaires de maisons qui ont beaucoup d’équipements non essentiels », avait-il expliqué.

« Par exemple, une maison où il y a des véhicules électriques, un stationnement chauffant, un jacuzzi, est-ce qu’il y a des façons de donner des incitatifs pour que ces équipements-là n’aient pas un impact sur la pointe de demande en électricité ? C’est le genre d’idée qu’on a », avait dit M. Rhéaume.

Lors de la présentation du plan à l’automne dernier, le p.-d.g. d’Hydro-Québec s’était engagé à ce que « les tarifs restent bas et abordables » et que les augmentations n’excèdent pas l’inflation ou 3 % pour la clientèle résidentielle.

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La réponse est oui. Et c’est oui dans tout. Par exemple, si tu as une seconde voiture, je pense que les immatriculations, vignettes devraient être beaucoup plus cher que la première.

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Je pars du principe d’utilisateur-payeur, donc moduler les tarifs selon des paliers de consommation. Ce qui pourrait aider à diminuer notre bilan carbone et conduire à une plus grande responsabilité individuelle en matière de consommation d’énergie.

Je sais bien que la CAQ est très frileuse sur le sujet puisqu’elle a démontré que ses priorités politiques passent avant tout et que l’environnement et la transition écologique sont bien davantage perçus comme un irritant qu’un objectif nécessaire pour le développement durable.

Un exemple parmi tant d’autres, les gros véhicules grands consommateurs (VUS et autres) sont traités sans discrimination bien qu’ils dépensent beaucoup plus d’énergie que la moyenne, sont plus lourds, occupent plus d’espace sur rue et causent plus de décès et d’accidents graves que les plus petits véhicules. Mais le gouvernement laisse faire pour ne pas nuire à sa popularité.

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Selon le principe d’utilisateur-payeur, tous payent le même prix pour l’utilisation qu’ils font d’un produit et/ou service. Logiquement, si tu consommes plus, tu dépenses plus. Même principe pour les VUS. Ils consomment plus d’essence, donc leur propriétaire dépensent plus pour cette essence, incluant toutes les taxes rattachées.

Techniquement, on paye déjà par paliers, grâce au bloc patrimonial. Ceux qui consomment peu ont un tarif moyen plus proche du 6,5¢/kWh alors que les plus gros consommateurs vont être plus proche du 10¢/kWh. Pour les très gros consommateurs, ceux qui dépasse 50kW en appel de puissance (soit une entrée de plus de 200A), il y a même le tarif DP.

Le plus ironique là-dedans, c’est que la seule raison que je consomme plus que la valeur moyenne qu’ils mentionnent, c’est justement parce que j’ai une voiture électrique ! Et pourtant, je n’ai rien de tout le reste que Pineau mentionne, ni stationnement chauffé, ni spa, ni piscine chauffée, ni salaire familial de 150k$ !
Et encore plus ironique, c’est que les plus gros consommateurs, les industrielles, se font donner des tarifs préférentiels ! Là où sont passés tous nos surplus !! Mais ça, il n’en parle pas, juste des PME !

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Attention; une voiture électrique consomme entre 15 et 25 kWh par 100 km parcourus.
Si tu dois remplir tes batteries à chaque soir au delà de ces valeurs susmentionnées, c’est que ton kilométrage est pas mal élevé.
Indirectement, on pourrait croire que le gouvernement récupère sa cote pour l’utilisation des routes (i.e. ça compense pour la taxe pour l’essence).
Ultimement, même si ma prochaine voiture sera électrique, je serais confortable avec l’idée d’une tarification supérieure pour le palier de 41 kWh et plus. Ça m’incitera à limiter la taille du véhicule et conduire moins.

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C’était pas mal l’idée principale de mon message… On paye déjà un tarif supérieur à partir de 40kWh ! Pour ce qui est de conduire moins, je voudrais bien, mais bon, faut travailler ! Encore chanceux, j’ai une Leaf, ce qui se fait de plus petit à regarder tout ce qui se vend aujourd’hui dans l’électrique au Québec…

Pour s’approcher un tant soit peu de la consommation des «pauvres», il faut être en logement pour ne pas dépasser 40kWh par jour (14600kWh/an). Ou être «riche», et s’installer des panneaux solaires et un système géothermique ! Remarque bien, si jamais les tarifs devaient augmenter considérablement, le solaire deviendrait plus rentable !

En effet, je me suis mal exprimé.
Je pensais plutôt à l’établissement d’un troisième palier au-dessus de 50 kWh par jour.
Actuellement, le tarif D résidentiel comporte un tarif de 6,51 cents le kWh jusqu’à 40 kWh, et 10,04 cents au delà.
Le nouveau palier commencerait à 50 kWh et serait de 20 cents le kWh.
Cette différence de 10 kWh donnerait un buffer de 70 kWh par semaine au tarif de 10 cents, assez pour recharger une fois la batterie d’une Bolt (donc potentiellement 400 km d’autonomie par semaine, 20 800 km par an) sans tomber dans le tarif doublé.
Je trouve que c’est un bon compromis.

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Une réconciliation majeure avec des Innus pour qu’Hydro-Québec réalise ses objectifs

Marielle Vachon marche sur un chemin enneigé avec Ian Lafrenière.

La cheffe de Pessamit, Marielle Vachon, a accueilli chaleureusement le ministre Ian Lafrenière, a-t-on pu constater.

Photo : Radio-Canada / Véronique Prince

Publié hier à 14 h 12 HNEMis à jour hier à 20 h 22 HNE

Après des décennies de conflit entre le gouvernement et les Innus de Pessamit, le premier ministre François Legault et le PDG d’Hydro-Québec, Michael Sabia, se rendront jeudi dans cette communauté située en Haute-Côte-Nord afin d’y signer une entente qualifiée d’historique par les deux parties. Une réconciliation jugée nécessaire pour que la société d’État puisse augmenter sa production d’électricité et réaliser certains des objectifs de son plan stratégique.

C’est un morceau du casse-tête. C’est très stratégique, reconnaît le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, Ian Lafrenière. Située à environ 50 km de Baie-Comeau, la communauté de Pessamit compte 13 centrales hydroélectriques et 16 barrages, sur une superficie de près de 140 000 km2. De nombreuses lignes de transport d’électricité traversent la forêt.

La population innue considère ne pas avoir été consultée, il y a 70 ans, pour la construction de ces infrastructures. Elle reproche à Hydro-Québec d’avoir inondé son territoire avec les barrages, incluant un cimetière. Les Innus de la région considèrent la société d’État comme un locataire qui devrait payer pour l’exploitation du territoire.

L’approche n’était pas simple. Le ressentiment était fort. On avait un capital très négatif. On n’était même pas capable d’y mettre un poste de transfert d’Hydro-Québec. C’était impossible! Il y avait tellement des mauvaises relations. Dès que quelqu’un arrivait sur place, ça ne passait pas! Ça amenait des conflits incroyables.

Une citation de Ian Lafrenière, ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit

Par conséquent, ni le gouvernement québécois ni Hydro-Québec n’étaient les bienvenus à Pessamit. Pourtant, environ 20 % du développement hydraulique au Québec a été réalisé sur ce territoire, où se trouvent notamment la centrale Manic-5 et le réservoir Manicouagan.

La communauté avait d’ailleurs intenté des poursuites contre la société d’État ainsi que les gouvernements du Québec et du Canada pour 500 millions de dollars, estimant que ceux-ci violaient ses droits ancestraux.

Une carte du Nitassinan de la communauté de Pessamit.

Pessamit compte 13 centrales hydroélectriques et 16 barrages sur une superficie de presque 140 000 km2.

Photo : Radio-Canada

Pour augmenter sa production d’électricité et être en mesure de développer l’immense potentiel éolien sur ce territoire, comme elle le prévoit dans son plan stratégique, Hydro-Québec devait donc s’entendre avec les Innus de Pessamit.

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Qui plus est, un tel partenariat permet d’envoyer un message aux autres communautés avec lesquelles la société d’État négocie ainsi qu’à Terre-Neuve-et-Labrador; le contrat d’approvisionnement au barrage de Churchill Falls conclu avec cette province vient à échéance en 2041.

Des poursuites judiciaires d’un demi-milliard suspendues

Il y a six mois, jamais le ministre Ian Lafrenière n’aurait pensé emmener des journalistes avec lui pour une visite dans la communauté de Pessamit.

En arrivant sur place, l’accueil est chaleureux. Avec son conseil de bande, la cheffe Marielle Vachon a visiblement décidé de faire la paix avec Québec.

7:07

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Téléjournal Montréal

Québec s’entend avec les Innus de Pessamit

Le reportage de Véronique Prince

Sur place, le ministre partage le repas avec les personnes présentes. Ian Lafrenière semble déjà connaître tous ces gens par leur prénom. Il a multiplié les visites à Pessamit au cours des derniers mois, y allant même avec ses deux filles, pour démontrer sa volonté de rapprochement.

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Après le dîner, une Innue lui offre un tomahawk, une hache traditionnelle autochtone. Le cadeau est symbolique : les autorités de Pessamit suspendent les poursuites judiciaires pour la durée des négociations au sujet de l’entente de principe avec Québec. Au total, 45 millions de dollars leur seront versés et serviront à la création d’un fonds de développement social.

Au cours de la visite, Radio-Canada a pu capter une conversation entre le ministre et des membres du conseil de bande. J’espère que vous êtes contents, c’est majeur! leur dit Ian Lafrenière.

On est contents, mais il y a des choses qui nous dérangent, lui répond une femme. Le ministre lui assure que l’entente signée par le conseil de bande lui sera transmise. C’est moi qui ne veux pas la partager tout de suite, ajoute-t-il. On comprend de cette conversation que la question est sensible. La communauté a besoin d’être rassurée à propos des gains qu’elle obtiendra.

La rancune ne disparaîtra jamais complètement, pense aussi la cheffe Marielle Vachon. C’est sûr que j’essaye d’avancer pour la communauté, mais le passé, je ne l’oublierai jamais, dit-elle.

Un boisé en hiver.

La communauté de Pessamit est située sur la Haute-Côte-Nord.

Photo : Radio-Canada / Véronique Prince

Une entente pour mettre fin à la crise du logement

Cette entente permettra aux jeunes de Pessamit d’avoir un meilleur avenir, selon la cheffe Vachon. L’argent va notamment servir à construire des habitations. Cette communauté d’environ 2500 personnes compte à peine plus de 800 logements privés, selon Statistique Canada.

On a une crise du logement. Il faudrait qu’on reloge 300 familles. Il y a encore de la surpopulation ici, avec des familles qui vivent 14 ou 16 dans les maisons, nous explique Mme Vachon.

Quand on dit Hydro-Québec, il y a des mots qui sortent! On paye l’électricité ici, mais je vous rappelle que les barrages sont sur notre territoire! La communauté a beaucoup de ressentiment. On en parle souvent. On se souvient de tous les ravages qui ont été faits, dit-elle en faisant référence au territoire inondé il y a 70 ans.

La cheffe nous conduit ensuite à la rivière Papinachois, où on peut constater le potentiel touristique. Des bâtiments désuets pourraient servir d’auberge et de restaurant, mais la communauté manque d’argent pour les rénover.

Pour le tourisme, le logement ou le développement de la communauté, le conseil de bande pense aussi qu’il faut se réconcilier avec Hydro-Québec et avec le gouvernement.

Un bâtiment en bois placardé l'hiver.

Il existe un potentiel touristique à la rivière Papinachois, où des bâtiments désuets pourraient servir d’auberge ou de restaurant.

Photo : Radio-Canada / Véronique Prince

« C’est un stress qui est très élevé! »

Sur le chemin du retour, le ministre Ian Lafrenière se confie. Tant que ce n’est pas signé, ce n’est pas signé! Pour être honnête, c’est un stress qui est très élevé. C’est de la pression, parce qu’il y a un risque que l’entente tombe. Une négociation comme celle-là, si ça ne fonctionne pas, il y a beaucoup de damage control à faire, parce que les attentes sont tellement montées hautes, admet-il.

Au moment de quitter la communauté, le conseil de bande lui a pourtant envoyé de nombreux signaux positifs. C’est historique! C’est la première fois que le gouvernement s’assoit avec nous et qu’il est aussi présent à Pessamit. Je pense que c’est une belle réalisation. Chapeau pour tout le monde, parce que c’est vraiment une première! a lancé Marielle Vachon au ministre.

Une seule entente a été signée dans le passé avec cette communauté et concernait le barrage de la rivière Toulnoustouc. Chaque année, une compensation est versée. Toutefois, plusieurs autres ententes ont échoué au fil des années.

Cependant, le ministre Lafrenière tente tout de même de contenir sa joie. Des ententes parfaites, ça n’existe pas. Il y a toujours des chances [qui] avortent, mais j’ai aimé leur ouverture, raconte-t-il. M. Lafrenière se dit convaincu que les effets positifs pour la communauté seront majeurs.

Le ministre considère que d’autres ententes avec la communauté de Pessamit sont maintenant possibles grâce à ce premier pas significatif. Selon lui, le fait que le premier ministre Legault se rende sur place envoie un signal fort selon lequel son gouvernement veut signer ces futures ententes de nation à nation. Pour parler d’avenir, il faut reconnaître le passé, nous explique-t-il. Tant le gouvernement qu’Hydro-Québec sont prêts à le faire.

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