Hydro-Québec - Actualités

Bien désolé de le dire, mais la vaste majorité des toits ne sont pas conçu pour prendre le poids additionnel de panneaux solaires. Il faudrait que la province modifie les règles sur les normes de construction pour les nouveaux bâtiments.

En ce qui concerne l’éolien offshore, le potentiel est supérieur à celui des éoliennes qu’on installe dans nos champs et sur nos montagnes. La difficulté qu’on va avoir est le fait qu’il y a beaucoup de glace dans le fleuve en hivers. L’Europe n’a pas ce problème. T’a juste à regarder à quel point ils ont renforcé les piliers du pont de la confédération pour comprendre à quel point c’est un problème d’envergure.

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Minimalement on devrait cibler les nouveaux bâtiments. Si vous ne voulez pas de serres, mettez des panneaux solaires! Reste à voir ce qu’il est possible de retrofit pour les bâtiments existants. Certains bâtiments ont peut-être besoin de bien peu d’investissements pour accueillir le poids des panneaux, alors que pour d’autres le jeu n’en vaut peut-être pas la chandelle. Avec l’état qui subventionne généreusement les thermopompes (une excellente idée d’ailleurs), peut-être que des subventions spécifiques au solaire pourraient faire partie des efforts d’efficacité énergétique.

Au final, c’est un simple calcul comptable; combien coûterait le retrofit et l’installation des panneaux, et combien de kW pourront-ils générer. Si le coût amorti sur la durée d’opération est raisonnable, alors c’est gagnant. Et comme c’est une électricité produite au lieu de consommation qui ne nécessite pas d’augmenter la capacité de distribution, elle peut certainement coûter un peu plus cher que 6-12 cents/kWh et demeurer compétitive.

Effectivement, c’est un gros bémol. Je doute que les éoliennes offshore flottantes qui ont le vent dans les pales soient plus viables avec les glaces. Reste à voir s’il reste un potentiel offshore libre de glaces. Il serait ironique que la Nouvelle-Écosse produise trois fois ses besoins en électricité avec l’éolien offshore et qu’elle se retrouve à exporter dans le réseau d’Hydro-Québec!

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Voici les gagnants des blocs d’énergie attribués par le ministre Fitzgibbon

La filière de l’hydrogène vert récolte 30 % des mégawatts disponibles, tandis que des projets majeurs ont été écartés.

Pierre Fitzgibbon en conférence de presse.
Le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec, Pierre Fitzgibbon.
PHOTO : RADIO-CANADA / IVANOH DEMERS

Thomas Gerbet
Publié à 4 h 00 HNE

Ils sont rares, précieux et convoités. Un grand mystère entourait l’identité des bénéficiaires des 1000 mégawatts (MW) encore disponibles pour des projets industriels au Québec. Radio-Canada a obtenu les noms des 11 gagnants.

Les heureux élus font partie d’une très longue liste d’entreprises qui avaient déposé des demandes de blocs d’énergie sur le bureau du ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec. Pierre Fitzgibbon avait comparé le tout à une liste de cadeaux de Noël.

Commençons d’abord avec la moins grande surprise sous le sapin : Northvolt. Le projet de méga-usine en Montérégie récolte la part du lion avec 360 mégawatts (MW). Cet accès à la puissance d’Hydro-Québec permettra à cette entreprise suédoise de fabriquer des batteries pour véhicules électriques.

Le deuxième grand gagnant est TES Canada, un autre projet de plusieurs milliards de dollars, qui sera présenté vendredi à 10 h à Shawinigan. Cette entreprise belge a obtenu 150 MW pour produire de l’hydrogène vert destiné à verdir le transport lourd, entre autres.

Des projets de grande ampleur

Pour prendre la pleine mesure de ces projets, on peut utiliser comme référence le Centre Bell, qui a besoin d’une puissance de 5 MW d’électricité pour fonctionner. Le débit d’énergie nécessaire à Northvolt est donc 72 fois supérieur à l’amphithéâtre qui sert notamment au Canadien de Montréal.

Depuis 20 ans, un seul projet au Québec avait requis plus de 50 MW, soit la mine d’or de Malartic, en Abitibi-Témiscamingue. Parmi les projets retenus par Pierre Fitzgibbon, six dépassent cette marque.

Selon nos sources, le troisième bénéficiaire des blocs d’énergie est l’entreprise Greenfield, qui veut produire de l’hydrogène vert à Varennes, en Montérégie, afin de verdir le carburant des navires du port de Montréal. Elle a obtenu la centaine de mégawatts qu’elle espérait (Nouvelle fenêtre).

François Legault et Dejae Chin sont assis et discutent ensemble.
Le premier ministre du Québec, François Legault, en compagnie du vice-président de Volta Énergie Solutions, Dejae Chin, à Granby, le 5 septembre 2023.
PHOTO : LA PRESSE CANADIENNE / CHRISTINNE MUSCHI

La compagnie sud-coréenne Volta Energy Solutions a aussi obtenu une centaine de mégawatts pour son projet d’usine de feuilles de cuivre à Granby, en Estrie. Sa production est destinée au marché nord-américain des batteries de véhicules électriques.

La minière Nouveau Monde Graphite a obtenu 77 MW. Elle en avait fait l’annonce sur son site web (Nouvelle fenêtre) le mois dernier. Le graphite, un minerai stratégique est essentiel à la fabrication des batteries. Par ailleurs, l’usine de Ford à Bécancour (Nouvelle fenêtre) s’est fait accorder 75 MW.

[Une version précédente de ce texte indiquait que Nouveau monde graphite allait alimenter Ford en minerai. C’est en fait la minière Nemaska Lithium qui a conclu cette entente avec Ford.]

Une avalanche de demandes

Le gouvernement a reçu plus de 150 requêtes d’entreprises pour obtenir des blocs d’énergie, dont au moins 57 demandes qui dépassaient les 50 MW. Au total, plus de 30 000 MW étaient espérés, mais Hydro-Québec n’a pas du tout la marge suffisante pour cela. Depuis l’adoption du projet de loi 2, c’est le ministre Fitzgibbon qui choisit les projets que la société d’État doit alimenter à partir de 5 MW.

Il y a un intérêt international pour le tarif industriel (tarif L) très compétitif d’Hydro-Québec, le moins élevé en Amérique du Nord. Jeudi, des groupes environnementaux ont réclamé un moratoire sur l’attribution des blocs d’énergie, par crainte d’une pénurie d’électricité.

Trois projets d’hydrogène

L’entreprise Air Liquide, installée à Bécancour, a obtenu une cinquantaine de mégawatts pour produire de l’hydrogène vert. Au total, avec TES Canada et Greenfield, ce sont donc 300 des 1000 MW disponibles qui alimenteront cette filière.

En janvier, le ministre Pierre Fitzgibbon avait pourtant prévenu que le Québec n’avait pas les moyens d’accepter les 9000 MW de projets d’hydrogène sur son bureau. On ne peut pas en faire, de l’hydrogène, on n’a pas d’électricité, avait-il dit.

Un électrolyseur d'hydrogène.
À l’heure actuelle, 95 % de l’hydrogène consommé à l’échelle mondiale est produit à partir de gaz naturel ou de charbon.
PHOTO : RADIO-CANADA

Je suis surpris, c’est un peu confondant, a réagi le PDG de la firme Charbone, Dave Gagnon, un promoteur d’hydrogène en attente de réponse à sa demande de quelques mégawatts pour un projet à Sorel-Tracy.

Lorsque nous avons contacté le cabinet du ministre au sujet de cette apparence de revirement, on nous a encouragés à poser nos questions lors de l’annonce du projet de TES Canada, vendredi.

Malgré l’absence de réponse à son projet, Dave Gagnon se réjouit pour la filière : Ce que je trouve de bon dans tout ça, c’est qu’on parle d’hydrogène.

Selon le professeur Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal, les projets retenus sont de bons projets, car ils visent non pas à exporter de l’hydrogène à des clients étrangers mais à faire des carburants liquides qui peuvent être directement utilisés au Québec.

Ce sont des projets qui ont le mérite de structurer de manière intéressante le tissu industriel québécois et qui vont être utiles pour la décarbonation.

Une citation de Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal

Les critères retenus pour choisir les projets

Dans le contexte actuel de pénurie de main-d’œuvre, ce n’est pas la création d’emplois qui a guidé les choix du ministre. Les critères retenus sont les suivants :

  1. la capacité technique d’Hydro-Québec à alimenter un projet;
  2. l’acceptabilité sociale d’un projet;
  3. la capacité d’un projet à décarboner le Québec (c’est-à-dire à réduire les émissions de gaz à effet de serre);
  4. la création de richesse et la contribution à la valeur économique.

La compagnie Minerai de fer du Québec, propriétaire de la mine du lac Bloom, près de Fermont, a obtenu 25 MW. Waste Management, qui veut produire du gaz naturel renouvelable à partir de déchets, s’est fait octroyer 15 MW. Le centre de données de l’entreprise américaine Vantage obtient 10 MW et l’allemande Duravit se fait accorder 10 MW pour son usine d’équipement de salle de bains à Matane.

Cyril Dufau-Sansot, PDG d’Hy2gen, ne fait pas partie des heureux élus. Son projet d’hydrogène et d’ammoniac verts à Baie-Comeau, sur la Côte-Nord, a besoin de 300 MW. Il a toutefois bon espoir que d’autres blocs d’énergie seront attribués au cours des prochains mois si Hydro-Québec parvient à dégager de la marge de manœuvre.

Pour être certaine d’être retenue, Hy2gen a reconfiguré son projet et a retardé de deux ans sa date prévue pour une entrée en activité de l’usine. Hydro-Québec prévoit augmenter sa production de 8000 à 9000 MW d’ici 2035. Le quart de cet ajout (soit environ 2000 MW) nourrira la croissance économique, notamment celle des filières industrielles nécessaires à la transition énergétique.

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J’étais contre les projets d’hydrogène vert

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Eric Gauthier, directeur général de TES Canada


Francis Vailles
Francis Vailles La Presse

J’étais contre les projets d’hydrogène vert au Québec.

Publié à 1h23 Mis à jour à 6h30

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J’étais contre parce que, d’abord, les promoteurs avaient souvent l’intention d’exporter leur production. La belle affaire : ils auraient pris notre électricité très peu chère pour la transformer et la revendre sous forme d’hydrogène vert à bon prix ailleurs. Les promoteurs se seraient enrichis sur notre dos, sous le prétexte de la défense de l’environnement.

J’étais contre, aussi, parce que nos besoins énergétiques sont immenses. Or, la conversion de l’hydroélectricité à l’hydrogène vert, avec électrolyse de l’eau, entraîne une perte d’énergie d’environ 30 %. Seuls quelques usagers bien spécifiques – et peu nombreux – en tireraient parti. Mieux vaut alimenter les clients avec l’hydroélectricité directement.

J’étais contre, enfin, en raison de la dynamique de notre système d’énergie. De tels projets d’hydrogène vert sont viables dans les pays où l’énergie renouvelable, par moments, est produite en pure perte, comme c’est le cas lorsque des éoliennes tournent à vide la nuit et qu’il n’y a pas de batteries pour emmagasiner cette énergie. La convertir en hydrogène vert devient alors intéressant.

Or ce n’est pas le cas d’Hydro-Québec, qui peut faire jouer le rôle de batteries à ses réservoirs de barrage en y faisant varier le niveau d’eau.

J’étais contre, donc, mais je me suis prononcé pour à une condition : que les promoteurs de tels projets produisent eux-mêmes leur propre énergie verte pour le faire – typiquement entre 7 et 9 cents le kilowattheure – plutôt que de siphonner l’énergie bon marché d’Hydro-Québec, à 5,3 cents le kilowattheure.

J’ai d’ailleurs suggéré exactement cela il y a un an dans une chronique intitulée « Réflexion énergétique pour Pierre Fitzgibbon », au moment où il avait été nommé ministre de l’Énergie1.

Jamais les promoteurs n’accepteraient une telle chose, m’étais-je dit, même si la loi d’Hydro-Québec le permet, selon ma compréhension. Trop coûteux, pas rentable2.

Or voilà, le projet de 4 milliards en Mauricie présenté vendredi par TES Canada évite presque tous ces écueils.

D’abord, toute sa production sera destinée aux besoins locaux. Et l’entreprise alimentera son électrolyseur en produisant sa propre énergie renouvelable.

Oui, d’accord, Hydro-Québec fournira 150 mégawatts, soit le tiers des besoins, mais les deux tiers du courant viendront des propres éoliennes et panneaux solaires de TES, ce qui apparaît comme un compromis acceptable.

Il l’est d’autant plus que l’entreprise utilisera son propre réseau de transport d’électricité, qu’elle veut enfouir sous terre, et qu’elle s’engage à délester complètement le bloc de 150 MW d’Hydro-Québec lors des très coûteuses périodes de pointe hivernale.

Le projet sera-t-il rentable ? Bonne question. Pour le savoir, il faut se baser sur la principale utilisation du produit, soit sa conversion en gaz naturel synthétique pour le client, Énergir, qui négocie pour acheter les deux tiers de la production.

TES aura un intrant au coût moyen de 7 cents le kilowattheure, environ, si l’on amalgame le prix probable de sa propre énergie (environ 8 cents le kilowattheure) à celle d’Hydro (5,3 cents).

Une fois électrolysée et convertie en gaz naturel, cette énergie reviendrait à environ 34 $ le gigajoule, selon les paramètres de l’Institut de l’énergie Trottier. Or, le gaz naturel se vend actuellement environ 7 $ le gigajoule au Québec, redevance carbone comprise.

Bref, le gaz vert se vendrait presque cinq fois le prix du gaz sale. À ce prix, qui en voudra ?

Coup de fil à Renaud Lortie, d’Énergir. Le vice-président à l’approvisionnement m’explique qu’actuellement, il achète le gaz naturel renouvelable, fait avec la biomasse, pour 19,12 $ le gigajoule. Ce gaz renouvelable représente environ 2 % de ses ventes en 2023, écoulées à 75 % auprès de clients industriels.

Mais voilà, le prix du gaz propre, comme la plupart des énergies renouvelables, ira croissant au cours des prochaines années. Et Énergir est tenu, par la réglementation, de faire passer à 5 % la part de ses ventes de gaz propre en 2025 et à 10 % en 2030.

Autre aspect : des normes sont en préparation pour attribuer un indice de qualité au gaz propre vendu sur les marchés. Le gaz vert de TES risque de coter fort, vu ses intrants, ce qui en fera augmenter la valeur.

Enfin, le prix des GES, qui représente le tiers du prix du gaz actuellement, devrait tripler d’ici cinq ans, ce qui augmentera le prix du gaz sale.

Bref, l’écart de prix du gaz vert avec le gaz sale et les autres gaz propres risque de diminuer progressivement d’ici quelques années. Et après tout, c’est à l’entreprise, entièrement privée et sans subventions – outre les crédits d’impôt – de se débrouiller avec cet enjeu.

Au fait, pourquoi les industriels veulent-ils acheter un tel gaz vert ? Parce que les exigences environnementales se resserrent et que 25 % du secteur industriel n’est pas « électrifiable », et est donc impossible à décarboner avec l’énergie d’Hydro-Québec.

Pour atteindre ses cibles de décarbonation, le Québec doit donc offrir une solution de rechange à de tels clients, dont font partie les aciéries et les cimenteries, par exemple.

J’étais contre les projets d’hydrogène vert. Je ne le suis pas pour un tel projet, du moins s’il respecte ses promesses.

Aura-t-il des parcs éoliens et solaires acceptables pour la population ? Parviendra-t-il à bâtir son réseau et son électrolyseur dans les coûts attendus ? Évitera-t-il de quémander de l’énergie à Hydro-Québec si son réseau n’est pas aussi fiable que prévu ? Offrira-t-il un prix concurrentiel à Énergir ?

Bien hâte de voir la suite…

1. Lisez la chronique de septembre 2022 « Réflexion énergétique pour Pierre Fitzgibbon »

  1. Aucun ne l’a jamais fait, d’ailleurs, sauf les alumineries (surtout Rio Tinto), mais c’est parce que son réseau électrique a été bâti il y a des lustres, à faible coût, grâce aux cadeaux des gouvernements.
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C’est l’élément clé de cet article/dossier à mon avis. Je ne vois pas l’utilité du gaz vert -quoi que j’étais pour la pipeline de gaz venant de l’ouest- mais on ne devrait pas empêcher une entreprise d’essayer. C’est de là que les innovations se produisent.

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Hydro-Québec | Moins d’eau, moins de profits


PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE
Le bénéfice net d’Hydro-Québec a été de 363 millions pour les mois de juillet, août et septembre 2023, en baisse de 499 millions comparativement à la même période l’an dernier, alors que les profits avaient atteint un record trimestriel, à 862 millions.

Le faible niveau d’eau dans les réservoirs d’Hydro-Québec a forcé la société d’État à réduire ses exportations, ce qui a fait chuter son profit net de 500 millions, soit 58 %, au troisième trimestre.

Publié à 11h00 Mis à jour à 16h21
Hélène Baril
LA PRESSE

Le bénéfice net d’Hydro-Québec a été de 363 millions pour les mois de juillet, août et septembre 2023, en baisse de 499 millions comparativement à la même période l’an dernier, alors que les profits avaient atteint 862 millions.

Le niveau des exportations est actuellement à son plus bas niveau depuis dix ans, a expliqué Jean-Hugues Lafleur, vice-président exécutif et chef de la direction financière d’Hydro-Québec, en raison de la réduction des niveaux d’eau dans les réservoirs.

« Cette faible hydraulicité n’a eu aucun impact sur l’approvisionnement en énergie du Québec et les engagements à long terme conclus avec les marchés voisins, a-t-il dit. Nous avons toutefois restreint les ventes d’électricité sur les marchés externes afin de gérer nos ressources de façon optimale, ce qui a donné lieu à une diminution des produits provenant des ventes hors Québec. »

Le volume des exportations est en baisse de 32 % par rapport à l’an dernier. Le peu de neige tombée l’hiver dernier, la faible crue printanière et les faibles précipitations de l’été ont fait en sorte de réduire le niveau d’eau dans les réservoirs.

Cette faible hydraulicité n’est pas un sujet d’inquiétude pour Hydro-Québec. « Les études qu’on a sur le long terme prévoient une hausse des apports d’eau, a expliqué M. Lafleur. C’est malheureux, mais les changements climatiques font en sorte qu’on aura plus d’énergie ».

À cause des changements climatiques justement, la société d’État devra adapter ses méthodes de construction et prévoir notamment un rehaussement des digues qui retiennent l’eau en amont des réservoirs, a précisé Jean-Hugues Lafleur.

Des contrats à alimenter

Dans une année normale, Hydro-Québec exporte près de 30 térawattheures par année. Ce volume d’exportation sur les marchés de gros qui a été très rentable au cours des dernières années sera considérablement réduit quand les deux contrats à long terme conclus avec le Massachusetts et New York.

Ces deux contrats totalisent 20 térawattheures, soit moins que la quantité totale d’électricité qu’a pu exporter Hydro-Québec, soit 19 térawattheures.

Même si la période de faible hydraulicité actuelle devait se prolonger, Hydro-Québec ne craint pas de manquer d’électricité. « On va satisfaire nos engagements futurs et on ne manquera pas d’électricité au Québec », a assuré son vice-président.

Des prix en baisse

Compativement à l’an dernier, alors que les prix de toutes les formes d’énergie avaient explosé à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le prix de l’électricité est en baisse de 50 % sur les marchés d’exportation d’Hydro-Québec,

Malgré cette chute, Hydro-Québec a obtenu un prix moyen de 10,3 cents par kilowattheure exporté. C’est deux fois plus que le prix moyen du marché de 5,2 cents le kilowattheure, un résultat qui s’explique par la stratégie de couverture des risques.

Pour les neuf premiers mois de 2023, Hydro-Québec affiche un bénéfice net de 3 milliards, en baisse de 554 millions par rapport à la même période l’an dernier.

En plus de la baisse des exportations, la hausse des dépenses d’entretien et de maintenance du réseau a pesé sur la rentabilité.

Les ventes d’électricité au Québec sont en baisse par rapport à 2022, en raison du dernier hiver qui a été plus doux que la normale. En janvier 2023, la température moyenne a été de 9 degrés Celsius supérieurs à celle de janvier 2002, selon Hydro-Québec.

Les revenus des ventes au Québec sont quand même légèrement en hausse, à 9,8 milliards, en raison de l’augmentation des tarifs et de la rentabilité des contrats spéciaux liés au prix de l’aluminium.

Au total, Hydro-Qubec a encaissé des revenus de 12, 2 milliards de ses ventes d’électricité depuis le début de 2023, un montant à peu près inchangé par rapport à la même période l’an dernier. Ses investissements atteignent 3,2 milliards, dont les deux tiers ont été consacrés à l’entretien et à la maintenance du réseau de production, de transport et de distribution d’électricité.

Sur les marchés financiers, la société d’État est allée chercher 900 millions en financement au troisième trimestre, à un taux d’intérêt de 4,5 %. La dette totale de la société d’État atteint 50 milliards, au taux d’intérêt moyen de 5 %, ce qui se traduit par des paiements d’intérêt de quelque 2,24 milliards par année.

Au Téléjournal

Churchill Falls : visite au cœur de la mégacentrale

La centrale hydroélectrique de Churchill Falls, au Labrador, fournit 15 % de l’électricité du Québec. C’est presque autant que la centrale Robert-Bourassa, à la Baie-James.

Le Québec et Terre-Neuve négocient pour renouveler l’entente entre les deux provinces, qui prend fin en 2041. Le dossier n’est pas simple…

Pour mieux comprendre, Michèle Brideau s’est rendue à la mégacentrale.

#TJ18h

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Arrogance et décadence

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

« Beaucoup de spécialistes considèrent que le projet d’autoproduction d’électricité de TES Canada à des fins commerciales est un précédent qui menace le monopole d’Hydro-Québec », affirme notre chroniqueur.


Boucar Diouf
Boucar Diouf Collaboration spéciale

Si M. Legault veut comprendre ce qui se passe dans les sondages, il y a aussi du côté de l’arrogance qu’il faut regarder.

Publié à 1h59 Mis à jour à 7h00

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Quand je parle d’arrogance, au-delà des dossiers de transport et de hockey de la ville de Québec, je pense surtout aux façons de faire de Pierre Fitzgibbon. Depuis quelque temps, le ministre semble voir Hydro-Québec comme une simple entreprise privée dont il est l’ultime grand patron, et nous sommes nombreux à nager dans l’incompréhension.

Comment sommes-nous, en l’espace d’une année, passés d’une nation qui cherchait à ouvrir de gigantesques marchés de vente d’énergie aux États-Unis à ce Québec qui va manquer d’électricité qu’on nous chante ad nauseam ? Il n’y a pas longtemps, on nous parlait de contrats de vente d’électricité de 30 milliards avec l’État de New York qui devait rapporter des profits d’environ 950 millions par année pendant 25 ans. Un autre contrat signé avec le Massachusetts devait amener 10 milliards supplémentaires dans les coffres de l’État québécois.

Que se passe-t-il avec toutes ces ententes alors qu’on nous annonce désormais que le Québec chemine vers un déficit d’électricité ? Quand ces contrats de vente ont été signés, est-ce que le gouvernement voyait venir ces temps de pénurie ? Est-il possible de revenir en arrière et garder notre électricité si on en a tant besoin ?

Bousculé par toutes ces questions, mon cerveau ne cesse de ruminer la très lucide déclaration de Sophie Brochu avant son départ : « Le Québec ne doit pas devenir un Dollarama de l’électricité. »

Bien plus qu’une société d’État, Hydro-Québec est une fierté nationale qui mérite une minutieuse surveillance de notre part. En effet, s’il y a une certitude qui ne fait pas l’ombre d’un doute, c’est que les prédateurs d’opportunités n’ont jamais cessé de saliver devant Hydro. Il suffit d’une minuscule brèche pour que ces chantres de la privatisation et autres chasseurs d’opportunités s’y engouffrent pour ne jamais ressortir.

Or, beaucoup de spécialistes considèrent que le projet d’autoproduction d’électricité de TES Canada à des fins commerciales est un précédent qui menace le monopole d’Hydro-Québec.

Mais ça, c’est le cadet des soucis du duo Fitzgibbon-Sabia qui avance à visage découvert avec la bénédiction de François Legault. Pourtant, s’il y a un dossier qui devrait tous nous interpeller, c’est ce que ce ministre essaie de faire avec Hydro-Québec.

Tout n’est pas parfait dans notre société d’État, mais une chose est certaine : on ne sera jamais mieux servi qu’avec le monopole d’Hydro-Québec.

On gagnerait aussi collectivement à tracer une ligne à ne pas franchir au ministre pour éviter que ce pilier des plus importants de la Révolution tranquille ne vacille à cause de ses ambitions personnelles. Ce ministre incarne l’arrogance qui est en train de dynamiter la Coalition avenir Québec.

Souvent, quand des hommes d’affaires fortunés entrent dans l’arène politique, on parle de leur désir de servir et de redonner à la communauté. Pourtant, la plupart du temps, c’est le pouvoir politique, bien plus aphrodisiaque que l’argent, qui les y attire. Sinon, pourquoi Donald Trump risquerait-il tous ses avoirs pour mettre la main sur la présidence des États-Unis ?

Pour le meilleur ou pour le pire, le pouvoir politique apporte un prestige que l’argent ne peut garantir à son possédant. La preuve, même des gens d’affaires 10 fois plus riches que lui ne disposent pas d’autant de lumière et d’influence que Fitzgibbon. La main sur notre électricité, il recommande ou décide quelle entreprise étrangère peut venir profiter de la manne énergétique québécoise, ouvre avec désinvolture des brèches dans le monopole d’Hydro-Québec que ses bâtisseurs souhaitaient bien hermétique, parle de ramener le nucléaire et exprime son désir pressant de construire de nouveaux barrages.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon

Pourtant, un peu comme un fonds environnemental des générations, on devrait penser laisser en héritage ces dernières grandes rivières à ceux qui viendront après nous. Je veux dire sans les harnacher. Ce devoir de solidarité intergénérationnelle devrait faire partie des réflexions autour de la sobriété énergétique.

En politique, il arrive que des gens d’affaires qui ont du pouvoir profitent de leur position pour ouvrir des portes et permettre à leurs anciens amis, qui sont aussi leurs futurs partenaires, de se faufiler dans des ouvertures que la population voudrait garder bien étanches.

Un exemple. Lorsque le ministre fédéral des Finances Bill Morneau glissa dans le projet de loi omnibus C-29 une disposition qui aurait permis aux banques de contourner la Loi sur la protection du consommateur du Québec, il travaillait pour ses amis. Son plan a heureusement été mis en échec par la vigilance des députés du Bloc québécois.

Avec sa défense musclée du projet d’autoproduction d’électricité de TES Canada qui ferait, selon Jean-Pierre Finet, porte-parole du Regroupement des organismes environnementaux en énergie, retourner René Lévesque dans sa tombe, il est permis de se demander si les ambitions de Fitzgibbon pour Hydro-Québec sont juste motivées par l’attachement au bien commun qui faisait avancer ses bâtisseurs.

Chose certaine, le ministre est catégorique : le privilège accordé à TES Canada n’est que le début d’une vision qui fera des petits. D’ailleurs, on a appris cette semaine que le géant Amazon pousse déjà sa candidature pour faire la même chose. Une fois à l’intérieur du système, à la manière d’un virus, elles vont trouver des façons d’échapper à la surveillance immunitaire et chercher à élargir leur emprise en rêvant de prendre le contrôle. Un peu comme ce qui est arrivé avec les géants numériques. On a tardé à leur imposer des limites et le résultat est aujourd’hui catastrophique.

Je me demande comment on peut se targuer d’être un gouvernement nationaliste quand on travaille à poser les jalons d’une certaine dénationalisation d’Hydro-Québec.

On parle beaucoup des 7 millions de dollars dépensés pour faire venir les Kings de Los Angeles à Québec. Mais que représente cette somme comparée aux dizaines de millions investis dans le développement de tous ces projets de transport que le gouvernement a fini par jeter à la poubelle avec une ostensible arrogance ?

Si François Legault veut remonter dans l’estime de la population, je lui recommande de procéder à un énorme remaniement ministériel et de tasser toutes ces têtes d’affiche de la ville de Québec. Je crois aussi humblement qu’il devrait enlever le dossier énergétique à Pierre Fitzgibbon s’il ne veut pas que l’histoire retienne honteusement son nom comme celui qui a commencé la dénationalisation d’Hydro-Québec.

D’ailleurs, n’en déplaise à ceux qui minimisent ces brèches, sur un sujet aussi important, les Québécois devraient être conviés à un référendum, car on n’a jamais voté pour ce qu’essaie de faire Pierre Fitzgibbon.

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Encore une panne ? Enterrons le problème !

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

La transition énergétique ne peut pas se faire avec un réseau qui tombe sans cesse en panne. Enfouir davantage les fils d’électricité permettrait d’améliorer la fiabilité d’Hydro-Québec.


Stéphanie Grammond
Stéphanie Grammond La Presse

On trouve rarement de réelles solutions en enterrant nos problèmes. Mais pour Hydro-Québec, c’est la voie à suivre. Enfouir les fils électriques dans le sol permettrait de réduire les pannes qui plongent les clients dans le noir au moindre caprice de la météo.

Publié à 3h38 Mis à jour à 5h00

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Lundi n’a pas fait exception. La première bordée de l’année a privé d’électricité plus de 110 000 foyers. Pourtant, une trentaine de centimètres de neige, ce n’est rien de très surprenant au Québec.

Mais comme le réseau d’Hydro-Québec manque d’entretien, il est devenu vulnérable aux intempéries, qui deviennent de plus en plus fréquentes et violentes avec les changements climatiques.

Le derecho de mai 2022 : 500 000 clients touchés. La tempête juste avant Noël : 640 000 foyers dans le froid. Le verglas en avril dernier : plus de 1 million de Québécois privés de courant, certains jusqu’à cinq jours.

Hydro-Québec doit donc impérativement améliorer la résilience de son réseau de distribution, surtout que la transition énergétique nous rendra encore plus dépendants à l’électricité.

À court terme, un meilleur émondage est la solution la plus simple pour réduire les pannes, car la végétation qui pousse à travers les fils électriques est une des principales sources de problème. Le déploiement de puissantes batteries de secours dans les quartiers peut aussi donner un coup de main.

Mais pour rendre notre réseau plus robuste, l’enfouissement reste incontournable.

Évidemment, ce n’est pas donné.

Un kilomètre de réseau enfoui peut coûter jusqu’à un million de dollars, soit dix fois plus cher qu’un kilomètre de réseau aérien, estime Hydro-Québec. C’est ce qui avait permis au premier ministre François Legault d’affirmer qu’il en coûterait 100 milliards de dollars pour enfouir tous les fils du Québec.

On s’entend qu’une telle facture n’est pas raisonnable. Sauf que personne ne réclame l’enfouissement de tous les fils électriques de la province, de Manic 5 jusqu’à Montréal en passant par chacun des rangs du Québec.

Pour amoindrir la facture, on pourrait y aller graduellement, en ciblant les zones les plus densément peuplées, là où les pannes touchent un très grand nombre de citoyens. Et on pourrait commencer par enfouir les lignes à haute tension, sans refaire toutes les lignes à basse tension qui entrent chez les clients. Ce serait déjà un bon début.

D’autres techniques peuvent aussi réduire les coûts. Hydro-Québec a justement mené deux projets pilotes à cet effet depuis un an et demi.

L’enfouissement devrait aussi être de rigueur lorsqu’on construit de nouveaux bâtiments et lorsqu’on creuse les rues pour d’autres raisons.

Il est désolant que la Ville de Montréal ait refait ses égouts et les conduites d’eau, depuis des années, sans qu’Hydro-Québec ait profité de cette occasion en or pour installer des lignes électriques souterraines. Heureusement, une entente en ce sens a été conclue en 2022.

Mais Hydro-Québec ne peut faire de même dans les autres municipalités, car elle doit se concentrer sur les demandes de raccordement qui traînent en longueur pour de nouvelles maisons.

On comprend. Mais pendant ce temps, le réseau existant pâtit.

La fiabilité du service de distribution d’Hydro-Québec s’est dégradée de façon marquée depuis 10 ans, a constaté la vérificatrice générale dans un audit de performance, en décembre dernier.1

En 2021, plus de huit millions de clients ont été touchés par une panne. La durée moyenne de ces pannes a augmenté de 63 % de 2012 à 2021. Et ces chiffres ne tiennent même pas compte des pannes dues aux évènements météorologiques majeurs.

Tout indique que la situation va empirer, au cours des prochaines années, à cause du vieillissement des équipements d’Hydro-Québec qui va s’accélérer.

Pour vous donner une idée, le nombre de poteaux à remplacer passera d’environ 7000 par année à 30 000 d’ici 2035. Et le nombre de transformateurs aériens à remplacer passera de 8500 à 14 000 par année.

Raison de plus pour songer à l’enfouissement, au lieu de tout refaire à l’identique. Nous sommes à un moment charnière. Profitons-en pour réfléchir autrement.

Au moins, la priorité numéro un du Plan d’action 2035 déposé par le nouveau patron d’Hydro-Québec, Michael Sabia, prévoit doubler les sommes consacrées à l’amélioration de la fiabilité des infrastructures, pour y investir de 4 à 5 milliards par année.

Tant mieux.

Avec la transition énergétique, le Québec sera beaucoup plus dépendant de l’électricité, non seulement pour la maison, mais aussi pour la voiture. La filière batterie, c’est bien beau. Mais encore faut-il être capable de la recharger, beau temps, mauvais temps.

Consultez l’audit de performance de la vérificatrice générale

La position de La Presse

La transition énergétique ne peut pas se faire avec un réseau qui tombe sans cesse en panne. Enfouir davantage les fils d’électricité permettrait d’améliorer la fiabilité d’Hydro-Québec.

Entrevue au Téléjournal 18h

Des pannes d’électricité récurrentes : entrevue avec la vice-présidente exécutive d’Hydro-Québec

Nombre record de pannes pour Hydro-Québec en 2023 : Patrice Roy fait le point avec la vice-présidente exécutive, Claudine Bouchard.

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Je ne suis pas du tout satisfait des réponses d’H-Q données dans cette entrevue. Il faudrait dès le départ distinguer clairement la problématique des zones urbaines où les pannes touchent plus d’individus et plus souvent que dans les zones rurales.

C’est pour cela que l’enfouissement des fils en ville devrait être prioritaire, parce que justement ces mêmes fils viennent en conflit avec les arbres en particulier, qui sont pourtant les meilleurs alliés que nous ayons dans la lutte contre les changements climatiques.

D’abord enfouir les fils est une opération durable, tandis qu’élaguer les arbres ou les couper est récurrent et finit par coûter de plus en plus cher. Or on sait tous que les arbre en milieu urbain ont une valeur nettement supérieure, pour tous les services qu’ils rendent, incluant le maintien de la biodiversité de nos villes.

C’est donc à mon avis l’approche et la vision en silo d’Hydro-Québec qui est erronée. Parce qu’elle réduit l’arbre à un simple obstacle sans réaliser que ces derniers jouent un rôle anti-pollution essentiel, en plus d’aider à rafraichir le territoire urbain durant les nombreuses canicules qui s’intensifient années après années.

Or le verdissement est incontournable pour améliorer la qualité de vie des citadins, l’environnement et le développement durable. Un air plus sain et l’ombre bienfaisante qui aide à diminuer en partie le besoin de climatisation, une dépense qui de surcroit tend elle aussi à augmenter avec les années et qui demande toujours plus de ressources énergétiques.

Donc Hydro-Québec doit voir le problème globalement et non de manière ciblée. Le virage environnemental est une obligation pour améliorer son propre bilan carbone. Car ses pratiques sont d’un autre âge et viennent directement en contradiction avec les principes d’une meilleure gestion du territoire urbain, où la nature doit dorénavant prendre plus de place et non moins.

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