Hydro-Québec - Actualités

Bien désolé de le dire, mais la vaste majorité des toits ne sont pas conçu pour prendre le poids additionnel de panneaux solaires. Il faudrait que la province modifie les règles sur les normes de construction pour les nouveaux bâtiments.

En ce qui concerne l’éolien offshore, le potentiel est supérieur à celui des éoliennes qu’on installe dans nos champs et sur nos montagnes. La difficulté qu’on va avoir est le fait qu’il y a beaucoup de glace dans le fleuve en hivers. L’Europe n’a pas ce problème. T’a juste à regarder à quel point ils ont renforcé les piliers du pont de la confédération pour comprendre à quel point c’est un problème d’envergure.

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Minimalement on devrait cibler les nouveaux bâtiments. Si vous ne voulez pas de serres, mettez des panneaux solaires! Reste à voir ce qu’il est possible de retrofit pour les bâtiments existants. Certains bâtiments ont peut-être besoin de bien peu d’investissements pour accueillir le poids des panneaux, alors que pour d’autres le jeu n’en vaut peut-être pas la chandelle. Avec l’état qui subventionne généreusement les thermopompes (une excellente idée d’ailleurs), peut-être que des subventions spécifiques au solaire pourraient faire partie des efforts d’efficacité énergétique.

Au final, c’est un simple calcul comptable; combien coûterait le retrofit et l’installation des panneaux, et combien de kW pourront-ils générer. Si le coût amorti sur la durée d’opération est raisonnable, alors c’est gagnant. Et comme c’est une électricité produite au lieu de consommation qui ne nécessite pas d’augmenter la capacité de distribution, elle peut certainement coûter un peu plus cher que 6-12 cents/kWh et demeurer compétitive.

Effectivement, c’est un gros bémol. Je doute que les éoliennes offshore flottantes qui ont le vent dans les pales soient plus viables avec les glaces. Reste à voir s’il reste un potentiel offshore libre de glaces. Il serait ironique que la Nouvelle-Écosse produise trois fois ses besoins en électricité avec l’éolien offshore et qu’elle se retrouve à exporter dans le réseau d’Hydro-Québec!

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Voici les gagnants des blocs d’énergie attribués par le ministre Fitzgibbon

La filière de l’hydrogène vert récolte 30 % des mégawatts disponibles, tandis que des projets majeurs ont été écartés.

Pierre Fitzgibbon en conférence de presse.
Le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec, Pierre Fitzgibbon.
PHOTO : RADIO-CANADA / IVANOH DEMERS

Thomas Gerbet
Publié à 4 h 00 HNE

Ils sont rares, précieux et convoités. Un grand mystère entourait l’identité des bénéficiaires des 1000 mégawatts (MW) encore disponibles pour des projets industriels au Québec. Radio-Canada a obtenu les noms des 11 gagnants.

Les heureux élus font partie d’une très longue liste d’entreprises qui avaient déposé des demandes de blocs d’énergie sur le bureau du ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec. Pierre Fitzgibbon avait comparé le tout à une liste de cadeaux de Noël.

Commençons d’abord avec la moins grande surprise sous le sapin : Northvolt. Le projet de méga-usine en Montérégie récolte la part du lion avec 360 mégawatts (MW). Cet accès à la puissance d’Hydro-Québec permettra à cette entreprise suédoise de fabriquer des batteries pour véhicules électriques.

Le deuxième grand gagnant est TES Canada, un autre projet de plusieurs milliards de dollars, qui sera présenté vendredi à 10 h à Shawinigan. Cette entreprise belge a obtenu 150 MW pour produire de l’hydrogène vert destiné à verdir le transport lourd, entre autres.

Des projets de grande ampleur

Pour prendre la pleine mesure de ces projets, on peut utiliser comme référence le Centre Bell, qui a besoin d’une puissance de 5 MW d’électricité pour fonctionner. Le débit d’énergie nécessaire à Northvolt est donc 72 fois supérieur à l’amphithéâtre qui sert notamment au Canadien de Montréal.

Depuis 20 ans, un seul projet au Québec avait requis plus de 50 MW, soit la mine d’or de Malartic, en Abitibi-Témiscamingue. Parmi les projets retenus par Pierre Fitzgibbon, six dépassent cette marque.

Selon nos sources, le troisième bénéficiaire des blocs d’énergie est l’entreprise Greenfield, qui veut produire de l’hydrogène vert à Varennes, en Montérégie, afin de verdir le carburant des navires du port de Montréal. Elle a obtenu la centaine de mégawatts qu’elle espérait (Nouvelle fenêtre).

François Legault et Dejae Chin sont assis et discutent ensemble.
Le premier ministre du Québec, François Legault, en compagnie du vice-président de Volta Énergie Solutions, Dejae Chin, à Granby, le 5 septembre 2023.
PHOTO : LA PRESSE CANADIENNE / CHRISTINNE MUSCHI

La compagnie sud-coréenne Volta Energy Solutions a aussi obtenu une centaine de mégawatts pour son projet d’usine de feuilles de cuivre à Granby, en Estrie. Sa production est destinée au marché nord-américain des batteries de véhicules électriques.

La minière Nouveau Monde Graphite a obtenu 77 MW. Elle en avait fait l’annonce sur son site web (Nouvelle fenêtre) le mois dernier. Le graphite, un minerai stratégique est essentiel à la fabrication des batteries. Par ailleurs, l’usine de Ford à Bécancour (Nouvelle fenêtre) s’est fait accorder 75 MW.

[Une version précédente de ce texte indiquait que Nouveau monde graphite allait alimenter Ford en minerai. C’est en fait la minière Nemaska Lithium qui a conclu cette entente avec Ford.]

Une avalanche de demandes

Le gouvernement a reçu plus de 150 requêtes d’entreprises pour obtenir des blocs d’énergie, dont au moins 57 demandes qui dépassaient les 50 MW. Au total, plus de 30 000 MW étaient espérés, mais Hydro-Québec n’a pas du tout la marge suffisante pour cela. Depuis l’adoption du projet de loi 2, c’est le ministre Fitzgibbon qui choisit les projets que la société d’État doit alimenter à partir de 5 MW.

Il y a un intérêt international pour le tarif industriel (tarif L) très compétitif d’Hydro-Québec, le moins élevé en Amérique du Nord. Jeudi, des groupes environnementaux ont réclamé un moratoire sur l’attribution des blocs d’énergie, par crainte d’une pénurie d’électricité.

Trois projets d’hydrogène

L’entreprise Air Liquide, installée à Bécancour, a obtenu une cinquantaine de mégawatts pour produire de l’hydrogène vert. Au total, avec TES Canada et Greenfield, ce sont donc 300 des 1000 MW disponibles qui alimenteront cette filière.

En janvier, le ministre Pierre Fitzgibbon avait pourtant prévenu que le Québec n’avait pas les moyens d’accepter les 9000 MW de projets d’hydrogène sur son bureau. On ne peut pas en faire, de l’hydrogène, on n’a pas d’électricité, avait-il dit.

Un électrolyseur d'hydrogène.
À l’heure actuelle, 95 % de l’hydrogène consommé à l’échelle mondiale est produit à partir de gaz naturel ou de charbon.
PHOTO : RADIO-CANADA

Je suis surpris, c’est un peu confondant, a réagi le PDG de la firme Charbone, Dave Gagnon, un promoteur d’hydrogène en attente de réponse à sa demande de quelques mégawatts pour un projet à Sorel-Tracy.

Lorsque nous avons contacté le cabinet du ministre au sujet de cette apparence de revirement, on nous a encouragés à poser nos questions lors de l’annonce du projet de TES Canada, vendredi.

Malgré l’absence de réponse à son projet, Dave Gagnon se réjouit pour la filière : Ce que je trouve de bon dans tout ça, c’est qu’on parle d’hydrogène.

Selon le professeur Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal, les projets retenus sont de bons projets, car ils visent non pas à exporter de l’hydrogène à des clients étrangers mais à faire des carburants liquides qui peuvent être directement utilisés au Québec.

Ce sont des projets qui ont le mérite de structurer de manière intéressante le tissu industriel québécois et qui vont être utiles pour la décarbonation.

Une citation de Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal

Les critères retenus pour choisir les projets

Dans le contexte actuel de pénurie de main-d’œuvre, ce n’est pas la création d’emplois qui a guidé les choix du ministre. Les critères retenus sont les suivants :

  1. la capacité technique d’Hydro-Québec à alimenter un projet;
  2. l’acceptabilité sociale d’un projet;
  3. la capacité d’un projet à décarboner le Québec (c’est-à-dire à réduire les émissions de gaz à effet de serre);
  4. la création de richesse et la contribution à la valeur économique.

La compagnie Minerai de fer du Québec, propriétaire de la mine du lac Bloom, près de Fermont, a obtenu 25 MW. Waste Management, qui veut produire du gaz naturel renouvelable à partir de déchets, s’est fait octroyer 15 MW. Le centre de données de l’entreprise américaine Vantage obtient 10 MW et l’allemande Duravit se fait accorder 10 MW pour son usine d’équipement de salle de bains à Matane.

Cyril Dufau-Sansot, PDG d’Hy2gen, ne fait pas partie des heureux élus. Son projet d’hydrogène et d’ammoniac verts à Baie-Comeau, sur la Côte-Nord, a besoin de 300 MW. Il a toutefois bon espoir que d’autres blocs d’énergie seront attribués au cours des prochains mois si Hydro-Québec parvient à dégager de la marge de manœuvre.

Pour être certaine d’être retenue, Hy2gen a reconfiguré son projet et a retardé de deux ans sa date prévue pour une entrée en activité de l’usine. Hydro-Québec prévoit augmenter sa production de 8000 à 9000 MW d’ici 2035. Le quart de cet ajout (soit environ 2000 MW) nourrira la croissance économique, notamment celle des filières industrielles nécessaires à la transition énergétique.

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J’étais contre les projets d’hydrogène vert

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Eric Gauthier, directeur général de TES Canada


Francis Vailles
Francis Vailles La Presse

J’étais contre les projets d’hydrogène vert au Québec.

Publié à 1h23 Mis à jour à 6h30

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J’étais contre parce que, d’abord, les promoteurs avaient souvent l’intention d’exporter leur production. La belle affaire : ils auraient pris notre électricité très peu chère pour la transformer et la revendre sous forme d’hydrogène vert à bon prix ailleurs. Les promoteurs se seraient enrichis sur notre dos, sous le prétexte de la défense de l’environnement.

J’étais contre, aussi, parce que nos besoins énergétiques sont immenses. Or, la conversion de l’hydroélectricité à l’hydrogène vert, avec électrolyse de l’eau, entraîne une perte d’énergie d’environ 30 %. Seuls quelques usagers bien spécifiques – et peu nombreux – en tireraient parti. Mieux vaut alimenter les clients avec l’hydroélectricité directement.

J’étais contre, enfin, en raison de la dynamique de notre système d’énergie. De tels projets d’hydrogène vert sont viables dans les pays où l’énergie renouvelable, par moments, est produite en pure perte, comme c’est le cas lorsque des éoliennes tournent à vide la nuit et qu’il n’y a pas de batteries pour emmagasiner cette énergie. La convertir en hydrogène vert devient alors intéressant.

Or ce n’est pas le cas d’Hydro-Québec, qui peut faire jouer le rôle de batteries à ses réservoirs de barrage en y faisant varier le niveau d’eau.

J’étais contre, donc, mais je me suis prononcé pour à une condition : que les promoteurs de tels projets produisent eux-mêmes leur propre énergie verte pour le faire – typiquement entre 7 et 9 cents le kilowattheure – plutôt que de siphonner l’énergie bon marché d’Hydro-Québec, à 5,3 cents le kilowattheure.

J’ai d’ailleurs suggéré exactement cela il y a un an dans une chronique intitulée « Réflexion énergétique pour Pierre Fitzgibbon », au moment où il avait été nommé ministre de l’Énergie1.

Jamais les promoteurs n’accepteraient une telle chose, m’étais-je dit, même si la loi d’Hydro-Québec le permet, selon ma compréhension. Trop coûteux, pas rentable2.

Or voilà, le projet de 4 milliards en Mauricie présenté vendredi par TES Canada évite presque tous ces écueils.

D’abord, toute sa production sera destinée aux besoins locaux. Et l’entreprise alimentera son électrolyseur en produisant sa propre énergie renouvelable.

Oui, d’accord, Hydro-Québec fournira 150 mégawatts, soit le tiers des besoins, mais les deux tiers du courant viendront des propres éoliennes et panneaux solaires de TES, ce qui apparaît comme un compromis acceptable.

Il l’est d’autant plus que l’entreprise utilisera son propre réseau de transport d’électricité, qu’elle veut enfouir sous terre, et qu’elle s’engage à délester complètement le bloc de 150 MW d’Hydro-Québec lors des très coûteuses périodes de pointe hivernale.

Le projet sera-t-il rentable ? Bonne question. Pour le savoir, il faut se baser sur la principale utilisation du produit, soit sa conversion en gaz naturel synthétique pour le client, Énergir, qui négocie pour acheter les deux tiers de la production.

TES aura un intrant au coût moyen de 7 cents le kilowattheure, environ, si l’on amalgame le prix probable de sa propre énergie (environ 8 cents le kilowattheure) à celle d’Hydro (5,3 cents).

Une fois électrolysée et convertie en gaz naturel, cette énergie reviendrait à environ 34 $ le gigajoule, selon les paramètres de l’Institut de l’énergie Trottier. Or, le gaz naturel se vend actuellement environ 7 $ le gigajoule au Québec, redevance carbone comprise.

Bref, le gaz vert se vendrait presque cinq fois le prix du gaz sale. À ce prix, qui en voudra ?

Coup de fil à Renaud Lortie, d’Énergir. Le vice-président à l’approvisionnement m’explique qu’actuellement, il achète le gaz naturel renouvelable, fait avec la biomasse, pour 19,12 $ le gigajoule. Ce gaz renouvelable représente environ 2 % de ses ventes en 2023, écoulées à 75 % auprès de clients industriels.

Mais voilà, le prix du gaz propre, comme la plupart des énergies renouvelables, ira croissant au cours des prochaines années. Et Énergir est tenu, par la réglementation, de faire passer à 5 % la part de ses ventes de gaz propre en 2025 et à 10 % en 2030.

Autre aspect : des normes sont en préparation pour attribuer un indice de qualité au gaz propre vendu sur les marchés. Le gaz vert de TES risque de coter fort, vu ses intrants, ce qui en fera augmenter la valeur.

Enfin, le prix des GES, qui représente le tiers du prix du gaz actuellement, devrait tripler d’ici cinq ans, ce qui augmentera le prix du gaz sale.

Bref, l’écart de prix du gaz vert avec le gaz sale et les autres gaz propres risque de diminuer progressivement d’ici quelques années. Et après tout, c’est à l’entreprise, entièrement privée et sans subventions – outre les crédits d’impôt – de se débrouiller avec cet enjeu.

Au fait, pourquoi les industriels veulent-ils acheter un tel gaz vert ? Parce que les exigences environnementales se resserrent et que 25 % du secteur industriel n’est pas « électrifiable », et est donc impossible à décarboner avec l’énergie d’Hydro-Québec.

Pour atteindre ses cibles de décarbonation, le Québec doit donc offrir une solution de rechange à de tels clients, dont font partie les aciéries et les cimenteries, par exemple.

J’étais contre les projets d’hydrogène vert. Je ne le suis pas pour un tel projet, du moins s’il respecte ses promesses.

Aura-t-il des parcs éoliens et solaires acceptables pour la population ? Parviendra-t-il à bâtir son réseau et son électrolyseur dans les coûts attendus ? Évitera-t-il de quémander de l’énergie à Hydro-Québec si son réseau n’est pas aussi fiable que prévu ? Offrira-t-il un prix concurrentiel à Énergir ?

Bien hâte de voir la suite…

1. Lisez la chronique de septembre 2022 « Réflexion énergétique pour Pierre Fitzgibbon »

  1. Aucun ne l’a jamais fait, d’ailleurs, sauf les alumineries (surtout Rio Tinto), mais c’est parce que son réseau électrique a été bâti il y a des lustres, à faible coût, grâce aux cadeaux des gouvernements.
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C’est l’élément clé de cet article/dossier à mon avis. Je ne vois pas l’utilité du gaz vert -quoi que j’étais pour la pipeline de gaz venant de l’ouest- mais on ne devrait pas empêcher une entreprise d’essayer. C’est de là que les innovations se produisent.

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Hydro-Québec | Moins d’eau, moins de profits


PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE
Le bénéfice net d’Hydro-Québec a été de 363 millions pour les mois de juillet, août et septembre 2023, en baisse de 499 millions comparativement à la même période l’an dernier, alors que les profits avaient atteint un record trimestriel, à 862 millions.

Le faible niveau d’eau dans les réservoirs d’Hydro-Québec a forcé la société d’État à réduire ses exportations, ce qui a fait chuter son profit net de 500 millions, soit 58 %, au troisième trimestre.

Publié à 11h00 Mis à jour à 16h21
Hélène Baril
LA PRESSE

Le bénéfice net d’Hydro-Québec a été de 363 millions pour les mois de juillet, août et septembre 2023, en baisse de 499 millions comparativement à la même période l’an dernier, alors que les profits avaient atteint 862 millions.

Le niveau des exportations est actuellement à son plus bas niveau depuis dix ans, a expliqué Jean-Hugues Lafleur, vice-président exécutif et chef de la direction financière d’Hydro-Québec, en raison de la réduction des niveaux d’eau dans les réservoirs.

« Cette faible hydraulicité n’a eu aucun impact sur l’approvisionnement en énergie du Québec et les engagements à long terme conclus avec les marchés voisins, a-t-il dit. Nous avons toutefois restreint les ventes d’électricité sur les marchés externes afin de gérer nos ressources de façon optimale, ce qui a donné lieu à une diminution des produits provenant des ventes hors Québec. »

Le volume des exportations est en baisse de 32 % par rapport à l’an dernier. Le peu de neige tombée l’hiver dernier, la faible crue printanière et les faibles précipitations de l’été ont fait en sorte de réduire le niveau d’eau dans les réservoirs.

Cette faible hydraulicité n’est pas un sujet d’inquiétude pour Hydro-Québec. « Les études qu’on a sur le long terme prévoient une hausse des apports d’eau, a expliqué M. Lafleur. C’est malheureux, mais les changements climatiques font en sorte qu’on aura plus d’énergie ».

À cause des changements climatiques justement, la société d’État devra adapter ses méthodes de construction et prévoir notamment un rehaussement des digues qui retiennent l’eau en amont des réservoirs, a précisé Jean-Hugues Lafleur.

Des contrats à alimenter

Dans une année normale, Hydro-Québec exporte près de 30 térawattheures par année. Ce volume d’exportation sur les marchés de gros qui a été très rentable au cours des dernières années sera considérablement réduit quand les deux contrats à long terme conclus avec le Massachusetts et New York.

Ces deux contrats totalisent 20 térawattheures, soit moins que la quantité totale d’électricité qu’a pu exporter Hydro-Québec, soit 19 térawattheures.

Même si la période de faible hydraulicité actuelle devait se prolonger, Hydro-Québec ne craint pas de manquer d’électricité. « On va satisfaire nos engagements futurs et on ne manquera pas d’électricité au Québec », a assuré son vice-président.

Des prix en baisse

Compativement à l’an dernier, alors que les prix de toutes les formes d’énergie avaient explosé à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le prix de l’électricité est en baisse de 50 % sur les marchés d’exportation d’Hydro-Québec,

Malgré cette chute, Hydro-Québec a obtenu un prix moyen de 10,3 cents par kilowattheure exporté. C’est deux fois plus que le prix moyen du marché de 5,2 cents le kilowattheure, un résultat qui s’explique par la stratégie de couverture des risques.

Pour les neuf premiers mois de 2023, Hydro-Québec affiche un bénéfice net de 3 milliards, en baisse de 554 millions par rapport à la même période l’an dernier.

En plus de la baisse des exportations, la hausse des dépenses d’entretien et de maintenance du réseau a pesé sur la rentabilité.

Les ventes d’électricité au Québec sont en baisse par rapport à 2022, en raison du dernier hiver qui a été plus doux que la normale. En janvier 2023, la température moyenne a été de 9 degrés Celsius supérieurs à celle de janvier 2002, selon Hydro-Québec.

Les revenus des ventes au Québec sont quand même légèrement en hausse, à 9,8 milliards, en raison de l’augmentation des tarifs et de la rentabilité des contrats spéciaux liés au prix de l’aluminium.

Au total, Hydro-Qubec a encaissé des revenus de 12, 2 milliards de ses ventes d’électricité depuis le début de 2023, un montant à peu près inchangé par rapport à la même période l’an dernier. Ses investissements atteignent 3,2 milliards, dont les deux tiers ont été consacrés à l’entretien et à la maintenance du réseau de production, de transport et de distribution d’électricité.

Sur les marchés financiers, la société d’État est allée chercher 900 millions en financement au troisième trimestre, à un taux d’intérêt de 4,5 %. La dette totale de la société d’État atteint 50 milliards, au taux d’intérêt moyen de 5 %, ce qui se traduit par des paiements d’intérêt de quelque 2,24 milliards par année.

Au Téléjournal

Churchill Falls : visite au cœur de la mégacentrale

La centrale hydroélectrique de Churchill Falls, au Labrador, fournit 15 % de l’électricité du Québec. C’est presque autant que la centrale Robert-Bourassa, à la Baie-James.

Le Québec et Terre-Neuve négocient pour renouveler l’entente entre les deux provinces, qui prend fin en 2041. Le dossier n’est pas simple…

Pour mieux comprendre, Michèle Brideau s’est rendue à la mégacentrale.

#TJ18h

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Arrogance et décadence

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

« Beaucoup de spécialistes considèrent que le projet d’autoproduction d’électricité de TES Canada à des fins commerciales est un précédent qui menace le monopole d’Hydro-Québec », affirme notre chroniqueur.


Boucar Diouf
Boucar Diouf Collaboration spéciale

Si M. Legault veut comprendre ce qui se passe dans les sondages, il y a aussi du côté de l’arrogance qu’il faut regarder.

Publié à 1h59 Mis à jour à 7h00

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Quand je parle d’arrogance, au-delà des dossiers de transport et de hockey de la ville de Québec, je pense surtout aux façons de faire de Pierre Fitzgibbon. Depuis quelque temps, le ministre semble voir Hydro-Québec comme une simple entreprise privée dont il est l’ultime grand patron, et nous sommes nombreux à nager dans l’incompréhension.

Comment sommes-nous, en l’espace d’une année, passés d’une nation qui cherchait à ouvrir de gigantesques marchés de vente d’énergie aux États-Unis à ce Québec qui va manquer d’électricité qu’on nous chante ad nauseam ? Il n’y a pas longtemps, on nous parlait de contrats de vente d’électricité de 30 milliards avec l’État de New York qui devait rapporter des profits d’environ 950 millions par année pendant 25 ans. Un autre contrat signé avec le Massachusetts devait amener 10 milliards supplémentaires dans les coffres de l’État québécois.

Que se passe-t-il avec toutes ces ententes alors qu’on nous annonce désormais que le Québec chemine vers un déficit d’électricité ? Quand ces contrats de vente ont été signés, est-ce que le gouvernement voyait venir ces temps de pénurie ? Est-il possible de revenir en arrière et garder notre électricité si on en a tant besoin ?

Bousculé par toutes ces questions, mon cerveau ne cesse de ruminer la très lucide déclaration de Sophie Brochu avant son départ : « Le Québec ne doit pas devenir un Dollarama de l’électricité. »

Bien plus qu’une société d’État, Hydro-Québec est une fierté nationale qui mérite une minutieuse surveillance de notre part. En effet, s’il y a une certitude qui ne fait pas l’ombre d’un doute, c’est que les prédateurs d’opportunités n’ont jamais cessé de saliver devant Hydro. Il suffit d’une minuscule brèche pour que ces chantres de la privatisation et autres chasseurs d’opportunités s’y engouffrent pour ne jamais ressortir.

Or, beaucoup de spécialistes considèrent que le projet d’autoproduction d’électricité de TES Canada à des fins commerciales est un précédent qui menace le monopole d’Hydro-Québec.

Mais ça, c’est le cadet des soucis du duo Fitzgibbon-Sabia qui avance à visage découvert avec la bénédiction de François Legault. Pourtant, s’il y a un dossier qui devrait tous nous interpeller, c’est ce que ce ministre essaie de faire avec Hydro-Québec.

Tout n’est pas parfait dans notre société d’État, mais une chose est certaine : on ne sera jamais mieux servi qu’avec le monopole d’Hydro-Québec.

On gagnerait aussi collectivement à tracer une ligne à ne pas franchir au ministre pour éviter que ce pilier des plus importants de la Révolution tranquille ne vacille à cause de ses ambitions personnelles. Ce ministre incarne l’arrogance qui est en train de dynamiter la Coalition avenir Québec.

Souvent, quand des hommes d’affaires fortunés entrent dans l’arène politique, on parle de leur désir de servir et de redonner à la communauté. Pourtant, la plupart du temps, c’est le pouvoir politique, bien plus aphrodisiaque que l’argent, qui les y attire. Sinon, pourquoi Donald Trump risquerait-il tous ses avoirs pour mettre la main sur la présidence des États-Unis ?

Pour le meilleur ou pour le pire, le pouvoir politique apporte un prestige que l’argent ne peut garantir à son possédant. La preuve, même des gens d’affaires 10 fois plus riches que lui ne disposent pas d’autant de lumière et d’influence que Fitzgibbon. La main sur notre électricité, il recommande ou décide quelle entreprise étrangère peut venir profiter de la manne énergétique québécoise, ouvre avec désinvolture des brèches dans le monopole d’Hydro-Québec que ses bâtisseurs souhaitaient bien hermétique, parle de ramener le nucléaire et exprime son désir pressant de construire de nouveaux barrages.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon

Pourtant, un peu comme un fonds environnemental des générations, on devrait penser laisser en héritage ces dernières grandes rivières à ceux qui viendront après nous. Je veux dire sans les harnacher. Ce devoir de solidarité intergénérationnelle devrait faire partie des réflexions autour de la sobriété énergétique.

En politique, il arrive que des gens d’affaires qui ont du pouvoir profitent de leur position pour ouvrir des portes et permettre à leurs anciens amis, qui sont aussi leurs futurs partenaires, de se faufiler dans des ouvertures que la population voudrait garder bien étanches.

Un exemple. Lorsque le ministre fédéral des Finances Bill Morneau glissa dans le projet de loi omnibus C-29 une disposition qui aurait permis aux banques de contourner la Loi sur la protection du consommateur du Québec, il travaillait pour ses amis. Son plan a heureusement été mis en échec par la vigilance des députés du Bloc québécois.

Avec sa défense musclée du projet d’autoproduction d’électricité de TES Canada qui ferait, selon Jean-Pierre Finet, porte-parole du Regroupement des organismes environnementaux en énergie, retourner René Lévesque dans sa tombe, il est permis de se demander si les ambitions de Fitzgibbon pour Hydro-Québec sont juste motivées par l’attachement au bien commun qui faisait avancer ses bâtisseurs.

Chose certaine, le ministre est catégorique : le privilège accordé à TES Canada n’est que le début d’une vision qui fera des petits. D’ailleurs, on a appris cette semaine que le géant Amazon pousse déjà sa candidature pour faire la même chose. Une fois à l’intérieur du système, à la manière d’un virus, elles vont trouver des façons d’échapper à la surveillance immunitaire et chercher à élargir leur emprise en rêvant de prendre le contrôle. Un peu comme ce qui est arrivé avec les géants numériques. On a tardé à leur imposer des limites et le résultat est aujourd’hui catastrophique.

Je me demande comment on peut se targuer d’être un gouvernement nationaliste quand on travaille à poser les jalons d’une certaine dénationalisation d’Hydro-Québec.

On parle beaucoup des 7 millions de dollars dépensés pour faire venir les Kings de Los Angeles à Québec. Mais que représente cette somme comparée aux dizaines de millions investis dans le développement de tous ces projets de transport que le gouvernement a fini par jeter à la poubelle avec une ostensible arrogance ?

Si François Legault veut remonter dans l’estime de la population, je lui recommande de procéder à un énorme remaniement ministériel et de tasser toutes ces têtes d’affiche de la ville de Québec. Je crois aussi humblement qu’il devrait enlever le dossier énergétique à Pierre Fitzgibbon s’il ne veut pas que l’histoire retienne honteusement son nom comme celui qui a commencé la dénationalisation d’Hydro-Québec.

D’ailleurs, n’en déplaise à ceux qui minimisent ces brèches, sur un sujet aussi important, les Québécois devraient être conviés à un référendum, car on n’a jamais voté pour ce qu’essaie de faire Pierre Fitzgibbon.

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Encore une panne ? Enterrons le problème !

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

La transition énergétique ne peut pas se faire avec un réseau qui tombe sans cesse en panne. Enfouir davantage les fils d’électricité permettrait d’améliorer la fiabilité d’Hydro-Québec.


Stéphanie Grammond
Stéphanie Grammond La Presse

On trouve rarement de réelles solutions en enterrant nos problèmes. Mais pour Hydro-Québec, c’est la voie à suivre. Enfouir les fils électriques dans le sol permettrait de réduire les pannes qui plongent les clients dans le noir au moindre caprice de la météo.

Publié à 3h38 Mis à jour à 5h00

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Lundi n’a pas fait exception. La première bordée de l’année a privé d’électricité plus de 110 000 foyers. Pourtant, une trentaine de centimètres de neige, ce n’est rien de très surprenant au Québec.

Mais comme le réseau d’Hydro-Québec manque d’entretien, il est devenu vulnérable aux intempéries, qui deviennent de plus en plus fréquentes et violentes avec les changements climatiques.

Le derecho de mai 2022 : 500 000 clients touchés. La tempête juste avant Noël : 640 000 foyers dans le froid. Le verglas en avril dernier : plus de 1 million de Québécois privés de courant, certains jusqu’à cinq jours.

Hydro-Québec doit donc impérativement améliorer la résilience de son réseau de distribution, surtout que la transition énergétique nous rendra encore plus dépendants à l’électricité.

À court terme, un meilleur émondage est la solution la plus simple pour réduire les pannes, car la végétation qui pousse à travers les fils électriques est une des principales sources de problème. Le déploiement de puissantes batteries de secours dans les quartiers peut aussi donner un coup de main.

Mais pour rendre notre réseau plus robuste, l’enfouissement reste incontournable.

Évidemment, ce n’est pas donné.

Un kilomètre de réseau enfoui peut coûter jusqu’à un million de dollars, soit dix fois plus cher qu’un kilomètre de réseau aérien, estime Hydro-Québec. C’est ce qui avait permis au premier ministre François Legault d’affirmer qu’il en coûterait 100 milliards de dollars pour enfouir tous les fils du Québec.

On s’entend qu’une telle facture n’est pas raisonnable. Sauf que personne ne réclame l’enfouissement de tous les fils électriques de la province, de Manic 5 jusqu’à Montréal en passant par chacun des rangs du Québec.

Pour amoindrir la facture, on pourrait y aller graduellement, en ciblant les zones les plus densément peuplées, là où les pannes touchent un très grand nombre de citoyens. Et on pourrait commencer par enfouir les lignes à haute tension, sans refaire toutes les lignes à basse tension qui entrent chez les clients. Ce serait déjà un bon début.

D’autres techniques peuvent aussi réduire les coûts. Hydro-Québec a justement mené deux projets pilotes à cet effet depuis un an et demi.

L’enfouissement devrait aussi être de rigueur lorsqu’on construit de nouveaux bâtiments et lorsqu’on creuse les rues pour d’autres raisons.

Il est désolant que la Ville de Montréal ait refait ses égouts et les conduites d’eau, depuis des années, sans qu’Hydro-Québec ait profité de cette occasion en or pour installer des lignes électriques souterraines. Heureusement, une entente en ce sens a été conclue en 2022.

Mais Hydro-Québec ne peut faire de même dans les autres municipalités, car elle doit se concentrer sur les demandes de raccordement qui traînent en longueur pour de nouvelles maisons.

On comprend. Mais pendant ce temps, le réseau existant pâtit.

La fiabilité du service de distribution d’Hydro-Québec s’est dégradée de façon marquée depuis 10 ans, a constaté la vérificatrice générale dans un audit de performance, en décembre dernier.1

En 2021, plus de huit millions de clients ont été touchés par une panne. La durée moyenne de ces pannes a augmenté de 63 % de 2012 à 2021. Et ces chiffres ne tiennent même pas compte des pannes dues aux évènements météorologiques majeurs.

Tout indique que la situation va empirer, au cours des prochaines années, à cause du vieillissement des équipements d’Hydro-Québec qui va s’accélérer.

Pour vous donner une idée, le nombre de poteaux à remplacer passera d’environ 7000 par année à 30 000 d’ici 2035. Et le nombre de transformateurs aériens à remplacer passera de 8500 à 14 000 par année.

Raison de plus pour songer à l’enfouissement, au lieu de tout refaire à l’identique. Nous sommes à un moment charnière. Profitons-en pour réfléchir autrement.

Au moins, la priorité numéro un du Plan d’action 2035 déposé par le nouveau patron d’Hydro-Québec, Michael Sabia, prévoit doubler les sommes consacrées à l’amélioration de la fiabilité des infrastructures, pour y investir de 4 à 5 milliards par année.

Tant mieux.

Avec la transition énergétique, le Québec sera beaucoup plus dépendant de l’électricité, non seulement pour la maison, mais aussi pour la voiture. La filière batterie, c’est bien beau. Mais encore faut-il être capable de la recharger, beau temps, mauvais temps.

Consultez l’audit de performance de la vérificatrice générale

La position de La Presse

La transition énergétique ne peut pas se faire avec un réseau qui tombe sans cesse en panne. Enfouir davantage les fils d’électricité permettrait d’améliorer la fiabilité d’Hydro-Québec.

Entrevue au Téléjournal 18h

Des pannes d’électricité récurrentes : entrevue avec la vice-présidente exécutive d’Hydro-Québec

Nombre record de pannes pour Hydro-Québec en 2023 : Patrice Roy fait le point avec la vice-présidente exécutive, Claudine Bouchard.

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Je ne suis pas du tout satisfait des réponses d’H-Q données dans cette entrevue. Il faudrait dès le départ distinguer clairement la problématique des zones urbaines où les pannes touchent plus d’individus et plus souvent que dans les zones rurales.

C’est pour cela que l’enfouissement des fils en ville devrait être prioritaire, parce que justement ces mêmes fils viennent en conflit avec les arbres en particulier, qui sont pourtant les meilleurs alliés que nous ayons dans la lutte contre les changements climatiques.

D’abord enfouir les fils est une opération durable, tandis qu’élaguer les arbres ou les couper est récurrent et finit par coûter de plus en plus cher. Or on sait tous que les arbre en milieu urbain ont une valeur nettement supérieure, pour tous les services qu’ils rendent, incluant le maintien de la biodiversité de nos villes.

C’est donc à mon avis l’approche et la vision en silo d’Hydro-Québec qui est erronée. Parce qu’elle réduit l’arbre à un simple obstacle sans réaliser que ces derniers jouent un rôle anti-pollution essentiel, en plus d’aider à rafraichir le territoire urbain durant les nombreuses canicules qui s’intensifient années après années.

Or le verdissement est incontournable pour améliorer la qualité de vie des citadins, l’environnement et le développement durable. Un air plus sain et l’ombre bienfaisante qui aide à diminuer en partie le besoin de climatisation, une dépense qui de surcroit tend elle aussi à augmenter avec les années et qui demande toujours plus de ressources énergétiques.

Donc Hydro-Québec doit voir le problème globalement et non de manière ciblée. Le virage environnemental est une obligation pour améliorer son propre bilan carbone. Car ses pratiques sont d’un autre âge et viennent directement en contradiction avec les principes d’une meilleure gestion du territoire urbain, où la nature doit dorénavant prendre plus de place et non moins.

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Récit d’une aventure nucléaire avortée


Photo: Jacques Grenier, archives Le Devoir
En 1965, le gouvernement Lesage autorise Hydro-Québec à construire, de concert avec Énergie atomique du Canada, la première centrale nucléaire au Québec : Gentilly-1.

Dave Noël et Marie-Michèle Sioui
à Québec
11 décembre 2023
Politique

Dès son arrivée en poste, au printemps 2023, le grand patron d’Hydro-Québec, Michael Sabia, a lancé une étude de faisabilité sur la relance de la centrale nucléaire Gentilly-2, inactive depuis 11 ans. Mais ses ambitions nucléaires ont été refroidies par le manque « d’acceptabilité sociale » évoqué par le premier ministre, François Legault. En commission parlementaire le 30 novembre, M. Sabia a dit s’intéresser, désormais, aux « petits réacteurs modulaires ». Cet intérêt est-il farfelu ? Retour sur la relation amour-haine entre Québec et le nucléaire.

Mercredi 26 janvier 1972. Jacques Parizeau prend la parole devant les étudiants de Polytechnique. Le Québec pourrait devenir la victime d’un nouvel impérialisme s’il ne développe pas son autonomie en matière d’énergie nucléaire, prévient-il. Le professeur de l’École des hautes études commerciales de Montréal (aujourd’hui appelée HEC Montréal) en profite pour dénoncer l’utopie hydroélectrique de la baie « de » James, en ajoutant systématiquement la préposition à cette terra incognita.

Le journal étudiant de Polytechnique souligne la maîtrise de Parizeau dans ce dossier. « [Il] a ouvert les yeux d’un bon nombre de sceptiques et d’ignorants », écrit Le Polyscope. Le Devoir revient aussi sur la présentation. « C’est l’avenir économique de tous les Québécois qui serait en danger » s’il tourne le dos au nucléaire, titre le quotidien en janvier 1972. Parizeau est emballé par le développement d’une filière nucléaire. Cet intérêt a pris ses racines… au Parti libéral du Québec.

La révolution nucléaire

Le 14 novembre 1962, le premier ministre Jean Lesage est réélu à la tête du Québec avec son slogan « Maîtres chez nous ». Cette élection référendaire entraîne la « nationalisation » des compagnies de production et de distribution d’électricité québécoises. La demande énergétique continue toutefois d’augmenter, et Hydro-Québec veut diversifier ses sources d’énergie. L’équipe du tonnerre s’engage donc dans ce qu’elle considère être « la voie du progrès » : la filière nucléaire.

« Le gouvernement de Lesage reçoit des signaux d’Ottawa pour dire “vous devriez peut-être ouvrir l’oeil parce qu’il y a une filière, une nouvelle filière énergétique nucléaire, et l’Ontario va s’engouffrer là-dedans” », rappelle aujourd’hui Pierre Duchesne, le biographe de Jacques Parizeau. Ce dernier est alors conseiller économique et financier du premier ministre libéral.

À Ottawa, la victoire de Lesage fait l’effet d’une décharge électrique, un wake-up call, comme le souligne Robert Bothwell, professeur d’histoire canadienne à l’Université de Toronto. Au pouvoir dès 1963, le premier ministre fédéral Lester B. Pearson est mis au fait « de la renaissance du nationalisme comme force politique ». « Ça semble donc non seulement naturel, mais hautement souhaitable de créer des liens avec le Québec. Et il y a une façon de le faire qui combine la science et l’ingénierie. D’où Gentilly », rappelle M.Bothwell.

En 1965, le gouvernement Lesage autorise Hydro-Québec à construire, de concert avec Énergie atomique du Canada, la première centrale nucléaire au Québec : Gentilly-1. Le gouvernement Pearson est, bien sûr, « fort bien disposé à montrer que le Québec participe à un projet de haute technologie, financé en partie par le fédéral », souligne M. Bothwell.

Jacques Parizeau, lui, va considérer que le nucléaire, « c’est porteur, qu’il y aura des ingénieurs, des techniciens [québécois] reliés à toute cette filière-là », rappelle son biographe. Il « fait partie des révolutionnaires tranquilles qui disent : “il ne faut pas manquer le prochain siècle, et le nucléaire fait partie probablement des énergies nouvelles qu’il faut développer” ».

L’ancien conseiller de Lesage s’est joint au Parti québécois en 1969. Parizeau louange la « technologie révolutionnaire » du nucléaire dans Le Devoir du 13 mai 1971. Les « problèmes de pollution » ? Ils ne sont « pas sérieux », écrit-il. Les coûts ? « Remarquablement faibles. » Le Québec, à son avis, « est à la croisée des chemins ». Gentilly est selon lui une « usine expérimentale », et non pas « un programme ».


Photo: Collection Alain Lavigne, fonds Photo Moderne.
Jacques Parizeau au congrès du Parti Québécois, en février 1971

Parizeau insiste le lendemain, toujours dans Le Devoir : La voie du nucléaire « nous évite de réaffirmer notre réputation de champion de l’hydroélectricité au moment où la technique va tomber en désuétude à cause du manque de bons sites et de ses exigences en termes de coût d’installation ». Parizeau oppose l’hydroélectricité au nucléaire : « il est inutile de se targuer d’être des champions du monde dans la fabrication des chandelles, au moment où on invente les ampoules électriques », écrit-il.

La vallée nucléaire

Parizeau n’est pas seul à faire campagne pour le nucléaire. Chroniqueur au Journal de Montréal, son chef, René Lévesque, évoque le 6 mai 1971 les nombreuses questions qui l’habitent à propos des projets hydroélectriques de la baie de James. « On est rendus au bassin le plus malaisé et coûteux de tous à [aménager]. Vu la faiblesse extrême des points de chute sur ces paresseuses rivières subarctiques, on est tenus, dans l’état actuel des techniques, à une véritable orgie de travaux d’exhaussement, de dérivation et peut-être même à des “mariages” de cours d’eau extraordinairement complexes », écrit-il.

Lévesque évoque une conversation avec l’« un des meilleurs experts de l’Hydro » disant que ce projet doit être gardé en réserve. Il « serait en quelque sorte le chant du cygne des grands travaux hydrauliques ». La solution ? Épargner pour l’heure le Grand Nord et passer tout de suite au développement de la filière thermique et thermonucléaire.

Sans se détourner de son chantier hydroélectrique de la baie James annoncé en 1971, le gouvernement libéral de Robert Bourassa lance en 1973 la construction de Gentilly-2, avec le concours du fédéral. « Après l’aménagement des sites hydrauliques les plus rentables, Hydro-Québec considère qu’il faudra tôt ou tard se tourner vers le nucléaire, explique le professeur Mahdi Khelfaoui, du Département des sciences humaines de l’UQTR. Dans la transition graduelle de l’Hydro vers le nucléaire qui s’annonce, Gentilly-2 est en quelque sorte le second pas, après Gentilly-1, dans cette direction. »

Les hauts dirigeants d’Hydro-Québec sont divisés. « Il y avait les castors — si on peut les appeler ainsi — et ceux qui étaient plus favorables au nucléaire, ça c’est sûr et certain », souligne Stéphane Savard, professeur au Département d’histoire de l’UQAM. À l’époque, « Hydro-Québec pense qu’on va manquer de rivières à aménager autour des années 2000 », rappelle-t-il.

Le président de la société d’État, Roland Giroux, appuie alors sur l’accélérateur. En mai 1975, il publie un plan qui prévoit la construction d’une trentaine de réacteurs nucléaires sur une période de quinze ans, entre 1985 et 2000. Hydro-Québec va jusqu’à identifier six emplacements dans la vallée du Saint-Laurent, à Beauharnois, Grondines, Sainte-Croix, Montmagny, Saint-Roch-des-Aulnaies et Rivière-des-Caps. Le projet aurait irrémédiablement transformé la ligne d’horizon du fleuve aux grandes eaux.

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Le moratoire

L’idée d’un Québec nucléaire n’est ni morte ni enterrée quand René Lévesque prend le pouvoir en 1976. « [Parizeau] va continuer à plaider pour le développement de cette filière-là jusqu’au dépôt du livre blanc du ministre délégué à l’Énergie, Guy Joron. Ce plan impose un moratoire sur le développement de futures centrales nucléaires. M. Parizeau va alors “se ranger” [à l’avis des autres] », observe son biographe.

Avant que n’arrive ce moratoire, le nucléaire a bonne réputation. « On n’est pas encore dans les catastrophes nucléaires », rappelle Stéphane Savard. L’accident nucléaire de Three Mile Island en 1979 et la catastrophe de Tchernobyl, en 1986, amèneront la notion de danger dans le débat.

La première politique énergétique québécoise, dévoilée en 1978 par le ministre Joron, consacre la fin du développement de futures centrales nucléaires. Cette décision est confortée au début de la décennie suivante par la crise économique, qui provoque une baisse de la demande en électricité. Le projet de construction de la centrale nucléaire de Gentilly-3 est abandonné en 1983.

Parizeau se range à l’avis général. Dans les entrevues qu’il a accordées à Pierre Duchesne, à la fin des années 1990, l’ancien partisan du nucléaire ne s’est pas étendu sur ses plaidoyers en faveur de cette filière. « Moi, quand je lui amenais ça pour la biographie, il n’élaborait pas beaucoup là-dessus, se rappelle M. Duchesne. Il y avait un malaise. »

Parizeau a renoncé à ses ambitions nucléaires quand il prend le pouvoir, en 1994. Son ancien chef de cabinet, Jean Royer, n’a « pas vraiment eu » de discussions à ce sujet avec son fidèle allié. « M. Parizeau, c’est tout sauf un nostalgique, alors c’est bien rare qu’on revenait sur des discussions », souligne-t-il en entrevue.

En 2012, venant d’animer son premier Conseil des ministres, la première ministre péquiste Pauline Marois annonce la fermeture de l’unique centrale nucléaire du Québec, Gentilly-2. Pierre Duchesne est assis autour de la table : il est ministre de l’Enseignement supérieur. « On voyait bien que les coûts de développement, malgré le développement technologique, étaient excessifs », explique-t-il aujourd’hui. L’intérêt de M. Sabia pour le nucléaire donne-t-il raison au jeune Parizeau ? « Je trouve ça très très périlleux d’aller prétendre être capable de faire parler un mort comme M. Parizeau, avec toute sa capacité d’inclure dans son analyse un ensemble d’éléments. Je peux dire une chose, cependant : c’est un homme qui était capable de reconnaître ses erreurs », répond M. Duchesne.

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Projet près du parc du Mont-Sainte-Anne Des éoliennes qui « font peur »

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

L’ancien olympien Pierre Harvey dans son quartier de Saint-Ferréol-les-Neiges, près de Québec

La construction du plus important parc éolien au pays divise la petite communauté de Saint-Ferréol-les-Neiges, près de Québec. Le conseil municipal appuie le projet. Mais des citoyens craignent que les imposantes éoliennes ne fassent de l’ombre au parc du Mont-Sainte-Anne.

Publié à 1h01 Mis à jour à 5h00

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Gabriel Béland
Gabriel Béland La Presse

(Saint-Ferréol-les-Neiges) Pierre Harvey disparaît un instant puis revient avec des documents plein les mains. L’ancien olympien les étale sur sa table à manger. Il pointe une carte et commence à expliquer.

« Tu vois, c’est ici qu’ils vont installer les éoliennes. Ça, c’est le parc du Mont-Sainte-Anne. C’est tout près. C’est ça qui nous fait peur. »

Cet ancien fondeur et coureur cycliste, père d’Alex Harvey, vit à Saint-Ferréol-les-Neiges depuis 1988. À l’époque, la municipalité située à une quarantaine de minutes de Québec comptait tout juste la moitié de ses 3800 habitants actuels. Mais déjà, elle attirait de nouveaux résidants pour sa proximité avec la nature.

« L’attrait ici, c’est le parc. Alors si tu viens construire des éoliennes de 200 m collées sur le parc… Quand on va débarquer de la télécabine en haut, tout ce qu’on va voir, ce sont des éoliennes », lâche Pierre Harvey, qui dit craindre l’effritement de l’attrait qu’exerce le parc du Mont-Sainte-Anne sur les touristes et les visiteurs.

IMAGE TIRÉE DE L’ÉTUDE D’IMPACT

Simulation visuelle au sommet du mont Sainte-Anne, en regardant vers le nord

La demande d’électricité grimpe sans cesse au Québec. Hydro-Québec veut tripler d’ici 2035 la capacité de production éolienne. Les projets vont se multiplier dans la province, et les enjeux d’acceptabilité sociale aussi.

Le mégaprojet Des Neiges, développé par Boralex, Hydro-Québec et Énergir, sera le plus important au Canada avec une capacité de 1200 MW à l’issue de ses trois phases. La première, le secteur sud, va se déployer juste au nord de Saint-Ferréol. La construction doit débuter au printemps 2025.

CARTE TIRÉE DU SITE INTERNET DES PARCS ÉOLIENS DE LA SEIGNEURIE DE BEAUPRÉ

Des citoyens s’inquiètent de l’impact qu’aura le secteur sud du projet éolien Des Neiges sur le parc du Mont-Sainte-Anne.

Des citoyens, dont Pierre Harvey, s’inquiètent de la proximité des éoliennes avec le parc du Mont-Sainte-Anne. La plus proche sera à un demi-kilomètre. Les opposants ont lancé une pétition qui a recueilli quelque 1200 signatures. Ils demandent une zone tampon de 3 km.

« On comprend que l’énergie éolienne, on aime mieux ça que le nucléaire ou que construire des barrages et harnacher des rivières, lance Pierre Harvey. Mais laissez-nous une zone tampon ! »

Pas de règle pour le Mont-Sainte-Anne

Le schéma d’aménagement de la MRC de la Côte-de-Beaupré stipule « qu’aucune éolienne ne peut être implantée à moins de trois kilomètres des limites du parc national de la Jacques-Cartier et de la Forêt Montmorency », à moins d’être invisible.

Au grand dam des opposants, les règles de la MRC ne disent rien du parc de la Station touristique du Mont-Sainte-Anne, qui inclut la célèbre station alpine, mais aussi un important centre de ski de fond et des pistes de vélo de montagne.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Le mont Sainte-Anne

L’entreprise Boralex, qui est gestionnaire du projet et s’occupera de son opération, répond que c’est impossible : si elle doit respecter une zone tampon de 3 km, il faudra retirer 17 des quelque 70 éoliennes que doit compter le projet.

« Retirer 17 éoliennes rendrait le projet non viable complètement, car on serait incapables d’atteindre les 400 MW qu’on s’est engagés à fournir » à Hydro-Québec, notait récemment Pascale Fortin-Richard, responsable, environnement et relations avec le milieu, chez Boralex, lors d’une soirée d’information du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).

Ce qui inquiète aussi certains citoyens, c’est l’ampleur du parc. Le projet de 1 milliard doit compter 67 éoliennes qui seront parmi les plus hautes au Québec, à près de 200 mètres avec la pale.

Boralex se fait toutefois rassurante. Elle a procédé à plusieurs simulations visuelles et l’impact est « limité » selon l’entreprise. « C’est sûr qu’il va y avoir une visibilité, on ne le cache pas. Ceci dit, je pense que chacun peut se faire une idée sur à quel point l’impact est important par la suite. Nous, on pense que ça peut bien s’harmoniser. »

Un village divisé

Le projet Des Neiges a créé bien des divisions à Saint-Ferréol. « Ça a brassé un petit peu », concède la mairesse Mélanie Royer-Couture, en référence à une séance du conseil municipal début décembre.

Des citoyens ont défilé au micro pour exprimer leurs craintes. Mais la mairesse de Saint-Ferréol et le conseil ont formellement appuyé le projet, tous comme les autres maires de la MRC.

« Est-ce que ça va impacter le paysage au point que les gens ne viennent plus visiter notre municipalité ? Je ne pense pas. Je ne pense pas qu’il y aura un impact négatif sur notre région », avance Mme Royer-Couture.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

La mairesse de Saint-Ferréol-les-Neiges, Mélanie Royer-Couture

Le fait qu’une éolienne n’est pas belle dans le paysage, c’est subjectif d’une personne à l’autre.

Mélanie Royer-Couture, mairesse de Saint-Ferréol-les-Neiges

La mairesse rappelle que l’éolienne la plus proche sera à 5 km du sommet de la station de ski. La plus proche des pistes de ski de fond sera située à une distance de 1,7 km.

Le projet sera par ailleurs installé sur des terres privées de la Seigneurie de Beaupré, qui appartiennent au Séminaire de Québec, rappelle la mairesse. Même si elle le voulait, la municipalité aurait donc très peu de marge de manœuvre pour s’opposer à un projet à la limite de son territoire.

Les promoteurs discutent par ailleurs avec la MRC de Beaupré d’une redevance pour les municipalités. Saint-Ferréol dépend un peu trop des taxes foncières, note la mairesse, et de nouveaux revenus seraient bienvenus.

« Et puis, on est en 2023 dans un tournant climatique et énergétique. Il faut considérer le plus grand bien et non juste nos intérêts personnels », ajoute Mme Royer-Couture.

Pierre Harvey se dit bien d’accord avec la mairesse sur ce point.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

L’ancien olympien Pierre Harvey vit à Saint-Ferréol-les-Neiges depuis 1988.

On ne veut pas être égoïstes, on est pour l’énergie verte, on est pour l’économie du Québec. On dit : “Pourquoi pas ne pas les mettre plus loin, à 3 km ?”

Pierre Harvey, résidant de Saint-Ferréol-les-Neiges

Selon Pierre Harvey, le parc éolien risque de nuire à l’attrait du parc du Mont-Sainte-Anne. Un tel développement serait, selon lui, inconcevable autour d’une autre station d’envergure plus près de Montréal.

« Pensez-vous que si on installait autant d’éoliennes au pied de la montagne à Tremblant, il n’y aurait pas de réactions ? », demande M. Harvey. « À Bromont, ça ne passerait pas, ça ! Ici à Saint-Ferréol, on est comme le dindon de la farce », accuse l’homme, qui se dit « abandonné » par les élus locaux.

Une audience publique en vue ?

Hydro-Québec pourrait-elle demander à ses partenaires une zone tampon avec le parc du Mont-Sainte-Anne ? « Le processus actuel mené par le BAPE, qui permet de recueillir les commentaires et préoccupations des citoyens et de s’assurer que le projet répond aux attentes du Ministère, est justement en place pour améliorer l’acceptabilité sociale du projet. Nous faisons confiance à la fois à ce processus et à notre partenaire pour en arriver au meilleur projet possible », a notamment répondu la société d’État dans un courriel.

Le BAPE a reçu 16 demandes de consultation publique. Le ministère de l’Environnement a jusqu’au 10 janvier pour étudier leur recevabilité. Le gouvernement pourrait ensuite décréter la tenue d’une audience publique ou d’une médiation.

Le gestionnaire albertain du Mont-Sainte-Anne, Resorts of the Canadian Rockies (RCR), a dit préférer ne pas commenter ce dossier dans un courriel à La Presse.

Le plus grand parc éolien au Canada

Les terres du Séminaire de Québec près de la capitale constituent le plus grand territoire privé du Canada. C’est ici, dans la Seigneurie de Beaupré, que Boralex, Énergir et Hydro-Québec veulent ériger les trois phases du projet éolien Des Neiges. En comptant les 164 éoliennes déjà installées sur ce territoire depuis quelques années, le mégaprojet comptera à terme 365 éoliennes avec une capacité totale de 1564 MW.

Des syndicats d’Hydro-Québec craignent sa privatisation

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

Les plus gros syndicats d’employés d’Hydro-Québec lancent une campagne publicitaire afin d’exprimer leurs craintes envers ce qu’ils perçoivent être des intentions de privatisation de la société d’État par le gouvernement Legault.

Publié à 11h26

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La Presse

Cette campagne publicitaire lancée sous le thème de « Nos énergies à nous » est pilotée par la centrale syndicale SCFP qui chapeaute les syndicats de 16 000 employés de métiers techniques et d’administration chez Hydro-Québec.

Aux dires du SCFP, dans la foulée du plan de la nouvelle direction d’Hydro-Québec de doubler sa production d’électricité d’ici 2050, on craint notamment que le projet de loi attendu bientôt du ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, favorise le développement de projets privés de production et de transport d’électricité au détriment de la société d’État.

Ce n’est toutefois pas l’avis d’analystes experts en énergie comme Pierre-Olivier Pineau, professeur en gestion du secteur de l’énergie à l’École des HÉC de Montréal.

Considérant la forte croissance de la demande d’électricité, M. Pineau estime que de permettre la production d’électricité par des entreprises du secteur privé « n’implique pas qu’Hydro-Québec soit privatisée ou qu’elle perde son rôle ».

« Au contraire, a dit M. Pineau en entrevue à Radio-Canada, cela va encore mieux l’établir comme producteur hydroélectrique, comme transporteur en sol québécois et comme distributeur. Elle a d’ailleurs fort à faire dans ces trois domaines. »

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Pour moi il n’est pas question de privatiser l’avenir d’H-Q par des projets en dehors de la société d’état et ainsi fragiliser cette force économique collective au profit du privé. Historiquement on l’a vu un peu partout dans le monde, les partenariats publics-privés sont loin d’être à l’avantage des gouvernements. Alors on n’ouvre pas cette porte (même partiellement), qui créerait un dangereux précédent, comme c’était le cas avant la nationalisation de notre électricité.

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La vie, la ville | Dans les archives d’Hydro-Québec


PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE
Des trésors historiques sont accessibles gratuitement au grand public, au Centre d’archives d’Hydro-Québec. Quelque 75 000 boîtes de documents, de photos et d’objets divers peuvent être consultées.

Notre journaliste se balade dans le Grand Montréal pour parler de gens, d’évènements ou de lieux qui font battre le cœur de leur quartier.

Publié à 1h13 Mis à jour à 7h30
Émilie Côté
LA PRESSE

« Ici, il y a 250 ans d’histoire », s’enthousiasme Martine Rodrigue, conseillère en gestion de l’information du Centre d’archives d’Hydro-Québec.

Un document qui date de 1744. Des photos de la première expédition vers la baie James. Un discours que Daniel Johnson n’aura jamais prononcé.

Tous ces trésors historiques sont accessibles gratuitement au grand public, au Centre d’archives d’Hydro-Québec, avenue Jeanne-d’Arc, dans l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve. Il y a 4 kilomètres linéaires et 75 000 boîtes de documents, de photos et d’objets divers.


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Martine Rodrigue, conseillère en gestion de l’information du Centre d’archives d’Hydro-Québec

En 2023, Martine Rodrigue a eu plus de 900 demandes pour consulter les archives, dont le quart était pour des gens ne travaillant pas chez Hydro-Québec. « Des étudiants, historiens, maisons d’édition, journalistes… », énumère-t-elle. « D’anciens employés veulent aussi voir des photos par nostalgie. »

Sa collègue, Vanessa Petit, se souvient de la visite d’un homme qui avait participé à la construction de la première ligne de transport vers la baie James. « On avait retrouvé une photo de sa grue et il était très fier. »

« C’est le patrimoine historique d’Hydro-Québec, mais ce n’est pas une bibliothèque ou un centre de documentation », précise Martine Rodrigue.


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Il faut un archiviste pour s’y retrouver.

Or, tout représentant du public peut prendre rendez-vous pour venir y faire des recherches. C’était une condition quand la Loi sur les archives a été votée en 1983. Comme Hydro-Québec tenait déjà des archives, elle a conclu une entente avec le gouvernement pour qu’elles demeurent à l’interne – et non à BAnQ.

Plusieurs documents n’ont pas tant de « valeur », mais se doivent d’être conservés pour une certaine période. Les plus populaires sont les quelque 500 000 photographies. Certaines datent de près d’un siècle.

Un peu d’histoire

Mais pourquoi les archives d’Hydro-Québec couvrent-elles 250 ans d’histoire alors que la société d’État a été fondée en 1944 et que l’électricité est arrivée dans les foyers montréalais autour de 1880 ?

Avant Hydro-Québec, des sociétés privées avaient le monopole de l’électricité. « C’était un marché très lucratif, rappelle Martine Rodrigue. Des régions à la campagne n’étaient pas électrifiées, donc elles ne pouvaient pas se développer. »

Des intellectuels ont sonné l’alarme et plaidé en faveur d’un service uniformisé, dont Philippe Hamel. « Le grand oublié de l’histoire », dixit Martine Rodrigue. Dentiste de formation, Philippe Hamel a milité pour la nationalisation de l’électricité bien avant René Lévesque. Il a publié en 1932 l’ouvrage Le trust de l’électricité : Agent de corruption et de domination.


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Le trust de l’électricité : Agent de corruption et de domination
publié en 1934*


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Archives datant du 16 avril 1895


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Document témoignant de la naissance d’Hydro-Québec, le 14 avril 1944

À Montréal, deux compagnies se partageaient – avant de fusionner – le lucratif marché de l’électricité au tournant du XXe siècle, soit la Royal Electric Compagny Montreal Light (propriété de sir Rodolphe Forget, en lien avec le Domaine Forget) et la Montreal Gas Company (qui appartenait à sir Herbert Holt).

À 150 kilomètres de la métropole, la Shawinigan Water & Power dominait aussi son marché. « La compagnie voulait percer à Montréal et elle a acheté le terrain où on se trouve ici », précise Vanessa Petit. À l’époque, c’était la cité de Maisonneuve, et il y avait beaucoup d’usines (citons la Biscuiterie Viau) et des manufactures comme celle de chaussures de la famille Dufresne. La Shawinigan Water & Power a fait construire une ligne de transport considérée comme révolutionnaire. Sa tension était de 50 kV, alors qu’aujourd’hui, on atteint 735 kV.


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En 1975, il a fallu agrandir le poste Jeanne-d’Arc, qui se trouve à côté du Centre des archives, pour assouvir la demande liée à la tenue des Jeux olympiques.

Un premier terminal a été construit à l’intersection des rues d’Orléans et de Rouen, qui va éventuellement alimenter le tramway de Montréal. Son président était Julian Smith, un Américain. « J’ai rencontré son petit-fils, venu de Washington nous voir. Il faisait une sorte de pèlerinage pour voir des trucs de son grand-père. […] Nous avons aussi reçu l’arrière-petit-fils de M. Holt », ajoute Martine Rodrigue.

En 1934, il y aura la Commission de l’électricité (la commission Lapointe). Suivra, dix ans plus tard, la Commission hydroélectrique de Québec, présidée par Télesphore-Damien Bouchard. On saute des étapes, mais ce dernier prendra les clés du Power Buillding, aujourd’hui l’édifice Jean-Lesage, siège social d’Hydro-Québec.

Des trésors historiques

Toute cette période est documentée au Centre d’archives d’Hydro-Québec. Martine Rodrigue a un coup de cœur pour la série de photos immortalisant le voyage du topographe-arpenteur Gustave-Joseph Papineau lors d’une expédition sur la rivière Nottaway en 1912 et 1913. On peut y apercevoir des paysages, des glaciers et des membres de la Nation crie. « Ce sont les premières images de la Baie-James. »

« Ça, c’est un peu comme notre bébé, lance Martine Rodrigue, en sortant une sorte de vieux parchemin d’une enveloppe. C’est rare que nous ayons entre les mains un document de 1744. »


PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE
Un document restauré de 1744 !

Datant du Régime français, il s’agit d’un acte de donation d’un lot d’un couple à son fils en échange de soins jusqu’à leur mort. Ce lot du quartier Longue-Pointe (dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve) appartiendra plus tard à la Shawinigan Water & Power.

Des documents des archives contiennent des codes secrets, d’autres relatent des pertes d’actions lors des naufrages du Titanic et de l’Empress of Ireland. On peut même lire le discours non prononcé de Daniel Johnson, mort en 1968 dans la nuit précédant l’inauguration du barrage de Manic-5.


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Martine Rodrigue gère aussi les acquisitions. Son bureau avec des valises et de vieilles boîtes donne par ailleurs le vertige. « Je reçois des choses plus rapidement que je peux les traiter. »

Outre ses archives accessibles au public, Hydro-Québec offre beaucoup de visites gratuites, notamment de ses centrales et centres d’interprétation⁠. « Il y a la légende chez Hydro-Québec qui veut que René Lévesque se soit présenté dans une centrale pour la visiter. La personne à l’accueil ne l’a pas reconnu et lui a refusé l’entrée. René Lévesque aurait alors statué que c’était accessible et gratuit pour tout le monde », raconte Gabrielle Leblanc, conseillère en communication.

Un professeur a par ailleurs déjà dit à Martine Rodrigue : « Si on ne peut pas montrer des archives, pourquoi en avoir ? »

Lisez notre article sur les visites gratuites des centrales, dont celle de Rivière-des-Prairies

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