Hydro-Québec - Actualités

De l’eau dans le gaz entre Montréal et Hydro-Québec

La société d’État s’inquiète du nouveau règlement que prépare la Ville de Montréal pour limiter la place du gaz dans les bâtiments.


Le siège social d’Hydro-Québec
PHOTO : RADIO-CANADA / IVANOH DEMERS

Thomas Gerbet
Daniel Boily
Olivier Bourque
4 h 00 | Mis à jour à 8 h 36

Hydro-Québec met en garde la Ville de Montréal contre les conséquences d’un passage trop brusque du gaz vers l’électricité dans le chauffage des bâtiments.

La société d’État avertit qu’elle ne pourra pas suffire à la demande si la nouvelle réglementation ferme la porte à l’approche biénergétique qu’elle préconise.

Si on allait dans une logique tout électrique (chauffage, grands bâtiments, etc.) ça créerait une demande qui est énorme. Ce n’est pas réaliste […] : il manquerait des lignes électriques, des postes, prévient le porte-parole chez Hydro-Québec, Maxence Huard-Lefebvre.

Le 16 février, les élus de la Commission sur l’eau, l’environnement, le développement durable et les grands parcs de la Ville de Montréal ont recommandé d’interdire dans les plus brefs délais tout raccordement de nouveaux bâtiments au réseau de gaz naturel.

La Commission recommande également le retrait graduel des systèmes de chauffage fonctionnant au moyen d’un combustible fossile dans les bâtiments existants.

Selon nos sources, la conversion à l’électricité de tous les systèmes de chauffage au gaz à Montréal dans le bâtiment représenterait un besoin d’alimentation supplémentaire de 4500 mégawatts (MW) pour Hydro-Québec.

Il s’agit d’une puissance significative qui s’ajouterait aux 23 000 MW de demandes d’alimentation d’industries sur la table du ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon. Ce dernier est aussi ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal.

La demande pourrait même être encore plus importante si d’autres municipalités décidaient de suivre l’exemple de Montréal. C’est actuellement le cas de Mont-Saint-Hilaire, Otterburn Park, Petit-Saguenay, Prévost et Saint-Cuthbert qui réclament au gouvernement du Québec l’interdiction du chauffage au gaz naturel dans toutes les nouvelles constructions.

La biénergie au cœur des discussions

La Commission de la Ville de Montréal recommande également de limiter l’utilisation du gaz naturel à 15 % dans le cas de la biénergie et seulement en période de pointe.

Or, avec la biénergie, 30 % de l’apport énergétique des clients résidentiels vient du gaz et 70 % de l’électricité.

Selon Hydro-Québec, sans la biénergie, ça ne fonctionne pas pour nous.

« Nous mettons la Ville en garde des conséquences qu’aurait une réglementation ne permettant pas à l’offre biénergie d’être déployée. »

— Une citation de Maxence Huard-Lefebvre, porte-parole d’Hydro-Québec

L’enjeu, c’est la pointe hivernale, rappelle Hydro-Québec, lorsque les températures froides accentuent la demande et mettent de la pression sur le réseau.

Des discussions en cours

À la Ville de Montréal, on demeure prudent. Nous allons prendre le temps d’analyser l’ensemble des recommandations et nous y donnerons suite dans les prochains mois, explique l’attachée de presse du comité exécutif, Marikym Gaudreault.

« Nous allons prendre le temps de les analyser et cela se fera également en collaboration avec Hydro-Québec et Énergir. »

— Une citation de Marikym Gaudreault, attachée de presse du comité exécutif, Ville de Montréal.

Le règlement n’est pas encore écrit et la Ville pourrait très bien prendre un chemin différent des élus de sa Commission.

La porte-parole du comité exécutif de Montréal se réjouit néanmoins de l’intérêt soulevé lors des consultations.

On constate aujourd’hui que l’effort de consultation publique sur notre feuille de route vers des bâtiments zéro émission est un succès, écrit Mme Gaudreault. Une cinquantaine d’organismes, d’entreprises et de citoyens ont participé à la réflexion, ceci démontre à quel point c’est un dossier important pour la population montréalaise.

Une collaboration à l’épreuve

En mai 2022, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, se réjouissait de la signature d’une entente de collaboration avec Hydro-Québec pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le secteur du bâtiment.

Je suis particulièrement fière d’annoncer ce partenariat, qui mettra l’immense expertise de notre société d’État au profit de Montréal, disait la mairesse.

Autant il faut réduire le recours aux énergies fossiles, autant il importe de le faire au meilleur coût possible, affirmait pour sa part la PDG Sophie Brochu.

La Ville de Montréal souhaite que les bâtiments construits sur son territoire deviennent carboneutres d’ici 2040.

Pour Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie à Greenpeace Canada, les recommandations des élus de Montréal confirment le leadership de la Ville et mettent en lumière le fait que le gouvernement du Québec dort au gaz alors qu’il devrait réglementer pour sortir les énergies fossiles des bâtiments.

1 milliard $ pour du GNR

Au mois de mai 2022, Hydro-Québec et Énergir obtenaient l’approbation de la Régie de l’énergie visant à convertir des systèmes de chauffage au gaz à la biénergie afin de réduire les gaz à effet de serre.


L’entreprise de distribution de gaz naturel, Énergir
PHOTO : RADIO-CANADA / BOUALEM HADJOUTI

La décision a toutefois été portée en appel. La semaine dernière, la Régie s’est ravisée et ne permettra pas à Hydro-Québec de hausser ses tarifs pour financer l’entente avec Énergir. La société d’État affirme toutefois que le partenariat va aller de l’avant, mais elle devra vraisemblablement rogner sur ses profits.

Hydro estime que la biénergie permettra de réduire au Québec les GES de 540 000 tonnes d’équivalent CO2 d’ici 2030 et générer des économies de l’ordre de 1,7 milliard $ par rapport à l’électrification complète.

Dans son mémoire, Hydro demandait par ailleurs à la Commission d’adopter une position reconnaissant le gaz naturel renouvelable comme étant une source d’énergie qui ne génère aucune émission de GES.

Les opposants à l’entente sur la biénergie, notamment des groupes écologistes et de défense des consommateurs, croient qu’il y a d’autres moyens pour gérer la pointe hivernale. Ils prônent davantage l’utilisation de thermopompes et des accumulateurs de chaleur, ce qui permettrait une décarbonation des bâtiments.

Je déplore le manque d’ambition d’Hydro-Québec. Est-ce que l’obligation de desservir s’applique seulement aux industriels? Et cela ne s’applique pas à la décarbonation? Hydro-Québec trouve prétextes par-dessus prétextes pour ne pas décarboner. La biénergie, c’est une demi mesure, croit Jean-Pierre Finet du Regroupement des organismes environnementaux en énergie (ROEE), en entrevue avec Radio-Canada.

Energir vient de signer un partenariat de 1 milliard de dollars avec la danoise Nature Energy afin d’accélérer la production de gaz naturel renouvelable (GNR) au Québec. Selon le distributeur de gaz québécois, ces installations permettraient une réduction annuelle de 400 000 tonnes de GES d’ici 2030. Actuellement, Énergir a moins de 1 % de GNR qui circule dans son réseau.

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L’approche d’Hydro-Quebec de convertir une partie de la clientèle d’Énergir à la bi-energie me semble la meilleurs.

Ceux-cis consommeraient de l’électricité la plupart du temps, et reviendraient au gas naturel seulement lors de la pointe (25% du temps?).

L’approche de Montréal nous menerais au pire des deux mondes.
Une période de pointe plus intense pour Hydro-Quebec (importation massive l’électricité à fort prix → hausse de notre facture d’hydro), et coûts + perte de flexibilité /sécurité d’approvisionnement pour le secteur industrielle.

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La Ville n’a pas encore déposé de projet de règlement.

C’est seulement la Comission sur l’environnement où siègent des élus des deux partis qui a fait la recommandation de convertir tout le gaz naturel à l’électricité.

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Entente Hydro-Québec–Énergir | Le projet ratera sa cible, estiment des groupes environnementaux


PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE
Siège social d’Hydro-Québec, à Montréal

(Québec) Des groupes environnementaux estiment que l’entente controversée entre Hydro-Québec et Énergir pour installer des systèmes de chauffage biénergie au cours de la prochaine décennie pourrait générer beaucoup moins de réduction en émissions de GES que prévu, ce qui rendrait encore plus difficile l’atteinte des cibles climatiques du Québec.

Publié à 9h00
Charles Lecavalier
LA PRESSE

Selon Greenpeace et le Regroupement des organismes environnementaux en énergie (ROEE), cette entente ne permettra de réduire les émissions de GES du secteur du chauffage des bâtiments que de 350 000 à 375 000 tonnes, plutôt que les 540 000 tonnes promises par Hydro-Québec.

Ils estiment que la société d’État surestime la quantité de conversion de système de chauffage qu’elle pourra faire en sous-estimant la durée de vie utile des systèmes de chauffage.

La stratégie de commercialisation est d’attendre que les systèmes doivent être changés, mais la durée de vie d’une fournaise est de 21,5 ans pour les systèmes résidentiels et 23 ans pour commercial.

— Jean-Pierre Finet, analyste du ROEE

Dans un mémoire déposé à la Régie de l’énergie, l’Association de l’hôtellerie du Québec et l’Association Restauration Québec en arrivaient à la même conclusion. Elles croient que « les projections des Distributeurs sous-estiment la durée de vie des équipements de chauffage de l’espace au gaz naturel pour les trois secteurs et surestiment la durée de vie des équipements du chauffage de l’eau ».

Des thermopompes, plus vite

Greenpeace et le ROEE critiquent également la stratégie gouvernementale, qu’ils associent à de « l’attentisme », de ne remplacer que les équipements en fin de vie. « Il n’y a aucune raison pour laquelle on ne devrait pas installer un maximum de thermopompes et de chaudières électriques tout de suite pour qu’on puisse bénéficier des émissions de GES. Pas besoin de retarder inutilement cette conversion à la biénergie », dit M. Finet.

Si d’ici 2030 toutes les installations, tous les bâtiments qui chauffent au gaz avaient des thermopompes, on irait chercher beaucoup plus que 540 000. Ils pourraient se rendre à 900 000 tonnes.

— Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace Canada

Hydro-Québec réplique qu’elle ne remet pas en question son objectif et que la durée de vie de 15 ans est une moyenne entre la durée de vie d’un chauffe-eau et celle d’un générateur à air chaud.

2,4 milliards d’ici 2050

Greenpeace et le ROEE en ont contre le fondement même de l’entente : Hydro-Québec versera une compensation au distributeur de gaz naturel Énergir pour compenser la réduction de consommation des propriétaires de bâtiments qui se tourneront vers un système biénergie. En retour, Hydro-Québec s’assure que ces clients se tourneront vers le chauffage au gaz lors des pointes hivernales, pour éviter que la consommation dépasse sa capacité de production.

Ils estiment qu’Hydro-Québec versera ainsi 2,4 milliards à Énergir d’ici 2050. La Régie de l’énergie n’a toutefois pas autorisé la société d’État à refiler cette facture aux consommateurs d’électricité, elle devra donc la soustraire de ses profits.

Patrick Bonin estime qu’on applique le principe du « pollueur payé », et craint que cette « mauvaise » entente n’ait même pas les « réductions escomptées ».

De son côté, Hydro-Québec maintient que cette entente est nécessaire dans le cadre de la transition énergétique du Québec. Le porte-parole Maxence Huard-Lefebvre indique qu’il serait « trop coûteux » d’investir dans l’achat d’approvisionnement en électricité pour combler la demande en électricité lors des périodes de pointe.

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Greenpeace et cie critiquaient déjà
les coûts qu’HQ devaient assumer afin de faire passer ces clients à la bi-énergie.

Greenpeace et cie veulent maintenant augmenter considérablement ces coûts de conversion en remplaçant des équipements encore en parfait état de marche.

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Hydro-Québec Des investissements de 3 milliards atterrissent en région

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Hydro-Québec a choisi sept projets parmi les 24 soumissions reçues, pour un total de 1300 mégawatts.

Les six projets éoliens retenus par Hydro-Québec pour augmenter ses approvisionnements en électricité généreront des investissements importants estimés entre 2 et 3 milliards d’ici deux ans pour la construction de centaines d’éoliennes dans l’est du Québec.

Publié à 7h00

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Hélène Baril
Hélène Baril La Presse

L’Alliance de l’énergie de l’est, un regroupement de 209 communautés de l’est du Québec, a vu trois de ses projets de parcs éoliens retenus par Hydro-Québec.

C’est une excellente nouvelle, a commenté Michel Lagacé, président de l’Alliance de l’énergie de l’est, qui avait soumis en tout six projets lors d’un appel d’offres lancé par Hydro-Québec pour accroître ses approvisionnements en électricité.

Hydro-Québec a choisi sept projets parmi les 24 soumissions reçues, pour un total de 1300 mégawatts.

Un des projets retenus vient d’Hydro-Québec elle-même, qui fournira 159 mégawatts produits par ses centrales existantes. La société d’État sera aussi pour la première fois copropriétaire d’un parc éolien, en partenariat avec l’Alliance de l’énergie de l’est et EDF dans un projet de 270 mégawatts situé dans la région de Madawaska, près de la frontière du Nouveau-Brunswick.

Cet investissement direct dans un projet éolien est une nouvelle avenue de développement pour Hydro-Québec, selon son porte-parole Maxence Huard-Lefebvre. « Il s’agit d’une opportunité de générer des revenus additionnels à partir de projets éoliens, comme avec nos actifs de production », a-t-il expliqué.

L’Alliance de l’énergie de l’est, partenaire d’Hydro-Québec dans ce projet et promoteur de deux autres projets retenus, construira trois parcs éoliens totalisant 800 mégawatts.

Ces trois projets nécessiteront des investissements de 2 milliards, selon le président de l’Alliance, Michel Lagacé. C’est beaucoup d’argent pour les villes et les petites communautés du regroupement, convient-il, mais la dette sera répartie entre l’Alliance et ses partenaires privés comme Vestas et EDF, les constructeurs d’éoliennes qui sont parties aux soumissions.

Innergex, dont le projet éolien en partenariat avec la communauté mi’gmaq de la Gaspésie a été retenu, estime que l’investissement pour construire le parc de 102 mégawatts sera de 277 millions.

L’énergie des projets retenus devra être disponible en décembre 2026.

De l’électricité à 6,1 cents le kilowattheure

Les sept projets retenus par Hydro-Québec fourniront de l’électricité à un coût moyen de 6,1 cents le kilowattheure, un prix qui n’inclut pas le transport et la distribution de l’énergie jusqu’au consommateur. C’est deux fois plus élevé que le coût moyen des centrales existantes d’Hydro-Québec, qui est d’environ 3 cents le kilowattheure.

Tous les projets retenus sont des projets éoliens, à l’exception de celui d’Hydro-Québec qui fournira 159 mégawatts de ses centrales existantes.

C’est la preuve que l’énergie éolienne est une technologie mature et celle qui peut le mieux répondre à la demande actuelle pour de l’énergie renouvelable, estime Gabriel Durany, président-directeur général de l’Association québécoise de la production d’énergie renouvelable (AQPER).

Un seul projet solaire avait été soumis, celui du Groupe Stace à Matane, qui n’a pas été retenu. Deux autres projets de petites centrales ont aussi été écartés.

Le prix nécessaire pour rentabiliser un projet éolien, autour de 6 cents le kilowattheure, stable depuis quelques années, ne peut plus descendre beaucoup plus bas, selon le président de l’AQPER.

En fait, étant donné que tout a augmenté au cours des derniers mois, le prix moyen de 6,1 cents le kilowattheure que paiera Hydro-Québec signifie que l’énergie de source éolienne est de plus en plus avantageuse en comparaison des autres sources de production, dit-il.

Encore plus d’éoliennes pousseront au Québec

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Plus de 40 parcs éoliens, représentant près de 4000 MW d’énergie éolienne, sont en service actuellement au Québec.

Hydro-Québec achètera 1500 mégawatts supplémentaires d’énergie éolienne, à condition que les prochaines tours soient construites là où il reste de la capacité de transport disponible sur son réseau.

Publié à 18h26

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Hélène Baril
Hélène Baril La Presse

Le Saguenay–Lac-Saint-Jean, Rivière-du-Loup et Nicolet sont les régions les plus propices à la construction des prochains parcs éoliens, selon la cartographie préparée par Hydro-Québec et rendue publique jeudi par le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon.

Un appel d’offres sera lancé sous peu par Hydro-Québec pour l’achat de 1500 mégawatts d’énergie éolienne, a annoncé le ministre. En décembre dernier, deux appels d’offres totalisant 2300 mégawatts avaient été annulés pour laisser le temps à Hydro-Québec de préciser où cette nouvelle production devrait être située de manière à maximiser l’utilisation du réseau de transport existant.

La péninsule gaspésienne, qui accueille déjà une production éolienne importante, est absente de la carte des futurs approvisionnements éoliens parce que son réseau de transport est au maximum de sa capacité.

L’électricité requise par le prochain appel d’offres doit être disponible entre 2027 et 2029.

En plus du Lac-Saint-Jean, de Baie-Comeau et de Rivière-du-Loup, il faut s’attendre à voir pousser de nouvelles éoliennes dans la région de Montréal. Il est possible de raccorder de la nouvelle production à Salaberry-de-Valleyfield (300 MW) et en Montérégie (250 MW).

Les autres endroits identifiés par Hydro-Québec sont Nicolet (400 MW), Des Cantons (250 MW) et Montmagny (200 MW).

En plus de répondre aux critères de localisation, les promoteurs des prochains projets éoliens devront aussi s’assurer d’une participation du milieu local et inclure une part de 60 % de contenu local.

D’autres appels de propositions devraient suivre, puisque l’intention du gouvernement est de doubler à court terme la capacité de production éolienne du Québec.

Cette capacité est actuellement de 4000 mégawatts. La veille de l’annonce de l’appel d’offres à venir, Hydro-Québec avait rendu public le choix de six projets résultant de son appel de propositions de 2021. Ces projets annoncés mercredi accroîtront d’environ 1000 mégawatts la capacité éolienne, pour un total de 5000 mégawatts en 2026. Il restera donc 3000 mégawatts de plus à attribuer pour atteindre le double de la capacité éolienne actuelle.

L’intérêt ne manque pas chez les promoteurs de projets éoliens et autres énergies renouvelables puisque le plus récent appel d’offres pour 780 mégawatts a attiré des projets totalisant 4200 mégawatts.

Le prix moyen que paiera Hydro-Québec pour les projets annoncés mercredi et dont la mise en service est prévue en 2026 est de 6,1 cents le kilowattheure.

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Projet hydroélectrique de la rivière Petit Mécatina | Hydro-Québec se remet en marche


PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE
Hydro-Québec a ressorti le projet hydroélectrique de la rivière Petit Mécatina de ses tiroirs où il dormait depuis 20 ans pour le faire avancer à l’étape suivante, celle des études sur le terrain, qui commenceront sous peu.

Publié à 14h25 Mis à jour à 17h00
Hélène Baril
Tommy Chouinard
LA PRESSE

Il s’agit de la construction de deux centrales qui transformeraient l’eau de la rivière qui se déverse dans le golfe du Saint-Laurent, à 400 kilomètres à l’est de Sept-Îles, qui ajouteraient 1200 mégawatts (MW) à la capacité de production d’Hydro-Québec.

« Le fait que nous menions des études préliminaires ne signifie pas qu’un projet sera élaboré », a précisé la société d’État dans un communiqué. Il reste que c’est la première fois qu’un nouveau projet hydroélectrique est envisagé par Hydro-Québec depuis la construction du complexe La Romaine, au tournant des années 2000.

De son côté, le gouvernement Legault est aux anges.

« Sophie Brochu et Hydro-Québec viennent d’annoncer qu’ils vont faire des études préliminaires pour faire un barrage à Petit Mécatina, qu’ils vont faire plus d’efficacité énergétique, qu’ils vont rehausser aussi la capacité des barrages actuels, et plus d’éoliennes. C’est exactement ce qu’on veut ! » a lancé le premier ministre François Legault mardi, au moment de se rendre au Salon bleu pour la période des questions.

Ravi de l’annonce d’Hydro-Québec, le ministre de l’Énergie et de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, souligne que le Québec a besoin de 100 térawattheures (TWh) additionnels d’énergie pour atteindre la carboneutralité d’ici 2050 – c’est 50 % de la production actuelle d’Hydro-Québec. Et à son ministère, « il y a quand même 10 000 MW de projets intéressants [de la part d’entreprises], et on en a 1000 de disponibles. C’est sûr qu’il faut travailler fortement sur » l’augmentation de la production de la société d’État. Hydro-Québec et le gouvernement « convergent » vers cet objectif, a-t-il insisté.

Le projet qui fera l’objet d’études géographiques et hydrologiques « pourrait être différent de celui qui a déjà été envisagé », a fait savoir Maxence Huard-Lefebvre, porte-parole de la société d’État.

Après des rencontres avec des communautés autochtones et des chefs, le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, Ian Lafrenière, conclut qu’il y a de leur part « de la volonté de faire du développement énergétique et du développement économique, et aussi de sauver la planète, de protéger la planète. Ce sont les gens les mieux placés pour voir les impacts des changements climatiques. Ils nous l’ont bien fait comprendre. […] Des projets éoliens et des projets hydrauliques nous ont été présentés, c’est vrai, mais jamais on ne va faire la négociation sur la place publique ».

Dans le cas du projet de barrage sur Petit Mécatina, les communautés autochtones « sont prêtes à participer », « mais il n’y a rien de conclu encore », a signalé Pierre Fitzgibbon. « Clairement, il va falloir travailler avec eux autres. » Selon Ian Lafrenière, Hydro-Québec et les communautés « sont déjà en communication ensemble ».

Pierre Fitzgibbon soutient que les chefs autochtones qu’il a rencontrés sont unanimes : « Ils veulent participer avec nous comme partenaires, et pas comme bénéficiaires. Et ça, c’est un gros changement. » « Je me suis montré ouvert à ça », a-t-il ajouté, tout en rappelant qu’« évidemment, c’est Hydro-Québec qui va être le maître d’œuvre ».

Il est encore trop tôt pour estimer le coût du projet et le prix de revient de l’électricité que le nouvel ouvrage produirait. Le dernier grand projet hydroélectrique du Québec d’une taille similaire est la construction du complexe La Romaine, qui s’est échelonnée de 2009 à 2022. Il a nécessité des investissements de 7,4 milliards pour produire 1 500 MW dont le coût de revient par kilowattheure est 6,5 cents.

Des besoins à satisfaire

L’annonce d’Hydro-Québec se veut un bilan du plan de match élaboré il y a un an par la présidente-directrice Sophie Brochu, qui a annoncé son départ depuis et dont la succession est toujours en suspens.

Dans ce plan, Hydro-Québec estimait qu’il faudrait ajouter 100 TWh à la capacité de production d’électricité actuelle de 200 TWh pour satisfaire à la demande générée par la transition énergétique.

À cette occasion, la PDG avait prévenu que les futurs approvisionnements coûteraient beaucoup plus cher, soit autour de 11 cents le kilowattheure, alors que les Québécois paient autour de 8 cents le kilowattheure et que le tarif industriel est plus bas encore.

Les ouvrages hydroélectriques les plus intéressants sur le plan économique ont été déjà été construits et les sites qui restent à exploiter au Québec sont plus éloignés des centres de consommation ou présentent des défis techniques.

Les études sur le terrain du projet Petit Mécatina devraient durer entre 12 et 18 mois, a indiqué hier le porte-parole de la société d’État. Hydro-Québec a précisé qu’aucun des autres sites déjà envisagés, comme la Grande rivière de la Baleine, Nottaway et Magpie, ne fait l’objet d’études préliminaires.

Hydro-Québec a aussi fait savoir qu’elle reverra à la hausse son objectif d’efficacité énergétique, fixé à 8,2 TWh l’an dernier. Elle estime maintenant pouvoir en faire beaucoup plus, ce que de nombreux intervenants avaient réclamé. Un objectif plus ambitieux sera fixé, qui se situera quelque part entre 8,2 TWh et 25 TWh, qui est le potentiel théorique d’économies d’énergie réalisables.

Selon le ministre responsable d’Hydro-Québec, Pierre Fitzgibbon, une nouvelle cible d’efficacité énergétique est rendue possible par le développement des technologies permettant de mieux isoler les bâtiments et de réduire leur consommation d’énergie.

La tarification modulée selon les heures de la journée, que le gouvernement envisage de généraliser, va aussi « inciter les gens à moins consommer, à payer moins cher, les entreprises la même chose. Il faut tout regarder », a-t-il dit.

Le plan d’Hydro-Québec prévoit aussi la modernisation de centrales hydroélectriques existantes pour en augmenter la capacité de production de 2000 MW. Trois centrales sont actuellement en rénovation, pour produire 128 MW supplémentaires, celles de Carillon, Rapide-Blanc et Outardes-2.

Enfin, le recours à l’éolien doit contribuer à aider Hydro-Québec à satisfaire à la demande croissance d’électricité renouvelable. Six projets de parcs éoliens ont été retenus à la suite d’un appel d’offres, pour une capacité additionnelle totale de 1150 MW. Un autre appel d’offres, pour 1 500 MW, est en cours et d’autres suivront, a fait savoir Hydro-Québec. L’objectif est de doubler la capacité de production éolienne de 4000 MW actuellement à 8000 MW.

Le plan stratégique d’Hydro-Québec est pour la période 2022-2026 et en annonçant son départ, Sophie Brochu a dit espérer qu’il lui survive. « Il est important de rappeler que le plan a été élaboré avec la participation de plusieurs parties prenantes internes et externes », a cru bon de rappeler Mme Brochu hier.

La PDG d’Hydro-Québec, Sophie Brochu, quittera ses fonctions le 11 avril. Comme le processus pour lui trouver un successeur est toujours en cours, le gouvernement Legault nommera bientôt un patron par intérim, fort probablement parmi les vice-présidents actuels.

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Jouer au bingo avec les tarifs d’électricité

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

Depuis le début du mois, les consommateurs québécois paient leur électricité 3 % plus cher que la veille. Pour les grandes entreprises, la hausse est de 4,2 %. Les petites entreprises ? C’est 6,5 %.


Philippe Mercure
Philippe Mercure La Presse

Rendu là, on serait peut-être aussi bien de déterminer les tarifs d’électricité en pigeant des chiffres au hasard dans un chapeau.

Publié à 5h00

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Depuis le début du mois, les consommateurs québécois paient leur électricité 3 % plus cher que la veille. Pour les grandes entreprises, la hausse est de 4,2 %. Les petites entreprises ? C’est 6,5 %.

Ah oui : les alumineries, elles, bénéficient d’un prix de l’électricité qui varie en fonction du prix de l’aluminium.

Ne cherchez pas une logique dans ce fatras de mesures disparates : il n’y en a pas. Pas plus que d’équité, d’ailleurs. Aujourd’hui, les PME du Québec hurlent à l’injustice et elles ont bien raison.

Mettez-vous à leur place : elles sont les seules à voir la totalité de l’inflation se refléter dans leur facture d’électricité. Et ce, alors que 59 % d’entre elles traînent encore des dettes provenant de la pandémie1, que la pénurie de main-d’œuvre les frappe de plein fouet et que plusieurs commerces, dont les restaurateurs, viennent de subir des pertes importantes à cause des pannes électriques.

Il ne s’agit pas de s’opposer à toute hausse des tarifs d’électricité. À voir comment on la gaspille au Québec, on peut même plaider que ces augmentations pourraient être bénéfiques.

Mais il faut que ces hausses soient appuyées sur des analyses rigoureuses. Pas sur des décisions politiques qui changent au gré de la météo.

Aujourd’hui, la seule raison pour laquelle les grandes entreprises font face à une hausse de tarif plus faible que celle des PME est qu’elles ont une plus grande force de lobbying auprès du gouvernement.

C’est vraiment comme ça qu’on veut gérer les choses au Québec ?

Ça allait pourtant bien avant que la CAQ ne décide, contre l’avis d’à peu près tout le monde, de réparer ce qui n’était pas brisé.

Ce serait très drôle si ce n’était pas si désolant : le projet de loi de la CAQ à l’origine du bordel actuel s’intitulait Loi visant à simplifier le processus d’établissement des tarifs de distribution d’électricité.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que le gouvernement a raté son coup.

Avant, les hausses d’électricité étaient décidées par un tribunal indépendant : la Régie de l’énergie.

Chaque année, Hydro-Québec faisait ses demandes pour de nouveaux prix de l’électricité en fonction de ses projections de revenus et de dépenses. La Régie entendait les gens concernés par ces hausses, dont les consommateurs tant résidentiels qu’industriels. Puis elle tranchait.

Le processus était peut-être lourd, mais cette lourdeur était le prix de la rigueur. Le système fonctionnait. Et il était apolitique.

En 2019, la CAQ a décidé que la Régie ne se mettrait le nez dans les tarifs d’électricité que tous les cinq ans. Entre-temps, les tarifs seraient arrimés à l’inflation. Tout le monde et sa sœur ont prévenu le gouvernement que ça pourrait mal tourner, mais Québec a fait la sourde oreille.

Ça a mal tourné.

Quand l’inflation postpandémie s’est emballée, les tarifs d’électricité ont suivi. Pour calmer la grogne des consommateurs, le gouvernement a dû pondre un nouveau projet de loi qui plafonne – arbitrairement – la hausse des tarifs à 3 %.

Ce plafond, qui devait initialement s’appliquer aussi aux petites entreprises, n’a finalement été appliqué qu’aux consommateurs résidentiels.

Les grands consommateurs qui bénéficient du fameux tarif « L », eux, ont réussi à échapper à toute cette nouvelle mécanique. C’est encore et toujours la Régie de l’énergie qui fixe leur tarif selon la bonne vieille méthode.

Le résultat est une courtepointe de mesures qui n’a plus ni logique ni cohérence.

On le constate en voyant qu’Hydro-Québec engrange actuellement des profits records – une situation qui, normalement, inciterait à adopter des hausses de tarifs plus modestes.

Notre électricité se fait rare et est appelée à jouer un rôle crucial dans la transition énergétique qui s’amorce. Son prix représente un enjeu important qui ne peut faire l’objet d’autant de désinvolture.

Les hausses disparates entrées en vigueur ce mois-ci le confirment : il est grand temps de retirer le contrôle des tarifs d’électricité aux politiciens pour le redonner à la Régie de l’énergie.

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Hydro-Québec n’a pas encore terminé l’enfouissement de fils promis à Jean Drapeau

Les travaux devaient se faire entre 1983 et 1989. Ils ne seront achevés qu’en 2025, a appris Radio-Canada.


Un monteur de ligne d’Hydro-Québec à l’œuvre durant les pannes d’avril 2023. En mortaise : l’ex-maire de Montréal Jean Drapeau, en 1986.
PHOTO : RADIO-CANADA / IVANOH DEMERS / BANQ (FONDS LA PRESSE)

Thomas Gerbet
Publié à 3 h 00

Alors que des voix s’élèvent pour qu’Hydro-Québec fasse plus d’efforts pour enfouir des fils électriques afin de réduire les pannes liées aux événements climatiques, des documents révèlent que la société d’État a accumulé 34 ans de retard à Montréal. Et un programme de soutien aux municipalités qui veulent faire de l’enfouissement est suspendu.

Hydro-Québec terminera en 2025 la mise sous terre de 7,8 kilomètres de fils qui aurait dû être enfouis depuis 1989, selon une entente signée avec la Ville sous l’administration du maire Jean Drapeau.

À ce rythme, on en a pour 400 ou 500 ans, ironise le directeur scientifique de l’Institut de l’énergie Trottier à Polytechnique Montréal, Normand Mousseau.

Il fait partie des experts qui militent depuis longtemps pour qu’Hydro-Québec accélère l’enfouissement de son réseau, en milieu urbain, pour prévenir les pannes liées aux caprices de la nature, appelées à se multiplier avec les changements climatiques.


L’équipement électrique aérien était tout aussi glacé que les arbres environnants, après la tempête, au début du mois.
PHOTO : RADIO-CANADA / IVANOH DEMERS

Des élus municipaux réclament eux aussi de l’enfouissement, comme solution préventive, à la suite de la tempête de verglas du 5 avril, mais le gouvernement Legault et la société d’État ne veulent pas d’un enfouissement à grande échelle, en raison des coûts.

« Ça fait des décennies qu’Hydro-Québec s’entête à ne pas enfouir les fils dans les centres urbains, malgré le fait qu’on ouvre les rues de temps en temps. »

— Une citation de Normand Mousseau, directeur scientifique de l’Institut de l’énergie Trottier à Polytechnique Montréal

Une nouvelle entente signée entre la Ville et Hydro-Québec, l’an dernier, prévoit la mise sous terre d’un maximum de 4,5 km par année à Montréal, territoire qui compte 4000 km de rues. Donc même si la Ville avait l’argent pour en faire plus, elle ne pourrait pas le faire.


Des fils de la rue Saint-Patrick doivent encore être enfouis entre les rues d’Argenson et Shearer, pour finaliser l’entente de 1983-1989.
PHOTO : GOOGLE STREET VIEW

De l’enfouissement sur pause

La société d’État a aussi suspendu, début 2022, un programme (Nouvelle fenêtre) qui permettait aux municipalités de bénéficier d’enfouissement de lignes existantes, avec la participation financière d’Hydro-Québec, dans le but d’embellir les centres-ville.

La suspension doit permettre à Hydro-Québec de se concentrer sur la charge de travail supplémentaire causée par l’augmentation marquée du nombre de demandes de raccordement des derniers mois, explique la société d’État sur son site web.

La pause, initialement prévue jusqu’en avril 2023, vient d’être prolongée jusqu’en avril 2024 (Nouvelle fenêtre) .

Hydro-Québec affirme que 59 % du réseau électrique de Montréal est déjà enfoui.

Une entente vieille de 40 ans

Au début des années 1980, le réseau électrique du centre-ville de Montréal était vétuste et le développement urbain nécessitait des lignes avec plus de tension (25 kV au lieu de 12 kV). Hydro-Québec a donc demandé à la Ville de procéder à la modification de ses canalisations afin de lui permettre de moderniser son réseau de distribution électrique.


Le maire Jean Drapeau a régné plus qu’un quart de siècle sur Montréal.
PHOTO : RADIO-CANADA / JEAN-PIERRE KARSENTY

Le maire de l’époque, Jean Drapeau, en a profité pour demander qu’on enfouisse des câbles afin d’embellir la ville. L’entente signée en 1983 prévoyait environ 250 kilomètres à enfouir et autant à déplacer vers les ruelles d’ici l’année 1989.

Malgré le passage des années, plusieurs engagements initiaux prévus à l’entente 83-89 n’ont pas été finalisés, peut-on lire dans un document de la Ville, daté de 2022.

« Hydro-Québec a reconnu devoir à la Ville un ajustement de 10 kilomètres d’enfouissement additionnel. »

— Une citation de Un document de la Ville de Montréal

Quand Serge A. Boileau a pris la direction de la Commission des services électriques de Montréal (CSEM), en 2003, il restait encore une centaine de kilomètres de la vieille entente à terminer.

On a pesé sur la pédale d’accélérateur pour terminer le travail, raconte-t-il en entrevue à Radio-Canada. Celui qui a quitté son poste de PDG en juillet 2022, rappelle que la crise du verglas de 1998 avait réveillé les esprits.

Pourquoi tant de retard depuis l’époque de Jean Drapeau? C’était tombé dans l’oubli, répond-il.

« Personne ne mettait de pression ni la Ville ni Hydro-Québec. »

— Une citation de Serge A. Boileau, PDG de la Commission des services électriques de Montréal de 2003 à 2022

Nous avons tenté de parler aux responsables actuels de la CSEM, mais les communications de la Ville ne nous ont jamais répondu.

Montréal blâme Hydro-Québec, Hydro-Québec blâme Montréal

Selon le document de la Ville, une capacité limitée au sein d’Hydro-Québec et des enjeux de coordination entre les parties ont fait en sorte qu’il n’a pas été possible de compléter les 10 kilomètres d’enfouissement additionnel prévus.

Du côté d’Hydro-Québec, on nous répond plutôt que certains projets d’enfouissement initialement prévus à l’entente 83-89 n’ont pas été priorisés par la ville à l’époque et que les priorités de la Ville ont changé au fil du temps.


Des fils de la rue Jarry-Est, entre Garnier et De Lorimier doivent encore être enfouis pour finaliser l’entente de 1983-1989.
PHOTO : GOOGLE STREET VIEW

Le porte-parole de la société d’État Cendrix Bouchard ajoute que certains échéanciers ont dû être révisés selon les capacités de tous les partenaires (Ville de Montréal et la Commission des Services électriques de Montréal).

Selon lui, tout rentre dans l’ordre avec la nouvelle entente qui prévoit la finalisation des projets d’ici 2025. La Ville a même pu revoir la liste des rues prévues initialement. Des artères de Griffintown, par exemple, ont été ajoutées, et d’autres retirées ailleurs.

Les avantages de l’enfouissement contre les changements climatiques

Hydro-Québec estime que 40 % des pannes sont associées à la végétation. Les circuits de câbles aériens sont très sensibles aux caprices du climat, alors que les réseaux souterrains sont peu exposés aux intempéries.


La chute de centaines de branches et d’arbres sur les fils électriques a privé de courant plus d’un million de foyers québécois, après la tempête du 5 avril.
PHOTO : RADIO-CANADA / IVANOH DEMERS

Selon le document de la nouvelle entente entre la Ville de Montréal et Hydro-Québec, de février 2022, l’enfouissement des réseaux électriques évitera les bris lors de tempêtes (vent, verglas).

Le déplacement des fils sous terre permettra aussi la plantation d’arbres dans l’espace public ce qui diminuera les îlots de chaleurs et la vulnérabilité face aux vagues de chaleur

Déjà, en 2014, la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec (Nouvelle fenêtre) recommandait que l’enfouissement des réseaux de distribution d’Hydro-Québec devienne la nouvelle norme dans les milieux densément occupés.

Après la crise du verglas de 1998, le rapport de la commission Nicolet (Nouvelle fenêtre) concluait, lui aussi, à un avantage très clair en faveur des réseaux souterrains.

« Tous les arguments non financiers militent en faveur d’un enfouissement des lignes de distribution d’électricité en milieu urbain. »

— Une citation de Rapport de la Commission Nicolet, à la suite de la crise du verglas de 1998

Cet avantage très clair en faveur des réseaux souterrains est contrebalancé par une réalité financière incontournable : l’installation de réseaux souterrains coûte beaucoup plus cher que la construction de réseaux aériens.

L’argent, le nœud du problème

Enfouir tous les fils d’Hydro-Québec, on parle d’environ 100 milliards [de dollars]. Il faut être réaliste, a déclaré le premier ministre François Legault, le 6 avril, au lendemain de la tempête de verglas.Peut-être à certains endroits, oui, avait-il ajouté.


Sophie Brochu, ex-PDG d’Hydro-Québec et François Legault, premier ministre du Québec, le 6 avril 2023.
PHOTO : RADIO-CANADA / IVANOH DEMERS

L’ex-PDG de la Commission des services électriques de Montréal est d’accord : On ne peut pas l’enfouir partout, mais il faudra analyser les points de vulnérabilité du réseau aérien, croit Serge Boileau.

Il n’y a jamais personne qui a dit qu’il fallait enfouir tous les fils au Québec, rappelle Normand Mousseau.

« L’enjeu, c’est de les enfouir dans les endroits densément peuplés. Chaque fois qu’on ouvre une rue, il faut enfouir les fils. »

— Une citation de Normand Mousseau, directeur scientifique de l’Institut de l’énergie Trottier à Polytechnique Montréal

Il donne l’exemple de Westmount, où 70 % des fils sont enfouis, et qui a beaucoup moins subi de pannes, au début du mois. Sur la durée on y gagne et on amorti ça. Il pense que dans les centres urbains, on pourrait y arriver en 40 ou 50 ans.

Nous, notre impression, c’est que la société n’est pas prête à assumer ces coûts-là, a aussi déclaré le directeur des communications chez Hydro-Québec, Marc-André Pouliot, évoquant l’impact sur les tarifs aux consommateurs.

À Montréal, 25 millions de dollars ont été budgétés entre 2022 et 2025 pour réaliser les quelques 8 kilomètres promis sous Jean Drapeau, soit 3 millions de dollars du kilomètre. À titre de comparaison, l’aérien est estimé à 100 000 dollars du kilomètre, 30 fois moins cher.

Selon une demande d’accès à l’information, Hydro-Québec a dépensé 1,5 milliard de dollars entre 2012 à 2021 pour de l’enfouissement de son réseau électrique dans la province.

Une facture qui peut être salée pour les propriétaires

Hydro-Québec fait affaire avec les municipalités qui décident ou non de soumettre la facture aux résidents pour ce qui est de la conversion des entrées électriques, ce qui peut représenter environ 3000 $ en moyenne pour une entrée électrique normale en bon état et répondant aux normes, explique le porte-parole de la société d’État, Cendrix Bouchard.


L’enfouissement demande des travaux jusqu’au compteur des résidences.
PHOTO : RADIO-CANADA

Hydro-Québec ajoute : Pour ce qui est des frais envisageables pour chaque client dans le contexte d’un enfouissement de notre réseau de distribution à grande échelle, ceux-ci seraient fort probablement de l’ordre de quelques dizaines de milliers de dollars par résidence en moyenne si on inclut l’excavation et la remise en état des terrains privés.

Obstruction par une piscine, un garage, une terrasse… les travaux peuvent être complexes sur le terrain des propriétés. Et on ne peut pas enlever les fils et les poteaux tant que les riverains ne sont pas raccordés au souterrain. Faire passer des fils aériens sous terre, ça peut prendre trois ans, explique Serge A. Boileau.

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Peut-on revenir au principes économiques de base? C’est vraiment un problème de niveau scolaire du secondaire.

  • Combien coûte l’enfuissement des fils, par secteur?

    • Idéalement Hydro-Québec devrait avoir ces chiffres
  • Quel est le coût économique de la dernière tempête?

    • Résidents qui n’ont pu travailler
    • Commerces fermés, pertes de productivité
    • Pertes (ex: aliments, innondations à cause des pompes inactives, etc)
    • Heures supplémentaires des travailleurs (Hydro, la Ville)
    • Etc.

Avec ces chiffres, à quelle fréquence de tempêtes que ça prendrait pour les impacts économiques dépassent les coûts?

Enfin: Quelles sont les probabilités des épisodes de verglas de cette amplitude et comment augmenteront-elles avec les changements climatiques? On a eu 2 épisodes en 25 ans. Est-ce que les tempêtes du siècle vont devenir des tempêtes de la décennie?

La prise de décision avec ces données sera ainsi plus transparente qu’un Premier-Ministre qui balance un chiffre effrayant…

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Avec la météo et les changements climatiques, on nage en pleine hypothèse puisqu’on n’a pas assez de recul pour pouvoir prévoir, avec davantage de précision, les conditions qui prévaudront dans une décennie ou plus tard. Ce qui ne veut pas dire que l’on ne doive pas appliquer le principe de précaution.

Tandis que les partis politiques au pouvoir sont généralement à courte vue et ont trop souvent un agenda avec des priorités mises de l’avant en vue d’être réélus.
On le voit bien avec la CAQ et ses politiques environnementales très peu convaincantes.

Idéalement il faudrait accélérer l’enfouissement des fils dans les zones urbaines et exiger que l’on fasse à tout le moins la même chose dans les nouveaux développements.

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Les villes ont fait un appel pour obtenir du financement pour l’adaptation aux changements climatiques. Ça demande des milliards. Refus de Québec.

On a pas le choix de le faire, par définition. Le contraire de s’adapter, c’est d’être mésadapté. Par définition, ça veut dire que ça ne fonctionne plus. Enterrer les câbles est une demande de plus, avec l’adaptation aux pluies diluviennes, les inondations…

L’absence d’écoute sur cet aspect ne fait aucun sens. Les conséquences sont potentiellement désastreuses.

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Nouveau documentaire sur Hydro-Québec

«Après la Romaine» ou imaginer le Québec au-delà des barrages


Photo: Productions du Rapide-Blanc
Roy Dupuis (à droite) face à une rivière Romaine transformée

Alexandre Shields
18 avril 2023
Environnement

Faut-il construire d’autres barrages au Québec pour satisfaire notre insatiable appétit en énergie, mais aussi lutter contre la crise climatique, quitte à aggraver celle de la biodiversité ? Le documentaire Après la Romaine pose la question et plaide pour une profonde transformation de notre paysage énergétique.

Le film s’ouvre sur l’image, imposante, d’un des barrages du complexe de la Romaine. Roy Dupuis et la poète innue Rita Mestokosho se tiennent à son sommet, avec ce qu’il reste de la rivière asséchée en contrebas. Tandis que la poète entonne un chant traditionnel, l’acteur et cofondateur de la Fondation Rivières éclate en sanglots à la vue de la Romaine, qu’il revoit pour la première fois depuis le tournage du documentaire Chercher le courant, réalisé avant la construction du plus récent mégaprojet d’Hydro-Québec.

« Ça a été un moment très chargé émotivement, avec ce chant tellement profond. Je ne m’attendais pas à ressentir quelque chose d’aussi fort. Et j’avais un sentiment de culpabilité. J’ai essayé d’empêcher ça, mais je n’ai pas réussi. Je ne peux donc pas faire autrement que de me sentir coupable quand je vois dans quel état est cette rivière », explique-t-il en entrevue au Devoir.

« J’espère que c’est la dernière. J’espère que nous n’aurons plus besoin de sacrifier d’autres rivières, d’autant plus que je ne suis toujours pas persuadé que le projet de la Romaine était nécessaire. Mais je suis convaincu qu’on gaspille beaucoup d’énergie », ajoute-t-il.

Roy Dupuis insiste par la même occasion sur les conséquences environnementales de ces projets industriels. « On dit souvent que c’est de l’énergie propre, parce qu’on la produit en utilisant de l’eau. Mais ce n’est pas propre. Il y a des impacts importants, surtout si on additionne ceux de toutes les rivières qui ont été aménagées. Mais il n’y a jamais eu d’étude des impacts cumulatifs de tous ces barrages, et notamment des immenses territoires inondés. »

Après la Romaine remet donc en question la volonté du premier ministre François Legault de bâtir d’autres ouvrages de béton sur les dernières grandes rivières du Québec, au nom de la transition énergétique et du « plus grand chantier écologique de l’histoire du Québec ». Cet objectif pourrait d’ailleurs revenir sur la table lors du congrès caquiste du mois de mai, puisque « l’ajout de nouvelles centrales hydroélectriques » était le premier élément du cahier de consultations régionales proposé par la Commission politique.

Plus d’une décennie après leur documentaire Chercher le courant, le regard de Nicolas Boisclair et d’Alexis de Gheldere se tourne cette fois vers la rivière Magpie, située à quelques dizaines de kilomètres à l’ouest de la Romaine. Même si Hydro-Québec affirme qu’aucun projet n’est prévu sur cet imposant cours d’eau de la Côte-Nord, un porte-parole réitère au Devoir que la Société d’État « n’a pas renoncé définitivement à tout développement ». C’est d’ailleurs pour préserver le potentiel énergétique de la Magpie que le gouvernement Legault a écarté en 2020 un projet d’aire protégée de 2600 km2 le long de la rivière.

Tout nouveau projet de barrage se heurterait cependant à une vive opposition des Innus, d’élus de la région et des écologistes, qui ont octroyé à la rivière un statut de « personnalité juridique » ayant des droits, dont celui de préserver son état naturel. « Il n’y aura pas de barrage sur la Magpie », prévient d’ailleurs le chef de la communauté innue d’Ekuanitshit, Jean-Charles Piétacho.

« La beauté »

Mais au-delà du refus de voir cette rivière de la Côte-Nord payer le prix de notre consommation croissante d’énergie, le documentaire nous la présente à travers une descente de cinq jours en rafting en compagnie d’une dizaine de jeunes, qui découvrent un décor naturel auquel les Québécois ont encore « trop peu accès », souligne Roy Dupuis.

« Si je pense à la Magpie, le premier mot qui me vient, c’est la beauté, mais pas seulement une beauté esthétique. Il y a aussi la beauté de cette rivière qui nourrit tout un écosystème et un immense territoire », ajoute celui qui était de l’expédition sur cette rivière réputée pour ses eaux vives. La nécessité de sa protection ne fait donc aucun doute. « Il y a de moins en moins d’espaces sauvages sur Terre, et c’est la pire menace pour la biodiversité. Mais nous sommes privilégiés au Québec et moins nous allons empiéter sur ces territoires, mieux ce sera. Nous avons besoin d’eau, d’air, d’espace et de beauté pour bien vivre. »

Dans ce contexte, la Société d’État « manque de courage » en refusant de fermer définitivement la porte à tout projet sur la Magpie, selon Nicolas Boisclair. « Si on mettait fin à cette possibilité et qu’on se disait qu’il n’y a plus de rivières disponibles, on devrait regarder les autres options », souligne-t-il, en critiquant la décision d’Hydro-Québec de mener une « analyse » pour un éventuel projet hydroélectrique sur la rivière du Petit Mécatina, elle aussi sur la Côte-Nord. Tout nouveau projet de barrage sera « très coûteux », ajoute-t-il, en plus de nuire aux efforts de protection de la biodiversité.

Entre les deux documentaires, la position de la Société d’État par rapport aux grands barrages a toutefois évolué, estiment Nicolas Boisclair et Alexis de Gheldere. Tous deux affirment qu’au-delà du préjugé naturel historique favorable à la grande hydraulique, de plus en plus d’efforts sont mis pour développer, par exemple, l’énergie éolienne et solaire, mais aussi la gestion de l’énergie déjà disponible. Le documentaire évoque d’ailleurs l’amélioration de l’efficacité énergétique, les révisions de tarification, les rénovations nécessaires pour réduire la consommation des bâtiments, etc.

Cet élan vers une nouvelle vision du paysage énergétique, salué aussi par Roy Dupuis, serait néanmoins nettement mieux planifié si le gouvernement acceptait de tenir une « vaste consultation » impliquant des experts indépendants, par exemple sous l’égide du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement. « Ça fait longtemps que nous aurions dû mener un tel exercice », laisse tomber le cofondateur de la Fondation Rivières.

Après la Romaine

ICI Télé, le 20 avril à 20 h et sur tou.tv

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La protection de l’environnement est incontournable si on veut développer de façon durable, en minimisant notre impact sur la nature. Je souhaite ardemment que les Innus puissent forcer le gouvernement à revoir ses priorités et à changer de paradigme. Il est donc temps d’écouter la sagesse ancestrale de ces peuples qu’on a tellement malmené au nom du colonialisme et du progrès économique. Ces derniers sont directement concernés puisqu’ils vivent et dépendent au quotidien de la santé de ces territoires pour leur avenir et par surcroit du nôtre. Ils sont le canari dans la mine et cette fois-ci on doit réagir avant qu’il soit trop tard, car on n’a pas de planète de rechange.

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Il me semble que ça a été dit plusieurs fois que si HQ incitait la population à utiliser l’életricité de façon efficace et efficiente, on pourrait économiser l’équivalent de « deux barrages hydroélectriques ».
La population québécoise est celle qui utilise le + d’électricité par capita; principalement dû au faible coût. Il y a bp de place à l’amélioration

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Ce n’est pas en demandant aux citoyens de fermer les lumières ou de baisser le chauffage qu’on va arriver a économiser deux barrages.
La majeure partie de l’électricité consommée est de loin pour les appareils de chauffage. Il faut surtout forcer les constructions neuves à être mieux isolées, mais aussi inciter ou aider à mettre à jour l’isolation des vieilles constructions.
Il faut aussi trouver d’autres sources de chaleur “gratuites” comme récupérer la chaleur des réfrigérateurs des épiceries pour chauffer leur bâtiment, ou capter la chaleur générées par les industries pour la distribuer ailleurs.

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Il reste 1000 mégawatts au Québec pour des projets : « On a un problème »

Pierre Fitzgibbon court après l’ajout de puissance électrique, car des entreprises demandent 21 000 MW.


Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie.
PHOTO : RADIO-CANADA / SYLVAIN ROY ROUSSEL

Thomas Gerbet
11 h 36 | Mis à jour à 12 h 38

Le gouvernement du Québec admet avoir « un problème à court terme, d’ici 2028 », car il manque de puissance disponible dans le réseau d’Hydro-Québec pour répondre à toutes les demandes. Des entreprises cherchent 21 000 mégawatts (MW) pour leurs projets. Il en reste 1000.

Jeudi, à l’Assemblée nationale, le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie Pierre Fitzgibbon a admis que des projets pourraient être retardés à cause de cette situation.

« On va regarder comment on peut retarder certains projets. »

— Une citation de Pierre Fitzgibbon, jeudi, lors de l’étude du volet Énergie des crédits de son ministère.

Le ministre a expliqué que le gouvernement a commencé à discuter avec des entreprises à ce sujet. On leur dit pouvez-vous retarder votre projet de un an ou deux ou trois ans?

Selon lui, l’attraction du Québec, présentement, est telle à l’international qu’il y a des gens qui vont être capables de dire : Oui, on va attendre, parce qu’on est au Québec et vous avez de l’énergie renouvelable.

Hydro-Québec confirme

On est très serré, on n’a pas beaucoup de marge, admet le cabinet du ministre. Certains savent qu’ils ne les auront pas. Sur les 21 000 mégawatts de projets évoqués, autour de 10 000 sont des propositions sérieusement étudiées.

Hydro-Québec confirme à Radio-Canada qu’il reste environ 1000 MW dans le réseau. L’ordre de grandeur évoqué par le ministre pour le développement de projets dans les prochaines années est exact, écrit le porte-parole Philippe Archambault.

Pas possible de donner tous les mégawatts pour la filière batterie

Jeudi, Pierre Fitzgibbon a expliqué que tous les projets de la filière batterie nécessitaient 3000 à 4000 MW d’ici 2018. Or, seulement 1500 MW leur ont été promis.

On va prendre les projets prioritaires, mais il va y avoir assez d’énergie à Bécancour pour avoir un projet structurant, comme on n’a pas vu depuis 20 ans au Québec, a dit le ministre, alors je suis confortable avec ça.

« La vie, c’est un courant qui prend du temps, alors est-ce qu’on est capable d’avoir en 2028, 2029, 2030, 2031, 2032 des capacités additionnelles? La réponse, c’est oui. »

— Une citation de Pierre Fitzgibbon, le 25 avril 2023, lors de l’étude des crédits de son ministère

Son cabinet explique que les développements de projets se font souvent par phase. Il donne l’exemple de General Motors ou Nemaska Lithium qui pourraient avoir besoin de centaines de mégawatts, mais sur plusieurs années.

Le gouvernement ne l’avait pas vu venir

Pierre Fitzgibbon dit que c’est au printemps 2022 qu’il a commencé à avoir un sentiment qu’on n’aurait pas l’énergie renouvelable requise.

« Est-ce qu’on pouvait penser qu’il y aurait 20 000 mégawatts de demande d’électricité? La réponse, c’est non. […] On se faisait dire qu’il y avait des surplus hydroélectriques. »

— Une citation de Pierre Fitzgibbon, le 25 avril 2023, lors de l’étude des crédits de son ministère

Il a expliqué que personne n’aurait pu voir ça venir, alors que depuis 20 ans, un seul projet avait requis plus de 50 MW, au Québec, soit celui de la mine d’or de Malartic. Pour la première fois de l’histoire d’Hydro-Québec, les demandes de mégawatts excèdent de beaucoup leurs anticipations, mais c’est nouveau, ça n’est jamais arrivé, a dit le ministre.

« Aujourd’hui, on a plus de 50 projets déposés en haut de 50 mégawatts. »

— Une citation de Pierre Fitzgibbon, jeudi, lors de l’étude des crédits de son ministère

Est-ce qu’on aurait pu planifier voilà cinq ans qu’il fallait avoir 10 000 ou 15 000 mégawatts de plus d’ici 2026, 2027? La réponse est non, a expliqué le ministre, le 25 avril.

Le porte-parole de l’Opposition officielle en matière d’Énergie Gregory Kelley a rappelé au ministre que c’était dans la politique énergétique, en 2016, déposée par l’ancien gouvernement libéral, où on a souligné qu’il faut augmenter de 25 % la production totale d’énergie renouvelable au Québec [d’ici 2030].

Plus tard jeudi, c’est le PDG par intérim d’Hydro-Québec, Pierre Despars, qui répondra aux questions des parlementaires, lors de l’étude des crédits.

Une pointe record de consommation qui a fait réfléchir

Un document d’Hydro-Québec révèle qu’à 18 h, le 3 février dernier, les Québécois ont poussé la demande de puissance jusqu’à 43 124 MW, malgré les efforts de réduction momentanée de certaines industries.

C’est un chiffre encore plus élevé que ce qui avait circulé jusqu’à présent, mais c’est surtout du jamais-vu. Le précédent record était de 40 380 MW, soit une différence de presque 3000 MW.

Selon nos sources, la société d’État n’avait pas anticipé que ça monterait si haut. Il se raconte en interne que ce fut un dur lendemain de veille pour la haute direction. La puissance disponible a fondu, dit une source, qui évoque 800 à 900 MW.

« C’est pour ça qu’ils veulent lancer des projets éoliens le plus vite possible. »

— Une citation de Une source à Hydro-Québec


Les éoliennes de la Seigneurie de Beaupré
PHOTO : RADIO-CANADA/JEAN-FRANÇOIS NADEAU

Comment ajouter rapidement des mégawatts?

Selon le Plan stratégique d’Hydro-Québec, la modernisation des centrales existantes permettra l’ajout de 2000 MW de puissance d’ici 2035.

Il est aussi prévu d’élaborer, d’ici 2026, des projets éoliens totalisant 3000 MW, mais il faudra attendre plusieurs années encore avant qu’elles brassent du vent. Québec veut quadrupler la capacité éolienne de la province d’ici 2040.

Le cabinet du ministre évoque aussi les économies d’énergies et le déplacement d’énergie. On va dégager des sources, promet-il.

Le cas de Volkswagen

Pierre Fitzgibbon a expliqué que pour Volkswagen, l’enjeu était que nous avions besoin de 650 mégawatts au premier trimestre 2027. C’était une impossibilité technique.

« Volkswagen […], ils voulaient avoir de l’énergie verte, il n’y en avait pas. Alors, on va travailler sur ça dans le futur. »

— Une citation de Pierre Fitzgibbon, le 25 avril 2023, lors de l’étude des crédits de son ministère

On aurait pu le faire deux ans plus tard, ce qu’on leur a offert, a ajouté le ministre. Ils ont dit : “Non merci, on s’en va prendre du gaz naturel.” Où? “En Ontario.”

Selon le ministre, l’enjeu avec Volkswagen était principalement la capacité de transporter autant d’électricité vers Montréal. Il dit qu’il existe une carte de la localisation des 10 000 MW de projets afin de réflexion à la localisation des futures éoliennes, pour qu’elles soient proches des futurs utilisateurs.

Dans les derniers mois, 17 projets ont été refusés, car ils étaient impossibles techniquement. Le ministre a dit qu’un total de 74 projets sont à l’étude. Il s’est engagé à rendre publics, la semaine prochaine, les critères de sélection.

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Projets industriels énergivores Plus de 3200 MW en jeu en juin

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

Le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon

L’heure de vérité approche pour les promoteurs industriels ayant soumis des demandes auprès d’Hydro-Québec pour de grands blocs de puissance électrique. Le ministre Pierre Fitzgibbon choisira les gagnants le mois prochain.

Mis à jour le 20 mai

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André Dubuc
André Dubuc La Presse

Le ministre de l’Énergie rendra publics en juin les projets industriels énergivores qui seront retenus parmi les 23 à l’étude. Au total, plus de 3200 mégawatts (MW) de puissance sont en jeu. L’énergie devrait leur être livrée dans un horizon de 1 à 5 ans environ.

Les projets qui ont été soumis avant le dépôt du projet de loi 2, comme le centre de données de Google à Beauharnois, en Montérégie, et le centre de serveurs de Microsoft à Saint-Augustin-de-Desmaures, dans la région de Québec, sont toutefois déjà assurés d’obtenir l’énergie demandée, du moins dans les phases initiales. Ces projets représentent environ 1700 MW de puissance.

Dans une allocution fort courue devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) vendredi midi, le superministre, qui gère également le portefeuille stratégique de l’Économie, a énuméré les critères d’évaluation qui guideront ses décisions : les projets doivent pouvoir techniquement se connecter au réseau d’Hydro-Québec, ils doivent aussi créer de la richesse, réduire les émissions de gaz à effet de serre et faire la preuve de leur acceptabilité sociale.

Les 23 projets à l’étude ne seront pas tous acceptés. Certains seront acceptés d’emblée, d’autres seront acceptés conditionnellement, et plusieurs seront refusés.

50 projets de plus de 50 MW

« Dans les 20 dernières années, savez-vous combien de projets de plus de 50 MW on a réalisés au Québec ? », a demandé M. Fitzgibbon à l’auditoire pendant son discours. « Un seul. Aujourd’hui, sur mon bureau, il y en a plus de cinquante. La réalité a changé, il fallait changer nos façons de faire. »

Depuis l’adoption du projet de loi 2 le 15 février 2023, c’est le gouvernement du Québec, de concert avec Hydro-Québec, qui autorise les projets industriels qui demandent plus de 5 MW de puissance. Auparavant, la société d’État avait l’obligation de brancher tous les projets de moins de 50 MW.

Volubile, le ministre a abordé plusieurs thèmes dans son discours. Il a notamment donné une estimation de la valeur d’Hydro-Québec si elle était privatisée. Il a parlé des contrats d’exportation, de la nécessité d’ajouter de l’éolien et des besoins grandissants en électricité à l’avenir.

Hydro-Québec vaut jusqu’à 300 milliards

« [Hydro-Québec] est un legs incroyable et notre devoir, c’est de l’honorer, a affirmé le ministre. Et c’est un héritage qui vaut cher. Disons pour faire simple que, comme entreprise privée dans le marché énergétique nord-américain standard, Hydro vaudrait au minimum 250-300 milliards de dollars. Les gens ne le réalisent pas. Mais Hydro, c’est notre géant industriel à nous. C’est la valeur d’entreprises comme Costco, Shell, Toyota, Nike ou Disney. Et cette entreprise, c’est une entreprise publique qui fait la fortune et la fierté des Québécois. »

Pas question de se retirer des contrats d’exportation

« Depuis quelques semaines, j’entends beaucoup de gens soulever des questions sur nos deux gros contrats d’exportation signés dans les dernières années. On a le Massachusetts et on a New York. On peut en discuter tant qu’on veut, mais le Québec va honorer ses engagements. À l’époque, si on avait connu le contexte actuel, est-ce qu’on se serait posé d’autres questions ? Bien sûr. »

Toujours plus d’éolien

« On compte environ 40 parcs éoliens en service au Québec. Ils produisent près de 4000 MW d’énergie. Je veux qu’en 2040, la puissance installée en éolien soit quadruplée. Ça, c’est le minimum. J’ai annoncé, en mars dernier, un appel d’offres pour un bloc de 1500 MW d’énergie éolienne. On veut lancer un autre appel d’offres encore plus important dans les prochains mois. » Les éoliennes ont le mérite de se construire rapidement et de se raccorder aisément au réseau d’Hydro-Québec, selon leur emplacement.

Le chiffre de 100 TWh ne tient plus

De combien d’électricité le Québec a-t-il besoin pour décarboner son économie ? On ignore la réponse précise, mais ce sera plus de 100 térawattheures (TWh), a indiqué Pierre Fitzgibbon. « [Ce chiffre] ne tient plus la route. On n’est pas à 100 », a-t-il affirmé. Ce chiffre venait des projections d’Hydro-Québec reposant sur l’histoire récente du Québec. « Dans les dernières années, il y a un seul projet de plus de 50 MW. Aujourd’hui, il y en a cinquante », a répété le ministre.

Une version antérieure de l’article indiquait à tort que 3000 MW seraient attribués en juin.

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Michael Sabia à la tête d’Hydro-Québec

PHOTO FRANCOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Michael Sabia

Michael Sabia sera le prochain PDG d’Hydro-Québec. Celui qui a dirigé la Caisse de dépôt et placement du Québec, et lancé l’ambitieux projet du Réseau express métropolitain, succédera à Sophie Brochu, qui a quitté son poste deux ans avant la fin de son mandat, quelques mois après avoir exprimé son désaccord avec les orientations du gouvernement Legault.

Publié à 18h04

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Denis Lessard
Denis Lessard La Presse

Il y a environ deux mois, M. Sabia avait été pressenti par le chef de cabinet de François Legault, Martin Koskinen, pour ce poste névralgique. Il avait spontanément accepté, mais posé une condition : devenu, fin 2020, sous-ministre aux Finances à Ottawa, il tenait à rester en poste jusqu’au dépôt du budget de Chrystia Freeland aux Communes. Ce budget a été déposé fin mars.

Pendant ce temps, le cabinet de François Legault soutenait toujours que le choix du PDG d’Hydro-Québec n’était pas arrêté. Mme Brochu a quitté son poste le 11 avril et l’intérim est assuré depuis par Pierre Despars, jusque-là vice-président exécutif, Stratégies et développement. La semaine dernière, le ministre responsable de la société d’État, Pierre Fitzgibbon, a finalement déclaré que le gouvernement avait trouvé la perle rare, et qu’elle serait annoncée sous peu. Sa nomination devrait être avalisée par le Conseil des ministres avant la fin de mai.

Michael Sabia est le choix de François Legault, confie-t-on à La Presse. Il a déjà dit publiquement que « quand on veut des changements, on choisit des gens forts ». M. Legault avait rendu un hommage bien senti au patron de la Caisse en novembre 2019, quand celui-ci avait annoncé son départ, inattendu, sans préavis, au bureau du premier ministre. Ironiquement, à la campagne électorale de 2012, le chef de la Coalition avenir Québec avait promis qu’une fois élu, il aurait une bonne discussion avec le président de la Caisse, et que ce dernier trouverait cette rencontre « difficile ». M. Legault trouvait que M. Sabia, comme Thierry Vandal, alors PDG d’Hydro-Québec, n’était pas suffisamment nationaliste, ne faisait pas assez d’efforts pour stimuler l’économie québécoise.

Une inconnue : quels seront ses rapports avec l’influent ministre Fitzgibbon ? À la Caisse, M.Sabia s’est forgé une réputation de patron au tempérament très sanguin, susceptible de faire des colères mémorables. Le ministre de la Santé, Christian Dubé, le connaît bien ; avant de revenir en politique, M. Dubé avait été vice-président de la Caisse sous Michael Sabia.

Originaire de l’Ontario, Michael Sabia aura 70 ans en septembre. Son parcours dans la haute fonction publique fédérale et québécoise comme dans le secteur des affaires a suscité à la fois des hommages et des critiques. Durant les années 1980 et 1990, il a gravi les échelons jusqu’à devenir le bras droit de Paul Tellier, le premier fonctionnaire fédéral, greffier du Conseil privé. C’est à lui, dans le gouvernement de Brian Mulroney, que l’on confie le dossier politiquement explosif de la mise en place de la taxe sur les produits et services, la TPS.

Devenu patron du Canadien National (CN), Paul Tellier amène Michael Sabia avec lui. Il jouera un rôle important dans la privatisation du transporteur. La compagnie perdait à l’époque 1 milliard par année. M. Sabia jouera aussi un rôle déterminant dans le succès de la privatisation. En 1999, M. Sabia quitte le CN pour passer à BCE, il prend d’abord les commandes de Bell Canada International. La bulle techno éclate en 2000, BCE est sérieusement en eaux troubles Jean Monty part en 2002, son poste est scindé. M. Sabia deviendra chef de la direction. Il procède à des ventes d’actifs et supprime 8000 postes pour tenter de revenir à la rentabilité, mais pas assez rapidement au goût du principal actionnaire, Teachers’, le fonds de pension des enseignants ontariens. Michael Sabia quitte alors BCE, en 2008.

En mars 2009, le gouvernement Charest nomme M. Sabia patron de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), un mandat de dix ans, un choix qui déclenche un torrent de critiques. Mi. Sabia est alors vu comme un mandarin fédéral, sans racines québécoises, issu du sérail conservateur d’où émargeait Jean Charest lui-même. Avant son arrivée, en 2008, la CDPQ avait connu des heures sombres ; la crise financière et de mauvais placements dans les papiers commerciaux avaient entraîné un rendement négatif de 25 % pour le bas de laine des Québécois.

Bernard Drainville, gros canon de l’opposition péquiste sous Pauline Marois, réclame sa tête avec insistance. Une fois au pouvoir, Mme Marois et M. Drainville seront beaucoup plus conciliants avec l’ex-mandarin fédéral. En 2017, sous le gouvernement de Philippe Couillard, on annonce que le mandat de Michael Sabia est renouvelé, deux ans avant son terme.

Il est prolongé jusqu’en 2021, mais il part plus rapidement, à l’automne 2019, après avoir enclenché l’immense projet du Réseau express métropolitain ; pour la première fois, la Caisse devenait l’opérateur et non strictement le financier d’un projet. Les problèmes que connaît actuellement le projet risquent de ternir l’image du nouveau patron d’Hydro.

Sous sa férule, la CDPQ a significativement augmenté sa participation dans les marchés étrangers, passant de 36 % à son arrivée en 2009 à 64 % à son départ, 11 ans plus tard.

À son départ de la Caisse, François Legault avait louangé cet « excellent gestionnaire » qui avait obtenu de « bons rendements » à la Caisse durant son mandat. À son arrivée à la Caisse, après la crise financière de 2008, M. Sabia avait annoncé que son traitement serait gelé tant que les rendements ne seraient pas au rendez-vous. À son départ de la CDPQ, son traitement était de 3,9 millions par année. À son arrivée à la Caisse, il avait aussi renoncé à un régime de retraite – les règles de Retraite Québec forçaient tout de même le versement d’une pension de 29 000 $ par année. Depuis 2008, M. Sabia touche une rente de près de 1 million par année pour son passage chez Bell Canada.

Qui est Michael Sabia ?

  • Michael Sabia s’est illustré dans les missions difficiles. Haut fonctionnaire aux Finances à Ottawa, il était la cheville ouvrière de la mise en place de la TPS.
  • Il a joué un rôle central dans une réforme compliquée, le passage au privé du Canadien National, en 1999.
  • Il a atterri chez BCE juste avant l’éclatement de la bulle technologique, en 2000. Devenu patron, il a fait des coupes difficiles, qui n’ont pas satisfait les actionnaires.
  • Après la crise des papiers commerciaux, il a pris les commandes de la Caisse de dépôt, qui venait d’encaisser un rendement négatif de 25 %. Sous sa gouverne, les actifs de la caisse sont passés de 120 milliards à 326 milliards, et il a lancé le projet de Réseau express de Montréal.
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