Résumé
Hydro-Québec veut encourager 125 000 clients à installer des panneaux solaires
La société d’État lancera un programme de subventions pour favoriser l’installation de panneaux solaires.
Photo : Getty Images
Publié hier à 19 h 01 HAE
Alors qu’elle désire faire grimper sa production d’électricité, Hydro-Québec veut encourager 125 000 clients à installer des panneaux solaires.
Des appels d’offres seront aussi lancés au cours des prochaines semaines pour la construction de centrales solaires qui fourniront 300 mégawatts d’énergie.
À l’heure actuelle, à peine quelque 800 clients de la société d’État participent au programme qui permet de réinjecter leur électricité dans le réseau d’Hydro-Québec avec leurs panneaux solaires.
L’objectif d’en convaincre 125 000 autres d’aller de l’avant, que ce soit des propriétaires de maisons, de commerces ou d’industries, semble donc ambitieux.
Chaque kilowattheure gagné aidera Hydro-Québec à doubler sa production d’électricité d’ici 2050.
Si on encourage quelqu’un à mieux isoler sa maison pour réduire sa consommation, c’est un peu comme l’encourager à mettre un panneau solaire sur son toit pour réduire sa consommation. C’est le même genre de valeur qu’on voit pour le Québec à terme, explique Dave Rhéaume, le vice-président directeur de la société d’État responsable du dossier.
À l’heure actuelle, à peine quelque 800 clients ont ajouté des panneaux à leur domicile.
Photo : Ashley Reid
Subventions et incitatifs financiers
Hydro-Québec compte offrir des subventions pour l’installation de panneaux solaires dès l’an prochain. Elle va aussi bonifier son programme destiné aux producteurs d’énergie solaire pour le rendre plus généreux.
En ce moment, lorsque ceux-ci envoient leur électricité excédentaire dans le réseau, la société d’État leur offre des crédits applicables sur leurs prochaines factures. Or, ils s’effacent au bout de deux ans.
Elle souhaite dorénavant les rembourser. Le changement devrait entrer en vigueur cet été.
Ce qu’on anticipe au cours des prochaines années, c’est un programme de quelques centaines de dollars par kilowatt (kW), donc quelque chose qui pourrait se traduire par quelques milliers de dollars en économies pour une installation solaire privée, indique Dave Rhéaume.
Avec l’évolution des tarifs, la baisse du coût des panneaux, on pense que vers la fin de la décennie, ça va devenir vraiment intéressant puisqu’avec des subventions, on va être capables de faciliter la décision des clients.
Une citation de Dave Rhéaume, vice-président directeur et chef des relations clientèle, Hydro-Québec
Le vice-président directeur, activités commerciales et chef des relations clientèle chez Hydro-Québec, Dave Rhéaume
Photo : Radio-Canada
Énergie solaire Québec, une association qui fait la promotion de cette forme d’énergie, estime que la société d’État pourra atteindre sa cible si ses incitatifs sont assez convaincants.
Peu importe le type de subventions, il faudrait que le rendement de l’investissement soit à l’intérieur de 10 ans. Si on a ça, c’est winner. Là, les gens vont embarquer, avise son président, Patrick Goulet.
Hydro-Québec va aussi rehausser la puissance électrique maximale que les particuliers et les entreprises pourront générer avec leurs panneaux solaires dans le cadre de son programme.
Elle passera de 20 à 40 kW pour les petites installations résidentielles et de 50 à 1000 kW pour les installations commerciales et industrielles. Les gros projets seront ainsi plus rentables.
Ça va ouvrir les portes aux municipalités, aux petites industries, aux fermes…
Une citation de Patrick Goulet, président d’Énergie solaire Québec
Des changements aussi applaudis par Alain Perreault, producteur de noix de Lanaudière. L’entrepreneur a installé des panneaux solaires sur le bâtiment qui abrite sa boutique et son atelier de transformation, lors de sa construction en 2018.
Le propriétaire de l’entreprise Au jardin des noix, Alain Perreault, a installé 120 panneaux solaires sur le bâtiment qui abrite sa boutique et son atelier de transformation.
Photo : Fournie / Alain Perreault
Ses panneaux, qui lui fournissent environ 80 % de l’énergie dont il a besoin au cours d’une année, lui ont coûté 90 000 $ et réduisent sa facture d’électricité d’environ 5000 $ par an. Ils seront rentabilisés en une quinzaine d’années.
Honnêtement, c’est un excellent investissement, pour l’instant, en ce qui concerne la quantité d’énergie produite puis le rendement, estime-t-il.
Alain Perreault espère que d’autres lui emboîteront le pas. D’un point de vue environnemental, d’un point de vue économique, c’est vraiment intéressant de le faire. Puis, à mon avis, les changements vont encourager encore plus, affirme-t-il.
Quelque 1700 panneaux solaires sont installés sur le toit du centre sportif de Lac-Mégantic, le coeur du microréseau qui a été installé dans la ville.
Photo : Radio-Canada / Vianney Leudière
Des centrales solaires vont s’ajouter au paysage
Même si le Québec a un bon potentiel d’ensoleillement, la production d’énergie solaire demeure très faible.
La province compte deux centrales, situées à Varennes et à La Prairie, en Montérégie, en plus d’un microréseau à Lac-Mégantic, qui fournissent au total moins de 0,1 % de l’électricité québécoise.
Est-ce que le Québec va devenir éventuellement un territoire où le solaire va être dominant? Non. Mais ça fait partie des moyens qu’on a pour répondre à l’augmentation de la demande électrique au cours des prochaines décennies, opine Dave Rhéaume.
Au cours des prochaines semaines, la société d’État doit lancer des appels d’offres pour la construction de centrales solaires qui produiront un total de 300 mégawatts d’électricité.
La centrale solaire Gabrielle-Bodis d’Hydro-Québec, à La Prairie, au Québec
Photo : Hydro-Québec
Chaque mégawatt entraînera l’installation de panneaux sur une superficie d’un et demi à deux terrains de football. Ces parcs solaires verront le jour près des centres de consommation, pas sur des terres agricoles, insiste Hydro-Québec.
C’est vraiment de privilégier des terres qui ne sont pas agricoles, ce qu’on appelle des terres à double usage. Donc, ça pourrait être d’anciens sites d’enfouissement, des espaces de stationnement, des toits, des terrains qui ne peuvent pas être valorisés pour l’agriculture.
Une citation de Dave Rhéaume, vice-président directeur et chef des relations clientèle, Hydro-Québec
Comme l’éolien, les parcs solaires seront développés et exploités par le secteur privé, qui revendra ensuite l’énergie à la société d’État.
L’Association québécoise de la production d’énergie renouvelable, qui représente les entreprises du secteur comme Innergex et EDF, estime que des projets d’au minimum cinq mégawatts seront viables.
Afin de générer des économies d’échelle pour avoir des prix compétitifs, cinq mégawatts et plus sont recommandés par notre association, dit son PDG, Luis Calzado.
Hydro-Québec n’a pas encore décidé quelle sera la taille maximale des parcs, mais leur puissance ne pourra dépasser 25 mégawatts puisqu’ils devront alimenter directement les réseaux locaux, sans passer par les lignes à haute tension.
On comprend qu’il faut trouver un équilibre entre des parcs qui sont assez petits pour pouvoir s’installer près des zones de consommation, mais assez gros pour pouvoir bénéficier des économies d’échelle, dit Dave Rhéaume.
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