En annonçant le 1er août des mesures en faveur de l’autoproduction d’électricité, notamment avec des panneaux solaires1, Hydro-Québec ouvre la porte à cette technologie en progression fulgurante dans le monde.
Résumé
Subventions pour l’autoproduction d’électricité Le solaire à petite échelle, un incontournable
PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE
Dans l’État de New York, où l’énergie solaire représente 4 % de la production d’électricité, plus des deux tiers des installations sont à petite échelle, écrit l’auteur.
En annonçant le 1er août des mesures en faveur de l’autoproduction d’électricité, notamment avec des panneaux solaires1, Hydro-Québec ouvre la porte à cette technologie en progression fulgurante dans le monde.
Mis à jour hier à 13h00
Yvan Cliche Fellow, Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal (CERIUM)
Il est judicieux qu’on reconnaisse d’emblée la contribution de l’autoproduction à partir de l’énergie solaire. Le vaste chantier de la transition énergétique débute à peine, avec des investissements prévus par Hydro-Québec de quelque 180 milliards de dollars d’ici 2035 pour les besoins énergétiques liés à la décarbonation.
Dans ce contexte, toutes les contributions sont bienvenues, même celles à plus petite échelle. Les subventions prévues à partir de 2026 pourraient toutefois s’accompagner d’un appui semblable à une autre technologie en pleine ascension : les batteries.
En Californie, plus de 50 % des installations solaires photovoltaïques résidentielles sont maintenant associées à un système de stockage par batterie2.
Au début de 2023, la Californie a même révisé son cadre tarifaire auprès des clients résidentiels, pour que l’électricité emmagasinée dans leurs batteries puisse aider le réseau lors des périodes de forte demande. En favorisant le stockage avec des batteries, le solaire pourrait donner un pareil coup de main au réseau québécois.
Les batteries peuvent aussi servir à maintenir une alimentation électrique en cas de panne, un précieux avantage en cette ère de dérèglement climatique où le réseau devrait être mis à mal par la météo. Ce stockage pourrait être couplé à d’autres mesures, comme celles envisagées pour déplacer la demande : vers la nuit pour la recharge de véhicules électriques ou encore pour le chauffage de l’eau.
Le chauffage de l’eau accapare 20 % de la consommation d’électricité : les chauffe-eaux, installés dans presque tous les bâtiments et résidences, représentent donc un gisement important de gestion de la charge, encore inexploité.
Les panneaux solaires, un marché dominé par la Chine
L’annonce d’Hydro-Québec soulève un autre enjeu : la domination chinoise dans la production des panneaux solaires. Ce pays a l’emprise sur environ 80 % de la chaîne d’approvisionnement de cette industrie.
Or, ces dernières années, avec la COVID et l’invasion russe de l’Ukraine, les gouvernements se sont éveillés aux dangers de leur dépendance en matière d’approvisionnement en biens stratégiques, notamment par rapport à des pays comme la Chine et la Russie.
Les États-Unis y ont répondu avec l’Inflation Reduction Act (IRA), adopté il y a deux ans, l’Europe avec son REPowerEU (2022), le Canada avec le budget adopté au printemps 2023.
Toutes ces mesures législatives et budgétaires prévoient des appuis de dizaines de milliards de dollars pour la mise en place de chaînes d’approvisionnement locales en matière d’énergie décarbonée, y compris la production de panneaux solaires.
Il serait intéressant d’en savoir plus sur la stratégie d’approvisionnement envisagée au Québec : voudrons-nous acheter les panneaux les moins chers, provenant de Chine, ou favoriser des producteurs nord-américains ?
La question se pose dans ce climat de guerre commerciale entre les pays occidentaux et le géant qu’est devenue la Chine en matière d’énergie renouvelable.
Mais cela n’empêche pas le solaire de faire sa place dans le mix énergétique des pays riches. En Europe, par exemple, 2023 a été une année record pour le solaire photovoltaïque, avec une croissance annuelle de 40 % ces dernières années3.
Les panneaux solaires sont aussi en forte progression près de chez nous. Dans l’État de New York, réputé pour ses ambitieux objectifs de décarbonation, l’énergie solaire représente déjà 4 % de la production d’électricité. Plus des deux tiers des installations sont à petite échelle (panneaux sur le toit d’immeubles, de résidences)4.
Une fois installés, les panneaux solaires présentent un autre avantage, soit une énergie produite localement : pas de souci à se faire à propos d’un approvisionnement énergétique soumis aux aléas de la politique mondiale, comme c’est le cas pour la ressource pétrolière ou gazière.
C’est pourquoi l’énergie solaire va continuer de s’imposer comme un incontournable dans nos États, devenus bien plus soucieux qu’autrefois de leur sécurité énergétique.
1. Lisez l’article « Subvention des panneaux solaires : écologiques, mais peu économiques » 2. Lisez l’analyse « California residents are increasingly pairing battery storage with solar installations » (en anglais) 3. Lisez l’article « EU Market Outlook for Solar Power 2023-2027 » (en anglais) 4. Consultez l’analyse « Energy Information Administration, New York State Profile and Energy Estimates » (en anglais)