Même dans Paris intra-muros ce n’est pas vrai. Bir-Hakeim et le quai de Grenelle, le sud du 13e arrondissement (tours Duo à 180m), les quais de Seine vers Bercy, le 19e vers la Place des Fêtes et Gambetta et plus au Nord entre l’Avenue de Flandres et les voies ferrées… Le nouveau tribunal de Paris culmine à 160 mètres (et 1.4 millions de pc). La Tour Triangle en construction culminera à 180 mètres.
Il me semble que de multiples raisons historiques ont empêché les grandes villes européennes à construire des gratte-ciels; notamment les guerres, les destructions qu’elles ont amenées ainsi que les pertes de population et d’activités. Il a y eu un fort sentiment de reconstruire et de préserver ce qui n’avait pas été détruit.
Les centres-villes étaient aussi déjà bien matures; avec un équilibre entre résidentiel et activités économiques bien établi; et surtout avec des siècles d’histoire patrimoniale encore en place.
Les années 60 et 70 ont amené leur lot de modernité (Bruxelles a été massacrée architecturalement parlant) ce qui a amené les pouvoir publics à poser encore plus de contraintes quant au développement de grands immeubles.
Il ne faut pas oublier aussi que la plupart des gratte-ciels étaient des immeubles de bureaux; et en Europe cela s’est manifesté par leur apparition dans les grands centres financiers principalement, à Londres; Paris et Frankfort.
Maintenant, depuis les années 90 et 2000; de plus en plus de tours sont mixtes ou résidentielles; la demande pour vivre en ville proche, voire au coeur, de toutes les activités est très forte. La concentration de celles-ci, proche des nœuds de transport continental, supplante la capacité qu’offre le “mid-rise” classique. La mondialisation est aussi passé par là; et la “mode” des tours; ou plutôt son besoin; est quand même apparu un peu partout à travers les grandes villes européennes.
Londres, Paris et Frankfort sont bien connus; la City remplace d’ailleurs un quartier complètement rasé durant la Seconde Guerre Mondiale. Les exemples ailleurs sont néanmoins légion. Le quartier entre les deux gares de Milan est un bon exemple; et bien entendu Citylife. Rotterdam est jonchée de tours. La Hague a son quartier de tours autour de la gare. Même à Amsterdam, près de Amstel mais surtout dans Amsterdam-Sud, il y a des quartiers de tours de verre. Manchester a les siennes autour de la gare; Madrid le long du Paseo de la Castellana… Même Oslo a son lot de high-rises en son coeur; là aussi autour de la gare (le Barcode Project est très très réussi). Varsovie a une des tours les plus élevées d’Europe… et j’en passe. Le marché des high-rises émerge un peu partout en Europe.
Pour revenir à Montréal; je ne pense pas que la limite à 200m soit une mauvaise chose; même si on devrait rester ouverts à de possible dérogations pour des projets de très, très haute qualité, par pragmatisme. Par contre; je crois qu’affirmer que Montréal n’a pas le gratte-ciel dans son histoire et ADN est faux. Son centre-ville actuel a été érigé autour de ces bâtisses, en commençant par le Sun Life et la tour de la Banque Royale.
Je ne pense pas que nombreux soient les gens qui demandent à ce qu’on mette des tours dans le Vieux ou sur le Plateau. Par contre; la demande pour des bâtiments plus haut que le 80 ou 120 mètres semble être là; et personnellement je prendrai bien volontiers des projets un peu plus hauts mais moins bulky que ce qui pousse le long de René-Levesque. Et quand je parle de demande; c’est vraiment un besoin exprimé par le marché de construire en hauteur; principalement des logements de surcroit; dans le centre-ville d’où radie l’essentiel de nos infrastructure de transport.
Je ne sais pas si la demande pour de tels buildings va continuer longtemps; mais à un moment la question d’un rezonage risque de se poser pour des quartiers périphériques au centre-ville. La hauteur des buildings n’est pas qu’un orgueil humain face à la nature ou à la gravité; c’est un outil de densité, que ce soit d’activités ou de population. Plus Montréal croîtra et plus le monde s’urbanisera; plus le tissu devra être dense pour répondre à cette demande.