Le Service de sécurité incendie de Montréal (SIM) s’inquiète du risque d’incendie au centre de tri dont Québec vient de révoquer le permis. Les pompiers assurent avoir préparé un plan d’intervention au cas où un brasier surviendrait dans ce secteur situé près des raffineries.
Résumé
Centre de tri délinquant Le SIM « préoccupé par les risques » d’incendie
PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE
Le centre de Service 3R Valorisation
Le Service de sécurité incendie de Montréal (SIM) s’inquiète du risque d’incendie au centre de tri dont Québec vient de révoquer le permis. Les pompiers assurent avoir préparé un plan d’intervention au cas où un brasier surviendrait dans ce secteur situé près des raffineries.
Publié à 1h37 Mis à jour à 6h00
Henri Ouellette-Vézina La Presse
« Nous sommes préoccupés par les risques associés à la situation actuelle », convient le chef de la division des communications au SIM, Guy Lapointe.
Plus tôt vendredi, La Presse avait rapporté que le ministère de l’Environnement a révoqué l’autorisation qui a permis à Service 3R Valorisation d’exploiter pendant des années un centre de tri, à Montréal-Est. Québec a ainsi interdit officiellement à l’entreprise d’exploiter dans la province un centre de tri de débris de construction ou de démolition à cause de manquements environnementaux répétés au fil des ans.
Or, le terrain a toujours des allures de dépotoir. Des montagnes de résidus – dont la hauteur frôle par endroits 10 mètres – couvrent aujourd’hui la totalité de ce site de 10 000 m2, situé à un jet de pierre d’une raffinerie de Suncor.
Sans s’avancer avec précision sur ses actions, que le SIM garde secrètes pour des raisons de sécurité, M. Lapointe affirme qu’en « attendant le retour à la conformité de l’entreposage, des mesures ont été prises pour atténuer les risques, par l’élaboration d’un plan d’intervention visant à contenir un éventuel incendie ».
Ces dernières années, des incendies étaient déjà survenus dans les amas de rebuts du centre de tri et avaient forcé l’intervention des équipes d’Urgence-Environnement. Le 30 août 2020, par exemple, un feu avait pris naissance dans les déchets de construction. Les pompiers avaient alors maîtrisé les flammes, mais l’intervention avait entraîné un écoulement polluant.
À l’Association industrielle de l’Est de Montréal (AIEM), le PDG Dimitri Tsingakis affirme aussi que « la présence de matière combustible représente un risque additionnel pour les entreprises voisines ».
« Nous avons déjà fait part de cette préoccupation aux autorités », soutient-il, en assurant que tous les membres de l’association « ont un plan de mesures d’urgence afin de pouvoir réagir aux situations potentielles qui pourraient survenir sur leur site respectif ».
Au ministère de la Sécurité publique, on note que « la gestion du risque incendie appartient en premier lieu à l’entreprise », celle-ci devant « s’assurer de respecter les normes en vigueur associées au risque incendie ». « Les risques d’incendie majeurs sont connus des autorités et des mesures sont mises en place pour les prévenir ou en réduire les conséquences », assure toutefois le gouvernement.
Des mesures simples
Selon la spécialiste des questions de responsabilité environnementale et des affaires municipales à l’UQAM Danielle Pilette, plusieurs mesures simples existent pour protéger les secteurs industriels d’incendies. Et il faut les multiplier autant que possible.
« J’espère que c’est déjà dans leur plan de contingence, mais les risques, on peut les atténuer en exigeant des mesures séparatrices pour l’entreposage extérieur. Ça peut être par exemple la construction d’un fossé ou l’arrosage des débris avec certains produits qui les rendent ignifuges », explique-t-elle.
À ses yeux, encore trop d’entreprises et même de municipalités ne prennent pas leurs responsabilités en cette matière au Québec. « Le réflexe sécurité n’est pas encore acquis partout, ça, c’est clair. On n’est pas suffisamment prudent », estime Mme Pilette.
Elle s’explique notamment la situation par le fait que « le traitement des matières résiduelles vient avec un défi important, c’est-à-dire qu’on n’a pas beaucoup de marché au Québec ». « Disons que ça n’incite pas les entreprises qui traitent ces matières à bien se comporter, puisqu’elles-mêmes, au bout du compte, elles ne sont pas tout à fait certaines d’avoir des débouchés », conclut l’experte.
Avec Ulysse Bergeron, La Presse