Un million de kilogrammes : c’est le poids d’environ 160 éléphants et celui de la quantité de plastique vierge utilisée en 2023 par Plastiques GPR pour fabriquer des fioles de médicaments qui sont distribuées en pharmacie. Pour accroître leur circularité, l’entreprise a mis sur pied un projet-pilote qu’elle souhaite voir s’étendre à l’échelle du Québec.
Résumé
Planète bleue, idées vertes Petite fiole deviendra bac
PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE
Si tous les clients rapportaient leurs contenants de médicaments, on estime qu’environ 1300 kg de plastique pourrait être recyclé annuellement… pour chaque pharmacie à moyen débit !
Un million de kilogrammes : c’est le poids d’environ 160 éléphants et celui de la quantité de plastique vierge utilisée en 2023 par Plastiques GPR pour fabriquer des fioles de médicaments qui sont distribuées en pharmacie. Pour accroître leur circularité, l’entreprise a mis sur pied un projet-pilote qu’elle souhaite voir s’étendre à l’échelle du Québec.
Publié à 1h34 Mis à jour à 6h00
Les fioles de médicaments sont les seuls objets à usage unique que fabrique Plastiques GPR, qui se spécialise dans le moulage par injection. De son usine située à Saint-Félix-de-Valois, dans Lanaudière, sortent des pièces utilisées dans les trains, les réacteurs d’avion et les systèmes d’épuration des eaux, ainsi que des bacs de récupération et plusieurs millions de fioles de médicaments par année.
« Dès le premier jour, on a voulu fabriquer des pièces durables. On ne fait aucun emballage, aucune pièce à usage unique, c’est un filtre à l’entrée chez nous », affirme Gino Belleville, copropriétaire de Plastiques GPR. Mais il y a ces millions de fioles, des contenants en polypropylène robuste, qui ont le potentiel d’être réutilisées, mais qui, dans les faits, le sont rarement. Les pharmaciens évoquent des raisons de logistique, de sécurité et d’hygiène depuis la pandémie de COVID-19.
Consultez notre article sur la réutilisation des fioles de médicaments paru en mai
Ces pots peuvent certes être déposés dans le bac de récupération, mais en raison de leur petite taille, ils peuvent passer entre les mailles du filet au centre de tri, notamment les bouchons lorsqu’ils sont détachés des contenants. Récupérer ce plastique à la source, quand il est propre et non contaminé par d’autres matières, c’est la solution que voit Plastiques GPR.
Il y a quelques années, le fabricant a lancé un projet-pilote de récupération de fioles dans deux pharmacies de Saint-Félix-de-Valois. Interrompue par la pandémie, l’initiative a été relancée en novembre dernier à la pharmacie Maxime Martineau, affiliée à Familiprix, qui y a vu une façon de répondre à la demande de sa clientèle.
Avant la COVID, on réutilisait les fioles pour les médicaments d’un même patient. Maintenant, on doit manipuler le moins possible les choses qui viennent de l’extérieur.
Sarah Sigouin, technicienne en laboratoire et responsable du projet de récupération
Considéré comme une pharmacie à moyen débit, l’établissement sert entre 300 et 500 ordonnances par jour, ce qui représente presque autant de fioles. Depuis le lancement du projet, une quinzaine de fioles sont récoltées en moyenne quotidiennement dans un bac de récupération, fabriqué à partir de plastique recyclé provenant de fioles usagées.
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Le projet-pilote de récupération de fioles de Plastiques GPR a été relancé en novembre dernier en collaboration avec la pharmacie Maxime Martineau, affiliée à Familiprix.
Cela représente une collecte de 47 kg de plastique annuellement. Si tous les clients rapportaient leurs contenants, on estime qu’environ 1300 kg de plastique pourrait être recyclé. C’est bien peu en comparaison du million de kilogrammes de plastique vierge utilisé par Plastiques GPR. Mais, pour le fabricant, c’est un premier pas.
Un processus simple, mais non sans défi
Récupérées chaque mois par un de ses employés, les fioles sont transportées à l’usine pour y être transformées. Le procédé est simple et assez peu énergivore, explique Gino Belleville : « C’est purement mécanique. Des broyeurs vont concasser ces pièces en petites granules et après, on vient les transformer de nouveau. »
Ce plastique ne peut être utilisé dans la fabrication de nouvelles fioles, puisque celles-ci doivent provenir d’un matériau certifié. Néanmoins, les débouchés sont nombreux.
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Karine Côté et Gino Belleville à l’usine de Plastiques GPR à Saint-Félix-de-Valois
On pourrait faire plein d’autres produits parce que c’est un matériel de très haute qualité, à condition qu’il ne soit pas contaminé avec un morceau de journal, de boîte de pizza, un peu de pepperoni.
Gino Belleville, copropriétaire de Plastiques GPR
Après un peu plus de six mois, le projet est toujours dans sa phase d’expérimentation. Plusieurs défis ont été notés en vue d’un déploiement à plus grande échelle, notamment l’espace restreint en pharmacie pour l’installation d’un bac de récupération, la logistique de transport, le coût du recyclage et l’obligation de confidentialité à laquelle sont tenus les pharmaciens en vertu de la loi 25.
Avant de déposer leurs fioles dans le bac, les clients doivent donc retirer toute étiquette contenant leurs informations personnelles. « On ne veut pas que le nom du patient se retrouve sur le pot qui a été mis dans le bac parce qu’il n’y a pas moyen de certifier que c’est confidentiel, précise Sarah Sigouin. On se retrouve avec 10 à 15 % des pots avec l’étiquette dessus. C’est quand même beaucoup, mais on essaie de conscientiser les gens. »
Conscient de l’effort demandé aux pharmaciens, M. Belleville estime que leur implication est nécessaire. Il a entamé des discussions avec de grandes enseignes pour voir de quelle façon le projet pourrait être déployé à plus grande échelle et comment le transport des fioles pourrait se faire par l’entremise du réseau de distribution existant.
« Ce n’est pas un projet qui est viable présentement, dit-il. On a lancé un galet dans l’eau pour voir ce que ça pouvait faire, mais ça nous prend la participation de plus de pharmacies pour qu’on puisse y arriver. » De même qu’un éventuel partage des coûts entre les différents acteurs et un plus grand intérêt pour le plastique recyclé.