La Banquise achetée par Ashton!
Ăa me surprend comment la Banquise est une grosse Ă©quipe, avec 100 employĂ©s!
Ashton au complet câest 650, pour 23 restaurants.
Réouverture de Juliette et Chocolat
ĂvĂšnement Tous dans la mĂȘme assiette | Lâ« Ă©tonnante » identitĂ© culinaire de MontrĂ©al
PHOTO FOURNIE PAR FUGAZZI
Cette pizza Ă la viande fumĂ©e sâest dĂ©jĂ trouvĂ©e sur le menu du Fugazzi.
Pizza « napolitaine » au smoked meat, plat de chou-fleur au doenjang et fromage de Charlevoix, tacos au boudin, Ă la courge et Ă la pomme du QuĂ©bec⊠Bienvenue Ă MontrĂ©al, oĂč nous avons « un appĂ©tit pour lâĂ©tonnant » !
Mis Ă jour hier Ă 11h00
Ăve Dumas
LA PRESSE
Le 1er novembre, plus de 200 membres de lâindustrie des mĂ©tiers de bouche â chefs, sommeliĂšres, restaurateurs, journalistes, chercheuses et autres â se sont rĂ©unis au Centre PHI Ă lâoccasion de lâĂ©vĂšnement Tous dans la mĂȘme assiette, qui en Ă©tait Ă sa troisiĂšme annĂ©e.
Il a beaucoup Ă©tĂ© question de lâidentitĂ© culinaire de la mĂ©tropole, qui a plus que jamais une volontĂ© de se positionner comme capitale gourmande dâAmĂ©rique du Nord sous lâimpulsion de lâOffice montrĂ©alais de la gastronomie (OMG), créé en 2021.
MontrĂ©al est une ville oĂč on mange vraiment bien. Cela ne fait plus aucun doute et notre rĂ©putation nous suit maintenant un peu partout dans le monde. Mais MontrĂ©al est aussi une ville un peu rebelle et allergique aux Ă©tiquettes (et aux Ă©toiles !). Les tentatives de circonscrire la foisonnante identitĂ© culinaire de la mĂ©tropole se soldent gĂ©nĂ©ralement davantage par une liste de pratiques, dâattitudes et de philosophies que par une Ă©numĂ©ration de plats prĂ©cis.
PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE
Ăvidemment, le smoked meat vient Ă lâesprit lorsquâon parle de MontrĂ©al.
Certes, nous avons quelques emblĂšmes bien concrets comme le bagel, la viande fumĂ©e et les Ă©pices Ă steak de MontrĂ©al, entre autres, mais ce qui ressort avant tout est la diversitĂ©, lâouverture, la crĂ©ativitĂ©, la bonne ambiance, le cĂŽtĂ© dĂ©contractĂ© et dĂ©complexĂ© de notre gastronomie, entre autres.
Cela dit, il ne faut pas non plus avoir peur des clichĂ©s, dĂ©clare StĂ©phanie Laurin, directrice de lâOMG.
Quand on arrive Ă Lisbonne, on a les sardines et les natas directement dans le front ! Les clichĂ©s sont importants comme premier niveau dâaccĂšs Ă notre gastronomie. Il faut les embrasser, mĂȘme sâils ne nous dĂ©finissent Ă©videmment pas totalement.
â StĂ©phanie Laurin, directrice de lâOffice montrĂ©alais de la gastronomie
Montréal, ville plurielle
LâOMG se penche sur la question de lâidentitĂ© culinaire depuis sa crĂ©ation, en 2021. LâannĂ©e derniĂšre, Ă pareille date, AmĂ©lie Masson-LabontĂ©, historienne culinaire fondatrice de lâentreprise Storica, nous avait prĂ©sentĂ© quelques rĂ©sultats prĂ©liminaires dâun projet rĂ©alisĂ© dans le cadre dâune entente entre la SociĂ©tĂ© du rĂ©seau des Ă©conomusĂ©es et lâOMG. Un an plus tard, toujours Ă Tous dans la mĂȘme assiette, elle a rĂ©vĂ©lĂ© les facteurs et les indicateurs de « montrĂ©alitĂ© » qui sont ressortis de ses recherches et consultations.
« Ă partir de la seconde moitiĂ© du XIXe siĂšcle jusquâau dĂ©but du XXe, les grandes villes de la cĂŽte Est comme MontrĂ©al, New York et Boston voient dĂ©ferler des vagues migratoires assez similaires : des milliers dâIrlandais fuyant la famine, des Chinois cantonais Ă la recherche de travail, des Juifs fuyant les pogroms en Europe de lâEst et des Italiens, chassĂ©s par le climat instable suivant lâunification lâItalie. Culinairement parlant, on est en droit de se demander ce qui distingue vraiment MontrĂ©al des autres grandes villes du nord de lâAmĂ©rique. Son caractĂšre français certainement, mais aussi la façon dont les cultures culinaires juives, chinoises ou italiennes par exemple commencent Ă sâhybrider au fil du temps, entre elles et avec les spĂ©cialitĂ©s dâici. »
MontrĂ©al est donc une ville Ă la fois francophone et plurielle, câest une ville festive, ouvriĂšre et populaire, innovante, gourmande et crĂ©ative. Ce nâest pas pour rien que la nouvelle signature proposĂ©e par lâOMG, dĂ©veloppĂ©e avec la firme LG2, est « MontrĂ©al, un appĂ©tit pour lâĂ©tonnant ».
Pendant lâannĂ©e, lâinspirĂ©e et dynamique stratĂšge Lily BarriĂšre Groppi (LG2) a animĂ© des ateliers avec un grand nombre dâacteurs du milieu (dont lâautrice de ces lignes) pour en arriver Ă ce positionnement qui sert avant tout Ă dĂ©velopper un vocabulaire commun autour de notre unicitĂ©.
PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE
Ces populaires dumplings du restaurant 9 Tail Fox, rue Notre-Dame Ouest, farcis aux champignons et au parmesan, baignent dans une sauce yuja coréenne.
Enfin, les MontrĂ©alais commencent Ă comprendre Ă quel point lâĂ©clatement de leurs traditions de bouche sont une chance plutĂŽt quâun manque. Il permet lâexpression de soi avant tout. Chez nous, aucune hĂ©rĂ©sie culinaire nâest possible (sauf celle dâĂȘtre fade !), ce qui nâest pas le cas dans bien dâautres cultures. Parlez-en Ă Tommaso Melilli, un jeune chef de la « nouvelle cuisine italienne » qui a scandalisĂ© les purs et durs avec ses classiques rĂ©inventĂ©s.
Les traditions, un frein
Les traditions, si elles sont source de fiertĂ©, peuvent devenir un sĂ©rieux frein Ă la crĂ©ativitĂ©. Nous envions souvent les recettes plusieurs fois centenaires, voire millĂ©naires, de la Chine, de lâItalie, du Moyen-Orient, etc. Et certes, les premiĂšres pĂątes alla carbonara, cacio e pepe et allâamatriciana que lâon peut dĂ©guster lors dâun sĂ©jour Ă Rome sont dĂ©licieuses. Mais mangez la mĂȘme cuisine plusieurs repas de suite et, si vous ĂȘtes montrĂ©alais, vous aurez rapidement envie dâun cari thai, dâun falafel ou dâun cafĂ© de spĂ©cialitĂ©. MĂȘme les meilleures pizzas romaines ou napolitaines de notre mĂ©tropole ont peu Ă envier Ă celles dâItalie, foi dâune journaliste qui arrive tout juste dâune grande virĂ©e de pĂąte et de fromage Ă Rome et Ă Naples.
PHOTO DOMINIQUE LAFOND, FOURNIE PAR LARRYS
Le spaghetti au maquereau du chef Marc Cohen est un hybride entre la bolognaise et la puttanesca. Il rappelle lâimportance quâa le « spag » dans notre culture culinaire dâici.
Lâajout de viande fumĂ©e (la nĂŽtre est dâorigine lituanienne) Ă une pizza napolitaine, une poutine surmontĂ©e de griot haĂŻtien ne sont que deux exemples dâune hybridation qui ne fait sourciller aucun MontrĂ©alais. Le chef britannique Marc Cohen (Larrys et Lawrence) propose depuis plusieurs annĂ©es un spaghetti au maquereau qui nous rappelle Ă quel point le « spag » est important dans notre rĂ©pertoire culinaire depuis lâimmigration des Italiens du Sud Ă partir de la fin du XIXe siĂšcle, jusquâaux annĂ©es 1950. Il remplace la viande hachĂ©e de la bolognaise et les anchois de la puttanesca par un poisson plus local. Et voilĂ quâun nouveau « classique » montrĂ©alais est nĂ© !
Triste nouvelle
La fréquentation des restaurants repart à la baisse
Olivier Zuida, Le Devoir
LâARQ rapporte des baisses dâentre 5 et 10 % de la valeur moyenne des ventes par Ă©tablissement par rapport Ă 2022.
Roxane Léouzon
28 novembre 2023
Ăconomie
Allez-vous moins au restaurant quâavant ? Si oui, vous nâĂȘtes pas seul. Le resserrement des budgets des QuĂ©bĂ©cois commence Ă se faire sentir dans la frĂ©quentation des Ă©tablissements culinaires, qui est Ă la baisse depuis cet Ă©tĂ©.
« Les restaurants sont souvent le canari dans la mine. Quand les gens rĂ©duisent leurs dĂ©penses, on est les premiers Ă en faire les frais », estime Hugues Philippin, propriĂ©taire du restaurant Chic Alors !, Ă QuĂ©bec, et prĂ©sident du conseil dâadministration de lâAssociation Restauration QuĂ©bec (ARQ).
La fin de lâannĂ©e 2022 et le dĂ©but de 2023 avaient pourtant Ă©tĂ© la pĂ©riode de tous les espoirs. LibĂ©rĂ©s des restrictions sanitaires, les clients ont affluĂ© avec une joie nouvelle. Un premier temps des FĂȘtes dĂ©confinĂ© a permis aux restaurateurs de reprendre du poil de la bĂȘte.
« LâannĂ©e 2022 a Ă©tĂ© excellente pour la restauration au complet. CâĂ©tait une renaissance, mes chiffres dâaffaires se sont envolĂ©s », se rappelle Ăric Bieunais, propriĂ©taire des restaurants vĂ©gĂ©taliens Lola Rosa.
Les premiers mois de 2023 ont aussi Ă©tĂ© prometteurs. Les recettes de la restauration commerciale sont revenues au niveau de 2019, selon la compilation du ministĂšre de lâAgriculture, des PĂȘcheries et de lâAlimentation. Cela dit, une partie de ces recettes est due Ă lâinflation du prix des aliments, qui a Ă©tĂ© de 9,1 % dans ce secteur en un an.
« On atteint les chiffres dâavant la pandĂ©mie, mais avec moins de clients », explique M. Philippin.
Les restaurateurs ont aussi dĂ» augmenter les salaires en moyenne de 25,5 % entre 2019 et 2023, selon un sondage de lâARQ auprĂšs de ses membres. Dans ce contexte, leurs marges bĂ©nĂ©ficiaires ont diminuĂ©, affirme lâAssociation.
Et la tendance ne va pas dans le bon sens pour eux. Depuis juin dernier, lâARQ constate des baisses entre 5 et 10 % de la valeur moyenne des ventes par Ă©tablissement par rapport Ă 2022. Câest un ralentissement observĂ© par plusieurs restaurateurs contactĂ©s par Le Devoir.
« Depuis septembre, câest une pĂ©riode difficile. Câest vraiment lent », constate Minh Tran, propriĂ©taire du restaurant de sushis vĂ©gĂ©taliens Ohana, sur lâavenue du Mont-Royal. Elle estime que son entreprise « sâen sort » financiĂšrement, mĂȘme si elle doit dĂ©penser plus dâĂ©nergie pour survivre, dans le contexte oĂč tous les coĂ»ts augmentent.
M. Bieunais entrevoit le mois de dĂ©cembre avec un peu plus dâoptimisme. Le propriĂ©taire du restaurant situĂ© dans le Quartier des spectacles recevra plusieurs Ă©vĂ©nements dâentreprises pour les FĂȘtes, mais il a acceptĂ© des groupes plus petits avec des budgets plus limitĂ©s que lâan dernier. « Est-ce que les gens qui iront au marchĂ© de NoĂ«l, comme les autres annĂ©es, vont se permettre dâaller au resto aprĂšs ? On va le savoir bientĂŽt », souligne-t-il.
Encore endettés
En parallĂšle de ce dĂ©fi, un grand nombre de restaurateurs devront rembourser dâici au 18 janvier les prĂȘts octroyĂ©s par le gouvernement fĂ©dĂ©ral pendant la pandĂ©mie de COVID-19. Par le biais du Compte dâurgence pour les entreprises canadiennes, ils sont nombreux Ă avoir obtenu un prĂȘt de 60 000 $, dont le tiers sera converti en subvention sâils remboursent 40 000 $ avant la date limite. Mais selon lâARQ, qui demandait une prolongation dâun an, plusieurs dâentre eux ne rĂ©ussiront pas.
M. Bieunais estime quâil rĂ©ussira la manoeuvre pour lâun de ses deux restaurants, grĂące Ă de lâargent personnel quâil investira. Mais pour le deuxiĂšme, ce ne sera pas possible. Il perdra donc 20 000 $ et devra payer en trois ans lâentiĂšretĂ© de son prĂȘt avec un taux dâintĂ©rĂȘt de 5 %, selon les modalitĂ©s annoncĂ©es par le gouvernement.
CopropriĂ©taire du restaurant Au Poulet Nouveau, Ă Mascouche, Jacques GariĂ©py rapporte de son cĂŽtĂ© quâil devra emprunter de lâargent Ă la banque pour payer le gouvernement avant le 18 janvier.
Dans ce contexte, certains restaurateurs prendront peut-ĂȘtre la dĂ©cision de fermer boutique. Dâailleurs, le nombre dâĂ©tablissements Ă©tait en juillet Ă son plus bas niveau depuis le dĂ©but de la pandĂ©mie, ayant chutĂ© de 576 en six mois pour se situer Ă 17 398.
JâĂ©tais Ă Barcelone cet Ă©tĂ©, un repas Ă deux avec bouteille de vin 45EUR Total (grosse portion et vin tres bon)
Ici câest minimum 100$ par personne, you do the math I am a good cook, I will eat in.
Effectivement, quand je sors au restaurant maintenant, je prévois entre 80 et 100$ par personne. Pas moins.
Je suis certain que les restaurateurs ne sâen mettent pas plein les poches, il y a probablement une longue liste de prix qui ont explosĂ©s pour eux Ă plusieurs niveaux. Mais au final, peu importe la raison, câest un luxe de manger au restaurant.
Dans ces conditions, il faut que lâexpĂ©rience soit bonne. Certains restaurants contrĂŽlent les prix avec de plus petites portions⊠à mon avis une erreur, on ne retourne pas dans un restaurant oĂč on a lâimpression de ne pas profiter dâun plat. Jâai essayĂ© plusieurs nouveaux restaurants cette derniĂšre annĂ©e et de nombreux tombent dans ce piĂšge. Alors que quand on sâattend Ă dĂ©penser, mieux vaut payer un peu plus et ĂȘtre vraiment satisfait.
LâEspagne est probablement le pays europoĂ©en oĂč jâai payĂ© le moins pour un repas. Jâavais voyagĂ© en Italie lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente et câĂ©tait plus cher.
Le pire câest la NorvĂšge. En 2015, les sandwichs bien ordinaires me coĂ»taient lâĂ©quivalent de 20 euros.,
Ăa ne compte pas trop, mais cet Ă©tĂ©, pour 10$CAD jâai pu avoir une assiette de viandes si pleine que je nâai pas pu la finir (ça ne mâĂ©tait jamais arrivĂ© dans un restaurant), ainsi que deux verres de biĂšre artisanale, sauf que câĂ©tait dans une petite ville perdue au centre de la Roumanie.
Ă MontrĂ©al, jâai pratiquement Ă©liminĂ© mes repas dans les restos, mais je continue de les frĂ©quenter pour la biĂšre et lâambiance. Câest bien moins chĂšre et ça permet de continuer Ă profiter de ce luxe.
Salaire minimum. Taux de chomage au plancher.
On ne peut pas avoir le beurre et lâargent du beurre.
Je comprends que les restaurants ont dĂ» augmenter les prix pour faire face Ă lâinflation galopante. Mais oĂč ça commence Ă faire plus mal câest que cela fait aussi automatiquement augmenter les taxes. Et comme si ce nâĂ©tait pas assez, le 15% de pourboire Ă la fin est aussi poussĂ© Ă la hausse. Donc le client doit absorber trois hausses dans une mĂȘme facture. Nul nâest besoin de dire que ça paraĂźt.
Heureusement, nâayant pas de voiture, ne voyageant pas beaucoup et ayant une consommation trĂšs modĂ©rĂ©e, je peux me permettre dâaller au resto et profiter de ce petit plaisir. Mais câest surtout que je trouve essentielle la prĂ©sence de restos et de petits commerces afin dâavoir une ville dynamique avec une vitalitĂ© et de lâanimation urbaine plaisante, attirante et excitante.
Petit reportage sur les « diners »
Ătant dans lâindustrie depuis 14 ans, je peux offrir une diffĂ©rente perspective.
Nos salaires moyens ont augmentĂ© considĂ©rablement entre 2019 et 2021. Par exemple, quand jâĂ©tais au Foiegwa en 2019 on me payait 20$/h. En 2021 câĂ©tait passĂ© Ă 24$/h. Les propriĂ©taires ont du faire des efforts titanesques pour ramener les employĂ©s fidĂšles au poste, les autres ayant accrochĂ© leur tablier.
Ensuite, le prix de la nourriture a explosĂ©. Lâexemple que je ramĂšne constamment est celui de lâhuile de canola. Un bidon de 16 litres est passĂ© de 30$ Ă 65$. Ăa peut paraĂźtre stupide de compter lâhuile de friture dans ton food cost, mais au final câest principalement des pertes immenses pour un restaurant.
TroisiĂšmement, pour quâun plat soit âprofitableâ, le prix de vente doit ĂȘtre entre 3 et 7 fois son prix de production. Donc oui, un demi magret de canard Ă 45$ peut sembler cher, mais il faut compter le prix des produits, le temps de transformation, la main dâoeuvre sans compter les imprĂ©vus en cours de route (par exemple un fournisseur qui livre un produit pĂ©rimĂ© et croyez moi ça arrive plus souvent quâon le croit).
Pour ce qui est des pourboires, ce nâest pas mon expertise car je travaille en cuisine. Mais je peux vous dire quâun bartender peut se permettre de travailler 3 soirs par semaine et de faire plus dâargent que moi qui fait 5 soirs par semaine.
En conclusion, bien sĂ»r aller au restaurant sera toujours un luxe, mais il faut comprendre la rĂ©alitĂ© derriĂšre aussi. Câest Ă©normĂ©ment de travail pour peu de marges de profit.
Je croyais que la plupart des endroits avaient établi une formule de partage des pourboires de façon égale entre serveurs, barmans et cuisiniers ?
Absolument pas. Câest propre Ă chaque Ă©tablissement dâĂ©tablir ce genre de convention ou non, rien ne les y oblige.
je crois dâailleurs que lâAssociation Restauration QuĂ©bec milite pour changer la loi Ă ce sujet, pour permettre le partage des pourboires au niveau de la Loi sur les normes du travail. Sinon, câest selon le bon-vouloir des employĂ©s en salle.
Pawpaw : la « mangue du Nord » qui pousse au Québec
par Alexis Boulianne et Marie-Claude Montambault
Publié le 23 novembre 2023
Un fruit au goĂ»t de banane, de mangue et mĂȘme de crĂšme brĂ»lĂ©e pousse ici au QuĂ©bec. Il sâagit de lâasimine, mais on lâappelle plus communĂ©ment pawpaw. Ce fruit indigĂšne de lâAmĂ©rique du Nord connaĂźt depuis peu un fort engouement grĂące Ă une communautĂ© grandissante dâirrĂ©ductibles.
Le pawpaw a la forme et lâaspect dâune mangue. Il pousse depuis des millĂ©naires dans les forĂȘts de lâest des Ătats-Unis et en Ontario, Ă la vue de tout le monde, mais il a sombrĂ© dans lâoubli de nos habitudes alimentaires au dĂ©but du 20e siĂšcle.
Son arrivĂ©e au QuĂ©bec ne remonte vraisemblablement quâĂ quelques dĂ©cennies, tout au plus, et est due Ă une poignĂ©e dâadeptes.
« Ăâa Ă©tĂ© le coup de foudre »
Zacharie Roy, 21 ans, sâest intĂ©ressĂ© au pawpaw parce quâil se passionne pour les fruits exotiques et rares.
Quand je suis allĂ© au Costa Rica il y a quelques annĂ©es, je me suis dĂ©couvert un intĂ©rĂȘt pour les fruits spĂ©ciaux. AprĂšs, jâai fait des voyages en Asie spĂ©cialement pour y dĂ©couvrir des fruits originaux.
Zacharie Roy
En revenant au QuĂ©bec, Zacharie se donne la mission de dĂ©couvrir les fruits mĂ©connus dâici. Câest lĂ quâil fait la rencontre du pawpaw. Ăâa Ă©tĂ© le coup de foudre! sâexclame-t-il.
Et depuis, il veut faire goĂ»ter le fruit au plus de gens possible. Pour cela, il organise des voyages de cueillette de pawpaws dans le nord-est des Ătats-Unis. Cette annĂ©e, il a fait six allers-retours dans son camion rĂ©frigĂ©rĂ© pour ramener plus de 6000 fruits.
Zacharie Roy organise des voyages aux Ătats-Unis pour ramener des pawpaws et en faire la vente au QuĂ©bec.
Zacharie Roy organise des voyages aux Ătats-Unis pour ramener des pawpaws et en faire la vente au QuĂ©bec. | Photo : GracieusetĂ© : Zacharie Roy
Il en a profité pour visiter des événements consacrés au précieux fruit, comme le festival du pawpaw à Albany, en Ohio, qui en était à sa vingt-cinquiÚme édition cette année et qui a attiré plus de 10 000 personnes.
Câest vraiment dans le nord-est des Ătats-Unis que câest plus connu et quâil y en a plus, mentionne-t-il. Soit je vais chercher des pawpaws chez des cultivateurs, soit je fais de la cueillette sauvage. Ăa, câest vraiment le fun.
Avec lâaide de pĂ©piniĂ©ristes comme Olivier Ross du Verger PĂ©piniĂšre Bord-du-Lac, Ă LâĂle-Bizard, il organise ensuite des dĂ©gustations gratuites(Nouvelle fenĂȘtre), et les gens qui le veulent peuvent acheter des fruits ou mĂȘme des plants afin de faire pousser la mangue du Nord chez eux.
Comme Zachary et Olivier, Vincent Renaud souhaite transmettre Ă grande Ă©chelle la passion du pawpaw. Ce pĂšre de famille est en voie de planter une centaine dâarbres sur sa terre pour en rĂ©colter. Je suis tombĂ© amoureux de ce fruit-lĂ , dit-il en regardant ses petits arbres, dâĂ peine un mĂštre de haut, onduler dans le vent.
Vincent Renaud est un passionnĂ© dâarbres, mais son intĂ©rĂȘt pour lâasiminier trilobĂ© ne remonte quâĂ quelques annĂ©es. Il a créé une communautĂ© dâadeptes du pawpaw sur les rĂ©seaux sociaux et veut cultiver une centaine dâasiminiers sur sa terre, Ă Farnham.
Vincent Renaud est un passionnĂ© dâarbres, mais son intĂ©rĂȘt pour lâasiminier trilobĂ© ne remonte quâĂ quelques annĂ©es. Il a créé une communautĂ© dâadeptes du pawpaw sur les rĂ©seaux sociaux et veut cultiver une centaine dâasiminiers sur sa terre, Ă Farnham. | Photo : Radio-Canada / Alexis Boulianne
Son but : acclimater les plants de pawpaws au QuĂ©bec, qui est situĂ© encore plus au nord. Le prochain dĂ©fi, ce nâest pas juste de faire survivre les arbres, câest aussi dâavoir des fruits qui vont mĂ»rir, juge-t-il.
Câest une des raisons qui lâa poussĂ© Ă crĂ©er un groupe Facebook rĂ©servĂ© au partage de connaissances sur le pawpaw ainsi quâĂ lâĂ©change de semences et de petits plants.
Plus on en plante, plus on va en dĂ©couvrir qui vont ĂȘtre mieux adaptĂ©s Ă la culture au QuĂ©bec. Mon but premier, en plus de manger des fruits dĂ©licieux Ă lâinfini, câest de pouvoir en trouver un qui va ĂȘtre un champion.
Vincent Renaud, horticulteur amateur
GrĂące Ă des plateformes comme celle de son groupe Facebook, lâintĂ©rĂȘt pour le pawpaw a explosĂ© au QuĂ©bec. JusquâĂ il y a deux ans, câĂ©tait une poignĂ©e de personnes qui connaissaient son existence, affirme Vincent. Maintenant, câest plusieurs milliers qui peuvent en demander Ă leur pĂ©piniĂšre, en planter chez eux. Ăa va grossir de plus en plus.
Le pawpaw doit ĂȘtre cueilli Ă un Ă©tat de mĂ»rissement presque complet, sinon il est amer, mais pas trop mĂ»r, car il peut sâabĂźmer facilement. - Radio-Canada / Alexis Boulianne
Un fruit délicieux, mais capricieux
Par une belle journĂ©e du mois de mai, dans la cour arriĂšre de sa maison, en plein cĆur de MontrĂ©al, Julien Ghannoum prend un minuscule pinceau attachĂ© au bout dâun bĂąton et lâapproche dâune fleur dâun bourgogne profond, presque brun. Il brosse dĂ©licatement son pistil et dĂ©pose le prĂ©cieux pollen dans un pot.
Les recherches ont montrĂ© quâĂ lâĂ©tat sauvage, le pawpaw a un taux de fructification de 1 Ă 2 %, maximum. Je vais donc rĂ©colter le pollen dâune fleur mĂąle et le porter sur une fleur femelle dâun autre arbre â ça prend deux cultivars diffĂ©rents pour les polliniser, explique-t-il.
Il y a une quinzaine dâannĂ©es, Julien a eu la piqĂ»re pour un arbre dont il nâavait jamais entendu parler : le pawpaw. Depuis, il expĂ©rimente dans son petit laboratoire (sa cour arriĂšre) la culture de lâasiminier trilobĂ©.
Dâailleurs, les arbres de Julien ont fourni en graines et en petits plants des dizaines de personnes, qui ont Ă leur tour plantĂ© des pawpaws chez elles ces derniĂšres annĂ©es.
Julien Ghannoum doit polliniser chaque fleur manuellement afin dâaccroĂźtre la productivitĂ© de ses asiminiers. Une fleur contient Ă la fois les organes mĂąle et femelle, mais ceux-ci ne se dĂ©veloppent pas en mĂȘme temps. Du pollen dâune fleur mĂąle doit donc ĂȘtre dĂ©posĂ© sur une fleur femelle dâun cultivar diffĂ©rent afin dâavoir plus de chances de faire un fruit.
Julien Ghannoum doit polliniser chaque fleur manuellement afin dâaccroĂźtre la productivitĂ© de ses asiminiers. Une fleur contient Ă la fois les organes mĂąle et femelle, mais ceux-ci ne se dĂ©veloppent pas en mĂȘme temps. Du pollen dâune fleur mĂąle doit donc ĂȘtre dĂ©posĂ© sur une fleur femelle dâun cultivar diffĂ©rent afin dâavoir plus de chances de faire un fruit. | Photo : Radio-Canada / Alexis Boulianne
Nous retrouvons Julien Ghannoum en octobre, six mois aprĂšs sa patiente pollinisation manuelle. DĂ©sapointĂ©, Julien nous annonce quâil a perdu plusieurs fruits Ă cause du vent. Il pointe aussi le sol, oĂč se trouve un fruit Ă peine mangĂ©, portant sur sa chair la trace des petites dents dâun raton laveur visiblement déçu par son expĂ©rience gustative.
MalgrĂ© tout, Julien est affairĂ© Ă remplir des caisses avec de beaux fruits dodus, dâun vert teintĂ© de jaune et maculĂ© de brun. De la boĂźte Ă©mane une odeur capiteuse de fruits tropicaux, tellement forte quâelle donne le vertige.
Sa rĂ©colte se chiffre en dizaines de kilos, bon an mal an. Pour la conserver, Julien doit se mettre Ă lâouvrage : la chair des fruits mĂ»rs est rĂ©duite en purĂ©e et congelĂ©e.
Il pourra alors lâutiliser plus tard cet hiver dans des recettes de pain aux pawpaws (pensez Ă du pain aux bananes) ou de crĂšme glacĂ©e. Cette derniĂšre est un vĂ©ritable dĂ©lice, en passant, et la recette est disponible sur Mordu!
Le fruit se mange Ă©videmment frais, mais sa pulpe peut aussi ĂȘtre congelĂ©e dans des sacs en plastique ou des pots en verre pour ĂȘtre utilisĂ©e plus tard.
Le fruit se mange Ă©videmment frais, mais sa pulpe peut aussi ĂȘtre congelĂ©e dans des sacs en plastique ou des pots en verre pour ĂȘtre utilisĂ©e plus tard. | Photo : Radio-Canada / Alexis Boulianne
Comment cultiver le pawpaw
On peut faire pousser un asiminier trilobĂ© Ă partir dâune graine, comme lâexplique Julien Gannoum. Choisir un cultivar greffĂ© dâun arbre en production, dĂ©jĂ Ă©tabli et ayant fait ses preuves au QuĂ©bec, accĂ©lĂšre le moment de la rĂ©colte de plusieurs annĂ©es, selon lui. Pour rĂ©colter une plus grande quantitĂ© de pawpaws, il faut planter au moins deux arbres de deux cultivars diffĂ©rents et les polliniser Ă la main. Le pawpaw peut pousser Ă lâombre, mais il produit davantage lorsquâil est exposĂ© au soleil et protĂ©gĂ© du vent. Au QuĂ©bec, les zones appropriĂ©es sont au sud (dont MontrĂ©al, la MontĂ©rĂ©gie, lâOutaouais) et dans la vallĂ©e du Saint-Laurent. Mais les pawpaws peuvent pousser en zone 4 lorsquâils sont protĂ©gĂ©s en hiver.
Pourquoi le pawpaw a-t-il été oublié?
Son histoire est longue et fascinante : des asiminiers trilobĂ©s â le nom de lâarbre Ă pawpaws â ont nourri les mammifĂšres gĂ©ants du continent, dont des paresseux de plus de deux mĂštres de haut et des mammouths, aujourdâhui disparus.
Les premiers peuples ont mangĂ© ses fruits et lâont dissĂ©minĂ©; il a nourri autant des explorateurs que des prĂ©sidents amĂ©ricains, de George Washington Ă Thomas Jefferson. Ce dernier en a mĂȘme plantĂ© dans son domaine.
DâaprĂšs le dĂ©partement amĂ©ricain de lâAgriculture, lâaire de rĂ©partition du pawpaw sâĂ©tend du sud-est des Ătats-Unis jusquâĂ la rĂ©gion mĂ©ridionale de lâOntario, mais cette rĂ©partition naturelle pourrait avoir Ă©tĂ© plus vaste autrefois.
DâaprĂšs le dĂ©partement amĂ©ricain de lâAgriculture, lâaire de rĂ©partition du pawpaw sâĂ©tend du sud-est des Ătats-Unis jusquâĂ la rĂ©gion mĂ©ridionale de lâOntario, mais cette rĂ©partition naturelle pourrait avoir Ă©tĂ© plus vaste autrefois. | Photo : Radio-Canada / Ariane Pelletier
Le pawpaw pousse naturellement en Ontario, mais bien peu de gens ici ont entendu parler de ce fruit dĂ©licieux. La disparition du pawpaw de notre culture culinaire sâexplique entre autres par lâarrivĂ©e dâun compĂ©titeur dâoutre-mer : la banane.
Ă partir des annĂ©es 1880, la banane commence Ă faire son apparition dans le menu amĂ©ricain. Mais, Ă lâĂ©poque, il sâagit dâun fruit rare, exotique⊠et trĂšs cher.
Seuls les riches pouvaient se la payer, indique Julien Ghannoum. Dâailleurs, on appelle le pawpaw âla banane des pauvresâ parce que câĂ©tait un fruit trĂšs utile pour les gens qui nâavaient pas beaucoup dâargent.
Le pawpaw pousse en grappe, et les branches plient sous le poids de ces fruits imposants. - Radio-Canada / Alexis Boulianne
Opération séduction
Trouvera-t-on un jour ce fruit local sur les tablettes de nos Ă©piceries? Les avis de ces amoureux du pawpaw sont partagĂ©s. Pour lâinstant, il est trĂšs rare dây avoir accĂšs, sauf dans les Ă©vĂ©nements comme ceux que Zacharie Roy organise.
Câest fragile; ça se transporte trĂšs mal, explique Julien Ghannoum. Il faut aussi pouvoir convaincre les gens de sâintĂ©resser Ă un fruit qui, esthĂ©tiquement, nâa pas beaucoup de qualitĂ©s. Câest un fruit qui est vert, mais qui devient tachetĂ© de brun, de jaune, et qui nous donne lâimpression de manger un aliment pourri
MalgrĂ© tout, Olivier Ross est optimiste. Il se conserve quand mĂȘme de deux Ă trois jours Ă tempĂ©rature ambiante, ou environ une semaine sâil est rĂ©frigĂ©rĂ©, dit-il. Je suis convaincu quâil pourrait se retrouver dans nos Ă©piceries Ă©ventuellement.
Oui, nos passionnĂ©s persistent et signent : lâavenir du pawpaw est radieux. Il y a de la place dans la gastronomie quĂ©bĂ©coise pour ce fruit sous-exploitĂ©, affirme Julien. Avec les efforts des maraĂźchers, je pense quâon va le dĂ©mocratiser.
Le pawpaw est aussi le sujet de reportages des Ă©missions La semaine verte(Nouvelle fenĂȘtre) et LâĂ©picerie(Nouvelle fenĂȘtre).
Chute des recettes en 2023 | Des restos mangent leurs bas
PHOTO PATRICK SANFAĂON, ARCHIVES LA PRESSE
Le nombre de faillites en restauration au QuĂ©bec a augmentĂ© de 81,2 % entre octobre 2022 et octobre 2023 pour un total de 337 depuis le dĂ©but de lâannĂ©e, selon les donnĂ©es fournies par lâARQ.
La deuxiĂšme portion de 2023 a Ă©tĂ© catastrophique pour de nombreux restaurateurs qui nâhĂ©sitent pas Ă la qualifier de « pire pĂ©riode » quâils aient vĂ©cue. Et le temps des FĂȘtes, moment normalement lucratif, ne leur fera visiblement pas de cadeaux.
Publié à 1h21 Mis à jour à 5h00
NATHAĂLLE MORISSETTE
LA PRESSE
Le nombre de faillites en restauration au QuĂ©bec a augmentĂ© de 81,2 % entre octobre 2022 et octobre 2023 pour un total de 337 depuis le dĂ©but de lâannĂ©e, selon les donnĂ©es fournies par lâAssociation Restauration QuĂ©bec (ARQ).
« Si on oublie la COVID-19, ça va ĂȘtre la pire annĂ©e de mon existence », lance sans dĂ©tour le propriĂ©taire de la brasserie Saint-Bock, Martin Guimond.
Il calcule faire actuellement le quart des ventes enregistrĂ©es en 2019, annĂ©e prĂ©pandĂ©mique. Alors que son Ă©tablissement de la rue Saint-Denis Ă MontrĂ©al fĂȘtera sa 18e annĂ©e dâexistence en avril, M. Guimond nâa pas Ă©tĂ© en mesure de payer son loyer le 1er dĂ©cembre. Une premiĂšre pour lui.
PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE
Le propriétaire de la brasserie Saint-Bock, Martin Guimond
Je nâai jamais manquĂ© un paiement. Jamais. MĂȘme pas de retard. Et lĂ , je ne serai pas capable. Câest humiliant pour moi. Je nâarrive mĂȘme pas Ă y croire.
â Martin Guimond, propriĂ©taire de la brasserie Saint-Bock
Heureusement pour lui, il dit avoir un propriĂ©taire « comprĂ©hensif » quâil rencontrera sous peu afin de « trouver une solution ».
Baisse de la fréquentation⊠et des additions
Les parcomĂštres payants jusquâĂ 23 h du lundi au samedi au centre-ville, la rue Saint-Denis de plus en plus dĂ©sertĂ©e et le budget serrĂ© des consommateurs sont autant de raisons qui contribuent Ă une diminution de lâactivitĂ© au Saint-Bock, selon M. Guimond.
Et il nâest pas le seul Ă compter les tables vides. « Ăa fait huit ans que je suis propriĂ©taire de restaurant et je dirais que câest la plus dure pĂ©riode, Ă©conomiquement parlant, que jâai vĂ©cue en restauration », indique Pierre-Antoine Morency, copropriĂ©taire du Groupe Blanchette Morency qui exploite une dizaine de restaurants dans la grande rĂ©gion de QuĂ©bec (Bossini, Tartar & PokĂ©, Sushi X).
En moyenne, il note une baisse de 15 % Ă 20 % de la frĂ©quentation dans ses salles Ă manger en comparaison avec lâan dernier. Les consommateurs qui continuent malgrĂ© tout de sâattabler au restaurant prĂ©voient vraisemblablement un budget plus modeste pour leur sortie.
Selon lâARQ, pour la pĂ©riode comprise entre juillet et octobre 2023, le montant des transactions rĂ©glĂ©es par carte de dĂ©bit ou crĂ©dit a diminuĂ© dâenviron 5 % Ă 10 % par rapport aux mĂȘmes mois lâan dernier.
Les grandes chaĂźnes ne sont pas non plus Ă lâabri de ce phĂ©nomĂšne. « Je ne cacherai pas quâon trouve ça plus difficile en ce moment, reconnaĂźt Ă©galement Richard Scofield, prĂ©sident et chef de la direction du Groupe St-Hubert. On sent quâil y a un peu moins dâachalandage quâauparavant. Notre clientĂšle nâa pas arrĂȘtĂ© de venir, mais elle vient moins souvent. »
« LâĂ©tĂ© et lâautomne nâont pas Ă©tĂ© bons, confirme le vice-prĂ©sident aux affaires publiques et gouvernementales de lâARQ, Martin VĂ©zina. Oui, il y a eu lâinflation. Mais il faut se rappeler aussi quâon a eu une mĂ©tĂ©o ordinaire. Et les gens, quand ils pensent quâil va pleuvoir tous les jours, ils sortent moins. »
Un Noël sobre
Les consommateurs vont-ils profiter de lâesprit des FĂȘtes pour sortir au restaurant ? Rien nâest moins sĂ»r. Alors que le mois de dĂ©cembre permet normalement aux exploitants de se « faire un coussin » en prĂ©vision de la pĂ©riode creuse de janvier et fĂ©vrier, ceux interrogĂ©s par La Presse ne sâattendent pas Ă battre des records de vente cette annĂ©e.
« On pense que ça va ĂȘtre bien. Mais si je compare Ă lâan passé⊠je ne mâattends pas Ă des augmentations, soutient Richard Scofield. Si on peut maintenir ce quâon avait lâannĂ©e passĂ©e, je serais content. »
Au Saint-Bock, Martin Guimond dit avoir inscrit dans son agenda quatre ou cinq rĂ©servations pour les FĂȘtes. « Rien dâextraordinaire », selon lui.
« Beaucoup de gens nous appellent pour annuler. »
De son cĂŽtĂ©, Pierre-Antoine Morency calcule que ses ventes seront moins bonnes que lâan dernier. « On a vĂ©cu un mois de novembre assez triste. Avec le froid, il faut ĂȘtre motivĂ© pour sortir au restaurant, surtout quand on est serrĂ©. DĂ©cembre, câest plutĂŽt timide aussi. »
Il ajoute toutefois avoir des rĂ©servations pour quelques partys de NoĂ«l. « On a travaillĂ© trĂšs fort dâavance pour aller chercher ces groupes-lĂ . »
Fermetures Ă lâhorizon
AprĂšs les FĂȘtes, les mois Ă venir ne sâannoncent pas plus roses, apprĂ©hende-t-on dans lâindustrie. Beaucoup de restaurateurs qui ont bĂ©nĂ©ficiĂ© du Compte dâurgence pour les entreprises canadiennes (CUEC) pendant la pandĂ©mie ont jusquâau 18 janvier 2024 pour rembourser leur prĂȘt sâils veulent en conserver une partie en subvention.
« Je ne sais pas comment je vais rembourser ça, câest impossible, je ne suis pas capable, confie Martin Guimond. Avec ma comptable, on est en train de discuter pour voir comment on pourrait sâendetter avec la banque. »
PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE
Selon le propriĂ©taire Martin Guimond, la brasserie Saint-Bock vit sa pire annĂ©e en prĂšs de 18 ans dâexistence.
« Je veux le rembourser, mais jâai besoin de temps pour faire ça. Câest le temps qui joue contre nous. Les gens nâont plus dâargent. Ils ne sortent plus. Câest rendu que quand tu vas au restaurant, tu prends deux biĂšres et un hamburger, ça te coĂ»te 50 $. »
Sâil a confiance de pouvoir passer Ă travers la crise, M. Guimond croit toutefois que dâautres tomberont au combat. « Il y a un Ă©crĂ©mage qui va se faire. Au mois de janvier, ça risque de faire trĂšs mal. »
Ă lâARQ, on craint Ă©galement que plusieurs propriĂ©taires dĂ©cident tout simplement de se retirer. « Il y en a qui vont peut-ĂȘtre avoir des choix difficiles Ă faire dans les prochains mois », conclut Martin VĂ©zina.