Environnement et transition écologique

Résumé

Après les toits verts, des « toits bleus » pour lutter contre les changements climatiques

Deux hommes marchent sur un toit recouvert d'eau de pluie.

Le toit bleu intelligent de la firme Enviro-Stewards à Elmira, en Ontario, récupère les eaux pluviales, ce qui réduit les risques d’inondation et diminue les coûts énergétiques de l’édifice.

Photo : Radio-Canada / Hugo Levesque

Publié à 4 h 00 HAE

Vous avez sûrement entendu parler des toits verts, recouverts de plantes pour isoler le bâtiment et absorber les émissions de carbone. Si cette idée gagne en popularité au pays, un nouveau concept pourrait aussi faire des vagues : les toits bleus.

Lors de tempêtes, ce système de toiture intelligent permet d’accumuler les eaux pluviales et de les déverser, de manière calculée, dans des réservoirs, ce qui réduit les risques d’inondation et les coûts de chauffage et de climatisation.

Nos techniques de construction s’améliorent et donc, dans le fond, c’est comme créer une piscine sur le toit.

Une citation de Éric Turcotte, associé principal chez Urban Strategies à Toronto

L’eau entreposée peut ensuite être filtrée, traitée aux rayons ultraviolets et utilisée à d’autres fins. Ça peut servir à ce moment-là soit à l’irrigation, à alimenter les toilettes ou bien certains équipements à l’intérieur du bâtiment, précise l’urbaniste.

Le toit d'un édifice recouvert d'eau.

Le nouveau toit bleu de l’Office de protection de la nature de Credit Valley permet de retenir les eaux pluviales et de les verser dans des réservoirs pour qu’elles soient traitées et utilisées à d’autres fins.

Photo : Office de protection de la nature de Credit Valley

Vendredi, l’Office de protection de la nature de Credit Valley, basé à Mississauga, dévoilera son propre toit bleu intelligent, le premier au Canada à respecter les normes de l’International Code Council, un organisme qui fait la promotion de codes rigoureux pour la sécurité des bâtiments à travers le monde.

L’édifice peut maintenant entreposer jusqu’à 40 000 litres d’eau sur son toit et 5000 litres supplémentaires dans ses réservoirs au sous-sol. Le système, muni d’une station météorologique, peut prédire la quantité de pluie qui tombera lors d’une tempête.

L’eau récupérée dans ses réservoirs servira à alimenter ses toilettes ainsi que son système de chauffage et de climatisation, explique Kyle Vander Linden, conseiller principal en gestion des bassins hydrographiques de l’Office.

L’eau pourrait aussi servir à l’irrigation et peut-être éventuellement, avec les systèmes de traitement appropriés, on pourrait la boire, affirme-t-il.

Un homme sur le toit d'un édifice.

Kyle Vander Linden, conseiller principal en gestion des bassins hydrographiques de l’Office de protection de la nature de la Credit Valley, devant le nouveau toit bleu de l’organisme.

Photo : Office de protection de la nature de Credit Valley

Le projet de l’Office de protection de la nature de Credit Valley a coûté environ 450 000 $, financé en partie grâce à des subventions. La Fédération canadienne des municipalités, Intact Corporation Financière et la Région de Peel, entre autres, ont participé à l’initiative.

Ça a vraiment été tout un travail d’équipe, lance M. Vander Linden.

Le concepteur de ce toit bleu, la firme de consultants Enviro-Stewards, a aussi implanté cette technologie dans son propre édifice à Elmira, une petite municipalité au nord de Kitchener, en Ontario.

Nous avons réduit notre consommation d’eau [municipale] de 56 % en réutilisant l’eau de pluie. Nous avons réduit nos coûts de climatisation de 43 % parce que l’eau qui s’évapore garde le toit plus frais, explique le président Bruce Taylor.

La firme a aussi aménagé dans ses bureaux un mur végétal, irrigué grâce à l’eau récupérée et purifiée. Cette installation permet d’absorber les émissions de carbone et de relâcher de l’oxygène frais.

Un réservoir et un mur végétal.

L’édifice de la firme Enviro-Stewards entrepose l’eau de pluie dans un réservoir. L’eau est ensuite filtrée et traitée avant de servir à alimenter le mur végétal dans ses bureaux, ainsi que ses toilettes.

Photo : Radio-Canada / Hugo Levesque

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Le coût en vaut-il la chandelle?

Au-delà des économies réalisées grâce au toit bleu, le président de la firme Enviro-Stewards souligne que les inondations causées par le refoulement des tuyaux d’eaux pluviales sont l’une des principales causes de réclamations d’assurance commerciale.

Bruce Taylor indique que le nombre de réclamations pour dommages liés aux inondations a doublé en une décennie, citant une étude du Centre Intact d’adaptation au climat. En contrôlant le ruissellement, un toit bleu peut effectivement endiguer les risques d’inondation.

Les tempêtes sont plus fréquentes et plus intenses qu’auparavant. Nos infrastructures municipales ne sont plus toujours capables de les gérer, dit-il.

M. Taylor dit présentement travailler avec un fabricant de charnières de porte pour recouvrir son usine d’un toit bleu. Il souligne que la Ville de Guelph, qui songe aussi à implanter un tel système, utilise déjà de l’eau pluviale pour le nettoyage de ses autobus.

L'urbaniste Éric Turcotte.

Éric Turcotte, associé principal à la firme Urban Strategies à Toronto

Photo : Radio-Canada / Philippe de Montigny

L’urbaniste Éric Turcotte ajoute que, dans la plupart des cas, un toit bleu coûte moins cher qu’un toit vert, qui nécessite plus d’entretien et parfois des travaux structuraux pour pouvoir soutenir le poids du jardin.

Malgré tout, un projet qui coûte des centaines de milliers de dollars peut être difficile à financer pour bien des entreprises et des municipalités, déjà fort endettées.

Chrystal Healy de la Banque de développement du Canada soutient que les entreprises doivent évaluer les options de financement et de subventions et calculer les économies à long terme liées à ce genre d’initiatives.

Il n’y a pas de solution miracle. On n’est pas en train de dire que tout le monde devait installer un toit bleu.

Une citation de Chrystal Healy, vice-présidente adjointe en développement durable corporatif, Banque de développement du Canada

Tant qu’à faire une rénovation, informez-vous auprès de vos experts : est-ce que ça a du sens? Peut-être que c’est une usine qui pourrait recycler l’eau. Est-ce qu’il y a une grande surface asphaltée? Est-ce que ça pourrait aider?, lance-t-elle.

Une toilette dont la chasse d'eau est enclenchée.

L’eau de pluie alimente les toilettes de la firme Enviro-Stewards, à Elmira, en Ontario.

Photo : Radio-Canada / Hugo Levesque

Mme Healy ajoute que certains assureurs envisagent des réductions de prix lorsque leurs clients implantent des solutions, comme un toit bleu, qui réduisent les risques d’inondation.

Chaque entreprise n’est pas à la même place, n’a pas la même réalité, donc c’est pour ça qu’on offre des solutions variées. On veut rencontrer les entreprises où elles sont dans leur parcours, dit-elle.

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On parlait justement de toits bleus pour mieux gérer l’eau de pluie hier lors d’une consultation publique

La promesse d’un monde carboneutre grâce aux énergies renouvelables cache une réalité plus sombre, qui fait rarement la manchette. Il faudra extirper au cours des 30 prochaines années autant de métaux qu’on en a extrait dans toute l’histoire de l’humanité. Verte, la transition énergétique ? La journaliste Celia Izoard sème le doute dans son essai La ruée minière au XXI e siècle.

Résumé

La face sombre de la transition énergétique

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

La course à la carboneutralité repose en partie sur une expansion exponentielle de l’activité minière.

La promesse d’un monde carboneutre grâce aux énergies renouvelables cache une réalité plus sombre, qui fait rarement la manchette. Il faudra extirper au cours des 30 prochaines années autant de métaux qu’on en a extrait dans toute l’histoire de l’humanité. Verte, la transition énergétique ? La journaliste Celia Izoard sème le doute dans son essai La ruée minière au XXI e siècle.

Mis à jour hier à 12h00

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Éric-Pierre Champagne
Éric-Pierre Champagne La Presse

« Quelle multinationale, quel État ne s’est pas engagé à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050 ? D’un bout à l’autre du globe, cette promesse est déclinée dans les conférences de presse, sur les écrans et les prospectus : nous n’émettrons plus de gaz à effet de serre dans trente ans. »

Celia Izoard ouvre son essai en rappelant cet engagement que nous connaissons tous maintenant. Le monde sera carboneutre et la course pour y arriver est déjà commencée. Un tel engouement pour de nouvelles sources d’énergie rappelle d’ailleurs les débuts de l’ère préindustrielle… et la ruée vers les combustibles fossiles.

Ces mêmes combustibles fossiles ont néanmoins provoqué un réchauffement climatique dont l’accélération n’a pas d’égale dans l’histoire de notre planète. Pour y remédier, la seule planche de salut passe par les énergies renouvelables. Le soleil, le vent et l’eau feront fonctionner nos sociétés grâce aux panneaux solaires, aux éoliennes et autres barrages hydroélectriques.

Exit les véhicules à essence, qui seront remplacés par des modèles électriques. En parallèle, le monde se tourne plus que jamais vers le numérique : téléphones, écrans, montres et autres gadgets dont les ventes grimpent année après année.

Or, cette nouvelle révolution industrielle ne pourra se concrétiser sans multiplier l’extraction de métaux à des niveaux sans précédent dans l’histoire de l’humanité.

Celia Izoard signale notamment qu’une éolienne de 3 mégawatts d’environ 120 mètres de haut contient 3 tonnes d’aluminium, 2 tonnes de terres rares, 4,7 tonnes de cuivre, 335 tonnes de fer et 1200 tonnes de béton.

Selon diverses analyses, il faudrait extraire jusqu’à 28 fois plus de cuivre, 74 fois plus de nickel et multiplier par 1000 la production de lithium pour atteindre les objectifs de carboneutralité. Peut-on réellement parler d’énergies renouvelables si celles-ci reposent sur l’expansion des activités minières et leurs ressources non renouvelables, dont le bilan environnemental laisse souvent à désirer ?

Car malgré les promesses de l’industrie, la mine « verte » n’existe pas, affirme l’auteure. Des promesses dénoncées entre autres par SystExt, une association française qui s’intéresse aux impacts des activités minières.

C’est le principal problème : malgré ses gains en efficacité, la mine du XXIe siècle est vouée à devenir de plus en plus polluante et consommatrice de ressources.

Celia Izoard, dans son essai La ruée minière au XXI e siècle

« Quel que soit le pays, quelle que soit la réglementation en vigueur pour exploiter des gisements qui ne contiennent plus que quelques grammes d’or ou quelques centaines de grammes d’argent par tonne de roche, il faut nécessairement plus d’eau, plus d’énergie, plus de produits chimiques. Plus la teneur des gisements baisse, plus la mine est polluante », écrit Celia Izoard.

L’ouvrage a le mérite de soulever des questions pratiquement inexistantes dans le débat public. C’est l’éléphant dans la pièce dont personne ne parle : nos modes de consommation sont-ils viables à long terme ? « L’histoire des transitions s’est révélée être une histoire d’additions, écrit l’auteure. D’une certaine manière, la transition est une promesse qui a déjà été faite deux fois et qui, dans les deux cas, s’est soldée par une consommation accrue des richesses du sous-sol. »

Extrait

« Dire que la transition énergétique consiste à passer des énergies fossiles aux énergies renouvelables élude une réalité matérielle lourde de conséquences. La transition implique en fait de passer des énergies fossiles aux métaux, lesquels ne sont pas renouvelables. […] D’ici à 2050 on estime que, pour respecter les Accords de Paris selon les scénarios économiques dominants, il faudrait produire cinq à dix fois plus de métaux qu’aujourd’hui. »

Qui est Celia Izoard ?

Journaliste indépendante, Celia Izoard collabore notamment au magazine français Reporterre. Elle est également l’auteure de l’essai Merci de changer de métier, une critique des nouvelles technologies et de leurs impacts sociaux et écologiques.

La ruée minière au XXIe siècle – Enquête sur les métaux à l’ère de la transition

La ruée minière au XXIe siècle – Enquête sur les métaux à l’ère de la transition

Celia Izoard

Éditions de la rue Dorion

338 pages

Avec Santé Québec et Mobilité Infra Québec, la tendance est à la création d’agences au gouvernement Legault.

Publié à 1h45 Mis à jour à 7h00

Mais la CAQ ne fait pas que créer des agences. En 2020, elle en a supprimé une : Transition énergétique Québec (TEQ).

Plusieurs observateurs estiment qu’il s’agissait d’une erreur. Et puisque la mode est aux agences, j’en profite pour lancer l’idée de ressusciter TEQ.
Avec TEQ, c’est différent. La transition énergétique touche de nombreux ministères : Environnement, Énergie, Habitation, Transports, Agriculture. Difficile de plaider qu’une agence dédoublerait les structures existantes. Elle jouerait plutôt un rôle de coordination.

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L’agence dont Québec a vraiment besoin

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

« Le ministère de l’Environnement a produit un Plan pour une économie verte et il existe des “plans de mise en œuvre”. Mais les résultats ne sont pas au rendez-vous », écrit notre chroniqueur.


Philippe Mercure
Philippe Mercure La Presse

Avec Santé Québec et Mobilité Infra Québec, la tendance est à la création d’agences au gouvernement Legault.

Publié à 1h45 Mis à jour à 7h00

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Mais la CAQ ne fait pas que créer des agences. En 2020, elle en a supprimé une : Transition énergétique Québec (TEQ).

Plusieurs observateurs estiment qu’il s’agissait d’une erreur. Et puisque la mode est aux agences, j’en profite pour lancer l’idée de ressusciter TEQ.

Je vous entends : encore une structure ? Je comprends votre réticence. Il est bien difficile de savoir si les nouvelles agences créées par le gouvernement Legault généreront les gains d’efficacité promis ou si elles ne feront qu’ajouter une couche de plus à la bureaucratie existante.

Je n’ai pas plus de réponses que vous à ces questions. Mais dans le cas de TEQ, plusieurs arguments militent en faveur d’une agence dont le rôle serait de planifier l’ambitieux et nécessaire virage énergétique qu’est en train de négocier le Québec.

Même s’il faut se méfier des questions trop simples, on peut se demander pourquoi il faut une agence de santé s’il existe un ministère de la Santé, et une agence de transport s’il existe déjà un ministère des Transports.

Avec TEQ, c’est différent. La transition énergétique touche de nombreux ministères : Environnement, Énergie, Habitation, Transports, Agriculture. Difficile de plaider qu’une agence dédoublerait les structures existantes. Elle jouerait plutôt un rôle de coordination.

Il est vrai que le ministère de l’Environnement a déjà produit un Plan pour une économie verte qui couvre un horizon allant jusqu’à 2030. Il existe aussi des « plans de mise en œuvre », planifiés sur des horizons plus courts, afin de définir les actions nécessaires au plan d’ensemble.

En principe, ça devrait marcher. En réalité, les résultats ne sont pas au rendez-vous.

Mon collègue Charles Lecavalier rappelait récemment que ce qu’on appelait naguère le Fonds vert, vers lequel sont dirigés les revenus du marché du carbone et qui est justement censé financer la transition, est assis sur des surplus de 1,7 milliard1. Voir cet argent dormir alors qu’il y a tant à faire est complètement aberrant.

Quant à l’argent qui est bel et bien déployé, il est trop souvent englouti dans des programmes inefficaces, comme l’a montré la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal2.

Québec affirme être sur la bonne voie pour atteindre ses cibles climatiques. C’est vrai, mais c’est largement parce que nos entreprises achètent chaque année des dizaines de millions de droits d’émission aux entreprises californiennes, liées par le même marché du carbone.

Des centaines de millions de dollars ont ainsi déjà pris le chemin de la Californie et le flux s’accélère. Normand Mousseau, directeur académique de l’Institut de l’énergie Trottier à Polytechnique Montréal, estime que si la tendance des prix et des émissions se maintient, la facture pourrait atteindre le demi-milliard de dollars juste pour cette année.

Ça commence à faire beaucoup d’argent qui part vers un État plus riche que le nôtre. Ces fuites de capitaux n’auraient pas lieu si les réductions étaient faites ici.

L’actualité nous fournit d’autres exemples qui suggèrent que la transition se fait de façon chaotique.

À Shawinigan, l’entreprise TES Canada veut transformer l’électricité en hydrogène, puis cet hydrogène en gaz synthétique. L’idée : l’envoyer notamment dans le réseau de gaz naturel d’Énergir. Le très impliqué ministre de l’Énergie, de l’Innovation et de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, voit le projet d’un bon œil. Mais les experts sont nombreux à s’arracher les cheveux devant les pertes découlant de ces nombreuses transformations d’énergie. Ils craignent que le projet privé ne finisse pas engloutir des fonds publics.

Le regard indépendant et apolitique d’une agence d’experts serait drôlement précieux là-dessus.

Un autre exemple nous vient du projet de Waste Management à Sainte-Sophie. Là-bas, on veut utiliser le gaz produit par un site d’enfouissement pour le diriger, encore une fois, vers les conduites d’Énergir. Le hic : en présentant les gains du projet, le distributeur de gaz a « oublié » que ce gaz est actuellement utilisé par l’usine de Papiers Rolland. Et que si on le lui retire, cette usine devra brûler des combustibles fossiles3. Le manque de vue d’ensemble est flagrant.

La fin des surplus d’électricité amène des questions difficiles au Québec. Vaut-il mieux utiliser notre électricité pour la transition énergétique ou pour attirer des entreprises chez nous ? Quelle proportion génère les meilleurs gains économiques, environnementaux et sociaux ? Et qu’en est-il du gaz naturel ? Où devrait-il être utilisé ?

Le Plan pour une économie verte ne répond pas à ces questions. Et pour l’instant, les décisions se prennent beaucoup au bureau du ministre Pierre Fitzgibbon.

On dira qu’au moins, M. Fitzgibbon est élu et est redevable envers l’électorat, contrairement à un président d’agence. C’est vrai. Mais le besoin d’une vision à long terme, neutre et soutenue par des données me semble évident.

L’idée de ressusciter TEQ passe bien parmi les experts que j’ai consultés. Pierre-Olivier Pineau, à HEC Montréal, se dit « 100 % d’accord ». À l’Institut Trottier, Normand Mousseau y est aussi favorable… à condition de donner à l’agence les moyens de ses ambitions.

« [À l’époque], TEQ manquait de moyens et il y avait encore des fils à attacher pour lui donner un peu plus de capacité d’action, que ce soit dans la réglementation (bâtiment, transport, etc.) ou dans l’accès au financement », m’écrit l’expert.

Alors, après Santé Québec et Mobilité Infra Québec, le retour de Transition énergétique Québec ? Jamais deux sans trois, dit-on. Et tic-tac-TEQ.

1. Lisez l’article « Fonds d’électrification et de changements climatiques : Un surplus de 1,7 milliard critiqué de toute part » 2. Consultez le Bilan du Plan d’action 2013-2020 sur les changements climatiques 3. Lisez l’article « Site d’enfouissement de Sainte-Sophie : Énergir a le feu vert du BAPE pour son projet de raccordement »

L’entreprise craint particulièrement pour la viabilité financière de la phase 2, dans le secteur de Charlevoix.

Résumé

Éoliennes : la marge de manœuvre de Boralex fond dans la Seigneurie de Beaupré

L’entreprise craint particulièrement pour la viabilité financière de la phase 2, dans le secteur de Charlevoix.

Des éoliennes de la Seigneurie de Beaupré.

Des éoliennes de la Seigneurie de Beaupré.(photo d’archives)

Photo : Radio-Canada/Jean-François Nadeau

Publié à 5 h 59 HAE

La marge de manoeuvre diminue considérablement pour Boralex et le développement de ses parcs éoliens dans la Seigneurie de Beaupré, au nord-est de Québec. Forcée de retirer des éoliennes pour des raisons techniques et environnementales, l’entreprise rappelle au ministère de l’Environnement qu’elle est à risque de ne pas pouvoir respecter ses engagements contractuels.

Boralex, en partenariat avec Hydro-Québec et Énergir, prépare actuellement trois phases distinctes de développement d’éoliennes dans la Seigneurie de Beaupré, un territoire privé de 1600 km2 appartenant au Séminaire de Québec.

Regroupées sous l’égide du projet éolien Des Neiges, chaque phase prévoyait au départ l’implantation de 60 à 80 éoliennes, pour un total de puissance évalué à 1200 mégawatts d’ici 2027.

Pour chacune d’elle, Boralex a une entente contractuelle d’approvisionnement d’électricité de 400 mégawatts avec Hydro-Québec. Ce sont trois contrats distincts, légaux, avec leurs propres clauses, explique Katheryne Coulombe, porte-parole de Boralex.

Le coût global du projet était initialement estimé à 1 milliard de dollars.

La carte des différents projets de parcs éoliens de la seigneurie de Beaupré.

La carte des différents projets de parcs éoliens de la Seigneurie de Beaupré.

Photo : Capture écran / Boralex

Viabilité financière

Invitée à commenter les plus récents développements du projet, Mme Coulombe admet des préoccupations, en particulier pour le secteur Charlevoix.

Les craintes de Boralex se retrouvent notamment dans un rapport d’optimisation de la phase 2 rendu public la semaine dernière, dans le cadre du processus d’évaluation environnementale. Il a été produit en réponse aux commentaires formulés par les experts d’Environnement et Changements climatiques Canada et du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les Changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP).

Selon ce rapport commandé par Boralex, il est impératif que la puissance installée concorde avec les engagements contractuels convenus avec Hydro-Québec dans le cadre du contrat d’achat d’électricité. Il est donc nécessaire de conserver un minimum de 67 éoliennes, prévient l’entreprise.

Le document de Boralex fait état de 68 emplacements potentiels pour des éoliennes à l’heure actuelle, contre 86 lors de la première mouture de la phase 2, en 2021. Au moins 14 sites ont depuis été retirés pour des raisons de faisabilité technique.

Les éoliennes de la Seigneurie de Beaupré.

La topographie, les milieux hydriques et les différents habitats d’espèces animales, de poissons ou floristiques doivent être considérés dans le cadre de l’évaluation environnementale. (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada/Jean-François Nadeau

Le promoteur accepte maintenant d’en retrancher de 4 à 5 autres pour protéger l’habitat du caribou forestier, en plus d’être ouvert à déplacer légèrement certains sites pour ne pas nuire à la grive de Bicknell, un oiseau menacé nichant dans plusieurs secteurs du projet Des Neiges.

Boralex annonce au passage qu’elle ne pourra pas en faire beaucoup plus si elle souhaite maintenir la rentabilité de la phase 2, plaidant un enjeu de qualité du gisement éolien.

Dans le cadre du projet Secteur Charlevoix, la différence au niveau de la productivité entre les meilleures positions et les plus faibles est de 25 %, plaide-t-elle. N’ayant plus l’embarras du choix, on craint de ne pas atteindre la puissance souhaitée de 400 mégawatts avec les emplacements à plus faible potentiel.

Tout déplacement ultérieur additionnel implique donc une relocalisation à un endroit de performance significativement moindre, mettant à risque la viabilité financière du projet.

Une citation de Extrait d’un récent rapport d’optimisation de Boralex pour la phase 2

Freiné par le caribou

Le cas du caribou forestier pourrait, à lui seul, s’avérer fatal pour la phase 2 du projet Des Neiges.

Si Boralex affirmait d’emblée qu’il n’y aurait aucun impact sur le cervidé, Québec et Ottawa réclamaient, dans leurs commentaires, des mesures supplémentaires pour éviter la perturbation de son habitat.

Techniquement, le secteur Charlevoix compte 17 éoliennes dans l’aire de répartition du caribou forestier. Selon le promoteur, le retrait complet des 17 emplacements […] rendrait le projet non viable, ce qui se traduirait par l’arrêt du processus de développement. Il ne resterait alors que 55 emplacements.

Il propose donc de retirer 4 éoliennes d’un même secteur situé près d’une petite zone d’habitat essentiel identifiée sur le territoire du projet Des Neiges, ainsi que le déplacement ou le retrait d’une autre éolienne qui se trouve à la limite de l’habitat connu du caribou.

Une harde de caribous forestiers à travers une forêt clairsemée.

La harde de caribous de Charlevoix vit en enclos depuis l’hiver 2022. Une partie de son aire de répartition se trouve dans la Seigneurie de Beaupré. (Photo d’archives).

Photo : Gracieuseté : Jean-Simon Bégin

Quant aux autres positions situées dans l’aire de répartition, Boralex affirme que la majorité du territoire est déjà fortement perturbé et que l’implantation d’éoliennes n’aurait pas d’impact snigificatif pour le caribou. Ces superficies sont déjà entièrement situées dans des zones d’influence de perturbations permanentes et en dehors de l’habitat essentiel pour le caribou forestier, insiste Boralex.

La réalisation du secteur Charlevoix suppose l’ajout de 85 kilomètres de chemins forestiers, connus pour déranger le caribou, et le déboisement de quelque 86,4 hectares de forêt. Selon des données présentées dans l’analyse du projet de Boralex, on estime que les éoliennes peuvent avoir un impact dans un rayon de plus de 4 kilomètres.

Quant à la grive de Bicknell, Boralex propose de micropositionner les éoliennes où la grive a été détectée, de déplacer certaines éoliennes si nécessaires ou encore de modifier les tracés des chemins d’accès.

Grive de Bicknell, une espèce menacée que l’on trouve dans les forêts boréales de l’est du Canada.

La grive de Bicknell est une espèce menacée que l’on trouve dans les forêts boréales de l’est du Canada. (Photo d’archives)

Photo : Environnement et Changement climatique Canada | Gouvernement du Canada

Marge de manœuvre

Le retrait d’un trop grand nombre d’emplacements viendrait également affecter le choix du modèle d’éolienne pour Boralex, qui devra procéder par appel d’offres.

L’entreprise considère actuellement l’achat d’éoliennes de 6 à 7 mégawatts de puissance. Le nombre d’emplacements nécessaires, à 67 éoliennes, correspond au minimum requis pour atteindre 400 mégawatts si la solution retenue est celle à 6 mégawatts par installation.

Si Boralex décidait d’opter pour des éoliennes de 7 mégawatts chacune, le minimum d’emplacements serait alors de 57.

Ligne du temps avec les dates importantes.

Les différentes étapes de préparation et les échéanciers des projets de parcs éoliens de Boralex sur la Côte-de-Beaupré et dans Charlevoix

Photo : Capture écran / Boralex

Il s’agissait par ailleurs du second rapport d’optimisation de Boralex pour la phase 2. Pour la phase 1, trois rapports du genre avaient été nécessaires avant de passer l’étape de la recevabilité de l’étude d’impact par le gouvernement provincial.

Pour la phase 1, Boralex avait d’abord présenté 83 emplacements. La dernière version du projet, soumise au Bureau d’audiences publiques en environnement (BAPE), dont le rapport est attendu en juin, comptait 67 emplacements, frôlant elle aussi les seuils minimaux.

Lors de ces audiences, un représentant de l’entreprise a déclaré que Boralex penchait vers un développement de 57 éoliennes de 7 mégawatts chacune. Dans le cas de la phase 1, la proximité avec le Mont-Sainte-Anne a notamment suscité des craintes chez les résidents, en particulier pour le paysage. Une zone tampon a alors été réclamée.

Pour la phase 3, soit le secteur ouest, le promoteur n’a pas encore déposé son évaluation environnmentale et les sites potentiels n’ont pas encore été dévoilés.

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Mégaprojet éolien de la Côte-de-Beaupré : les élus y voient une belle occasion

Je ne savais pas où mettre cette photo, mais je viens de remarquer ce ‘jardin’ le long du viaduc Berri - une belle façon d’embellir un peu ce coin très bétonné!

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Littéralement des fleurs de macadam, mais quelle bonne idée. Des tulipes qui refleuriront le printemps prochain si on laisse les bulbes en terre, tandis que la Ville pourrait planter des vivaces (coriaces) pour occuper le même espace en d’autres temps.

À ma maison de Terrebonne j’avais planté des bulbes pour le printemps et toutes sortes de vivaces avec floraison variées selon les mois d’été et d’automne. Ainsi pour un minimum d’entretien mon jardin évoluait selon la saison et c’était toujours beau.

J’ai fait pareil à La Malbaie comme en font foi les photos incluses, mais dans beaucoup plus grand avec des lits de fleurs magnifiques qui se déployaient jusqu’à tard en octobre aux premiers gels.



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Magnifique arrangement de fleurs. Un talent de botaniste !

Par contre, que veut vraiment dire ‘‘Fleur de macadam’’ ?

J’ai planté des iris sur le terrain à l’avant de mon immeuble… Cela revient à chaque année et en force à part ça. J’aimerais que les villes utilisent davantage des vivaces dans leur paysagement. Ce genre de plantation qui demande souvent moins d’entretien et peuvent également donner de beaux agencements.

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Le macadam est une sorte de revêtement pour les chaussées. De manière plus générale on parle de végétation qui donne l’impression de pousser quasiment sur le bitume.

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L’herbicide glyphosate altère le fonctionnement du système immunitaire humain, selon une nouvelle étude québécoise. Des troubles auto-immunitaires pourraient apparaître après une exposition prolongée.

Résumé

Le glyphosate affaiblit les mauvaises herbes… et notre système immunitaire

PHOTO JASPER JUINEN, ARCHIVES BLOOMBERG

Des chercheurs québécois ont étudié les effets du glyphosate sur le système immunitaire humain.

L’herbicide glyphosate altère le fonctionnement du système immunitaire humain, selon une nouvelle étude québécoise. Des troubles auto-immunitaires pourraient apparaître après une exposition prolongée.

Publié à 1h22 Mis à jour à 7h00

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Mathieu Perreault
Mathieu Perreault La Presse

Qu’ont découvert les chercheurs ?

Dans des bouillons de cellules humaines, le glyphosate affecte trois aspects du fonctionnement des neutrophiles.

Ces cellules sont les premières à intervenir lors d’une infection. « Ce sont les globules blancs, les plus abondants dans le sang », explique Martin Pelletier, microbiologiste à l’Université Laval, qui est l’auteur principal de l’étude publiée en mai dans la revue Environmental Research. « Elles font le ménage pour contrôler la réponse immunitaire, avant qu’interviennent les lymphocytes, les autres composantes du système immunitaire. »

Pourquoi est-ce un problème ?

Le glyphosate augmente la capacité des neutrophiles à faire des « radicaux libres », des molécules qui détruisent les intrus. Mais ces radicaux libres peuvent aussi détruire les tissus environnants. Pour cette raison, l’intervention des neutrophiles lors d’une infection doit être limitée dans le temps.

Le glyphosate augmente aussi la sécrétion par les neutrophiles d’une molécule qui attire d’autres neutrophiles. « Ça peut augmenter les dommages aux tissus environnants », dit M. Pelletier.

Le risque de réaction auto-immune, où les neutrophiles attaquent les tissus sains, est donc augmenté.

Qu’est-ce que le glyphosate ?

Développé par Monsanto dans les années 1970 sous le nom de Roundup, cet herbicide a vu son utilisation bondir avec les plantes transgéniques ayant un gène de résistance. Cela signifiait que le Roundup pouvait être épandu sur les champs de maïs transgénique, par exemple, sans affecter ce dernier.

Est-ce la première découverte d’un impact immunitaire du glyphosate ?

« D’autres études ont trouvé que le glyphosate altérait d’autres parties du système immunitaire humain », dit M. Pelletier.

Au début de la pandémie, avec la fermeture des laboratoires, il s’est lancé dans une revue de littérature sur le sujet. Elle a été publiée dans le Journal of Immunotoxicology.

Il y a des données chez les poissons et les mammifères, dont certaines études montrent un effet inflammatoire chez les humains.

La récente étude de M. Pelletier ajoute une première preuve d’un effet direct sur une composante du système immunitaire.

Quels autres problèmes de santé sont causés par le glyphosate ?

L’Agence internationale de recherche sur le cancer (AIRC) a classé en 2015 le glyphosate dans la catégorie des « carcinogènes probables ». Cette catégorie comprend notamment la fumée des foyers au bois, les boissons très chaudes, la viande rouge ainsi que le travail de nuit et dans un salon de coiffure.

Le glyphosate pourrait aussi être un perturbateur endocrinien, qui dérègle le fonctionnement hormonal humain, selon M. Pelletier. « J’ai beaucoup travaillé sur les perturbateurs endocriniens. Le glyphosate n’en est pas un pour le moment, mais il y a de plus en plus de preuves que ça pourrait être le cas. »

Ces dernières années, des jurys aux États-Unis ont condamné Monsanto dans des procès civils de plaignants liant le glyphosate à des cancers, à la hauteur, dans un cas, de 2,25 milliards US.

« Les autorisations du glyphosate ont été réapprouvées malgré tout au Canada, aux États-Unis et en Europe, dit M. Pelletier. Au Québec, plusieurs municipalités l’ont interdit pour des usages domestiques, mais il demeure très utilisé dans le secteur agricole. J’espère que les ouvriers agricoles portent des masques quand ils sont exposés. »

Quelles sont les prochaines étapes de la recherche ?

Il faut voir si ces résultats chez des cellules humaines se confirment dans des modèles animaux. « Nous allons voir aussi si l’impact sur les neutrophiles s’observe aussi chez les travailleurs agricoles en contact constant avec le glyphosate. »

Comment se compare l’impact du glyphosate sur les neutrophiles avec d’autres substances et avec les variations naturelles dans la population ?

Une étude précédente de M. Pelletier portait sur les bisphénols A (BPA) et les neutrophiles. « Il y avait un impact, mais différent de celui du glyphosate. »

Pour ce qui est des variations entre individus, il y a des différences importantes entre le fonctionnement des neutrophiles chez les hommes et les femmes, pour des raisons hormonales. Cela explique pourquoi les femmes sont plus touchées que les hommes par les maladies auto-immunes, selon M. Pelletier.

Chez les travailleurs agricoles, qui ont des concentrations de glyphosate dans l’urine 10 fois supérieures à la population en général, le fonctionnement des neutrophiles des hommes devenait semblable à celui des femmes. « Mais on voyait un effet sur les neutrophiles même au niveau de la population générale », dit M. Pelletier.

En savoir plus

  • 740 000 à 920 000 tonnes
    Utilisation annuelle mondiale de glyphosate en 2023

Source : Science of the total environment

130 000 tonnes
Utilisation annuelle de glyphosate aux États-Unis en 2016, contre 7000 tonnes en 1992

Source : Science of the total environment

  • 2,7 millions de tonnes
    Utilisation annuelle de pesticides dans le monde en 2020

Source : Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture

176
Nombre de produits contenant du glyphosate autorisés au Canada en 2018

Source : Équiterre

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Verdure au Grand Quai

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Des groupes de citoyens soutiennent avoir envoyé une mise en demeure au ministre de l’Environnement du Québec pour qu’il « agisse et prenne ses responsabilités pour que cesse la contamination de l’usine-dépotoir Stablex à Blainville et en aval ».

Résumé

Environnement

Usine-dépotoir Stablex Une mise en demeure aurait été envoyée au ministre Charette

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DU BAPE

Centre de traitement Stablex à Blainville

Des groupes de citoyens soutiennent avoir envoyé une mise en demeure au ministre de l’Environnement du Québec pour qu’il « agisse et prenne ses responsabilités pour que cesse la contamination de l’usine-dépotoir Stablex à Blainville et en aval ».

Publié le 29 mai

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Stéphane Blais La Presse Canadienne

Dans un communiqué envoyé mercredi aux médias, des groupes de citoyens, dont fait partie l’ancienne ministre péquiste Martine Ouellet, font part d’une mise en demeure qu’ils auraient envoyée au ministre Benoit Charette.

Ils lui demandent de faire cesser la contamination de Stablex Canada, qui exploite un centre de traitement de déchets industriels à Blainville, dans les Laurentides.

Ces groupes s’appuient notamment sur des échantillons prélevés par des citoyens dans les ruisseaux et des fossés entourant le site des activités de Stablex et qui démontreraient la présence de contaminants.

Les échantillons analysés par le spécialiste en écotoxicologie Daniel Green semblent montrer la présence préoccupante de cadmium, de cuivre et d’arsenic.

La Presse Canadienne n’a pu confirmer les conclusions de ces analyses.

Les citoyens font valoir que le ministre a reçu le 8 septembre 2023 une recommandation du BAPE « à l’effet de rejeter le projet de réaménagement de la cellule 6 de Stablex et qu’en regard de la contamination, tout continue comme avant ».

Projet d’expansion

Le centre de traitement de déchets industriels de Stablex comprend « une usine de traitement, quatre cellules d’enfouissement fermées et une cinquième en cours d’exploitation », tel que décrit par le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) l’automne dernier.

Les déchets traités par Stablex sont « des matières dangereuses résiduelles, des sols contaminés et des matières non dangereuses ayant des propriétés préoccupantes pour l’environnement », en partie importées des États-Unis et des autres provinces canadiennes.

L’entreprise a l’intention de créer une sixième cellule d’enfouissement sur un terrain qu’elle veut acquérir de la Ville de Blainville.

Dans une décision rendue en septembre 2023, la commission d’enquête du BAPE a écrit au ministre de l’Environnement qu’elle considérait « ce projet comme étant prématuré et a recommandé, en conséquence, de ne pas l’autoriser ».

Pour justifier sa recommandation, la commission a fait valoir qu’il fallait considérer « la valeur écologique exceptionnelle de certains milieux naturels sensibles de l’emplacement ».

Également, les promoteurs justifient le projet notamment parce qu’il permettrait de réduire certaines nuisances pour les résidences limitrophes en aménageant la cellule d’enfouissement plus loin, donc à l’extérieur des terrains actuellement en exploitation par Stablex.

Mais la commission du BAPE a écrit dans son rapport qu’elle est d’avis que la cellule no. 6 projetée « ne présente aucun avantage en termes de réduction des nuisances » comme le bruit, les odeurs, la circulation lourde et la qualité de l’air.

Les citoyens à l’origine de la mise en demeure sont également préoccupés par « l’absence d’une évaluation hydrogéologique, indépendante du promoteur, sur l’état actuel des nappes phréatiques sous le dépotoir et celle des eaux de surface en aval du ruisseau Lockhead et de la rivière au Chien jusqu’à la rivière des Mille Îles ».

Également, ils s’inquiètent que « l’absence d’acceptabilité sociale de ce projet » suscite peu de considération de la part des élus.

Le parti politique « Mouvement Blainville », la Coalition Alerte à l’Enfouissement Rivière-du-Nord, Climat Québec et la Coalition des citoyens de Blainville contre la cellule no. 6 de Stablex, font partie des signataires de la mise en demeure qui aurait été envoyée au ministre.

(San José) La production aquacole a dépassé la production halieutique pour la première fois en 2022, avec 51 % du total mondial, selon un rapport de l’agence des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) publié vendredi au Costa Rica lors d’une conférence sur la conservation des océans.

Résumé

Rapport de la FAO L’aquaculture dans le monde dépasse pour la première fois la pêche

PHOTO MIKE HUTCHINGS, REUTERS

La pisciculture, la conchyliculture et l’algoculture représentent « 51 % du total mondial » et « fournissent 57 % des produits animaux aquatiques utilisés pour la consommation humaine dans le monde ».

(San José) La production aquacole a dépassé la production halieutique pour la première fois en 2022, avec 51 % du total mondial, selon un rapport de l’agence des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) publié vendredi au Costa Rica lors d’une conférence sur la conservation des océans.

Publié hier à 14h40

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Agence France-Presse

La pisciculture, la conchyliculture et l’algoculture représentent « 51 % du total mondial » et « fournissent 57 % des produits animaux aquatiques utilisés pour la consommation humaine dans le monde », selon ce rapport sur la « situation mondiale des pêches et de l’aquaculture ».

« Alors que la production des pêches de capture est restée pratiquement inchangée depuis des décennies, l’aquaculture a augmenté de 6,6 % depuis 2020 », note le directeur général de la FAO Qu Dongyu dans le rapport.

Celui-ci révèle que le commerce mondial des animaux aquatiques a atteint un niveau record en 2022, avec 195 milliards de dollars, soit en hausse de 19 % par rapport à 2019, avant la pandémie.

Au moins 230 pays et territoires participent à ce commerce international, dont la Chine occupe la première place en termes d’exportations (12 %), suivie de la Norvège (8 %) et du Vietnam (6 %). Ces trois pays représentent ensemble le quart des exportations.

Sécurité alimentaire

L’Union européenne est la principale destination de cette production, mais au niveau des pays, ce sont les États-Unis qui sont en tête avec 17 % de la demande, suivis par la Chine (12 %).

La FAO souligne que 89 % de la production mondiale d’animaux aquatiques est destinée à la consommation humaine. Au cours des 60 dernières années, la consommation d’animaux aquatiques est passée de 9,1 à 20,7 kg par personne.

« Les systèmes aquatiques sont de plus en plus reconnus comme vitaux pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle », note le directeur général de la FAO.

15 % de l’approvisionnement mondial en protéines animales proviennent d’animaux aquatiques, et cette proportion atteint plus de 50 % dans certains pays d’Afrique et d’Asie.

Avec des prévisions de croissance de la population mondiale estimées à 8,5 milliards de personnes d’ici 2030, « fournir une alimentation, une nutrition et des moyens de subsistance suffisants » nécessite des « investissements significatifs », estime Qu Dongyu, soulignant l’importance de l’aquaculture à cet égard.

Les stocks de poissons « biologiquement durables » continuent à décliner, à 62,3 % en 2021.

La FAO propose ainsi trois objectifs : une croissance durable de l’aquaculture pour répondre à la demande croissante, une gestion efficace des pêches pour des stocks de poissons sains, et garantir la durabilité de toutes les étapes de la production des produits aquatiques.

« Un impératif »

L’agence onusienne estime que la production d’animaux aquatiques augmentera de 10 % d’ici 2032, principalement en raison de l’expansion de l’aquaculture et de la reconstitution des stocks de pêche. Plus de 90 % seront destinés à la consommation humaine, soit 21,3 kg par personne.

Essentielles pour la sécurité alimentaire, la pêche et l’aquaculture ont aussi une importance économique déterminante. Le secteur emploie quelque 61,8 millions de personnes dans le monde, selon l’agence onusienne.

Des experts internationaux participent vendredi et samedi dans la capitale San José à la rencontre « Immersed in change » en préparation de la Conférence des Nations unies pour l’océan (UNOC 3), co-organisée par la France et le Costa Rica en juin 2025 à Nice.

Dans un message vidéo, le président français Emmanuel Macron a vanté le sommet qui se tiendra dans le sud de la France comme « un moment fondateur pour la gouvernance de l’océan ».

L’UNOC doit devenir, avec les accords de Nice, le cadre dans lequel la communauté scientifique se rassemble pour alerter, orienter l’action des chefs d’État, comme c’est le cas avec le GIEC pour le climat.

Emmanuel Macron, président de la France

Les experts réunis au Costa Rica discutent des questions de gouvernance, de réchauffement climatique, de la pêche et de la biodiversité marine afin d’aider à la prise de décision lors de la conférence de Nice.

« La protection des océans et l’utilisation durable des ressources marines ne sont pas une option, mais un impératif », a alerté en ouverture de la conférence à San José le sous-secrétaire général des Nations unies aux Affaires sociales, Li Junhua.

(San José) Au moins 26 pays ont signé samedi au Costa Rica une « déclaration de paix à l’océan » au terme du forum « Immersed in change », à un an de la Conférence des Nations unies sur les Océans en France.

Résumé

Plus de 20 pays signent une « déclaration de paix à l’océan »

PHOTO EZEQUIEL BECERRA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le président du Costa Rica, Rodrigo Chaves, s’’adresse à l’auditoire lors du forum « Immersed in change », vendredi.

(San José) Au moins 26 pays ont signé samedi au Costa Rica une « déclaration de paix à l’océan » au terme du forum « Immersed in change », à un an de la Conférence des Nations unies sur les Océans en France.

Publié à 7h36

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Alberto PEÑA Agence France-Presse

Parmi les signataires figurent l’Allemagne, l’Espagne, la Suède, le Canada, la Colombie, le Chili, Israël, la Corée du Sud ou encore le Costa Rica et la France, qui seront co-organisateurs de la réunion de l’ONU prévue à Nice (sud-est).

À l’issue de deux journées de discussions, les 50 pays participants ont appelé à prendre des mesures pour protéger les océans.

« Nous sommes déterminés à intensifier les actions transformatrices de l’océan, pour soutenir les activités des économies positives pour la nature, basées sur la meilleure science et la meilleure information scientifique possibles, la connaissance traditionnelle et l’innovation », ont-ils déclaré dans un document.

« L’océan ne peut plus endurer nos mauvais traitements et notre indifférence. C’est pour cela que nous avons décidé, au Costa Rica, qu’il était temps pour nous de déclarer la paix », a dit le ministre des Affaires étrangères costaricien Arnoldo André.

« Protéger l’océan et l’usage soutenable des ressources marines n’est pas une possibilité, mais un impératif », avait lancé en ouverture du forum le secrétaire général adjoint aux Affaires sociales de l’ONU, Li Junhua.

Dans cette « déclaration de paix » en 12 points se trouve un appel à ratifier le traité de protection de la haute mer, adopté en 2023 par plus de 70 pays et visant à protéger les eaux éloignées des zones économiques exclusives (ZEE) des États, soit à environ 370 kilomètres de leurs côtes.

Résumé

( L’actualité verte de la semaine


PHOTO FOURNIE PAR LA SEPAQ

Le grand corégone est un poisson d’eau douce, membre de la famille des saumons. Il se retrouve dans de nombreux lacs du nord-est des États-Unis et du Canada, y compris dans la région des Grands Lacs.

Notre sélection de nouvelles environnementales d’ici et d’ailleurs

Mis à jour le 3 juin

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Sara Champagne
Sara Champagne La Presse

Quiz

Depuis 1970, à combien mesure-t-on le déclin mondial des poissons migrateurs d’eau douce ?

a) 33 %

b) 80 %

c) 65 %

Réponse

b) 80 %

Les populations de poissons migrateurs d’eau douce sont en baisse de 80 % depuis 1970. Un déclin mondial « catastrophique », selon les experts de la dernière mise à jour de l’indice Planète vivante. Les barrages, l’exploitation minière, le détournement des rivières, la pollution des eaux et les activités humaines sont les grands coupables. Le rapport examine les tendances démographiques de 284 espèces de poissons d’eau douce. Le déclin est observé partout, mais il est plus marqué en Amérique du Sud et dans les Car aïbes, avec une chute de 91 %.

Pollution des feux de camp

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

La pollution autour des feux de camp sera mesurée au cours de l’été dans sept parcs de la SEPAQ.

C’est une tradition, pas question de les interdire. Mais la pollution autour des feux de camp sera mesurée au cours de l’été dans sept parcs de la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ). L’an dernier, des capteurs dans le parc national du Mont-Tremblant ont mesuré les taux de particules fines. Des pics ont été observés les vendredi, samedi et dimanche soir, entre 17 h 30 et 23 h 30. « Pour l’instant, on veut mieux documenter. Nous sommes sensibles aux gens qui ont des conditions pulmonaires particulières. On verra comment agir », a expliqué à La Presse Simon Boivin, responsable des relations de presse à la SEPAQ.

Consultez le site de la SEPAQ

Hausse de la turbulence en avion

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Les turbulences sont 55 % plus fréquentes au-dessus de l’Atlantique Nord selon Paul Williams, de l’Université de Reading au Royaume-Uni.

Ce n’est pas une impression, les turbulences en avion sont plus fréquentes. Le chercheur atmosphérique Paul Williams, de l’Université de Reading au Royaume-Uni, s’est penché sur les turbulences de la Singapore Airlines, le 20 mai, qui a fait 1 mort et plus de 100 blessés. Il trace un lien entre le réchauffement climatique et l’augmentation des turbulences dites « en air clair » (à l’extérieur des nuages) compilées sur 40 ans. Les turbulences sont 55 % plus fréquentes au-dessus de l’Atlantique Nord à cause de l’augmentation des courants-jets, selon ses conclusions. À défaut de pouvoir les prévoir sans faille, mieux vaut boucler sa ceinture, ont déclaré Williams et ses coauteurs dans la revue Nature.

Consultez l’étude (en anglais)

Pollution gazeuse des volcans

PHOTO MARCO DI MARCO, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

L’Islande a dû composer avec une nouvelle éruption volcanique sur la péninsule de Reykjanes, dans le sud-ouest du pays, la semaine dernière.

Lieu de plein air de prédilection, l’Islande a dû composer avec une nouvelle éruption volcanique sur la péninsule de Reykjanes, dans le sud-ouest du pays, la semaine dernière. Cette éruption est survenue peu après l’évacuation de la ville voisine de Grindavík. Sur son site, l’Office météorologique islandais (IMO) indique qu’il y a eu une forte pollution gazeuse et que la qualité de l’air s’est détériorée. Il s’agit de la cinquième éruption dans la région depuis décembre. Les bains touristiques géothermiques du Lagon bleu ont aussi évacué leurs installations le 29 mai, quelques heures avant le début de l’éruption.

Avec l’Agence France-Presse

Consultez le site de l’IMO (en anglais)

Détection des baleines

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Des bélugas dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent, à Tadoussac

Dans l’espoir de venir à bout des collisions entre les baleines et autres grands mammifères et les navires, une entreprise montréalaise reçoit 855 000 $ de Pêches et Océans Canada. Whale Seeker s’est spécialisée dans la détection marine à partir d’images aériennes en développant Möbius, une intelligence artificielle. L’outil permet de détecter des mammifères 25 fois plus rapidement que l’œil humain. Il est déjà utilisé par les autorités maritimes, mais l’analyse des données prend des heures. La subvention permettra d’aller plus loin grâce à l’ajout de drones développés à Terre-Neuve qui peuvent prévenir en temps réel de la présence d’un mammifère marin.

Consultez le site de Whale Seeker (en anglais)

Les coûts de la transition énergétique font peur.

Publié à 2h29 Mis à jour à 6h00

Les Québécois voient Hydro-Québec planifier des investissements qui pourraient atteindre 175 milliards – quand même ! – en se disant qu’ils vont écoper d’une sacrée facture au bout du compte.

« Qui va payer pour ça ? C’est-tu les entreprises ? C’est-tu les commerces ? C’est-tu le résidentiel ? C’est-tu le gouvernement ? C’est-tu Hydro-Québec ? », s’est demandé tout haut jeudi dernier le ministre Pierre Fitzgibbon en dévoilant son projet de loi sur l’énergie.

Résumé

La transition sera payante pour vous

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Loin de vous ruiner, la transition énergétique mettra des sous dans vos poches.


Philippe Mercure
Philippe Mercure La Presse

Les coûts de la transition énergétique font peur.

Publié à 2h29 Mis à jour à 6h00

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Les Québécois voient Hydro-Québec planifier des investissements qui pourraient atteindre 175 milliards – quand même ! – en se disant qu’ils vont écoper d’une sacrée facture au bout du compte.

« Qui va payer pour ça ? C’est-tu les entreprises ? C’est-tu les commerces ? C’est-tu le résidentiel ? C’est-tu le gouvernement ? C’est-tu Hydro-Québec ? », s’est demandé tout haut jeudi dernier le ministre Pierre Fitzgibbon en dévoilant son projet de loi sur l’énergie.

Le ministre a même annoncé la création d’un fonds spécial pour aider les particuliers à encaisser les hausses de tarifs d’électricité.

On a un peu l’impression qu’un état de compte d’Hydro-Québec a été attaché à une épée de Damoclès qui pend au-dessus de nos têtes. Et on se demande quand, et sur qui, elle s’abattra.

Mais desserrez les dents et respirez par le nez, citoyens. Car j’ai une nouvelle aussi surprenante que réjouissante pour vous : loin de vous ruiner, la transition énergétique mettra des sous dans vos poches.

Ce n’est pas moi qui le dis, mais le Conseil canadien de l’électricité dans un costaud rapport sur l’avenir de l’électricité au Canada dévoilé lundi1.

Quoi ? Des investissements historiques dans les infrastructures électriques nous feraient économiser ? Vous n’êtes pas seuls à froncer les sourcils. Les chercheurs qui ont fait l’analyse se sont eux-mêmes demandé un moment s’ils n’avaient pas appuyé sur le mauvais bouton de leur calculatrice.

« C’est très contre-intuitif, admet Philippe Dunsky, analyste en énergie et président du Conseil canadien de l’électricité. Mais malgré beaucoup de scepticisme au départ au sein du Conseil, nous sommes arrivés à la conclusion que la transition peut être très bénéfique pour les consommateurs. »

Comment ça se peut ? Suivez-moi.

La transition énergétique aura quatre effets sur votre portefeuille.

  1. Elle fera grimper les tarifs d’électricité, parce que les nouveaux projets produisent de l’électricité à un coût plus élevé que les anciens.

  2. Elle vous amènera à acheter des équipements qui coûtent cher – voiture électrique, thermopompe.

  3. Elle diminuera votre consommation de combustibles fossiles (gaz pour le chauffage, essence pour la voiture).

  4. Elle vous fera consommer moins d’énergie au total, parce que l’électricité est de deux à quatre fois plus efficace que l’énergie qu’elle remplace.

Vous aurez compris que les deux premiers points font grimper vos factures, alors que les deux autres les font baisser.

En brassant tout cela dans des outils de modélisation, les experts calculent que 70 % des Canadiens économiseront davantage qu’ils ne paieront en plus d’ici 2050. Économie moyenne pour un ménage : 1500 $ par année. C’est plus qu’une poignée de change.

Philippe Dunsky me confirme que le chiffre québécois est très près de celui de la moyenne canadienne. Seules l’Alberta et la Saskatchewan, deux provinces pétrolières où les tarifs d’électricité sont très élevés, ont plus à perdre qu’à gagner avec la transition énergétique.

Mieux : si des efforts musclés d’efficacité énergétique sont faits, les économies pourraient même s’avérer plus élevées.

« En termes de communication, c’est le plus grand enjeu qu’on a au Québec, estime M. Dunsky. Tout le monde pense : tarifs = coûts. Sauf que quand on consomme moins de quelque chose de plus cher, la facture peut diminuer. »

Il y a quand même un bémol dans l’affaire. Partout au pays, les ménages à faibles revenus profiteront moins de la transition énergétique. C’est surtout parce qu’ils sont moins nombreux à posséder une voiture et qu’ils ne tireront donc pas autant profit des économies sur l’essence.

L’analyse du Conseil canadien de l’électricité entre-t-elle en contradiction avec le fait que Pierre Fitzgibbon a annoncé jeudi dernier un fonds pour aider les particuliers à affronter les hausses tarifaires ?

Je ne le crois pas. Les modélisations du Conseil canadien de l’électricité sont réalisées sur le long terme et il y aura peut-être des chocs tarifaires à encaisser entre-temps.

Mais disons que cette analyse apporte un éclairage drôlement intéressant. On peut se demander, par exemple, si ce fonds d’aide devrait bénéficier à tout le monde ou seulement aux ménages les plus vulnérables.

Le débat sur les tarifs d’électricité en contexte de transition énergétique ne fait que commencer, mais il part sur de drôles de bases. Le premier ministre François Legault a déjà décidé de plafonner la hausse des tarifs d’électricité résidentiels à 3 % pour tous jusqu’à 2026.

Le problème est que cette décision est politique plutôt que de découler d’une analyse. Et elle vient protéger les plus gros consommateurs – ceux qui chauffent leur spa et leur triple garage l’hiver.

Le ministre Fitzgibbon a bien ouvert la porte à une modulation des tarifs, mais on a fini par apprendre que celle-ci restera volontaire, du moins au début. Pour serrer la vis aux gaspilleurs, on a déjà vu plus convaincant.

Ce qui devrait guider nos choix est pourtant clair : il faut décourager la surconsommation tout en protégeant les ménages vulnérables. Savoir qu’une majorité de Québécois, dont les plus nantis, s’enrichiront à long terme avec la transition énergétique change complètement la donne.

Aucun doute : des discussions intéressantes sur les tarifs d’énergie nous attendent !

1. Consultez le rapport du Conseil canadien de l’électricité

Une sélection de nouvelles environnementales d’ici et d’ailleurs

Résumé

L’actualité verte de la semaine

PHOTO JIM VONDRUSKA, ARCHIVES REUTERS

Selon une étude du Lawrence Berkeley National Laboratory, l’adoption de sources d’énergie renouvelables entre 2019 et 2022 aura permis des économies de quelque 249 milliards de dollars américains, notamment en coûts de santé.

Notre sélection de nouvelles environnementales d’ici et d’ailleurs

Publié à 2h29 Mis à jour à 11h00

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Éric-Pierre Champagne
Éric-Pierre Champagne La Presse

Quiz

Réduire les émissions polluantes, est-ce rentable ?

Réduire les émissions polluantes en adoptant des sources d’énergie renouvelables améliore la qualité de l’air, c’est bien connu. À combien évalue-t-on ces bénéfices cependant ? C’est la question à laquelle ont voulu répondre des chercheurs du Lawrence Berkeley National Laboratory, aux États-Unis. Entre 2019 et 2022, une hausse de 55 % des éoliennes et des panneaux solaires a permis de diminuer de 900 millions de tonnes le recours aux énergies fossiles pour alimenter des centrales de production d’électricité. Selon les chercheurs, c’est l’équivalent de retirer 71 millions de voitures par année du parc automobile américain. Selon leurs calculs, la réduction des émissions de dioxyde de soufre et de dioxyde d’azote a permis des économies de 249 milliards US, notamment en coûts de santé.

Lisez l’étude (en anglais) du Lawrence Berkeley National Laboratory

Nul besoin de nouveaux forages pétroliers

PHOTO NICK OXFORD, ARCHIVES REUTERS

Les projets d’extraction d’énergies fossiles déjà autorisés à l’échelle mondiale permettent de combler les besoins d’ici 2050.

Selon des chercheurs de l’University College de Londres et de l’International Institute for Sustainable Development, si les gouvernements sont sérieux dans leurs promesses d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050, il n’est plus nécessaire d’approuver de nouveaux projets d’extraction d’énergies fossiles. Selon les scientifiques, dont les travaux ont été publiés dans la revue Science, les projets déjà autorisés à l’échelle mondiale permettent de combler les besoins d’ici 2050. « Il est important de noter que notre recherche établit qu’il existe une base scientifique rigoureuse pour la norme proposée en montrant qu’il n’est pas nécessaire de mettre en place de nouveaux projets de combustibles fossiles », a déclaré au quotidien The Guardian l’un des auteurs de l’étude, le professeur Steve Pye.

Promesse d’aide aux pays pauvres remplie

PHOTO GILES CLARKE, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Des Somaliennes transportent du bois de chauffage devant une carcasse d’âne près de Doolow, en Somalie, qui a connu en 2023 la pire sécheresse depuis quatre décennies.

Une vieille promesse vient d’être remplie par les nations les plus riches de la planète. En 2009, lors de la COP15 qui s’est tenue à Copenhague, au Danemark, les pays développés se sont engagés à verser 100 milliards de dollars américains par année aux pays du Sud, plus durement touchés par les changements climatiques. Selon l’engagement initial, l’objectif de 100 milliards devait être atteint au plus tard en 2020. En 2022, selon des données compilées par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les pays les plus riches ont atteint et dépassé l’objectif en versant 116 milliards de dollars à ce fonds jugé néanmoins insuffisant par les nations qui ont le moins contribué au réchauffement planétaire. Un nouvel objectif de financement fait déjà l’objet de négociations et doit en principe entrer en vigueur dès 2025.

Loi pour forcer les géants pétroliers à payer

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Inondations dans la ville de Montpelier au Vermont

Le Vermont est devenu récemment le premier État américain à mettre en place une loi permettant de réclamer des compensations financières aux géants pétroliers après une catastrophe provoquée par les changements climatiques. L’État produira un rapport d’ici le 15 janvier 2026 évaluant le coût total des émissions de gaz à effet de serre (GES) au Vermont, entre 1995 et 2024. Ces données serviront aussi à calculer la quantité d’émissions attribuables à chacune des entreprises pétrolières. Selon l’Associated Press, le Maryland, le Massachusetts et l’État de New York songeraient à établir une mesure similaire. Le lobby pétrolier a indiqué de son côté qu’il entendait contester la nouvelle loi du Vermont.

Haro sur la pub des énergies fossiles

PHOTO DAVID DEE DELGADO, REUTERS

Comme pour l’industrie du tabac par le passé, António Guterres demande que les publicités associées aux énergies fossiles soient dorénavant interdites.

Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, demande que les publicités associées aux énergies fossiles soient dorénavant bannies, comme l’ont été celles pour l’industrie du tabac par le passé. « Je demande instamment à tous les pays d’interdire la publicité des sociétés de combustibles fossiles, a-t-il déclaré mercredi dernier. Et j’exhorte les médias et les entreprises technologiques à cesser d’accepter la publicité pour les combustibles fossiles », a-t-il ajouté. M. Guterres a notamment souligné le rôle de l’industrie des énergies fossiles qui a nié les changements climatiques pendant de nombreuses années. « Nous devons affronter directement ceux qui, dans l’industrie des combustibles fossiles, ont fait preuve d’un zèle implacable pour entraver le progrès, et ce, pendant des décennies. »

Deux ans après avoir interdit la vente et l’utilisation des pesticides sur son territoire, la Ville de Montréal devient maintenant la première ville au Canada à interdire l’utilisation des principaux pesticides dangereux sur ses terrains de golf. À compter de la saison 2025, les huit golfs montréalais devront se conformer au Règlement sur la vente et l’utilisation des pesticides, duquel ils étaient jusqu’à maintenant exemptés. Ce renforcement règlementaire est rendu possible grâce à l’étroit travail de collaboration entre la Ville, ses partenaires de la société civile et les organisations visées, au cours des dernières années.