Notre sélection de nouvelles environnementales d’ici et d’ailleurs. LP
Résumé
Environnement
L’actualité verte de la semaine
PHOTO GETTY IMAGES
L’Australie est l’un des sept pays à respecter les niveaux recommandés de la qualité de l’air. Le Canada figure au 93e rang, tout juste devant la Russie.
Notre sélection de nouvelles environnementales d’ici et d’ailleurs.
Publié à 1h41 Mis à jour à 7h00
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Sara Champagne La Presse
Question
Combien de pays dans le monde respectent les niveaux recommandés de la qualité de l’air ?
a) 12
b) 3
c) 7
Réponse : 7
Les habitants de l’Australie, l’Estonie, la Finlande, la Grenade, l’Islande, l’île Maurice et la Nouvelle-Zélande respirent un air très sain, selon le 6e rapport de la société suisse IQAir, une référence dans les sciences de l’air. Le Canada occupe le 93e rang, tout juste devant la Russie. Ce palmarès de 134 pays s’appuie sur les données de 30 000 stations de surveillance. Des taux de particules fines (PM2,5) dangereux sont enregistrés dans 124 régions du globe. Les pays les plus pollués sont le Bangladesh, le Pakistan, l’Inde, le Tadjikistan et le Burkina Faso.
Consultez le rapport publié par IQAir (en anglais)
Pollution de l’air meurtrière
PHOTO SAKCHAI LALIT, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS
Une épaisse couche de fumée recouvrait la ville de Chiang Mai, dans le nord de la Thaïlande, en avril dernier.
Un autre rapport sur la pollution de l’air révèle qu’elle se classe au deuxième rang des principaux facteurs de risque de décès, devant le tabac, selon la société à but non lucratif Health Effects Institute (HEI). Plus de 8,1 millions de personnes, dont 700 000 enfants de moins de 5 ans, sont mortes en 2021 en lien avec la pollution de l’air, selon des scientifiques du HEI, dans ce rapport soutenu par l’UNICEF. Les citoyens de pays d’Afrique et d’Asie sont particulièrement touchés. Une base de données d’environ 200 pays a été épluchée pour émettre ce constat. Les résultats n’ont toutefois pas fait l’objet d’une publication dans une revue scientifique.
Consultez le rapport du Health Effects Institute (en anglais)
Grizzlis blancs tués
![](https://uploads.agoramtl.com/original/3X/d/f/dff95de63563f691e3b2c2f079f48d6f9dd0fc84.jpeg)
PHOTO FOURNIE PAR PARCS CANADA
Nakoda, une rare ourse grizzli blanche, a été tuée lors d’une collision à la mi-juin, dans le parc national Yoho, en Colombie-Britannique.
En Colombie-Britannique, des écologistes lancent un appel à la protection des ours après la mort de Nakoda, une rare ourse grizzli blanche, lors d’une collision dans le parc national Yoho. L’accident est survenu à la mi-juin, quelques heures après la mort de deux oursons dans les mêmes circonstances. Cinq grizzlis et neuf ours noirs ont été tués au Canada dans des collisions ce printemps, selon Parcs Canada, qui rappelle aux visiteurs l’importance de respecter les limites de vitesse. À l’Université de la Colombie-Britannique, le scientifique de la faune Clayton Lamb a rappelé que chaque mort, en particulier celle des femelles adultes, peut décimer l’espèce.
Consultez les recommandations de Parcs Canada
Contre l’écoblanchiment sur les étiquettes
PHOTO OMAR HAVANA, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS
Les États-Unis et l’Union européenne ouvrent la porte à une réglementation bannissant les allégations vertes mensongères, slogans farfelus et bilans climatiques douteux.
Produit « vert », « 100 % naturel » ou encore « crème solaire respectueuse de l’océan » ; les États-Unis et l’Union européenne ouvrent la porte à une réglementation bannissant les allégations vertes mensongères, slogans farfelus et bilans climatiques douteux. Le 17 juin, les deux géants industriels se sont entendus sur l’encadrement des étiquettes et publicités dont les allégations parfois trompeuses sont qualifiées d’écoblanchiment (greenwashing). Une vérification préalable des allégations, des critères et des bases factuelles sur lesquels elles doivent être basées, ainsi qu’un cadre concernant la compensation carbone sont prévus dans le projet législatif. Dans un communiqué, le Conseil de l’Union européenne précise que des mesures d’accompagnement des entreprises seront prévues, avec des lignes directrices, des formations, voire un soutien financier.
Tissu rafraîchissant pour affronter la canicule
PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE
Un tissu rafraîchissant pour combattre les canicules pourrait bientôt faire son apparition dans les magasins.
Il n’est pas encore en magasin, mais un tissu rafraîchissant ayant la capacité de créer des vêtements pour se protéger de la chaleur environnante des trottoirs et des bâtiments pourrait bientôt faire son apparition. Le textile est composé de fibres, de plastique et de nanofils d’argent. Il est plus performant que la soie (8,9 °C ou 16 °F plus frais) ou le polyester, et abaisse la température corporelle, selon des chercheurs de l’Université de Chicago. Le fameux matériel émettrait une sorte de rayonnement infrarouge qui freine la chaleur émise par le soleil et les structures environnantes et aurait potentiellement la capacité de tripler la durée confortable de l’exposition d’un humain à la chaleur.
Consultez l’étude parue dans Science (en anglais)
Résumé
Isaac Crosby, semeur d’héritage en terre urbaine
Sous un corridor de pylônes électriques de la banlieue de Toronto, de petites fermes urbaines poussent depuis deux ans. L’une d’elles est détenue par Isaac Crosby, un Afro-Autochtone ojibwé, qui remet au goût du jour les techniques agricoles ancestrales et les fruits et légumes qui ont fait prospérer sa nation avant la colonisation. Rencontre avec cet homme de la terre.
![Isaac Crosby tient une petite fiole contenant des graines de courges.](https://uploads.agoramtl.com/original/3X/5/0/505d2ccc6f1228088e89fb14fbc2bcd996c9fdd4.jpeg)
Isaac Crosby a toujours sur lui des échantillons de semences, prêt à en donner autour de lui.
Photo : Radio-Canada / Delphine Jung
Publié à 4 h 00 HAE
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Elles sont rouge écarlate. Juteuses. Fruitées. Et sucrées juste comme il faut. Et surtout, elles goûtent ce qu’elles sont : la fraise. Isaac Crosby les dévoile délicatement, caressant les feuilles, avant de les cueillir puis de les partager.
Les fraises sont cultivées dans son jardin situé en banlieue de Toronto, à la Malvern Urban Farm de Scarborough. Ce projet est dirigé par le Malvern Family Resource Centre, en partenariat avec le Native Child and Family Resource Center.
L’organisme compte différentes petites parcelles détenues par plusieurs membres de la communauté du secteur. Mais celle d’Isaac a une particularité : elle met en valeur des pratiques agricoles autochtones ancestrales.
![Isaac Crosby cueille quelques fraises de son jardin.](https://uploads.agoramtl.com/original/3X/e/0/e032b77b9d1afbd9d33cd22c9f4d869b027bca4d.jpeg)
Isaac Crosby ne cueille jamais tout ce qui pousse dans son jardin, il en laisse un peu pour les animaux du coin.
Photo : Radio-Canada / Delphine Jung
Isaac Crosby a les mains plongées dans la terre depuis sa plus tendre enfance. C’est lui qui, avec sa sœur et son neveu, s’occupe de cette parcelle de 18 mètres sur 12, depuis deux ans maintenant.
Il vient d’une famille d’agriculteurs, installée à Harrow, en Ontario, au bord du lac Érié. J’ai toujours, toujours, toujours été dans la nature. Et j’ai toujours aimé jardiner et m’assurer que je savais comment cultiver mes aliments, explique-t-il, alors que le soleil ontarien commence à cogner en ce premier jour de canicule.
Lorsque vous grandissez dans une ferme, à la campagne, l’extérieur est votre terrain de jeu. C’est là que l’on fait tout. Nous étions toujours en train de planter des haricots, du maïs. Cela faisait partie de notre vie quotidienne avec nos grands-parents.
Une citation de Isaac Crosby
Et s’il n’a pas eu la chance de grandir connecté à la culture autochtone, comme celle des cérémonies, il a en revanche été baigné dans le monde agricole.
Un héritage qu’il honore aujourd’hui, avec ce jardin qui recèle de petits trésors : de l’ail, des tomates du voyageur, du maïs blanc, des melons d’eau, des fleurs de consoude, des myrtilles, des patates douces…
![Une vue d'ensemble sur des jardins installés sous des pylônes électriques.](https://uploads.agoramtl.com/original/3X/a/1/a152178ef4a3217628bdd1f0a0ba68b0317e8a5e.jpeg)
La ferme urbaine compte plusieurs parcelles cultivées par différents membres de la communauté de ce quartier de Scarborough.
Photo : Radio-Canada / Delphine Jung
Une encyclopédie de l’agriculture autochtone
Isaac n’a pas grandi dans une communauté autochtone, mais il connaît la terre comme sa poche. Celui qui a aujourd’hui 52 ans sait que son jardin se trouve sur un sol argileux lourd et, surtout, il sait comment cultiver sur ce genre de sol.
![Isaac Crosby dans son jardin](https://uploads.agoramtl.com/original/3X/2/8/2857dfb3446596c4e58fe2cad24a074ecb71d5b7.jpeg)
Isaac Crosby sait quelles plantes doivent se retrouver près des fraises pour qu’elles poussent en symbiose.
Photo : Radio-Canada / Delphine Jung
Pour faire pousser la patate douce, par exemple, Isaac Crosby a fait de petits monticules de terre, qui favorisent le développement des tubercules. Véritable encyclopédie des techniques agricoles ojibwées, Isaac utilise aussi les ollas.
Ces pots en céramique enterrés servent à irriguer les plantes. Isaac explique qu’il suffit de remplir les pots jusqu’au maximum, puis l’eau va s’échapper lentement des parois poreuses du pot pour nourrir les racines.
Des Afro-Autochtones sont présents au Canada. Ce mélange est lié à des unions entre des Autochtones et – essentiellement – des esclaves noirs qui se sont enfuis des États-Unis et qui ont parfois trouvé refuge dans des communautés autochtones.
Isaac refuse également l’utilisation de tout intrant chimique sur sa parcelle. Selon lui, tout ce dont il a besoin se trouve déjà dans la nature.
Nous avons, surtout en Amérique du Nord, détruit nos sols ces dernières 100 années, en utilisant des produits chimiques, alors que les plantes ont leur propre fertilisant, peuvent aussi devenir des pesticides, explique-t-il.
![Gros plan sur un olla qui sort de terre.](https://uploads.agoramtl.com/original/3X/1/3/13ba0cf61e124beb22f2d96fb7e5ff645aa86151.jpeg)
Isaac Crosby irrigue la parcelle sur laquelle il fait pousser du maïs grâce au système des ollas, ces pots de terre enfouis dans le sol.
Photo : Radio-Canada / Delphine Jung
Par exemple, dans son jardin, il fait pousser du consoude. Il en récolte les feuilles et les laisse macérer plusieurs semaines dans l’eau.
Près d’une clôture sur laquelle il a accroché un panneau indiquant à la blague la présence d’ours (son père vient du clan de l’ours), se trouvent ainsi plusieurs seaux remplis de cette mixture. Lorsqu’on y approche son nez, une odeur épouvantable d’égouts et d’eaux usées s’en dégage.
Mais c’est efficace, jure Isaac.
Photo : Radio-Canada / Delphine Jung
Photo : Radio-Canada / Delphine Jung
Photo : Radio-Canada / Delphine Jung
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Isaac Crosby assure que les sols d’Amérique du Nord ont beaucoup souffert de l’utilisation de pesticides.
Photo : Radio-Canada / Delphine Jung
Isaac Crosby veut préserver la terre pour les sept prochaines générations.
Photo : Radio-Canada / Delphine Jung
À côté, un second contenant dévoile un mélange composé notamment de charbon de bois. Mélangé avec des fertilisants naturels comme les turricules (ces petits amas de terre que les vers rejettent à la surface) et de l’eau, a des propriétés fertilisantes. Il stockera aussi le carbone atmosphérique dans le sol.
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Avec amertume, Isaac regarde de l’autre côté de son jardin, celui de son voisin. Au sol traîne un gros sac de fertilisant. Ces jardins sont tous censés être bio…, déplore-t-il.
La vision de l’agriculture occidentale et autochtone est très différente. Isaac estime que beaucoup de non-Autochtones se disent : OK, qu’est-ce que je peux faire avec cette terre pour me faire de l’argent? Puis, ne rien remettre dans la terre. Une fois qu’ils [l’ont exploitée], ils cherchent un autre terrain.
Isaac ne récolte pas tout non plus. Je vais en laisser pour les animaux, comme les lapins, les petits êtres, ce que vous appelez les fées, dit-il.
Partage de semences
À côté de ses plants de courges se trouvent justement ceux de maïs, mais pas n’importe lequel. Isaac Crosby explique que le maïs jaune est le plus faible en nutriment, contrairement au maïs blanc, rouge, violet…
Photo : Radio-Canada / Delphine Jung
Photo : Radio-Canada / Delphine Jung
Photo : Radio-Canada / Delphine Jung
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Isaac Crosby fait pousser des fraises qui ont un véritable goût de fraise juteuses.
Photo : Radio-Canada / Delphine Jung
Isaac Crosby fait pousser des fraises qui ont un véritable goût de fraise juteuses.
Photo : Radio-Canada / Delphine Jung
Ici, c’est du maïs blanc. J’ai récupéré ces graines auprès d’une gardienne des semences de la communauté Six Nations, Terrylynn Brant.
C’était la première fois qu’Isaac Crosby recevait des semences d’une aînée et pour lui, c’était tout un honneur. Quand je l’ai rencontrée pour la première fois, j’ai été époustouflé. Je me suis dit qu’elle devait me faire confiance [pour me donner ses semences], qu’elle devait respecter ce que je faisais, détaille-t-il.
Pour elle, me transmettre cela, c’était me dire qu’il était temps pour moi de prendre soin des graines de maïs. Cette graine est maintenant mon bébé. C’est maintenant un membre de ma famille.
Une citation de Isaac Crosby
Isaac Crosby compte d’ailleurs perpétuer ce partage en donnant certaines de ses semences à des agriculteurs, autochtones ou non.
En plus de ses plantes, Isaac et Myra Crosby cultivent aussi la patience. Ils considèrent pratiquer l’agriculture lente et revendiquent un jardin qui n’est pas trop sculpté.
![Isaac Crosby pose à côté de l'enseigne qui annonce son jardin.](https://uploads.agoramtl.com/original/3X/b/2/b2f1bfed00f0d2e4131c79349981dcb0d3958073.jpeg)
Le mot ojibwé « gitigaan » signifie « petit jardin ».
Photo : Radio-Canada / Delphine Jung
Je trouve que les Européens veulent toujours diviser les choses en section. Alors que les jardins autochtones sont plus liés au flux naturel de la vie, de la nature, dit Isaac.
Il a une anecdote à ce sujet. Les non-Autochtones trouvent que nos jardins ressemblent à des jungles. Ils ne nous volent jamais rien! Parce que ça a l’air trop sauvage, dit-il en riant.
Par exemple, concernant les mauvaises herbes, il a un avis bien précis : Vous pouvez dire que ce sont des mauvaises herbes, moi je les appelle des plantes, dit-il en montrant justement quelques pousses que beaucoup auraient immédiatement arrachées.
![Un gros plan sur un plan de patate douce qui est ficelé autour d'un tuteur.](https://uploads.agoramtl.com/original/3X/d/e/deecf472a7d9184bba6c8c2461951ea0b9a11ea6.jpeg)
Le but de l’opération est d’inciter les plants de patates douces à monter le long du tuteur.
Photo : Radio-Canada / Delphine Jung
En fait, elles sont bonnes pour le sol. Il ne faut pas tout de suite s’en débarrasser, ajoute Isaac, en cueillant une autre fraise, appelée white soul strawberry, une sorte de fraise des bois, mais couleur crème. Un bonbon lorsque son jus coule au fond de la gorge.
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Faire pousser les fruits et légumes en harmonie est aussi tout un art. Isaac Crosby sait quelles plantes s’entendent. C’est ce qu’il appelle le compagnonnage. Cela a commencé avec les trois sœurs : le maïs, la courge et le haricot, détaille-t-il.
Les fraises, par exemple, bénéficient de la forte odeur de l’ail et des oignons si on les plante côte à côte, ce qui va faire fuir les insectes et les lapins, souvent friands de ce petit fruit sucré à la couleur attirante.
Sur son chemin, Isaac Crosby fait goûter une feuille au parfum de citronnelle, une autre à la réglisse, tout en continuant la visite.
Souvent, ceux qui placent leur confiance dans les intrants chimiques questionnent Isaac sur sa production. Je leur dis de venir voir mon jardin. Je leur dis de ne pas s’inquiéter, dame Nature prend soin de tout.
![Vue d'ensemble sur un jardin urbain.](https://uploads.agoramtl.com/original/3X/7/7/77c746434be34294750c54c44cf28fce9ef2ee75.jpeg)
Le jardin d’Isaac Crosby est situé sous un corridor de pylônes électriques.
Photo : Radio-Canada / Delphine Jung
Au-delà de l’aspect agricole, la ferme urbaine se trouve aussi sous un corridor de poteaux électriques. Ces espaces sont souvent vierges et à l’abandon, alors les petits lopins de terre cultivés représentent une nouvelle forme de vie.
En 2002, le gouvernement provincial a repris la propriété des corridors d’Hydro One et les jardins sont devenus possibles.
Aujourd’hui, Isaac considère que son rôle est d’aider la terre à redevenir ce qu’elle était après des années d’exploitation frénétique et non raisonnée. Il raconte le faire pour que les sept prochaines générations puissent bénéficier des avantages qu’il a lui-même eus durant son enfance.
Il y voit une chance inouïe : faire ce qu’il aime (jardiner), enseigner aux autres, tout en récoltant les fruits et les légumes de son jardin à la fin de la saison.
![Isaac Crosby de dos, marche dans une allée de son jardin.](https://uploads.agoramtl.com/original/3X/c/5/c5988e5a68f44e917a3aba2be48b1383fda7d0a6.jpeg)
C’est la deuxième année que l’Afro-Autochtone s’occupe de ce jardin urbain, à Scarborough.
Photo : Radio-Canada / Delphine Jung
Très vite, il a réalisé à quel point être dans un bureau s’apparentait à être emprisonné. C’est drôle parce que quand j’étais plus jeune, j’en avais marre de faire de l’agriculture. J’ai essayé d’être un employé de bureau… Mais non. Si vous voulez me tuer, mettez-moi dans un bureau, lance-t-il en riant.
Myra Crosby, la sœur d’Isaac, qui s’implique aussi dans la ferme, partage ce souvenir. Lorsque nous étions petits, nous ne voulions pas cultiver, nous pensions que nous devions suivre une voie différente. Et puis nous sommes devenus des adultes et nous aimons ça. J’ai repris ce contact [avec l’agriculture] et aujourd’hui, je ne sais pas pourquoi je l’avais perdu, raconte-t-elle.
Et lorsque l’hiver arrive et que la terre se met en dormance, Myra n’attend que ça avec impatience : pouvoir retourner dehors, un râteau et une pelle en main.
![Myra Crosby.](https://uploads.agoramtl.com/original/3X/0/8/08605785a068fe23e2510d4d03e2cc4945f4df7b.jpeg)
Myra Crosby n’a pas toujours aimé l’agriculture, maintenant, elle attend avec impatience la fin de l’hiver pour replonger les mains dans la terre.
Photo : Radio-Canada / Delphine Jung
Conscient que, dans ce monde où les connaissances autochtones ont clairement été dénigrées, Isaac a voulu obtenir un diplôme pour que sa parole soit prise plus au sérieux. À 40 ans, il est retourné sur les bancs de l’école et a obtenu un certificat en horticulture et architecture du paysage au collège Humber, à Toronto.
C’est la seule raison pour laquelle je [suis allé à Humber], car il faut avoir un bout de papier qui dit : “Vous savez comment faire correctement”, ajoute-t-il.
Un partenariat avec l’Université de Toronto
Isaac Crosby ne se contente pas de ce petit bout de terre à la Malvern Urban Farm de Scarborough. Il s’occupe aussi d’un autre jardin, à quelques kilomètres, et qui fait partie d’un projet de l’Université de Toronto, campus Scarborough.
![Béatrice Lego qui tient en main un olla : deux pots en céramique collés ensemble.](https://uploads.agoramtl.com/original/3X/c/0/c052048b413cc45d63f0071b8593ede2dac1b4bb.jpeg)
Béatrice Lego explique qu’elle se sert désormais du système des ollas qui permettent une bonne irrigation des plantes.
Photo : Radio-Canada / Delphine Jung
Cette ferme urbaine, créée en 2018, est axée sur l’enseignement et la recherche. L’initiative est venue de professeurs qui désiraient un espace pour cultiver des produits alimentaires et redonner une expérience pratique et manuelle aux étudiants, détaille Béatrice Lego, coordinatrice de la ferme.
Parmi ces espaces, l’un est géré par Isaac : le jardin autochtone. Cette demande a été faite par une professeure de sociologie pour amener la culture autochtone à l’université.
La coordinatrice présente Isaac comme un gardien du savoir, qui, avec ce projet, a permis à des étudiants d’autres programmes que celui de sociologie de découvrir les cultures autochtones.
![Vue d'ensemble sur un jardin.](https://uploads.agoramtl.com/original/3X/a/3/a3f4be42fb40e5a445bc52a47285699429369fdb.jpeg)
Le jardin urbain de l’Université de Toronto, campus Scarborough, permet aux étudiants de découvrir les techniques de culture autochtones.
Photo : Radio-Canada / Delphine Jung
Des connaissances d’Isaac, Béatrice a récupéré celle des ollas, partagées finalement par plusieurs civilisations anciennes. Quant à Isaac, il a repris le concept de ces sortes de draps blancs pour protéger les plantes et leur permettre, notamment en début d’hiver, de garder quelques degrés supplémentaires.
Nous avons une belle complémentarité et ça nous permet de donner un apport autochtone dans l’enseignement.
Une citation de Béatrice Lego
Béatrice souligne aussi la vision qu’il y a derrière l’agriculture chez les Autochtones et leur rapport à la terre. Un côté spirituel qu’elle observe notamment lorsqu’il est question de la fonction très féminine de la terre qui donne la vie. Ça humanise la terre, précise-t-elle.
![Isaac et Béatrice au fond, avec en premier plan des plantes et des fleurs.](https://uploads.agoramtl.com/original/3X/5/a/5a7aa26ad37b8efac748ef545b0842627815f5de.jpeg)
Isaac et Béatrice s’échangent des conseils sur les meilleures pratiques agricoles.
Photo : Radio-Canada / Delphine Jung
Peu à peu, Béatrice apprend qu’il faut écouter ce que la nature a à nous dire et voir les signes qu’elle nous envoie. Isaac prend tout cela comme des messages, et comme une information sur les besoins de la terre, ajoute-t-elle.
À terme, Isaac aimerait obtenir une parcelle de terre plus grande et pouvoir vendre ses produits, mais pour le moment, il chouchoute ses plants de maïs, que le soleil des derniers jours est venu réveiller après un printemps vacillant entre deux saisons.
![Béatrice Lego et une étudiante.](https://uploads.agoramtl.com/original/3X/8/6/86ebef852a732816a7ee89edc8352c6424a5eec2.jpeg)
Béatrice Lego accueille des étudiants qui s’impliquent dans le jardin qui se trouve sur le campus de l’Université à Toronto, installé à Scarborough.
Photo : Radio-Canada / Delphine Jung
Sous un abri de la ferme urbaine, Béatrice, elle, déguste l’une des fameuses fraises blanches d’Isaac. Elle ferme les yeux et savoure le vrai goût de la nature.