Environnement et transition écologique

Notre sélection de nouvelles environnementales d’ici et d’ailleurs.

Résumé

L’actualité verte de la semaine

PHOTO JOSE LUIS GONZALEZ, REUTERS

Les températures élevées des derniers jours ont provoqué une sécheresse intense dans l’État de Chihuahua, au Mexique, une menace pour le bétail.

Notre sélection de nouvelles environnementales d’ici et d’ailleurs.

Publié à 0h58 Mis à jour à 9h00

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Jean-Thomas Léveillé
Jean-Thomas Léveillé La Presse

Quiz

Quelle proportion du Mexique est-elle frappée par une sécheresse ?

Réponse : 89,6 %. La superficie du pays souffrant d’un manque de précipitations a ainsi augmenté de quatre points de pourcentage en raison de la vague de chaleur enregistrée du 20 mai au 4 juin, la troisième de l’année, rapporte le quotidien mexicain Excélsior, citant l’Observatoire mexicain de la sécheresse. Ce taux est nettement supérieur aux 61 % de l’année précédente, à pareille date. L’État le plus touché par la sécheresse exceptionnelle est celui de Hidalgo, avec 53 municipalités affectées.

Les Innus de Nutashkuan ne chassent plus le caribou

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

La communauté innue de Nutashkuan ne pourra reprendre la chasse au caribou que si les populations sont stables ou en croissance pendant au moins six années consécutives.

La communauté innue de Nutashkuan, sur la Côte-Nord, suspend la chasse au caribou à des fins alimentaires sur son territoire « aussi longtemps que les populations du caribou forestier ne seront pas suffisamment rétablies », emboîtant ainsi le pas à d’autres communautés de la région qui ont mis fin à cette pratique. Cette décision découle d’une entente conclue avec Québec, qui permettra néanmoins la chasse « à des fins culturelles et éducatives » de cinq mâles adultes par année. La chasse à des fins alimentaires ne pourra éventuellement reprendre que si les populations de caribou sont stables ou en croissance pendant au moins six années consécutives.

Hausse des cas de dengue en Europe

PHOTO ORLANDO SIERRA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Un enfant atteint de dengue est allongé sur un lit à l’hôpital de La Paz, au Honduras. Les cas de dengue sont maintenant en augmentation en Europe, le changement climatique créant des conditions plus favorables à la propagation de moustiques invasifs.

Les cas de dengue et d’autres maladies liées aux moustiques sont en nette augmentation en Europe, le changement climatique créant des conditions plus favorables à la propagation de moustiques invasifs, a indiqué mardi le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies. En 2023, 130 cas de dengue autochtone ont été enregistrés dans l’Union européenne plus l’Islande, le Liechtenstein et la Norvège, contre 71 en 2022 et 73 de 2010 à 2021. Les cas de virus du Nil occidental suivent aussi une tendance à la hausse, tandis que les moustiques transmettant le chikungunya, le Zika et la fièvre jaune se rapprochent quant à eux de l’Europe. – Avec l’Agence France-Presse

Lourdes sanctions contre Cap-Chat et d’anciens hauts placés

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

La route 132, tout juste avant d’arriver à Cap-Chat

La Ville de Cap-Chat, son ancien maire Judes Landry et son ancien directeur des travaux publics Rémi Lajoie ont été condamnés à des amendes totalisant 190 172 $ pour l’enrochement non autorisé de la rivière Cap-Chat, en mai 2017, a annoncé le ministère québécois de l’Environnement, rappelant que la rivière Cap-Chat constitue un couloir migratoire du saumon et de l’omble de fontaine. Des sanctions avaient aussi été imposées en 2022 pour des infractions à la loi fédérale sur les pêches dans le même dossier, mais Pêches et Océans Canada a refusé de les détailler, même s’il s’agit d’informations publiques. La Ville devra également remettre le site en état.

Les palmiers plantés à Halifax n’ont pas survécu

PHOTO ANDREW VAUGHAN, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le climat de la côté atlantique aura eu raison des palmiers d’Halifax.

Les deux derniers palmiers plantés en 2018 par la Ville d’Halifax sont morts ce printemps, ce qui a mis fin à une expérience particulière visant à déterminer si ces arbres pouvaient survivre au climat nordique de la Nouvelle-Écosse. Neuf palmiers de variétés connues pour pousser dans des climats plus septentrionaux de l’Asie ou en haute altitude avaient été plantés dans quatre parcs. Les palmiers peuvent survivre dans les zones de rusticité de 7 à 11, alors que la région d’Halifax est classée en zone 6. Des palmiers ont d’ailleurs été cultivés avec succès à Vancouver, où les températures moyennes sont plus douces que sur la côte atlantique. – Avec La Presse Canadienne

Un vaste territoire situé sur le plateau de la rivière Rupert, au nord de Chibougamau et de Chapais, est devenu le terrain de jeu parfait pour l’entreprise ontarienne Flash Forest. Ses drones permettront de reboiser près d’une centaine d’hectares de forêt qui ont été ravagés par les flammes au cours de l’été catastrophique de 2023.

Résumé

Des drones en renfort pour reboiser une forêt brûlée du Québec

Au cœur de la réserve faunique Assinica, en Eeyou Istchee, des drones équipés de capsules de semences résistantes à la sécheresse ont survolé pour la première fois un pan de territoire rasé lors des feux de 2023. Leur but : donner un coup de pouce à la forêt pour qu’elle puisse se régénérer.

Publié à 4 h 00 HAE

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Un vaste territoire situé sur le plateau de la rivière Rupert, au nord de Chibougamau et de Chapais, est devenu le terrain de jeu parfait pour l’entreprise ontarienne Flash Forest. Ses drones permettront de reboiser près d’une centaine d’hectares de forêt qui ont été ravagés par les flammes au cours de l’été catastrophique de 2023.

Dans le Nord-du-Québec, où se trouve la réserve faunique Assinica gérée par la Nation crie d’Oujé-Bougoumou, près de 404 000 hectares de superficie destinés à l’aménagement forestier ont été touchés par les feux, l’an dernier, soit 11,6 % de la région. Certaines zones risquent même d’être incapables de se régénérer naturellement, en raison de la sévérité des incendies.

Par endroits [au Québec], les incendies ont été tellement intenses que le feu a brûlé toute la matière organique au sol, ce qui fait qu’on va se retrouver avec une cicatrice sur le territoire pendant plusieurs décennies, explique William Métivier, président de Forair, une entreprise spécialisée dans l’aménagement forestier.

Préoccupé par ces étendues de forêt laissées à elles-mêmes – et conscient des nombreux obstacles qui ralentissent la remise en production des forêts qui ont brûlé –, cet ingénieur forestier a fait appel à Flash Forest en vue de trouver une solution pour reboiser ce territoire rapidement et le moins cher possible.

Déjà active dans l’ouest du pays, la jeune entreprise n’avait jusqu’alors jamais lancé de projet au Québec.

Toutefois, depuis la mi-juin, ses drones ont commencé à survoler la canopée qui recouvre le territoire montagneux d’Assinica, laissant sur leur passage de petites capsules de semences prêtes à prendre racine au sol. Au cours des derniers jours, 29 hectares ont ainsi été ensemencés dans la forêt boréale, qui abrite une harde de caribous forestiers.

Vue aérienne de la forêt.

Une vue aérienne d’un site de la réserve faunique Assinica où les arbres ont été brûlés par les feux de 2023.

Photo : Forair

Au total, les drones disperseront environ 2,5 millions de capsules, desquelles on espère pouvoir faire pousser 125 000 arbres, résume William Métivier, dont l’entreprise sert d’intermédiaire à Flash Forest au Québec. Ça va permettre de reboiser de 85 à 100 hectares de forêt, ajoute-t-il.

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Les capsules qui seront semées sont constituées à 70 % d’épinette noire et à 30 % de pin gris.

Contrairement à la majorité des essences reboisées au Québec, ces arbres ne seront pas destinés à la récolte. Flash Forest assurera un suivi pour les trois prochaines années, mais Forair souhaite étudier l’évolution du projet à long terme. On veut voir la façon dont ces arbres ont poussé. Ont-ils réussi à prendre au sol? Ont-ils poussé tout croche? Ça va devenir notre territoire à l’étude.

Résister à la sécheresse

Joint sur la côte ouest, le directeur des opérations de Flash Forest, Cameron Jones, insiste : il ne suffit pas de laisser tomber des semences en espérant qu’elles s’infiltrent dans le sol. Encore faut-il une capsule qui permette à la graine de se frayer un chemin dans la terre.

Les premiers essais de Flash Forest, qui se limitaient alors à distribuer les semences à partir d’un drone, se sont avérés infructueux. De nombreuses graines, larguées sur des zones asséchées où elles étaient incapables de pénétrer le sol, se retrouvaient ainsi gaspillées.

L’entreprise a donc développé une capsule à multiples épaisseurs qui permet de contrer la sécheresse. À l’image d’un oignon, chacune de ces couches qui enrobent la semence lui fournit l’humidité et les nutriments qui l’aideront à croître.

La composition des pastilles dépend du type d’arbre. Certaines peuvent contenir des champignons mycorhiziens, qui aident les plantes à absorber les minéraux et l’eau du sol.

Quand les capsules s’imprègnent d’eau, elles gonflent pour atteindre environ 400 % de leur taille et vont retenir cette humidité après la mise en terre, ce qui permet à la graine de bien s’établir, même s’il n’y a pas beaucoup de pluie, indique Cameron Jones.

Avec les feux de forêt et les épisodes de sécheresse, comme ceux qui ont mené à la perte de plus de 16 millions d’hectares [au Canada l’an dernier], les arbres qui sont plantés sont nombreux à ne pas survivre parce qu’ils manquent d’eau.

Une citation de Cameron Jones, directeur des opérations chez Flash Forest

L’entreprise utilise aussi l’intelligence artificielle pour analyser la zone de reboisement et cibler les secteurs qui présentent les meilleures chances de succès.

On y a aussi recours pour déterminer quelles espèces il serait préférable de planter sur ces sites pour qu’elles soient adaptées aux changements climatiques, note Cameron Jones. C’est inédit, car la plupart des efforts de plantation d’arbres ont toujours consisté, historiquement, à prendre les espèces existantes dans la forêt et à les planter à une densité similaire sur l’ensemble de la zone.

Au Québec, comme c’est le cas dans d’autres provinces, le reboisement est encadré par une loi. Celle-ci exige de maintenir l’écosystème forestier en place et de respecter la dynamique naturelle des forêts, dont leur composition.

La zone de reboisement de la réserve faunique d’Assinica – choisie avec l’aide d’Oujé-Bougoumou et l’accord du maître de trappe Robert S.-Blacksmith, responsable du territoire visé – représente son lot de défis.

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Le site, très éloigné des routes et des villes, est traversé de montagnes. Les drones doivent ainsi ajuster leur trajectoire pour pouvoir suivre la pente et s’adapter au dénivelé, afin de laisser tomber les capsules à la même vitesse et à la même hauteur au-dessus des arbres.

Comme l’altitude varie, le type d’arbre et la densité des espèces qu’il faut planter changent aussi, résume Cameron Jones. Contrairement au projet que nous menons en Saskatchewan, où le terrain est plat et beaucoup plus uniforme, celui du Québec est l’un des plus difficiles où planter des arbres.

Travailler plus rapidement

L’ensemencement par drone doit essentiellement alléger toute la logistique du reboisement – qui est longue et coûteuse. Plus besoin d’aménager de routes pour permettre le passage des scarificateurs et de la machinerie lourde servant à préparer le terrain, fait valoir Cameron Jones.

Alors que le reboisement prend du retard dans la province, l’ensemencement par drone permettrait surtout de planter plus d’arbres en peu de temps, sans avoir à attendre les semis qui poussent deux ou trois ans en pépinière.

Flash Forest, qui détient les installations pour produire jusqu’à un million de capsules par jour, estime pouvoir planter quotidiennement 50 000 arbres. En comparaison, un planteur a une [productivité] moyenne de 1500 à 2000 semis par jour, souligne Cameron Jones.

Non seulement la cadence actuelle est-elle insuffisante, mais la main-d’œuvre n’est pas au rendez-vous pour semer tous les arbres qu’il faudrait mettre en terre afin de compenser les pertes causées par les feux de forêt.

Il en va de même pour les pépinières, qui n’ont pas réussi à augmenter leur capacité pour répondre aux besoins de reboisement d’un bout à l’autre du pays, note de son côté John Innes, professeur à la Faculté de foresterie de UBC et ancien contributeur du GIEC.

L’expert, qui agit à titre de conseiller pour Flash Forest, s’intéresse à l’ensemencement aérien depuis plus d’une vingtaine d’années. De la Californie à l’Australie, ces technologies s’affinent et évoluent rapidement, propulsées par les avancées du domaine militaire – et par la concurrence que se livrent les entreprises de drones, notamment au Canada et aux États-Unis, précise M. Innes.

Un drone de Flash Forest survole une forêt brûlée dans l'ouest.

Un drone de Flash Forest survole une forêt brûlée dans l’ouest.

Photo : Ben Prescott/Flash Forest

En plus de permettre d’atteindre des lieux difficiles d’accès, les drones offrent l’avantage d’éviter de mettre les planteurs en danger. Après un feu, des arbres sont à risque de tomber à tout moment. Les cendres au sol, une fois remuées, restent en suspens dans l’air et peuvent s’infiltrer dans leurs poumons, donne en exemple le spécialiste de l’aménagement durable des forêts.

Il estime néanmoins que l’ensemencement par drone ne sonne pas le glas de la profession de planteur.

Le taux de mortalité des jeunes plants va diminuer exponentiellement avec l’âge. C’est là l’avantage des planteurs : ils mettent en terre des arbres [déjà formés] et qui ont ainsi un taux de survie plus élevé.

Une citation de John Innes, professeur à la Faculté de foresterie de UBC

Certaines forêts, comme celles de la côte ouest où la matière organique s’accumule et empêche les semences de s’enfoncer dans le sol, ne conviennent pas à ce type de technologie, dit-il.

Financement fédéral

Bien que le projet pilote prenne place au Québec, le gouvernement provincial n’en finance pas les activités. La ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette-Vézina, estime cependant que l’ensemencement par drone pourrait faire partie des solutions pour améliorer nos façons de faire [en matière de] reboisement.

Même son de cloche du côté du Forestier en chef, Louis Pelletier, qui se dit ouvert à prendre en considération tous les outils […] qui assurent une régénération de nos forêts à moindre coût.

Les tests réalisés dans la réserve faunique Assinica sont financés en grande partie par des partenaires privés, dont Transat. Services autochtones Canada a pour sa part fourni 125 000 $ à Oujé-Bougoumou pour réaliser une étude de faisabilité.

Flash Forest bénéficie aussi du financement d’Ottawa dans le cadre du programme pour reboiser 2 milliards d’arbres en 10 ans. En 2022, l’entreprise a reçu plus d’un million de dollars pour planter un million d’arbres d’ici la fin 2024. D’après un suivi réalisé à l’automne dernier sur les semis plantés par drone, Cameron Jones affirme que la compagnie est en bonne voie d’atteindre sa cible.

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Résumé

Environnement

L’actualité verte de la semaine

PHOTO GETTY IMAGES

L’Australie est l’un des sept pays à respecter les niveaux recommandés de la qualité de l’air. Le Canada figure au 93e rang, tout juste devant la Russie.

Notre sélection de nouvelles environnementales d’ici et d’ailleurs.

Publié à 1h41 Mis à jour à 7h00

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Sara Champagne
Sara Champagne La Presse

Question

Combien de pays dans le monde respectent les niveaux recommandés de la qualité de l’air ?

a) 12

b) 3

c) 7

Réponse : 7

Les habitants de l’Australie, l’Estonie, la Finlande, la Grenade, l’Islande, l’île Maurice et la Nouvelle-Zélande respirent un air très sain, selon le 6e rapport de la société suisse IQAir, une référence dans les sciences de l’air. Le Canada occupe le 93e rang, tout juste devant la Russie. Ce palmarès de 134 pays s’appuie sur les données de 30 000 stations de surveillance. Des taux de particules fines (PM2,5) dangereux sont enregistrés dans 124 régions du globe. Les pays les plus pollués sont le Bangladesh, le Pakistan, l’Inde, le Tadjikistan et le Burkina Faso.

Consultez le rapport publié par IQAir (en anglais)

Pollution de l’air meurtrière

PHOTO SAKCHAI LALIT, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Une épaisse couche de fumée recouvrait la ville de Chiang Mai, dans le nord de la Thaïlande, en avril dernier.

Un autre rapport sur la pollution de l’air révèle qu’elle se classe au deuxième rang des principaux facteurs de risque de décès, devant le tabac, selon la société à but non lucratif Health Effects Institute (HEI). Plus de 8,1 millions de personnes, dont 700 000 enfants de moins de 5 ans, sont mortes en 2021 en lien avec la pollution de l’air, selon des scientifiques du HEI, dans ce rapport soutenu par l’UNICEF. Les citoyens de pays d’Afrique et d’Asie sont particulièrement touchés. Une base de données d’environ 200 pays a été épluchée pour émettre ce constat. Les résultats n’ont toutefois pas fait l’objet d’une publication dans une revue scientifique.

Consultez le rapport du Health Effects Institute (en anglais)

Grizzlis blancs tués

PHOTO FOURNIE PAR PARCS CANADA

Nakoda, une rare ourse grizzli blanche, a été tuée lors d’une collision à la mi-juin, dans le parc national Yoho, en Colombie-Britannique.

En Colombie-Britannique, des écologistes lancent un appel à la protection des ours après la mort de Nakoda, une rare ourse grizzli blanche, lors d’une collision dans le parc national Yoho. L’accident est survenu à la mi-juin, quelques heures après la mort de deux oursons dans les mêmes circonstances. Cinq grizzlis et neuf ours noirs ont été tués au Canada dans des collisions ce printemps, selon Parcs Canada, qui rappelle aux visiteurs l’importance de respecter les limites de vitesse. À l’Université de la Colombie-Britannique, le scientifique de la faune Clayton Lamb a rappelé que chaque mort, en particulier celle des femelles adultes, peut décimer l’espèce.

Consultez les recommandations de Parcs Canada

Contre l’écoblanchiment sur les étiquettes

PHOTO OMAR HAVANA, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Les États-Unis et l’Union européenne ouvrent la porte à une réglementation bannissant les allégations vertes mensongères, slogans farfelus et bilans climatiques douteux.

Produit « vert », « 100 % naturel » ou encore « crème solaire respectueuse de l’océan » ; les États-Unis et l’Union européenne ouvrent la porte à une réglementation bannissant les allégations vertes mensongères, slogans farfelus et bilans climatiques douteux. Le 17 juin, les deux géants industriels se sont entendus sur l’encadrement des étiquettes et publicités dont les allégations parfois trompeuses sont qualifiées d’écoblanchiment (greenwashing). Une vérification préalable des allégations, des critères et des bases factuelles sur lesquels elles doivent être basées, ainsi qu’un cadre concernant la compensation carbone sont prévus dans le projet législatif. Dans un communiqué, le Conseil de l’Union européenne précise que des mesures d’accompagnement des entreprises seront prévues, avec des lignes directrices, des formations, voire un soutien financier.

Tissu rafraîchissant pour affronter la canicule

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Un tissu rafraîchissant pour combattre les canicules pourrait bientôt faire son apparition dans les magasins.

Il n’est pas encore en magasin, mais un tissu rafraîchissant ayant la capacité de créer des vêtements pour se protéger de la chaleur environnante des trottoirs et des bâtiments pourrait bientôt faire son apparition. Le textile est composé de fibres, de plastique et de nanofils d’argent. Il est plus performant que la soie (8,9 °C ou 16 °F plus frais) ou le polyester, et abaisse la température corporelle, selon des chercheurs de l’Université de Chicago. Le fameux matériel émettrait une sorte de rayonnement infrarouge qui freine la chaleur émise par le soleil et les structures environnantes et aurait potentiellement la capacité de tripler la durée confortable de l’exposition d’un humain à la chaleur.

Consultez l’étude parue dans Science (en anglais)

Résumé

Isaac Crosby, semeur d’héritage en terre urbaine

Sous un corridor de pylônes électriques de la banlieue de Toronto, de petites fermes urbaines poussent depuis deux ans. L’une d’elles est détenue par Isaac Crosby, un Afro-Autochtone ojibwé, qui remet au goût du jour les techniques agricoles ancestrales et les fruits et légumes qui ont fait prospérer sa nation avant la colonisation. Rencontre avec cet homme de la terre.

Isaac Crosby tient une petite fiole contenant des graines de courges.

Isaac Crosby a toujours sur lui des échantillons de semences, prêt à en donner autour de lui.

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Publié à 4 h 00 HAE

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Elles sont rouge écarlate. Juteuses. Fruitées. Et sucrées juste comme il faut. Et surtout, elles goûtent ce qu’elles sont : la fraise. Isaac Crosby les dévoile délicatement, caressant les feuilles, avant de les cueillir puis de les partager.

Les fraises sont cultivées dans son jardin situé en banlieue de Toronto, à la Malvern Urban Farm de Scarborough. Ce projet est dirigé par le Malvern Family Resource Centre, en partenariat avec le Native Child and Family Resource Center.

L’organisme compte différentes petites parcelles détenues par plusieurs membres de la communauté du secteur. Mais celle d’Isaac a une particularité : elle met en valeur des pratiques agricoles autochtones ancestrales.

Isaac Crosby cueille quelques fraises de son jardin.

Isaac Crosby ne cueille jamais tout ce qui pousse dans son jardin, il en laisse un peu pour les animaux du coin.

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Isaac Crosby a les mains plongées dans la terre depuis sa plus tendre enfance. C’est lui qui, avec sa sœur et son neveu, s’occupe de cette parcelle de 18 mètres sur 12, depuis deux ans maintenant.

Il vient d’une famille d’agriculteurs, installée à Harrow, en Ontario, au bord du lac Érié. J’ai toujours, toujours, toujours été dans la nature. Et j’ai toujours aimé jardiner et m’assurer que je savais comment cultiver mes aliments, explique-t-il, alors que le soleil ontarien commence à cogner en ce premier jour de canicule.

Lorsque vous grandissez dans une ferme, à la campagne, l’extérieur est votre terrain de jeu. C’est là que l’on fait tout. Nous étions toujours en train de planter des haricots, du maïs. Cela faisait partie de notre vie quotidienne avec nos grands-parents.

Une citation de Isaac Crosby

Et s’il n’a pas eu la chance de grandir connecté à la culture autochtone, comme celle des cérémonies, il a en revanche été baigné dans le monde agricole.

Un héritage qu’il honore aujourd’hui, avec ce jardin qui recèle de petits trésors : de l’ail, des tomates du voyageur, du maïs blanc, des melons d’eau, des fleurs de consoude, des myrtilles, des patates douces…

Une vue d'ensemble sur des jardins installés sous des pylônes électriques.

La ferme urbaine compte plusieurs parcelles cultivées par différents membres de la communauté de ce quartier de Scarborough.

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Une encyclopédie de l’agriculture autochtone

Isaac n’a pas grandi dans une communauté autochtone, mais il connaît la terre comme sa poche. Celui qui a aujourd’hui 52 ans sait que son jardin se trouve sur un sol argileux lourd et, surtout, il sait comment cultiver sur ce genre de sol.

Isaac Crosby dans son jardin

Isaac Crosby sait quelles plantes doivent se retrouver près des fraises pour qu’elles poussent en symbiose.

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Pour faire pousser la patate douce, par exemple, Isaac Crosby a fait de petits monticules de terre, qui favorisent le développement des tubercules. Véritable encyclopédie des techniques agricoles ojibwées, Isaac utilise aussi les ollas.

Ces pots en céramique enterrés servent à irriguer les plantes. Isaac explique qu’il suffit de remplir les pots jusqu’au maximum, puis l’eau va s’échapper lentement des parois poreuses du pot pour nourrir les racines.

Des Afro-Autochtones sont présents au Canada. Ce mélange est lié à des unions entre des Autochtones et – essentiellement – des esclaves noirs qui se sont enfuis des États-Unis et qui ont parfois trouvé refuge dans des communautés autochtones.

Isaac refuse également l’utilisation de tout intrant chimique sur sa parcelle. Selon lui, tout ce dont il a besoin se trouve déjà dans la nature.

Nous avons, surtout en Amérique du Nord, détruit nos sols ces dernières 100 années, en utilisant des produits chimiques, alors que les plantes ont leur propre fertilisant, peuvent aussi devenir des pesticides, explique-t-il.

Gros plan sur un olla qui sort de terre.

Isaac Crosby irrigue la parcelle sur laquelle il fait pousser du maïs grâce au système des ollas, ces pots de terre enfouis dans le sol.

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Par exemple, dans son jardin, il fait pousser du consoude. Il en récolte les feuilles et les laisse macérer plusieurs semaines dans l’eau.

Près d’une clôture sur laquelle il a accroché un panneau indiquant à la blague la présence d’ours (son père vient du clan de l’ours), se trouvent ainsi plusieurs seaux remplis de cette mixture. Lorsqu’on y approche son nez, une odeur épouvantable d’égouts et d’eaux usées s’en dégage.

Mais c’est efficace, jure Isaac.

  • Isaac Crosby transvase un pesticide naturel d'un sceau à un autre.

  • Isaac Crosby veut préserver la terre pour les sept prochaines générations.

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

  • Un sceau blanc rempli d'un mélange d'eau et de feuille de camphre.

  • L’odeur qui se dégage de la mixture n’est pas très agréable.

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

  • Gros plan sur un seau contenant des engrais naturels.

  • Isaac Crosby assure que les sols d’Amérique du Nord ont beaucoup souffert de l’utilisation de pesticides.

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

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Isaac Crosby assure que les sols d’Amérique du Nord ont beaucoup souffert de l’utilisation de pesticides.

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Isaac Crosby veut préserver la terre pour les sept prochaines générations.

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

À côté, un second contenant dévoile un mélange composé notamment de charbon de bois. Mélangé avec des fertilisants naturels comme les turricules (ces petits amas de terre que les vers rejettent à la surface) et de l’eau, a des propriétés fertilisantes. Il stockera aussi le carbone atmosphérique dans le sol.

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Avec amertume, Isaac regarde de l’autre côté de son jardin, celui de son voisin. Au sol traîne un gros sac de fertilisant. Ces jardins sont tous censés être bio…, déplore-t-il.

La vision de l’agriculture occidentale et autochtone est très différente. Isaac estime que beaucoup de non-Autochtones se disent : OK, qu’est-ce que je peux faire avec cette terre pour me faire de l’argent? Puis, ne rien remettre dans la terre. Une fois qu’ils [l’ont exploitée], ils cherchent un autre terrain.

Isaac ne récolte pas tout non plus. Je vais en laisser pour les animaux, comme les lapins, les petits êtres, ce que vous appelez les fées, dit-il.

Partage de semences

À côté de ses plants de courges se trouvent justement ceux de maïs, mais pas n’importe lequel. Isaac Crosby explique que le maïs jaune est le plus faible en nutriment, contrairement au maïs blanc, rouge, violet…

  • Gros plan sur des fraises.

  • Isaac Crosby fait pousser des fraises qui ont un véritable goût de fraise juteuses.

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

  • Gros plan sur des fleurs et des feuilles.

  • Isaac Crosby utilise des feuilles de consoude pour remplacer des insecticides.

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

  • Des bleuets encore verts.

  • On trouve aussi des bleuets dans le jardin d’Isaac Crosby.

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

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Isaac Crosby fait pousser des fraises qui ont un véritable goût de fraise juteuses.

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Isaac Crosby fait pousser des fraises qui ont un véritable goût de fraise juteuses.

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Ici, c’est du maïs blanc. J’ai récupéré ces graines auprès d’une gardienne des semences de la communauté Six Nations, Terrylynn Brant.

C’était la première fois qu’Isaac Crosby recevait des semences d’une aînée et pour lui, c’était tout un honneur. Quand je l’ai rencontrée pour la première fois, j’ai été époustouflé. Je me suis dit qu’elle devait me faire confiance [pour me donner ses semences], qu’elle devait respecter ce que je faisais, détaille-t-il.

Pour elle, me transmettre cela, c’était me dire qu’il était temps pour moi de prendre soin des graines de maïs. Cette graine est maintenant mon bébé. C’est maintenant un membre de ma famille.

Une citation de Isaac Crosby

Isaac Crosby compte d’ailleurs perpétuer ce partage en donnant certaines de ses semences à des agriculteurs, autochtones ou non.

En plus de ses plantes, Isaac et Myra Crosby cultivent aussi la patience. Ils considèrent pratiquer l’agriculture lente et revendiquent un jardin qui n’est pas trop sculpté.

Isaac Crosby pose à côté de l'enseigne qui annonce son jardin.

Le mot ojibwé « gitigaan » signifie « petit jardin ».

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Je trouve que les Européens veulent toujours diviser les choses en section. Alors que les jardins autochtones sont plus liés au flux naturel de la vie, de la nature, dit Isaac.

Il a une anecdote à ce sujet. Les non-Autochtones trouvent que nos jardins ressemblent à des jungles. Ils ne nous volent jamais rien! Parce que ça a l’air trop sauvage, dit-il en riant.

Par exemple, concernant les mauvaises herbes, il a un avis bien précis : Vous pouvez dire que ce sont des mauvaises herbes, moi je les appelle des plantes, dit-il en montrant justement quelques pousses que beaucoup auraient immédiatement arrachées.

Un gros plan sur un plan de patate douce qui est ficelé autour d'un tuteur.

Le but de l’opération est d’inciter les plants de patates douces à monter le long du tuteur.

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

En fait, elles sont bonnes pour le sol. Il ne faut pas tout de suite s’en débarrasser, ajoute Isaac, en cueillant une autre fraise, appelée white soul strawberry, une sorte de fraise des bois, mais couleur crème. Un bonbon lorsque son jus coule au fond de la gorge.

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Faire pousser les fruits et légumes en harmonie est aussi tout un art. Isaac Crosby sait quelles plantes s’entendent. C’est ce qu’il appelle le compagnonnage. Cela a commencé avec les trois sœurs : le maïs, la courge et le haricot, détaille-t-il.

Les fraises, par exemple, bénéficient de la forte odeur de l’ail et des oignons si on les plante côte à côte, ce qui va faire fuir les insectes et les lapins, souvent friands de ce petit fruit sucré à la couleur attirante.

Sur son chemin, Isaac Crosby fait goûter une feuille au parfum de citronnelle, une autre à la réglisse, tout en continuant la visite.

Souvent, ceux qui placent leur confiance dans les intrants chimiques questionnent Isaac sur sa production. Je leur dis de venir voir mon jardin. Je leur dis de ne pas s’inquiéter, dame Nature prend soin de tout.

Vue d'ensemble sur un jardin urbain.

Le jardin d’Isaac Crosby est situé sous un corridor de pylônes électriques.

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Au-delà de l’aspect agricole, la ferme urbaine se trouve aussi sous un corridor de poteaux électriques. Ces espaces sont souvent vierges et à l’abandon, alors les petits lopins de terre cultivés représentent une nouvelle forme de vie.

En 2002, le gouvernement provincial a repris la propriété des corridors d’Hydro One et les jardins sont devenus possibles.

Aujourd’hui, Isaac considère que son rôle est d’aider la terre à redevenir ce qu’elle était après des années d’exploitation frénétique et non raisonnée. Il raconte le faire pour que les sept prochaines générations puissent bénéficier des avantages qu’il a lui-même eus durant son enfance.

Il y voit une chance inouïe : faire ce qu’il aime (jardiner), enseigner aux autres, tout en récoltant les fruits et les légumes de son jardin à la fin de la saison.

Isaac Crosby de dos, marche dans une allée de son jardin.

C’est la deuxième année que l’Afro-Autochtone s’occupe de ce jardin urbain, à Scarborough.

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Très vite, il a réalisé à quel point être dans un bureau s’apparentait à être emprisonné. C’est drôle parce que quand j’étais plus jeune, j’en avais marre de faire de l’agriculture. J’ai essayé d’être un employé de bureau… Mais non. Si vous voulez me tuer, mettez-moi dans un bureau, lance-t-il en riant.

Myra Crosby, la sœur d’Isaac, qui s’implique aussi dans la ferme, partage ce souvenir. Lorsque nous étions petits, nous ne voulions pas cultiver, nous pensions que nous devions suivre une voie différente. Et puis nous sommes devenus des adultes et nous aimons ça. J’ai repris ce contact [avec l’agriculture] et aujourd’hui, je ne sais pas pourquoi je l’avais perdu, raconte-t-elle.

Et lorsque l’hiver arrive et que la terre se met en dormance, Myra n’attend que ça avec impatience : pouvoir retourner dehors, un râteau et une pelle en main.

Myra Crosby.

Myra Crosby n’a pas toujours aimé l’agriculture, maintenant, elle attend avec impatience la fin de l’hiver pour replonger les mains dans la terre.

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Conscient que, dans ce monde où les connaissances autochtones ont clairement été dénigrées, Isaac a voulu obtenir un diplôme pour que sa parole soit prise plus au sérieux. À 40 ans, il est retourné sur les bancs de l’école et a obtenu un certificat en horticulture et architecture du paysage au collège Humber, à Toronto.

C’est la seule raison pour laquelle je [suis allé à Humber], car il faut avoir un bout de papier qui dit : “Vous savez comment faire correctement”, ajoute-t-il.

Un partenariat avec l’Université de Toronto

Isaac Crosby ne se contente pas de ce petit bout de terre à la Malvern Urban Farm de Scarborough. Il s’occupe aussi d’un autre jardin, à quelques kilomètres, et qui fait partie d’un projet de l’Université de Toronto, campus Scarborough.

Béatrice Lego qui tient en main un olla : deux pots en céramique collés ensemble.

Béatrice Lego explique qu’elle se sert désormais du système des ollas qui permettent une bonne irrigation des plantes.

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Cette ferme urbaine, créée en 2018, est axée sur l’enseignement et la recherche. L’initiative est venue de professeurs qui désiraient un espace pour cultiver des produits alimentaires et redonner une expérience pratique et manuelle aux étudiants, détaille Béatrice Lego, coordinatrice de la ferme.

Parmi ces espaces, l’un est géré par Isaac : le jardin autochtone. Cette demande a été faite par une professeure de sociologie pour amener la culture autochtone à l’université.

La coordinatrice présente Isaac comme un gardien du savoir, qui, avec ce projet, a permis à des étudiants d’autres programmes que celui de sociologie de découvrir les cultures autochtones.

Vue d'ensemble sur un jardin.

Le jardin urbain de l’Université de Toronto, campus Scarborough, permet aux étudiants de découvrir les techniques de culture autochtones.

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Des connaissances d’Isaac, Béatrice a récupéré celle des ollas, partagées finalement par plusieurs civilisations anciennes. Quant à Isaac, il a repris le concept de ces sortes de draps blancs pour protéger les plantes et leur permettre, notamment en début d’hiver, de garder quelques degrés supplémentaires.

Nous avons une belle complémentarité et ça nous permet de donner un apport autochtone dans l’enseignement.

Une citation de Béatrice Lego

Béatrice souligne aussi la vision qu’il y a derrière l’agriculture chez les Autochtones et leur rapport à la terre. Un côté spirituel qu’elle observe notamment lorsqu’il est question de la fonction très féminine de la terre qui donne la vie. Ça humanise la terre, précise-t-elle.

Isaac et Béatrice au fond, avec en premier plan des plantes et des fleurs.

Isaac et Béatrice s’échangent des conseils sur les meilleures pratiques agricoles.

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Peu à peu, Béatrice apprend qu’il faut écouter ce que la nature a à nous dire et voir les signes qu’elle nous envoie. Isaac prend tout cela comme des messages, et comme une information sur les besoins de la terre, ajoute-t-elle.

À terme, Isaac aimerait obtenir une parcelle de terre plus grande et pouvoir vendre ses produits, mais pour le moment, il chouchoute ses plants de maïs, que le soleil des derniers jours est venu réveiller après un printemps vacillant entre deux saisons.

Béatrice Lego et une étudiante.

Béatrice Lego accueille des étudiants qui s’impliquent dans le jardin qui se trouve sur le campus de l’Université à Toronto, installé à Scarborough.

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Sous un abri de la ferme urbaine, Béatrice, elle, déguste l’une des fameuses fraises blanches d’Isaac. Elle ferme les yeux et savoure le vrai goût de la nature.

https://www.lapresse.ca/affaires/chroniques/2024-06-25/voyages-en-avion-des-quebecois/nos-ges-aeriens-ont-explose.php

Un sujet crucial pour la transition écologique. Il est important de bien faire les maths et comprendre l’immense impact carbone de l’aviation. Une personne qui habite en 2e couronne qui prend sa voiture pour le moindre déplacement mais qui renonce à l’avion aura un bilan carbone de loin inférieur à l’urbain qui vit sans voiture mais qui part outre-mer chaque année en avion.

Je suis dans la trentaine, j’ai eu la chance d’aller en Europe 5 fois jusqu’à maintenant. Je suis personnellement arrivé à la conclusion qu’à partir de maintenant plus qu’un vol par décennie n’était pas en cohérence avec ma volonté de vraiment tenir compte du problème. Tant mieux si dans le futur les avancées technologiques changent la donne, mais comme c’est expliqué dans l’article c’est davantage une vue de l’esprit que quelque chose de probable.

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J’ai un peu de misère avec l’angle individuel de la réduction des GES. C’est bien connu que la très grande majorité des émissions de GES est causée par une centaine de grandes multinationales (Just 100 companies responsible for 71% of global emissions, study says | Guardian sustainable business | The Guardian). Toute action individuelle est essentiellement une goutte d’eau dans l’océan. Je ne dis pas qu’on ne peut pas faire des changements de modes de vie, mais le focus et même la culpabilisation des individus par rapport aux actions du quotidien est une tactique utilisée depuis des lustres pour détourner l’attention du véritable problème.

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Ce calcul transfère le bilan de tous les consommateurs d’énergies fossiles aux producteurs. Quand une personne prend l’avion, le bilan carbone s’en va à la compagnie qui a fourni le pétrole (probablement dans ce top 100), et non à l’individu, même si c’est un choix personnel.

En bout de ligne aucune compagnie n’existe sans un marché, et le marché sont les individus. C’est notre système économique. Il est donc vrai que les entreprises ont une immense responsabilité. En commençant par le fait que la production du bien doit se faire de la façon la plus soutenable possible. Mais la consommation du bien reste souvent un choix individuel (choix dans le sens large). Personne ne me force à aller dans un avion pour consommer le pétrole produit. Le pétrole est produit parce que je veux prendre l’avion. Et je ne pense pas que je peux me détacher de la conséquence écologique du geste sous prétexte que le pétrole que j’utilise est produit par un autre.

En bout de ligne tout se résume à la consommation. On peut agir à beaucoup de niveau, mais peu importe la façon de s’y prendre, le marché va changer, même pour le consommateur, même s’il est une simple goûte d’eau dans l’océan. Dans le cas de l’avion, soit le consommateur ne prend plus l’avion par choix, soit le carburant n’est plus aussi disponible, plus dispendieux, ou peu importe ce que sa prend pour réduire le bilan carbone à la production. Dans tous les cas, l’habitude change: on va moins prendre l’avion.

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Reste qu’il ne semble pas vraiment y avoir d’obstacles réels à la consommation dans le cas de l’aviation pour les Québécois/Canadiens: les billets d’avion sont incroyablement chers peu importe la destination, que ce soit un vol intérieur, vers les États-Unis ou l’Europe (et je parle même pas des autres destinations) et pourtant le nombre de voyages a explosé et ce, malgré l’augmentation du coût de la vie. Je crois que si on veut vraiment voir un changement de paradigme, il faut se pencher sur les différents facteurs qui influencent ça. Est-ce que le pouvoir d’achat des Québécois a augmenté depuis 1990 (très certainement)? Est-ce que l’augmentation de la population de 2 millions depuis 1990 a fait une différence? Est-ce que les destinations vacances des Québécois ont un impact sur les GES (il semble que oui, puisque l’article mentionne que 71 % de leurs voyages sont hors États-Unis vs 48 % pour le Canada en entier)? Je me demande aussi si peut-être les Québécois en général auront tendance à économiser, se serrer la ceinture afin de se payer des vacances une fois l’an.

Et aussi, on a le chiffre de 4,7 millions de voyages en 2023, mais ça serait intéressant de voir la ventilation de ces chiffres - par exemple, quelle est la proportion dont c’est le seul voyage cette année-là versus ceux qui prennent l’avion une fois par mois voire plus? On a aussi le gros désavantage d’un réseau ferroviaire complètement incapable de compétitionner avec l’avion comparé à l’Europe ou l’Asie, ce qui pèse lourd dans la balance.

Bref, il y a beaucoup de choses à prendre en compte qui je trouve sont souvent éclipsées dans ce genre de débats, et qui malheureusement, pour le Québécois moyen, n’aide pas à justifier un tel changement d’habitude.

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Le problème est complexe et se présente sous plusieurs formes. Le choix de véhicule personnel en est un relativement facile à faire, dont les fameux VUS qui polluent bien davantage et cela à chaque utilisation. Il y a d’autres avenues où l’individu peut agir au quotidien, notamment dans sa consommation d’énergie, d’eau, de ressources diverses etc.

Tandis que les gouvernements ont un pouvoir drôlement plus vaste en tarifant certains produits et habitudes de consommation (taxe kilométrique par exemple, surtaxe sur gros véhicules etc.etc.). Aussi encourager davantage les transports actifs et en commun par un investissement proportionnel, développement de trains longue distance sur certains corridors où notamment la voiture domine.

Quand on dit que l’environnement est l’affaire de tous et que pour assurer le succès des réformes il faut que tout le monde s’y mette, incluant aussi les entreprises et les institutions gouvernementales. Donc tous doivent pousser dans la même direction, en se fixant des objectifs audacieux afin d’accélérer notre action, car plus on attendra plus il sera difficile et couteux d’intervenir, car ici le temps joue clairement contre nous.

C’est vrai que les billets ici sont plus chers qu’ailleurs. Aux USA, en Europe et même dans des marchés plus petits du genre en Océanie les billets sont beaucoup moins chers. Par contre il y a ici beaucoup de destinations abordables où l’hébergement est à bas prix.

Personnellement je ne suis jamais allé dans un tout inclus dans les Caraïbes ou en Amérique centrale, mais une discussion de machine à café suffit pour que je constate que plus de 50% de mes collègues y vont régulièrement. Certains plus d’une fois par année.

J’ai déjà entendu un pilote d’Air France lors de ses remerciements d’avoir voyagé avec eux à l’atterrissage que ce vol équivalait à 2L/100km par passager et de ne pas se sentir mal… :slight_smile:

Pour plusieurs personnes le voyage est essentiel pour leur santé mentale et leur joie de vivre. Rien ne changera cela, incluant les feux de forêt ou les tornades même s’ils savent que tout est relié. Peut être ils compensent avec des crédits carbones ou sont plus raisonnables dans d’autres aspects des gaz à effet de serre (viande rouge, vélo, petits logements verts…)

J’apprécie le commentaire que les gens anti-automobile qui prennent l’avion souvent ne sont pas plus catholiques que les autres au final.

Le Québec doit s’éloigner des combustibles fossiles pour atteindre ses objectifs environnementaux. L’électricité ne peut toutefois y arriver seule. Mais voilà qu’une nouvelle source d’énergie naturelle aurait le potentiel de lui donner un sérieux coup de pouce… à condition qu’on en retrouve suffisamment dans notre sous-sol.

Résumé

Environnement

L’énergie du futur possiblement dans le sous-sol québécois

Par Philippe Chabot, Le Soleil

1er juillet 2024 à 04h30|

Mis à jour le1er juillet 2024 à 10h26

Des roches pouvant produire naturellement de l’hydrogène ont notamment été identifiées dans les collines montérégiennes.|800x0

Des roches pouvant produire naturellement de l’hydrogène ont notamment été identifiées dans les collines montérégiennes. (Archives La Voix de l’Est)

Le Québec doit s’éloigner des combustibles fossiles pour atteindre ses objectifs environnementaux. L’électricité ne peut toutefois y arriver seule. Mais voilà qu’une nouvelle source d’énergie naturelle aurait le potentiel de lui donner un sérieux coup de pouce… à condition qu’on en retrouve suffisamment dans notre sous-sol.


Le gouvernement du Québec abandonne progressivement l’énergie produite à partir de combustibles fossiles pour d’autres formes d’énergies renouvelables afin d’assurer sa transition énergétique.

Or, malgré un secteur largement basé sur l’hydroélectricité, une étude du HEC Montréal révèle en 2021 que près du trois quarts des émissions de gaz à effet de serre (GES) sont liées directement à l’énergie.



Jasmin Raymond, professeur de l’Institut national de la recherche scientifique. (Tirée du site de l’INRS)

Il y a également des secteurs industriels qui seront difficilement électrifiés. Jasmin Raymond, professeur de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), fait notamment mention de l’industrie lourde, de la pétrochimie ainsi que du transport de longue durée puisque les technologies ne s’y prêtent pas bien.

L’hydrogène vert est donc présentement utilisé dans les secteurs identifiés précédemment afin de réduire l’empreinte environnementale de ces activités industrielles. Cette source d’énergie est produite par l’électrolyse de l’eau, ce qui consiste à faire passer un courant électrique dans l’eau pour extraire l’hydrogène.



«L’hydrogène vert est un combustible très intéressant pour décarboner notre économie. Il risque toutefois d’être très dispendieux de l’exploiter parce que la chaine de la production jusqu’à la consommation est complexe.»

— Jasmin Raymond, professeur de l’INRS

Une équipe de l’INRS, sous la supervision de Jasmin Raymond et du professeur associé Stephan Séjourné, également président d’Enki GeoSolutions, a récemment publié une étude mettant en lumière un autre type d’hydrogène possiblement moins coûteux, qui pourrait devenir un élément important de la transition énergétique, en complément à l’hydrogène vert et à l’électricité.

Le professeur Stephan Séjourné est également président d’Enki GeoSolutions. (Alain Roberge/Archives La Presse)

«L’hydrogène naturel ou blanc est produit de manière géologique dans le sous-sol terrestre, donc sans intervention humaine. Si on peut trouver des quantités suffisantes au Québec, on aurait à notre disposition une source d’énergie décarbonée», mentionne M. Séjourné en entrevue avec Le Soleil.



Il y en a ou pas?

L’étude qui se décline en six rapports dresse l’état des connaissances sur l’hydrogène naturel. Les chercheurs de l’INRS ont par le fait même réalisé un inventaire des roches pouvant produire naturellement de l’hydrogène au Québec. On en retrouve potentiellement en Montérégie, en Estrie, en Gaspésie, en Abitibi et au Lac-Saint-Jean.

«On a décelé des indices d’hydrogène naturel au Québec. Est-ce qu’on en retrouve en quantité suffisamment appréciable pour l’exploiter? C’est la grande question à laquelle il faudra trouver réponse», laisse planer Jasmin Raymond.

Il est très tôt pour s’avancer sur la quantité d’hydrogène que renferme possiblement le sous-sol québécois, disent les deux professeurs. Des travaux d’exploration géologique devront d’abord être lancés pour vérifier l’existence de réservoirs intéressants dans la province.

Aux quatre coins du monde, les efforts pour mettre cette ressource en valeur sont encore au stade de l’exploration, sauf pour un projet unique de production au Mali. «Si on retire 10 % de la ressource qui se trouve dans ce réservoir, c’est l’équivalent de l’énergie qu’on peut produire avec un électrolyseur de 20 mégawatts durant 157 ans», lance M. Raymond avec optimisme.

De quelques années à une décennie

La production de l’hydrogène naturel au Québec n’est cependant pas pour demain parce que cette industrie n’est pas clé en main comme le mentionne Stephan Séjourné.

«Il ne s’agit pas d’appliquer un savoir-faire qui est déjà bien maîtrisé ailleurs. Il va falloir découvrir comment bien faire les choses. On devra adapter les techniques d’exploitation à la géologie, à la géographie et à la société québécoise», indique-t-il.

On parle alors de plusieurs années avant le début de la production d’hydrogène naturel si l’exploration s’avère concluante. Développer une filière de cette source d’énergie pourrait prendre jusqu’à une décennie.