Environnement et transition écologique

Résumé

L’actualité verte de la semaine

PHOTO MARK BLINCH, ARCHIVES REUTERS

Succursale de la Banque Royale du Canada (RBC) dans Bay Street, à Toronto

Notre sélection de nouvelles environnementales d’ici et d’ailleurs.

Publié à 0h57 Mis à jour à 8h00

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Jean-Thomas Léveillé
Jean-Thomas Léveillé La Presse

Quiz

Combien la Banque Royale du Canada (RBC) a-t-elle investi dans les énergies fossiles en 2022 ?

Réponse :

51,4 milliards canadiens, selon le rapport Banking on Climate Chaos (Miser sur le chaos climatique), publié par une coalition d’organisations internationales. La RBC est ainsi « la première banque fossile au Canada et le deuxième bailleur de fonds en importance pour les combustibles fossiles au niveau mondial », dénonce la campagne Fossil Fools Day (Le Jour du poisson fossile), lancée le 1er avril, et qui doit culminer par une manifestation devant l’assemblée générale annuelle de la RBC, jeudi, à Toronto, où il lui sera demandé de « rapidement mettre fin au financement des combustibles fossiles ».

Une minorité d’entreprises responsables de la majorité des GES

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Exploitation des sables bitumineux en Alberta

Seulement 117 entreprises sont responsables de 88 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) enregistrées depuis l’Accord de Paris, montre une nouvelle étude réalisée par InfluenceMap, un centre de réflexion indépendant britannique. De 2016 à 2022, 251 gigatonnes d’équivalent dioxyde de carbone (Gt éq. CO2) ont ainsi été rejetées dans l’atmosphère par cette poignée d’entreprises des secteurs des combustibles fossiles et du ciment. De ce nombre, 80 % sont attribuables à un groupe réduit de 57 entreprises, dont certaines du secteur canadien des sables bitumineux. La plupart a d’ailleurs émis davantage de GES dans les sept années suivant l’Accord de Paris que dans les sept l’ayant précédé.

Des tonnes de plastiques dans le Saint-Laurent

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Les eaux de l’est du Canada sont fortement atteintes par la pollution plastique.

Les eaux de l’est du Canada sont fortement atteintes par la pollution plastique, des Grands Lacs à l’Atlantique en passant par le fleuve Saint-Laurent et l’île d’Anticosti, montre le tout premier rapport de l’Organisation bleue sur l’état de la pollution plastique sur le littoral canadien, publié mercredi. L’analyse de 20 tonnes de déchets prélevés lors de 91 opérations de nettoyage a révélé, dans l’ordre, une abondance de mégots de cigarettes, de divers morceaux de plastique, de bouteilles de plastique et d’emballages plastiques de toutes sortes, provenant principalement de Tim Hortons, Nestlé, Eska et Coca-Cola. Ces déchets prendront de 500 à 1000 ans à se dégrader, rappelle l’Organisation bleue.

Photos climatiques de l’année

1/2

Le photojournaliste indépendant Jesse Winter, de Vancouver, a remporté le prix Edward-Burtynsky pour le photojournalisme climatique de l’année, décerné mardi par la Fondation pour le journalisme canadien (FJC). Jesse Winter a été primé pour sa série de photos sur le travail des pompiers combattant les incendies de forêt de 2023 en Colombie-Britannique, publiée dans le magazine journalistique en ligne d’enquêtes environnementales The Narwal. La première montre un pompier de l’Alaska, venu en renfort, allumer un contre-feu dans l’espoir de freiner un incendie non maîtrisé à proximité. La seconde montre une équipe de pompiers britanno-colombiens se reposant par 30 degrés Celsius.

Le Défi pissenlits est de retour

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Le Défi pissenlits sera lancé le 15 avril.

Avec le retour du temps doux revient encore cette année le Défi pissenlits. L’évènement, qui sera lancé le 15 avril, est connu pour son invitation à retarder la tonte du gazon au printemps afin de permettre aux pollinisateurs de « faire le plein de pollen et de nectar issus des pissenlits » et des autres fleurs hâtives, mais il propose différentes initiatives pour protéger durant toute l’année ces insectes essentiels, dont 35 % de notre garde-manger dépendent, comme le renoncement aux pesticides, la distribution de semences de plantes mellifères et des activités pédagogiques pour améliorer la biodiversité.

Consultez le site du Défi pissenlits

Résumé

Planète bleue, idées vertes Une deuxième vie grâce à des aînés bricoleurs

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Beaconsfield a recruté des aînés pour mettre leurs talents au service de leurs concitoyens.

Devant la multiplication des cafés de réparation, où les particuliers peuvent rafistoler leurs objets brisés avec l’aide de bénévoles, Beaconsfield a poussé le concept un peu plus loin. Cette ville de l’ouest de l’île de Montréal a recruté des aînés pour mettre leurs talents au service de leurs concitoyens.

Publié à 0h57 Mis à jour à 7h00

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Ariane Krol
Ariane Krol La Presse

Emily, 11 ans, s’est présentée à la première Journée de réparation communautaire de Beaconsfield avec une peluche mal en point. Wolfie a perdu un œil, et sa queue s’est décousue.

« Elle l’a depuis qu’elle est toute petite, elle dort avec lui tout le temps. Ça fait deux ans qu’on dit qu’on va le réparer », confie son père, Nicolas.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Siu Do recoud Wolfie, la peluche d’Emily.

Assise derrière sa machine à coudre, Siu Do montre à la fillette comment passer une longueur de fil dans le chas d’une aiguille, et y faire un nœud. Elle lui tend ensuite un coffret de boutons multicolores, en l’invitant à y choisir un œil de rechange pour son animal en peluche. Le visage de la fillette s’illumine d’un large sourire.

« Oh, elle va être tellement contente ! », se réjouit son père.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Siu Do, aînée bricoleuse de Beaconsfield

« Je couds, mais je peux faire d’autres choses. Je suis une bricoleuse », dit fièrement Mme Do. Réparer des luminaires, poser un gradateur, faire un peu de plomberie, c’est elle qui s’en charge à la maison. Elle a répondu à l’appel de sa municipalité parce qu’elle a « du temps libre », mais aussi parce qu’elle va « peut-être apprendre de nouveaux trucs des autres bénévoles, et ils auront peut-être des outils spécialisés, pour l’électronique, par exemple ».

À la table d’en face, la station de soudure ne dérougit pas.

J’ai amené ma vieille machine à coudre parce que je suis capable de coudre, mais ce n’est pas ce que je préfère. J’aime réparer des choses.

Carol Murgatroyd

« J’ai installé mon lavabo, changé toutes les lumières de la maison, je répare des meubles en bois, je peux remplacer une fiche d’alimentation électrique, je fabrique et répare des bijoux… », ajoute-t-elle.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Carol Murgatroyd, aînée bricoleuse de Beaconsfield

C’est Judith Caron, chef de section, services au public à la bibliothèque municipale, qui a eu l’idée de faire appel aux compétences des retraités de la municipalité.

« Mon père est très patenteux. Il était infirmier, mais a appris plein d’autres habiletés. Il a bâti sa maison, il répare l’auto, il trouve des solutions. Je me suis dit que ce n’était certainement pas le seul aîné au monde qui a plein de connaissances. »

Le projet « Aînés bricoleurs » de Beaconsfield a décroché une subvention fédérale de 25 000 $, du programme Nouveaux Horizons pour les aînés. La somme a notamment servi à acheter des outils pour les Journées de réparation communautaires et à produire de petites vidéos pratiques. On y voit notamment un bricoleur aguerri expliquer quels outils se procurer pour se constituer un coffre de base.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Aperçu des outils nécessaires pour les réparations

Rien ne se perd

Un cri de joie fuse à une table voisine.

« Yé ! C’est fabuleux, ils ont réussi à faire marcher ma machine ! », s’exclame Shelagh Webster en montrant son batteur à main multifonctions.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Shelagh Webster

« Regardez les sourires sur les visages, des deux côtés de la table », souligne Serge Markovic, un des bénévoles du Repair Café de Pierrefonds venus donner un coup de main à Beaconsfield pour cette première journée de réparation.

John, de Beaconsfield, a ainsi fait équipe avec Pierre, de Pierrefonds, pour ressusciter le batteur à main de Mme Webster.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Pierre, ingénieur et bénévole au Repair Café de Pierrefonds, est venu donner un coup de main aux bénévoles de Beaconsfield, comme John, un ingénieur retraité.

Nous l’avons ouvert, soudé, réassemblé. Je suis un ingénieur retraité, alors j’aime l’idée de réparer.

John

Sudesh Bhalla, une autre aînée bricoleuse, se joint à eux pour la prochaine intervention, sur un pied mélangeur frappé de paralysie. Tandis qu’elle cherche sur l’internet comment ouvrir l’engin sans le casser, John va chercher un multimètre pour vérifier si le courant électrique passe encore. L’équipe ne ménage pas ses efforts, mais après une trentaine de minutes, force est de se rendre à l’évidence.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Sudesh Bhalla, aînée bricoleuse de Beaconsfield

« C’est ce que j’appelle une panne en cascade : l’interrupteur fonctionne, mais le moteur est brûlé et le circuit imprimé aussi, explique Pierre. Est-ce qu’on a un service de Serpuariens ? »

« Non, mais on va garder le fil, et d’autres éléments s’il y en a qui peuvent être conservés, répond Serge. C’est bien que chaque café commence à se constituer son propre stock : la prochaine personne qui arrivera avec un fil cassé, on pourra le remplacer par celui-là. »

Valeur sentimentale

Anna a eu plus de chance avec son horloge ouvragée.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Anna est très attachée à cette horloge, achetée avec son défunt mari chez un antiquaire il y a une trentaine d’années.

« Elle est jolie, et elle a une valeur sentimentale », explique-t-elle en serrant l’objet dans ses bras. « C’est une horloge achetée avec mon défunt mari dans un salon d’antiquaires, il y a environ 30 ans. Elle a marché, marché, marché, puis mon mari est mort, et elle s’est arrêtée. »

Les réparateurs bénévoles ont dû se mettre à deux, et s’y reprendre à plusieurs fois, mais ils ont réussi : le cœur du bibelot s’est remis à battre.

« Je suis tellement contente d’être venue ici ! », s’exclame Anna, les yeux brillants.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Des réparateurs à l’ouvrage

La Ville de Beaconsfield a déjà recruté une quinzaine de résidants bénévoles de plus de 55 ans pour son projet Aînés bricoleurs, et en cherche d’autres. Les prochains ateliers de réparation communautaire auront lieu, de 10 h à 14 h, les samedis 20 avril, 18 mai et 15 juin à l’Annexe Herb Linder, adjacente à la bibliothèque municipale.

Informez-vous sur les Journées de réparation communautaires :

Consultez le site pour connaître les Journées de réparation communautaires Regardez les vidéos des Aînés bricoleurs (en anglais, sous-titrées en français) Écrivez-nous pour faire partager « vos idées vertes »

En 1999, la diffusion du film L’erreur boréale avait provoqué une onde de choc dans l’opinion publique québécoise et une prise de conscience de la façon non durable dont les forêts boréales étaient gérées. Le débat qui a fait rage par la suite avait mené à la mise en place du Forestier en chef (entité indépendante déterminant le volume de bois pouvant être récolté annuellement) et à l’établissement, en 2013, de l’aménagement écosystémique⁠1.

Résumé

Les forêts du Québec ne sont pas que des arbres qui poussent

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Coupes forestières dans le secteur de la rivière Péribonka, dans le nord du Québec

En 1999, la diffusion du film L’erreur boréale avait provoqué une onde de choc dans l’opinion publique québécoise et une prise de conscience de la façon non durable dont les forêts boréales étaient gérées. Le débat qui a fait rage par la suite avait mené à la mise en place du Forestier en chef (entité indépendante déterminant le volume de bois pouvant être récolté annuellement) et à l’établissement, en 2013, de l’aménagement écosystémique⁠1.

Publié à 1h18 Mis à jour à 13h00

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Sylvain Delagrange

Sylvain Delagrange Professeur, département des sciences naturelles de l’UQO, chercheur ISFORT et membre du CEF

Marie-Ève Roy

Marie-Ève Roy Chercheuse postdoctorale de l’UQO, chercheuse ISFORT et membre du CEF

Ce nouvel aménagement avait comme fondement qu’en imitant la nature, nos pratiques auraient un impact similaire à celui des perturbations naturelles et qu’ainsi nous réduirions l’écart qui existait entre les forêts aménagées par l’homme et les forêts non aménagées. Une décennie plus tard, force est de constater que très peu de choses ont changé et que l’introspection que nous pensions avoir faite n’a mené qu’à des modifications de vocabulaire, sans véritable changement des pratiques sur le terrain.

Encore et toujours majoritairement axé vers la seule production de bois, notre aménagement forestier, même écosystémique, fait fi de maintenir en place l’ensemble des services rendus par la forêt publique québécoise. Nous coupons encore trop et trop souvent pour maintenir l’état et le fonctionnement des forêts aménagées proches de ceux des forêts non aménagées. Parmi les grandes différences, l’intégrité des sols est très importante, car sa dégradation implique des effets néfastes et pernicieux sur la diversité de plantes en sous-bois, la fertilité des sols et le potentiel de séquestration de carbone à long terme.

En aménageant avec un seul objectif en tête, faire pousser des arbres, nous perpétuons donc lentement, mais sûrement la dégradation de notre patrimoine forestier.

En examinant de plus près pourquoi une si bonne intention, l’aménagement écosystémique, pouvait ne pas entraîner les effets attendus sur la durabilité des écosystèmes, deux constats se sont imposés. Nous avons manqué d’humilité et avons été négligents. À titre d’exemple, le manque d’humilité s’est manifesté lorsque nous avons certifié que nous pouvions simuler la nature en pratiquant, comme nous le faisions déjà, soit des coupes totales, pour imiter un incendie, soit des coupes partielles, pour imiter un chablis.

Des indicateurs dans le rouge

Pour sa part, la négligence s’est exprimée lorsque nous n’avons pas mis en place les suivis adéquats des effets réels de ces traitements afin de les évaluer. Actuellement, notre approche de validation se résume effectivement ainsi : si le bois repousse en quantité suffisante, nous avons réussi. À titre de comparaison, cela reviendrait à évaluer la qualité de notre système d’éducation sur la seule base de la performance des élèves en mathématiques.

Pourtant, récemment, les études scientifiques se sont multipliées pour démontrer que certains indicateurs étaient dans le rouge (biodiversité, vieilles forêts, santé des sols, bois mort) et que leur inclusion au sein d’une démarche de suivi multicritères n’est pas chose impossible. Ce serait même une solution simple d’amélioration continue de nos pratiques, puisque cette approche permettrait le suivi (en visant la réduction) des écarts de fonctionnement entre les forêts aménagées et non aménagées.

Cependant, cette solution soulève aussi l’importance d’avoir sur le territoire des références adéquates pour notre comparaison. Ces références, les aires protégées, doivent être présentes en quantité suffisante sur le territoire et être suivies pour permettre d’établir les cibles à atteindre. Sans ces témoins, impossible de savoir à quelle distance sont les écosystèmes que nous aménageons par rapport à la nature et si les nouvelles pratiques que nous développons sont efficaces pour réduire les effets de notre utilisation des forêts.

  1. La Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier définit l’aménagement écosystémique comme un aménagement qui vise à réduire les écarts entre la forêt aménagée et la forêt naturelle en vue d’assurer le maintien de la biodiversité et la viabilité des écosystèmes (article 4).
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Peut-on diminuer l’impact environnemental du fameux bleu des jeans ? C’est le pari de chimistes danois. Leur solution : l’indican, une enzyme qui est un précurseur de l’indigo, la teinture qui donne son look caractéristique au denim.

Résumé

Planète bleue, idées vertes Des jeans bleus plus verts

PHOTO TIRÉE DU SITE DE HUUE

La firme californienne Huue a inventé un indigo biologique qui pourrait réduire la pollution liée au denim.

Peut-on diminuer l’impact environnemental du fameux bleu des jeans ? C’est le pari de chimistes danois. Leur solution : l’indican, une enzyme qui est un précurseur de l’indigo, la teinture qui donne son look caractéristique au denim.

Publié à 1h38 Mis à jour à 7h00

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Mathieu Perreault
Mathieu Perreault La Presse

L’indigo servant à la teinture du denim, un tissu de coton inventé en France au XVIe siècle, était au départ tiré de l’indigotier, une plante. « Mais depuis un demi-siècle, on utilise de l’indigo synthétique, un produit chimique très toxique », explique Katrine Qvortrup, de l’Université technique du Danemark, qui est l’auteure principale de l’étude publiée à la fin de février dans la revue Nature Communications. « Il est insoluble, ce qui nécessite l’utilisation de solvants pour l’utiliser en teinture. C’est ce qui explique la toxicité des effluents de la teinture du denim. »

L’indican synthétique inventé par Mme Qvortrup tire profit de la « photochimie », soit les transformations chimiques liées à la lumière, pour diminuer la toxicité des rejets d’eau du processus de teinture. « Nous pensons que la photochimie est l’une des avenues les plus prometteuses pour arriver à une industrie chimique verte. »

L’indican synthétisé par les chercheuses danoises génère un type d’indigo qui nécessite moins de produits chimiques pour donner son bleu caractéristique au denim. Selon leurs calculs, il serait 3000 fois moins dommageable pour l’environnement que les produits actuels, notamment grâce à une baisse des émissions de gaz à effet de serre (GES) de 3,5 mégatonnes par année. Selon Greenpeace, l’industrie du vêtement génère entre 4000 et 5000 mégatonnes d’émissions de GES par année.

L’indican synthétisé par Mme Qvortrup est aussi plus stable que l’indigo synthétique.

L’enzyme est soluble dans de l’eau légèrement acide. C’est beaucoup plus propre. On a une deuxième étape dans le processus de teinture où l’enzyme réagit à la lumière pour finaliser la couleur du denim.

Katrine Qvortrup, de l’Université technique du Danemark

« Il n’y a donc aucun effluent, aucune utilisation d’eau, dans cette deuxième étape. Nous avons aussi vérifié qu’on peut utiliser des lampes à DEL pour diminuer la consommation d’énergie dans cette deuxième étape. »

Jeans montréalais

Chez Yoga Jeans, fabricant montréalais de jeans, le PDG Eric Wazana indique que l’indican fait jaser dans l’industrie. « J’en ai entendu parler à une réunion avec mes chimistes, dit M. Wazana. Ce que les gens aiment de l’indigo, c’est qu’il devient moins foncé doucement au fil des lavages. Ça donne différentes teintes de bleu. La mode est au bleu pâle actuellement. On peut accélérer le pâlissement avec le bleach, mais nous, on ne le fait pas par respect pour l’environnement. Sinon, il y a des enzymes qui accélèrent le pâlissement. L’indican permet de partir avec un bleu moins foncé. Les puristes vont voir la différence, mais pour le consommateur moyen, ça marche. »

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Eric Wazana, PDG de Yoga Jeans, produit des blouses médicales en Beauce et dans une nouvelle usine à Montréal.

Ce genre de recherche est important pour l’industrie de la mode. « On est constamment en train de pousser pour être plus respectueux de l’environnement [environment friendly], dit M. Wazana. Par exemple, on prend du coton américain parce que c’est là que les règles environnementales sont plus respectées, parce que l’inspection est stricte. » Le coton américain de Yoga Jeans est parfois envoyé à des fabricants de tissus ailleurs dans le monde, notamment au Mexique et au Brésil. La teinture du coton est faite par le fabricant de tissus.

Question de faisabilité économique

L’équipe de Mme Qvortrup a tenu à faire des calculs de faisabilité économique pour cette nouvelle technologie. « Nous collaborons avec l’industrie, parce qu’une innovation qui n’est pas adoptée ne sert à rien. Nous avons d’ailleurs trois avenues possibles pour appliquer la technologie, avec différentes enzymes et à différents moments de la fabrication du tissu. Nous avons aussi tenu compte des investissements en matériel et en formation de la main-d’œuvre. Actuellement, la teinture du denim se fait surtout dans les pays pauvres ou émergents, en grande majorité en Asie. Nous ne voulons pas que ces pays perdent des emplois parce que la technologie de teinture du denim plus verte n’est accessible qu’aux pays riches. »

PHOTO TIRÉE DU SITE DE NCC AGRO INDUSTRIES

Beaucoup de distributeurs offrent de l’indigo naturel artinasal de la région de Tamil Nadu, en Inde.

Le coût de fabrication de l’indican synthétique serait de 12 $US par kilo, comparativement à 5 $US par kilo pour l’indigo synthétique actuel, ce qui ajouterait une facture de 35 millions US à l’industrie, soit moins de 0,1 % des ventes totales.

Les chercheuses danoises ne sont pas les seules à se pencher sur la question. En 2022, la firme californienne Huue a amassé 15 millions US en capital de risque pour une usine-pilote de sa technologie d’indigo biologique.

Mme Qvortrup étudie normalement les médicaments anticancer et les biomatériaux médicaux. Comment en est-elle arrivée à s’intéresser aux jeans ? « J’ai vécu aux États-Unis durant mes études. C’est la patrie du jeans. Je me suis toujours demandé quelle était son empreinte environnementale. »

En savoir plus

  • 57 milliards US
    Marché mondial du denim en 2023

Source : Sourcing Journal

50 000 tonnes
Quantité d’indigo synthétique utilisée par l’industrie mondiale du jeans chaque année

Source : American Chemical Society

Depuis l’école primaire, on leur parle de pollution et de changements climatiques. Paradoxalement, les jeunes de 18 à 34 ans sont aujourd’hui aussi écoanxieux que peu enclins à faire de réels efforts pour réduire leur impact environnemental, disent les sondages. Même les plus sensibilisés ont du mal à ne pas baisser les bras en constatant que le problème est tellement plus gros qu’eux.

Résumé

Jour de la Terre Les jeunes sont-ils encore écolos ?

ILLUSTRATION LA PRESSE

Depuis l’école primaire, on leur parle de pollution et de changements climatiques. Paradoxalement, les jeunes de 18 à 34 ans sont aujourd’hui aussi écoanxieux que peu enclins à faire de réels efforts pour réduire leur impact environnemental, disent les sondages. Même les plus sensibilisés ont du mal à ne pas baisser les bras en constatant que le problème est tellement plus gros qu’eux.

Publié à 1h17 Mis à jour à 5h00

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Louise Leduc
Louise Leduc La Presse

Septembre 2019. Des centaines de milliers de personnes manifestent pour le climat dans les rues de Montréal, galvanisées par une adolescente, Greta Thunberg.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

« Partout dans le monde, aujourd’hui, des millions de personnes marchent. C’est incroyable d’être unis ainsi », avait déclaré la militante Greta Thunberg à la foule montréalaise, lors de l’évènement.

Depuis, les sondages et les études rendent comptent d’une jeunesse qui croit de moins en moins aux manifestations comme à l’utilité des sacrifices pour contrer le réchauffement climatique. À quoi bon se priver de voyages quand le beau-père carbure au pick-up et à la motomarine ? Quand la meilleure amie part au Mexique l’hiver, à Paris à la relâche et au Brésil l’été ? Et pendant ce temps, en Chine, en Inde, aux États-Unis…

Louis Couillard, responsable de la mobilisation chez Greenpeace Canada, admet que certains matins sont difficiles pour un militant comme lui.

C’est sûr que la pandémie nous a fait perdre notre erre d’aller et je constate une certaine désillusion. Des gens se disent : à quoi ça sert ? Mais on n’a pas le choix, sinon ce sera la catastrophe ! Et de tout temps, il a fallu se battre pour un monde meilleur !

Louis Couillard, responsable de la mobilisation chez Greenpeace Canada

L’ennui, c’est que la lassitude n’a pas trait qu’aux manifestations.

Se priver, c’est trop dur

Selon le Baromètre de la consommation responsable 2023 de l’Observatoire de la consommation responsable de l’ESG UQAM, 49 % des jeunes de 18 à 24 ans « ne sont pas prêts à se priver de certains plaisirs » pour réduire leur impact environnemental (comparativement à 37 % tous âges confondus).

Les sentiments d’impuissance et de découragement sont aussi manifestes. Pas moins de 46 % des répondants de 18 à 24 ans ont dit adhérer à l’énoncé « la situation environnementale est si sombre que je crois que plus rien n’est possible » (soit 14 points de pourcentage de plus que pour l’échantillon complet).

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Des centaines de milliers de manifestants ont pris la rue à Montréal en septembre 2019.

Quand des centaines de milliers de personnes prennent la rue, « mais que les gouvernements ne prennent pas les mesures nécessaires, ça contribue à un sentiment d’épuisement », constate Shirley Barnea, porte-parole de Pour le futur Montréal, qui organise la manifestation de ce dimanche pour le Jour de la Terre à Montréal, au pied du mont Royal.

À son avis, l’heure n’est donc plus tant aux discours un brin culpabilisants qu’à la recherche de solutions collectives, par des mesures de grande ampleur prises par les gouvernements, « comme l’imposition de taxes sur les voyages en avion, qui pourraient être haussées après le premier voyage annuel, par exemple », lance Shirley Barnea.

Les jeunes n’ont manifestement pas envie de se priver de voyager, lui soumet-on. Shirley Barnea répond que « c’est difficile de ne pas profiter de sa jeunesse quand les adultes autour de soi ne font pas ce qu’il faut. »

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Shirley Barnea, porte-parole de Pour le futur Montréal

Si les jeunes voient que leurs parents voyagent, ils ont envie de voyager eux aussi.

Shirley Barnea, porte-parole de Pour le futur Montréal

Marc-Antoine Vachon, titulaire de la Chaire de tourisme Transat et professeur de marketing à l’UQAM, relève que de tous les groupes d’âge, ce sont les personnes de 18 à 34 ans qui sont le moins enclines à avoir des scrupules écologiques liés aux voyages.

Le sondage Léger réalisé pour la Chaire de tourisme en témoigne. Les jeunes de 18 à 34 ans jugent moins probable de diminuer leurs futurs voyages en avion que ceux de 34 ans et plus (41 % comparativement à 50 %).

Pas moins de 73 % des répondants à un sondage Léger de 2021 disent être écoanxieux, note M. Vachon – « mais ils n’adoptent pas les comportements qui comptent parmi ceux qui auraient le plus d’impact » pour limiter les dégâts.

Comme professeur à l’université, c’est manifeste, poursuit M. Vachon. Révolue, l’époque où l’on faisait, tard dans la vie, son premier voyage en Europe – ah, Paris !

« Aujourd’hui, il n’est pas rare que mes étudiants soient déjà allés à Bali. »

Écologiquement, ce n’est pas top, mais sociologiquement, le voyage, « c’est important pour ouvrir notre regard sur le monde », fait valoir M. Vachon.

La Chaire de tourisme fait aussi le constat que « les Québécois en ont assez d’entendre parler d’environnement ».

Les plus puristes ont modifié leurs comportements, mais le nombre de voyageurs dits responsables a atteint un plateau.

Marc-Antoine Vachon, titulaire de la Chaire de tourisme Transat et professeur de marketing à l’UQAM

Ailleurs, une jeunesse pas plus verte

En tout cela, le Québec n’est pas du tout distinct. Selon une étude réalisée en France par le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie, les jeunes Français sont les plus préoccupés par les changements climatiques, mais leurs comportements « ne sont pas plus écologiques que ceux de leurs aînés, peut-on lire dans le document. Ils sont moins nombreux à trier leurs déchets, à acheter des légumes locaux et de saison ou encore à réduire leur consommation d’électricité ».

Au quotidien – une question de budget, peut-être ? – les jeunes sont cependant moins nombreux à posséder une voiture. Mais en France, « 28 % des 18-24 ans ont pris l’avion deux fois ou plus dans l’année, soit neuf points de plus que la moyenne », est-il encore écrit.

Une étude réalisée par l’Institut de recherche Sotomo sur les Suisses révèle par ailleurs que de tous les groupes d’âge, les jeunes adultes de 18 à 35 ans ont actuellement la plus grande empreinte écologique, surtout en raison de leurs nombreux voyages en avion.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Les jeunes ne consomment pas moins que leurs aînés.

Au Québec, selon le Plan Metrix de la firme Comscore, spécialisée dans l’étude des consommateurs, ce sont les femmes âgées de 18 à 24 ans qui, de tous les groupes d’âge, étaient les plus susceptibles d’avoir acheté un vêtement ou du maquillage et des produits de beauté dans les 12 mois qui ont précédé la collecte, en 2023. Chez les hommes, ce sont ceux de 25 à 34 ans qui avaient en plus grand nombre acheté un vêtement dans les mois précédents.

Caroline Boivin, cofondatrice de l’Observatoire de la consommation responsable, refuse d’être défaitiste. Vrai, les jeunes ne sont pas plus frugaux que leurs aînés. Mais certains comportements semblent bel et bien intégrés, comme le fait de magasiner dans une friperie, « un comportement qui est devenu une norme » parmi la jeune génération.

« Par exemple, les jeunes ont tous leur gourde et ils sont très conscients du fait qu’il faut consommer moins de viande. »

Pour le reste, elle relève que ses travaux l’amènent à constater que les jeunes sont nombreux à dire qu’ils manquent d’informations pour consommer de façon responsable.

Manquer d’informations ? Alors que leurs enseignants et leurs manuels scolaires traitent de ces questions depuis toujours ?

En fait, note Mme Boivin, ce que les jeunes comme les moins jeunes doivent réaliser, « c’est que les produits verts sont rarement 100 % verts, ou ils peuvent l’être sur certains aspects, mais moins sur d’autres. Les options vertes permettent de réduire l’impact environnemental par rapport aux options conventionnelles, mais ne l’éliminent pas complètement ».

Par exemple, ajoute-t-elle, « même si la distance parcourue par les produits locaux est moindre, ils doivent tout de même être acheminés vers les consommateurs, ce qui engendre évidemment des impacts sur l’environnement ».

Le vert, ce n’est pas « noir ou blanc », et il faut apprendre à naviguer avec une certaine incertitude.

Mais surtout, conclut-elle, « le geste le plus important pour l’environnement est la réduction de la consommation. Et cela, c’est facile à oublier avec les multiples offres de produits, écolos ou non ».

Sans qu’on s’en rende bien compte, note-t-elle, avec l’âge, on accumule toutes sortes d’informations, fait remarquer Mme Boivin.

« Moi-même, ça fait 15 ans que je me plonge dans ces questions et j’en apprends encore chaque jour ! Le diable est dans les détails. »

Par exemple, qu’est-ce qu’on peut mettre dans le bac, exactement ? La voiture électrique, est-ce totalement une bonne idée ? Et non, en utilisant les pailles en bambou, les emballages en cire d’abeille et en achetant une énième bouteille d’eau réutilisable parce qu’on la trouve jolie, on n’aide pas la planète, finalement.

Lisez le texte « Ces objets écolos qu’on surconsomme »

« La consommation, c’est nécessaire, relève Mme Boivin. La grande question, c’est de savoir où tracer la ligne entre le trop et le suffisant… et se faire plaisir, un peu. »

Lisez « Une jeunesse qui fait de son mieux »

38 %

Proportion des jeunes de 18 à 34 ans qui estiment que la réduction de leur impact environnemental « demande trop d’efforts » (25 % pour tous les âges)

Source : Baromètre de l’action climatique 2023 de l’Université Laval (basé sur une enquête par questionnaire en ligne auprès de 2000 personnes)

2650 litres

Quantité d’eau requise pour produire un chandail en coton

Source : World Economic Forum (rapport de 2020)

Deux fois plus

La production de vêtements dans le monde a presque doublé depuis 2000

Source : World Economic Forum (rapport de 2021)

La CMM a adopté le règlement

Après plusieurs villes et municipalités, c’est maintenant au tour de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) d’adopter un règlement contre les combustibles fossiles, notamment le gaz naturel, dans les nouvelles constructions et bâtiments.

Il est applicable aux 79 municipalités de la CMM qui n’ont pas de règlement municipal sur les émissions de gaz à effet de serre des bâtiments.

Le règlement interdit l’installation d’un appareil de chauffage d’espace ou d’eau alimenté par un combustible fossile dans tous les nouveaux bâtiments résidentiels, commerciaux et institutionnels.

L’usage de gaz de source renouvelable sera toutefois permis dans les plus grands bâtiments (600 mètres carrés ou plus de trois étages).

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Planète bleue, idées vertes

Gérer les pelures de banane, les tiges de carotte, les os de poulet et les coquilles d’œuf de plusieurs dizaines de résidants n’est pas une mince tâche. Maintenant que la collecte du compost est en déploiement dans les immeubles de plus de neuf logements à Montréal, les personnes qui y vivent sont-elles condamnées à composer avec de mauvaises odeurs et des insectes indésirables ?

Résumé

Planète bleue, idées vertes Des solutions pour composter dans les grands immeubles

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Alan DeSousa, maire de l’arrondissement de Saint-Laurent, montre des conteneurs semi-enterrés à l’extérieur pour les déchets, le compost et le recyclage.

Gérer les pelures de banane, les tiges de carotte, les os de poulet et les coquilles d’œuf de plusieurs dizaines de résidants n’est pas une mince tâche. Maintenant que la collecte du compost est en déploiement dans les immeubles de plus de neuf logements à Montréal, les personnes qui y vivent sont-elles condamnées à composer avec de mauvaises odeurs et des insectes indésirables ?

Publié à 1h31 Mis à jour à 7h00

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Isabelle Ducas
Isabelle Ducas La Presse

Pas du tout, répondent des gestionnaires et propriétaires d’immeubles, qui ont trouvé des solutions pour recueillir et entreposer ces matières sans provoquer d’inconvénients.

La partie n’est pas gagnée, toutefois : en moyenne, dans l’ensemble des quartiers montréalais, le taux de participation à la collecte du compost n’est que de 35 % et augmente très lentement, même si la Ville avait l’intention de le voir atteindre 60 % en 2025.

Prévoir le coup

Les habitants d’immeubles multilogements ont une difficulté supplémentaire : en raison de l’espace restreint, ils ont généralement moins d’options pour l’entreposage des déchets.

Mais des immeubles nouvellement bâtis commencent à prévoir le coup dès l’étape de la conception, en intégrant des systèmes et des espaces pour faciliter le compostage.

C’est le cas dans les 216 logements locatifs nouvellement construits par le promoteur immobilier Maître carré, dans le quartier Centre-Sud : en plus des traditionnelles chutes à déchets installées à chaque étage, on y retrouve aussi des chutes à compost.

Au sous-sol, les matières compostables aboutissent dans un bac brun que le concierge s’occupe de changer lorsqu’il est plein.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Carol-Ann Brochu, coordonnatrice à l’exploitation pour le promoteur immobilier Maître carré, montre une chute à compost.

« Les chutes sont autonettoyantes et sont traitées aux rayons UV avec le système Sanuvox pour éliminer les odeurs », explique la coordonnatrice à l’exploitation pour le promoteur, Carol-Ann Brochu. « Comme les bacs sont au sous-sol, ça va aussi rester frais l’été. »

Pour le recyclage, les locataires doivent descendre eux-mêmes leurs matières au sous-sol, dans les grands bacs disposés à cette fin.

Pour le promoteur immobilier, une telle installation pour le compostage dans ses nouveaux immeubles allait de soi. On veut encourager des modes de vie sains et responsables, explique Maître carré.

L’édifice du Centre-Sud dispose aussi d’une soixantaine de bacs de jardinage sur le toit.

Défi dans les vieux immeubles

Les nouveaux immeubles ont beau jeu : leurs concepteurs peuvent prévoir des installations qui répondent aux besoins d’aujourd’hui. Mais dans les immeubles existants, n’est-ce pas compliqué d’installer un système de compostage pour des dizaines, voire des centaines de résidants ?

« Ça peut être difficile », répond Peter Annoussis, concierge pour trois immeubles regroupant 130 condos, dans l’arrondissement de Saint-Laurent.

Les trois immeubles sont dotés de chutes à ordures à chaque étage, mais les résidants doivent descendre pour déposer au sous-sol les matières recyclables et compostables.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Peter Annoussis, concierge pour trois immeubles regroupant 130 condos, dans l’arrondissement de Saint-Laurent

Il faut du temps, de l’éducation et beaucoup de sensibilisation pour convaincre les résidants de se mettre au compostage. On a des caméras pour voir ceux qui mettent leurs matières aux mauvais endroits et on leur envoie des courriels pour les avertir.

Peter Annoussis, concierge pour trois immeubles regroupant 130 condos, dans l’arrondissement de Saint-Laurent

Dans l’arrondissement de Saint-Laurent, dans les secteurs où la collecte de compost est offerte chaque semaine, les ordures ne sont ramassées qu’une fois toutes les deux semaines. On souhaite que ça serve d’incitatif à composter. Sans matières organiques, les déchets ne devraient pas générer d’odeurs, souligne le maire de l’arrondissement, Alan DeSousa.

Quand l’espace manque pour l’entreposage des bacs de compost, il existe d’autres solutions, explique le maire de Saint-Laurent, qui a été l’un des premiers arrondissements à introduire la collecte de compost dans les grands immeubles.

En partenariat avec un propriétaire d’immeubles de la rue Ouimet, l’arrondissement a installé des conteneurs semi-enterrés à l’extérieur pour les déchets, le compost et le recyclage. Au fond des conteneurs, les matières restent fraîches, ce qui évite les odeurs.

« On doit déboulonner les mythes au sujet des odeurs, des insectes et de la vermine, martèle Marie-Andrée Mauger, responsable de l’environnement au comité exécutif. Et les gens doivent comprendre que la participation à la collecte de compost n’est pas optionnelle. Elle est obligatoire là où les gens y ont accès, donc ils ne peuvent pas mettre de matières organiques aux déchets. »

Cependant, la Ville n’est pas « en mode d’émissions d’amendes », dit-elle.

Actuellement, 80 % des foyers montréalais ont accès à la collecte du compost. Dans les immeubles de neuf logements et plus, 50 % y ont accès, et le déploiement se poursuit.

« Les défis sont énormes pour changer les comportements, reconnaît Alan de Sousa. Même s’il y a des citoyens récalcitrants, ils doivent comprendre que le compostage n’est pas un choix, mais une obligation. C’est un véritable changement de société. »

La moitié des canneberges produites au Québec étant destinée aux marchés étrangers, cette augmentation souhaitée de la production n’est peut-être pas justifiée, postule Alain Branchaud.

« Tout ce qu’on rajoute, qui a des impacts ici, sur notre environnement, est nécessairement voué à l’exportation, dit-il. Est-ce qu’on peut juste entretenir cette industrie, arrêter de la grossir ? »

Résumé

Culture de la canneberge Vaste projet de cannebergière près de Sorel-Tracy

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Vue aérienne du futur terrain qui sera exploité

Une cannebergière de 70 hectares pourrait voir le jour à Sainte-Anne-de-Sorel, ce qui aurait « des impacts majeurs » sur la faune aviaire et les milieux humides, selon le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), qui pourrait être appelé à évaluer le projet.

Publié à 0h49 Mis à jour à 6h00

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Jean-Thomas Léveillé
Jean-Thomas Léveillé La Presse

L’entreprise Fruits des îles prévoit aménager 12 champs de canneberges et un bassin d’irrigation sur des terres agricoles, ce qui nécessitera la destruction de 6,3 hectares (63 000 m⁠2) de terrains boisés et de 3,3 hectares (33 0⁠⁠⁠00 m⁠2) de milieux humides, indique sa demande d’autorisation.

Fruits des îles ambitionne toutefois de faire de son exploitation un modèle d’écoresponsabilité, notamment en implantant une gestion de l’eau en circuit fermé et en réduisant l’utilisation d’engrais et de pesticides.

Cette toute première cannebergière de la Montérégie – la culture de la canneberge étant très majoritairement concentrée dans le Centre-du-Québec – serait exploitée pour une durée de 100 ans.

Les champs seront recouverts d’une couche de sable de 30 cm après avoir été « décapés » pour en retirer une partie de la terre arable, qui servira à former des digues pour permettre leur inondation à l’automne, lors de la récolte, et à l’hiver, pour les protéger.

L’eau nécessaire au remplissage et au maintien du niveau du bassin d’irrigation sera prélevée dans le fleuve Saint-Laurent et transportée par une conduite souterraine d’une capacité de 10 millions de litres par jour.

Milieu sensible

Même s’il se veut écologique, le projet nécessitera la destruction de milieux humides, dans l’une des deux régions du Québec qui en ont perdu le plus depuis 2017 – la superficie perdue y totalise près de 63 hectares (630 000 m2), rapportait La Presse, lundi1.

Vue aérienne du futur terrain qui sera exploité

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« Historiquement, la culture de la canneberge a été responsable de la destruction de nombreuses tourbières et d’autres types de milieux humides dans la vallée du Saint-Laurent, et particulièrement dans le Centre-du-Québec, puisqu’elle nécessite d’avoir une nappe phréatique près de la surface du sol », explique la professeure Julie Talbot, directrice du département de géographie de l’Université de Montréal et spécialiste des milieux humides.

Et les cannebergières sont généralement exemptées de l’obligation de compenser cette destruction de milieux humides, ce qui pourrait d’ailleurs être le cas pour celle projetée par Fruits des îles, indique le ministère de l’Environnement, disant ne pouvoir le confirmer avant d’avoir terminé l’analyse du projet.

À cela s’ajoutent d’autres impacts environnementaux, causés par l’utilisation de fertilisants et de pesticides et par la gestion de l’eau, poursuit Mme Talbot.

L’entreprise Fruits des îles a le mérite de « vouloir faire des efforts pour diminuer les impacts environnementaux », mais son projet devrait être étudié « à la loupe » étant donné le milieu sensible dans lequel il veut s’établir, estime le directeur général de la section québécoise de la Société pour la nature et les parcs (SNAP), Alain Branchaud.

« Le cours d’eau récepteur est le lac Saint-Pierre, qui est un élargissement du fleuve Saint-Laurent en train de subir un envasement important et accéléré, d’étouffer finalement, en raison des déchets organiques et des fertilisants rejetés par la production agricole », affirme-t-il.

Milieux dégradés, espèces menacées

Les milieux humides du site, composés d’un marécage arborescent, d’un marais, d’une prairie humide et d’un marécage arbustif, sont dans un état allant de « dégradé à très dégradé », soutient Fruits des îles dans sa demande.

Ainsi, les conditions actuelles de ces milieux humides n’assurent ni leur intégrité écologique ni leur maintien en tant que milieux naturels fonctionnels dans une perspective à long terme.

L’entreprise Fruits des îles, dans sa demande d’autorisation

L’aménagement d’une cannebergière procurera en revanche « des avantages pour l’écologie de la région », soutient l’entreprise, évoquant la diversification des cultures et la création d’un milieu propice à la faune, dont des espèces à statut précaire comme l’hirondelle de rivage et la tortue des bois.

Les inventaires fauniques réalisés sur le terrain ont d’ailleurs démontré la présence de plusieurs espèces animales, dont cinq espèces d’oiseaux à statut précaire : le pygargue à tête blanche, le goglu des prés, l’hirondelle rustique, le pioui de l’Est et le quiscale rouilleux.

La présence de la tortue peinte, dont le statut est jugé préoccupant au Canada, a également été observée.

Occasion d’affaires

Fruits des îles voit « une opportunité d’affaires » dans la culture de la canneberge, la demande pour ce fruit étant en hausse, indique-t-elle dans sa demande d’autorisation.

La moitié des canneberges produites au Québec étant destinée aux marchés étrangers, cette augmentation souhaitée de la production n’est peut-être pas justifiée, postule Alain Branchaud.

« Tout ce qu’on rajoute, qui a des impacts ici, sur notre environnement, est nécessairement voué à l’exportation, dit-il. Est-ce qu’on peut juste entretenir cette industrie, arrêter de la grossir ? »

Une séance d’information sur le projet aura lieu mardi à la salle communautaire de Sainte-Anne-de-Sorel et sera retransmise en direct sur le site internet du BAPE ; quiconque souhaite demander que le BAPE soit mandaté pour évaluer le projet aura jusqu’au 10 mai pour en faire la demande au ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.

L’entreprise Fruits des îles n’a pas rappelé La Presse.

1. Lisez « Protection des milieux humides : “Tout porte à croire que ce sera un échec” »

En savoir plus

  • 78 %
    Proportion des productions de canneberges du Québec situées dans le Centre-du-Québec

Source : ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec

100 083 tonnes
Production annuelle de canneberges au Québec (données de 2021)

Source : ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec

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Le leadership du Canada critiqué

À Turin pour une rencontre du G7, le ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, n’a pas pu participer aux derniers jours du sommet, à Ottawa. Il a néanmoins réitéré la volonté du Canada à parvenir à un accord final en Corée.

Le ministre y voit “l’une des décisions environnementales les plus importantes”, à l’image des grands accords de l’ONU pour lutter contre les changements climatiques et l’effondrement de la biodiversité.

Des groupes environnementaux ont toutefois critiqué le leadership du Canada, lui reprochant de ne pas avoir été suffisamment vocal au sein de la coalition pour la haute ambition, dont il fait pourtant partie. Les avancées réalisées au cours de cette avant-dernière ronde s’avèrent, selon eux, insuffisantes.

Résumé

Traité sur la pollution plastique : les pays quittent Ottawa sans avancée significative

Les pays devront trouver un terrain d’entente sur la question de la production s’ils veulent accoucher d’un traité mondial sur la pollution plastique d’ici la fin de l’année.

L'Équatorien Luis Vayas Valdivieso, président du Comité intergouvernemental de négociation sur la pollution plastique, lors d'une séance plénière.

L’Équatorien Luis Vayas Valdivieso, président du Comité intergouvernemental de négociation sur la pollution plastique, lors d’une séance plénière.

Photo : afp via getty images / DAVE CHAN

Publié à 6 h 46 HAE

Après l’échec de la dernière session de négociations à Nairobi, les pays quittent Ottawa avec la promesse de poursuivre le travail d’ici l’ultime ronde de pourparlers, fin novembre, qui doit mener à l’adoption d’un traité international sur la pollution par le plastique. Les délégués ont toutefois reporté à plus tard l’épineuse question de la production qui les divise.

Rien ne garantissait que les États en arrivent à un compromis sur la production de plastique à Ottawa. Mais de nombreux participants au sommet des Nations unies espéraient que les pays arrivent à cheminer dans ce dossier, de façon à préparer le terrain pour le sprint final de négociations qui aura lieu à Busan, en Corée du Sud.

Surtout, il fallait éviter de reproduire le scénario de Nairobi. Lors de la précédence session de pourparlers, au Kenya, l’ébauche du traité d’une trentaine de pages s’était retrouvée gonflée par d’innombrables propositions, dont plusieurs s’appuyant sur des mesures volontaires.

Or, là réside la particularité de ce traité : contrairement à l’accord de Paris sur les changements climatiques ou au cadre mondial sur la biodiversité de Kunming-Montréal, le texte débattu par les délégués de 176 pays présents à la table se veut juridiquement contraignant.

S’entendre sur la portée du traité et s’assurer de la clarté des énoncés est donc déterminant, sans quoi des observateurs redoutent que les pays se dotent d’un outil inefficace pour endiguer la pollution plastique d’ici 2040. D’autant qu’un ensemble de mesures volontaires viendrait, selon plusieurs, diluer l’impact qu’il pourrait avoir.

À Ottawa, les délégués sont parvenus à faire progresser le texte […] en entamant des négociations sur plusieurs éléments, a déclaré le président du Comité intergouvernemental de négociation sur la pollution plastique, l’Équatorien Luis Vayas.

Nous repartons avec une image beaucoup plus claire du travail qu’il reste à accomplir, si nous voulons tenir notre promesse [d’adopter un traité d’ici la fin 2024].

Une citation de Luis Vayas, président du Comité intergouvernemental de négociation sur la pollution plastique

La production évacuée de l’agenda – mais pas du texte

Au terme d’une semaine de débats, les délégués ont convenu, tard dans la nuit de lundi à mardi, de poursuivre le travail cet été, en sous-comités. À Nairobi, ces séances avaient été compromises par un bloc de pays réfractaires à une baisse de la production de plastique.

Les discussions porteront sur les moyens de mettre en œuvre ce traité, dont les mécanismes nécessaires à son financement, et sur l’évaluation d’une liste de substances chimiques jugées préoccupantes.

Malgré la demande du Rwanda et du Pérou, appuyée par plusieurs pays, la production et la consommation de plastique ne se retrouvent pas à l’agenda de ce travail intersession. Cet élément demeure néanmoins présent de l’ébauche du texte, et sera donc débattu à Busan.

Nous sommes profondément déçus que la proposition ignore l’éléphant dans la pièce.

Une citation de Le représentant de la délégation du Rwanda, lors de la session plénière

Depuis le début des négociations, en 2022, c’est sur ce point que les négociations achoppent. Plusieurs États – dont des pays du Sud, de l’Afrique et des nations insulaires – jugent impératif de s’attaquer à la source du problème pour freiner la consommation de polymères plastiques primaires, qui ont connu une progression vertigineuse depuis les années 1950.

Les pays du G7 veulent s’attaquer à la production

À Turin, en Italie, les ministres du G7 responsables du climat, de l’énergie et de l’environnement s’apprêtent à s’engager à réduire la production mondiale de polymères primaires afin de mettre fin à la pollution plastique en 2040, selon l’AFP. Une position, à certains égards, plus ferme que ce qui a été défendu par les délégués de certains de ces pays, dont le Canada et les États-Unis, à Ottawa.

Ils s’opposent à un regroupement d’États liés aux intérêts pétrochimiques, notamment l’Iran, l’Arabie saoudite, la Russie, la Chine et Cuba.

Tout au long des pourparlers, ce bloc a minimisé la question de la production, jugeant plutôt prioritaire d’améliorer la gestion des déchets et d’établir d’améliorer le design des plastiques, de sorte d’en limiter les effets néfastes sur l’environnement et de faciliter le recyclage.

Une vague pleine de déchets.

La pollution des océans est particulièrement visible dans certains pays, comme en Thaïlande, où les déchets envahissent des plages.

Photo : Getty Images / AFP/MLADEN ANTONOV

Le leadership du Canada critiqué

À Turin pour une rencontre du G7, le ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, n’a pas pu participer aux derniers jours du sommet, à Ottawa. Il a néanmoins réitéré la volonté du Canada à parvenir à un accord final en Corée.

Le ministre y voit l’une des décisions environnementales les plus importantes, à l’image des grands accords de l’ONU pour lutter contre les changements climatiques et l’effondrement de la biodiversité.

Des groupes environnementaux ont toutefois critiqué le leadership du Canada, lui reprochant de ne pas avoir été suffisamment vocal au sein de la coalition pour la haute ambition, dont il fait pourtant partie. Les avancées réalisées au cours de cette avant-dernière ronde s’avèrent, selon eux, insuffisantes.

Les compromis faits à Ottawa nous éloignent encore plus du traité que la science exige et que la justice réclame, a réagi Graham Forbes, responsable la campagne mondiale sur les plastiques à Greenpeace USA.

La production de plastique nuit chaque jour aux populations, mais les États écoutent davantage les lobbyistes de l’industrie pétrochimique que les scientifiques spécialistes de la santé.

Une citation de Graham Forbes, responsable la campagne mondiale sur les plastiques à Greenpeace USA.

Les États-Unis, qui n’ont jamais officiellement pris le parti d’un camp ou de l’autre, sont néanmoins montrés du doigt pour avoir ralenti les discussions.

Même s’ils ont signalé au G7 qu’ils s’engageraient à réduire la production de plastique, ils ont intentionnellement bloqué les efforts visant à y parvenir dans les négociations mondiales les plus pertinentes sur la question, a déploré Carroll Muffett, présidente du Center for International Environmental Law (CIEL).

Les réticences des uns et l’obstruction des autres sur la question de la production a tout à voir avec les intérêts financiers de l’industrie du plastique, selon le CIEL. L’organisation a dénombré près de 200 lobbyistes de l’industrie des combustibles fossiles et des produits chimiques inscrits aux négociations à Ottawa.

À lire aussi :

Plus de 70 % des journalistes de 129 pays qui traitent des questions environnementales ont indiqué avoir été victimes de menaces, de pressions ou d’attaques, alerte l’UNESCO dans une enquête révélée vendredi à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse.

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Je ne sais pas si c’est le bon fil. Déplacez au besoin.

Les émissions de gaz à effet de serre de l’île de Montréal sont demeurées sous le niveau prépandémique, en 2022, montre le plus récent inventaire de la métropole, mais la tendance actuelle ne permettra pas d’atteindre la cible de carboneutralité d’ici 2050, reconnaît l’administration Plante, qui prépare une mise à jour de son Plan climat.
Publié à 1h37 Mis à jour à 5h00

Résumé

Gaz à effet de serre Légère baisse des émissions à Montréal, malgré le rebond post-pandémie

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Le transport compte pour 42,7 % des émissions montréalaises de gaz à effet de serre.

Les émissions de gaz à effet de serre de l’île de Montréal sont demeurées sous le niveau prépandémique, en 2022, montre le plus récent inventaire de la métropole, mais la tendance actuelle ne permettra pas d’atteindre la cible de carboneutralité d’ici 2050, reconnaît l’administration Plante, qui prépare une mise à jour de son Plan climat.

Publié à 1h37 Mis à jour à 5h00

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Jean-Thomas Léveillé
Jean-Thomas Léveillé La Presse

Ce qu’il faut savoir

Les émissions de gaz à effet de serre de l’île de Montréal ont rebondi en 2022, mais demeurent inférieures au niveau d’avant la pandémie de COVID-19.

Les bâtiments et le transport routier sont les principales sources d’émissions.

La métropole n’est pas encore sur une trajectoire de carboneutralité pour 2050.

La « collectivité montréalaise » a généré 11,2 millions de tonnes (Mt) de gaz à effet de serre (GES) en 2022, une hausse par rapport aux années pandémiques de 2020 et 2021, mais une baisse de 9 % par rapport à 2019.

Les émissions de Montréal retrouvent ainsi leur niveau de 2015, alors qu’elles avaient été de 11,3 Mt, et sont inférieures de 26 % à celui de 1990, année de référence pour sa cible de réduction de 55 % d’ici 2030.

« On voit que ce n’est pas gagné d’avance », a déclaré à La Presse la responsable de la transition écologique et de l’environnement au comité exécutif de la Ville de Montréal, Marie-Andrée Mauger, voyant dans ces résultats la nécessité d’« intensifier les actions ».

Les émissions de GES de l’île de Montréal suivent une tendance semblable à celles du Canada, dont l’inventaire de 2022 a été publié jeudi1.

Bâtiments et transport

Deux secteurs sont responsables à eux seuls de la quasi-totalité des émissions montréalaises : les « sources fixes », que sont essentiellement les bâtiments, à 47 % du total, ainsi que le transport, à 42,7 %.

La reprise des déplacements routiers après la pandémie de COVID-19 pèse d’ailleurs lourd dans le bilan montréalais, les émissions de ce sous-secteur ayant augmenté de 15 % (438 000 tonnes) de 2021 à 2022, tandis que celles du sous-secteur du transport aérien ont augmenté de 35 % (204 000 tonnes) pour la même période.

Les résultats laissent néanmoins voir « une stabilisation des émissions [du transport routier], ce qui est beaucoup mieux que ce qui se passe ailleurs », observe le directeur du Bureau de la transition écologique et de la résilience de la Ville de Montréal, Sidney Ribaux.

« On voudrait arriver à une pente qui descend », ajoute-t-il toutefois, estimant qu’il est encore trop tôt pour dire si cela s’observera dans l’inventaire des émissions 2023.

Ce bilan « montre que la décarbonation des transports est difficile », juge Andréanne Brazeau, analyste des politiques climatiques d’Équiterre, estimant que la Ville de Montréal ne peut agir seule et que les autres ordres de gouvernement doivent en faire plus en la matière.

« Le transport collectif, ce n’est pas une dépense. C’est un service essentiel, a ajouté Mme Brazeau. Ce n’est pas normal que les projets structurants de transport en commun mettent des décennies à se développer. »

Plan insuffisant

Les mesures prévues dans le Plan climat 2020-2030 de Montréal sont insuffisantes pour atteindre la carboneutralité en 2050, montre une modélisation effectuée par la Ville, que La Presse a obtenue.

Elles permettraient de réduire les émissions à 4,1 Mt au milieu du siècle, alors que l’objectif net est de zéro ; la cible intermédiaire de 2030, qui est de 55 % sous le niveau de 1990, s’annonce aussi hors de portée.

« C’est clair qu’on va manquer la cible et cette cible n’est même pas assez ambitieuse, elle n’a rien à voir avec ce que la science dit », déplore le responsable de la campagne climat-énergie de Greenpeace Canada, Patrick Bonin, rappelant que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) prône pour 2030 une réduction des émissions mondiales de 50 % par rapport à leur niveau actuel2.

La mise en place d’un système de « bonus-malus » pour décourager l’utilisation de véhicules énergivores et le renforcement des mesures de décarbonation des bâtiments et des industries lourdes est à privilégier, affirme M. Bonin, qui souligne au passage que la modélisation des mesures montre « une volonté de rigueur et de transparence » de l’administration Plante.

Mise à jour

La mise à jour prévue en 2025 du Plan climat 2020-2030 de Montréal doit justement servir à « fermer cet écart-là », affirme Sidney Ribaux, en déterminant quelles mesures peuvent être devancées ou bonifiées.

Mais la tâche s’annonce ardue, prévient-il, ajoutant que la Ville n’a un pouvoir d’influence que sur environ la moitié des émissions.

À Montréal, ce qu’il nous reste à réduire, c’est ce qui est difficile. À l’échelle canadienne, il y a le secteur pétrolier qui a un énorme potentiel de réduction, et qui représente 30 % du bilan, mais on n’a pas ça.

Sidney Ribaux, directeur du Bureau de la transition écologique et de la résilience de la Ville de Montréal

Même si elles ne suffiront pas à elles seules, les 46 actions du Plan climat sont toutes en cours de réalisation et portent déjà leurs fruits, souligne Marie-Andrée Mauger. « Il y a quand même de bonnes nouvelles. »

Plus de 180 000 des 500 000 arbres à planter d’ici 2030 ont déjà été plantés et la superficie des aires protégées atteint 7,6 %, s’approchant de la cible de 10 %, illustre-t-elle.

Mais la part de l’auto solo dans les transports n’a diminué que de 0,6 %, alors que la cible pour 2030 est de 25 %, et la proportion de véhicules électriques immatriculés n’est que de 4,2 %, loin de l’objectif est de 47 %.

1. Lisez « Gaz à effet de serre : baisse des émissions du Canada en 2022 » 2. Lisez « Nouveau rapport du GIEC : trois ans pour agir »

En savoir plus

  • 4 387 000 tonnes
    Baisse des émissions nécessaire d’ici 2030 à Montréal pour atteindre la cible de réduction de 55 % sous le niveau de 1990, soit 39,2 % des émissions de 2022

Source : Ville de Montréal

15 094 000 tonnes
Émissions de gaz à effet de serre de l’île de Montréal en 1990

Source : Ville de Montréal

Installer des panneaux solaires pour vendre ses surplus d’électricité au réseau ? Pour les bâtiments commerciaux, industriels ou institutionnels, la formule peut sembler attrayante. Elle demeure marginale au Québec, notamment à cause des critères d’autoproduction d’Hydro-Québec. La société d’État planche sur une version améliorée.
Publié à 1h09 Mis à jour à 6h00

Résumé

Lueurs d’espoir pour le solaire québécois

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Ces panneaux solaires installés sur le toit des bureaux de la firme d’architecture Lemay, à Montréal, fournissent une partie de ses besoins en électricité.

Installer des panneaux solaires pour vendre ses surplus d’électricité au réseau ? Pour les bâtiments commerciaux, industriels ou institutionnels, la formule peut sembler attrayante. Elle demeure marginale au Québec, notamment à cause des critères d’autoproduction d’Hydro-Québec. La société d’État planche sur une version améliorée.

Publié à 1h09 Mis à jour à 6h00

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Ariane Krol
Ariane Krol La Presse

« Quelques minutes avant qu’on se parle, on produisait plus d’électricité qu’on en consommait », nous a signalé Hugo Lafrance, associé, Stratégies durables, de la firme d’architecture Lemay, en entrevue le 9 avril dernier.

Malgré le ciel voilé, les 370 panneaux installés sur le siège social de l’entreprise, dans l’arrondissement du Sud-Ouest, généraient alors de petits surplus de production, qui ont été automatiquement envoyés dans le réseau d’Hydro-Québec.

« Donc Lemay fournissait de l’électricité gratuitement aux Québécois », a résumé M. Lafrance.

Hydro-Québec offre une option de mesurage net pour les propriétaires de panneaux solaires. Lorsqu’ils envoient des surplus d’électricité au réseau, ils reçoivent des crédits applicables sur leurs factures ultérieures.

La puissance de leur installation solaire ne doit toutefois pas dépasser 50 kW, presque trois fois moins qu’un système comme celui de Lemay (135 kW) qui ne répond pas aux critères actuels.

« C’est un frein majeur », souligne M. Lafrance.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Hugo Lafrance, associé, Stratégies durables chez Lemay, devant les panneaux solaires sur le toit des bureaux de la firme d’architecture

Les entreprises, quand tu leur dis qu’il faut donner de l’électricité, on les comprend de te regarder avec un regard un peu oblique, et de ne pas comprendre pourquoi elles feraient ça !

Hugo Lafrance, associé, Stratégies durables, de la firme d’architecture Lemay

Le programme de mesurage net d’Hydro-Québec, qui s’adresse à la clientèle résidentielle et agricole, ainsi qu’aux clients d’affaires de petite puissance, compte moins de 800 abonnés – une goutte d’eau parmi les quelque 4,5 millions de clients de la province.

« Comme nos besoins vont augmenter, nous considérons aider nos clients à faire une plus grande place à l’autoproduction ou à l’autoconsommation solaire », nous a indiqué un porte-parole d’Hydro, Cendrix Bouchard, par courriel.

La société d’État « travaille actuellement à la mise à jour de son option de mesurage net », a écrit M. Bouchard, sans plus de détails. « Nous prévoyons soumettre notre proposition de mise à jour à la Régie de l’énergie cet été. »

En attendant, Lemay s’est doté de systèmes de stockage électrique et thermique pour limiter ses « exportations » d’électricité au réseau qui, n’étant pas créditées, représentent « une perte nette ». L’ensemble de son système fournit « environ un quart de [la] consommation annuelle » de l’entreprise.

Pour la firme d’architecture, « c’est presque devenu un projet de recherche pour faire avancer les choses ». Pour les entreprises et institutions intéressées par l’autoproduction solaire, par contre, de nombreux obstacles subsistent.

Évidemment, il y a les tarifs d’électricité, moins élevés qu’ailleurs au Canada, qui limitent le potentiel d’économies. Mais ce n’est pas tout.

Lisez notre dossier « L’essor du solaire au pays du pétrole »

Quand Lemay a demandé un permis à son arrondissement, elle s’est fait dire : « “Il y a trop de panneaux solaires, il ne faudrait pas que les gens les voient.” Je vous parle d’il y a cinq ou six ans », témoigne M. Lafrance. Il souhaite « une réforme réglementaire pour dire aux villes [qu’elles ont la] responsabilité de ne pas nuire au développement de l’énergie renouvelable ».

L’idée qu’une mesure d’efficacité énergétique devrait se rentabiliser en quelques années n’incite pas non plus à investir dans le solaire, constate-t-il.

« Lemay, ça a 65 ans, et on veut encore être là dans 65 ans, donc 12 ans pour un rendement de l’investissement, ce n’est pas farfelu. »

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

L’installation solaire de Lemay permet également de fournir à la firme de l’électricité en cas de panne.

Le responsable des stratégies durables juge d’ailleurs « difficile d’attribuer une valeur strictement financière » à un investissement comme le stockage électrique.

Quand il y a des pannes, on n’est pas obligés de retourner 300 employés à la maison, on peut opérer le bâtiment quelques heures sur une batterie à zéro émission.

Hugo Lafrance, associé, Stratégies durables, de la firme d’architecture Lemay

Les toits des bâtiments industriels, et des édifices publics comme les arénas et les centres communautaires, pourraient accueillir beaucoup de panneaux solaires, souligne M. Lafrance.

« Les gens se plaignent des pannes d’Hydro-Québec, on veut décarboner plus rapidement, on ne veut pas construire de barrages. Mais la magie, ça n’existe pas : il faut donner aux gens la possibilité d’avoir recours à des solutions techniques qui existent. »

Appel solaire

Hydro-Québec lancera bientôt des appels d’offres pouvant totaliser jusqu’à 300 mégawatts d’énergie solaire, en commençant par de « petits parcs solaires de quelques mégawatts », a annoncé Québec à la fin de mars.

« Les critères […] sont en cours d’élaboration et seront rendus publics au lancement [des appels d’offres], d’ici la fin de l’année », a affirmé Hydro.

La MRC de Pontiac, dans l’Outaouais, s’y prépare déjà. Consciente du potentiel solaire élevé de son territoire voisin de l’Ontario, la MRC a publié un appel d’intérêt pour trouver des promoteurs avec lesquels elle pourrait collaborer.

« C’est surtout un appui pour l’adaptation et l’installation », a résumé Rachel Soar Flandé, agente au développement économique, en entrevue téléphonique. « Le rôle de la MRC dans tout ça est de travailler avec le promoteur, surtout sur l’acceptabilité sociale du projet, et éventuellement de l’aider dans la recherche de sites. »

Taxes foncières, implication des promoteurs dans la communauté, création d’emplois et achat de matériaux durant la construction : l’implantation de parcs solaires serait intéressante à plusieurs égards, estime la MRC.

La prochaine étape est prévue à la mi-mai, alors que le comité d’énergie renouvelable de la MRC rencontrera deux des promoteurs ayant manifesté leur intérêt.

Des municipalités du territoire sont également « en train de réfléchir » à l’installation de panneaux solaires sur leurs infrastructures pour « alléger les coûts [d’électricité] et profiter de cet ensoleillement ».

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Nombre de clients propriétaires de panneaux solaires inscrits au mesurage net d’Hydro-Québec en 2023. Ils ont injecté au total 1 812 406 kWh dans le réseau d’Hydro.

Source : Hydro-Québec

3e édition du Sommet climat Montréal cette semaine

Texte complet : Le temps presse face à l’urgence climatique

Le temps presse face à l’urgence climatique


Photo: Graham Hughes, La Presse canadienne
Réduire les GES, verdir la ville, favoriser les transports actifs, contrer les changements climatiques et protéger les plus vulnérables; la liste des défis pour Montréal est longue, et le temps commence à manquer.

Jeanne Corriveau
Publié à 0h00
Environnement

L’heure n’est plus aux demi-mesures face à l’urgence climatique, et la métropole doit accélérer le rythme de ses actions pour atteindre une plus grande résilience sans chercher une acceptabilité sociale à tout prix, estime la directrice régionale de santé publique de Montréal, Mylène Drouin, à quelques jours du Sommet climat Montréal 2024.

Coprésidente de la troisième édition du Sommet, qui se tiendra mardi et mercredi au Grand Quai du Vieux-Port de Montréal, Mylène Drouin estime que la communauté montréalaise doit appuyer sur l’accélérateur. Réduire les GES, verdir la ville, favoriser les transports actifs, contrer les changements climatiques et protéger les plus vulnérables ; la liste des défis pour Montréal est longue, et le temps commence à manquer.

« Je pense qu’on est à l’heure où il n’y a pas de demi-mesures. Dans ce contexte-là, il peut y avoir des décisions moins populaires qui soient prises. Mais je pense qu’on n’a pas le temps d’attendre qu’on ait une acceptabilité sociale à 100 % », avance Mme Drouin.

Dans les années 2010, des arrondissements montréalais, dont Le Plateau-Mont-Royal et Rosemont–La Petite-Patrie, ont entrepris d’implanter des mesures d’apaisement de la circulation pour décourager la circulation de transit et contrer le « tout-à-l’auto », alimentant bien des levées de boucliers. Près de 15 ans plus tard, le retrait de places de stationnement continue de susciter la grogne, mais les mesures favorables à la mobilité active se sont répandues dans la ville. « Des fois, les changements, il faut les provoquer dans ces transitions-là », croit Mylène Drouin. « Ça prend toujours des précurseurs. Il y a des quartiers qui tracent la voie. Maintenant, il faut passer plus rapidement de l’expérimentation à l’implantation de ces pratiques-là et les généraliser. »

Un sommet, ça sert à quoi ?

Organisé par le Partenariat climat Montréal à l’initiative de la Fondation du Grand Montréal et de la Fondation familiale Trottier, le Sommet climat Montréal se veut un lieu de rencontre et de discussions sur les moyens à prendre pour accélération l’action climatique. Il réunira quelque 900 participants provenant du milieu des affaires, des groupes environnementaux, des syndicats, du secteur communautaire et de décideurs, dont la mairesse de Montréal, Valérie Plante, le ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, et le ministre québécois de l’Environnement, Benoit Charette.

L’événement sera aussi l’occasion de revenir sur les engagements pris à l’occasion des sommets précédents. Lors du premier Sommet, tenu en 2022, la Ville de Montréal avait annoncé son intention de ne plus autoriser de systèmes de chauffage aux énergies fossiles pour les nouveaux bâtiments à compter de 2024. Elle avait aussi devancé d’une décennie, à 2040, son objectif de voir l’ensemble du parc immobilier de la métropole alimenté par des énergies renouvelables.

Il peut y avoir des décisions moins populaires qui soient prises. Mais je pense qu’on n’a pas le temps d’attendre qu’on ait une acceptabilité sociale à 100%.

— Mylène Drouin

Et lors du Sommet de l’an dernier, les transports, qui ont représenté 42,7 % des émissions de gaz à effet de serre au Québec en 2022, étaient au centre des discussions. La mairesse Plante avait notamment annoncé l’an dernier qu’un quadrilatère du Vieux-Montréal deviendrait le « royaume des piétons » dès l’été 2024.

Au-delà des bonnes intentions, ces sommets ont-ils donné des résultats concrets ? Christian Savard, directeur général de Vivre en ville et membre du comité organisateur du Sommet, croit que oui. Il cite le dossier de la décarbonation des bâtiments, qui a fait l’objet d’engagements tant de la part de la Ville de Montréal que de plusieurs grands propriétaires, comme Ivanhoé Cambridge en 2022.

Depuis, en décembre dernier, Montréal a adopté son règlement pour interdire l’installation d’équipements émettant des GES dans les nouvelles constructions (applicable pour les petits bâtiments à compter du 1er octobre 2024 et pour les grands au 1er avril 2025). Le 25 avril dernier, c’était au tour de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) d’emboîter le pas avec un règlement métropolitain similaire pour les 79 municipalités de la région de Montréal qui n’avaient pas déjà de telles règles.

Christian Savard estime que les engagements pris publiquement par le secteur privé ont créé un effet boule de neige et ont incité les villes à aller de l’avant avec leurs règlements. « Le fait de [s’engager] publiquement oblige les gens à ne pas traîner les pieds et à respecter leurs engagements. Pour la CMM, ç’a même été plus vite qu’on pensait. » Le prochain défi, rappelle-t-il toutefois, sera de décarboner les immeubles existants, ce qui risque d’être plus ardu.

Les efforts du secteur privé

L’implication du secteur privé dans la lutte contre les changements climatiques est primordiale, avance pour sa part Anne-Marie Hubert, associée directrice pour l’est du Canada d’EY et coprésidente de l’événement. Mais selon elle, plusieurs obstacles demeurent à l’échelle du Canada en raison notamment de l’enchevêtrement des différents ordres de gouvernement. « On manque d’ambition et on manque de coordination et de collaboration pour atteindre les objectifs, dit-elle. On en a assez des chicanes fédéral-provincial. […] On devrait avoir tous des objectifs communs. On va avoir besoin de l’argent du fédéral, du provincial et du privé. Ce n’est pas vrai qu’il y a assez d’argent provenant des impôts. »

Selon elle, un sommet tel que celui qui commencera mardi permet aux participants de partager les expériences et de mettre en avant les stratégies d’adaptation qui fonctionnent. « On ne peut plus ignorer les changements climatiques, souligne-t-elle. On ne changera pas le monde au Sommet, mais les gens qui sont là vont convenir d’actions qu’ils peuvent faire. »

HAUSSE DES GES EN 2022

Les émissions de gaz à effet de serre (GES) sur l’île de Montréal ont augmenté de 7 % en 2022 par rapport à l’année précédente, poursuivant une hausse constante observée depuis la pandémie, révèle l’inventaire que vient de publier la Ville de Montréal. Les 11 179 kilotonnes d’équivalent en dioxyde de carbone (kt éq. CO2) mesurées demeurent tout de même en deçà du niveau prépandémique et représentent une baisse de 26 % par rapport à 1990.

Les sources fixes sont responsables de 47 % des émissions de GES, et la part attribuée au transport atteint 47,2 %, avec une forte hausse des GES liés au transport aérien (+35 % par rapport à 2021).

Responsable de la transition écologique et de l’environnement au comité exécutif de la Ville, Marie-Andrée Mauger reconnaît que l’atteinte de la cible fixée par la Ville de Montréal d’une réduction de 55 % d’ici 2030 s’annonce difficile, d’autant que 50 % de l’inventaire des GES échappe au contrôle de la Ville. « On n’atteindra pas notre cible en claquant des doigts, mais dans un événement comme le Sommet climat, tout le monde est là, dont Aéroports de Montréal et le secteur industriel. Ils font partie de la solution », souligne-t-elle. « Les prochains jalons seront toujours plus exigeants et demanderont plus d’efforts. Mais à Montréal, c’est essentiel qu’on se mette en route vers notre objectif de carboneutralité de 2050. »

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Les marchés publics de Montréal ne font pas encore de récupération des résidus alimentaires

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Pour réduire l’enfouissement des déchets et le gaspillage, Montréal entend augmenter la part de l’économie circulaire sur son territoire. À l’heure actuelle, seulement 3 % des ressources consommées annuellement à Montréal sont réutilisées et la Ville souhaite doubler ce taux d’ici 2030 et le porter à 17 % en 2050.

Dans le cadre du Sommet climat Montréal, qui se déroule au Vieux-Port mardi et mercredi, Montréal a élaboré une feuille de route afin de guider les entreprises et les services municipaux dans les stratégies à adopter au cours des prochaines années. Pour déterminer son « indice de circularité » de 3 %, la Ville a fait appel à l’organisme néerlandais Circle Economy.

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Le communiqué:

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La CCUM, qui produit de la vapeur va subir d’important changements, entre autre, pour réduire son emprunte carbone.

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C’est vers l’Alberta que se tourne Deep Sky – qui est financée en partie par l’État québécois – pour jeter les bases de son ambitieux projet de captage et de stockage du carbone, a appris La Presse. La jeune pousse assure qu’elle reviendra construire au Québec dans un avenir pas trop éloigné.

Résumé

Captage et séquestration du carbone La montréalaise Deep Sky opte pour l’Alberta

IMAGE FOURNIE PAR DEEP SKY

Deep Sky veut créer des installations de captage et de stockage du carbone.

C’est vers l’Alberta que se tourne Deep Sky – qui est financée en partie par l’État québécois – pour jeter les bases de son ambitieux projet de captage et de stockage du carbone, a appris La Presse. La jeune pousse assure qu’elle reviendra construire au Québec dans un avenir pas trop éloigné.

Publié à 1h08 Mis à jour à 6h00

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Julien Arsenault
Julien Arsenault La Presse

Après avoir confirmé l’information, jeudi, le cofondateur et président du conseil d’administration, Frédéric Lalonde, explique que ce sont surtout des raisons réglementaires qui ont incité l’entreprise montréalaise à opter pour l’Ouest canadien.

« La cartographie sismique a déjà été réalisée en Alberta et cette province dispose déjà de protocoles législatifs pour encadrer le stockage du CO2 », explique-t-il, dans un entretien téléphonique.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Frédéric Lalonde est cofondateur et président du conseil d’administration de Deep Sky.

Dans la région de Calgary, Deep Sky cherche à recruter, entre autres, un gestionnaire « d’expérience » dans la construction ainsi que des directeurs de sites. Leur mandat : superviser l’aménagement d’« installations de pointe de captage direct dans l’air ainsi que dans l’océan ».

Le démarrage de ce site pilote est prévu pour cette année, souligne M. Lalonde, qui est également le cofondateur de l’application de voyage Hopper, valorisée à plusieurs milliards de dollars.

« Nous devrions recevoir une quinzaine de machines [de stockage du carbone], explique l’homme d’affaires. La première devrait arriver vers le mois d’octobre. Nous n’aurons ni le cadre législatif ni le portrait sismique ici. Le gouvernement québécois travaille de manière rigoureuse, mais ce n’est pas encore en place. »

Encore au début

Deep Sky souhaite déployer les meilleures technologies de captage du carbone dans l’air et l’océan avant de le séquestrer sous terre. L’objectif est d’éliminer du carbone atmosphérique à coups de milliards de tonnes. Cette technologie doit encore faire ses preuves, notamment sur sa capacité à être déployée à grande échelle ainsi que sur sa viabilité financière.

Investissement Québec (IQ) – le bras financier de l’État québécois – avait contribué à hauteur de 25 millions à la ronde de 75 millions réalisée par Deep Sky l’automne dernier. L’opération était dirigée conjointement par Brightspark Ventures et Whitecap Venture Partners. OMERS et le Fonds Technologies pour le climat de la Banque de développement du Canada (BDC) avaient également participé.

Plus de la moitié des fonds viennent de l’extérieur de la province. Ça sera du capital qui viendra de l’extérieur qui sera utilisé pour bâtir dans l’Ouest. On n’est pas dans une situation où on utilise l’argent d’ici pour bâtir ailleurs.

Frédéric Lalonde, cofondateur et président du conseil d’administration de Deep Sky

Le gouvernement Legault est au fait des projets à court terme de Deep Sky. Dans une déclaration, le cabinet du ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, affirme que Québec travaille sur un « cadre réglementaire pour pouvoir s’assurer de bénéficier des crédits d’impôt fédéraux sur le captage de carbone ».

« Les phases subséquentes du projet de Deep Sky seront déployées au Québec », fait-on valoir.

Pour l’instant, l’Alberta, la Saskatchewan et la Colombie-Britannique sont les seules provinces où les dépenses liées au stockage du carbone sont admissibles au crédit d’impôt fédéral.

Quand même en marche

Deep Sky demeure néanmoins active au Québec. Elle prépare le terrain pour savoir si le sous-sol québécois est propice à l’enfouissement du CO2. Pour en avoir le cœur net, la jeune pousse effectuera des imageries sismiques dans la région de Bécancour, dans le Centre-du-Québec. Ces essais devraient être terminés le mois prochain.

C’est la firme Géostack qui a été retenue par l’entreprise de M. Lalonde. Les données seront offertes au milieu universitaire, ajoute-t-il.

Deep Sky s’intéresse aussi à Thetford Mines. La société conjugue ses efforts avec Exterra Solutions Carbone, qui a mis au point un système de séquestration dans des résidus miniers afin d’éliminer du CO2.

Lisez « Important test d’acceptabilité pour Deep Sky »

Deep Sky en bref

Cofondée en 2022 par Frédéric Lalonde et Joost Ouwerkerk

Président-directeur général : Damien Steel

Investisseurs : Investissement Québec, OMERS Venture, Fonds technologiques pour le climat de la Banque de développement du Canada

Siège social : Montréal