Northvolt veut commercialiser une nouvelle batterie au sodium
Northvolt a annoncé «une nouvelle percée» dans les batteries sodium-ion. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
La Presse canadienne
Publié hier à 14 h 51 HNE
Northvolt prévoit qu’elle sera la première entreprise à commercialiser à grande échelle des batteries au sodium. Cette technologie pourrait jouer un rôle important dans la transition énergétique, mais pas nécessairement au chapitre de l’électrification des véhicules.
L’idée de concevoir des piles au sodium n’est pas nouvelle. En 1870, l’auteur Jules Verne y faisait d’ailleurs allusion dans Vingt mille lieues sous les mers.
Dans ce roman d’aventures, le capitaine Nemo explique au scientifique Pierre Arronax que son sous-marin, le Nautilus, parcourt les mers grâce à des batteries fabriquées avec le sel de l’océan.
Je vous dirai, en outre, que les piles au sodium doivent être considérées comme les plus énergiques et que leur force électromotrice est double de celle des piles au zinc, peut-on lire dans ce roman de Jules Verne.
Depuis lors, plusieurs entreprises se sont intéressées sans grand succès aux piles au sodium. Or, voilà que 150 ans après le roman de Jules Verne, Northvolt a annoncé une nouvelle percée dans le domaine des batteries sodium-ion.
Le monde a placé de grands espoirs dans le sodium-ion et je suis très heureux de dire que nous avons mis au point une technologie qui permettra son déploiement à grande échelle pour accélérer la transition énergétique, a indiqué Peter Carlsson, PDG et cofondateur de Northvolt, dans un communiqué publié au début du mois de décembre.
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Pour stocker l’énergie
Cette entreprise suédoise, qui compte ouvrir une méga-usine de batteries sur le bord de la rivière Richelieu, au Québec, n’a toutefois pas l’intention de remplacer le lithium par le sodium dans la composition des cellules des batteries de véhicules électriques.
Le sodium, une ressource beaucoup plus abondante que le lithium, en plus d’être meilleur marché et d’avoir une empreinte environnementale moins forte, serait plutôt utilisé pour stocker de l’énergie.
Le faible coût et la sécurité à haute température rendent cette technologie particulièrement attrayante pour les solutions de stockage d’énergie dans les marchés émergents, notamment en Inde, au Moyen-Orient et en Afrique, a précisé M. Carlsson dans le communiqué.
Peter Carlsson est le PDG et cofondateur de Northvolt.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Selon Michel Jébrak, professeur émérite au Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère de l’UQAM, le stockage d’énergie renouvelable dans des batteries au sodium est très prometteur.
Le couplage d’une éolienne ou d’un panneau solaire avec des batteries au sodium, c’est excellent, parce que ça veut dire que vous produisez l’énergie quand vous en avez de disponible, a dit M. Jébrak.
Vous la stockez [l’énergie] dans des batteries qui ne vont pas coûter trop cher a priori, puisque ce sera un matériel très abondant, et vous serez ensuite capables d’envoyer cette énergie quand vous en aurez besoin. C’est certainement un couplage gagnant.
Une citation de Michel Jébrak, professeur émérite au Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère de l’UQAM
Le sodium utilisé dans les batteries peut être récupéré dans l’eau de mer, a ajouté Michel Jébrak, comme l’avait imaginé Jules Verne.
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Cette technologie peut être produite avec des matériaux d’origine locale, offrant ainsi une voie unique pour développer de nouvelles capacités régionales de fabrication de batteries entièrement indépendantes des chaînes de valeur traditionnelles des batteries, a indiqué le PDG de Northvolt, qui prévoit que cette entreprise sera la première à commercialiser cette technologie.
Des batteries au sodium destinées aux véhicules?
Selon le communiqué publié par Northvolt, la deuxième génération de batteries au sodium pourrait être utilisée pour les véhicules.
La première génération de cellules sodium-ion de Northvolt est conçue principalement pour le stockage d’énergie. Les générations suivantes, qui offriront une densité énergétique plus élevée, pourraient créer des possibilités pour permettre des solutions de mobilité électrique rentables.
Toutefois, selon Michel Jébrak, auteur du livre Objectif lithium – Réussir la transition énergétique, le sodium ne remet pas en cause, du moins pas à court terme, le rôle du lithium dans l’électrification des transports.
Le problème fondamental des batteries au sodium, c’est que le sodium est à peu près trois fois plus lourd que le lithium. Donc imaginez si vous avez des batteries de 300 kilogrammes dans vos véhicules électriques : si vous les [fabriquez avec du] sodium, ça va faire 900 kilogrammes.
Une citation de Michel Jébrak, professeur émérite au Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère de l’UQAM
Selon lui, des piles au sodium pourront éventuellement servir au transport, mais le poids sera toujours un problème.
Aujourd’hui, les technologies sont matures pour le lithium-ion, qui demeure le meilleur compromis pour l’instant dans l’électrification du transport.
Pendant combien de temps le lithium sera-t-il le meilleur compromis?
Certainement pendant une dizaine d’années, selon Michel Jébrak, qui est toutefois d’avis que la conception de nouvelles technologies comme la pile au sodium ou la pile à l’hydrogène favoriseront une diversification des marchés de la batterie et beaucoup d’innovations dans les années à venir.