Environnement et transition écologique

Enfin la raison a primé sur les émotions. Personne ne peut se réjouir de l’abattage de cerfs, cependant quand une espèce devient une menace à un écosystème fragile (comme les petits parcs que sont Les Iles de Boucherville et celui de Saint-Bruno), il faut agir promptement pour éviter que le problème ne devienne encore plus difficile à gérer et ne cause encore plus de dommages à la biodiversité.

A ce propos il ne faut pas faire de sentimentalisme, quand les populations d’une espèce se déséquilibrent sur un territoire donné (le cas de la Sepaq) ou deviennent dangereuses pour la sécurité publique (par exemple en Estrie et ailleurs). Il faut intervenir notamment par la chasse, un des meilleurs moyens d’être proactif. C’est comme ça tous les ans (principalement en automne) où chaque espèce visée obtient ses quotas de prélèvements suite à des études exhaustives des populations pour en assurer la pérennité.

Il y a plusieurs raisons à ces déséquilibres dont les changements climatiques, mais aussi la mauvaise gestion des groupes d’individus dans des espaces limités. Une leçon qu’on espère bien apprise dorénavant et qui devra être appliquée systématiquement en amont, basée sur des données et des méthodes scientifiques reconnues de manière soutenue et permanente.

Quelques vidéo du centre d’écologie urbaine de Montreal

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Accord climatique à la COP28 Un compromis pour « s’éloigner » des énergies fossiles

PHOTO AMR ALFIKY, REUTERS

Sultan Ahmed Al Jaber (au centre)

(Dubaï) La COP28 a accouché mercredi d’un accord climatique marquant le début d’une « transition hors des combustibles fossiles », une avancée jugée modeste, mais néanmoins historique par les observateurs et États signataires.

Publié à 5h59 Mis à jour à 6h03

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Envoyé spécial


Jean-Thomas Léveillé
Jean-Thomas Léveillé La Presse

« Nous avons une mention des combustibles fossiles dans notre accord final pour la toute première fois », s’est félicité le président de la conférence, Sultan Ahmed al-Jaber, après avoir rapidement déclaré le texte adopté, d’un coup de maillet, dès les premières minutes de la séance plénière.

Cet accord « est le consensus des Émirats arabes unis », a-t-il lancé fièrement, après avoir savouré le tonnerre d’applaudissements de la salle.

Le texte adopté par les pays réunis à Dubaï « appelle les parties » à amorcer une transition pour éliminer toute forme de combustible fossile dans les systèmes énergétiques, en « accélérant l’action au cours de cette décennie critique », conformément à ce que prescrivent les données scientifiques pour atteindre la carboneutralité d’ici 2050.

Dans le jargon onusien, « appeler » est une invitation à l’action, mais « c’est le terme le plus faible » pour la formuler, a réagi Leo Hickman, éditeur et directeur du site spécialisé Carbon Brief, sur le réseau social X.

Il s’agit néanmoins d’une amélioration par rapport à la formulation conditionnelle que contenait l’ébauche de texte qui avait été publiée lundi et qui s’était attiré un déferlement de critiques.

L’accord appelle aussi les pays à « accélérer les efforts en vue de l’élimination progressive de l’électricité produite à partir du charbon sans dispositifs d’atténuation (unabated) », à tripler la capacité de production d’énergies renouvelables au niveau mondial et à doubler le taux annuel moyen d’amélioration de l’efficacité énergétique d’ici à 2030.

« La formulation du texte est exceptionnellement imprécise et ouvre la porte à toutes sortes d’interprétations (erronées), a estimé M. Hickman. Néanmoins, il s’agit d’un progrès. »

Même si le texte adopté manque de mordant, cette toute première mention des énergies fossiles dans un accord international en trois décennies de négociations climatiques fera en sorte que les conférences à venir « ne feront que resserrer la vis sur les énergies sales », a indiqué Mohamed Adow, directeur de l’énergie et du climat au centre de réflexion Power Shift Africa.

Le résultat de la COP28 est « monumental », a quant à lui réagi le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, à son retour au Canada.

« Nous sommes parvenus à un consensus mondial […] pour assurer une transition vers des énergies propres, en s’éloignant des combustibles fossiles », a-t-il souligné.

COP28 L’accord décortiqué

PHOTO DAVID ZALUBOWSKI, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Pour la première fois en 28 ans, les « énergies fossiles » sont clairement mentionnées dans un accord de la COP. Sur la photo, un puits de pétrole au Colorado, aux États-Unis.

Certains l’ont qualifié d’accord historique, tandis que d’autres estiment qu’on en fait trop peu. L’accord intervenu à la COP28 ne laisse personne indifférent. Voici les grandes lignes de ce texte de 21 pages.

Publié à 1h10 Mis à jour à 5h00

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Éric-Pierre Champagne
Éric-Pierre Champagne La Presse

On y parle des énergies fossiles

C’est la principale victoire de cette COP28. Pour la première fois en 28 ans, les « énergies fossiles » sont clairement mentionnées dans un texte final d’un peu plus de 11 000 mots adopté par les représentants de 195 pays. On y a déjà fait référence par le passé, mais c’était plutôt en vue de mettre fin aux subventions « inefficaces » aux énergies fossiles. « Effectuer une transition hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques, de manière juste, ordonnée et équitable, en accélérant l’action au cours de cette décennie critique, afin d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050, conformément à la science », propose-t-on dans le nouvel accord.

Tripler la capacité des énergies renouvelables

« Le texte adopté constitue un petit pas en avant, mais positif, sur la voie difficile à suivre pour prévenir une grande partie des perturbations climatiques qui peuvent encore être évitées », a écrit Jean-Pascal van Ypersele, ancien vice-président du GIEC, sur le réseau X, mercredi. Autre bonne nouvelle, l’entente propose d’ici 2030 de « tripler la capacité d’énergie renouvelable » et de doubler le taux annuel d’amélioration de l’efficacité énergétique. Signalons qu’au cours des dernières années, la baisse des coûts des technologies vertes a permis leur déploiement à plus grande échelle.

Sortir du charbon, mais…

PHOTO ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

L’accord de la COP28 fait expressément référence au charbon, mais sans fixer d’échéancier tout en permettant de recourir à ce combustible si on utilise des technologies de captage et de stockage des émissions de CO2. Sur la photo, un terminal charbonnier dans la province de Jiangsu, en Chine.

« Accélérer les efforts en faveur d’une réduction progressive de l’énergie alimentée au charbon sans mesures d’atténuation. » L’entente fait expressément référence au charbon, mais sans fixer d’échéancier tout en permettant de recourir à ce combustible si on utilise des technologies de captage et de stockage des émissions de CO2. Or, ces dispositifs relativement nouveaux n’ont pas encore fait leurs preuves à grande échelle et s’avèrent extrêmement coûteux. Le texte prévoit également la suppression progressive des subventions inefficaces aux énergies fossiles le plus rapidement possible, mais n’inclut pas celles jugées nécessaires dans les pays les plus pauvres.

Réduire « considérablement » les émissions de méthane

« Accélérer et réduire considérablement les émissions autres que le dioxyde de carbone à l’échelle mondiale, y compris notamment les émissions de méthane d’ici 2030 », indique-t-on. Le méthane, rappelons-le, est un gaz à effet de serre dont le potentiel de réchauffement est au moins 25 fois supérieur à celui du CO2 sur une période de 100 ans. Il est responsable d’environ 30 % du réchauffement planétaire. Si l’accord insiste sur la réduction rapide des émissions de méthane, c’est que celle-ci permettrait une diminution tout aussi rapide de la concentration de ce gaz dans l’atmosphère.

Oui au gaz naturel

PHOTO MARTIN COSSARINI, ARCHIVES REUTERS

Construction d’un gazoduc destiné au transport du gaz naturel, en Argentine, en avril dernier

Le texte « [r]econnaît que les carburants de transition peuvent jouer un rôle en facilitant la transition énergétique tout en assurant la sécurité énergétique ». Cet ajout fait référence au gaz naturel, moins polluant que le charbon, par exemple. Dans le contexte du conflit entre la Russie et l’Ukraine, plusieurs pays sont aussi aux prises avec des problèmes d’approvisionnement. Le gaz naturel est depuis longtemps présenté comme une source d’énergie de transition, une option de plus en plus critiquée cependant, étant donné le peu de progrès réalisé dans la réduction des émissions des énergies fossiles en général.

Consultez le texte adopté à la COP28 (en anglais)

Planète bleue, idées vertes Recycler le plastique des laboratoires

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Les laboratoires génèrent des tonnes de plastique numéros 2 et 5, soit du polyéthylène et du polypropylène.

Derrière les portes des laboratoires du campus MIL de l’Université de Montréal, des chercheurs relèvent un défi écologique. Celui de recycler fioles, flacons, pipettes et embouts, bouchons et contenants en plastique ayant servi à mener des expériences en chimie.

Publié à 1h09 Mis à jour à 6h00

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Sara Champagne
Sara Champagne La Presse

En apparence, le défi est simple. Mais c’est tout le contraire. Il est très complexe de donner une seconde vie à ce plastique, explique le professeur titulaire Kevin James Wilkinson, en ouvrant la porte qui donne sur ses laboratoires. Des locaux où il enseigne la biophysicochimie des systèmes biologiques et environnementaux.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Un bac de recyclage du campus MIL presque rempli de contenants utilisés en laboratoire.

« Au départ, quand j’ai soumis l’idée à la direction de l’université, on a pensé à recycler avec les services de la Ville de Montréal, mais on a vite frappé un mur. Leurs centres de tri ne prennent pas nos matières, même rincées. Elles auraient été détournées vers l’enfouissement. En fouillant plus loin, j’ai été mis sur la piste d’une firme aidant les établissements de santé à implanter des pratiques environnementales. »

En 2021, l’entreprise SSE (Synergie Santé Environnement) a procédé à l’échantillonnage, au rinçage et au triage du plastique souillé, pour constater qu’il était constitué de matières rigides de numéros 2 et 5, soit du polyéthylène et du polypropylène. Ce sont les plastiques utilisés dans la fabrication des bouteilles de lait et du mobilier de jardin, entre autres.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Houssane Eddine, agent de sensibilisation, et Kevin James Wilkinson, professeur de chimie à l’origine du projet de recyclage, dans un laboratoire de l’Université de Montréal

Une soixantaine de laboratoires de l’Université de Montréal ont ensuite accepté de participer au projet-pilote. Des bacs de recyclage et des affiches avec la procédure à suivre y ont été installés. Afin de convaincre les étudiants d’adhérer au projet, l’agent de sensibilisation Houssane Eddine procède encore aujourd’hui à une tournée régulière des labos.

Transformés en billes de plastique à Farnham

Marc Legault est propriétaire de l’entreprise de recyclage de plastique CED-LO, dont les installations sont situées à Farnham, en Estrie. Le passionné de recyclage et de transformation de plastique a accepté le mandat de l’Université de Montréal, malgré le défi de trouver des preneurs pour les fioles et pipettes transformées en billes de plastique.

PHOTO FOURNIE PAR CED-LO

Dany Parent, directeur des opérations de CED-LO, à côté de l’une des machines de la chaîne de production transformant les fioles, les pipettes et autres objets de plastique utilisés en laboratoire en billes.

Les billes de plastique servent notamment à concevoir les gros bacs de vêtements ou d’autres articles dans les magasins à grande surface.

Marc Legault, propriétaire de l’entreprise de recyclage de plastique CED-LO

À l’heure actuelle, son usine transforme environ 30 000 kg de matériel en plastique provenant des laboratoires du campus MIL. Il a aussi décroché des contrats avec trois hôpitaux, de Longueuil, Saint-Hyacinthe et Sorel. Des pourparlers sont en cours avec le Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), dit-il. L’entrepreneur transforme des contenants de pilules, de savon, et de la matière provenant des sarraus d’hôpital.

« La matière récupérée dans les laboratoires ne représente environ que 2 % de la quantité de plastique que je transforme par année. Ça ne rapporte pas financièrement. Je le fais pour la cause. C’est en quelque sorte ma bonne œuvre écologique », ajoute M. Legault.

L’Université paie le transport du plastique

En raison des coûts, l’Université de Montréal assure pour l’instant le transport des matières à recycler vers l’usine de granulation de Farnham. Luc Surprenant, conseiller en développement durable à l’Université de Montréal et responsable du projet au campus MIL, affirme qu’au moins deux gros sacs sont remplis chaque semaine. Pour le moment, la collecte des bacs est assurée par le service d’entretien des immeubles.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Au campus MIL, des sacs de plastique sont prêts à être acheminés au recyclage chaque semaine.

Maintenant que le projet-pilote est terminé, on aimerait que la récupération s’étende à d’autres laboratoires. À l’Université de Montréal, on compte au moins un millier de portes de laboratoires. Ça vous donne une idée de la portée possible du projet.

Luc Surprenant, conseiller en développement durable à l’Université de Montréal et responsable du projet au campus MIL

Le professeur de chimie à l’origine de l’idée, M. Wilkinson, espère que le recyclage en laboratoire s’étendra à d’autres universités, notamment à McGill et à l’UQAM. Et pourquoi pas dans des laboratoires privés ?

Son prochain défi consiste à trouver des usines prêtes à récupérer et à recycler les gants en nitrile protégeant des produits chimiques. La quantité de gants jetés aux poubelles est difficilement quantifiable tellement elle est énorme, tant dans les laboratoires que dans les hôpitaux et les cliniques.

Marc Legault, dirigeant de CED-LO, ajoute que le coût de tout le processus de recyclage demeure le principal problème.

« Encore aujourd’hui, ça revient moins cher pour les fabricants d’acheter des feuilles de plastique neuves, fabriquées aux États-Unis, plutôt que des billes provenant du recyclage. Par exemple, il serait possible de transformer le plastique des poches médicales et des solutés. On en aurait des millions de kilos. Mais personne n’en veut. »

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  • 2,4 millions de kilos de plastique
    L’usine CED-LO de la rue Collins, à Farnham, produit 200 000 kg de flocons de plastique par mois (2,4 millions de kilogrammes par an), utilisés pour fabriquer des jouets, des tuyaux, des chaudières, des bacs roulants, etc. L’entreprise emploie 25 personnes.

Source : CED-LO

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Lutte contre les changements climatiques L’approche de Québec saluée par un rapport indépendant

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Même si ce sont les mesures de lutte contre les changements climatiques qui auront un impact, la qualité du cadre de gouvernance est primordiale, a déclaré mardi dans une entrevue éditoriale à La Presse le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoit Charette.

Le Québec dispose d’un « cadre de gouvernance climatique » parmi les meilleurs du monde, indique un rapport indépendant, au moment où le gouvernement Legault pense avoir « enfin cassé » la hausse des émissions de gaz à effet de serre (GES) de la province.

Publié à 2h09 Mis à jour à 5h00

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Jean-Thomas Léveillé
Jean-Thomas Léveillé La Presse

« Le cadre québécois se classe parmi les chefs de file », à côté de ceux du Royaume-Uni, de la Californie et de l’Allemagne, devançant ceux du Canada et de la France, indique une évaluation comparative préparée par Dunsky, une firme québécoise d’analyse et de stratégie spécialisée en transition énergétique, qui sera rendue publique ce mercredi et que La Presse a pu consulter.

Le document évalue l’ensemble des mécanismes qui encadrent l’adoption de mesures de lutte contre les changements climatiques, leur mise en œuvre et leur suivi.

« Ce n’est pas un document dans lequel on juge [directement] de certaines mesures », explique Lorenzo Daieff, consultant principal chez Dunsky, comparant plutôt l’exercice à une évaluation comptable.

Il ne s’agit pas de déterminer « quelle entreprise offrira le meilleur retour sur investissement en 2030, mais laquelle offre le plus de détails, de transparence et de suivi à propos de ses chiffres », illustre-t-il.

Transparence, clarté et reddition de comptes

Le Québec se distingue notamment par le fait que son plan de lutte contre les changements climatiques est mis à jour chaque année et parce qu’il calcule uniquement l’impact des mesures adoptées et financées, indique le rapport.

Ironiquement, cette rigueur jugée favorablement par Dunsky a valu au gouvernement Legault de nombreuses critiques de la part d’observateurs lui reprochant de n’avoir identifié à ce jour que 60 % des mesures permettant d’atteindre la cible québécoise de réduction des émissions de GES de 37,5 % d’ici 2030 par rapport à leur niveau de 1990.

Le rapport salue aussi la clarté budgétaire du cadre québécois, « un des rares plans à présenter un coût par action et par année dans ses plans de mise en œuvre, ainsi que l’estimation des réductions attendues par mesure », de même que la reddition de comptes qu’il offre.

Rétablir le lien de confiance

Même si ce sont les mesures de lutte contre les changements climatiques qui auront un impact, la qualité du cadre de gouvernance est primordiale, a déclaré mardi dans une entrevue éditoriale à La Presse le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoit Charette.

« [Les] critiques du Fonds vert, au départ, c’était beaucoup ça, l’absence de gouvernance », a-t-il rappelé, se disant très heureux des conclusions du rapport, que son gouvernement a commandé pour pouvoir se comparer, mais aussi s’améliorer.

La gouvernance, à la base, c’est le lien de confiance avec la population, et c’est là où je pense qu’on a rétabli une crédibilité.

Benoit Charette, ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs

Le gouvernement voudra « donner suite » aux recommandations du rapport, assure le ministre Charette, qui se dit d’emblée ouvert à ce que son plan climatique donne une meilleure idée des mesures envisagées, mais qui ne sont pas encore officiellement adoptées et financées.

« Mais je tiendrai toujours à ce qu’il y ait deux colonnes ; une qui est sûre, qui est vraie, et la deuxième colonne deviendrait en quelque sorte nos prochains chantiers », dit-il.

Le ministre Charette se dit aussi « certainement favorable » à ce que le comité consultatif sur les changements climatiques produise un bulletin annuel de l’action climatique québécoise ; ce comité étant indépendant, il a « toute la latitude pour se donner ce mandat-là », souligne M. Charette.

En revanche, le ministre est moins chaud à l’idée de doter le Québec d’un budget carbone, qui indiquerait une limite d’émissions de GES pour chaque secteur de l’économie, soulignant que le marché du carbone plafonne déjà 80 % des émissions de la province.

Pourtant, le rapport souligne que marché et budget sont « deux mécanismes qui se renforcent mutuellement », invitant Québec à se doter du second.

Le rapport appelle aussi Québec à miser davantage sur la réglementation, comme celle imposant aux constructeurs automobiles un minimum de ventes de véhicules à zéro émission, une proposition accueillie plus froidement.

« On n’est pas ceux qui veulent juger du choix des consommateurs », dit le ministre, rejetant par exemple l’idée de proposer des incitatifs à l’achat de véhicules moins énergivores.

GES « enfin » en baisse

Le rapport de la firme Dunsky est rendu public le même jour que l’inventaire provincial des émissions de GES pour l’année 2021, qui démontrera le début d’une tendance à la baisse, a affirmé le ministre Charette.

Les données devraient être très semblables à celles de l’inventaire fédéral, rendu public en avril, qui indiquait que le Québec avait généré 77 millions de tonnes d’équivalent dioxyde de carbone (Mt éq. CO2) en 2021, soit un peu plus que pendant l’année pandémique de 2020, mais moins que les 82 Mt éq. CO2 de 2019.

« On ne reviendra plus au pic des années 2019, a assuré le ministre. On pense avoir enfin cassé la courbe [qui était à la hausse]. »

Le rapport de Dunsky mentionne d’ailleurs que Québec gagnerait à « publier plus fréquemment des estimations de sa trajectoire GES », soulignant que les données les plus récentes disponibles en novembre 2023 dataient de 2020, mais le ministre Charette estime difficile de faire plus rapidement.

La stratégie sur le caribou repoussée après les Fêtes

Québec repousse « à la mi-janvier ou à peu près » le dévoilement de sa stratégie de rétablissement du caribou, qu’il avait promise pour la fin de 2023, après moult reports, a révélé le ministre Benoit Charette, mardi, en entrevue avec La Presse. « Elle est en consultation au sein des ministères, elle est pour ainsi dire prête, a indiqué le ministre. On n’est plus dans des reports [se comptant en] mois. » La stratégie devra être soumise au Conseil des ministres, « probablement dans les premiers jours de janvier », puis fera l’objet de trois mois de consultations auprès des Premières Nations, conformément aux obligations constitutionnelles du Québec – ces dernières avaient vertement critiqué ce qu’elles en avaient vu. La stratégie déplaira « aux groupes qui sont campés », environnementalistes, autochtones et industriels, prévient le ministre, qui pense néanmoins que le grand public y verra des avancées tangibles. « On sera le premier gouvernement à réellement se doter d’une stratégie », a-t-il souligné.

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  • 77 %
    Note accordée au cadre de gouvernance climatique québécois

source : Dunsky

Voici pourquoi 2023 est l’année de tous les records climatiques

Un texte de Valérie Boisclair et Mélanie Meloche-Holubowski

Publié le 20 décembre 2023

Pour voir les graphiques cliquez sur le lien Voici pourquoi 2023 est l’année de tous les records climatiques | Radio-Canada.ca

Jamais le climat ne s’est autant déréglé qu’en 2023. Aux records de chaleur, battus au fil de l’année, s’ajoutent des écarts de température et des événements météorologiques extrêmes comme la planète en a rarement connu. Alors que tous les indicateurs sont au rouge, l’année qui s’achève – la plus chaude de l’histoire – donne un aperçu des phénomènes irréversibles qui se produiront si l’humanité poursuit sur sa lancée, au-delà du seuil limite de réchauffement de 1,5 °C.

Si les climatologues anticipaient une année très chaude, ils ne s’attendaient pas à ce que nous a réservé 2023. D’un bout à l’autre de la planète, les records de température sont tombés les uns après les autres, particulièrement depuis le mois de mai.

Au sortir d’un été record, pendant lequel juillet est officiellement devenu le mois le plus chaud jamais enregistré, nous avons battu des records également en octobre et en novembre. Ce dernier mois a ainsi été le septième mois le plus chaud d’affilée cette année.

En raison de cette tendance, l’humanité frôle désormais le seuil symbolique que la communauté internationale s’est pourtant engagée à respecter, soit de limiter la température moyenne à 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels.

De janvier à novembre, la température enregistrée sur le globe n’a jamais été aussi élevée : elle se situait à 1,46 °C au-dessus des niveaux préindustriels, soit 0,13 °C de plus qu’en 2016, l’année qui était jusqu’ici la plus chaude de l’histoire.

Pour la première fois, la température moyenne a même grimpé temporairement au-delà de la marque des 2 °C, allant ainsi à l’encontre de l’objectif inscrit à l’Accord de Paris et auquel 196 pays ont adhéré.

On vient de vivre toute une année d’un point de vue météorologique, résume le climatologue Philippe Gachon, professeur à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et chercheur au Centre pour l’étude et la simulation du climat à l’échelle régionale. Nous sommes entrés dans une période où on n’a jamais vu des températures aussi élevées que ce qu’on a observé pendant ce qu’on appelle le maximum holocène, il y a 6000 ans, ajoute-t-il.

Le thermomètre a atteint des niveaux inégalés, de l’Amérique du Nord à l’Asie du Sud-Est en passant par le sud de l’Europe et le nord de l’Afrique.

En Chine, la température a monté jusqu’à 52 °C dans une commune isolée de la région ouïghoure du Xinjiang, dans le nord-ouest du pays, tandis que la ville de Phoenix, dans l’État de l’Arizona, a enregistré une série de 31 jours d’affilée à plus de 43 °C.

Le 16 juillet, la vallée de la Mort, en Californie, s’est approchée du record mondial de chaleur, lorsque la température a atteint 53,3 °C. La température la plus chaude de l’histoire a été enregistrée dans cette même région, à Furnace Creek, en juillet 1913 : le mercure avait alors grimpé à 56,7 °C.

Les pays du bassin méditerranéen ont quant à eux été frappés par d’importantes canicules au cours de l’été, forçant plusieurs villes d’Italie, de Grèce, de France et d’Allemagne à déclencher des alertes de santé publique. Plus au sud, la température d’Agadir, au Maroc, a dépassé pour la première fois les 50 °C.

Nous avons connu une année record en termes d’anomalies chaudes, souligne Philippe Gachon.

Alors que s’établissaient ces records, l’écart s’est quant à lui creusé entre les moyennes enregistrées à la surface de la Terre et celles qui sont documentées depuis 1850.

Des phénomènes amplifiés par les changements climatiques

Dès le mois de mai, presque toutes les régions au Canada ont connu d’importantes anomalies par rapport à la période de référencement allant de 1991 à 2020. Une sécheresse exceptionnelle et des températures anormalement chaudes ont été observées dans le nord du pays.

Au printemps, l’ouest a connu des températures au-dessus de la moyenne, tandis que le scénario s’est répété en été dans le nord-est du Québec.

Évolution des anomalies mensuelles de température au Canada

Ces conditions ne sont pas étrangères à la saison record de feux de forêt qu’a connue le Canada cette année.

Près de 18,5 millions d’hectares de forêt ont été incendiés au pays en 2023. L’ampleur des brasiers était telle que la qualité de l’air a été compromise dans certaines régions en raison de la fumée, fortement concentrée en particules fines, et que le ciel a tourné à l’ocre et à l’orangé, de Calgary à New York.

La saison, plus longue que les moyennes, a débuté tôt dans l’année. L’Alberta a vu les premiers feux se déclencher aussi tôt qu’à la fin avril, période où l’on trouve habituellement encore de la neige au sol. Cette année, toutefois, le thermomètre affichait près de 30 °C alors que le temps très sec et venteux était au rendez-vous.

Les grands feux ont brûlé pendant des semaines, voire des mois, combattus par des pompiers appelés de partout au pays – et d’ailleurs dans le monde – pour tenter de dompter les flammes. Les spécialistes des feux ont en outre été surpris de voir les incendies brûler de vastes pans de forêt d’ouest en est, dans des régions d’ordinaire épargnées, comme la Côte-Nord (au Québec) ou la Nouvelle-Écosse (dans les Maritimes).

Au début du mois d’août, les regards se sont tournés vers Hawaï, où les pires feux de forêt de l’histoire de l’archipel ont fait plus d’une centaine de morts et réduit en cendre une bonne partie de la ville touristique de Lahaina, sur l’île de Maui. Ce triste bilan en fait l’incendie le plus meurtrier à avoir frappé les États-Unis depuis plus de 100 ans.

De l’autre côté de l’océan, la Grèce, l’Italie et l’Espagne ont aussi dû faire face à une difficile – quoique moins dévastatrice que celle de 2022 – saison des feux de forêt. Des incendies se sont aussi déclenchés dans des pays habituellement épargnés par de tels feux, dont la Lituanie et l’Estonie.

Dans le Maghreb, l’Algérie, le Maroc et la Tunisie, en proie aux canicules, ont également dû combattre des brasiers.

Les grands épisodes de sécheresse et de chaleur peuvent aussi créer les conditions propices aux inondations, puisque le sol asséché peine à absorber l’eau. Dans la corne de l’Afrique, cinq saisons consécutives de sécheresses ont ainsi été suivies d’inondations au printemps, forçant les populations à se déplacer.

« La combinaison d’événements extrêmes qu’on a vue à travers le monde – canicules, chaleurs extrêmes, sécheresses, feux de forêt, précipitations extrêmes, inondations – a un peu pris de court la communauté scientifique. C’est un cumul exceptionnel de phénomènes et de records à travers la planète. »

— Une citation de Philippe Gachon, spécialiste de l’hydroclimatologie et professeur au Département de géographie de l’UQAM

Les changements climatiques s’accélèrent au moment où la quantité de gaz à effet de serre (GES) issus de nos activités continue d’augmenter, et ce, même si les pays du monde entier se sont fixés des cibles de réduction de GES à l’horizon 2030.

Selon les plus récentes données, les trois principaux GES – le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) et l’oxyde nitreux (N2O) – avaient atteint des niveaux records en 2022. D’après les données en temps réel obtenues jusqu’ici en 2023, la quantité de GES rejetés dans l’atmosphère a continué de s’accroître au cours de l’année, selon l’Organisation météorologique mondiale.

Au Canada, les changements climatiques auraient ainsi doublé les probabilités d’avoir les conditions propices au déclenchement des feux de forêt cet été, d’après les scientifiques du réseau World Weather Attribution.

Des indicateurs au rouge

Dans l’ombre des feux de forêt et des canicules records, la banquise de l’Antarctique a établi un record de petitesse cette année.

Après avoir atteint un record de fonte en plein été austral, le couvert de glace, qui se reconstitue habituellement au cours de l’hiver, s’est reformé à un rythme inhabituellement lent.

En septembre, la banquise a atteint son étendue maximale annuelle, avec 16,96 millions de kilomètres carrés, ce qui en fait le plus bas maximum, d’après les relevés allant de 1979 à 2023, et de loin, selon le National Snow and Ice Data Center (NSIDC).

À l’autre bout du globe, l’Arctique a connu son été le plus chaud jamais documenté. Le couvert de la glace de mer a continué de baisser jusqu’à atteindre, à la mi-septembre, son sixième plus bas niveau enregistré. En réaction à cette tendance, les experts de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (National Oceanic and Atmospheric Administration, ou NOAA) et l’Agence spatiale américaine (National Aeronautics and Space Administration, ou NASA) ont appelé à réduire les émissions de GES à l’origine de ces changements.

Le retard de l’englacement dans le Nord est un symptôme du réchauffement qui est en train de s’amplifier, explique Philippe Gachon. L’anomalie de glace la plus importante dans le bassin Arctique se trouve d’ailleurs dans nos régions : dans la mer du Labrador et la baie d’Hudson.

Le climatologue note aussi que les cycles entre le gel et le dégel se dérèglent et viennent bouleverser l’installation de l’hiver au pays. Le résultat : Un hiver en soubresaut [avec] des systèmes météorologiques qui peuvent apporter à la fois de bonnes quantités de neige, mais aussi de bonnes quantités de pluie lorsqu’il fait plus de 0°C, résume-t-il, au moment même où l’espoir d’un Noël blanc s’amenuise.

Un autre facteur qui vient retarder la formation de la glace inquiète aussi les experts du climat : les océans accumulent de plus en plus de chaleur, en particulier l’océan Atlantique Nord.

Ce dernier, qui s’étend de l’Arctique à l’équateur, a connu en 2023 des anomalies records de la température à la surface et des vagues de chaleur marine.

Et ce n’est pas juste en surface, précise M. Gachon. On se rend compte que, dans l’océan, notamment Atlantique, on a du réchauffement qui est perceptible jusqu’à 2000 m de profondeur.

Ce dérèglement n’a rien d’anodin. L’Atlantique – un des océans les plus menacés à long terme par le réchauffement climatique – joue un rôle majeur en tant que porte d’entrée, dans le nord-est, des systèmes météorologiques vers l’Arctique. Plus l’Atlantique est chaud, plus il y a un apport de chaleur dans le Nord, explique Philippe Gachon.

Lorsqu’un océan se réchauffe, il devient le carburant qui propulse les ouragans et les tempêtes et leur permet de gagner en intensité.

Selon une étude publiée en octobre, les ouragans qui se forment dans l’océan Atlantique sont plus susceptibles de prendre de l’ampleur rapidement que ce qu’on observait il y a à peine quelques dizaines d’années. Ils peuvent désormais passer d’une faible tempête de catégorie 1 à un ouragan majeur de catégorie 3 en seulement 24 heures.

Alors que les océans sont de plus en plus chauds, l’année 2023 a été marquée par des précipitations diluviennes et des typhons qui ont affecté notamment le Japon et une partie de l’Indonésie. Le cyclone méditerranéen Daniel a quant à lui déversé des pluies torrentielles qui ont provoqué des inondations meurtrières en Libye. La catastrophe a coûté la vie à plus de 4000 personnes.

Le spectre d’El Niño plane sur 2024

Les experts du climat rappellent que l’année 2023 a été mouvementée alors qu’El Niño, qui a succédé en juin à une longue période de La Niña, n’a pas encore atteint son pic. Ce phénomène vient faire grimper les températures et est généralement associé à la sécheresse, aux fortes pluies et aux inondations.

El Niño et La Niña sont des courants marins de grande envergure dans le Pacifique équatorial qui influencent, entre autres choses, la température à la surface de la mer, les précipitations et le régime des vents. Ils se développent habituellement dans la période d’avril à juin, avant d’atteindre leur puissance maximale entre octobre et février.

Si El Niño, la plus grande superficie océanique d’anomalie chaude, se développe et s’intensifie au cours des prochains mois, ça va rajouter évidemment au réchauffement global, dit Philippe Gachon.

Au même rythme que le réchauffement s’accélérera sous l’effet de l’augmentation des concentrations de GES dans l’atmosphère, l’humanité assistera à des phénomènes météorologiques d’une intensité jamais vue, prévient le chercheur.

« Plus les changements climatiques prendront de l’ampleur, plus nous assisterons à des phénomènes qui, historiquement, n’ont jamais été observés […] depuis que l’homme moderne, Homo sapiens, est sur terre. »

— Une citation de Philippe Gachon, spécialiste de l’hydroclimatologie et professeur au Département de géographie de l’UQAM

D’après les scientifiques, 2023 n’est que la prémisse de ce qui nous attend dans le futur. L’avant-goût que l’année nous laisse est un avertissement, comme un appel à nous attaquer sans plus tarder aux facteurs des changements climatiques.

Dans un rapport récemment publié dans les pages de la revue médicale The Lancet, des experts rappelaient que les conséquences qui affectent déjà la vie et les moyens de subsistance sur la planète pourraient n’être que les premiers symptômes d’un dangereux avenir.

Que les phénomènes extrêmes engendrent des dommages et causent la mort dans leur sillage n’a rien de nouveau; la différence, c’est que les populations sont désormais plus exposées et vulnérables que jamais, selon M. Gachon.

Mieux s’adapter, se protéger et se rétablir nécessite d’être vigilant et attentif aux changements qui s’opèrent sur le globe, fait-il remarquer. On n’est plus dans l’adaptation; on est dans la gestion des risques.

Savoir anticiper la prochaine catastrophe, dit-il, est la seule façon de passer au travers.

Une bannière avec l'inscription Découvrez comment la météo de votre ville se compare aux tendances historiques menant vers le Tableau de bord climatique de CBC/Radio-Canada.(Nouvelle fenêtre)|attachment

Un document réalisé par Radio-Canada Info

10 bonnes nouvelles environnementales en 2023

Des pingouins sont rassemblés sur une plage sur l'île Macquarie. Au loin s'élèvent des montagnes.

L’Australie a annoncé cette année sa volonté de tripler la superficie du parc marin de l’île Macquarie, ce qui en ferait une aire protégée de la taille de l’Espagne.

Photo : iStock / Bruce Wilson

Publié à 4 h 00 HNE

Dans l’angle mort des événements météorologiques extrêmes et des tristes records qui ont marqué 2023, l’année qui s’achève a tout de même donné lieu à des avancées significatives dans le domaine de l’environnement et du climat. D’Anticosti à l’Australie, voici les bonnes nouvelles qui ont ponctué les 12 derniers mois.


La rivière Jupiter, sur l'île d'Anticosti.

La rivière Jupiter, sur l’île d’Anticosti, est réputée pour la pêche au saumon qu’on y pratique.

Photo : Radio-Canada

L’île d’Anticosti, patrimoine mondial de l’UNESCO

L’île d’Anticosti, dont la superficie équivaut à 17 fois celle de l’île de Montréal, a fait son entrée dans la prestigieuse liste du patrimoine de l’UNESCO au mois de septembre. La municipalité insulaire espérait cette reconnaissance internationale de longue date.

Connue pour ses immenses falaises, la rivière Jupiter et la chute Vauréal, cette île abrite en outre une des plus importantes successions stratigraphiques en épaisseur de la fin de la période de l’ordovicien. Cette particularité géologique en fait un endroit de choix pour étudier la première extinction de masse de l’histoire de la vie sur Terre.

Anticosti constitue le meilleur laboratoire naturel du monde pour l’étude des fossiles et des strates sédimentaires issus de la première extinction de masse du vivant, note l’UNESCO, ce qui représente un jalon important dans l’histoire de la Terre.

La zone protégée couvre près de 110 000 hectares, soit environ 14 % de la superficie totale de l’île. Anticosti rejoint ainsi les quelque 1100 biens patrimoniaux et 700 réserves de biosphère de l’UNESCO.


De jeunes membres de la poursuite Held contre l'État du Montana célèbrent à l'extérieur.

Les 16 jeunes poursuivaient l’État du Montana pour son soutien aux énergies fossiles.

Photo : Associated Press / Thom Bridge

Victoire historique des jeunes dans le Montana

Pour la première fois, une cour américaine a reconnu qu’un État enfreignait sa Constitution en soutenant l’industrie des énergies fossiles. Ce premier procès constitutionnel sur le climat de l’histoire des États-Unis s’est conclu en faveur des 16 jeunes plaignants, âgés de 5 à 22 ans, en août dernier.

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La juge a tranché en disant qu’une disposition de la politique environnementale du Montana, qui interdit l’analyse des émissions de gaz à effet de serre issus de grands projets énergétiques, violait le droit des jeunes à un environnement propre et sain, pourtant garanti par la Constitution de l’État.

Nous avons établi un précédent, non seulement pour les États-Unis mais aussi pour le monde entier, avait déclaré Kian, un des jeunes au cœur de la poursuite Held c. l’État du Montana.

Cette décision du tribunal du Montana pourrait en effet insuffler un nouvel élan dans d’autres États où des causes similaires se sont organisées. Aux États-Unis, le prochain procès du genre, porté par 14 jeunes, se déroulera à l’été 2024 à Hawaï.

Au Canada, la Cour d’appel fédérale a déterminé en décembre qu’un premier procès constitutionnel sur le climat pourra avoir lieu. Intentée en 2019, la cause La Rose c. Sa Majesté le Roi réunit 15 jeunes qui poursuivent le gouvernement fédéral pour sa responsabilité dans l’accélération des changements climatiques.


Une dizaine de personnes, dont Sultan Al-Jaber et Simon Stiell, prennent la pose.

Le président de la COP28, le ministre émirati Sultan Al-Jaber, pose aux côtés du chef de l’ONU Climat, Simon Stiell, à la fin de la conférence.

Photo : Associated Press / Kamran Jebreili

COP28 : une première mention des énergies fossiles

La 28e Conférence des parties n’avait pas encore débuté qu’elle suscitait déjà du désenchantement. Ce grand sommet sur les changements climatiques s’est tenu cet automne à Dubaï, aux Émirats arabes unis, un des plus grands États pétroliers du monde.

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La nomination de Sultan Al-Jaber, ministre émirati de l’Industrie et des Technologies avancées ainsi que PDG de l’entreprise pétrolière ADNOC, a provoqué une levée de boucliers de la part de groupes environnementaux, dont certains ont fait le choix de boycotter la COP28.

Le sommet s’est toutefois conclu avec une mention historique inscrite dans la déclaration finale. Les pays participants se sont entendus pour mentionner la nécessité de réaliser la transition hors des énergies fossiles, une première dans le texte d’une COP. Les précédentes déclarations ne concernaient que le charbon et ne mentionnaient pas d’autres combustibles comme le pétrole et le gaz.

Des pays ont toutefois été déçus de ne pas y trouver un appel clair à l’abandon des énergies fossiles et de constater que certaines concessions ont été faites au secteur pétrogazier. Bien que le texte final de la COP28 ne soit pas contraignant, il incarne néanmoins un engagement pris par les pays membres face à la communauté internationale pour délaisser les combustibles polluants.


Une vue aérienne de la forêt amazonienne qui longe le quartier Coroado, dans la zone est de Manaus, au Brésil.

Une vue aérienne de la forêt amazonienne qui longe le quartier Coroado, dans la zone est de Manaus, au Brésil.

Photo : afp via getty images / MICHAEL DANTAS

La déforestation freinée dans l’Amazonie brésilienne

Après avoir été malmenée sous le régime du président brésilien précédent, Jair Bolsonaro, la forêt amazonienne a connu un peu de répit en 2023.

D’après les données du système de surveillance PRODES, la déforestation a enregistré une baisse de 22,3 % au cours de la période 2022-2023 comparativement à 2021-2022. Il s’agit du plus bas niveau observé depuis 2019, année où Jair Bolsonaro a été élu.

Sous son règne, la déforestation a atteint des sommets. Le budget accordé à la protection de l’environnement a été réduit de près du quart, au profit de l’industrie agroalimentaire.

Lors de son élection, à l’automne 2022, son successeur et ancien président Luiz Inacio Lula da Silva a fait vœu de mettre fin à la destruction de la forêt amazonienne d’ici 2030. Près de 60 % de cette forêt se trouve sur le territoire du Brésil.

Baptisée le poumon de la planète, la forêt amazonienne est considérée comme essentielle à la lutte contre les changements climatiques puisqu’elle absorbe d’énormes quantités de dioxyde de carbone (CO2).


Un bateau de pêche dans la mer près de Dai Lanh, dans la province de Phu Yen, au Vietnam.

Un bateau de pêche dans la mer près de Dai Lanh, dans la province de Phu Yen, au Vietnam.

Photo : Getty Images / Son Nguyen

Pas de géant pour la protection de la biodiversité marine

Après avoir fait l’objet de négociations pendant près de 20 ans, un accord pour la protection de la biodiversité marine a vu le jour cette année.

Cette entente est essentielle pour faire face aux menaces qui pèsent sur l’océan, selon le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. La pollution par le plastique, les changements climatiques et la surpêche ont entraîné une perte de biodiversité et d’habitats en haute mer.

Ce premier traité international, quoique imparfait, vise à favoriser la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité des mers et des océans dans des zones situées à l’extérieur des zones maritimes nationales.

Préserver ces écosystèmes en eaux internationales constituait un des éléments manquants, à ce jour, pour permettre à la communauté internationale de protéger 30 % des océans de la planète. Pour l’heure, environ 8 % des zones marines ont un statut de protection.


Une bettongie à queue touffue bébé dans la main d'une chercheuse.

Une bettongie à queue touffue bébé. Ce marsupial ressemble à un kangourou de la taille d’un lapin.

Photo : AFP / WWF Australie/Quentin Jones

Retour des mini-kangourous dans le sud de l’Australie

Connaissez-vous la bettongie à queue touffue? Ce rare marsupial aux airs de kangourou mais dont la taille s’approche davantage de celle du lapin a fait son grand retour en Australie.

S’il peuplait autrefois plus de 60 % de l’Australie, ce petit marsupial a disparu du sud du pays il y a plus de 100 ans. Ses populations et son habitat ont été décimés par les prédateurs, comme les chats et les renards, et par les défrichements des colons européens.

Cette année, 120 bettongies à queue touffue ont été relâchées par des scientifiques dans la péninsule de Yorke, en Australie-Méridionale. Bonne nouvelle : elles prospèrent! Un suivi a permis de constater que certains individus s’étaient reproduits.

Leur retour est le bienvenu : ces petits animaux creusent des trous dans le sol et créent ainsi des microhabitats où l’eau s’infiltre et permet la germination de graines. Ils contribuent ainsi au maintien de l’écosystème.

Un parc marin de la taille de l’Espagne

L’Australie a d’ailleurs annoncé, en juin dernier, son intention de tripler la superficie du parc marin de l’île Macquarie, ce qui en ferait une aire protégée de la taille de l’Espagne. Ce nouveau parc marin, situé entre l’Australie et l’Antarctique, dans l’océan Pacifique, sera ainsi à l’abri de la pêche, de l’exploitation minière et de toute autre activité d’extraction.



Une représentation informatique d'un trou dans la couche d'ozone terrestre au-dessus de l'Antarctique.

La NASA a observé un trou dans la couche d’ozone au-dessus de l’Antarctique en 2000.

Photo : Getty Images

Le trou de la couche d’ozone en bonne voie de se refermer

Autrefois désigné comme le symbole de la pollution et de la détérioration de la planète, le trou de la couche d’ozone pourrait se refermer d’ici une quarantaine d’années.

Si on en entend peu parler, c’est parce que ce problème est loin d’être aussi préoccupant qu’il l’était dans les années 1980.

Le Protocole de Montréal, signé en 1987 et ratifié par 195 pays, a permis de réduire considérablement la quantité de chlorofluorocarbures (CFC) dans l’atmosphère. Ces gaz qu’on trouvait auparavant dans les appareils de réfrigération sont à l’origine du trou dans la couche d’ozone.

L’élimination progressive de près de 99 % des substances interdites qui détruisent l’ozone a permis de préserver la couche d’ozone et a contribué de façon notable à sa reconstitution dans la haute stratosphère et à une diminution de l’exposition humaine aux rayons ultraviolets (UV) nocifs du Soleil, selon des experts mandatés par l’ONU.

La couche d’ozone pourrait ainsi retrouver sa forme de 1980, soit avant l’apparition du trou, d’ici 2040. Sa reconstitution au-dessus de l’Arctique et de l’Antarctique devrait devoir attendre respectivement jusqu’en 2045 et 2066, selon les meilleurs scénarios.


Vue aérienne de l'île Bartolomé, qui fait partie de l'archipel des Galapagos.

L’île Bartolomé, dans l’archipel des Galapagos.

Photo : afp via getty images / CARLOS ESPINOSA

L’Équateur réalise le plus important échange dette-nature jamais vu

Éponger sa dette en échange d’un engagement à mieux protéger son territoire : c’est ce qu’a fait l’Équateur cette année.

À l’instar d’une dizaine d’autres pays comme le Bélize et la Barbade, l’Équateur est arrivé à réduire sa dette extérieure de près de 1 milliard de dollars en promettant, en retour, d’accorder près de 440 millions de dollars à la conservation de la biodiversité des îles Galapagos.

Cette dette-nature d’une ampleur inégalée vient alléger le fardeau qui pesait sur l’Équateur, dont l’économie a été mise à mal par la chute du prix du pétrole et par la hausse des taux d’intérêt. Fragilisé par la pandémie, ce pays reçoit de l’aide du Fonds monétaire international (FMI).

En vertu de l’entente, les sommes consacrées au Galapagos Life Fund permettront de protéger les réserves marines des Galapagos et de Marina Hemandad, qui hébergent plus de 3500 espèces.


Autour de plusieurs bassins remplis d'eau, la végétation commence à pousser.

La création d’un marais artificiel doit permettre d’absorber l’effet des crues et de créer un milieu humide capable d’enrichir la diversité faunique sur l’île Tekakwitha.

Photo : Gracieuseté KEPO

La reconquête écologique des Mohawks de Kahnawake

La communauté mohawk de Kahnawake a inauguré cette année la revitalisation complète de l’île Tekakwitha, tout près de Montréal.

Formée au cours des années 1950 lors de l’aménagement de la Voie maritime du fleuve Saint-Laurent, cette île s’est détériorée, notamment en raison de la prolifération des espèces envahissantes dans la baie. Le milieu représentait donc un risque sanitaire.

Pour y remédier, la communauté mohawk a mené de grands travaux pour nettoyer le fond de la baie des sédiments qui empêchaient l’eau de s’écouler et pour éradiquer les espèces les plus coriaces, notamment le roseau commun.

Des habitats naturels ont été recréés pour faciliter la ponte des tortues et l’hivernation d’invertébrés, notamment des couleuvres. Près de 15 000 arbustes, arbres et plantes ont en outre été semés. Un suivi sera fait pour étudier comment les espèces végétales et fauniques évoluent dans ce milieu restauré.

La restauration de l’île et de la baie de Tekakwitha nous permettra de continuer de cueillir, de pêcher, de nager, de pagayer et d’encourager les prochaines générations à aimer et à protéger le fleuve comme le faisaient nos ancêtres, a résumé le Bureau de la protection de l’environnement de Kahnawake.


Des panneaux solaires sur le toit d'une école à Dijon, en France.

Les panneaux solaires sur cette école de Dijon permettront d’alimenter en énergie plusieurs bâtiments du quartier.

Photo : Radio-Canada / Raphaël Bouvier-Auclair

Quand une école devient la batterie d’un quartier français

Pour assurer la décarbonation de nos activités, y compris celle du chauffage de nos bâtiments, il faut trouver des solutions alternatives aux énergies fossiles. Le quartier de la Fontaine d’Ouche, dans la ville française de Dijon, a décidé de se tourner vers l’énergie solaire.

Le projet-pilote lancé en 2020 consiste en l’installation de dizaines de panneaux photovoltaïques sur les toits d’une école. L’énergie ainsi générée doit permettre d’alimenter non seulement le complexe scolaire mais aussi d’autres bâtisses du quartier, y compris des édifices de la mairie, la bibliothèque, la piscine et le théâtre.

À terme, quelque 11 000 résidents pourront en bénéficier, selon les autorités dijonnaises.

À l’instar d’autres projets en France, celui de la ville de Dijon s’inscrit dans le cadre du projet RESPONSE, une initiative de la Commission européenne destiné à créer des quartiers à énergie positive, soit des secteurs qui créent plus d’électricité qu’ils n’en consomment.

Au Canada, la Ville de Prévost est devenue en 2023 la première municipalité québécoise à adopter une réglementation pour interdire l’installation de nouveaux appareils de chauffage au gaz.

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Les algues, précieuses alliées du Saint-Laurent

Des algues brunes.

Les forêts d’algues du Saint-Laurent sont cartographiées à l’aide de drones et de satellites. (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada / Patrick Butler

Publié le 25 décembre à 15 h 22 HNEMis à jour hier à 8 h 20 HNE

Des chercheurs de partout dans le monde s’intéressent au carbone bleu, c’est-à-dire au dioxyde de carbone retiré de l’atmosphère par les écosystèmes océaniques côtiers. Mais quel est l’apport du fleuve Saint-Laurent?

Des scientifiques de chez nous veulent en apprendre davantage quant à la capacité des macroalgues, comme les laminaires ou les algues brunes, à stocker du carbone.

Les algues qui poussent en zone froide, comme dans le Saint-Laurent, grandissent plus vite et retiennent davantage de carbone que dans les zones tempérées ou chaudes, mais on ignore encore si ce carbone y est séquestré à long terme.

Les algues sont toutefois loin de représenter la solution aux changements climatiques. Les écosystèmes marins qui séquestrent du carbone, ça représente 0,1 % de tout le carbone qui est émis chaque année par les activités humaines, explique Fanny Noisette, professeure en océanographie biologique à l’Institut des sciences de la mer (ISMER) de l’Université du Québec à Rimouski.

Ce n’est pas la solution à la crise climatique. La seule solution, c’est qu’on réduise nos émissions [de gaz à effet de serre].

Une citation de Fanny Noisette, professeure en océanographie biologique, ISMER

Il faut néanmoins protéger les forêts d’algues, car elles fournissent bien d’autres bienfaits écologiques, que ce soit pour limiter aussi l’hydrodynamisme local et donc ralentir les problèmes d’érosion côtière, souligne Sandra Autef, chargée de projet à l’Association de gestion halieutique autochtone Mi’gmaq et Wolastoqey.

Portrait de Sandra Autef et Fanny Noisette.

Sandra Autef, chargée de projet à l’Association de gestion halieutique autochtone Mi’gmaq et Wolastoqey (AGHAMW) et Fanny Noisette, professeure en océanographie biologique à l’Institut des sciences de la mer (ISMER)

Photo : Radio-Canada / Lisa-Marie Bélanger

Sa consœur, Fanny Noisette, ajoute qu’on oublie souvent l’aspect très important qu’elles ont dans le maintien de la biodiversité de nos écosystèmes côtiers. Selon elle, c’est un rôle qui est aussi important que leur potentiel de captation carbone. Ces forêts d’algues ont aussi d’autres rôles écologiques : elles agissent, entre autres, comme pouponnière de homards ou de garde-manger pour les oursins.

Cartographier pour mieux protéger

Divers partenaires s’affairent d’ailleurs à cartographier ces forêts du Saint-Laurent. Le but est simple : savoir où elles se trouvent pour mieux les protéger. Si on a des déversements pétroliers dans le Saint-Laurent, ce qui est une menace qui existe, quelle zone on va protéger en premier? Quelles sont les zones les plus vulnérables?, fait valoir Mme Noisette.

La cartographie s’effectue à l’aide de survols de drones ou par imagerie satellite. Il y a différentes techniques qui sont en train de se peaufiner année après année pour avoir des données de plus en plus précises, mentionne Mme Autef.

Des algues dans l'eau.

Les algues aident à ralentir l’érosion côtière, en plus de servir de refuge et de garde-manger à d’autres espèces.

Photo : Institut Maurice-Lamontagne

Le portrait global permet aux différents ordres de gouvernement de prendre des décisions pour mieux protéger ces secteurs, dans un contexte d’augmentation de la superficie mondiale d’aires marines protégées.

On a des objectifs de 30 % au Canada en 2030 […] peut-être que la cartographie des champs de laminaires sauvages peut être intégrée justement dans cette stratégie-là.

Une citation de Sandra Autef, chargée de projet, Association de gestion halieutique autochtone Mi’gmaq et Wolastoqey

La plus récente aire marine à avoir été protégée est celle du Banc-des-Américains au large de Gaspé. C’est aussi la première à disposer du double statut de protection du gouvernement provincial et fédéral. Ça a été de longue haleine, mais c’est arrivé, donc on sait que ça peut se reproduire, indique Sandra Autef. Justement, Ottawa et Québec travaillent de concert en vue de créer un parc marin entre l’île d’Anticosti et la réserve du parc national de l’Archipel-de-Mingan. Un processus de consultation sera entrepris sous peu.

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Avions alimentés au maïs Un rêve compromis par l’accès à l’eau

PHOTO JENN ACKERMAN ET TIM GRUBER, THE NEW YORK TIMES

Le maïs est récolté à l’extérieur de Cairo, Neb.

De vastes étendues de l’Amérique sont dominées par le maïs, soit près de 100 millions d’hectares, de l’Ohio aux Dakotas. Ce qui était autrefois une forêt ou une prairie ouverte produit aujourd’hui le maïs qui nourrit les gens, le bétail et, lorsqu’il est transformé en éthanol, les voitures.

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Max Bearak, Dionne Searcey et Mira Rojanasakul The New York Times

Aujourd’hui, les compagnies aériennes du pays veulent elles aussi alimenter leurs avions avec du maïs.

Leurs objectifs ambitieux nécessiteraient probablement de doubler la production d’éthanol, ce qui, selon les compagnies aériennes, réduirait leurs émissions de gaz à effet de serre. Si elles y parviennent, cela pourrait transformer une fois de plus la Corn Belt américaine, en stimulant les agriculteurs et les producteurs d’éthanol, mais aussi en risquant d’endommager davantage l’une des ressources les plus importantes du pays : les eaux souterraines.

Le maïs est une culture gourmande en eau et la production d’un seul gallon d’éthanol peut nécessiter des centaines de litres. Mais alors que les compagnies aériennes adoptent l’idée de l’éthanol, incitant les lobbyistes des fabricants d’éthanol et des producteurs de maïs à faire pression pour obtenir des crédits d’impôt pour les énergies propres à Washington, les aquifères vitaux sont aux prises avec de sérieux risques.

« Nous sommes sur le point d’augmenter massivement notre consommation d’eau sans vraiment savoir à quel point nos aquifères sont sensibles », a déclaré Jeffrey Broberg, qui se préoccupe des eaux souterraines dans le Minnesota, l’un des principaux États producteurs de maïs, où il est consultant en matière d’utilisation de l’eau et fondateur de l’Organisation des propriétaires de puits du Minnesota (Minnesota Well Owners Organization).

PHOTO JENN ACKERMAN ET TIM GRUBER, THE NEW YORK TIMES

Le maïs est une culture gourmande en eau et la production d’un seul gallon d’éthanol peut nécessiter des centaines de litres.

Cette année, United Airlines a signé un accord avec une entreprise d’éthanol du Nebraska pour acheter suffisamment de carburant d’aviation durable, comme on appelle ce biocarburant, pour alimenter 50 000 vols par an. En août, Delta a annoncé son intention de créer une plate-forme de carburant durable dans le Minnesota, un des principaux États producteurs de maïs.

Notez bien que dans les 20 prochaines années, les agriculteurs fourniront 95 % du carburant durable utilisé par les compagnies aériennes.

Le président des États-Unis, Joe Biden, en juillet dernier

Une enquête du New York Times a révélé cette année que les nappes phréatiques s’épuisent dangereusement dans tout le pays, en grande partie à cause de la surexploitation agricole. Alors que le changement climatique rend les précipitations moins fiables et intensifie les sécheresses, la demande croissante d’éthanol pourrait exercer une pression encore plus forte sur les aquifères fragiles des États-Unis pour les utiliser à des fins d’irrigation.

Il s’agit là d’un exemple frappant des compromis qui peuvent survenir lorsque le monde tente de s’éloigner des combustibles fossiles. D’autres sources d’énergie peuvent avoir leur propre coût environnemental, qu’il s’agisse d’extraire les minéraux et les métaux nécessaires à la fabrication de nouvelles batteries de voiture ou de solliciter les réserves d’eau souterraine pour produire de l’éthanol.

L’irrigation en forte augmentation

Les agriculteurs peuvent encore compter sur la pluie dans la plupart des régions productrices de maïs, mais ailleurs, l’irrigation est en plein essor, en raison de la menace climatique et de la recherche de rendements plus fiables.

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Entre 1964 et 2017, les surfaces irriguées pour le maïs ont augmenté de près de 500 %, et la pression sur les eaux souterraines se fait sentir dans certaines régions.

Entre 1964 et 2017, les surfaces irriguées pour le maïs ont augmenté de près de 500 %, et la pression sur les eaux souterraines se fait sentir dans certaines régions, en particulier là où les aquifères souterrains mettent longtemps à se remplir une fois qu’ils sont épuisés. Dans certaines zones de l’ouest et du sud-ouest du Nebraska, le niveau des aquifères a baissé en raison de l’irrigation, ce qui a incité les autorités locales à en restreindre l’utilisation.

Au Kansas, des rapports antérieurs du ministère de l’Agriculture sur la culture du maïs ont noté que « l’épuisement constant des sources d’eau souterraine pour l’irrigation continue de représenter une menace pour les agriculteurs ».

Les autorités du Kansas affirment que les améliorations apportées à l’irrigation et à d’autres technologies aideront les agriculteurs à poursuivre la culture du maïs.

Dans certaines régions du Minnesota, les sols sablonneux ont besoin d’être irrigués pour produire des rendements élevés. Le creusement de puits et l’installation de systèmes d’irrigation coûtent cher, mais les prix plus élevés du maïs font que l’investissement en vaut la peine, a déclaré Jake Wildman, agriculteur des environs de Glenwood, dans le Minnesota, les mains gercées et brunies par une journée passée à charger du maïs fraîchement récolté dans des camions de 18 roues.

« Je peux dire en toute confiance que sans irrigation, il n’y aurait pas de maïs dans cette ferme », a affirmé M. Wildman, qui est président de l’association des irrigants de l’État. « Et le marché nous dit de produire du maïs. On peut donc dire que le marché nous dit aussi d’irriguer. »

Plus respectueux du climat ?

Le ministère de l’Énergie, qui élabore les règles permettant aux biocarburants d’être considérés comme des carburants durables pour l’aviation, a indiqué dans un communiqué que « l’utilisation de l’eau est un élément essentiel du débat sur la durabilité des bioénergies ».

Il a fait référence à une étude de 2016 du ministère qui a conclu que les États-Unis pourraient réduire de manière significative la pression sur les aquifères en détournant la production de biocarburants des cultures à forte consommation d’eau comme le maïs, et en choisissant plutôt des cultures qui ne nécessitent pas d’irrigation, comme divers types de paille, d’herbes et d’arbres.

Aujourd’hui, près de 40 % de la récolte américaine de maïs est transformée en éthanol, contre environ 10 % au milieu des années 2000. Cette évolution s’explique en grande partie par l’obligation imposée par le gouvernement depuis 2005 de mélanger l’essence avec des quantités minimales de carburant renouvelable.

Après l’entrée en vigueur de ce mandat, l’utilisation des eaux souterraines a bondi dans certains endroits en raison de la montée en flèche des prix du maïs. Les agriculteurs ont ajouté des millions d’hectares en passant au maïs ou en l’intégrant à leurs cultures biennales.

PHOTO JENN ACKERMAN ET TIM GRUBER, THE NEW YORK TIMES

De vastes étendues de l’Amérique sont dominées par le maïs, soit près de 100 millions d’acres, de l’Ohio aux Dakotas.

Des études scientifiques ont longtemps mis en doute le fait que l’éthanol produit à partir de maïs soit plus respectueux du climat que les combustibles fossiles. Entre autres choses, le maïs nécessite une énorme superficie de terre et absorbe relativement peu de dioxyde de carbone de l’atmosphère pendant sa croissance. La plantation, la fertilisation, l’arrosage, la récolte, le transport et la distillation du maïs en éthanol nécessitent tous de l’énergie, dont la majeure partie provient actuellement des combustibles fossiles.

L’avion, un moyen de transport polluant

La course à l’éthanol pour les avions à réaction intervient alors que les voyages aériens se développent rapidement dans le monde entier, ce qui accroît la pression environnementale sur l’industrie du transport aérien.

L’avion est l’un des moyens de transport les plus polluants : si l’aviation commerciale mondiale était un pays, elle se classerait au sixième rang des pollueurs, entre le Japon et l’Allemagne, selon une estimation. L’aviation produit environ 2,5 % des émissions totales de carbone dans le monde, un chiffre qui, selon les experts, devrait tripler d’ici à 2050. À l’heure actuelle, rien qu’aux États-Unis, plus de 45 000 vols ont lieu chaque jour.

Mais il existe peu d’options pour alimenter les avions sans recourir aux combustibles fossiles. L’éthanol, selon ses défenseurs, est la meilleure solution pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de l’aviation.

Les agriculteurs font valoir que l’agriculture est devenue beaucoup plus efficace – et qu’elle continuera de l’être – et qu’elle ne nécessitera pas nécessairement d’énormes quantités d’eau supplémentaires. Les fabricants d’éthanol affirment également que l’industrie est devenue plus propre au fil des ans et que les incitations gouvernementales seraient encore plus utiles.

Les compagnies aériennes affirment que les options de carburant renouvelable qui existent aujourd’hui pour alimenter les avions sont trop coûteuses et les obligeraient à augmenter le prix des billets si elles étaient rendues obligatoires. L’ajout d’éthanol dans le mélange, selon elles, réduirait considérablement ces coûts et leur permettrait de commencer plus rapidement à mélanger des énergies renouvelables dans le carburéacteur.

Todd Becker, PDG de Green Plains, établi à Omaha (Nebraska), l’un des plus grands producteurs d’éthanol du pays et partenaire de la coentreprise de United, a qualifié l’éthanol pour les avions à réaction de « prochaine révolution des énergies renouvelables ».

Faibles précipitations

L’éthanol est produit dans plus de 170 distilleries industrielles qui parsèment aujourd’hui le pays du maïs en Amérique. Ces distilleries exigent un approvisionnement prévisible en maïs, ce qui oblige les agriculteurs à produire à temps et selon les besoins.

Pour les agriculteurs, un approvisionnement en eau régulier est essentiel pour obtenir des rendements constants, mais de grandes parties de la Corn Belt manquent de précipitations fiables.

Dans ces régions, notamment dans certaines parties du Nebraska et du Minnesota, les agriculteurs utilisent souvent des puits d’irrigation puissants qui puisent dans les nappes phréatiques.

PHOTO JENN ACKERMAN ET TIM GRUBER, THE NEW YORK TIMES

L’agriculteur Roy Stoltenberg, 72 ans, affirme qu’au Nebraska, « il peut se passer des semaines sans qu’il pleuve ».

La pression exercée sur les agriculteurs pour qu’ils irriguent est d’autant plus forte : le réchauffement climatique signifie que les conditions météorologiques plus sèches, historiquement concentrées dans les États de l’Ouest, se déplacent vers l’est, plus profondément dans la Corn Belt.

L’essor du marché de l’éthanol a permis à des personnes comme Roy Stoltenberg, un agriculteur de 72 ans de la communauté de Cairo, dans le centre du Nebraska, d’augmenter leurs revenus et d’avoir le sentiment d’avoir contribué à réduire la dépendance de l’Amérique à l’égard des combustibles fossiles. « Cela a apporté un nombre considérable d’emplois dans la région, dit-il. La valeur de nos terres s’en trouve augmentée.

« Je n’y vois aucun inconvénient », affirme M. Stoltenberg.

En 49 ans d’activité agricole, M. Stoltenberg a surmonté une crise économique qui a anéanti les exploitations voisines, a vu le coût des engrais grimper en flèche et a fait face à six années de récoltes automnales si chaudes et si sèches qu’il n’a même pas eu besoin de porter de combinaisons dans ses champs de maïs. Ses années de ventes lucratives à une usine d’éthanol voisine permettent à son fils, John, de continuer à travailler la terre.

Sur ses 1600 hectares, Roy Stoltenberg arrose ses champs avec de l’eau pompée dans 21 puits.

Il y a quelques saisons, après qu’un puits a craché du sable, les ouvriers ont dû creuser 80 pieds de plus pour atteindre plus d’eau, si profondément qu’ils ont trouvé des coquillages, preuves de l’océan qui recouvrait autrefois cet État des plaines.

« Ici, dans le centre du Nebraska, il peut se passer des semaines sans qu’il pleuve », explique-t-il. Tout ce qui aurait pu être irrigué l’a été.

« Nous avons besoin de pluie »

Au moins une entreprise qui devrait fabriquer de l’éthanol pour moteurs à réaction a déclaré qu’elle privilégierait le maïs cultivé uniquement avec de l’eau de pluie. Mais il n’est pas certain que les affirmations de l’industrie agricole selon lesquelles les améliorations apportées aux semences, aux engrais et aux pratiques d’irrigation suffiront à accroître sensiblement la production de maïs sans nécessiter davantage d’eau.

PHOTO JENN ACKERMAN ET TIM GRUBER, THE NEW YORK TIMES

« Les terres sont limitées et nous les utilisons déjà », a tancé le président de l’Union des agriculteurs du Nebraska, John Hansen.

La demande de nouveaux biocarburants ne devrait pas être satisfaite uniquement par le maïs. Les algues, le fumier et l’huile de cuisson (que certaines compagnies aériennes utilisent déjà en petites quantités) pourraient également constituer des sources de carburant pour avions.

Mais les experts affirment que les objectifs ambitieux du gouvernement – 35 milliards de gallons par an de carburant d’aviation durable, toutes sources confondues, d’ici le milieu du siècle – nécessitent ce qui est essentiellement des cultures énergétiques exclusives, en particulier le maïs.

Pour être considéré comme un carburant d’aviation durable dans le cadre du programme de crédit d’impôt de M. Biden, le carburant devrait être produit dans le respect du climat, par exemple en utilisant des énergies renouvelables pour la récolte, la fabrication ou le transport.

Pour répondre à la nouvelle demande, certains acteurs de l’industrie de l’éthanol soulignent également qu’une plus grande partie du maïs américain pourrait être détournée d’autres usages pour en faire du carburant. « Dans ce pays, nous avons 9 milliards de boisseaux de maïs par an qui ne sont pas utilisés pour l’éthanol », a signalé Chad Friese, directeur général de Chippewa Valley Ethanol Co. à Benson, dans le Minnesota. « Nous pourrions en utiliser moins pour l’alimentation, qu’il s’agisse d’animaux ou d’êtres humains. Je ne dis pas qu’il faut le faire, je dis simplement que c’est une option. »

PHOTO JENN ACKERMAN ET TIM GRUBER, THE NEW YORK TIMES

Chippewa Valley Ethanol Company à Benson, dans le Minnesota.

Les représentants de l’industrie affirment également que les craintes de voir les aquifères endommagés pour répondre à la nouvelle demande sont exagérées, car le maïs est devenu de plus en plus économe en eau grâce à de nouvelles méthodes d’irrigation et à de nouveaux types de semences et d’engrais. Ces améliorations permettent également d’augmenter les rendements, disent-ils, ce qui réduit la nécessité de convertir davantage de terres cultivées en maïs.

« Les terres sont limitées et nous les utilisons déjà », a déclaré John Hansen, président de l’Union des agriculteurs du Nebraska (Nebraska Farmers Union). « L’Ouest a été colonisé. C’est ce que l’on dit. »

Dans la ferme de la famille Stoltenberg, située dans la petite ville de Cairo, l’aîné des Stoltenberg, âgé de 72 ans, se réjouit de l’appétit des compagnies aériennes pour le maïs. Sa ferme est entourée de trois usines d’éthanol facilement accessibles en voiture.

Après avoir été aux prises avec le déclin de l’aquifère, les régulateurs locaux ont limité le nombre de nouveaux puits dans la région. Mais M. Stoltenberg pense que les progrès de la technologie des semences permettront de répondre à la demande sans augmenter le nombre d’hectares de maïs. Bien que la famille ne puisse pas creuser de nouveau puits, les Stoltenberg n’ont pour l’instant aucune limite quant à la quantité d’eau souterraine qu’ils peuvent pomper.

Un après-midi récemment, les Stoltenberg se sont assis autour de la table de la salle à manger et ont parlé des derniers étés chauds et secs.

« Mais c’est l’agriculture. On ne peut rien faire contre le temps », déclare John, fils de M. Stoltenberg, la prochaine génération à exploiter la propriété de la famille. « Cette année, nous avions des puits qui ne pompaient pas autant que par le passé. Mais nous avons eu deux années sèches, alors ils ont fonctionné à plein régime. »

Sa mère, Mary, soupire : « Nous avons besoin de pluie. »

Cet article a été publié à l’origine dans le New York Times.

Lisez l’article original du New York Times (en anglais, abonnement requis)

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Malheureusement ce que l’on gagnerait d’un côté on le perdrait de l’autre. Puisque plus on développera la filière éthanol plus on aura besoin de surface et d’eau pour la croissance du maïs. En conséquence c’est la biodiversité qui en fera les frais car la monoculture est dommageable aux autres espèces et nécessite beaucoup de pesticide qui empoisonne la nature.

Il faut dire ici que le problème est complexe et que chaque geste nouveau a des répercussions sur toute la chaine de production. En fait la plus grande difficulté est l’imprévisibilité climatique et les variations qui tendent vers des extrêmes et bien sûr la recharge des aquifères, une ressource de plus en plus sollicitée et qui diminue dangereusement dans certains États.

Environnement

Ottawa lance une consultation sur le registre des plastiques

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Les Canadiens ont jeté 4,4 millions de tonnes de déchets de plastique en 2019, dont seulement 9 % ont été recyclés.

(Montréal) Alors que le plastique continue d’être un fléau dans la lutte contre les changements climatiques, le ministère de l’Environnement souhaite mettre en place un registre fédéral afin de surveiller le cycle des plastiques, de la production jusqu’à leur fin de vie.

Publié hier à 15h22

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La Presse Canadienne

Les Canadiens ont jeté 4,4 millions de tonnes de déchets de plastique en 2019, dont seulement 9 % ont été recyclés. Le plastique cause des torts aux espaces naturels ainsi qu’aux espèces sauvages qu’ils abritent.

Dans le cadre du plan global du Canada visant à réduire la pollution et les déchets de plastique, le gouvernement a lancé une consultation sur la création d’un registre fédéral des plastiques. La consultation, qui vise les gouvernements locaux, les entreprises ou toutes parties intéressées, se tient en ligne jusqu’au 13 février.

« Le registre exigerait que les producteurs rendent des comptes chaque année sur la quantité et les types de plastique qu’ils mettent sur le marché canadien, la manière dont ce plastique circule dans l’économie et la façon dont il est géré en fin de vie », explique un communiqué du ministère de l’Environnement publié mardi.

Les données recueillies permettraient de suivre le cheminement du plastique dans l’économie. Le gouvernement pourrait ainsi mieux cibler les mesures qu’il doit mettre en place afin d’atteindre son objectif zéro déchet.

Le registre fédéral sur les plastiques proposé permettrait aussi de collecter et de communiquer des données sur les principales catégories de produits contenant du plastique, telles que les emballages, les matériaux de construction, les gros appareils ménagers, le textile ainsi que la pêche et l’agriculture.

« Le registre fédéral sur les plastiques est un outil important qui permettra de suivre et de gérer les plastiques dans l’ensemble de l’économie, a déclaré par voie de communiqué le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault. Il aidera les provinces et les territoires à rendre les producteurs responsables de leurs déchets de plastique en fin de vie et contribuera à faire évoluer le Canada vers une économie circulaire des plastiques. »

La consultation publique du gouvernement a pour but d’entendre les parties impliquées entre autres sur les renseignements à déclarer, la confidentialité des informations et les délais de mise en œuvre.

Le registre rendrait l’information accessible à tous les Canadiens et à toutes les entreprises via une nouvelle plateforme de déclaration, spécifie le ministère de l’Environnement. Il serait un complément aux exigences de déclaration déjà en vigueur, comme celles établies par les programmes provinciaux et territoriaux sur la responsabilité des producteurs.

En juillet 2022, le gouvernement du Canada avait publié un premier document de consultation, et en avril 2023, un document technique portant sur le registre.

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Are we romanticizing wood-fired cooking?


Clean air advocates want bylaw to phase out polluting wood-fired ovens

Hearings are planned in 2024 on proposed island-wide rules to force restaurants and bakeries that cook over wood fires to reduce emissions.

Michelle Lalonde • Montreal Gazette
Published Jan 03, 2024 • Last updated 14 hours ago • 9 minute read


Daniel Vézina, executive director of Families for Clean Air, speaks with Le Trou bagel bakery owner Alexandra Grenier at her shop in Montreal Wednesday Dec. 20, 2023. When she opened her bakery five years ago, Genier chose to use a gas-fired oven instead of a traditional wood-burning one. PHOTO BY JOHN MAHONEY /Montreal Gazette

Clean air advocates are hoping 2024 will be the year politicians in the Greater Montreal region finally take long-promised action to reduce the deadly pollution chugging from the smokestacks of businesses that cook food in wood-burning ovens or over charcoal.

“We know that air pollution kills people,” said Daniel Vézina, executive director of Families for Clean Air, a group that advocates against wood burning in urban settings. “We know it makes us sick and (makes sick people) sicker, and there is no safe level of exposure to air pollution. So we have to ask ourselves: how many lives destroyed by air pollution is socially acceptable just to maintain a dirty baking method from the past?”

Wood burning is a major source of air pollution in Quebec, and the health effects of inhaling wood smoke are no joke.

A Health Canada study published last year estimated home firewood burning alone caused 2,300 premature deaths in one year (2015) nationally, not to mention 1,300 cardiac and respiratory-related hospital admissions and emergency room visits, 9,300 child and 2,100 adult chronic bronchitis cases, 2.9 million restricted activity days and 5.9 million symptom days (including acute respiratory and asthma symptom days). In southern Quebec alone, home firewood burning contributed to 1,400 premature deaths in the study year, double the 700 premature deaths that were attributed to transportation sources.

Wood smoke contains fine particulate matter (among other pollutants) that when inhaled can lodge deep in the lungs where it both causes and worsens lung diseases, asthma attacks, cardiovascular illnesses and lung cancer.

Montreal is home to more than 100 wood and charcoal-burning businesses — pizzerias, bagel bakeries and grill houses — and most are in densely populated residential areas. Attempts by municipal authorities to ensure these businesses install and maintain effective air purifiers and filters to keep emissions to “safe” levels have largely failed. Enforcing emissions limits set out in a regional bylaw (Bylaw 90) has proven complex, resource intensive, costly and ultimately ineffective.


Martin Coté of Napolean stoves warms his hands in front of one of his company’s wood-burning stoves during a protest Monday, Feb. 23, 2009, across the street from city hall by members of an association of wood stove vendors unhappy with proposed bylaw banning installation of new wood-burning stoves in Montreal. PHOTO BY JOHN MAHONEY /Montreal Gazette files

So in 2020, the Standing Committee on Environment and Ecological Transition of the Montreal Metropolitan Community (MMC) was given a mandate to hold public hearings on a proposed bylaw regulating wood-burning businesses. Public consultations were scheduled to be held that May, but the pandemic got in the way, according to MMC spokesperson Julie Brunet.

“When merchants and restaurants were so impacted by COVID, it wasn’t the time to enter into public consultations (on something that might) add more obligations” to their plate, Brunet said in an interview. “That was really the principal reason. Then there were municipal elections and other things that came up after” that caused more delays, she explained.

She said the standing committee members decided it wasn’t the time to be “talking about obligations or bans (on wood burning) that would have additional impacts on businesses and restaurants. We didn’t want to get into that considering the situation.”

But Vézina argues that sensitivity to the interests of wood-burning businesses may have been misplaced. Most wood-burning businesses like pizzerias, bagel bakeries and chicken grill houses were takeout operations anyway, and so most continued to do a brisk business during the pandemic. Meanwhile, as Montrealers coped with a deadly respiratory virus, wood smoke from these businesses was adding to their health woes.

According to an assessment done by the city of Montreal in 2014, residential and commercial wood burning accounted for 42 per cent of fine particulate emissions (39 per cent and three per cent respectively), while 45 per cent of those emissions was attributed to transportation and 13 per cent to industrial sources.

There were 70 wood-burning commercial ovens operating in Montreal at that time, and about 50,000 residential wood-burning stoves or fireplaces. “Taking into account these numbers, one wood-burning oven emits on average more than 100 residential wood-burning stoves or fireplaces, causing a significant local impact,” explains the public consultation guide prepared for the MMC in 2020. These commercial ovens cause significant impact in the neighbourhoods where they operate, as public health authorities have pointed out repeatedly.

Montreal has restrictions on residential wood burning, which came into force on Oct. 1, 2018. The bylaw forbids the installation or use of wood-burning appliances unless they are certified by the Environmental Protection Agency (EPA) or Canadian Standard (CSA/B415) to emit less than 2.5 grams of fine particulate per hour. Wood fires in residences are illegal even with certified appliances during smog warnings, unless there is a power outage of three hours or more.

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Other municipalities on the island have adopted wood-burning bylaws, including Dollard-des-Ormeaux, Senneville, Ste-Anne-de-Bellevue, and most recently Westmount, where new restrictions come into force on Sept. 1, 2024. Some have bylaws that are similar to Montreal’s, others are less demanding in terms of emissions permitted, and still others have no restrictions at all. Part of the mandate of the CMM’s standing committee is to do an inventory of existing bylaws across the agglomeration.

But even Montreal’s 2018 home wood burning bylaw’s effectiveness is questionable. According to information obtained through an access to information request by Families for Clean Air, the city received 936 complaints about smoke and the use of non-compliant wood-burning fireplaces or stoves between 2018 and March 2023. Only 13 fines were levied over that period.

Vézina notes the city’s environment department lacks the resources to effectively enforce the bylaw. He also points out that the bylaw is based on EPA certification, which is problematic. A report issued last February by the U.S. Environmental Protection Agency Office of the Inspector General concluded the EPA’s “ineffective residential wood heater program puts human health and environment at risk for exposure to dangerous fine-particulate-matter pollution by allowing sales of wood heaters that may not meet emissions standards.”


Montreal is home to more than 100 wood- and charcoal-burning businesses, including pizzerias, bagel bakeries and grill houses. PHOTO BY PIERRE OBENDRAUF /Montreal Gazette files

Vézina is hoping the upcoming public consultation on a proposed bylaw on commercial wood burning will be an opportunity to change some minds about wood burning in general.

“There is a growing trend to romanticize wood-oven baking and charcoal grilling. And now we are starting to see things like sourdough bread bakeries (that use wood burning ovens) … just to fill this marketing niche where we value the techniques from the past and view them as more natural. But we have to view wood-fired cooking as the public health danger it is. Have we forgotten that Victorian-era bakers would die very young because of air pollution? Using wood-fired or charcoal ovens was a death sentence in the Victorian era and bakers would die at the age of 42 on average. The public health authorities have to step in. Cities cannot manage this issue alone.”

He wants public health authorities to come up with campaigns to communicate the health risks related to wood smoke and to attack the positive image of wood-fired cooking. “We are too emotionally attached to this way of cooking, to this tradition, so that even when we are presented with the hard facts about how this is killing us and making us sick, our brains will not comprehend.” He also called on the provincial government to take action to legislate a gradual phase out of wood burning in cities, since the issue is too important and too complex for municipal and town councils to handle one by one.

The draft regional bylaw that was to go to public consultation in May 2020, according to documents obtained by Families for Clean Air, would require businesses that wanted to cook food over wood fires to install a filtering device capable of reducing emissions by at least 85 per cent.

The system would have to include sampling doors above and below the filtering device to allow for measurement of emissions reductions. Owners would have to keep documentation on hand proving their ovens or appliances conform to the bylaw. Fines for breaking the bylaw would range from $1,000 for a first infraction to $12,000 for repeat offenders.

But Marie-Andrée Mauger, Montreal’s executive committee member responsible for the environment and a member of the MMC’s environment standing committee said the proposed bylaw has been amended since it was presented to the committee in 2020. She did not provide the amended version, nor was she available for an interview on the subject. She did provide a written comment:

“The control of particulate emissions from cooking appliances used in the commercial sector, including wood-burning ovens, is still planned. However, the pandemic slowed down the process. The 2020 regulatory project has been modified and will be proposed in early 2024 to the (MMC). Subsequently, the (committee) will evaluate this new regulation and the need for consultation. Our interest is obviously to do it gradually, with merchants, to listen to them and accompany them in this change.”

Vézina is anxious to see whether the amended bylaw will be stronger or weaker than the one proposed in 2020. That one would be an improvement over the current situation in that at least owners would have to install a pre-approved filter and hire someone to test and measure emissions. “It would be a reversal of the burden of proof so it would be more effective, and maybe more people would reconsider opening a bakery with a wood-burning oven because of the costs involved.”

The owners of Montreal’s most popular bagel bakeries, Fairmount Bagel and St-Viateur Bagel, have told the Montreal Gazette in the past that the heat source makes no difference to the taste or texture of their bagels. They have said they will follow any clean air bylaws, but are reluctant to switch fuels while their competitors stick with “traditional” methods. In fact, several bagel bakeries, including St.-Viateur in some of its locations, have already converted to cleaner heat sources, such as hybrid ovens that use natural gas or electricity. Clients don’t notice a difference, they say, since it was never wood smoke that gave bagels their flavour.

Meanwhile some of Montreal’s newer entrepreneurs have seen the writing on the wall. Alexandra Grenier opened her first bagel bakery, Le Trou, on William St. in Griffintown in 2019 with a bagel oven fuelled by natural gas.


Daniel Vézina, executive director of Families for Clean Air, with children Lilyanne, right, Maëva and Ugo, buys bagels from Le Trou bagel bakery owner Alexandra Grenier at her shop. Grenier said she chose to go gas instead of wood to avoid having to make expensive changes if the city later bans wood ovens. PHOTO BY JOHN MAHONEY /Montreal Gazette

“At the time, there was a lot of talk about the city banning wood burning. There were lots of articles about bagel makers in Mile End producing a lot of pollution and how their neighbours couldn’t take it anymore. So we thought, firstly, we want to be good neighbours. We were establishing ourselves in a very dense neighbourhood with lots of apartments and lots of people. We thought, ‘Do we really want to pollute?’ And also, what if in a year or two these ovens are banned? We would have to change everything and reinvest. That’s expensive.”

Business has been so good that Grenier and her team opened a second bakery in Rosemont last spring. Le Trou was even mentioned in a recent article on Montreal in the New York Times.

“We’ve been in business for five years and clients keep coming back. We are growing. We opened a second store. So we have succeeded in making our mark in the bagel scene in Montreal, which is a big challenge.”

She says most clients don’t notice the fact there is no wood in the oven, since they see flames. But she is proud to tell clients her ovens are more ecologically responsible.

“You don’t want people saying once you open, ‘Oh it’s terrible since they’ve come. We can’t breathe. We can’t open our windows.’ That’s not great for your business plan.”

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Au Québec, le chauffage au bois tue trois fois plus que les accidents de la route

Une étude de Santé Canada révèle que les particules fines provenant de la combustion résidentielle provoquent plus de décès prématurés au Québec que tous les autres polluants réunis.

De la fumée s’échappe d’une cheminée en brique rouge dans un secteur boisé de Château-Richer.
Au Québec, la combustion du bois de chauffage est de loin le secteur qui contribue le plus aux décès prématurés liés à la pollution atmosphérique. (Photo d’archives)
PHOTO : RADIO-CANADA / OLIVIA LAPERRIÈRE-ROY

Louis Gagné
Publié le 17 décembre 2023 à 6 h 00 HNE

Les particules fines provenant du chauffage au bois tuent 1400 personnes par année au Québec, selon des estimations de Santé Canada. C’est trois fois plus que le nombre de décès attribuables aux accidents de la route. Les impacts sanitaires de la pollution générée par la combustion résidentielle de bois à l’échelle de la province sont évalués à 11 milliards de dollars.

Ces données sont tirées de l’étude « Impacts sur la santé de la pollution de l’air au Canada provenant du transport, de l’industrie et de la combustion résidentielle », qui a été publiée en février dernier par Santé Canada et dont les résultats étaient jusqu’ici passés sous le radar médiatique.

Modélisation

L’étude renferme notamment des estimations modélisées des décès liés à la pollution atmosphérique au pays basées sur l’inventaire des émissions de 2015 de différents polluants émis par les 21 principaux secteurs du transport, de l’équipement mobile, de l’industrie et du milieu résidentiel au Canada.

Triptyque montrant des voitures sur une autoroute, les cheminées d’une raffinerie et un poêle à bois.
L’étude de Santé Canada dresse les impacts sur la santé de la pollution de l’air provenant du transport, de l’industrie et de la combustion résidentielle. (Photos d’archives)
PHOTO : MARC-ANTOINE LAVOIE / IVANOH DEMERS / ISTOCK

Le document de Santé Canada révèle que la combustion du bois de chauffage est le secteur dont les émissions de polluants atmosphériques ont le plus contribué aux décès prématurés (2300 décès) survenus au pays en 2015.

C’est pratiquement le double du nombre de décès attribuables à la pollution générée par le transport routier (1200 décès).

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Les particules fines émises par le chauffage au bois ont fait plus de victimes au Québec en 2015 que partout ailleurs au Canada.

Sur les 2300 décès prématurés liés à cette source de pollution, 1400 sont survenus dans la Belle Province, soit 60 % des décès.

Pourtant, en 2015, la population du Québec ne représentait que 23 % de la population canadienne.

Cliquez sur ce lien pour consulter l’étude de Santé Canada (Nouvelle fenêtre)

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À elles seules, les émissions de particules fines provenant de la combustion résidentielle de bois ont provoqué plus de décès prématurés en 2015 au Québec que tous les autres polluants réunis.

Plus néfastes

Cela s’explique notamment par le fait que les particules fines constituent le polluant le plus dommageable pour la santé parmi ceux que génère l’activité humaine.

Dans les principaux contaminants, ce sont les particules fines qui ont le plus d’impact sur la santé, et d’assez loin, si on les compare à d’autres contaminants comme le dioxyde d’azote, les composés organiques volatils et le dioxyde de soufre, indique en entrevue à Radio-Canada le Dr Philippe Robert, médecin en santé publique et en médecine préventive au CIUSSS de la Capitale-Nationale.

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L’intérêt de l’étude de Santé Canada, souligne celui qui a corédigé le rapport « Mon environnement, ma santé », est d’avoir regardé l’ensemble des principaux polluants atmosphériques et d’avoir évalué leurs impacts respectifs sur la santé sur le plan de la mortalité et de la morbidité.

Ça montre encore une fois qu’au Québec, le chauffage au bois, même si on considère d’autres contaminants, c’est la principale source d’effets sur la santé si on compare avec les industries ou avec les transports, par exemple.

— Une citation de Dr Philippe Robert, médecin spécialiste en santé publique

Santé Canada a également estimé la valeur socioéconomique des impacts sanitaires associés à la pollution générée par les transports, l’industrie et la combustion résidentielle.

Le Dr André Dontigny, directeur de santé publique de la Capitale-Nationale, et le Dr Philippe Robert, médecin spécialiste en santé publique et médecine préventive, présentent en conférence de presse les conclusions du projet « Mon environnement, ma santé ».
Le Dr Philippe Robert (à droite) a corédigé le rapport « Mon environnement, ma santé ». (Photo d’archives)
PHOTO : RADIO-CANADA / BRUNO GIGUERE

Pour ce faire, l’institution fédérale a pris en compte différentes variables, dont les coûts médicaux, la productivité réduite au travail, la douleur et la souffrance, le risque de décès et d’autres conséquences de risques accrus pour la santé.

Impacts sanitaires à 11 G$

En 2015, la valeur socioéconomique de la combustion du bois de chauffage a atteint 11 milliards de dollars au Québec, soit plus que pour tous les autres polluants réunis, incluant les véhicules routiers (3,1 milliards).

Le Dr Robert précise que la valeur socioéconomique des polluants calculée par Santé Canada ne doit pas être assimilée à des coûts de soins de santé ni à des pertes économiques. Il s’agit plutôt de la somme que les Canadiens seraient prêts à payer pour réduire les risques associés à tel ou tel contaminant.

Ce n’est pas nécessairement des coûts tangibles que le gouvernement paie ou qu’on paie à travers les taxes ou pour l’économie. C’est vraiment plus une valeur qu’on serait théoriquement prêt à payer pour […] réduire le risque de décès, explique-t-il.

Principal coupable découvert

Familles pour l’air pur (FAP), un organisme à but non lucratif qui lutte contre la pollution atmosphérique causée par la combustion de bois estime que l’étude de Santé Canada vient défaire la fausse perception selon laquelle les industries et l’automobile seraient les principales sources de décès prématurés liés à la pollution de l’air au Québec.

C’est la première étude qu’on a de Santé Canada où on a une analyse sectorielle des impacts sanitaires et où le principal coupable ressort du lot, souligne le président-directeur général de FAP, Daniel Vézina.

Daniel Vézina lors d’une entrevue en vidéoconférence.
Daniel Vézina réclame des mesures pour lutter contre la pollution générée par le chauffage au bois.
PHOTO : RADIO-CANADA

On ne parle plus de particules fines qui n’ont pas de source identifiable. C’est-à-dire que là, on est capable d’identifier, avec les inventaires actuels, que [la combustion résidentielle] est responsable ou serait responsable de 1400 morts par année. Écoutez, c’est gros là, c’est 3 fois plus de morts que les accidents de la route en 2022 , fait-il remarquer.

Selon le dernier bilan de la Société de l’assurance automobile du Québec, 392 personnes sont décédées sur les routes de la province en 2022.

Les appareils de chauffage au bois, qui sont utilisés à des fins d’ambiance, c’est l’éléphant blanc dans notre salon. Le principal coupable au niveau de la pollution de l’air, il est là.

— Une citation de Daniel Vézina, président-directeur général de l’organisme Familles pour l’air pur

Tout en reconnaissant que les données de Santé Canada obtenues par modélisation comportent beaucoup d’incertitudes, Daniel Vézina croit qu’elles sont suffisamment probantes pour exiger des autorités gouvernementales et de santé publique qu’elles s’attaquent sans plus tarder à la pollution générée par le chauffage résidentiel.

Enjeu énorme

Mais même si on divise les données d’émissions par deux, à 11 milliards de dollars, ça reste quand même un enjeu sanitaire énorme pour le Québec. Il faut investir beaucoup en termes de prévention et rapidement pour s’attaquer à cette source-là, insiste-t-il.

Vue panoramique de Montréal lors d’une journée de smog, en hiver.
Principale source d’émission des particules fines en hiver, le chauffage au bois résidentiel contribue grandement aux épisodes de smog. (Photo d’archives)
PHOTO : RADIO-CANADA / JEAN-CLAUDE TALIANA

M. Vézina juge que les institutions sont un peu lentes à réagir dans le dossier du chauffage au bois. Une situation qui s’expliquerait en partie par la volonté des autorités de santé publique d’avoir en main les données les plus précises possibles avant de proposer des interventions.

Je ne pense pas que c’est la meilleure route à avoir. On a déjà des voyants rouges qui sont allumés de partout. En termes épidémiologiques, c’est sûr que ce ne sont pas des morts réelles, ce sont des morts sur papier, mais on a assez de données de la science pour dire qu’il va y avoir un nombre effarant de morts cette année qui vont être liées à la pollution de l’air causée par le chauffage au bois, plaide le président-directeur général de Familles pour l’air pur.

Pratique à bannir?

Selon lui, au-delà des campagnes de sensibilisation, il faudrait, à terme, en venir à interdire le chauffage au bois, à tout le moins dans les zones où les habitations sont raccordées au réseau électrique, sauf lors de pannes de courant et de situations d’urgence.

Dans la très grande majorité des cas, fait remarquer M. Vézina, la combustion de bois vise davantage à procurer de l’ambiance et un décor qu’à chauffer l’intérieur d’une résidence.

Je trouve qu’il y a quelque chose d’un peu moralement inacceptable là-dedans, de voir que ça a autant d’impacts sanitaires sur les communautés, sur les citoyens des municipalités, des villes, et que ce soit une source de pollution qui soit principalement liée à l’ambiance. Ça passe un peu en travers de la gorge, déplore-t-il.

Des voitures circulent au ralenti sur une autoroute de la région métropolitaine.
Au Québec, la combustion résidentielle de bois a provoqué en 2015 un plus grand nombre de décès prématurés (1400) que le transport routier (400). (Photo d’archives)
PHOTO : RADIO-CANADA / IVANOH DEMERS

Le Dr Philippe Robert ne croit pas que l’interdiction pure et simple du chauffage au bois soit la solution. Il plaide plutôt pour un remplacement des vieux poêles par des appareils certifiés, qui émettent beaucoup moins de particules fines dans l’atmosphère.

C’est pourquoi il invite les municipalités de la Communauté métropolitaine de Québec à imiter la Ville de Québec en adoptant un règlement visant à interdire l’utilisation d’appareils de chauffage non certifiés. À Québec, cette interdiction entrera en vigueur le 1er septembre 2026.

Ailleurs au Québec, d’autres municipalités ont adopté des règlements similaires. C’est le cas, entre autres, de la Ville de Montréal.

Aide financière

Philippe Robert est également d’avis que les villes doivent offrir des subventions pour inciter les propriétaires d’appareil non conforme à s’en procurer un certifié.

Il y a quand même un coût [associé à ça] puis on parle du coût de la vie en ce moment, donc, de subventionner, d’aider les villes pour que les villes puissent subventionner les gens, surtout les ménages moins nantis, à le faire, je pense que ça, c’est important, fait-il valoir.

Un foyer d’ambiance en démonstration dans une boutique.
L’installation de foyers au bois d’ambiance comme celui-ci sera interdite à Québec à compter du 1er janvier. (Photo d’archives)
PHOTO : RADIO-CANADA / LOUIS-PHILIPPE ARSENAULT

À l’instar de Daniel Vézina, le médecin spécialisé en santé publique et en médecine préventive reconnaît qu’il y a encore des efforts à faire en matière de sensibilisation.

Il y a des possibilités d’informer davantage les gens sur les impacts que le chauffage au bois peut avoir sur la santé des gens qui l’utilisent, mais aussi sur les autres. On se rappelle que c’est à peu près 10 à 15 % des maisons qui sont chauffées au bois. Donc, ce n’est pas la majorité. Par contre, les émissions de particules dans l’air vont affecter tout le monde, rappelle-t-il.

Collaboration

Radio-Canada a sollicité une entrevue avec le directeur national de santé publique du Québec, le Dr Luc Boileau. Le ministère de la Santé et des Services sociaux a toutefois décliné notre demande.

Par courriel, la porte-parole Marie-Claude Lacasse mentionne qu’au cours des dernières années, le Ministère a collaboré avec l’Institut national de santé publique du Québec et le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs pour établir un portrait de la combustion résidentielle du bois de chauffage.

La santé publique collabore notamment à un projet de recherche documentant l’impact du chauffage au bois sur la qualité de l’air dans la municipalité de Saint-Sauveur, afin de mieux cerner les pistes d’action possibles, indique Mme Lacasse.

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Enfin

Starbucks allows reusable cups for mobile and drive-thru orders in US, Canada

Starbucks is now offering a more sustainable way to enjoy your coffee.

The company has announced that it’s allowing customers in the U.S. and Canada to use their own personal cups for mobile and drive-thru orders. This move is being hailed as “long overdue” and a major step towards reducing cup waste.

Global’s Naomi Barghiel reports.

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Quelque part dans la région montréalaise

Skyrenu s’associe au projet de capture et de stockage de CO₂ de Deep Sky


Arni Saeberg Climeworks AG via Associated Press
Deep Sky veut créer au Québec des installations de capture et de séquestration du carbone, en s’inspirant notamment du projet pilote Orca, en Islande.

Stéphane Blais - La Presse canadienne
07 h 22
Environnement

Un projet de capture du carbone développé à l’Université de Sherbrooke fera partie des technologies exploitées par Deep Sky sur son futur site d’essai de capture et de stockage de CO2, qui devrait voir le jour dans la région de Montréal au cours des prochains mois.

L’entreprise montréalaise Deep Sky s’est donné pour mission d’extraire de l’atmosphère et des océans le principal gaz à effet de serre, le CO2, et de le séquestrer dans le sol.

Elle compte ainsi créer un site « Alpha », au Québec, pour tester différentes technologies d’élimination du carbone dans le but de les déployer à grande échelle.

Parmi les technologies qui seront étudiées, figure une installation conçue par la jeune pousse Skyrenu, qui tire et capte le CO2 directement de l’atmosphère.

L’installation développée par une équipe de l’Université de Sherbrooke ressemble à cinq conteneurs maritimes, empilés les uns sur les autres, et chacune de ces machines a une capacité de séquestration de 1000 tonnes de CO2 par an.

« C’est un peu comme une éponge dans laquelle on fait passer de grands volumes d’air avec des ventilateurs et cette éponge-là est spécialement fonctionnalisée pour retenir le CO2 », a imagé le professeur à la faculté de génie mécanique de l’Université de Sherbrooke Martin Brouillette.

« Et quand l’éponge est saturée de CO2, on la chauffe avec de la vapeur pour relâcher le CO2 qu’on peut récupérer à haute pureté », a expliqué le professeur.

Le système de captage de CO2 de Skyrenu est un dispositif modulaire de captage direct de l’air. Il peut donc être déployé pour capter le CO2 pratiquement n’importe où.

« On doit livrer notre machine d’ici la fin de l’année, et selon nos informations, le site de Deep Sky devrait être à Montréal-Est », a expliqué Martin Brouillette.

Une technologie « stable et sécuritaire »

Skyrenu a également développé une technologie qui permet de transformer le CO2 en carbonate de magnésium, une roche inerte, qui peut être enfoui ou séquestré dans le sol.

Le développement de technologies de captage et de séquestration de CO2 à grande échelle pose toutefois certains risques, selon plusieurs organisations, dont l’UNESCO.

Dans un récent rapport, celle-ci appelle à une évaluation approfondie des implications éthiques, sociales et culturelles de la géo-ingénierie, qui inclut la capture et la séquestration du carbone.

Dans son rapport sur l’éthique de la géo-ingénierie, l’UNESCO souligne que capter et stocker le carbone est extrêmement coûteux et l’organisation met en garde contre certaines conséquences potentielles.

« Le CO2 enfoui devrait être stocké de manière permanente pendant des centaines d’années – les conséquences d’un rejet rapide des réservoirs souterrains seraient graves », peut-on lire dans le rapport.

Mais le professeur Martin Brouillette assure que la technologie développée par son équipe est sécuritaire.

« C’est très résistant à toutes les conditions climatiques possibles, les pluies et les pluies acides. Il faut imaginer qu’il n’y a aucun CO2 qui va se libérer de ces carbonates-là », a indiqué le professeur Brouillette.

« Je tiens à informer le public que c’est à peu près la méthode la plus sûre, la plus durable, la plus sécuritaire de séquestrer le CO2. »

Une entente qui concerne uniquement la capture de CO2

Bien que Skyrenu ait développé une technologie de séquestration du carbone, l’entente avec Deep Sky concerne uniquement les installations de capture du CO2.

« On leur vend une machine de captage et eux ils sont responsables de faire une séquestration avec la méthode qu’ils choisissent », a précisé le professeur de génie mécanique.

Éventuellement, Skyrenu souhaiterait utiliser sa technologie pour la carbonatation des déchets miniers.

« Nos systèmes peuvent être installés directement sur les sites de déchets miniers, éliminant ainsi la nécessité de transporter du CO2 ou des matières premières minérales sur de longues distances. Nous prévoyons d’abord installer nos systèmes dans les mines d’amiante abandonnées du Québec, où deux gigatonnes de résidus miniers existants offrent un potentiel de séquestration du CO2 d’environ 700 mégatonnes de CO2, et où le procédé sera alimenté par le réseau 100 % renouvelable d’Hydro-Québec », peut-on lire sur le site de l’entreprise.

Une dizaine de partenariats pour Deep Sky

Jusqu’à présent, Deep Sky a signé des contrats avec une dizaine d’entreprises à travers le monde, dont Skyrenu, et elle envisage « faire l’agrégation de toutes les technologies » pour trouver celles qui pourront être utilisées à grande échelle.

Dans un communiqué, le p.-d.g. de Deep Sky, Damien Steel, s’est dit fier de collaborer avec une entreprise du Québec.

« Un produit de l’Université de Sherbrooke, Skyrenu illustre les formidables efforts de recherche et développement menés dans les universités pour décarboner notre planète. Nous sommes ravis de déployer leur technologie à notre site Alpha, où nous testons les unités d’élimination du carbone avant de les déployer à grande échelle. »

Ces technologies, selon le p.-d.g. de Deep Sky, seront essentielles pour « atteindre la carboneutralité et atténuer les effets des changements climatiques ».

Selon Deep Sky, le Québec offre des avantages particulièrement intéressants pour accueillir des installations de capture du carbone, des technologies qui consomment beaucoup d’énergie.

« Alimentées par des énergies renouvelables, les installations de Deep Sky sont situées stratégiquement au Québec, une région qui possède d’importantes réserves d’hydroélectricité, un potentiel éolien immense et un vaste territoire dont la géologie est idéale pour le captage du carbone », peut-on lire dans le communiqué publié mardi par l’entreprise montréalaise.

Il y a un mois, Deep Sky a complété une ronde de financement et dispose de 75 millions $ pour lancer la première phase de son projet de capture et du stockage du carbone.

Le tiers de cet argent, soit 25 millions $, provient d’Investissement Québec et fait du gouvernement un actionnaire privilégié dans l’entreprise.

Deep Sky vise le captage et le stockage de 2000 tonnes de CO2 par année pour la phase I de ses activités, mais à moyen terme, elle espère déployer entre 2025 et 2028, durant les phases II et III du projet, une série d’usines commerciales ayant une capacité de captation d’un million de tonnes.

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Cinq dossiers environnementaux à suivre en 2024


Photo: Jacques Nadeau, archives Le Devoir
À la fin de l’année 2023, on comptait pas moins de 347 955 permis d’exploration minière au Québec.

Alexandre Shields
Pôle environnement
10 janvier 2024
Environnement

Après une année 2023 considérée comme la plus chaude de l’histoire de l’humanité, et alors que s’amorce une année au cours de laquelle aura lieu la prochaine conférence mondiale sur la biodiversité, Le Devoir vous présente cinq dossiers à surveiller en environnement dans les mois à venir.

Plafonner les émissions de gaz à effet de serre de l’industrie des énergies fossiles

Le gouvernement Trudeau a dévoilé en décembre les détails du système national de plafonnement et d’échange de droits d’émissions de gaz à effet de serre qui doit, selon Ottawa, permettre de réduire les émissions du secteur des énergies fossiles, qui sont toujours en hausse. Le projet final de règlement sur ce plafond devrait être publié au courant de 2024. Une fois que le règlement sera rendu public, on prévoit qu’il sera adopté en 2025, mais le plafond d’émissions ne sera pas en vigueur avant 2030. Le projet des libéraux se heurte toutefois à une vive opposition de l’Alberta et du Parti conservateur du Canada. Ce dernier s’y est opposé en affirmant que le plafond constitue une « attaque » contre les travailleurs canadiens et l’industrie la plus polluante au pays.

Une stratégie de protection du caribou forestier en 2024

Après un nouveau report, le gouvernement Legault doit présenter cette année sa « stratégie » de protection du caribou forestier, une espèce dont la survie est en péril et dont l’habitat est plus que jamais menacé par l’industrie forestière. D’ailleurs, selon une étude scientifique internationale publiée récemment, 11 des 13 populations de caribous de la province sont sur la voie du déclin en raison de la destruction des vieilles forêts boréales qui existent encore au Québec. Les scientifiques soulignent aussi que la préservation des zones forestières favorise la survie de plusieurs autres espèces fauniques, en plus de constituer des puits de carbone importants pour la lutte contre la crise climatique. Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, a promis de présenter un document qui sera soumis à des consultations dès le début de l’année.


Photo: Getty Images iStockphoto
Le gouvernement Legault doit présenter cette année sa « stratégie » de protection du caribou forestier.

Réforme de la Loi sur les mines du Québec

Le Québec est plus que jamais confronté à une croissance rapide du nombre de permis d’exploration minière. À la fin de l’année dernière, on comptait pas moins de 347 955 permis d’exploration minière. C’est 83 382 permis de plus qu’au 1er janvier 2023. La superficie du territoire québécois couverte par des claims miniers dépasse désormais les 176 000 km2, soit plus de 10 % du Québec, ou encore 400 fois la superficie de l’île de Montréal. Et toutes les régions de la province sont ciblées. Cette situation inquiète des groupes citoyens et des municipalités, qui se disent impuissants face aux droits accordés à l’industrie, qui peut notamment bloquer des projets de protection du territoire. Cet enjeu devrait d’ailleurs être au coeur du débat sur la réforme de la Loi sur les mines promise pour cette année par la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina. Elle assure que cette réforme permettra « un développement plus harmonieux de l’activité minière au Québec ».

L’achèvement du pipeline Trans Mountain

La construction du controversé pipeline Trans Mountain doit normalement être terminée cette année, dans un contexte où la facture a explosé au fil des ans. Alors que le coût du nouveau pipeline était estimé à 7,4 milliards de dollars en 2017, la plus récente évaluation fait état d’un projet évalué à plus de 30 milliards de dollars. Cette nouvelle infrastructure d’exportation de pétrole des sables bitumineux, financée par les contribuables canadiens, se heurte toutefois à des retards en raison d’un débat sur le tracé d’une portion du pipeline. En décembre, la société d’État a affirmé que si elle ne peut obtenir les autorisations nécessaires pour modifier cette portion, cela entraînerait des retards « catastrophiques » dans les échéanciers du projet et des milliards de dollars de pertes. Le pétrole acheminé de l’Alberta vers la côte ouest fera bondir le transport maritime de pétrole brut dans l’habitat d’espèces menacées.


Photo: Darryl Dyck, archives La Presse canadienne
Alors que le coût du nouveau pipeline Trans Mountain était estimé à 7,4 milliards de dollars en 2017, la plus récente évaluation fait état d’un projet évalué à plus de 30 milliards de dollars.

Une autre conférence climatique dans un État pétrolier

Après la COP28 tenue à Dubaï, la prochaine conférence climatique des Nations unies, la COP29, se tiendra elle aussi dans un pays très dépendant des énergies fossiles : l’Azerbaïdjan. Le président de la conférence, nommé la semaine dernière, est lui-même issu du secteur pétrolier et gazier. Il s’agit du ministre de l’Écologie et des Ressources naturelles, Mukhtar Babayev. Ce dernier a travaillé de 1994 à 2003 au département des relations économiques extérieures de la SOCAR (State Oil Company of Azerbaijan Republic), avant de changer pour le département du marketing et des opérations économiques, et de devenir vice-président chargé de l’écologie (2007-2010). Lundi, le quotidien britannique The Guardian a aussi révélé que le pays hôte de la COP29 prévoit d’augmenter sa production gazière dans les prochaines années.

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