Environnement et transition écologique

Contenants de boissons La consigne passera à 10 ¢ le 1er novembre

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

À partir du 1er novembre prochain, la consigne passera à 10 ¢ pour la plupart des contenants de boissons prêtes à boire.

La consigne sur la plupart des contenants de boissons passera à 10 ¢ le 1er novembre et sera élargie à la totalité des contenants en aluminium de 100 millilitres (ml) à 2 litres (L), comme les canettes de jus ou d’eau pétillante, première étape de la modernisation du système québécois de consignation.

Mis à jour hier à 16h00

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Jean-Thomas Léveillé
Jean-Thomas Léveillé La Presse

Ce qu’il faut savoir

La consigne sur la plupart des contenants de boissons prêtes à boire passera à 10 ¢ le 1er novembre, sauf pour les contenants de verre de 500 ml à 2 L, dont la consigne sera de 25 ¢.

La consigne sera élargie à tous les contenants en aluminium de 100 ml à 2 L.

L’élargissement de la consigne aux autres contenants de boissons de 100 ml à 2 L entrera quant à elle en vigueur en mars 2025.

Pour la majorité des canettes de boissons gazeuses et de bières, il s’agit donc d’une majoration de la somme payée lors de l’achat et remboursée lors du retour du contenant ; seules les grandes canettes de bière verront la consigne diminuer – les gens qui en ont en leur possession auront jusqu’au 15 novembre pour se faire rembourser la somme actuelle.

Cette uniformisation est mise en place pour simplifier le système de consigne, a expliqué jeudi Normand Bisson, président-directeur général de l’Association québécoise de récupération des contenants de boissons (AQRCB), l’organisme chargé de l’élargissement de la consigne.

Seule exception : la consigne sur les contenants de verre de 500 ml à 2 L sera de 25 ¢.

Il faudra toutefois attendre 16 mois de plus pour que les bouteilles de vin et les contenants multicouches, qui servent notamment pour le lait et les jus, soient eux aussi consignés ; l’élargissement de la consigne à l’ensemble des contenants de « boisson prête à boire » de 100 ml à 2 L entrera en vigueur le 1er mars 2025.

Lieux de retour

Les équipements déjà en place chez les détaillants seront en mesure de recevoir les 300 millions de contenants supplémentaires, annuellement, que l’élargissement du 1er novembre générera, prévoit l’AQRCB.

« Durant l’année 2024, il y aura l’installation de nouveaux équipements en prévision de l’élargissement en 2025 », ajoute Normand Bisson.

En revanche, la réforme de la consigne prévoit que les détaillants dont l’établissement a une superficie inférieure à 375 mètres carrés (m2) ne seront plus tenus de reprendre les contenants consignés.

« On serait heureux qu’ils continuent de participer au système, pour une transition harmonieuse, et même dans le futur », a indiqué M. Bisson.

Cela serait particulièrement important dans de petites communautés où le seul commerce aurait moins de 375 m⁠2, afin de permettre aux habitants de retourner leurs contenants près de chez eux.

Tous les détaillants qui participent doivent reprendre l’ensemble des contenants consignés, on ne peut pas faire de discrimination selon les marques ou le type de matière.

Normand Bisson, président-directeur général de l’AQRCB

Un détaillant qui ne reprendrait plus les contenants consignés aurait l’obligation d’indiquer où se trouvent les points de retour les plus proches.

Les détaillants dont le commerce a une superficie supérieure à 375 m⁠2 auront quant à eux l’obligation de reprendre les contenants soit directement dans leurs installations, soit dans des installations distinctes, mais à proximité, ce qui permettra par exemple à des commerces situés dans un même secteur de se regrouper pour gérer ensemble un lieu de retour unique.

Par ailleurs, les fabricants n’auront plus l’obligation d’apposer la mention « Consignée Québec Refund » sur les contenants.

Élargissement jugé trop timide

L’élargissement qui entrera en vigueur ne va « pas aussi loin que ça aurait pu aller », a déclaré à La Presse Karel Ménard, directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets.

Les bouteilles d’eau en plastique auraient pu être incluses dans l’élargissement qui entrera en vigueur le 1er novembre, fait-il valoir, soulignant qu’elles sont faites de la même matière que les bouteilles de boissons gazeuses déjà consignées – le polytéréphtalate d’éthylène (PET), le plastique portant le numéro 1.

« Ça représente 1,2 milliard de contenants [par année], qui sont déjà acceptés par les gobeuses », plaide M. Ménard, ajoutant que les assujettir à la consigne aurait contribué à en réduire la consommation et à en augmenter le recyclage. « Le gouvernement a raté une belle occasion », dit-il.

L’organisation craint aussi que la seconde phase de la réforme de la consigne, prévue en mars 2025, soit à nouveau reportée sous la pression des opposants.

L’élargissement de la consigne voulu par le gouvernement de François Legault devait initialement entrer en vigueur à l’automne 2022 ; il avait ensuite été reporté d’un an, puis il avait été décidé de l’implanter graduellement.

« Ce ne sera pas [en] 2025 », avait déclaré à La Presse le ministre de l’Environnement Benoit Charette, en avril, avant de se rendre aux arguments des détaillants qui réclamaient plus de temps pour implanter le nouveau système.

Une campagne d’information sera lancée prochainement pour informer le public sur les changements qui entreront en vigueur le 1er novembre, indique l’AQRCB.

Le site web Consignaction, qui explique le fonctionnement actuel de la consigne, sera mis à jour d’ici là, promet l’organisme, qui invite entre-temps les gens à consulter son propre site.

Une version précédente de ce texte indiquait erronément que la consigne s’appliquerait le 1er novembre à l’ensemble des contenants de « boisson prête à boire » en aluminium de 200 ml à 2 L, alors qu’il s’agit plutôt des contenants de 100 ml à 2 L.

Qu’est-ce que l’AQRCB ?

L’Association québécoise de récupération des contenants de boissons est l’organisme créé par les entreprises et organisations qui mettent sur le marché les boissons dont les contenants seront assujettis à la consigne élargie et qui sont chargées de mettre en place ce système, en vertu du principe de la responsabilité élargie des producteurs voulu par le gouvernement. Elle regroupe l’Association des brasseurs du Québec, le Conseil des industriels laitiers du Québec, l’Association des négociants embouteilleurs de vin, le Conseil de la transformation alimentaire du Québec et l’Association canadienne des boissons.

En savoir plus

  • 5 milliards
    Nombre anticipé de contenants consignés qui seront retournés chez les détaillants lorsque l’élargissement sera complet en 2025, soit le double du nombre actuel

Source : AQRCB

90 %
Taux de récupération des contenants consignés que l’élargissement de la consigne devrait permettre d’atteindre, contre 73 % actuellement

Source : AQRCB

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Planète bleue, idées vertes Moins d’avions pour un ciel plus paisible

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Afin de diminuer la pollution sonore, le Canada doit envisager des pénalités pour les vols non urgents en dehors des heures normales, selon Tony Leroux, professeur titulaire à la faculté de médecine de l’Université de Montréal.

Aux Pays-Bas, l’un des aéroports les plus achalandés du monde a décidé de tenir tête au puissant secteur de l’aéronautique en mettant de l’avant des mesures visant à diminuer la pollution sonore.

Publié à 1h17 Mis à jour à 6h00

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Sara Champagne
Sara Champagne La Presse

Le gouvernement néerlandais a adopté un plan pour diminuer de près de 10 % le nombre de décollages et d’atterrissages. Concrètement, le nombre maximum de vols par an à l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol pourrait passer de 500 000 à 452 500 à partir de novembre 2024, a précisé l’exécutif du gouvernement qui a dû défendre sa décision jusqu’en Cour d’appel face à la grogne du secteur aéronautique.

Dans plusieurs quartiers densément peuplés de l’île de Montréal, le bruit provenant du ciel est abrutissant. « Particulièrement la nuit », déplore Pierre Lachapelle, un résidant d’Ahuntsic qui milite depuis 10 ans au sein du regroupement « Les pollués de Montréal-Trudeau. »

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Pierre Lachapelle, du regroupement Les pollués de Montréal-Trudeau

Le ciel est devenu une véritable passoire, c’est un bar ouvert, avec des avions qui vont dans tous les sens.

Pierre Lachapelle, résidant d’Ahuntsic

Lui et son équipe de citoyens réclament l’application d’un couvre-feu complet la nuit, à partir de 23 h jusqu’à 7 h le matin. Ils ont installé des stations pour mesurer la pollution sonore avant d’obtenir finalement, en 2018, une autorisation d’action collective. Aujourd’hui, ils documentent ce bruit en se gardant le droit d’aller devant les tribunaux.

Tony Leroux, professeur titulaire à la faculté de médecine de l’Université de Montréal, consacre ses travaux de recherche aux effets du bruit sur l’audition et la santé. Il estime qu’il serait temps que le Canada envisage des pénalités pour les vols non urgents en dehors des heures normales.

« Il y a un bruit qui rend sourd, et il y a un bruit qui a un effet sur la santé. On parle de 80 décibels et plus sur une longue période, pour un effet sur l’audition. Mais quand on parle d’un bruit environnemental, par exemple pour réveiller quelqu’un au beau milieu de la nuit, dans sa chambre, on parle de 30 à 35 décibels. Les avions sont des sources intermittentes de bruit, provoquant des éveils soudains. C’est reconnu qu’ils ont un impact sur la qualité du sommeil, sur la santé cardiovasculaire, sur la régulation des hormones du stress. »

À l’aéroport Montréal-Trudeau (YUL), le trafic aérien a repris de plus belle depuis la fin du confinement, avec une prévision de près de 20 millions de passagers en 2023.

À la direction d’Aéroports de Montréal (ADM), le porte-parole Éric Forest indique qu’il existe des mesures d’atténuation du bruit. Et qu’il y a « un plan pour mettre en place plusieurs mesures afin de poursuivre la réduction des impacts sonores auprès des communautés riveraines ».

À l’heure actuelle, les gros jets de plus de 45 000 kilogrammes (un Airbus 319 pèse 35 400 kg) doivent voler durant les heures normales, de 7 h à minuit, pour les décollages, et de 7 h à 1 h pour les atterrissages. Toutefois, l’ADM se garde le pouvoir d’accorder des exemptions pour des urgences médicales, des retards ou de mauvaises conditions météorologiques.

Aéroport Montréal Saint-Hubert

Sur la Rive-Sud, les citoyens sont nombreux à être dérangés par le bruit provenant de l’aéroport Montréal Saint-Hubert (YHU). Le « Comité anti-pollution des avions Longueuil » veut limiter l’impact de l’expansion des activités aéronautiques. Jadis une petite école de pilotage, l’aéroport est devenu une plaque tournante du transport vers le nord du Québec.

Au printemps 2022, des consultations publiques ont eu lieu avec l’appui du député bloquiste Denis Trudel. Selon lui, les citoyens ne veulent rien savoir d’un aéroport international, avec des destinations soleil.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Les citoyens de la Rive-Sud ne veulent d’un aéroport international, selon le député bloquiste Denis Trudel.

« Ce n’est pas normal qu’un aéroport ne compense pas son empreinte carbone, affirme le député joint par téléphone. En même temps, ça n’a pas d’allure de payer 2000 $ pour un vol vers l’Abitibi. Maintenant, il me semble qu’on peut offrir des vols de façon écoresponsable. Et en ce sens, l’aéroport a accepté d’installer des stations de bruit pour qu’on mesure en temps réel ce qui vole au-dessus de nos têtes. Je milite entre autres pour qu’on déménage les écoles de pilotage. »

Membre du Comité anti-pollution des avions Longueuil, Marie-Pierre Brunelle demeure réaliste.

« La demande des grands acteurs économiques est forte. Montréal-Trudeau (YUL) roule à plein régime. On a approché les élus pour leur parler des vols de nuit. Mais le lobby de l’aéronautique est fort au Québec. Le nerf de la guerre, c’est l’argent. Et, à ce jour, ça n’existe pas, un avion commercial silencieux. »

Exposition au bruit

L’Agence européenne pour l’environnement (AEE) estime que l’exposition à long terme au bruit dans l’environnement provoque 12 000 décès prématurés et contribue à l’apparition de 48 000 nouveaux cas de maladies cardiaques ischémiques chaque année en Europe. Ces bruits comprennent ceux provenant de l’aviation, également des axes routiers, des chemins de fer et de l’industrie.

Source : AEE

Amsterdam-Schiphol

Au regard des destinations et correspondances, l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol est le deuxième aéroport mondial et est également au troisième rang des aéroports les plus fréquentés à l’échelle mondiale.

Source : Forum Économique Mondial (FEM)

En savoir plus

  • 1 tonne
    Un vol aller entre Montréal et Paris pour une personne représente à lui seul environ une tonne d’équivalent CO2.

Source : Centre international de référence sur l’analyse du cycle de vie et la transition durable (CIRAIG)

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Montréal aménagera 30 parcs « éponges » d’ici deux ans


Éric-Pierre Champagne La Presse
Publié à 7h46


PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE
La Place des Fleurs-de-Macadam, sur l’avenue du Mont-Royal

Montréal prévoit aménager 30 parcs et 400 trottoirs « éponges » sur son territoire au cours des deux prochaines années. Ces initiatives visent à réduire les impacts des changements climatiques dont les manifestations sont de plus fréquentes.

La Ville de Montréal va annoncer mardi qu’elle ajoutera une trentaine de parcs « éponges » aux sept déjà aménagés sur son territoire depuis 2022. Les 400 trottoirs « éponges » totaliseront 8500 m2 d’infrastructures vertes et permettront de retenir l’équivalent en eau de trois piscines olympiques, estime la Ville.

Selon l’Institut climatique du Canada, chaque dollar investi dans des mesures d’adaptation aux changements climatiques permet d’économiser entre 13 $ et 15 $ en réduisant les impacts d’évènements météo extrêmes.

Plus de détails à venir.

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Conférence Adaptation Futures à Montréal Une adaptation plus essentielle que jamais

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Smog intense à Montréal le 3 juin dernier, alors que d’importants incendies de forêt faisaient rage au Québec

Devant les progrès relatifs des mesures d’atténuation des changements climatiques, l’adaptation, elle, devient plus essentielle que jamais. C’est d’ailleurs le thème d’une importante conférence internationale qui se tient toute la semaine à Montréal. Gros plan.

Publié à 1h22 Mis à jour à 5h00

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Éric-Pierre Champagne
Éric-Pierre Champagne La Presse

Est-ce encore une conférence sur le climat qui pourrait se terminer par un échec des négociations

Pas du tout. Contrairement aux conférences des parties, mieux connues sous l’acronyme COP, la conférence Adaptation Futures n’a pas pour objectif de convenir d’un accord entre les pays participants. C’est essentiellement une rencontre où des scientifiques et des experts de divers pays partagent leurs bons coups en matière d’adaptation et présentent les plus récentes découvertes sur le sujet. Le succès de l’évènement ne se mesure donc pas par la signature d’un accord, mais plutôt par la quantité et la qualité des échanges entre les participants.

Et l’adaptation, qu’est-ce que c’est concrètement ?

Ce sont toutes les mesures qui sont déployées pour permettre de faire face aux effets de plus en plus visibles des changements climatiques. Pour certains experts, l’adaptation devient plus importante que jamais alors que le monde a échoué jusqu’à présent à réduire de façon significative les émissions de gaz à effet de serre (GES) afin de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C d’ici la fin du siècle. Certaines actions peuvent à la fois constituer une mesure d’atténuation et une mesure d’adaptation. C’est le cas notamment de la plantation d’arbres : la canopée permet de stocker du carbone, ce qui contribue à retirer des GES de l’atmosphère (atténuation). Elle permet aussi de lutter, entre autres, contre les îlots de chaleur pendant des épisodes de canicule (adaptation).

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

Journée chaude de juillet 2023 à Montréal

Qui organise cette conférence sur l’adaptation ?

Cette conférence, qui se tient tous les deux ans, est organisée sous l’égide du Programme scientifique mondial pour l’adaptation, géré par l’ONU. L’organisation de la septième conférence Adaptation Futures, qui se tient à Montréal, a été confiée au gouvernement du Canada en collaboration avec le consortium québécois Ouranos, qui se spécialise dans l’étude des changements climatiques. C’est la plus importante conférence dans le monde qui aborde les questions liées à l’adaptation aux changements climatiques. « Il y a 2200 personnes inscrites, alors ça risque d’être un record pour la conférence Adaptation Futures, mais ce n’est pas tout à fait surprenant compte tenu de l’ampleur des impacts des changements climatiques qui semblent s’amplifier d’une année à l’autre », a indiqué Alain Bourque, directeur d’Ouranos, en entrevue avec La Presse Canadienne.

PHOTO CHRISTINNE MUSCHI, LA PRESSE CANADIENNE

Alain Bourque, directeur d’Ouranos, Benoit Charette, ministre québécois de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, et Valérie Plante, mairesse de Montréal, à la conférence Adaptation Futures, mardi

Pourquoi est-ce important de parler d’adaptation ?

Les effets des changements climatiques sont déjà bien visibles partout dans le monde. Les mesures d’atténuation ne suffiront pas pour limiter les dégâts, d’autant que la planète s’est déjà réchauffée de 1,2 °C depuis l’ère préindustrielle. L’année 2023 risque d’être la plus chaude jamais enregistrée et les évènements météo extrêmes se multiplient dans plusieurs régions du monde, causant au passage d’importants dégâts et forçant des populations à évacuer leurs résidences. Preuve que l’adaptation est devenue un sujet incontournable, de plus en plus de gouvernements y consacrent des ressources importantes.

PHOTO ANGELOS TZORTZINIS, AGENCE FRANCE-PRESSE

Inondations à la suite du passage de la tempête Elias, en Grèce, le 29 septembre dernier

Existe-t-il des exemples concrets d’adaptation ?

Les exemples sont nombreux et peuvent varier grandement, selon les régions. Pour une population insulaire dans l’océan Pacifique confrontée à la montée du niveau de la mer, l’ultime mesure d’adaptation consistera à quitter l’île pour aller vivre sur le continent. Toutes les mesures ne sont pas aussi extrêmes, mais l’adaptation sera incontournable partout dans le monde au cours des prochaines années.

Qui est présent à Montréal ?

Des représentants de 120 pays seront toute la semaine au Palais des congrès.

Cela signifie-t-il qu’il ne sert plus à rien de réduire nos émissions polluantes ?

Pas du tout. Si l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5 °C semble pratiquement hors de portée, le monde peut encore espérer contenir le réchauffement sous les 2 °C d’ici la fin du siècle, quoique le défi semble important. Comme le signale régulièrement le climatologue américain Zeke Hausfather, ainsi que plusieurs de ses collègues scientifiques, « chaque dixième de degré compte ». D’autant plus que les mesures d’adaptation ne sont pas une panacée. Au-delà d’un certain réchauffement, il devient plus difficile de s’adapter. Il faut se rappeler aussi qu’un réchauffement de 2 °C constituerait une moyenne à l’échelle de la planète. Dans certaines régions, comme en Europe ou en Amérique du Nord, le réchauffement sera plutôt de 4 °C.

Consultez le site de la conférence Adaptation Futures 2023

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De l’Islande au Québec, où en est le captage du carbone?

Une entreprise québécoise veut devenir un leader dans le captage de CO2, comme la plus grande usine de captage au monde, qui est située en Islande.

Le reportage de Jean-Sébastien Cloutier

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Planète bleue, idées vertes De l’asphalte froid pour lutter contre la chaleur

PHOTO FOURNIE PAR LA VILLE DE PHOENIX

Une rue de Phoenix où de la chaussée dite froide a été appliquée.

Un astucieux projet-pilote de chaussée réfléchissant le soleil permet d’abaisser la température environnante d’une dizaine de degrés. Le mélange d’asphalte à base d’eau utilisé dans ce projet-pilote est appelé à être étendu plus largement dans deux villes caniculaires du sud des États-Unis, Phoenix et Los Angeles.

Publié à 1h59 Mis à jour à 8h00

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Sara Champagne
Sara Champagne La Presse

À Phoenix, ville désertique de l’Arizona, les citoyens ont vécu dans une fournaise, avec des mercures supérieurs à 43 °C durant plus d’un mois au cours de l’été qui vient de se terminer. Des centaines de décès ont été signalés. Avec le réchauffement des dernières années, les élus ont déployé des mesures d’urgence et décidé de se tourner vers la science et les innovations.

L’une des découvertes est venue d’un expert local en couches de scellement de l’asphalte. L’entreprise GuardTop est spécialisée dans l’application de scellant, de remplisseurs de fissures et d’apprêts. Elle a proposé aux élus de la municipalité d’étendre le revêtement « Phoenix Gray », à l’essai, dans un quartier de la ville.

PHOTO FOURNIE PAR LA VILLE DE PHOENIX

Travailleurs à l’œuvre à Phoenix pour appliquer le recouvrement d’asphalte à base d’eau.

Le résultat est très concluant après un an, selon les données rendues publiques par l’administration. Dans un point de presse en juin, la mairesse Kate Galledo a dit à ses citoyens qu’il devient pensable de marcher avec son chien, d’aller au parc et à l’épicerie, ou de se rendre à pied à un arrêt d’autobus grâce aux chaussées plus fraîches.

À la Ville de Phoenix, Heather Murphy, responsable des communications, a affirmé à La Presse que 1,9 million de mètres carrés de Phoenix Gray ont été étendus dans environ 25 quartiers. La Ville souhaite maintenant presque doubler la superficie d’asphalte froid.

Selon les données prises à l’heure du midi et durant l’après-midi, la température de surface des chaussées fraîches était en moyenne inférieure de 10,5 à 12 degrés à celle de l’asphalte traditionnel.

« Pour le moment, on applique le revêtement froid aux rues qui ont besoin d’être colmatées, mais pas entièrement asphaltées de nouveau. La couche de scellement convient mieux aux rues où le trafic routier est moins dense avec de basses vitesses. On espère que les prochaines générations de revêtements frais conviendront aux grandes artères », a-t-elle précisé.

Des recherches à Montréal…

À Montréal, Michel Vaillancourt, professeur et directeur du département de génie de la construction de l’École de technologie supérieure (ETS), consacre une partie de ses travaux de recherche à la conception et à la réhabilitation de chaussée. Il travaille sur un prototype à base de matériaux recyclés comme le verre ou la brique. Pour bien comprendre le phénomène de chaussée fraîche, il dresse un parallèle avec la chaleur émanant d’une voiture garée en plein soleil, équipée de sièges noirs, comparée à une voiture aux sièges beiges.

C’est « l’albédo », résume-t-il.

La couleur pâle a la propriété de réfléchir la lumière solaire, alors que le noir va l’absorber. L’une des techniques utilisées depuis longtemps est justement l’utilisation de surfaces plus réfléchissantes.

Michel Vaillancourt, professeur et directeur du département de génie de la construction, ETS

« On parle ici de mesures d’atténuation de la chaleur par la chaussée, explique-t-il. On peut penser que ce serait utile chez nous dans certains endroits pour contrer les îlots de chaleurs, par exemple les grands stationnements. »

… et d’autres expériences à Los Angeles

Dans le petit quartier défavorisé de Pacoima, à Los Angeles, un revêtement similaire, non toxique, est à l’essai dans un quadrilatère formé d’une dizaine de rues, avec une école primaire, un terrain de basketball et des stationnements. Là aussi, on parle d’une baisse enviable de la température de 10 degrés, selon l’heure du jour. Afin de mesurer les températures, des techniciens ratissent régulièrement le territoire et la communauté voisine de référence avec une voiturette de golf équipée de stations de mesures. Des drones, et même des données par satellite, servent à collecter une panoplie d’informations allant du point de rosée à la pression barométrique, la vitesse du vent, sa direction, etc.

1/3

Le fabricant de toitures GAF est à l’origine du « Cool Community Project ». Des citoyens bénévoles se sont prêtés à l’expérience en peignant des œuvres murales au sol. Dans son rapport d’évaluation du projet-pilote transmis à La Presse, GAF note que les résidants ont rapporté que les semelles de leurs chaussures ne collaient plus autant à la chaussée. Les conducteurs n’étaient pas aveuglés par la chaussée pâle, ajoute-t-on. Le projet est appelé à s’étendre à d’autres rues.

À la fin du mois de septembre, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a annoncé son intention de déminéraliser des secteurs pour créer des « rues éponges » afin de contrer les inondations, de s’adapter aux changements climatiques. À la Ville de Montréal, on indique que l’administration est ouverte à l’utilisation de nouveaux produits en demeurant à l’affût des différentes pratiques sur le marché.

« La Ville analyse les différentes options afin de s’assurer que celles-ci soient efficaces et adaptées à la réalité montréalaise », a précisé le service des communications. Pour l’instant, il n’est pas prévu d’étendre un revêtement frais pour contrer les îlots de chaleur.

En savoir plus

  • Bon à savoir
    Le Phoenix Gray est une sorte d’émulsion d’asphalte à base d’eau adhérant au pavé sous-jacent. Il se compose d’asphalte, d’eau, de composantes minérales, de polymères, de matériaux recyclés et d’un agent savonneux émulsifiant.

Ville de Phoenix

Bon à savoir
L’albédo est une valeur physique qui permet de connaître la quantité de lumière solaire incidente réfléchie par une surface.

Centre national de la recherche scientifique (CNRS)

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Northvolt refuse de dévoiler l’inventaire des espèces menacées par sa future usine


Flickr L’entreprise Northvolt a constaté la présence de la tortue-molle à épines sur le site de sa future méga-usine. Cette espèce très rare au Québec est protégée en vertu de la Loi fédérale sur les espèces en péril.

Alexandre Shields
Pôle environnement
20 octobre 2023
Environnement

L’entreprise Northvolt dit avoir fait un « inventaire complet » des espèces menacées qui se trouvent sur le site de sa future usine et elle confirme la présence d’espèces fauniques en péril. Mais elle a refusé de transmettre au Devoir les rapports qui auraient été rédigés. Même réponse du côté du gouvernement du Québec, qui n’a toujours pas décidé si le projet sera soumis à l’évaluation environnementale habituellement imposée aux projets industriels majeurs.

Le projet d’usine de composants de batteries électriques, financé par les gouvernements du Québec et du Canada, sera construit sur un terrain en friche où se trouvent des zones boisées et des milieux humides abritant des dizaines d’espèces fauniques. Au moins 13 d’entre elles sont inscrites sur la liste fédérale des espèces en péril, selon des données obtenues auprès du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) du Québec.

Dans une réponse écrite aux questions du Devoir, Northvolt dit avoir réalisé son propre « inventaire complet de la faune et de la flore vulnérables ou menacées », en se basant sur les critères du ministère québécois. L’exercice aurait été mené « par des biologistes spécialisés, qui ont passé plus de 500 heures sur le terrain entre juin et septembre ».

Ces travaux auraient permis de répertorier seulement quatre espèces, soit la tortue-molle à épines, la petite chauve-souris brune, le petit blongios et le pioui de l’Est. L’entreprise ajoute qu’elle « travaille » déjà avec Québec « afin de relocaliser, ou recréer et aménager des aires protégées afin d’assurer la viabilité de ces espèces ». Il est cependant « trop tôt pour partager les détails de cette démarche ».

En ce qui a trait aux milieux humides qui se trouvent sur le site, Northvolt affirme que « la majorité » de ceux-ci « sont considérés comme perturbés par des espèces envahissantes et par l’activité humaine ». Il existe 520 000 m2 de milieux humides sur le site, et l’entreprise a déposé une demande d’« intervention » dans ces milieux « pour la préparation du site du projet », indique le MELCCFP.

Il est toutefois impossible de vérifier les informations fournies par Northvolt, puisqu’elle a refusé de transmettre au Devoir les documents produits. « Nous ne partagerons pas ces rapports », a-t-on simplement indiqué par courriel.

Le service des relations avec les médias du MELCCFP a pour sa part refusé de nous indiquer si ces rapports existent, renvoyant notre demande à la « Direction de l’accès à l’information, de la qualité des services et de l’éthique du ministère ». Une telle démarche, qui peut nécessiter plusieurs semaines d’attente, peut déboucher sur un refus ou la transmission de documents caviardés.

Le ministère a toutefois indiqué que « des inventaires complémentaires ont été effectués en 2023 par l’entreprise à la suite d’échanges avec le ministère » et que « le résultat de ces travaux a été inclus dans la demande d’autorisation » déjà déposée par Northvolt pour la tenue de travaux dans des milieux humides.

Un de ces milieux a été classé « milieu humide d’intérêt », précise la Communauté métropolitaine de Montréal, en raison de la présence d’espèces menacées.

Des « échanges » entre Northvolt et Québec

Si le projet d’usine de composants de batteries de voitures était soumis au processus d’évaluation environnementale prévu pour les projets industriels majeurs, Northvolt devrait réaliser une étude d’impact qui détaillerait la richesse de la biodiversité sur le site, mais aussi les répercussions de son projet sur la faune et les moyens à prendre pour les atténuer ou les prévenir.

Cette étude serait rendue publique et ferait l’objet d’une analyse d’experts gouvernementaux, qui pourraient alors déterminer si l’inventaire et l’analyse des risques pour les espèces ont été effectués dans le respect des normes scientifiques en vigueur. Une fois l’étude jugée complète, un examen du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) serait probable.

Or, le gouvernement Legault n’a pas encore décidé si le mégaprojet sera soumis à cette procédure. Le cabinet du ministre québécois de l’Environnement, Benoit Charette, a indiqué cette semaine au Devoir que « les échanges se poursuivent » entre le ministère et la multinationale.

Le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, n’a pas non plus statué sur une implication dans l’évaluation du projet. Le récent jugement de la Cour suprême qui a invalidé en partie la Loi sur l’évaluation d’impact pourrait d’ailleurs avoir une incidence sur la capacité d’intervention du gouvernement canadien.

Mais selon Me David Robitaille, professeur à la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa, il serait possible d’intervenir afin de faire respecter les dispositions de la Loi sur les espèces en péril ou la réglementation fédérale qui protège les oiseaux migrateurs. Au moins 142 espèces d’oiseaux ont été recensées sur le site.

Appels à un examen du BAPE

Plusieurs experts ont réclamé une évaluation environnementale comprenant un examen du BAPE pour ce projet, le plus important investissement manufacturier de l’histoire du Québec. C’est le cas du Centre québécois du droit de l’environnement, qui rappelle que le gouvernement peut, sur recommandation du ministre Charette, assujettir un projet à cet examen.

« Il faut un mécanisme d’évaluation scientifique et indépendant, compte tenu de l’importance que la population accorde à la protection des milieux naturels, mais aussi pour augmenter l’acceptabilité sociale d’un projet comme celui-là », souligne le directeur général de la Société pour la nature et les parcs du Canada, section Québec, Alain Branchaud.

Le biologiste ajoute que la présence documentée par Northvolt de la tortue-molle à épines est l’un des éléments importants à considérer en raison de la rareté des habitats propices à cette espèce au Québec.

Nature Québec plaide aussi pour la transparence. « On ne peut pas créer des batteries pour lutter contre la crise climatique en aggravant la crise de la biodiversité. En soumettant le projet Northvolt au BAPE, la population et les spécialistes pourraient proposer des solutions au gouvernement pour diminuer les impacts », fait valoir sa directrice générale, Alice-Anne Simard.

Même si des citoyens de la région ont manifesté leurs inquiétudes depuis l’annonce du projet, en septembre, le maire de McMasterville, Martin Dulac, se veut rassurant. Selon lui, l’arrivée de la méga-usine ne causera pas de « nuisances ». Il promet d’être « à l’écoute » afin de préserver la qualité de vie de la population. Une étude d’impact du projet obligerait le promoteur à évaluer les conséquences sur le plan social pour la région.

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Gaz à effet de serre à Montréal Un rebond des émissions qui sème l’inquiétude

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

La raffinerie de Suncor, à Montréal-Est

La hausse des émissions de gaz à effet de serre (GES) de l’île de Montréal a repris en 2021 et devrait se poursuivre en 2022, malgré les mesures pour les freiner, démontre le plus récent inventaire de la métropole, qui évoque l’importance de la sobriété pour inverser la tendance.

Publié à 2h41 Mis à jour à 5h00

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Jean-Thomas Léveillé
Jean-Thomas Léveillé La Presse

Ce qu’il faut savoir

Les émissions de gaz à effet de serre (GES) de l’île de Montréal ont augmenté de 6,7 % en 2021 par rapport à 2020, reprenant leur hausse interrompue par la pandémie de COVID-19.

La moitié des émissions provenait du secteur des « sources fixes » que sont les bâtiments résidentiels, commerciaux, institutionnels et industriels.

Montréal s’est donné l’objectif de réduire ses émissions de GES de 55 % d’ici 2030 par rapport à leur niveau de 1990.

La collectivité montréalaise a généré 10,3 millions de tonnes d’équivalent dioxyde de carbone (Mt éq. CO2) durant la deuxième année de la pandémie de COVID-19, en hausse par rapport aux 9,7 Mt éq. CO2 de l’année 2020.

Lisez l’article « Les émissions de GES de Montréal en hausse »

Même si les émissions de 2021 demeurent sous le niveau prépandémique de 2019, année durant laquelle Montréal avait émis 12,1 Mt éq. CO2 de GES, l’« inventaire montre que la tendance n’est pas à la réduction, mais à l’augmentation, en dépit des actions posées », s’inquiète le document publié durant l’été, mais passé inaperçu.

INFOGRAPHIE LA PRESSE / SOURCE : BUREAU DE LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE ET DE LA RÉSILIENCE DE LA VILLE DE MONTRÉAL

Émissions de GES de la collectivité montréalaise de 1990 à 2021

La moitié (49,8 %) des émissions de 2021 provenait du secteur des « sources fixes » que sont les bâtiments résidentiels, commerciaux, institutionnels et industriels.

Le secteur des transports arrive deuxième, avec 38,7 % des émissions, en hausse de 16 % par rapport à l’année précédente, une situation que l’inventaire attribue à « la levée des confinements et la reprise partielle de l’activité économique ».

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

La part du secteur des transports dans les émissions de gaz à effet de serre est en hausse.

Les quelque 10 % de GES restants sont essentiellement attribuables à l’enfouissement des matières résiduelles et à l’« utilisation de produits ».

Les émissions de GES de l’île de Montréal suivent ainsi la même tendance que celles du Canada, dont l’inventaire publié le printemps dernier montrait aussi un rebond des émissions en 2021 – l’inventaire québécois, lui, sera publié en décembre prochain.

Lisez l’article « Les émissions du Canada repartent à la hausse »

Encore un tiers à soustraire

Montréal s’est donné l’objectif de réduire ses émissions de GES de 55 % d’ici 2030 par rapport à leur niveau de 1990 ; il reste donc 3,5 millions de tonnes à éliminer en six ans, soit un peu plus du tiers des émissions de l’année 2021.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

La moitié des émissions de 2021 provenait du secteur des « sources fixes » que sont notamment les bâtiments institutionnels.

L’objectif est-il atteignable ? Le directeur du Bureau de la transition écologique et de la résilience de la Ville de Montréal, Sidney Ribaux, prend une longue inspiration avant de répondre : « Je pense que oui. »

Le plan climat de la Ville de Montréal annoncé à la fin de 2020 contient des « actions structurantes » dont les effets se feront sentir dans quelques années, indique M. Ribaux, citant notamment la décarbonation des bâtiments et l’amélioration de leur efficacité énergétique.

On s’entend qu’il n’y a pas d’impact du plan climat 2020 sur les émissions de 2021. […] On vit avec des choix qu’on n’a pas faits il y a 20 ou 30 ans.

Sidney Ribaux, directeur du Bureau de la transition écologique et de la résilience de la Ville de Montréal

Montréal est au contraire « sur la voie de rater son objectif », croit le responsable de la campagne Climat-Énergie de Greenpeace Canada, Patrick Bonin, estimant nécessaire « un changement drastique dans l’approche » de la Ville par l’ajout de nouvelles mesures et le renforcement de celles prévues.

L’inventaire de la Ville appelle lui aussi à « inverser la tendance en accélérant la mise en œuvre des engagements du Plan Climat ».

Mais une partie de la solution doit venir de Québec, qui détient « l’argent, les champs de compétence et les capacités d’action au niveau des transports et de l’industrie », affirme Patrick Bonin, accusant notamment le gouvernement Legault de « saigner les sociétés de transport en refusant de combler leurs déficits ».

Lisez l’article « Transports en commun : Québec prévoit éponger 20 % du déficit »

Il faut « des efforts combinés de toutes les parties prenantes », indique prudemment la responsable de la transition écologique et de l’environnement au comité exécutif de la Ville de Montréal et mairesse de l’arrondissement de Verdun, Marie-Andrée Mauger.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Circulation automobile rue Notre-Dame, à Montréal

« Le contexte est difficile pour tout le monde », mais tout n’est pas négatif, dit-elle, citant l’entrée en service récente du Réseau express métropolitain (REM), son expansion prochaine et le prolongement de la ligne bleue du métro de Montréal, qui aideront à réduire les émissions de la métropole et à atteindre sa cible « hyper ambitieuse ».

Nécessaire sobriété

Montréal devrait aussi miser sur la sobriété énergétique, qui « apporte immédiatement d’importantes réductions de GES avec très peu d’investissements matériels et financiers », souligne l’inventaire de la Ville.

Il faut distinguer la sobriété du confort, précise Sidney Ribaux.

Ça ne veut pas dire que tu vas avoir froid chez vous, ça veut juste dire que tu ne vas pas chauffer un étage pendant que tu n’y es pas.

Sidney Ribaux, directeur du Bureau de la transition écologique et de la résilience de la Ville de Montréal

En matière de transports, la sobriété se traduit par la réduction de la taille des véhicules et de leur nombre, comme l’évoquait récemment le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, rappelle M. Ribaux.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

L’usine de Sucre Lantic, à Montréal

« Ça, c’est le genre de mesures qu’on peut accélérer », indique Andréanne Brazeau, analyste des politiques climatiques chez Équiterre, rappelant que cela nécessite toutefois que les gouvernements adoptent les incitatifs réglementaires requis.

« Plus tôt les mesures seront mises en œuvre, dit-elle, plus tôt on verra leur contribution à l’atteinte de la cible. »

Secret autour des émissions de la ville de Québec

L’inventaire des émissions de GES de la capitale est conservé à l’abri des regards, n’étant pas public à l’heure actuelle, a indiqué un porte-parole de la Ville de Québec, qui a invité La Presse à recourir à la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels pour l’obtenir. Notre demande était restée lettre morte au moment d’écrire ces lignes. Le Plan de transition et d’action climatique 2021-2025 de la Ville de Québec mentionne toutefois que les émissions globales de la capitale étaient de 4,1 millions de tonnes d’équivalent dioxyde de carbone en 2017, soit 7,2 tonnes par habitant. La Ville de Québec ambitionne d’abaisser ses émissions à 3,7 tonnes par habitant en 2030. D’autres villes du Québec dressent aussi l’inventaire des émissions de gaz à effet de serre sur leur territoire, à intervalles irréguliers, et les rendent publics. Elles étaient de 1,2 Mt éq. CO2 à Longueuil en 2019, de 2,0 Mt éq. CO2 à Laval en 2018 et de 1,7 Mt éq. CO2 à Gatineau en 2015, selon les plus récents inventaires disponibles.

En savoir plus

    • 6,7 %
      Augmentation des émissions de gaz à effet de serre de l’île de Montréal de 2020 à 2021

source : Ville de Montréal

  • 32 %
    Baisse des émissions de gaz à effet de serre de l’île de Montréal en 2021 par rapport à 1990 ; la métropole vise une réduction de 55 % d’ici 2030.

source : Ville de Montréal

Une rue de Victoriaville asphaltée avec du plastique recyclé gaspésien

De la machinerie sur une route fraîchement pavée.

Un tronçon de la rue Boivin à Victoriaville a été pavé lundi.

Photo : Gracieuseté: Régie intermunicipale de traitement des matières résiduelles de la Gaspésie

Publié hier à 6 h 00 HAE

Une parcelle de la rue Boivin à Victoriaville a été pavée avec de l’asphalte dans lequel du plastique souple post-consommation a été intégré. Après plusieurs années d’élaboration, le projet de revalorisation du plastique recyclé par la Régie intermunicipale de traitement des matières résiduelles de la Gaspésie (RITMRG) s’est enfin matérialisé.

Depuis 2020, la RITMRG planche sur la fabrication d’un enrobé bitumineux dans lequel du plastique souple post-consommation pourrait y être intégré.

L’intégration de ces granules de plastique recyclé remplace une composante de polymère présente dans le bitume utilisé dans la préparation de l’asphalte.

De l’asphalte, il y en a un peu partout dans notre environnement et notre idée c’est de récupérer le plastique le plus localement possible. Et aussi pour un bitumier, ça devient intéressant d’avoir cette source-là peut-être moins dispendieuse et plus locale, fait valoir Nathalie Drapeau, directrice générale de la RITMRG.

On voulait tester techniquement, sur le terrain, le mélange fait à partir de nos flocons de plastique avec la recette élaborée par l’entrepreneur Sintra, qui a collaboré au projet, explique la directrice générale. Mais aussi sa manipulation, la préparation de la recette et son application, ajoute-t-elle.

Cette première petite planche d’essai était vitale avant de passer à la grandeur nature.

Une citation de Nathalie Drapeau, directrice générale de la RITMRG

Nathalie Drapeau, directrice générale du Centre de tri de Grande-Rivière

La directrice de la Régie intermunicipale de traitement des matières résiduelles de la Gaspésie, Natalie Drapeau (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada

Selon la directrice générale, plus de 200 kg de plastique ont été revalorisés dans 20 tonnes de bitume lors de ce premier essai. Ces quantités se traduisent entre 10 et 20 mètres de route asphaltée.

Paramètres à surveiller

Sous la supervision de l’École de technologie supérieure (ETS), plusieurs éléments seront surveillés dans le cadre de ce projet pilote victoriavillois.

Un morceau d'asphalte dans une main.

L’idée est de transformer le plastique souple en petits flocons pour le réintégrer dans de l’asphalte ou dans la fabrication de mobilier urbain, par exemple.

Photo : Gracieuseté: Régie intermunicipale de traitement des matières résiduelles de la Gaspésie

On va surveiller le vieillissement, l’orniérage, c’est-à-dire les creux qui se forment par les roues qui passent au même endroit, mais aussi le relargage de microplastique, explique Mme Drapeau. Jusqu’à présent, les tests en laboratoire sont plus que positifs et ils sont intéressants. Cette planche d’essai, où il passe de vrais véhicules, va nous permettre de faire un suivi plus visuel au cours des prochains mois.

On veut vérifier en fait si ce n’était pas une fausse bonne idée et que le projet respecte les règles.

Une citation de Nathalie Drapeau, directrice générale de la RITMRG

Une rue de Victoriaville asphaltée avec du plastique recyclé gaspésien.ÉMISSION ICI PREMIÈRE.Bon pied, bonne heure!.

Une rue de Victoriaville asphaltée avec du plastique recyclé gaspésien

ÉMISSION ICI PREMIÈREBon pied, bonne heure!

Durée de 13 minutes 29 secondes13:29

Bon pied bonne heure, émission ICI Première

Des opérations en Gaspésie bientôt

Les granules de plastique pour ce premier essai n’ont cependant pas été récupérées et transformées dans la région. Le bâtiment qui abritera le module de transformation du plastique au centre de tri de Grande-Rivière n’est pas encore opérationnel.

Le bâtiment est en construction et pratiquement terminé, la chaîne d’équipement est en fabrication et devrait être implantée dès cet automne, indique Nathalie Drapeau. L’idée serait de commencer la production de flocons, si tout va bien, en décembre ou au début du mois de janvier.

La RITMRG possède déjà un bon inventaire de sacs de plastique qui assurera une bonne production de granules.

Une grande boîte en carton remplie de copeaux de plastique.

Cette valorisation permettrait de détourner 300 tonnes de plastique seulement en Gaspésie.

Photo : Gracieuseté: Régie intermunicipale de traitement des matières résiduelles de la Gaspésie

La Régie souhaite commencer une production locale pour mettre en œuvre le projet de la Ville de Percé, qui compte utiliser ce revêtement sur la future rue commerciale qui mènera à l’édifice du Géoparc. Ce projet devrait se réaliser en 2024, croit Mme Drapeau.

Le module de transformation du plastique devrait être en exploitation dès novembre prochain.

D’après les informations de Barbara Secours

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Pluies torrentielles de juillet Un déluge de pertes dans les champs

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Comme la majorité de ses collègues, le producteur agricole Philippe Le Guerrier a enregistré de lourdes pertes à la suite des pluies torrentielles de l’été dernier.

Les pluies torrentielles du mois de juillet auraient endommagé près de 60 % des superficies maraîchères du Québec, révèle un sondage mené par l’Union des producteurs agricoles (UPA), que La Presse a obtenu. Les champs ravagés par ces averses historiques ont enregistré 42 % de pertes. Du jamais-vu, rapportent plusieurs associations d’agriculteurs.

Publié à 1h42 Mis à jour à 5h00

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Daphné Cameron
Daphné Cameron La Presse

« C’est sûr que c’est historique », résume Catherine Lefebvre, présidente de l’Association des maraîchers du Québec. « Ça prend une aide d’urgence », a-t-elle ajouté.

Les résultats du sondage seront rendus publics ce lundi. Légumes de champ, pommes de terre, légumes de transformation, fraises et framboises : plusieurs associations d’agriculteurs demandent une intervention du ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, André Lamontagne.

« Il y a eu des comités mis en place, mais là, présentement, on a l’impression que ça stagne alors que ça crie dans les champs », déplore Mme Lefebvre.

Comment va le moral des producteurs ? « Dans les talons », répond-elle tout de go.

5000 hectares perdus

Le coup de sonde de l’UPA – le syndicat des agriculteurs du Québec – a été mené entre le 8 septembre et le 10 octobre. Environ 1500 membres ont reçu le sondage et 280 d’entre eux ont décidé d’y répondre.

L’UPA considère que la « représentativité » de l’échantillon est « élevée » car il représente 50 % du chiffre d’affaires du secteur maraîcher au Québec et plus de 30 % de celui des pommes de terre et des fraises et framboises. En d’autres termes, ce sont surtout de gros producteurs qui ont répondu au questionnaire.

Mises ensemble, les superficies détenues par les producteurs sondés totalisent 20 253 hectares (ha). Les pertes totales sont estimées à 5001 ha.

Et quant aux légumes qui ont pu être cueillis, certains sont de plus petit calibre ou se conserveront moins longtemps une fois entreposés.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Les fortes pluies peuvent avoir une incidence sur la grosseur des légumes.

Les dommages sont particulièrement élevés dans les productions de légumes racines : 64 % des superficies ont été affectées par l’excès d’eau. Sur les superficies affectées, les pertes au champ sont estimées à 46 %.

Du côté des pommes de terre, 50 % des superficies ont été affectées par l’excès d’eau, pour 35 % de pertes.

« J’ai 51 ans et c’est la première fois que je ne fais pas d’irrigation ! », s’exclame Francis Desrochers, président des Producteurs de pommes de terre du Québec.

Autre exemple, les pois verts : 88 % des superficies ont été affectées par l’eau, pour 48 % de pertes.

« Ça fait une trentaine d’années que je suis producteur et une année comme cette année, je n’ai jamais vu ça », confirme le président des Producteurs de légumes de transformation du Québec, Pascal Forest.

Avec toutes les municipalités durant l’été qui ont eu des déluges, des ponceaux et des bouts de route arrachés : ça, le gouvernement reconnaît ça. Il débloque des fonds. Il règle ça. Tandis que nous autres, pour l’agricole, on dirait qu’ils sont habitués qu’on s’arrange avec nos troubles et ils font comme s’il ne s’était rien passé.

Pascal Forest, président des Producteurs de légumes de transformation du Québec

« Et ça, c’est très, très, très ordinaire comme non-considération », a ajouté M. Forest.

Du côté des fraises et framboises, 73 % des superficies ont été affectées par l’excès d’eau, pour 44 % de pertes.

PHOTO FOURNIE PAR L’ASSOCIATION DES PRODUCTEURS DE FRAISES ET DE FRAMBOISES DU QUÉBEC

Les récoltes de fraises et de framboises ont été grandement affectées par l’excès d’eau.

« Ce sont des pertes très importantes. Moi, ça fait 48 ans que je suis en production et en mise en marché, et je n’ai jamais vu une météo comme ça », explique Michel Sauriol, président de l’Association des producteurs de fraises et de framboises du Québec.

« Ce que je vois présentement, c’est de la détresse importante du côté des producteurs. Pourquoi ? Parce que le gouvernement ne bouge pas. Il se rabat toujours sur la même chose, les programmes en place, quand c’est clair que ça ne fait pas la job. »

Record de pluie, torrent de réclamations

Le Québec a connu son mois de juillet le plus pluvieux l’été dernier. Selon Environnement Canada, il est tombé 212 mm de pluie à Montréal en juillet, fracassant le record de 183 mm de juillet 1980.

À Québec, 265 mm de précipitations se sont déversés en juillet, alors que le record précédent datait de 1992, avec une chute de 256 mm de pluie. Ces deux stations enregistrent des données depuis le début des années 1940.

Près de 40 % des répondants au sondage étaient situés en Montérégie et 17 %, dans Lanaudière.

En date du 27 octobre, 7064 avis de dommages ont été enregistrés auprès de La Financière agricole du Québec – l’assureur des agriculteurs – comparativement à 3813 l’an dernier. (À noter, ces chiffres comprennent aussi les avis de dommages pour d’autres types de culture comme les céréales, les grains et le sirop d’érable.)

« La Financière agricole nous a dit que c’était 100 % des producteurs et productrices assurés qui avaient ouvert un avis de dommages », explique Mme Lefebvre.

100 % des producteurs qui sont en avis de dommages, moi, ce que ça me dit, c’est que c’est l’entièreté du territoire du Québec qui a été affecté par les conditions climatiques de cet été.

Catherine Lefebvre, présidente de l’Association des maraîchers du Québec

Pour tous, un constat s’impose avec l’avènement des changements climatiques : il est temps de réformer les programmes d’assurance récolte, qui ne sont plus adaptés aux épisodes de météo extrême de plus en plus fréquents. À preuve, à peine 50 % des producteurs maraîchers et environ 30 % des producteurs de fraises et de framboises choissent de s’assurer, illustre Mme Lefebre. Les critères pour être dédommagés seraient trop restreints, soutient-elle.

« Si tu es rendu que tu as une majorité de fermes qui ne sont pas assurées, c’est indicatif qu’il y a quelque chose qui ne marche pas », souligne Patrice Léger Bourgoin, directeur général de l’Association des producteurs maraîchers du Québec. « Qu’est-ce que ça donne d’avoir des cibles d’autonomie alimentaire au Québec si, derrière ces cibles-là, il n’y a pas de structure, il n’y a pas de plan de match pour les avaries ? », se demande-t-il.

« Il doit y avoir un réveil qui se fait avec les changements climatiques, ajoute-t-il. Il faut être capable de s’adapter à cette nouvelle réalité-là qui va devenir la norme. Et tu ne peux pas le faire avec des programmes qui ont été mis en place il y a 30 ans. »

Témoignage d’un producteur

Philippe Le Guerrier est producteur à Blainville. « On a toujours été à la merci de Dame Nature, j’en ai vu, des affaires extrêmes, mais pas aussi extrêmes que cet été », souligne celui qui a dû abandonner un champ de betteraves à maturité et enregistrer de lourdes pertes dans un champ de carottes.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Le producteur agricole Philippe Le Guerrier

« J’ai eu un moment où il y a eu 60 mm en une heure, raconte Philippe Le Guerrier. Ça n’a aucun bon sens de se dire [qu’]on va produire en ayant des orages aussi forts. Moi, je n’ai jamais vu ça. »

Agriculteur de 5e génération, sa famille produit sur la même terre depuis 167 ans. « Face aux changements climatiques, s’il n’y a personne qui se fait aider en agriculture, moi, je crois qu’il n’y en aura juste plus. »

Dimanche soir, le cabinet du ministre Lamontagne a indiqué qu’il convoquait les associations agricoles à une rencontre avec La Financière agricole le 8 novembre.

En savoir plus

  • 45 %
    Proportion de répondants qui craignent de manquer de liquidités pour terminer l’année à cause de l’excès d’eau

Source : Sondage de l’UPA

150 millions
Baisse anticipée des ventes en raison de l’excès d’eau dans les champs, ce qui représente une diminution de 32 % du chiffre d’affaires des répondants

Source : Sondage de l’UPA

  • 60 %
    Proportion des répondants touchés par d’autres caprices de Dame Nature, comme le gel historique du mois de mai ou des épisodes de grêle

Source : Sondage de l’UPA

56 %
Proportion des producteurs sondés qui anticipent des pertes à l’entreposage supérieures à celles d’une année normale

Source : Sondage de l’UPA

Les projets à risque environnemental sont moins inspectés qu’avant

Benoit Charette.

Benoit Charette, ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Publié à 4 h 00 HAE

Les inspecteurs du ministère de l’Environnement du Québec vont de moins en moins souvent sur le terrain pour constater les cas de pollution ou pour recenser des manquements. Le gouvernement Legault affirme que cela est imputable à la pandémie.

Il y a trois ans, le ministère a laissé les projets jugés à faible risque environnemental aller de l’avant sans obtenir d’autorisation ministérielle; une simple déclaration de conformité (Nouvelle fenêtre) du promoteur suffisait. Le ministre Benoit Charette affirmait que cette réforme allait permettre à ses équipes de se concentrer sur les projets à risque plus élevé.

Toutefois, ce n’est pas ce qui s’est passé : le nombre d’inspections de ces projets plus risqués diminue année après année, révèlent les données obtenues par Radio-Canada.

L’an dernier, le ministère a délivré 2302 autorisations ou permis à des projets qui risquent de nuire à l’environnement. Sur ce nombre, il y a eu 817 inspections, dont 494 sur le terrain. C’est donc dire que les inspecteurs du ministère sont allés constater la conformité des projets sur place dans moins du quart des dossiers pourtant jugés à risque moyen ou élevé.

Les données dévoilées grâce à la Loi sur l’accès aux documents démontrent que le nombre de ces inspections diminue continuellement depuis la réforme de 2020.

Le ministre Benoit Charette avait pourtant promis (Nouvelle fenêtre) que la réforme allait permettre une attention plus importante pour les enjeux [sic] plus conséquents sur le plan de l’environnement.

Les directions régionales et le ministère auront dorénavant plus de temps pour se concentrer sur les projets qui ont une réelle incidence environnementale.

Une citation de Benoit Charette, ministre de l’Environnement du Québec, en entrevue avec le journal « Le Soleil » en février 2020

Il y a une incongruité dans le discours du ministre, selon le président du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ), Christian Daigle, qui représente les quelque 300 inspecteurs qui travaillent pour le ministère de l’Environnement. Selon lui, on devrait faire une inspection pour chacun de ces 2300 dossiers.

C’est complètement aberrant. […] On délivre des permis de polluer. Le ministère doit être le chien de garde.

Une citation de Christian Daigle, président du SFPQ

Christian Daigle.

Christian Daigle, président du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec

Photo : Radio-Canada

Le cabinet du ministre Benoit Charette confirme qu’une diminution a été observée et l’attribue notamment aux limitations lors des interventions que les restrictions de la pandémie ont apportées.

L’année 2023 est toujours en cours et nous attendrons les résultats avant de tirer des conclusions.

Une citation de Le cabinet du ministre québécois de l’Environnement, Benoit Charette

De son côté, le ministère assure que le nombre d’inspections de conformité réalisé annuellement est important et note que ces inspections ont mené à la notification de 167 avis de non-conformité et à l’imposition de 15 sanctions administratives pécuniaires.

Le ministère définit une inspection de conformité comme la première vérification complète du respect des engagements, conditions, restrictions et interdictions d’une autorisation environnementale. Cependant, il rappelle que d’autres inspections peuvent survenir tout au long de la vie d’un projet (par exemple à la suite d’une plainte ou lors d’un contrôle) et que ces inspections donnent lieu à la vérification partielle ou complète du respect de l’autorisation.

Nous avons donc analysé l’ensemble des inspections de tous les types pour constater que, là encore, il y a une baisse de la présence des inspecteurs sur le terrain.

Le nombre d’inspections sur le terrain a diminué de 27 % depuis l’arrivée au pouvoir de la CAQ, tandis que celles réalisées à partir des bureaux ont augmenté de 35 %.

Avant 2018, les « inspections » hors site n’étaient pas considérées comme des inspections

Depuis l’année de l’arrivée au pouvoir de la CAQ, le ministère inclut sous l’appellation inspection toute vérification faite à distance (hors site) par un inspecteur, par exemple au téléphone ou par ordinateur. Cette méthode de calcul est dénoncée par des inspecteurs et par leur syndicat.

Avant 2018, le ministère n’appelait pas cela des inspections hors site mais des vérifications autres qu’inspections.

Dans une lettre adressée au SFPQ en 2020 dont nous avons obtenu copie, un sous-ministre adjoint assure que les inspections de conformité resteront au cœur des préoccupations du ministère malgré la réforme.

Il se dit aussi convaincu que le nombre de ressources dans chacune des directions régionales permet d’assurer la surveillance et le contrôle appropriés du respect de la législation environnementale.

En analysant toutes les inspections de conformité, quel que soit le niveau de risque (faible, moyen ou élevé), on constate que leur nombre sur le terrain est en chute libre depuis les dernières années.

L’an dernier, les promoteurs ont envoyé 2117 attestations de conformité au ministère pour mettre en branle des projets jugés à faible risque environnemental. De ce nombre, il y a eu 710 contrôles de conformité, dont seulement 102 sur le terrain.

Le ministère assure qu’une faible proportion des déclarations des promoteurs se révèlent non conformes. L’an dernier, la conformité a atteint les 95,5 %.

Il y a déjà eu un cas médiatisé qui montre que les déclarations de conformité ont leurs limites. Par exemple, le chantier du boulevard Béliveau, à Longueuil, a été autorisé par Québec grâce à une simple déclaration de conformité de la Ville alors qu’il menaçait des rainettes faux-grillons, une espèce protégée. Le gouvernement fédéral avait dû émettre un décret d’urgence pour stopper les travaux.

Des travaux à Longueuil.

Des travaux sur le boulevard Béliveau à Longueuil en 2021

Photo : Radio-Canada

En 2019, Radio-Canada avait révélé que les inspecteurs avaient commencé à réaliser plus d’« inspections hors site » que d’inspections sur le terrain. Le phénomène s’est accéléré puisque, l’an dernier, deux fois plus d’inspections ont été réalisées hors site (19 298) par rapport au terrain (10 167).

Avant, j’étais sur la route deux ou trois fois par semaine, alors que là, je sors une à deux fois par mois, avait par exemple raconté un inspecteur.

Le ministère de l’Environnement affirme qu’il y a 318 inspecteurs dans ses rangs, une hausse par rapport à 269 il y a cinq ans. Toutefois, le syndicat affirme plutôt que seulement 272 inspecteurs reçu une paie en date du 20 septembre 2023, en excluant les absences à cause de problèmes de santé, les congés parentaux et les départs à la retraite non remplacés, alors qu’ils étaient 278 cinq ans plus tôt.

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Changements climatiques Les producteurs se tournent de plus en plus vers des cultures moins à risque

MRC Les Moulins Direction la COP28 pour Enviro Connexions

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Enviro Connexions a recours depuis plusieurs années à un système de captage de biogaz sur son site d’enfouissement.

À la recherche de nouvelles idées, mais aussi de nouveaux partenaires, l’entreprise de gestion de matières résiduelles Enviro Connexions se rendra le mois prochain à la COP28, la conférence des Nations unies sur le climat, à Dubaï. Elle fera partie de la délégation du Québec.

Mis à jour le 2 novembre

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Simon Lord Collaboration spéciale

L’entreprise de Terrebonne, qui gère notamment le seul site d’enfouissement du territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal, aimerait mieux valoriser ses rejets riches en soufre et en carbone. Elle aimerait également à terme atteindre la carboneutralité.

« C’est une ambition sérieuse pour nous, alors on s’en va à la COP28 avec l’intention de chercher des partenaires et des idées potentielles pour nous aider à y arriver », explique Anne-Marie Hallé, directrice des affaires publiques pour la division Québec d’Enviro Connexions.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Anne-Marie Hallé

Les partenaires pourraient être des entreprises du Québec, d’ailleurs en Amérique du Nord, ou même de l’international, précise-t-elle, alors que les solutions qui suscitent son intérêt sont celles de nature technologique.

L’entreprise, qui fait déjà appel à diverses technologies pour verdir ses activités, a par exemple recours depuis plusieurs années à un système de captage de biogaz sur son site d’enfouissement. Celui-ci permet de capter les gaz qui sont relâchés par les matières putrescibles enfouies pour les transformer ensuite presque entièrement en gaz naturel.

Avec notre système de captage, on attrape plus de 95 % des biogaz émis sur notre site d’enfouissement, ce qui nous a permis de réduire de 88 % nos émissions de GES depuis 2014.

Anne-Marie Hallé, directrice des affaires publiques, division Québec, Enviro Connexions

Au-delà de son site d’enfouissement, Enviro Connexions exploite aussi, à Terrebonne, des installations de compostage des résidus verts et organiques.

L’entreprise y traite environ 50 000 tonnes de résidus verts par année, ce qui peut inclure, par exemple, des branches, des feuilles et du gazon. Un peu tout ce que les citoyens déposent au bord du chemin, à l’automne et au printemps, dans des sacs en papier brun.

« On tamise le tout, à la fin du processus, et le compost qui en résulte est d’excellente qualité, dit Anne-Marie Hallé. On redistribue ensuite celui-ci aux municipalités pour que leurs citoyens, par exemple, ou encore des agriculteurs, en fassent bon usage. »

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Installations d’Enviro Connexions, à Terrebonne

Quant aux résidus organiques, qui proviennent des bacs bruns, l’entreprise en traite environ 20 000 tonnes par année.

« On reçoit ces résidus de Mascouche et de Terrebonne, et on les transforme ensuite en compost en plus d’en capter les gaz », dit Anne-Marie Hallé. Elle explique que l’entreprise a développé un bioréacteur anaérobie-aérobie séquentiel (BAAS), qui permet de biométhaniser, soit de produire du biométhane, à partir de ces matières organiques.

Mis au point par l’ingénieur Jean-Marc Viau, qui a été directeur général de l’entreprise pendant plusieurs années, le bioréacteur a coûté 1 million de dollars à développer, raconte Anne-Marie Hallé. « À ma connaissance, nous sommes les seuls à en avoir un au Québec dans notre industrie. Nous sommes encore en phase d’optimisation, mais cette innovation nous permet d’offrir un service vert aux municipalités à des coûts raisonnables. »

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