Environnement et transition écologique

Le liquide plus efficace que l’air pour refroidir les centres de données

Illustration d'un centre de données.

Les centres de données consomment beaucoup d’électricité pour refroidir leurs équipements.

Photo : getty images/istockphoto / gorodenkoff

Publié à 5 h 57 HNE

EN MODE SOLUTIONS - Le liquide est en voie de remplacer les systèmes de climatisation à l’air qui refroidissent les immenses parcs d’équipements informatiques des centres de données. À Lévis, le géant QScale, qui a lancé ses opérations au cours de l’été, propose ces solutions à ses clients. Bientôt, elle espère aussi revaloriser la chaleur générée par les ordinateurs qu’elle héberge.

On a peine à imaginer la puissance des ordinateurs qui, partout sur la planète, stockent nos données et réalisent des calculs très complexes. Notre gourmandise numérique nécessite de grandes quantités d’électricité.

Une série d'ordinateurs dans une salle de serveurs.

Les ordinateurs des centres de données génèrent beaucoup de chaleur.

Photo : iStock / panumas nikomkai

Le spécialiste de l’Université de Sherbrooke en transfert de chaleur et de refroidissement informatique, Omidreza Ghaffari, rappelle que l’Agence internationale de l’énergie évaluait à 1,3 % la demande mondiale en électricité pour les centres de données en 2022, soit l’équivalent de la consommation de l’Allemagne. En 2030, la demande pourrait grimper de 5 à 8 %.

Passer de l’air au liquide

Les centres de données génèrent beaucoup de chaleur. Présentement, 35 % à 45 % de la consommation énergétique totale d’une installation type servent à refroidir l’équipement. L’industrie du stockage et du traitement des données mise sur le remplacement de l’air par le liquide pour améliorer son bilan énergétique.

Présentement 95 %, 98 % pour cent des ordinateurs de la planète sont refroidis à l’air. Ça fonctionnait à une certaine époque […] les ordinateurs sont de plus en plus énergivores et il faut devenir de plus en plus efficace […] On commence à être dans la nouvelle ère du refroidissement liquide.

Une citation de Martin Bouchard, Président et cofondateur QScale

Le liquide est physiquement plus efficace, nous rappelle le professionnel de recherche de l’Université de Sherbrooke Omidreza Ghaffari. Le liquide a une capacité thermique massique plus élevée que l’air, ce qui permet de déplacer plus facilement la chaleur.

Un édifice.

La première phase du centre de données QScale à Lévis est en service depuis l’été 2023.

Photo : Radio-Canada / Claude Bernatchez

C’est le choix qu’a fait l’entreprise QScale, à Lévis. On y construit le plus grand centre de traitements de données du Québec et l’un des cinq plus importants de la planète, au dire de son président et cofondateur Martin Bouchard. On héberge des ordinateurs qui travaillent à découvrir des médicaments, des remèdes contre le cancer. […] Donc tout ce qui est la recherche scientifique qui demande beaucoup de calculs.

La puissance énergétique de QScale :

  • C’est l’équivalent d’une sous-station électrique de plus de 250 mégawatts de puissance disponible.
  • 50 000 à 100 000 ordinateurs pourraient être alimentés dans une superficie industrielle de grande envergure.
  • Comparable à une municipalité comme Drummondville en termes de capacité résidentielle.

Source : Matm Bouchard, président et cofondateur QScale

Radiateurs, plaques et immersion

Trois méthodes de refroidissement au liquide sont utilisées selon le type d’équipement et leur puissance. Une des façons, c’est via des portes**,** nous explique Martin Bouchard. Un peu comme de grands radiateurs qui vont capter la chaleur des ordinateurs dans l’air et qui vont la refroidir.

Des ordinateurs dans un centre de données.

Le supercalculateur Narval de Calcul Québec

Photo : Stéphane Brügger

Le refroidissement direct, lui, fait circuler le liquide sur des plaques qui récupèrent la chaleur des processeurs ou des composantes à haute puissance.

Des tuyaux de liquide circulent parmi les cartes et les puces d'un ordinateur.

Un ordinateur refroidi à l’aide de la circulation d’un liquide.

Photo : Getty Images / Chiradech

Finalement, le refroidissement par immersion.

De l'équipement informatique dans un liquide.

Les équipements informatiques sont refroidis par immersion dans une huile synthétique.

Photo : Radio-Canada

On met les ordinateurs dans des bassins, des aquariums avec un type d’huile synthétique qui ne conduit pas l’électricité […] comme s’ils étaient dans un bain de glace. Et ça, c’est extrêmement efficace.

On est en mesure de récupérer presque la totalité de l’énergie autour de 97 % . […] Donc c’est comme si l’électron servait deux fois d’une certaine façon à 97 % d’efficacité.

Une citation de Martin Bouchard Président et cofondateur QScale

Les économies

Les gains réalisés grâce à des systèmes de refroidissement liquide varient selon que le centre de données soit installé dans un climat chaud ou plus froid comme au Québec. La climatisation requise ne sera pas la même. La recherche tend à démontrer que les économies d’énergie sont de l’ordre de 10 % à 15 %, explique Omidreza Ghaffari de l’Université de Sherbrooke. Il rappelle que la valeur de la chaleur récupérée sera plus importante si elle peut être revalorisée en plein hiver pour chauffer une serre ou un écoquartier.

Un ensemble de tuyaux dans une grande salle.

Le système de refroidissement par liquide de QScale à Lévis

Photo : Radio-Canada / Bruno Boutin

Martin Bouchard de QScale espère que le projet de serre de son entreprise enverra un message fort que l’énergie nécessaire au fonctionnement des ordinateurs peut contribuer à l’autonomie alimentaire du Québec.

C’est merveilleux de penser qu’on pourrait cultiver des fraises, des petits fruits en plein mois de janvier avec de la chaleur qui de toute façon aurait été envoyée dans l’atmosphère, s’enthousiasme-t-il. Ça fait partie de notre message.

Voici les gagnants des blocs d’énergie attribués par le ministre Fitzgibbon

La filière de l’hydrogène vert récolte 30 % des mégawatts disponibles, tandis que des projets majeurs ont été écartés.

Pierre Fitzgibbon en conférence de presse.

Le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec, Pierre Fitzgibbon.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Publié à 4 h 00 HNE

Ils sont rares, précieux et convoités. Un grand mystère entourait l’identité des bénéficiaires des 1000 mégawatts (MW) encore disponibles pour des projets industriels au Québec. Radio-Canada a obtenu les noms des 11 gagnants.

Les heureux élus font partie d’une très longue liste d’entreprises qui avaient déposé des demandes de blocs d’énergie sur le bureau du ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec. Pierre Fitzgibbon avait comparé le tout à une liste de cadeaux de Noël.

Commençons d’abord avec la moins grande surprise sous le sapin : Northvolt. Le projet de méga-usine en Montérégie récolte la part du lion avec 360 mégawatts (MW). Cet accès à la puissance d’Hydro-Québec permettra à cette entreprise suédoise de fabriquer des batteries pour véhicules électriques.

Le deuxième grand gagnant est TES Canada, un autre projet de plusieurs milliards de dollars, qui sera présenté vendredi à 10 h à Shawinigan. Cette entreprise belge a obtenu 150 MW pour produire de l’hydrogène vert destiné à verdir le transport lourd, entre autres.

Des projets de grande ampleur

Pour prendre la pleine mesure de ces projets, on peut utiliser comme référence le Centre Bell, qui a besoin d’une puissance de 5 MW d’électricité pour fonctionner. Le débit d’énergie nécessaire à Northvolt est donc 72 fois supérieur à l’amphithéâtre qui sert notamment au Canadien de Montréal.

Depuis 20 ans, un seul projet au Québec avait requis plus de 50 MW, soit la mine d’or de Malartic, en Abitibi-Témiscamingue. Parmi les projets retenus par Pierre Fitzgibbon, six dépassent cette marque.

Selon nos sources, le troisième bénéficiaire des blocs d’énergie est l’entreprise Greenfield, qui veut produire de l’hydrogène vert à Varennes, en Montérégie, afin de verdir le carburant des navires du port de Montréal. Elle a obtenu la centaine de mégawatts qu’elle espérait (Nouvelle fenêtre).

François Legault et Dejae Chin sont assis et discutent ensemble.

Le premier ministre du Québec, François Legault, en compagnie du vice-président de Volta Énergie Solutions, Dejae Chin, à Granby, le 5 septembre 2023.

Photo : La Presse canadienne / Christinne Muschi

La compagnie sud-coréenne Volta Energy Solutions a aussi obtenu une centaine de mégawatts pour son projet d’usine de feuilles de cuivre à Granby, en Estrie. Sa production est destinée au marché nord-américain des batteries de véhicules électriques.

La minière Nouveau Monde Graphite a obtenu 77 MW. Elle en avait fait l’annonce sur son site web (Nouvelle fenêtre) le mois dernier. Le graphite, un minerai stratégique essentiel à la fabrication des batteries, alimentera notamment l’usine de Ford à Bécancour (Nouvelle fenêtre), qui, de son côté, s’est fait accorder 75 MW.

Une avalanche de demandes

Le gouvernement a reçu plus de 150 requêtes d’entreprises pour obtenir des blocs d’énergie, dont au moins 57 demandes qui dépassaient les 50 MW. Au total, plus de 30 000 MW étaient espérés, mais Hydro-Québec n’a pas du tout la marge suffisante pour cela. Depuis l’adoption du projet de loi 2, c’est le ministre Fitzgibbon qui choisit les projets que la société d’État doit alimenter à partir de 5 MW.

Il y a un intérêt international pour le tarif industriel (tarif L) très compétitif d’Hydro-Québec, le moins élevé en Amérique du Nord. Jeudi, des groupes environnementaux ont réclamé un moratoire sur l’attribution des blocs d’énergie, par crainte d’une pénurie d’électricité.

Trois projets d’hydrogène

L’entreprise Air Liquide, installée à Bécancour, a obtenu une cinquantaine de mégawatts pour produire de l’hydrogène vert. Au total, avec TES Canada et Greenfield, ce sont donc 300 des 1000 MW disponibles qui alimenteront cette filière.

En janvier, le ministre Pierre Fitzgibbon avait pourtant prévenu que le Québec n’avait pas les moyens d’accepter les 9000 MW de projets d’hydrogène sur son bureau. On ne peut pas en faire, de l’hydrogène, on n’a pas d’électricité, avait-il dit.

Un électrolyseur d'hydrogène.

À l’heure actuelle, 95 % de l’hydrogène consommé à l’échelle mondiale est produit à partir de gaz naturel ou de charbon.

Photo : Radio-Canada

Je suis surpris, c’est un peu confondant, a réagi le PDG de la firme Charbone, Dave Gagnon, un promoteur d’hydrogène en attente de réponse à sa demande de quelques mégawatts pour un projet à Sorel-Tracy.

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Lorsque nous avons contacté le cabinet du ministre au sujet de cette apparence de revirement, on nous a encouragés à poser nos questions lors de l’annonce du projet de TES Canada, vendredi.

Malgré l’absence de réponse à son projet, Dave Gagnon se réjouit pour la filière : Ce que je trouve de bon dans tout ça, c’est qu’on parle d’hydrogène.

Selon le professeur Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal, les projets retenus sont de bons projets, car ils visent non pas à exporter de l’hydrogène à des clients étrangers mais à faire des carburants liquides qui peuvent être directement utilisés au Québec.

Ce sont des projets qui ont le mérite de structurer de manière intéressante le tissu industriel québécois et qui vont être utiles pour la décarbonation.

Une citation de Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal

Les critères retenus pour choisir les projets

Dans le contexte actuel de pénurie de main-d’œuvre, ce n’est pas la création d’emplois qui a guidé les choix du ministre. Les critères retenus sont les suivants :

  1. la capacité technique d’Hydro-Québec à alimenter un projet;
  2. l’acceptabilité sociale d’un projet;
  3. la capacité d’un projet à décarboner le Québec (c’est-à-dire à réduire les émissions de gaz à effet de serre);
  4. la création de richesse et la contribution à la valeur économique.

La compagnie Minerai de fer du Québec, propriétaire de la mine du lac Bloom, près de Fermont, a obtenu 25 MW. Waste Management, qui veut produire du gaz naturel renouvelable à partir de déchets, s’est fait octroyer 15 MW. Le centre de données de l’entreprise américaine Vantage obtient 10 MW et l’allemande Duravit se fait accorder 10 MW pour son usine d’équipement de salle de bains à Matane.

Cyril Dufau-Sansot, PDG d’Hy2gen, ne fait pas partie des heureux élus. Son projet d’hydrogène et d’ammoniac verts à Baie-Comeau, sur la Côte-Nord, a besoin de 300 MW. Il a toutefois bon espoir que d’autres blocs d’énergie seront attribués au cours des prochains mois si Hydro-Québec parvient à dégager de la marge de manœuvre.

Pour être certaine d’être retenue, Hy2gen a reconfiguré son projet et a retardé de deux ans sa date prévue pour une entrée en activité de l’usine. Hydro-Québec prévoit augmenter sa production de 8000 à 9000 MW d’ici 2035. Le quart de cet ajout (soit environ 2000 MW) nourrira la croissance économique, notamment celle des filières industrielles nécessaires à la transition énergétique.

Planète bleue, idées vertes Un couvent reconverti se chauffera à la chaleur recyclée

PHOTO FOURNIE PAR EXAION

L’ancien couvent des Petites Sœurs de la Sainte-Famille de Sherbrooke

Un véritable saut dans le futur est en train de se réaliser dans l’ancien couvent des Petites Sœurs de la Sainte-Famille de la ville de Sherbrooke, adossé au mont Bellevue. Au cœur des soubassements de l’ancien gymnase des religieuses, une gigantesque matrice à recycler la chaleur est sur le point d’être activée et permettra de chauffer entièrement un nouveau projet immobilier, abritant notamment des logements réservés à des mères seules. D’où vient cette chaleur ? D’un puissant ordinateur quantique.

Publié à 0h57 Mis à jour à 5h00

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Sara Champagne
Sara Champagne La Presse

Il faut emprunter un dédale de couloirs, passer par l’ancienne grande chapelle, descendre des escaliers, puis emprunter un vieil ascenseur pour découvrir les installations dans l’ancien gymnase. En apparence, la salle ressemble à un local de serveurs informatiques d’une grande entreprise technologique. Mais en réalité, il s’agit du système nerveux central d’une boucle énergétique fonctionnant à partir des rejets de chaleur d’un centre de calcul hybride quantique. Un ordinateur dont le fonctionnement dégage énormément de chaleur, laquelle sera donc recyclée.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Matthieu Cardinal, promoteur du projet immobilier Humano District, dans le quartier en pleine transformation de l’ancien couvent des Petites Sœurs de la Sainte-Famille, à Sherbrooke

Un jour – dans un avenir peut-être pas si lointain – on peut penser qu’il sera possible de chauffer toute une ville à partir de la chaleur recyclée, selon le promoteur du projet immobilier Humano District, Matthieu Cardinal, de Services immobiliers First. L’instigateur du projet s’est allié à plusieurs partenaires afin de recycler de la chaleur, notamment l’Université de Sherbrooke et des firmes spécialisées en physique quantique.

Comme récupérer la chaleur d’un four

« Ça semble surréaliste, mais c’est le début d’une grande histoire. C’est un peu comme si quelqu’un se lançait avec l’idée de récupérer la chaleur émanant de la cuisson d’un plat au four pour la redistribuer dans d’autres bâtiments », vulgarise le vice-recteur à la valorisation et aux partenariats de l’Université de Sherbrooke, Vincent Aimez, impliqué directement dans le projet avec son équipe d’experts universitaires.

Christophe Rodrigues est chef de conception technologique chez Exaion Groupe EDF, dont l’ambition est de produire de l’énergie neutre en gaz à effet de serre (CO2). Le tout, en recyclant de la chaleur. Il chapeaute le projet de Humano District en collaboration avec plusieurs experts, dont ceux de l’OBNL PINQ⁠2 (Plateforme d’innovation numérique et quantique du Québec). L’organisme est mandaté par le gouvernement du Québec pour accélérer la transformation numérique des entreprises. C’est PINQ⁠2 qui opère l’ordinateur quantique au cœur du projet immobilier dans l’ancien couvent.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Christophe Rodrigues, chef de conception technologique chez Exaion Groupe EDF, dans le gymnase de l’ancien couvent qui abrite le système de recyclage de chaleur

En dévoilant à La Presse le système de recyclage de chaleur qui sera bientôt mis en marche, M. Rodrigues explique qu’il s’agit d’un centre refroidi en circuit fermé à l’eau. Concrètement, la chaleur récupérée chauffera l’ancien couvent, les logements et les locaux d’organismes à mission sociale. Chaque unité sera dotée de sa propre thermopompe.

« On s’attaque au gaspillage de la chaleur », résume M. Rodrigues.

Financement

M. Rodrigues explique que l’enjeu principal pour élargir ce système à d’autres projets immobiliers, voire à des quartiers au complet, c’est le financement. « Ça coûte extrêmement cher », dit-il. En ce moment, une vingtaine de projets sont en cours au Québec, notamment dans des hôpitaux et des serres agricoles.

Il y a un investissement de départ important, mais c’est rentable sur le long terme.

Christophe Rodrigues, chef de conception technologique chez Exaion Groupe EDF

Le vice-recteur Vincent Aimez ajoute que l’Université de Sherbrooke récupère déjà la chaleur provenant des ordinateurs et des cheminées pour chauffer son large campus.

« On a un système de tuyaux reliant les différents bâtiments universitaires. C’est bien, mais on a décidé de se demander comment on peut aller plus loin. Au Québec, nous sommes reconnus pour notre électricité à bas prix, notre électricité propre. Il est plus coûteux de la recycler que de la laisser s’évacuer dans le ciel. Nous sommes en train d’élaborer des solutions [à ces problèmes], grâce à ce projet immobilier. »

Géothermie volcanique pour chauffer Reykjavik

Ailleurs dans le monde, plusieurs projets sont en cours, notamment au Danemark et en Allemagne, ajoute-t-il. « En Islande, par exemple, on utilise déjà la géothermie volcanique pour chauffer la capitale, Reykjavik, au grand complet. »

Le promoteur Matthieu Cardinal ajoute que le partenariat avec l’Université est essentiel à ce projet. « La puissance électrique du centre de calcul appartient à l’Université de Sherbrooke, précise-t-il. Elle est tellement élevée en termes quantiques qu’elle a le potentiel de propulser cette technologie dans toutes les industries du Québec. » Gros atout : le centre de calcul est tellement puissant qu’il pourrait gérer le recyclage de chaleur de toutes les industries du Québec.

En savoir plus

  • L’avenir du chauffage
    Le gouvernement du Québec a annoncé au printemps 2023 un financement de 162 millions pour valoriser les rejets thermiques de grandes installations industrielles. Les rejets industriels et autres au Québec auraient à eux seuls la capacité de chauffer l’ensemble de la province.

Source : transitionénergétique. gouv. qc. ca

Humano District en bref
Le projet est situé sur le site de la communauté des Petites Sœurs de la Sainte-Famille, à Sherbrooke, en bordure du campus de l’Université et de la future réserve naturelle universitaire du Mont-Bellevue. Superficie du terrain : 25 acres, dont 10 acres cédés à la Ville pour usage public et 15 réservés au développement du nouveau quartier. Bâtiments à construire : 600 nouvelles unités d’habitation multifamiliales, plus 150 unités dans l’ancien couvent et quelques immeubles commerciaux pour des commerces de proximité. Investissement : 210 millions de dollars pour la partie immobilière et 20 millions pour la boucle énergétique.

Source : Services immobiliers First

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Marché Jean-Talon À la traîne pour le compostage

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Jérôme Arlabosse montre des couronnes de brocoli qui seront jetées bien qu’elles soient encore d’excellente qualité.

Le marché Jean-Talon, haut lieu de l’« économie sociale », n’est pas doté d’installations de compostage. Résultat ? Des tonnes de fruits et de légumes – qu’ils soient encore comestibles ou pas – atterrissent chaque semaine dans le conteneur à déchets, a constaté La Presse. Un marchand de longue date dénonce l’inertie de la direction, qui promet de corriger le tir « prochainement ».

Publié à 0h43 Mis à jour à 5h00

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Charles-Éric Blais-Poulin
Charles-Éric Blais-Poulin Équipe d’enquête, La Presse

Le crêpier Jérôme Arlabosse se fait un point d’honneur de proposer un restaurant zéro déchet au cœur du marché Jean-Talon. Or, l’absence d’installations de compostage dans le plus grand marché à ciel ouvert de Montréal – et l’un des plus grands en Amérique du Nord – lui rend la tâche difficile, voire impossible.

Récemment, l’administration lui a demandé de retirer l’un des deux bacs de compost qu’il a lui-même placés pour son commerce, la Crêperie du marché, dans l’un des deux locaux de gestion des matières résiduelles.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Jérôme Arlabosse, propriétaire de la Crêperie du marché

Cet été, on était quasiment zéro déchet, mais avec un seul bac, on doit jeter une partie de nos résidus alimentaires aux vidanges.

Jérôme Arlabosse, propriétaire de la Crêperie du marché

M. Arlabosse se bat pour que le marché Jean-Talon, où il sert ses galettes de sarrasin et ses crêpes sucrées depuis 2005, se mette au compost. La centaine d’entreprises qui s’y trouvent génèrent autour de 500 tonnes de déchets par année, selon les plus récentes estimations de la Société des marchés publics de Montréal. Du nombre, environ 340 tonnes sont des matières organiques.

Chaque semaine, aux abords de la rue Henri-Julien, le crêpier Jérôme Arlabosse fait cavalier seul et sort son bac brun. Celui-ci est vidé par l’arrondissement dans le cadre de la collecte municipale des résidus alimentaires. Officiellement, le territoire du marché Jean-Talon ne cadre pas avec le système public. « Mais on m’a dit qu’on pourrait sortir 5-10-15 bacs, et que la collecte se ferait sans problème », raconte le restaurateur, qui a été accompagné par l’organisme La vague – instigateur du réseau de gobelets réutilisables La tasse – dans ses démarches.

Initiative moins efficace que prévu

Aujourd’hui, les espaces de gestion des matières résiduelles du marché accueillent notamment un conteneur à déchets, un compacteur pour le recyclage et une chambre froide consacrée à la récupération des fruits et légumes invendus.

Cette initiative, lancée à l’été 2017 sous le nom de « La récolte engagée » par le Centre de ressources et d’action communautaire de La Petite-Patrie (CRACPP), devait permettre de sauver 200 tonnes de denrées tous les ans. C’est du moins ce qu’avait affirmé François Croteau, alors maire de Rosemont–La Petite-Patrie, dans des entrevues avec plusieurs médias, dont La Presse.

En six ans, de 2017 à 2022, ce sont plutôt 68 tonnes de fruits et légumes – et non 1200 tonnes au total – qui ont été traitées et redistribuées à des citoyens en difficulté.

Au bout du fil, M. Croteau se dit « surpris » par cet écart, qui pourrait être en partie attribuable, selon lui, à un manque de ressources humaines et à une démobilisation des marchands à la suite de la crise de gouvernance des marchés publics en 2019.

Le CRACPP assure qu’il traite tous les aliments déposés dans la chambre froide du marché.

Des légumes gaspillés

Faute d’installations de compostage au marché Jean-Talon, tous les aliments et les restes qui ne sont pas revalorisés, c’est-à-dire quelque 330 tonnes par année, atterrissent inévitablement au dépotoir. Lors de notre passage pour voir le petit espace « compost » de la Crêperie du marché dans la salle des matières résiduelles, de gros sacs de feuilles de laitue et de zucchinis dormaient parmi les déchets.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Ces boîtes de brocolis encore comestibles se retrouveront dans le conteneur à déchets du marché Jean-Talon.

Par hasard, le lendemain, en présence du photographe de La Presse, des employés extirpaient de leur camion de grandes quantités d’aliments encore comestibles destinés à la poubelle. « La majorité des marchands jettent leurs fruits et légumes à la fin de la journée », observe M. Arlabosse, qui montrera à notre photographe des couronnes de brocoli d’allure impeccable. Ce genre de scènes est quotidien, assure-t-il.

« Ce que vous me dites, je ne le souhaite pas, je ne l’ai pas vu, réagit Nicolas Fabien-Ouellet, directeur général de la Société des marchés publics de Montréal. Après, il y a du roulement de personnel. Est-ce qu’il faut faire le mémo qu’on fait à peu près une fois par année pour rappeler à tout le monde le programme des invendus ? Peut-être. Ça demeure un service volontaire, mais on veut commencer par là et ensuite diriger les denrées non comestibles ailleurs. »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Boîtes dans l’une des salles de gestion des matières résiduelles. Le contenu allait être jeté, selon des employés sur place.

Il est à noter que les conteneurs à déchets du marché Jean-Talon sont situés dans des salles privées, ce qui rend impossible pour les citoyens la pratique du déchétarisme, ou dumpster diving, qui consiste à fouiller les poubelles à la recherche d’aliments encore consommables pour éviter le gaspillage alimentaire.

La journée où le marché Jean-Talon a appris que La Presse s’intéressait à la question du compostage, l’administration a discuté avec un fournisseur privé pour « faire chiffrer » la mutualisation de la collecte des matières résiduelles. Bonne nouvelle : « Il y avait des contraintes techniques jusqu’à présent, mais là, on voit que le privé s’est mis à jour dans ses services », dit M. Fabien-Ouellet.

On croit avoir trouvé une solution technique avec des compacteurs doubles qui pourraient rentrer dans nos salles de déchets actuelles.

Nicolas Fabien-Ouellet, directeur général de la Société des marchés publics de Montréal

M. Arlabosse se montre à la fois surpris et heureux de telles avancées après s’être buté, dit-il, à de nombreuses portes fermées dans les dernières années. Le restaurateur précise que sa sortie publique ne vise pas à attaquer qui que ce soit, mais à encourager les différents partenaires à s’asseoir et à trouver une solution rapidement.

Un pionnier de… l’éducation

En matière d’éducation publique, le marché Jean-Talon a été prompt à promouvoir le compostage, par exemple par l’entremise d’ateliers dès 2008 et par la distribution de milliers de sacs de compost gratuits année après année.

En 2015, lors de l’annonce de nouvelles installations pour la gestion des matières résiduelles, la direction évoquait avec le défunt journal Métro une deuxième phase du projet comprenant un nouveau bâtiment « qui pourrait accueillir de quoi faire du compost ».

Huit ans plus tard, aucun plan en ce sens n’est dans les cartons. En attendant cette « solution idéale », le crêpier Jérôme Arlabosse dit avoir plaidé en vain pour l’installation de conteneurs à compost réfrigérés – pour éviter les odeurs en été –, que ce soit dans les salles de gestion des matières résiduelles, dans une section extérieure inexploitée du marché ou, au pire, dans un coin du stationnement au sous-sol. Des contraintes d’espace, d’argent et de motivation des marchands étaient invoquées par les gestionnaires, dit-il.

C’est en réponse à cette fin de non-recevoir que M. Arlabosse affirme avoir implanté son propre système de bacs bruns, sans l’appui de la direction.

Nicolas Fabien-Ouellet argue que les marchés publics, bien qu’ils soient des « zones d’innovation », sont soumis à des contraintes. « Ce sont de grandes zones ; on ne peut pas mettre des bacs bruns comme ailleurs et espérer que ce soit propre, sécuritaire et bien fait. On souhaite vraiment avoir une salle de tri mutualisée qui est aux meilleures normes. On travaille dans cette direction et je suis assez confiant qu’on va pouvoir l’offrir prochainement. »

Qu’en disent les autorités municipales ?

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Montréal a comme objectif « de détourner 60 % des matières organiques de l’élimination en 2025 ».

Pourquoi composter ? demande la Ville de Montréal sur son site internet. « Aujourd’hui, au Québec, les restes de nourriture et les emballages en cellulose souillés représentent encore près de 60 % du contenu de la poubelle, explique-t-elle. Ces déchets vont à l’enfouissement, polluent nos sols et émettent du méthane, un puissant gaz à effet de serre. » Il est à noter que c’est la Ville qui mandate depuis 1993 la Société des marchés publics de Montréal – anciennement la Corporation de gestion des marchés publics de Montréal – pour assurer le fonctionnement, entre autres, des marchés Jean-Talon, Atwater et Maisonneuve. L’administration de la mairesse Valérie Plante n’avait pas répondu à nos questions au moment où ces lignes étaient publiées. « La Société connaît bien les objectifs du Plan directeur de gestion des matières résiduelles de la Ville de Montréal et nous savons qu’elle travaille sur des projets visant à améliorer la valorisation des résidus alimentaires », a pour sa part indiqué un porte-parole de l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie, après que le maire François Limoges a refusé notre demande d’entrevue. Dans son plan directeur 2020-2025, l’agglomération de Montréal indique avoir comme objectif « de détourner 60 % des matières organiques de l’élimination en 2025 et 100 % en 2030 ».

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Wow je suis assez choqué d’apprendre qu’il n’y a aucun système de compostage au marché Jean-Talon. Je me demande ce qu’il en est pour Atwater et Maisonneuve.

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Environnement : Northvolt s’attend à un feu vert dans un temps record

L’entreprise suédoise a demandé à détruire des milieux humides un mois après sa requête, alors que le délai moyen pour obtenir une autorisation ministérielle est de 15 mois.

Benoit Charette.

Benoit Charette, ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Publié à 4 h 00 HNE

En plus d’échapper à l’examen du BAPE pour sa méga-usine de fabrication de batteries, la compagnie Northvolt pense recevoir très rapidement l’autorisation du ministère de l’Environnement pour détruire des milieux humides . Un document, obtenu par Radio-Canada, révèle qu’elle a demandé à Québec en septembre le droit de les remblayer dès le mois d’octobre 2023. En moyenne, les autres projets font face à des délais 15 fois plus longs.

Le dossier de demande d’autorisation ministérielle, obtenu grâce à la Loi sur l’accès à l’information, montre qu’une superficie de 130 000 mètres carrés de milieux humides sera affectée de manière permanente sur le terrain de Northvolt, à cheval entre McMasterville et Saint-Basile-le-Grand, en Montérégie.

Dans le document de la demande, daté du 6 septembre, on lit que l’entreprise suédoise comptait débuter en octobre le défrichage du terrain, remblayage des milieux humides et préparation du site et terminer ces travaux en décembre.

Calendrier des travaux soumis par Northvolt au ministère de l'Environnement.

Calendrier des travaux soumis par Northvolt au ministère de l’Environnement, le 6 septembre 2023. DS1 et DS2 correspondent à l’usine de fabrication et d’assemblage de batteries. UP5, le site de fabrication de matériaux de cathode. Et RV1, les opérations de recyclage de batteries.

Photo : Radio-Canada / Northvolt/WSP

Obtenir une telle autorisation en un mois, c’est extrêmement optimiste. Nous avons analysé les délais de 116 autorisations accordées par la direction régionale de la Montérégie du ministère de l’Environnement depuis 2018. En moyenne, les promoteurs attendent 15 mois avant d’être autorisés à porter atteinte à un milieu humide.

Par exemple, le parc industriel Alta, à Coteau-du-Lac, a patienté 22 mois et l’agrandissement d’un centre logistique à Varennes, 13 mois. Même des constructions d’écoles ont nécessité des délais de 3 à 7 mois pour obtenir leur feu vert du ministère. Et pour détruire des milieux humides dans le cadre du projet de maison des aînés de Carignan : 8 mois d’attente.

Imbroglios au ministère de l’Environnement

Le 10 novembre, nous avons demandé au cabinet du ministre de l’Environnement Benoit Charette si Northvolt avait obtenu son autorisation pour détruire les milieux humides. Réponse : Oui, ils ont cette autorisation ministérielle.

Puis, deux jours plus tard, le cabinet a admis une erreur et nous a plutôt répondu que la demande est toujours en évaluation.

Le 9 novembre, le ministère nous a fait parvenir une série de documents, à la suite de notre demande d’accès. Le calendrier des travaux y figurait. Le 14 novembre, nous avons partagé ce tableau avec Northvolt pour l’interroger à ce sujet. Le lendemain, le ministère nous a contactés pour nous demander de détruire et cesser d’utiliser ce document.

Par inadvertance, le document a été transmis sans masquage. Nous demandons votre collaboration afin de détruire immédiatement les documents transmis, et ce, dans tous vos appareils informatiques (téléphone mobile, ordinateur, tablette…) et d’en cesser l’utilisation.

Une citation de Martin Dorion, responsable ministériel de l’accès aux documents pour le MELCCFP

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, et le premier ministre du Québec, François Legault (au centre), tiennent une cellule prismatique alors qu'ils posent en compagnie (de gauche à droite) du cofondateur et PDG de Northvolt North America, Paulo Cerruti, du ministre québécois de l'Économie et de l'Innovation, Pierre Fitzgibbon, du ministre fédéral de l'Innovation, de la Science et de l'Industrie, François-Philippe Champagne, et du cofondateur et PDG de Northvolt, Peter Carlsson.

Le projet de l’entreprise suédoise a été annoncé en grande pompe le 28 septembre.

Photo : La Presse canadienne / Christinne Muschi

Northvolt accompagnée par le ministère

Le temps est important pour l’entreprise suédoise, qui veut entrer en production le plus tôt possible, dès 2026.

En réponse aux questions de Radio-Canada, la compagnie explique que le dépôt de sa demande d’autorisation fait suite à des rencontres tenues entre Northvolt et les experts du ministère, afin de bien comprendre les exigences du ministère et s’y conformer.

À l’issue de ces rencontres, Northvolt a réalisé des efforts considérables pour rencontrer les exigences et minimiser les impacts sur les milieux.

Une citation de Laurent Therrien, porte-parole de Northvolt

Selon le ministère de l’Environnement, des fonctionnaires ont commencé à discuter avec Northvolt à partir du 1er mai 2023, mais c’est au mois de mars que certains ont été informés du projet.

La directrice du Conseil régional de l’environnement du Centre-du-Québec, Andréanne Blais, qui surveille les projets de la filière batterie du côté de Bécancour, affirme qu’il y a des analystes au ministère qui ont été attitrés pour accélérer les dossiers, dans le cadre de la stratégie batteries.

De ma perception, il y a iniquité dans le traitement des demandes.

Une citation de Andréanne Blais, directrice générale du Conseil régional de l’environnement du Centre-du-Québec

Depuis 2020, le ministère à l’Environnement a donné la consigne à ses fonctionnaires d’adopter une nouvelle « culture d’accompagnement des clients ». Le sous-ministre de l’époque leur avait écrit : Il faut s’occuper de chaque demande comme si c’était la nôtre, comme si nous étions le promoteur.

1:21

Information

Le futur site de Northvolt en Montérégie vu des airs

Le futur site de l’usine, vu des airs

La future méga-usine de Northvolt menace de faire disparaître 60 % des milieux humides du site, si la demande est acceptée. Certains de ces milieux humides sont classés d’intérêt métropolitain, par la Communauté métropolitaine de Montréal. Plus de 85 % des milieux humides de la Montérégie ont déjà disparu.

Qu’ils soient des marais, des marécages, des étangs ou des tourbières, les milieux humides sont comme des reins pour la nature. Ils filtrent et font office de tampon pour prévenir autant les inondations que les sécheresses, et pour réguler les débits d’eau.

Jusqu’à 7 millions de dollars en compensations

La destruction de ces milieux obligera la compagnie à verser une compensation au ministère de l’Environnement. Selon notre estimation, basée sur un outil de calcul du ministère, Northvolt devra payer entre 4,6 et 6,7 millions de dollars, tout dépendant de la qualité et l’état de dégradation des milieux qui sera reconnue par Québec.

La firme CIMA+, mandatée par Northvolt, a inventorié 74 milieux humides sur le site, dont 8 étangs, 19 marais, 28 marécages arborescents et 19 marécages arbustifs. Il y a aussi deux cours d’eau.

Les milieux humides sont riches en espèces animales et végétales. CIMA+ a identifié 65 espèces d’oiseaux sur le site, dont l’hirondelle rustique (considérée menacée par le gouvernement fédéral), le pioui de l’Est (classé préoccupant) et le petit blongios (vulnérable au provincial et menacé au fédéral).

Selon les documents soumis par Northvolt, il n’est pas exclu que les travaux causent des mortalités chez ces oiseaux, mais des efforts considérables ont été mis en place, assure l’entreprise, pour éviter les milieux sensibles.

Northvolt promet aussi de tout faire pour ne pas nuire à la tortue-molle à épines, désignée menacée au Québec, et identifiée sur le site. Aucune rainette faux-grillon ou couleuvre n’a été observée, selon CIMA+.

Deux espèces floristiques susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables au Québec, le caryer ovale et le chêne bicolore, ont aussi été détectées sur place.

À lire aussi :

Deep Sky obtient un financement de 75 millions

IMAGE FOURNIE PAR DEEP SKY

Les illustrations prospectives qui ornent le site internet de Deep Sky sont de plus en plus élaborées.

Investissement Québec contribue pour 25 millions au financement de 75 millions recueilli par l’entreprise montréalaise vouée à la décarbonation massive de l’atmosphère.

Publié à 8h30

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Marc Tison
Marc Tison La Presse

Le ciel s’éclaircit pour Deep Sky. L’entreprise montréalaise, qui nourrit l’ambitieux objectif d’éliminer le carbone atmosphérique à coup de milliards de tonnes, vient de s’en donner un peu plus les moyens : elle a recueilli un total de 75 millions de dollars dans son financement de série A.

Le financement comprend la conversion de la note convertible de sa ronde de démarrage de 17,7 millions et 57,5 millions en nouveaux capitaux. Par l’entremise d’Investissement Québec, le gouvernement du Québec apporte une contribution sous forme de souscription à des actions privilégiées d’un montant maximal de 25 millions de dollars.

La ronde était dirigée conjointement par Brightspark Ventures et Whitecap Venture Partners, avec l’apport, outre Investissement Québec, d’OMERS Ventures et du Fonds Technologies pour le climat de la Banque de développement du Canada (BDC).

« C’est définitivement une des plus grosses rondes de financement pour une entreprise en démarrage au Canada », commente le cofondateur et président du conseil de Deep Sky, Frédéric Lalonde.

Je pense que ça envoie le signal extrêmement important que non seulement le gouvernement, mais les acteurs privés au Québec et au Canada comprennent l’importance du problème.

Frédéric Lalonde, cofondateur et président du conseil de Deep Sky

L’annonce en a été faite aujourd’hui en présence de Pierre Fitzgibbon, ministre québécois de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEIE), et de son collègue Benoit Charette, ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.

« Ce n’est pas juste une question de capital », souligne Frédéric Lalonde.

« Le MEIE est le ministère qui a juridiction sur l’énergie et la géologie. Il faut comprendre qu’on a ici un partenariat qui est intégré, qui nous permet de passer à l’exécution. Ça change complètement la donne. Il n’y a aucune autre compagnie dans le monde qui a l’appui du gouvernement, et je pense que ça va être la clé de notre succès. »

Réunir les meilleures technologies

Cette pluie de dollars sur Deep Sky va lui permettre d’entreprendre la mise en place en 2024 de la première phase de son usine pilote, « dont l’objectif est d’aller chercher toutes les meilleures technologies de capture de carbone atmosphérique et océanique », décrit l’entrepreneur.

« On a au moins 15 compagnies avec lesquelles des ententes vont être signées. »

L’entreprise montréalaise vient de conclure un partenariat avec la compagnie californienne Equatic, pour la mise en place en 2024 d’une installation pilote qui capture le CO2 dans l’atmosphère et l’emprisonne dans l’océan.

En août, une entente avait été signée avec la toute jeune entreprise québécoise Exterra Solutions Carbone pour un projet de séquestration de quelques centaines de tonnes de carbone dans les résidus miniers de la région de Thetford Mines.

« Ce qui est important, ce n’est pas tant le nombre de tonnes qu’on capture au début », fait valoir Frédéric Lalonde.

Alors que les besoins de décarbonation atmosphériques se chiffrent en milliards de tonnes, « un site qui en capture 3000, c’est parfaitement insignifiant à l’échelle du problème. Mais parce qu’on va opérer en continu toutes les meilleures technologies de la planète, on va développer une compréhension intime des technologies qui fonctionnent et qui peuvent être amenées à pleine échelle. Et ça va nous permettre d’accélérer le passage d’un site qui traite quelques milliers de tonnes à plusieurs millions de tonnes. »

Des illustrations qui excitent

Fondée en septembre 2022, Deep Sky compte maintenant une vingtaine d’employés, dont une bonne proportion d’experts scientifiques.

Les illustrations prospectives de plus en plus élaborées qui ornent son site internet sont elles aussi des indices des ambitions croissantes de l’entreprise. De véritables cités futuristes vouées à la décarbonation y apparaissent maintenant.

IMAGE FOURNIE PAR DEEP SKY

Elles sont issues de l’imagination du directeur de création Carl Robichaud, un ami d’enfance de Frédéric Lalonde, avec lequel il avait fondé une agence de publicité web au milieu des années 90.

« C’est un peu romantique, mais il y a un point important », indique celui-ci.

Deep Sky affrontait la difficulté d’évoquer ses projets publiquement sans tomber dans les projections apocalyptiques ou la technologie absconse.

« Il y a un problème d’acceptabilité sociale parce que les gens pensent qu’on s’apprête à installer une raffinerie dans leur cour. Alors que ce n’est pas le cas du tout. »

Outre le design de ses produits, Apple a soigné l’architecture de ses magasins et de son siège social, donne-t-il en exemple.

« Les Américains ont compris ça depuis longtemps. Si les choses ont l’air d’un progrès technologique et donnent un aperçu du futur, les gens sont excités par ça. Si elles ont l’air rétrogrades ou industrielles, les gens sont méfiants. Et avec raison. »

Mobilité durable : une politique à 10 milliards $ qui va « dans la mauvaise direction »

Depuis son lancement en 2018, la Politique de mobilité durable n’a pas eu d’effet notable sur la réduction de la quantité de GES, la consommation de pétrole du secteur des transports ou le recours à l’auto solo, d’après les données accessibles.

Une personne attend le métro.

Le gouvernement reconnaît pourtant que le financement du réseau de transport et de la mobilité durable est un besoin criant.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Publié à 4 h 00 HNE

Le gouvernement Legault assure qu’il pourra mener à bien sa Politique de mobilité durable, volet indispensable de son plan climat pour diminuer l’empreinte carbone du secteur des transports d’ici 2030. Or, après cinq ans d’implantation, il ignore l’ampleur de la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) qu’a permis d’atteindre cette politique.

Née sous la gouverne du Parti libéral de Philippe Couillard en 2018, la Politique de mobilité durable (PMD) vise à développer et à structurer l’offre de transports, pour les personnes comme pour les marchandises.

Tout en réduisant le bilan carbone du secteur le plus polluant de la province – 42,8 % des émissions de GES –, la PMD vise à inciter les Québécois à délaisser les modes de transport polluants pour se tourner vers des options plus vertes au cours de leurs déplacements.

Augmenter l’accès au transport collectif, réduire le temps de trajet entre la maison et le travail, diminuer le nombre de déplacements effectués seul dans son véhicule, couper la consommation de pétrole dans le secteur des transports : voilà quelques exemples de cibles qui se trouvent au cœur de la PMD.

Or, le ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD), responsable de cette politique, ne peut faire ni une évaluation totale, depuis 2018, ni une ventilation annuelle, faute de données accessibles.

Le MTMD affirme avoir commencé la compilation de données pour l’année 2021-2022. Le secteur des transports a ainsi réduit ses émissions de 868 846 tonnes d’équivalent CO2 grâce à la politique, affirme-t-il. Or, les diminutions attendues pour atteindre la cible de 2030 sont de l’ordre des mégatonnes.

Depuis 1990, les émissions de GES issues du secteur des transports ont augmenté, pour passer de 27,2 à 31,6 mégatonnes d’équivalent CO2 en 2020.

Pour que le Québec atteigne son objectif de réduire ses émissions de 37,5 %, les transports devront plutôt représenter 17 Mt d’éq. CO2 d’ici 2030.

La Politique de mobilité durable fait pourtant l’objet d’un suivi annuel. Un plan d’action pour la période 2018-2023, qui comprend 181 mesures, doit permettre la mise en œuvre des 10 principales cibles de la PMD par le ministère des Transports et de la Mobilité durable et trois autres ministères.

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ll faut comprendre que la Politique de mobilité durable a été annoncée au milieu de 2018, explique un porte-parole du MTMD. La pandémie a ensuite considérablement modifié les habitudes en matière de transport à l’échelle du Québec et les activités du gouvernement, de sorte que les données qui auraient pu être recueillies auraient fourni un portrait erroné de l’impact réel de la politique.

Le ministère a l’intention de faire un suivi plus serré de l’impact de chaque mesure sur toutes les cibles – dont celle des GES – au moment de la mise en œuvre du prochain plan d’action, affirme-t-il. La ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, doit l’annoncer au printemps 2024.

Des cibles qui stagnent, voire qui reculent

Dans sa forme actuelle, la politique fait fausse route, selon des experts consultés par Radio-Canada.

Après cinq ans, on est en droit de se demander si la politique marche ou non, où s’en va l’argent et pourquoi on décide de l’investir là, martèle Johanne Whitmore, chercheuse principale à la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal.

Un total de 9,7 milliards de dollars, auxquels s’ajoutent 1,8 milliard en aides d’urgence accordées au transport collectif durant la pandémie, ont été investis par Québec pour la mise en œuvre du plan 2018-2023. Selon le ministère, environ 10 % de ces sommes proviennent du Fonds d’électrification et du changement climatique (ancien Fonds vert).

Lors du Forum annuel sur la Politique de mobilité durable, en octobre dernier, le bilan dressé a permis de constater que plusieurs cibles structurantes, dont la réduction des émissions de GES, de la consommation de pétrole et du recours à l’auto solo, avaient connu des reculs ou ne progressaient pas suffisamment.

Après avoir assisté au forum, Johanne Whitmore définit plusieurs lacunes qui viennent plomber le processus de reddition de comptes, dont l’absence d’un cadre clair permettant le suivi réparti entre les différents ministères et partenaires. Pour chaque dollar investi, quelles sont les retombées? Quelles sont les réductions qu’on arrive à faire? On n’a pas ce genre d’information, constate-t-elle.

Aucun investisseur n’accepterait qu’un projet de plusieurs milliards de dollars se dirige droit dans un mur, plaide la spécialiste de l’énergie. C’est fascinant de voir combien le financement de la lutte contre les changements climatiques est flexible et ambigu, lance-t-elle. Les gens ne se rendent pas compte qu’énormément d’argent est mal géré.

On a une Politique de mobilité durable qui ne fonctionne pas. Le transport collectif est endetté par-dessus la tête et, bientôt, il y aura moins d’argent pour financer le plan d’action de la PMD. On ne s’en va pas dans la bonne direction.

Une citation de Johanne Whitmore, chercheuse principale à la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal

Financement à déterminer

À l’instar de Mme Whitmore, Samuel Pagé-Plouffe, coordonnateur à l’alliance TRANSIT pour le financement des transports collectifs, estime que les cibles les plus structurantes, qui témoignent d’un changement des comportements dans le créneau de la mobilité durable, connaissent une progression insuffisante.

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On note dans certains cas des avancées louables, mais ce sont des fruits mûrs, donc là où il y avait des gains plus faciles à réaliser, observe M. Pagé-Plouffe, qui fait partie du comité du suivi de la Politique de mobilité durable.

C’est le cas, notamment, de la première cible de la PMD, qui vise à ce que 70 % de la population ait accès à au moins quatre services de mobilité durable. Au 31 mars 2023, la proportion s’élevait à 63 %.

Le comité constate toutefois que certaines données, qui permettraient à la fois d’anticiper les besoins et de mieux mesurer les avancées, demeurent inaccessibles. Nous appelons à raffiner la reddition de comptes, indique M. Pagé-Plouffe.

Parmi ces grandes inconnues, il y a la question des coûts que nécessite l’atteinte des cibles.

On a de la difficulté à avoir accès à suffisamment de données sur les besoins et sur les moyens à mettre en place pour atteindre les cibles de la Politique de mobilité durable.

Une citation de Samuel Pagé-Plouffe, coordonnateur à l’alliance TRANSIT pour le financement des transports collectifs

Le gouvernement prévoyait mener un chantier pour cerner les sources de financement des réseaux de transport – comme des mécanismes réglementaires et mesures d’écofiscalité – à déployer dans le cadre de la PMD.

Mais après la tenue de consultations et la publication d’un rapport en 2021, le ministère n’a pas encore donné suite au chantier. Un deuxième tour de roue sera donné en 2024, mais il n’y a pas encore eu, concrètement, de mesures pour se donner les moyens financiers de nos ambitions, résume M. Pagé-Plouffe.

Québec reconnaît pourtant que le financement du réseau de transport et de la mobilité durable est un besoin criant appelé à s’accélérer.

Il anticipe que les revenus générés jusqu’ici par la taxe provinciale sur les carburants, qui finance en bonne partie les réseaux de transport de la province, finiront par se tarir en raison de l’électrification des véhicules et de la fin de la vente de voitures à essence.

La ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault.

La ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, travaille à l’élaboration du prochain plan d’action de la PMD, qui devrait être fin prêt au printemps 2024.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Les principales sociétés de transport en commun de la province sont dans le rouge et le gouvernement a prévenu qu’il n’épongerait pas la totalité des déficits.

Or, c’est en développant le transport collectif qu’on peut espérer changer les habitudes de la population, observe Samuel Pagé-Plouffe. En font foi les efforts déployés entre 2007 et 2015, qui ont permis de bonifier l’offre de service de transport en commun d’environ 32 %. Sur cette période, l’achalandage a connu une augmentation de 15 %.

Pour atteindre sa cible de réduction de GES en 2030, le Québec devrait augmenter l’offre de service de 5 % par an.

Au-delà de 2015, il a cessé d’y avoir du progrès […] essentiellement parce qu’on n’y a pas mis suffisamment de ressources, indique M. Pagé-Plouffe, qui rappelle que la pandémie a elle aussi affecté l’achalandage dans les bus et métros.

Alors que Québec est en négociations avec les sociétés de transport en commun pour s’entendre sur un plan de financement de cinq ans, le coordonnateur de l’alliance TRANSIT estime qu’il faudrait plutôt bonifier l’offre de 7 % par an pour rattraper le retard.

Des outils à la portée de Québec, mais négligés

Le gouvernement a pourtant des outils à sa disposition pour financer sa politique, rappelle pour sa part Jean-Philippe Meloche, spécialiste des finances publiques et du transport urbain.

Le gouvernement Legault, qui refuse de taxer l’achat de véhicules polluants, aurait pu augmenter la taxe sur les carburants, mais celle-ci n’a pas bougé depuis 2013. La tarification kilométrique pourrait éventuellement la remplacer, mais Québec s’y intéresse peu, selon M. Meloche.

Les outils sont entre leurs mains, ils en connaissent l’efficacité, mais ils ne veulent pas tirer sur ces leviers, lance M. Meloche, qui enseigne à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal. On le sait pourtant : les mesures d’écofiscalité sont beaucoup plus efficaces pour changer les comportements des gens.

Si le gouvernement se fait frileux à ce chapitre, dit-il, c’est par crainte de brusquer son électorat.

Ça le pousse à prendre de drôles de décisions, comme de faire un cadeau [aux Québécois] en payant une partie du permis de conduire avec les surplus de la SAAQ, cite-t-il en exemple. Je pense qu’il y avait plein de choses plus intelligentes à faire avec cet argent.

Ça montre que le gouvernement ne prend pas ça au sérieux et qu’il ne s’est pas approprié cette politique-là.

Une citation de Jean-Philippe Meloche, professeur à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal

La Politique de mobilité durable, rappelle-t-il, s’appuie sur la séquence « réduire-transférer-améliorer ». Le mot ‘‘réduire’’ – ses déplacements, sa consommation d’essence et d’énergie – est en premier dans la hiérarchie, parce qu’il est fondamental dans cette politique, explique-t-il.

Des véhicules sont en file alors que la circulation est au ralenti sur l'autoroute 10, à la hauteur de Brossard.

La quantité de véhicules sur les routes du Québec augmente deux fois plus vite que la population. Les nouveaux véhicules immatriculés fonctionnent encore très majoritairement à l’essence.

Photo : Getty Images / Marc Bruxelle

En misant d’abord et avant tout sur l’électrification des transports, qui s’inscrit dans la dernière partie de la séquence, « améliorer », le gouvernement Legault interprète le principe à l’envers, selon Jean-Philippe Meloche.

Malgré des améliorations en matière d’efficacité énergétique, les voitures, dont la taille a augmenté au fil des ans, se font plus nombreuses sur les routes de la province. Les Québécois en achètent plus et les utilisent plus que par le passé.

Les subventions du gouvernement Legault pour l’achat de véhicules électriques n’auront qu’un effet limité sur l’amélioration du bilan carbone des transports. Des études tendent à montrer que ça ne fonctionne pas très bien et que c’est du gaspillage d’argent, indique M. Meloche.

Il ne faudra pas s’étonner de ne pas atteindre nos résultats, conclut-il. Je ne pense pas qu’on a mis les efforts pour le faire.

À lire aussi :

On doit réduire les émissions que nous produisons en se déplaçant, pourtant :

  • Le nombre de déplacement en auto solo continue d’augmenter;
  • La taille des véhicules continue à augmenter
  • On continue à élargir les autoroutes

Aucun gouvernement n’a encore eu le guts de s’élever contre les compagnies de voitures qui continuent à nous entuber royalement!

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Des milliardaires friands de jets privés

PHOTO PAUL TAGGART, ARCHIVES BLOOMBERG

Les vols en jet privé de 200 milliardaires et célébrités ont produit 415 000 tonnes de CO2 en 21 mois.

Le milliardaire canadien Lawrence Stroll figure au palmarès de 200 personnalités dont les vols en jet privé ont rejeté plus de 415 000 tonnes de CO2 dans l’atmosphère depuis 2022. Un total qui représente l’équivalent de l’empreinte carbone de 37 000 Québécois.

Publié à 1h00 Mis à jour à 5h00

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Éric-Pierre Champagne
Éric-Pierre Champagne La Presse

Ce qu’il faut savoir

Selon le quotidien The Guardian, les vols en jet privé de 200 milliardaires et célébrités ont produit 415 000 tonnes de CO2 en 21 mois.

Le milliardaire canadien Lawrence Stroll a effectué plus de 1500 vols en moins de deux ans.

Trente oligarques russes possèdent 39 jets privés, soit 1,3 jet par personne.

Selon le quotidien The Guardian, 200 milliardaires et célébrités ont volé pendant l’équivalent de 11 années depuis le début de 2022. Ces vols ont produit 415 518 tonnes de CO2 au cours des 21 derniers mois, a calculé le quotidien britannique.

Ce total équivaut aux émissions de gaz à effet de serre (GES) de 36 771 Québécois. Le plus récent bilan de l’Institut de la statistique du Québec évalue les émissions annuelles de GES à 11,3 tonnes par habitant dans la province.

La liste du Guardian comprend notamment Elon Musk, la famille Murdoch, des oligarques russes, les Rolling Stones ainsi que Lawrence Stroll, propriétaire de l’écurie de Formule 1 Aston Martin, né à Montréal.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

L’homme d’affaires Lawrence Stroll, né à Montréal

Parmi les cinq milliardaires les plus polluants, on retrouve la famille Blavatnik, la famille Murdoch, Eric Schmidt, la famille Sawiris et Lorenzo Fertitta, dont les vols ont tous rejeté au moins 5000 tonnes de CO2 dans l’atmosphère.

The Guardian signale que l’avion appartenant à Lawrence Stroll a effectué un total de 1512 vols depuis le début de 2022. Ses aéronefs privés, dont deux hélicoptères, ont également effectué le plus de voyages de 15 minutes ou moins, indique-t-on.

La plus importante société pétrolière au monde, la Saudi Aramco, est le principal commanditaire de l’écurie Aston Martin, rachetée par Stroll en 2020. Son fils, Lance, pilote l’une des deux F1 de l’équipe menée par l’ancien champion du monde Fernando Alonso. Depuis un an, le fonds souverain de l’Arabie saoudite est aussi devenu le deuxième actionnaire du constructeur Aston Martin, rappelait La Presse en juin dernier.

« Corrélation directe »

Selon The Guardian, l’un des avions les plus polluants de ce triste palmarès appartient aux Rolling Stones. Le Boeing 767 dans lequel volent Mick Jagger, Keith Richards et Ron Wood a libéré 5046 tonnes de CO2 en 21 mois, soit l’équivalent de 1763 vols pour une personne entre Londres et New York en classe économique. Le célèbre groupe prévoit d’ailleurs présenter bon nombre de spectacles en Amérique du Nord en 2024.

« C’est un exemple de ce qu’on sait déjà. Il y a une corrélation directe entre la grande richesse et la production de carbone », avance Alain Létourneau, professeur à l’Université de Sherbrooke, qui se spécialise notamment dans les enjeux éthiques environnementaux.

De l’avis de Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace Canada, le reportage du Guardian illustre « les privilèges suprêmes d’une minorité qui utilise la pire manière de se déplacer ». « Ce n’est pas surprenant. Il y a une tendance à la hausse dans l’utilisation de jets privés », ajoute-t-il.

Selon Alain Létourneau, « les chiffres [du Guardian] sont absolument extraordinaires. On est dans un autre monde. Ça nous mène à des questionnements qu’on n’est pas habitués d’avoir, à propos de l’équité, à une proportionnalité dont il faut tenir compte en fonction du statut économique ». « Par exemple, une personne qui prend l’avion pour aller voir sa tante en France, on ne peut pas la mettre sur le même pied d’égalité qu’un milliardaire qui prend son jet privé 1500 fois », signale-t-il.

Les grands pollueurs font campagne pour que tout le monde se sente responsable [face à l’urgence climatique]. Mais on ne peut pas demander aux personnes aux revenus plus modestes d’assumer la charge des plus riches de la société.

Alain Létourneau, de l’Université de Sherbrooke

Soulignons que le reportage du quotidien britannique survient 24 heures après la publication d’un rapport de l’ONG Oxfam signalant que les 1 % les plus riches sur la planète produisent plus de gaz à effet de serre (GES) que 66 % des plus pauvres, soit environ 5 milliards de personnes. En 2019, les émissions des plus riches étaient aussi 27 fois supérieures au niveau permettant de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 degré d’ici la fin du siècle.

À moins de deux semaines de la COP28 sur le climat, qui se tiendra à Dubaï, un rapport de l’ONU signale par ailleurs que le réchauffement mondial s’accélère et pourrait même atteindre 2,9 degrés d’ici la fin du siècle.

Les émissions de GES attribuables au transport aérien représentent moins de 3 % des émissions mondiales, mais elles sont néanmoins en hausse depuis quelques années.

Avec Julien Arsenault, La Presse

Lisez l’article du Guardian (en anglais)

En savoir plus

  • 5,3 millions
    C’est le nombre de jets privés répertoriés en 2022 par le US Institute for Policy Studies et le groupe Patriotic Millionaires US dans un rapport publié en 2023.

Source : HIGH FLYERS 2023 : HOW ULTRA-RICH PRIVATE JET TRAVEL COSTS THE REST OF US AND BURNS UP THE PLANET

10 fois
Pour chaque passager, les vols en jet privé sont au moins 10 fois plus polluants que les vols commerciaux.

Source : HIGH FLYERS 2023 : HOW ULTRA-RICH PRIVATE JET TRAVEL COSTS THE REST OF US AND BURNS UP THE PLANET

Californie Une usine pour extraire le carbone de l’air

PHOTO JIM WILSON, THE NEW YORK TIMES

Travailleurs à l’usine de Heirloom, à Tracy, en Californie

(Tracy, Californie) Dans un entrepôt à ciel ouvert de la Central Valley, en Californie, des rayonnages de quatre mètres de haut contiennent des centaines de plateaux remplis d’une poudre blanche qui devient croûteuse à mesure qu’elle absorbe le dioxyde de carbone présent dans le ciel.

Publié à 1h00 Mis à jour à 5h00

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Brad Plumer The New York Times

La jeune pousse qui a construit cette installation, Heirloom Carbon Technologies, l’appelle la première usine commerciale aux États-Unis à utiliser le captage direct de l’air, qui consiste à aspirer les gaz à effet de serre de l’atmosphère. Une autre usine fonctionne en Islande, et certains scientifiques estiment que cette technique pourrait être cruciale dans la lutte contre les changements climatiques.

PHOTO JIM WILSON, THE NEW YORK TIMES

Poudre d’oxyde de calcium étalée sur un grand plateau et exposée à l’air libre

Heirloom récupérera le dioxyde de carbone qu’elle extrait de l’air et le scellera définitivement dans du béton, où il ne pourra pas réchauffer la planète. Pour gagner de l’argent, la société vend des crédits d’élimination du carbone aux entreprises qui paient une prime pour compenser leurs propres émissions. Microsoft a déjà signé un accord avec Heirloom pour éliminer 315 000 tonnes de dioxyde de carbone de l’atmosphère.

La première installation de la société à Tracy, en Californie, qui a ouvert ses portes début novembre, est relativement petite. Elle peut absorber un maximum de 1000 tonnes de dioxyde de carbone par an, soit l’équivalent des gaz d’échappement d’environ 200 voitures. Mais Heirloom espère se développer rapidement.

« Nous voulons atteindre des millions de tonnes par an, a déclaré le PDG Shashank Samala. Cela signifie qu’il faut copier et coller cette conception de base à l’infini. »

L’idée d’utiliser la technologie pour aspirer le dioxyde de carbone du ciel est passée de la science-fiction à la grande entreprise. Des centaines de jeunes pousses ont vu le jour. En août, l’administration Biden a accordé 1,2 milliard de dollars américains pour aider plusieurs entreprises, dont Heirloom, à construire de plus grandes usines de capture directe de l’air au Texas et en Louisiane. Des entreprises telles qu’Airbus et JPMorgan Chase dépensent des millions pour acheter des crédits d’émission de carbone afin de respecter leurs engagements en matière de climat.

Les critiques soulignent que de nombreuses méthodes artificielles d’élimination du dioxyde de carbone de l’air sont extrêmement coûteuses, de l’ordre de 600 dollars américains par tonne ou plus, et certains craignent qu’elles ne détournent l’attention des efforts de réduction des émissions.

Les écologistes se méfient quant à eux des sociétés pétrolières qui investissent dans cette technologie, craignant qu’elle ne serve à prolonger l’utilisation des combustibles fossiles.

D’autres estiment qu’il est essentiel d’essayer. Selon les scientifiques, les pays ont tellement tardé à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre qu’il est pratiquement impossible de maintenir le réchauffement de la planète à des niveaux tolérables, à moins que les pays ne réduisent fortement leurs émissions et n’éliminent des milliards de tonnes de dioxyde de carbone de l’atmosphère d’ici le milieu du siècle, ce qui est bien plus que ce que l’on peut obtenir en plantant simplement des arbres.

« La science est claire : la réduction des émissions de carbone à l’aide des énergies renouvelables ne suffira pas à stopper les dégâts causés par les changements climatiques », a affirmé la secrétaire américaine à l’Énergie, Jennifer Granholm, qui a prévu d’assister à l’inauguration de l’installation d’Heirloom.

La technologie de captage direct de l’air est un outil qui change la donne et nous offre une chance d’éliminer la pollution par le carbone qui s’est accumulée dans l’atmosphère depuis la révolution industrielle.

Jennifer Granholm, secrétaire à l’Énergie des États-Unis

Roches absorbant le carbone

La technologie d’Heirloom repose sur un simple élément de chimie : le calcaire, l’une des roches les plus abondantes de la planète, se forme lorsque l’oxyde de calcium se lie au dioxyde de carbone. Dans la nature, ce processus prend des années. Heirloom l’accélère.

PHOTO JIM WILSON, THE NEW YORK TIMES

L’oxyde de calcium – la poudre utilisée par Heirloom – ressemble à de la farine.

Dans l’usine californienne, les ouvriers chauffent le calcaire à 900 °C dans un four alimenté par de l’électricité renouvelable. Le dioxyde de carbone se dégage du calcaire et est pompé dans un réservoir de stockage.

L’oxyde de calcium restant, qui ressemble à de la farine, est ensuite arrosé d’eau et réparti sur de grands plateaux, qui sont transportés par des robots sur des rayonnages hauts comme des tours et exposés à l’air libre. Pendant trois jours, la poudre blanche absorbe du dioxyde de carbone et se transforme à nouveau en calcaire. Le cycle se répète ensuite dans le four.

PHOTO JIM WILSON, THE NEW YORK TIMES

Shashank Samala, PDG de Heirloom Carbon Technologies

« C’est ce qui fait la beauté de la chose, ce ne sont que des pierres sur des plateaux », a observé M. Samala, qui a cofondé Heirloom en 2020. La partie la plus difficile, ajoute-t-il, a consisté à ajuster pendant des années des variables telles que la taille des particules, l’espacement des plateaux et l’humidité afin d’accélérer l’absorption.

Le dioxyde de carbone doit encore être traité. En Californie, Heirloom travaille avec CarbonCure, une entreprise qui mélange le gaz au béton, où il se minéralise et ne peut plus s’échapper dans l’air. Dans ses futurs projets, Heirloom prévoit également pomper le dioxyde de carbone dans des puits de stockage souterrains et l’enterrer.

Heirloom ne divulguera pas ses coûts exacts, mais les experts estiment que le captage direct de l’air coûte actuellement entre 600 et 1000 dollars américains par tonne de dioxyde de carbone, ce qui en fait de loin le moyen le plus coûteux de réduire les émissions, même après l’attribution de nouveaux crédits d’impôt fédéraux pouvant aller jusqu’à 180 dollars américains par tonne.

Heirloom s’est fixé un objectif à long terme de 100 dollars américains par tonne et compte y parvenir, en partie, grâce à des économies d’échelle et à des composants produits en masse. Pour sa prochaine usine, prévue en Louisiane, Heirloom utilisera un four plus efficace et une disposition plus dense afin de réduire les coûts de terrain.

Payer pour l’élimination du carbone

Même si le captage direct de l’air reste coûteux, certains clients sont prêts à payer.

Microsoft, qui est le plus gros client d’Heirloom, s’est fixé pour objectif de devenir carboneutre d’ici à 2030. Cela signifie qu’il faut d’abord faire tout ce qui est possible pour réduire les émissions, par exemple en alimentant les centres de données avec de l’électricité renouvelable. Mais l’entreprise souhaite également compenser les émissions provenant d’activités qui ne sont pas faciles à assainir, comme la production du ciment qu’elle utilise, et prévoit compenser ses émissions historiques.

Microsoft n’achètera pas de compensations traditionnelles, telles que payer pour la protection des forêts, parce qu’elles sont difficiles à vérifier et qu’elles peuvent ne pas être permanentes. Extraire le dioxyde de carbone de l’air et l’enterrer semble plus durable et plus facile à mesurer.

« L’élimination du carbone peut être beaucoup plus coûteuse que les compensations, mais ce que vous payez en matière d’impact sur le climat est radicalement différent », a expliqué Brian Marrs, directeur principal de l’énergie et du carbone chez Microsoft.

Il est trop tôt pour prédire quelles technologies d’élimination du carbone seront les plus efficaces, a déclaré M. Marrs, c’est pourquoi l’entreprise investit dans diverses approches en plus de celle d’Heirloom. Il s’agit notamment d’un projet de capture directe de l’air dans le Wyoming et d’une nouvelle entreprise qui prétend éliminer le carbone atmosphérique en enfouissant des algues dans les profondeurs de l’océan.

Plus il y aura d’innovations dans ce domaine, mieux ce sera.

Brian Marrs, de Microsoft

Toutefois, à ce jour, seul un petit nombre d’entreprises fortunées ont été disposées à payer pour l’élimination du carbone par ingénierie.

Afin d’instaurer la confiance sur le marché, le département de l’Énergie a annoncé en septembre qu’il achèterait pour 35 millions de dollars américains de crédits d’émission de carbone à dix fournisseurs au maximum, afin d’établir de nouvelles lignes directrices sur ce qui constitue un projet de « haute qualité ».

« L’élimination du carbone fait l’objet d’une grande attention, mais il n’y a pas encore assez d’acheteurs pour atteindre l’échelle dont nous avons besoin », a déclaré Noah Deich, secrétaire adjoint au bureau de gestion du carbone du département de l’Énergie. « Nous essayons de changer cela. »

Cet article a été publié à l’origine dans le New York Times.

Et surtout, aucun gouvernement n’est sérieux pour offrir du TEC structurant. Faut commencer par là pour inciter les gens à délaisser la voiture le plus possible !

Milieux humides sur le terrain de Northvolt Un projet immobilier bloqué au printemps

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Le terrain acheté par Northvolt sur la Rive-Sud chevauche Saint-Basile-le-Grand et McMasterville.

Pas plus tard qu’en mars dernier, le ministère de l’Environnement a bloqué le projet immobilier du précédent propriétaire des terrains de l’ex-usine d’explosifs CIL parce qu’il portait « atteinte à la conservation de la biodiversité ». C’est à cet endroit, sur la Rive-Sud, que Northvolt veut bâtir une méga-usine de cellules de batteries.

Publié à 1h57 Mis à jour à 5h00

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Ariane Krol
Ariane Krol La Presse


André Dubuc
André Dubuc La Presse


Julien Arsenault
Julien Arsenault La Presse

Six mois après ce refus, l’entreprise suédoise veut obtenir le feu vert pour intervenir dans les milieux humides considérés par des fonctionnaires comme un « écosystème dynamique d’une composition complexe qui permet de maintenir une grande diversité d’habitats ».

Cette analyse se trouve dans l’avis du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) que La Presse a obtenu en vertu de la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels.

Northvolt, qui a déposé sa demande d’autorisation ministérielle pour la première phase de ses travaux en septembre dernier, espère pouvoir commencer les travaux d’ici la fin de l’année. Le gouvernement Legault veut voir ce chantier aller de l’avant.

L’ex-propriétaire, Quartier MC2 – un consortium dans lequel on retrouve l’homme d’affaires Luc Poirier –, avait dû patienter près de trois ans avant de se heurter à un refus du Ministère. Ce promoteur ambitionnait de construire plus de 2400 habitations dans le cadre d’un lotissement de type Transit Oriented Development (TOD), près de la gare de train de banlieue de McMasterville.

Ce que Québec reprochait au consortium : des mesures d’atténuation insuffisantes des répercussions sur les milieux humides ainsi que pour la biodiversité de ce site encore en partie contaminé et marqué par plus de 120 ans d’activité industrielle lourde – de 1878 à 1999.

« Il ne faut pas oublier que ce n’est pas un terrain de la SEPAQ [Société des établissements de plein air du Québec] », a lancé le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, vendredi dernier, devant le Conseil des relations internationales de Montréal, en faisant référence au passé industriel du site. « C’est probablement un endroit où les poissons ont trois yeux. »

Stéphanie Pellerin, professeure associée au département des sciences biologiques de l’Université de Montréal et spécialiste des milieux humides, a consulté les analyses ministérielles à notre demande. Elle estime que les conclusions du ministère de l’Environnement « à l’époque » sont toujours pertinentes. La spécialiste n’est visiblement pas sur la même longueur d’onde que le ministre Pierre Fitzgibbon.

« Bien que certains milieux humides soient issus des activités de décontamination, il est, pour moi, clair qu’à l’origine (avant 1900) ce site était un milieu humide », ajoute-t-elle en mentionnant la proximité de la rivière, et la rapidité avec laquelle des milieux humides se sont créés sur le site.

L’immense terrain de plus de 170 hectares, qui chevauche Saint-Basile-le-Grand et McMasterville, compte plus de 21,6 hectares de milieux humides. Quartier MC2 prévoyait d’empiéter sur 6,5 hectares de milieux humides.

Selon la Loi sur la qualité de l’environnement du Québec, tout milieu humide ayant les caractéristiques recherchées mérite d’être sauvegardé, même ceux créés par l’intervention humaine.

« La perte encourue par le projet correspond à 81 % des milieux humides restants trouvés sur le territoire de McMasterville et 25 % de ceux répertoriés à Saint-Basile-le-Grand », dénonce l’avis des fonctionnaires.

En comparaison, l’immense complexe de Northvolt en touchera deux fois plus, soit 13 hectares de milieux humides. « Les empiétements permanents représentent 60 % de la superficie totale de milieux humides sur le site », écrit l’entreprise dans sa demande d’autorisation ministérielle.

L’habitat du petit blongios

Dans sa réponse à Quartier MC2, le Ministère s’est montré particulièrement attentif au sort du petit blongios, un oiseau considéré comme une espèce vulnérable dont la présence a été détectée à trois reprises depuis 2016.

« Cette espèce est donc réputée être présente sur le site », tranche le MELCCFP.

Selon le même document, d’autres espèces vulnérables ou menacées fréquentent le site, dont la chauve-souris brune, en voie de disparition. Des rapaces sans statut et des batraciens communs ont aussi été observés, à l’instar de la tortue serpentine et de la tortue molle à épines.

PHOTO WIKICOMMONS

Le petit blongios est considéré comme une espèce vulnérable au Québec.

Afin de sauver l’habitat du petit blongios, le Ministère impose l’établissement d’une zone tampon de 500 mètres autour d’un marais de quenouilles de 2,4 hectares que l’on retrouve dans la portion nord-ouest du site ; l’oiseau nichant à l’abri des milieux urbanisés. Le demandeur, Quartier MC2, s’est opposé à cette zone. Il plaide que la nidification du petit blongios dans le secteur n’a jamais été confirmée. Il mentionne en outre que celle-ci s’effectue dans des marais d’au moins cinq hectares.

Bien que le site soit un bon exemple, et non un exemple parfait d’habitat du petit blongios, notamment dû à sa proximité des zones urbaines, il présente une grande importance pour le rétablissement de l’espèce dans le contexte actuel.

Le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, dans sa réponse à Quartier MC2

Dans sa demande ministérielle, Northvolt soulignait que son « plan final » permettait d’éviter « tout empiétement » dans certains milieux humides, notamment ceux qui « représentent l’habitat le plus important pour le petit blongios ».

« Notre demande tient compte des contraintes du site, dont la présence de milieux humides générés par les travaux de réhabilitation du terrain devenus nécessaires après 120 ans d’exploitation industrielle lourde », affirme le porte-parole de la compagnie, Laurent Therrien.

La zone tampon exigée par l’Environnement pourrait néanmoins donner des maux de tête à Northvolt puisque son projet d’usine prévoit l’empiétement de plus de la moitié de cette zone de 500 mètres, constate-t-on à la lecture de sa demande.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoit Charette

Le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoit Charette, a envoyé plusieurs signaux positifs à l’endroit du chantier en attente.

« La réglementation est respectée et on va souhaiter la réalisation de ce beau projet », a-t-il notamment déclaré dans une mêlée de presse en marge d’une annonce économique à Montréal à la mi-novembre. « Il n’y a aucun passe-droit accordé à l’entreprise et elle collabore bien pour chacune des exigences », avait-il assuré.

« L’établissement d’un projet manufacturier sur un site industriel est cohérent avec les lois et règlements en vigueur », avait également indiqué son cabinet au Devoir. « Pour ce qui est des milieux humides et naturels du site, l’entreprise devra satisfaire aux exigences du ministère de l’Environnement, en plus de fournir toutes les assurances et les compensations nécessaires », avait précisé le cabinet.

Disparition des milieux humides

À cause du développement urbain et agricole, les milieux humides sont devenus rares dans l’ensemble de la Montérégie, où ils couvrent « moins de 5 % du territoire », avait également souligné l’analyste du Ministère.

Le MELCCFP n’utilise pas de manière efficace les mécanismes prévus pour assurer la protection et l’utilisation durable des milieux humides et hydriques, malgré les pertes importantes de ces milieux que le Québec a connues depuis plusieurs décennies.

Extrait du rapport de la Commissaire au développement durable

Consultez le rapport de la Commissaire au développement durable

« C’est une peau de chagrin, le nombre de milieux humides qui restent en Montérégie. Les points de bascule sont en train de virer au rouge et nous, on va encore donner un permis de construire dans des milieux qui ont une valeur écologique ? », déplore Jean-François Girard, biologiste et avocat spécialisé en droit de l’environnement chez DHC Avocats.

« Ce qui me choque le plus dans ce dossier, c’est qu’on donne la défaite de dire : “On va créer des industries vertes, donc on devrait accepter de détruire des environnements naturels d’importance écologique” », relève pour sa part Stéphanie Pellerin.

D’après elle, « dans l’esprit du gouvernement, le projet est fait ».

Avec la collaboration de William Leclerc, La Presse

L’histoire jusqu’ici :

3 mars 2023 : L’ancien propriétaire du terrain de Northvolt, Quartier MC2, se fait refuser par Québec sa demande d’intervention en milieux humides.

13 mai : La Presse révèle que le terrain de l’ancien complexe de la Canadian Industries Limited (CIL) est le site privilégié au Québec pour sa méga-usine.

Septembre : Northvolt dépose sa demande d’autorisation ministérielle pour effectuer des travaux.

28 septembre : L’entreprise suédoise confirme son implantation au Québec.

1er novembre : Northvolt devient propriétaire du terrain en Montérégie. La transaction est de 240 millions.

En savoir plus

  • 7 milliards
    Coût estimé de la première phase du complexe que souhaite construire Northvolt

Source : Northvolt

3 milliards
Somme avancée par Québec et Ottawa pour financer la construction de la méga-usine

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Québec octroie 144 millions pour bonifier les aires protégées privées

Le paysage d'une forêt rouge et orangée autour d'un lac.

Les fonds serviront à protéger des corridors de connectivité écologique dans 11 régions du Québec. (Photo d’archives)

Photo : Getty Images / iStock / Mirceax

La Presse canadienne

Publié hier à 20 h 03 HNE

Le gouvernement du Québec octroie 144,1 millions de dollars à Conservation de la nature Canada (CNC) afin de bonifier le réseau d’aires protégées privées dans le sud de la province, selon ce qu’a appris La Presse canadienne.

Cet investissement sans précédent, selon le ministère de l’Environnement, vise à protéger des corridors de connectivité écologique dans 11 régions du Québec.

La connectivité écologique fait référence à la migration et au mouvement sans entrave des animaux et des végétaux dans leur environnement.

C’est une entente historique. Il n’y a jamais eu un aussi gros montant donné à un organisme de conservation, donc on est vraiment honorés de la confiance du gouvernement, a indiqué la vice-présidente pour le Québec de CNC, Claire Ducharme, en ajoutant que son organisation partagera cette subvention avec d’autres organismes de conservation.

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Elle a confié que la joie arrive avec un petit vertige, car l’entente prévoit que chaque dollar investi par Québec doit être doublé par des investissements.

Ça arrive avec un défi de levée de fonds et de philanthropie où on doit trouver plein de partenaires, a-t-elle souligné.

Cette entente vise à accélérer la conservation de la biodiversité dans le sud du Québec, de l’Outaouais jusqu’à la Gaspésie, a indiqué Claire Ducharme.

Pour donner un exemple concret, on va travailler notamment sur le corridor entre le parc national de Plaisance et le parc national du Mont-Tremblant. C’est un corridor où on a déjà un bon noyau de préservé et on va essayer de connecter des aires protégées déjà existantes.

Une citation de Claire Ducharme, vice-présidente pour le Québec de Conservation de la nature Canada

Cette initiative sert à faire l’acquisition de nouveaux terrains pour les protéger.

On a beaucoup de dons écologiques et, dans d’autres cas, on achète à la juste valeur marchande, évidemment, a précisé Mme Ducharme.

Une image aérienne d'une pointe de terre entourée d'eau et de marais.

Le parc national de Plaisance, situé le long de la rivière des Outaouais, est composé aux deux tiers de milieux humides et de marais. (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada

Quatre volets

Ce financement provient du budget de 444 millions de dollars prévu sur cinq ans pour la mise en œuvre du futur Plan Nature 2030, annoncé par le gouvernement afin d’atteindre les cibles du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming à Montréal, dont l’objectif est de protéger 30 % du territoire d’ici 2030.

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La subvention à CNC s’échelonne sur cinq ans et le nouveau programme de conservation se décline en quatre volets :

  • Plus de 100 millions seront destinés à soutenir financièrement des projets visant la création d’aires protégées et la conservation de milieux naturels d’intérêt, notamment par l’acquisition de terrains privés.
  • Près de 9 millions seront voués à des projets d’acquisition de connaissances ou de sensibilisation à l’égard de milieux naturels d’intérêt, et ce, en vue d’une acquisition éventuelle à des fins de conservation.
  • Également, 870 000 $ seront consacrés à l’aide et à l’accompagnement de propriétaires de terres qui souhaiteraient transformer leur terrain en réserve naturelle.
  • Enfin, 34 millions seront utilisés pour l’intendance et la gestion des partenariats.

Selon le ministère de l’Environnement, depuis 2020, le Projet de partenariat pour les milieux naturels (PPMN), dans lequel le gouvernement a investi plus de 53 millions de dollars, a permis de soutenir une centaine de projets d’acquisition de terres vouées à la conservation.

À lire aussi :

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Les deux articles que je viens de publier sont en contradiction. Une fois de plus le gouvernement agit dans un sens pour un site et de l’autre dans un autre dossier, comme si l’environnement était deux poids deux mesures ou à gestion variable.

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Milieux humides sur le terrain de Northvolt Québec ignore ses propres lois, dénonce l’opposition

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

En mars dernier, le ministère de l’Environnement a bloqué le projet immobilier du précédent propriétaire des terrains de l’ex-usine d’explosifs CIL parce qu’il portait « atteinte à la conservation de la biodiversité ».

(Québec) Le gouvernement du Québec ignore ses propres lois environnementales pour favoriser le projet de méga-usine de cellules de batteries Northvolt, qui souhaite s’installer sur des terrains où un précédent projet a été refusé, car il portait atteinte « à la conservation de la biodiversité ». Le ministre de l’Environnement se défend d’un quelconque « traitement de faveur ».

Publié à 12h32

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Charles Lecavalier
Charles Lecavalier La Presse

« On sait très bien que Northvolt est en violation des normes environnementales. C’est pour ça que l’on contourne le BAPE », a dénoncé le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon en point de presse jeudi. « C’est totalement deux poids, deux mesures. Et c’est la preuve que, lorsque le gouvernement exempte Northvolt du BAPE, c’est parce qu’il sait qu’un examen sérieux sur le plan environnemental soulèverait ces questions », a-t-il ajouté.

La Presse a révélé qu’en mars dernier, le ministère de l’Environnement a bloqué le projet immobilier du précédent propriétaire des terrains de l’ex-usine d’explosifs CIL parce qu’il portait « atteinte à la conservation de la biodiversité ».

Le promoteur ambitionnait de construire « plus de 2400 habitations dans le cadre d’un lotissement de type Transit-Oriented Development (TOD), près de la gare de train de banlieue de McMasterville ». Mais Québec lui reprochait des « mesures d’atténuation insuffisantes des répercussions sur les milieux humides ainsi que pour la biodiversité de ce site encore en partie ».

C’est pourtant là que Northvolt veut installer ses pénates, où l’entreprise compte détruire beaucoup plus de milieux humides.

Apparence d’intervention politique

« Aujourd’hui, tout cet argumentaire-là semble rejeté complètement du revers de la main parce qu’on parle de batteries, puis parce qu’on parle d’un projet du ministre [Pierre] Fitzgibbon. Essentiellement, là, il y a là-dedans apparence d’une intervention politique extrêmement puissante qui fait fi de toute l’analyse qu’on pourrait confier à des administrateurs de l’État, des fonctionnaires. Et moi, c’est ça que je trouve inquiétant » a dit Joël Arsenault, député du Parti québécois.

Le chef par intérim Marc Tanguay déplore que le projet se fasse « à vitesse grand V, […] comme s’il n’y avait plus de règles, au Québec, environnementales ».

« Je ne crois pas le ministre de l’Environnement. Ce que je constate, c’est qu’il y avait un projet d’une entreprise québécoise, sur ce même terrain-là, qui a été refusé pour protéger les milieux humides. Ça, c’est un fait de la vie. Je constate que le gouvernement a modifié les règles cette année, de manière à permettre à Northvolt de ne pas avoir de BAPE », a-t-il dénoncé.

La députée de Québec solidaire Alejandra Zaga Mendes ironise en se demandant si la biodiversité a disparu lorsque Northvolt a acheté le terrain.

« Il y avait déjà un projet immobilier qui a reçu un refus de la part du ministère de l’Environnement parce qu’il empiétait sur des milieux humides, parce qu’il y avait des enjeux de biodiversité. Puis moi, je me demande si la biodiversité, en six mois, là, elle a-tu disparue ? Qu’est-ce qui est arrivé ? Parce qu’on parle du même site », a-t-elle affirmé.

« La CAQ est en train d’accélérer le projet sans nous dire comment ce projet-là va respecter nos normes environnementales », a-t-elle ajouté.

Charette se défend

Le ministre de l’Environnement Benoît Charette réplique toutefois qu’il n’y a « pas de traitement de faveur », mais il est favorable au projet de Northvolt.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Benoît Charette

« Vous allez voir, il y aura des obligations de compensation, il y aura des obligations de réhabilitation, ce que Northvolt s’engage à faire. Et c’est un projet que l’on défend et dont on a besoin, notamment pour la filière batterie, mais malgré ce besoin, il n’y a aucun passe-droit », a-t-il dit.

« Ce ne sont pas tous les secteurs avec une certaine valeur qui seront détruits. Et si certains le sont, il y a des compensations et des obligations qui seront celles de l’entreprise. Ça fait partie des conditions qui devront être respectées », a-t-il ajouté.

Ce que le ministre ne dit pas, toutefois, c’est que le projet de Northvolt détruira beaucoup plus de milieux humides que le projet immobilier que son ministère a précédemment refusé. « La perte encourue par le projet correspond à 81 % des milieux humides restants trouvés sur le territoire de McMasterville et 25 % de ceux répertoriés à Saint-Basile-le-Grand », dénonce l’avis des fonctionnaires obtenu par La Presse.

En comparaison, l’immense complexe de Northvolt en touchera deux fois plus, soit 13 hectares de milieux humides. « Les empiétements permanents représentent 60 % de la superficie totale de milieux humides sur le site », écrit l’entreprise dans sa demande d’autorisation ministérielle.

Les éoliennes grignotent les champs cultivables, déplorent les producteurs

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Des éoliennes dans un champ tout près de Saint-Isidore, en Montérégie, au sud de Montréal

Les producteurs de céréales du Québec s’inquiètent de la multiplication à venir des éoliennes qui vont réduire les superficies cultivées et grignoter la sécurité alimentaire de la province.

Publié à 1h59 Mis à jour à 6h00

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Hélène Baril
Hélène Baril La Presse

Avant d’annoncer une expansion éolienne, le gouvernement du Québec et Hydro-Québec auraient pu au moins consulter ceux qui occupent et cultivent le territoire, déplore Christian Overbeek, président des Producteurs de grains du Québec, dans un entretien avec La Presse.

Depuis l’annonce du plan d’action d’Hydro-Québec qui prévoit tripler la production d’énergie éolienne d’ici les dix prochaines années, les promoteurs ont déjà fait leur apparition dans les campagnes du Québec pour flairer le vent, dit-il.

« Il y en a qui pensent que la plupart des producteurs de céréales attendent après ça », dit Christian Overbeek. C’est loin d’être le cas, selon lui.

Il y a d’autres considérations que les redevances versées aux producteurs qui accueillent des éoliennes dans leurs champs. « Une éolienne, ce n’est pas juste un poteau au milieu d’un champ, dit-il. Il y a des chemins d’accès, des installations de conversion et de transmission, sans parler des équipements lourds qui perturbent les terres pendant la construction. C’est plus invasif que ce que disent les promoteurs. »

Au Québec, le territoire cultivé se fait manger des morceaux chaque année.

Christian Overbeek, président des Producteurs de grains du Québec

Hydro-Québec estime que la multiplication des éoliennes est la façon la moins coûteuse d’augmenter rapidement sa production d’électricité.

Les nouvelles éoliennes couvriront un territoire équivalent à 15 fois la superficie de l’île de Montréal, a illustré le PDG d’Hydro-Québec, Michael Sabia, en présentant son plan pour augmenter la production éolienne de 10 000 mégawatts d’ici 2035.

La moitié des terres cultivées

L’acceptabilité sociale de la communauté d’accueil est un des critères fixés par Hydro-Québec dans ses appels d’offres pour l’achat d’énergie éolienne. Christian Overbeek souhaiterait que la société d’État accorde plus d’importance aux préoccupations locales dans sa sélection des projets qui lui seront soumis.

Le président des Producteurs de grains du Québec évoque la possibilité d’exiger de nuire le moins possible aux activités agricoles ou d’assurer prioritairement la sécurité énergétique des communautés qui accueillent des éoliennes.

D’autres solutions peuvent aussi être envisagées pour augmenter la production d’électricité, selon lui, comme construire des éoliennes en mer ou hors des zones cultivées. Les enjeux énergétiques ne doivent pas passer avant la sécurité alimentaire, estime-t-il.

Les grandes cultures sont l’affaire de 9500 producteurs et productrices qui font pousser du maïs, du blé, de l’orge, de l’avoine, du soya et du canola sur des terres qui représentent la moitié de la superficie totale cultivée au Québec.

Les Producteurs de grains du Québec sont membres de l’Union des producteurs agricoles, qui s’est prononcée récemment contre un projet éolien de Boralex dans la région d’Arthabaska.

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