Environnement et transition écologique

Planète bleue, idées vertes Révolution verte à la cafétéria de l’hôpital

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La candidature de l’hôpital Notre-Dame a été retenue par Recyc-Qc afin que sa cafétéria devienne « zéro déchet ».

Comment ils sont passés de la parole aux actes

Mis à jour hier à 8h00

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Sara Champagne
Sara Champagne La Presse

Ça ne saute pas aux yeux du premier coup, mais une véritable révolution verte se prépare dans les cuisines de l’un des plus vieux hôpitaux du Québec. La cafétéria de l’hôpital Notre-Dame deviendra « zéro déchet » dans la prochaine année. Un virage cohérent avec le règlement montréalais interdisant le plastique à usage unique.

La cafétéria de l’établissement de santé du centre-ville de Montréal, situé rue Sherbrooke, s’est débarrassée de son austérité au fil du temps. Avec ses couleurs vives, ses banquettes, ses écrans plats, elle ressemble aujourd’hui à une salle à manger. À travers la pandémie, raconte le chef des services alimentaires de l’hôpital, Jean-Marc Riverin, elle est devenue un lieu de socialisation. Et maintenant, elle est appelée à devenir un lieu de sensibilisation à l’environnement.

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Marion Nuss, responsable du bureau de santé environnementale et développement durable du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, et Jean-Marc Riverin, chef des services alimentaires de l’hôpital Notre-Dame

« Ça fait 17 ans que je rêve d’un virage de nos services alimentaires avec des valeurs de développement durable », lance M. Riverin, en offrant une tournée des lieux.

Le chef des services explique que la cafétéria est la plus importante dans ce secteur de la métropole avec pas moins de 1,6 million de personnes qui y circulent chaque année. Il est question d’un volume de 300 000 transactions, d’une moyenne de 5,42 $ chacune. Une bonne partie de la clientèle provient d’un milieu défavorisé.

Dans un premier temps, la direction de l’hôpital du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal procédera à l’achat de contenants et de vaisselle réutilisables. L’établissement songe à un système de contenants en consigne. Tout un espace sera consacré à l’ajout d’un lave-vaisselle à l’image de ceux des grands hôtels. Et des fontaines d’eau sans contact seront installées.

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Marion Nuss, responsable du bureau de santé environnementale et développement durable du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, a piloté le projet qui a permis de décrocher une première subvention de 185 136 $ provenant d’un programme de Recyc-Québec. Au total, une enveloppe de 6,4 millions a été accordée par la société d’État pour développer une quarantaine de projets dans différents milieux visant à remplacer le plastique et les produits à usage unique.

L’hôpital Notre-Dame a fait le calcul : 8000 bouteilles d’eau sont vendues chaque année à sa cafétéria.

« Nous avons l’intention d’éventuellement informer nos usagers de la quantité de plastique qui évitera l’enfouissement grâce aux fontaines d’eau et autres mesures. En analysant ce que nous vendons, on a déjà diminué l’offre. On a vite réalisé qu’on n’a pas besoin d’offrir plusieurs variétés d’eau embouteillée », estime Mme Nuss.

Sur le cabaret

Le virage vert a également donné lieu à une expérience inusitée pour un hôpital. Avec la collaboration d’une brigade d’employés, le contenu de 1000 cabarets a été analysé avec l’objectif de récupérer les matières organiques. Du déjeuner au souper, les restants de table ont été quantifiés, calibrés, puis débarrassés.

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La cafétéria de l’hôpital Notre-Dame reçoit 1,6 million de personnes annuellement.

Premier constat ; c’est rare que le contenu d’une assiette soit totalement vidé. Second constat : la quantité de nourriture ayant le potentiel d’être détournée d’un site d’enfouissement est la même, qu’il s’agisse du repas du midi ou du soir.

« Au départ, on pensait faire l’acquisition d’un gros digesteur pour récupérer les matières résiduelles. Avec ce qu’on a quantifié comme restants de table, on pense plutôt à deux digesteurs de taille moyenne. L’expérience a aussi mis en évidence l’importance de continuer à obtenir l’avis d’un panel d’usagers pour élaborer de bons repas, et ainsi éviter du gaspillage. »

Dans le réseau de la santé du Québec, plusieurs établissements se sont dotés d’un digesteur, notamment l’hôpital Maisonneuve-Rosemont et l’Institut Philippe-Pinel de Montréal. La matière organique qui ressort du processus de fermentation – ce qu’on appelle le digestat – est acceptée dans les usines de biométhanisation de la Ville de Montréal. Mais dans certaines autres municipalités, la collecte n’est pas encore implantée.

Nathalie Robitaille est directrice générale de Synergie Santé Environnement, un organisme spécialisé dans l’accompagnement en santé environnementale. Son équipe a obtenu des subventions pour implanter des digesteurs dans six hôpitaux. Ils permettent de récupérer jusqu’à 70 % des restes alimentaires.

La dirigeante affirme que le nouveau règlement bannissant le plastique à usage unique a servi de levier à Montréal. Il y a l’environnement à prioriser, dit-elle, mais aussi la santé à mettre de l’avant dans les pratiques.

« Si on prend l’exemple des fameux verres en polystyrène. La plupart des gens savent désormais que ce n’est pas bon pour l’environnement. Mais les gens sont moins nombreux à savoir que le polystyrène est un agent cancérigène quand on s’en sert pour boire une boisson chaude, comme du café. »

Bon à savoir

Devant l’engouement pour les initiatives visant à réduire l’utilisation des produits à usage unique, Recyc-Québec a ouvert une nouvelle enveloppe de 3 millions. La société d’État acceptera les nouvelles propositions jusqu’à la fin du mois de juin. Au Québec, 45 000 tonnes de produits à usage unique se retrouvent à l’élimination annuellement, selon l’organisme.

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Pour ses 40 ans, le Fonds FTQ se lance dans la bioénergie

« On est assez en retard surtout lorsqu’on regarde les technologies en Europe. On ne va pas révolutionner la roue, on vient l’appliquer ici », explique l’institution.

Créé en juin 1983, le Fonds de solidarité FTQ est une société de capital de développement dont les investissements ciblent l’économie québécoise.

Photo : The Canadian Press / Paul Chiasson

Olivier Bourque (accéder à la page de l’auteur)

Olivier Bourque

Olivier Bourque

Publié à 4 h 00

Conscient que le Québec a pris du retard dans la production de bioénergie, le Fonds de solidarité FTQ veut aider à stimuler le secteur. L’institution qui fêtera ses 40 ans dans quelques jours lance une nouvelle filière qui aidera le développement du gaz naturel renouvelable (GNR), produit à l’aide de matières agroalimentaires et agricoles et qui pourra approvisionner le réseau d’Énergir.

On a des préoccupations qui sont très fortes au niveau des changements climatiques. Je crois que comme institution financière, on doit livrer non seulement un rendement financier, mais aussi un rendement sociétal. On a l’obligation de faire avancer la société, a expliqué la PDG du Fonds, Janie Béïque, en entrevue à Radio-Canada.

Le bras financier de la FTQ met donc en place une nouvelle filiale, le Fonds FTQ bioénergie dans laquelle 100 millions $ sont investis. Du même souffle, l’institution fait l’acquisition de trois entreprises québécoises qui ont une expertise dans le secteur.

Janie C. Béïque est la présidente et cheffe de la direction du Fonds de solidarité FTQ.

Photo : Radio-Canada / François Gagnon

Ainsi, le Fonds achète le Centre de traitement de la biomasse de la Montérégie (CTBM) qui opère une usine de valorisation des matières résiduelles organiques, sa filiale Qarbonex qui se spécialise dans les projets de GNR et Solucycle, une entreprise de Québec qui développe des robots aux applications étonnantes.

C’est très innovateur. On parle de robots qui ramassent des produits alimentaires et les déchets dans des restaurants par exemple. Ils envoient les matières dans des récipients, c’est ramassé par un camion et ça permet de produire du GNR, explique Normand Bélanger, PDG de la nouvelle filiale.

Site Internet de l’entreprise Solucycle.

Photo : Site Internet Solucycle

Le Québec en retard

Ce dernier qui dirigeait jusqu’à tout récemment le fonds immobilier croit que le Québec est loin d’être un leader dans le secteur de la bioénergie et qu’un coup d’accélérateur était nécessaire.

« On est assez en retard surtout lorsqu’on regarde les technologies en Europe. On ne va pas révolutionner la roue, on vient l’appliquer ici. Il manquait des capacités financières et on aide des sociétés qui ont déjà l’expertise. »

— Une citation de Normand Bélanger

Le but de la filière est de permettre le développement de la bioénergie au Québec et la création d’usines à taille humaine, implanté harmonieusement dans les communautés. Le tout se fait en concertation, on ne va pas déranger les gens, fait-il valoir.

Le modèle d’affaires idéal, c’est avec des agriculteurs qui seront partenaires avec nous. On a aussi l’agroalimentaire et des opérateurs qui doivent être à proximité des réseaux pour distribuer ce gaz, poursuit-il.

De l’aveu du Fonds, la filiale pourrait grandir rapidement et nécessiter l’injection de nouveaux capitaux.

On veut aussi développer la biomasse forestière et travailler les sites d’enfouissement pour capter le biométhane. […] Le gaz naturel renouvelable a un net avantage sur le gaz fossile. C’est un non-sens qu’on n’en produise pas plus ici au Québec, soutient M. Bélanger.

La production pourra approvisionner le réseau d’Énergir, anciennement Gaz Métro, qui doit atteindre des cibles plus élevées de GNR dans son réseau lors des prochaines années. Actuellement, il y a environ 1 % de renouvelable dans le produit livré aux consommateurs québécois.

On va aider Énergir à rencontrer ses cibles, ce sont des cibles ambitieuses, ce qui va permettre à certaines industries de s’approvisionner en GNR et diminuer leurs empreintes carbones, explique Mme Béïque.

Dernièrement, Énergir a été sous le feu des critiques en raison de son offre de GNR. Certaines organisations environnementales et de défense des consommateurs ont accusé l’entreprise de tromper ses clients.

Énergir est à 100 % propriété du Québec. La Caisse de dépôt et placement du Québec détient 80,9 % des parts, le Fonds FTQ à 19,1 %. On va aider Énergir par la bande, mais en premier on voulait aider le Québec à diminuer son empreinte carbone, a assuré la PDG.

Ces annonces s’inscrivent dans la vision stratégique du Fonds de solidarité FTQ, qui vise à atteindre 12 milliards $ en actifs liés au développement durable d’ici 2027.

« On est à un moment charnière dans notre société, on a des choix à faire qui auront des impacts sur les générations futures »

— Une citation de Janie Béïque, PDG, Fonds de solidarité FTQ

40 ans pour le Fonds

Cette annonce survient au moment où le Fonds FTQ soufflera sur ses 40 bougies le 23 juin prochain. Cet important levier du Québec Inc. avait été créé en 1983 par une loi de l’Assemblée nationale du Québec sous l’impulsion du gouvernement de René Lévesque.

Le Fonds FTQ a été constitué par une loi à l’Assemblée nationale adoptée le 23 juin 1983. Le premier ministre de l’époque, René Lévesque, avait milité pour la création d’un tel fonds.

Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

Le Fonds avait été fondé pour soutenir l’emploi dans une époque tourmentée de l’économie, celle de la récession du début des années 1980, un projet défendu par le président de la FTQ de l’époque, Louis Laberge.

Quand Louis Laberge l’a créé, on lui avait demandé son rêve le plus fou. Il voulait un actif de 100 millions $, et là on est à 18 milliards $, lance Mme Béïque en riant.

Louis Laberge, ancien PDG de la FTQ, en 1983, au moment de la création du Fonds.

Photo : Radio-Canada

Depuis, l’institution est devenue un incontournable au Québec et aide les épargnants à constituer leur retraite, tout en épaulant plusieurs entreprises québécoises qui ont besoin de capital de risque, soutient la PDG.

J’aime me promener en région, je suis allé en Abitibi dernièrement et c’est fou tout ce qu’on peut faire au Québec, on a tellement de potentiel, lance-t-elle.

Très prochainement, le Fonds pourrait aussi annoncer une réouverture de la souscription à son fonds de travailleurs qui avait été limité en raison de sa popularité.

Les gens qui sont au dernier pallier d’imposition n’auront plus accès, mais ça laissera plus de place pour d’autres qui gagnent moins de 55 000 $ ou qui n’ont pas accès à des régimes de pension, explique-t-elle.

Lors de son dernier budget, Québec avait pris la décision de limiter l’accès au Fonds FTQ aux plus nantis pour aider les ménages plus modestes à économiser en se procurant des actions.

Olivier Bourque (accéder à la page de l’auteur)

Changements climatiques Ottawa met à jour sa stratégie nationale d’adaptation

PHOTO JASON FRANSON, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Depuis 2015, le gouvernement a investi 6,5 milliards dans l’adaptation, ce qui inclut 2 milliards depuis l’automne 2022.

(Montréal) Ottawa a présenté une mise à jour de sa stratégie visant à rendre les collectivités plus résilientes aux changements climatiques, mardi.

Publié à 13h08 Mis à jour à 14h28

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Stéphane Blais La Presse Canadienne

La Stratégie nationale d’adaptation au climat a initialement été publiée en novembre dernier. Depuis, le gouvernement fédéral a consulté les provinces et les territoires pour obtenir leur adhésion au plan, qui nécessitera que tous les niveaux de gouvernement travaillent ensemble.

Cette stratégie est « une feuille de route qui s’adresse à l’ensemble de la société et qui définit comment vivre dans un climat changeant », a résumé un haut fonctionnaire lors d’un breffage technique aux médias mardi matin.

Depuis 2015, le gouvernement a investi 6,5 milliards dans l’adaptation, ce qui inclut 2 milliards depuis l’automne 2022.

La Stratégie nationale d’adaptation comprend une série de cibles et d’objectifs pour renforcer la résistance aux incendies de forêt, à la chaleur extrême et aux tempêtes majeures, telles que les ouragans.

Éliminer les décès liés à la chaleur

Parmi les cibles présentées mardi, le Canada compte éliminer, d’ici 2040, les décès dus aux vagues de chaleur extrême.

À l’automne, Ottawa avait annoncé que la stratégie comprenait 30 millions sur cinq ans pour étendre les programmes de Santé Canada qui aident les gens à se protéger contre la chaleur accablante, et 13 millions sur cinq ans pour étendre d’autres programmes de santé liés aux impacts des changements climatiques.

De nouvelles cartes des zones inondables

Parmi les autres cibles, le gouvernement fédéral, les provinces et les territoires devront, d’ici 2028, « collaborer pour établir des priorités dans au moins 200 zones inondables à haut risque en vue de l’élaboration de nouvelles cartes des risques d’inondation ». Une somme de 164 millions sur cinq ans a été annoncée à l’automne pour la cartographie des zones à risque.

Modifications de codes de construction

Également, d’ici à 2026, le Code national du bâtiment, le Code canadien sur le calcul des ponts routiers et le Code canadien de l’électricité auront intégré « des considérations supplémentaires relatives à la résilience aux changements climatiques ».

Selon le gouvernement fédéral, de nouvelles lignes directrices et normes en matière d’inondations et d’incendies de forêt pour les nouvelles constructions « pourraient faire économiser au Canada une somme estimée à 4,7 milliards de dollars par année ».

Ottawa prévoit 60 millions sur cinq ans pour accélérer l’utilisation de normes qui tiennent compte du climat pour des infrastructures résilientes.

Des nouveaux parcs urbains

Ottawa compte également créer 15 nouveaux parcs urbains nationaux d’ici à 2030. Le gouvernement fait valoir que les forêts urbaines dans la ville de Toronto ont « généré 3,20 dollars pour chaque dollar investi, en diminuant les frais de climatisation, en améliorant la qualité de l’air et en réduisant la pression sur l’infrastructure de gestion des eaux pluviales ».

La mise en place de mesures de résilience dans 80 % des collectivités côtières, l’inclusion de mesures d’adaptation dans 80 % des entreprises du secteur de l’agriculture, de la pêche, de la sylviculture, de la foresterie et des mines, la mise sur pied d’une table de concertation avec les provinces et la création de corridors écologiques sont d’autres exemples de cibles qui font partie de la mise à jour de la stratégie.

« Nous sommes entrés dans l’air des changements climatiques, il n’y a pas de solutions magiques, il n’y a pas de baguette magique, nous allons devoir travailler à lutter contre les changements climatiques pendant de nombreuses décennies avant de pouvoir limiter les hausses de température et les impacts qui y sont associés », a prévenu mardi le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, en précisant que « nous sommes au début de la mise en œuvre de cette stratégie ».

1,6 milliard annoncés l’automne dernier

Ottawa avait annoncé, à l’automne, que la Stratégie nationale d’adaptation du Canada prévoyait notamment 489 millions sur 10 ans au Fonds d’atténuation et d’adaptation en matière de catastrophes. Ce fonds fédéral fournit déjà du financement pour des projets plus petits qui traitent des problèmes tels que le risque pour les côtes de la hausse du niveau de la mer et l’effondrement des infrastructures en raison du dégel du pergélisol.

La stratégie nationale prévoit aussi 284 millions sur cinq ans pour le renforcement de la gestion des incendies de forêt, grâce à des mesures telles que la création de coupe-feu plus larges entre les forêts et les localités.

Lors d’une conférence de presse à Vancouver mardi, le ministre Guilbeault a mentionné que des montants importants s’ajouteront, dans les prochains mois, aux 6,5 milliards qu’Ottawa a investis dans l’adaptation depuis 2015.

La mise à jour de la stratégie a été présentée tandis que le Canada fait face à sa pire saison d’incendies de forêt jamais enregistrée, fracassant le record de la plus grande superficie brûlée en une seule année en moins de six mois.

Tirerons-nous des leçons des grands incendies ?

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Évacuations à Sept-Îles au début juin, à cause des incendies


Alexandre Sirois
Alexandre Sirois La Presse

C’est tout ce qu’il y a de plus normal dans nos sociétés contemporaines : une fois une crise terminée, on passe à un autre appel. On aborde de nouveaux problèmes à régler. On s’attaque aux plus récentes controverses à apaiser.

Publié à 1h13 Mis à jour à 5h00

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Pendant un bref moment, la crise la plus retentissante au Québec a été celle de la qualité de l’air. Montréal qui se retrouve numéro un au classement des villes avec la pire qualité de l’air au monde, ça secoue.

C’était la triste conséquence d’une autre crise. Celle provoquée par les incendies de forêt qui continuent de faire des ravages dans plusieurs secteurs de la province.

Mais cette crise aussi sera un jour derrière nous. On ne s’en plaindra pas. Le plus tôt sera le mieux. Si la danse de la pluie était efficace, nous serions nombreux à en apprendre les pas.

Le revers de la médaille, toutefois, c’est qu’on risque de passer à un autre appel. Il serait pourtant sage – et responsable – de tirer des leçons de ce qui s’est passé.

C’est ce qui a poussé Québec solidaire à expédier une lettre aux autres chefs des partis politiques de l’Assemblée nationale pour proposer, dès la rentrée parlementaire, une rencontre dans le but de planifier une « démarche transpartisane » sur l’adaptation aux changements climatiques.

La lettre est rédigée dans la foulée des incendies de cet été, mais aussi des inondations du printemps dernier.

« Les scientifiques nous préviennent depuis longtemps de l’intensification et de la multiplication de ces phénomènes naturels et de plusieurs autres (érosion des berges, canicules, sécheresses, etc.) dans le contexte des changements climatiques. Pourtant, de l’aveu même des autorités en place, le Québec n’était pas prêt à y faire face dans les derniers mois », écrit le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois.

C’est vrai. Et la vulnérabilité de notre territoire et de nos infrastructures nous saute en plein visage un peu plus chaque année.

On sait que le Québec est loin d’investir – et d’innover – à la hauteur du défi que représente l’adaptation aux changements climatiques.

Une preuve tangible, c’est que les municipalités du Québec ont estimé (à l’aide d’une étude en deux volets de la firme WSP) qu’elles auraient besoin d’injecter 2 milliards de dollars par année pour le relever, ce défi. Et ce jusqu’en 2055.

Ça représente une (nécessaire) augmentation d’environ 12 % des dépenses municipales actuelles.

Il serait injuste de dire qu’on regarde la situation évoluer, de Québec, les bras croisés. C’est vrai, le premier ministre avait initialement balayé la demande des municipalités du revers de la main l’automne dernier.

Mais le gouvernement a, depuis, annoncé des sommes additionnelles pour l’adaptation aux changements climatiques.

Au-delà des investissements, on note aussi certaines avancées très concrètes.

Un exemple cité par plusieurs experts : la gestion du risque de l’impact des changements climatiques sur les inondations. Les épisodes catastrophiques de 2017 et 2019 ont fait bouger les choses. On a fait beaucoup de progrès, notamment, quant à la cartographie des zones inondables.

Mais si on compare à un marathon le chemin qu’il nous reste à parcourir en matière d’adaptation dans tous les secteurs concernés, on est encore bien loin de la ligne d’arrivée.

C’est une riche idée d’en faire un enjeu transpartisan à Québec. Elle n’est d’ailleurs pas entièrement nouvelle. L’an dernier, avant de quitter la politique, le péquiste Sylvain Gaudreault avait proposé la formation d’un caucus de députés de tous les partis pour travailler à la lutte contre les changements climatiques⁠1.

Ces dernières années, on a pu constater l’effet positif du travail transpartisan, notamment sur la question de l’aide médicale à mourir ou sur celle des violences sexuelles.

Ça se comprend. Le sujet devient alors prioritaire. Les luttes partisanes et la politicaillerie passent au second plan. Tous les partis collaborent dans le but de trouver des solutions, chose rare.

C’est pourquoi, alors que le Québec est encore aux prises avec des incendies de forêt historiques, il faut souhaiter que l’idée d’une démarche transpartisane s’impose dès septembre à l’Assemblée nationale sur la question de l’adaptation aux changements climatiques.

Le défi est si grand, les enjeux tellement complexes, les gestes à faire si urgents qu’il serait vraiment absurde de s’en priver.

1. Lisez notre éditorial à ce sujet

Shell qui fait du lobbyisme envers le gouvernement, Farnham, Louiseville et Saint-Joseph-de-Beauce pour permettre le développement de projets de gaz naturel renouvelable au Québec, ainsi que d’explorer les possibilités d’utiliser le financement gouvernemental pour la construction ou l’exploitation d’usines de gaz naturel :


Carrefour Lobby Québec

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J’espère que le fédéral maintiendra sa position.

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Ressources La vieille idée qui pourrait donner un coup de pouce à Hydro-Québec

INFOGRAPHIE NEW YORK TIMES

L’appétit croissant pour l’électricité renouvelable pourrait redonner vie à une vieille technologie tombée dans l’oubli : les centrales hydrauliques à réserve pompée, qui intéressent même Hydro-Québec.

Publié à 1h17 Mis à jour à 5h00

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Hélène Baril
Hélène Baril La Presse

« Ça fait partie de l’éventail des solutions possibles que nous examinons pour augmenter la production de nos centrales », indique le porte-parole de la société d’État, Maxence Huard-Lefebvre.

Deux réservoirs d’eau situés à des dénivelés différents et une turbine entre les deux, c’est tout ce qu’il faut à une centrale à réserve pompée pour produire de l’électricité.

Les centrales à réserve pompée produisent de l’électricité comme les autres centrales hydrauliques, mais leur fonctionnement est limité à quelques heures à la fois : quand le bassin le plus élevé s’est vidé de son eau, il faut remonter cette eau en la pompant du bassin inférieur vers le haut.

Hydro-Québec n’a pas de projet en cours, mais la société d’État fait spécifiquement mention des centrales à réserve pompée dans son plan stratégique 2022-2026 dans les options possibles pour augmenter la production d’électricité.

Nous étudierons toutes les options possibles, y compris le rehaussement de barrages existants, l’aménagement de nouveaux ouvrages ou la construction de centrales de pompage.

Extrait du plan stratégique 2022-2026 d’Hydro-Québec

Ces centrales sont utiles au cours des périodes de forte demande. La turbine fonctionne pendant les heures de pointe et l’eau du bassin inférieur peut être pompée vers le bassin supérieur par la turbine qui fonctionne en sens inverse la nuit quand la demande d’électricité est réduite.

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L’eau contenue dans le bassin supérieur agit comme une batterie disponible au besoin et rechargeable en dehors des périodes de pointe. Ces centrales peuvent aussi servir à équilibrer d’autres sources d’énergie intermittentes, comme l’éolien.

Une solution pour le Québec ?

Le Québec n’a pas de centrale à réserve pompée, mais il a bien failli en avoir une. Au début des années 1970, Hydro-Québec cherchait à augmenter sa production d’énergie en période de pointe, comme elle le fait actuellement. L’entreprise envisageait sérieusement d’aménager une centrale de ce type à l’étang Fullerton, près de Mansonville.

Ce plan d’eau aurait servi de bassin supérieur et un bassin inférieur aurait été créé, en inondant une partie du territoire en aval estimée à 1,3 kilomètre carré, selon une recherche réalisée pour l’Association du patrimoine de Potton. Les deux bassins auraient été réunis par des conduites souterraines.

Le projet a été abandonné en 1980, notamment en raison de l’opposition de la population locale.

L’intérêt nouveau pour les centrales à réserve pompée s’explique par la hausse du coût de l’énergie et par l’augmentation des besoins d’énergie renouvelable pour la décarbonation, explique Normand Mousseau, directeur scientifique de l’Institut de l’énergie Trottier à Polytechnique Montréal.

INFOGRAPHIE LA PRESSE

Source : Schéma du fonctionnement d’une centrale à réserve pompée – Hydro-Québec

Une centrale à réserve pompée n’est pas la façon la moins coûteuse de produire de l’électricité, dit-il. Ce n’est pas non plus une installation qui peut servir uniquement à satisfaire la pointe hivernale. « Si ça fonctionne seulement quelques heures par année, ça revient trop cher. Il faut que ça fonctionne tous les jours. »

Il faut de l’énergie pour pomper l’eau et la remonter vers le bassin supérieur. L’idée est de pomper l’eau quand la demande d’énergie est au plus bas et de la turbiner pour produire de l’électricité quand on en a besoin.

Avec la migration d’un nombre croissant d’activités des énergies fossiles vers l’électricité, Hydro-Québec prévoit une augmentation considérable des besoins en puissance pendant toute l’année et encore davantage au cours de la pointe hivernale induite par le chauffage.

Il faudra plus de puissance pour appuyer les éoliennes, qui fourniront à court terme l’électricité additionnelle dont le Québec a besoin.

Les centrales à réserve pompée font certainement partie des options qui doivent être envisagées par Hydro-Québec, selon Normand Mousseau, d’autant que ses réservoirs existants pourraient être utilisés. En construisant un réservoir en amont ou en aval des réservoirs existants, l’eau peut être pompée et turbinée une deuxième fois par la même centrale.

Ça exige des investissements, mais pas considérables. Ce serait certainement moins coûteux que de construire de nouvelles installations.

Normand Mousseau, directeur scientifique de l’Institut de l’énergie Trottier à Polytechnique Montréal

La société d’État a déjà annoncé son intention d’augmenter la production de ses centrales existantes en les équipant de groupes turbine-alternateur plus performants.

Le pompage de l’eau déjà passée dans les turbines pour qu’elle soit turbinée une deuxième fois « est un outil qui peut avoir du sens dans un portefeuille énergétique », selon Maxence Huard-Lefebvre.

PHOTO TIRÉE DE WIKIPEDIA

La station hydroélectrique Sir Adam Beck à Niagara Falls, en Ontario

Une renaissance

Les centrales à réserve pompée existent depuis plus d’un siècle et plusieurs installations de ce type sont en fonction partout dans le monde, là où la géographie s’y prête. Le Canada en compte plusieurs, dont une sur la rivière Niagara en Ontario qui est gérée par Ontario Power Generation.

Le monde énergivore d’aujourd’hui semble avoir redécouvert cette ancienne façon de produire de l’électricité renouvelable, selon le Global Energy Monitor, une ONG établie à San Francisco qui s’intéresse aux projets de production d’énergie.

La capacité de production totale des centrales à réserve pompée existantes est de 170 000 mégawatts et les projets connus pourraient la porter à près de 500 000 mégawatts, selon ces spécialistes.

C’est la Chine qui mène le bal, avec 80 % de tous les projets de centrales à réserve pompée répertoriés dans le monde.

Les centrales à réserve pompée ont une moins grande empreinte sur le paysage que les grands barrages qui nécessitent d’inonder de grandes surfaces, mais elles ne sont généralement pas bienvenues à proximité des milieux habités.

C’est la raison pour laquelle, par exemple, la Californie a creusé des réservoirs d’eau souterrains, illustre Normand Mousseau.

Des cavernes existantes ou d’anciennes mines peuvent aussi être utilisées pour aménager des réservoirs et des centrales à réserve pompée.

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Stockage d’énergie Une filiale d’Hydro-Québec fait une percée aux États-Unis

PHOTO HYDRO-QUEBEC, VIA REUTERS

Stockage d’énergie Evlo a remporté un contrat d’une durée de 20 ans pour un projet de stockage d’énergie éolienne par batterie à Troy dans l’État du Vermont.

(Montréal) Après une percée en France, une filiale d’Hydro-Québec spécialisée dans le stockage d’énergie par batterie vient de signer un premier contrat aux États-Unis.

Mis à jour le 6 juillet

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Stéphane Rolland La Presse Canadienne

Stockage d’énergie Evlo a remporté un contrat d’une durée de 20 ans pour un projet de stockage d’énergie éolienne par batterie à Troy dans l’État du Vermont. Le projet de 3 MW/12 MWh devrait entrer en service d’ici la fin de l’année 2023. Cela représente la consommation quotidienne de 600 maisons.

Il s’agit d’un jalon important dans la stratégie d’affaires d’Evlo qui veut faire partie des trois plus importantes entreprises de stockage d’ici 2030, souligne en entrevue le vice-président du développement des affaires et des ventes chez Evlo, Martin Rheault. « Les États-Unis, pour nous, c’est 85 % de notre marché adressable. »

Le projet pourra servir de vitrine, car les Américains valorisent le fait qu’un fournisseur ait déjà obtenu des contrats aux États-Unis, ajoute M. Rheault. Comme au Québec, la demande d’énergie aux États-Unis devrait suivre une tendance haussière dans un contexte de transition énergétique.

Le stockage d’énergie par batterie est l’un des moyens de gérer l’augmentation de la consommation. Il permet d’emmagasiner l’énergie en période de forte production pour une consommation en période de pointe.

Les besoins de stockage pourraient atteindre « des dizaines de gigawattheures » d’ici 2030, souligne M. Rheault. À titre d’illustration, cela pourrait représenter un peu moins de la production totale d’Hydro-Québec qui avoisine les 40 gigawattheures.

La firme BloombergNef estime que la capacité de stockage mondial pourrait atteindre 441 gigawattheures en 2030. C’est 15 fois la capacité mondiale en 2021. La firme estime que les États-Unis et la Chine seront les plus importants marchés.

Evlo ne dévoile pas les revenus tirés de son premier contrat américain, mais le vice-président évoque des revenus dans une fourchette d’entre 3 millions US et 6 millions US.

En septembre dernier, la filiale d’Hydro-Québec avait obtenu un premier contrat à l’international, en France, en collaboration avec le producteur d’énergie québécois Innergex. La société a également obtenu des contrats en Ontario et en Colombie-Britannique.

Les discussions vont rondement pour l’obtention d’autres contrats, assure M. Rheault. « On a six contrats à annoncer prochainement, dont une majorité aux États-Unis. Le projet Troy, c’est le premier de plusieurs projets aux États-Unis. »

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Les Montréalais boudent le compostage

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Les Montréalais sont encore peu nombreux à composter.

À peine le tiers des Montréalais qui peuvent composter le font régulièrement. Si la collaboration des citoyens est indispensable pour améliorer la situation, la Ville devra aussi réduire les inconvénients liés à la collecte des matières organiques, soulignent des experts.

Publié à 1h22 Mis à jour à 5h00

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Henri Ouellette-Vézina
Henri Ouellette-Vézina La Presse


Naomie Duckett Zamor
Naomie Duckett Zamor La Presse

« On a vraiment besoin qu’il y ait un effort collectif »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

À ce jour, près des trois quarts des Montréalais ont accès au compost.

Lorsqu’ils ont accès à un bac brun, deux Montréalais sur trois ne l’utilisent pas. Un taux d’adhésion très loin de l’objectif de la Ville, qui vise à le rehausser à 60 % d’ici 2025. Si, d’ici là, la participation des citoyens n’augmente pas, c’est l’efficacité du système de collecte des déchets qui sera compromise, prévient une élue.

« Je recycle, mais je ne composte pas », lance Krastev Krassimir, qui demeure dans le quartier Ahuntsic. « Je n’ai pas assez de matières organiques pour faire le compostage, en réalité. Je mange souvent à l’extérieur et avec mon mode de vie, ce n’est pas fait pour moi. »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Krastev Krassimir recycle, mais ne composte pas.

Son cas n’est pas unique. Seuls 35 % des Montréalais qui ont accès au bac brun ou à un sac de compostage participent activement au système de collecte, selon des données de la Ville de Montréal.

Charles-Émile Robin-Chabot, lui, composte depuis plusieurs années, mais il reconnaît que les barrières à l’utilisation sont encore nombreuses.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Charles-Émile Robin-Chabot

Ce n’est vraiment pas tout le monde qui est conscientisé de la même manière. Souvent, c’est sale, il y a des mouches, donc les gens n’ont pas nécessairement envie de composter. Mais l’essentiel est de penser au prochain, en essayant de voir plus grand.

Charles-Émile Robin-Chabot, Montréalais qui composte depuis plusieurs années

Le principal élément irritant, poursuit-il, est que les fameux bacs bruns sont régulièrement endommagés lors de la collecte. « En un an, chez nous, ça fait trois bacs qui sont cassés complètement. Tantôt les travailleurs ne font pas attention, tantôt on se retrouve avec beaucoup d’écureuils dans nos bacs. Ça a l’air banal, mais c’est un facteur important pour l’adhésion, selon moi. »

« De l’or brun »

Convaincre des citoyens de composter leurs restes de table plutôt que de les jeter à la poubelle sera « crucial » dans les prochaines années, juge la responsable de l’environnement au comité exécutif montréalais, Marie-Andrée Mauger.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Marie-Andrée Mauger, responsable de l’environnement au comité exécutif montréalais

Nos sites d’enfouissement se remplissent à la vitesse grand V. On ne peut pas continuer à penser que nos matières disparaissent comme par magie.

Marie-Andrée Mauger, responsable de l’environnement à la Ville de Montréal

Autrement dit, si le taux de participation n’augmente pas rapidement, de sérieux défis risquent de se poser pour la Ville de Montréal. « On a vraiment besoin qu’il y ait un effort collectif. Certes, c’est un changement d’habitude et on le reconnaît, mais les résidus alimentaires, c’est de l’or brun. On peut en faire un compost de qualité agricole pour nous nourrir, ou encore le transformer en gaz naturel renouvelable. C’est la voie de l’avenir », persiste Mme Mauger.

« Ça va être vraiment important qu’on se concentre sur la sensibilisation de la population pour renverser la tendance. Ce n’est clairement pas suffisant en ce moment », déplore quant à elle la conseillère municipale Stéphanie Valenzuela, critique en environnement pour l’opposition, qui juge le faible taux de participation « extrêmement inquiétant » pour la suite.

Le défi, pour Marie-Andrée Mauger, est surtout lié à la communication. Récemment, le cas du promoteur immobilier Mondev, qui avait annoncé mettre fin à la collecte du compost en raison de mauvaises odeurs dans son immeuble Le Neuf Cents, dans Ville-Marie, a poussé la Ville à rectifier le tir : les promoteurs n’ont pas autorité sur la collecte des matières.

« C’est sûr qu’il y a de la résistance. Mais chaque fois qu’on est mis au courant d’une situation pareille, on organise une rencontre, on trouve des solutions », affirme l’élue, qui dit s’être assurée que la collecte soit offerte dans l’immeuble en question.

L’urgence de faire mieux en compostage est, pour plusieurs, une question écologique de premier plan.

« Les matières organiques représentent 55 % des matières résiduelles envoyées à l’enfouissement à Montréal. La présence de ces résidus dans les lieux d’enfouissement technique produit plusieurs effets néfastes sur l’environnement, comme la production de gaz à effet de serre (GES) et la contamination des eaux, en plus de participer à la saturation des sites d’enfouissement », explique la doctorante en biologie à l’Université de Montréal spécialisée en transformation biologique des résidus organiques, Vanessa Grenier.

Comment Montréal se compare-t-il ?

  • Montréal : 77 311 tonnes de matières organiques collectées en 2021 pour 1 762 949 habitants
  • Laval : 37 171 tonnes de matières organiques collectées en 2022 pour 446 000 habitants.
  • Vancouver : 48 300 tonnes de matières organiques collectées en 2021 pour 662 248 habitants.
  • Toronto : 141 800 tonnes de matières organiques collectées en 2022 pour 2 794 356 habitants.

Source : Ville de Montréal

Bientôt plus de capacité

Montréal disposera bientôt de deux centres de traitement des matières résiduelles. L’un sera dans Montréal-Est et fonctionnera par biométhanisation ; il entrera en rodage en 2024. L’autre sera dans Saint-Laurent, traitera les matières par compostage, et sera en activité d’ici la fin de 2023.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Le centre de compostage Saint-Laurent sera en activité d’ici la fin de 2023.

« Le compostage et la biométhanisation sont des processus biologiques et naturels réalisés en milieu contrôlé et basés sur l’action de différents microorganismes qui vont décomposer la matière organique. En misant sur ces procédés, on peut gérer la production des biogaz et les capter tout en produisant du compost ou du digestat qui peuvent ensuite être utilisés comme fertilisant », précise Mme Grenier à ce sujet.

Avec la construction de ces deux nouvelles usines, la Ville pense pouvoir atteindre d’ici peu un taux de valorisation de 70 %. Ce chiffre, qui se définit par la proportion de matières organiques qui est ultimement réutilisé après avoir passé dans un centre de tri, est actuellement d’à peine 52 %. Ce faible taux s’explique notamment par le fait que des matières non-compostables sont trop souvent mises dans le bac brun.

Objectif 100 %

À ce jour, près des trois quarts des Montréalais ont accès au compost. Dans les logements de 8 unités et moins, ce qui représente quelque 542 000 foyers, le déploiement des bacs bruns est déjà terminé depuis 2020. Pour les immeubles de 8 logements et plus, toutefois, il reste encore du chemin, seuls 135 000 des 370 000 habitations ayant pour l’instant été « branchées » au compost.

Bref, sur un total d’un peu plus de 910 000 immeubles, plus de 675 000 ont accès aux bacs bruns, ce qui équivaut à environ 74 % d’entre eux.

« On est sur notre cible de desservir 100 % du résidentiel d’ici 2025. Dans les écoles, on est à plus de 300 établissements scolaires, dont 100 % des cégeps dans la ville de Montréal et 11 universités comme l’UQAM et l’UdeM. Pour les industries et les commerces, on est à environ 10 000 membres jusqu’ici, et on vise à être à 17 000 d’ici la fin de l’année », précise Mme Mauger.

En revanche, un constat s’impose clairement : la quantité de Montréalais qui compostent et la quantité de matières résiduelles ramassée n’augmentent pas aussi rapidement que le nombre de bacs bruns disponibles dans la métropole.

Matières organiques collectées à Montréal

  • 2018 : 66 592 tonnes
  • 2019 : 74 113 tonnes
  • 2020 : 84 674 tonnes
  • 2021 : 77 311 tonnes

Source : Ville de Montréal

Matières organiques collectées dans l’agglomération de Montréal

  • 2018 : 95 329 tonnes
  • 2019 : 104 168 tonnes
  • 2020 : 117 263 tonnes
  • 2021 : 77 311 tonnes (agglomération : 107 560 tonnes)

Source : Ville de Montréal

Même si composter est obligatoire, Montréal n’impose que très peu d’amendes aux récalcitrants jusqu’ici. En principe, des amendes allant jusqu’à 2000 $ pour une première infraction et jusqu’à 4000 $ pour une récidive peuvent être données. On ignore néanmoins combien de constats ont été formulés. Chose certaine : sévir ne va pas de soi. « Il faut pouvoir trouver des preuves permettant d’identifier les personnes coupables et ce n’est vraiment pas simple », explique une porte-parole du Plateau-Mont-Royal, Geneviève Allard.

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Antonietta Careriro

Antonietta Careriro, une Montréalaise qui composte depuis des années, espère surtout voir les mentalités changer. « On vit de façon dispendieuse, on produit beaucoup de déchets, ça doit être valorisé. C’est juste normal de faire notre part quand c’est possible », conclut la Montréalaise.

Un casse-tête de gestion

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Daphné Jerbi se questionne sur l’implantation du compostage dans les immeubles de 9 logements et plus.

Daphné Jerbi habite au Murray, un immeuble de 15 étages à Montréal. Quand elle voit comment la récupération est gérée dans son immeuble, elle voit mal comment l’implantation du compost pourrait réussir.

Selon la locataire, l’ajout de nouvelles mesures pourrait complexifier la gestion des ordures, qui s’avère déjà un casse-tête.

Preuve à l’appui, le conseil d’administration de l’édifice situé au cœur du quartier Griffintown a récemment lancé un avertissement à ses résidants : si vous ne découpez pas vos boîtes de carton destinées au recyclage de manière convenable, vous pourriez recevoir une amende de 250 $. D’après Daphné, cette mesure incitative pourrait décourager certains locataires. Elle craint que plusieurs abandonnent et décident de tout jeter aux poubelles, par le vide-ordures, communément appelé « chute à déchets ».

De plus, les nombreux locataires disposent de seulement trois chariots pour transporter leur récupération au sous-sol, où sont situés les bacs.

La gestion du compost devra être plus accessible, sinon personne n’y participera, renchérit Mme Jerbi.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Daphné Jerbi

Avec la construction continuelle, les bacs bruns vont se retrouver n’importe où sur la rue. Courir après les bacs, ça découragerait les gens plus qu’autre chose.

Daphné Jerbi, résidante du centre-ville de Montréal

Un exemple parlant

La situation au Murray illustre les nombreux défis que devra surmonter la Ville de Montréal, qui souhaite instaurer le compostage dans tous les immeubles de 9 unités et plus d’ici 2025.

Devant une densification urbaine en pleine croissance, la métropole devra adapter la pratique pour susciter l’intérêt de tous : locataires et propriétaires.

« Ce sera un défi de créer des espaces aménagés pour le compost dans des bâtiments déjà construits […], surtout au centre-ville, où tous les mètres carrés comptent et sont maximisés », explique Mark Kilajian, directeur des acquisitions de l’entreprise d’investissement immobilier Black Ridge.

« Actuellement, ce qu’on voit, c’est les gros bacs devant les immeubles à appartements. Non seulement [les propriétaires] doivent mandater quelqu’un pour les laver et les déplacer, mais il faut aussi avouer que ce n’est pas très esthétique », ajoute Karel Ménard, directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets.

L’implantation du système de collecte de matière résiduelle dans les tours de condos engagera des dépenses importantes, ce qui fera assurément bondir les charges de copropriété.

Il faut se demander si les résidants des tours seront prêts à payer pour la gestion de compost au sein de l’établissement, parce que ce genre d’initiative entraînera une gestion qui devra être faite par un employé.

Mark Kilajian, directeur des acquisitions de l’entreprise d’investissement immobilier Black Ridge

Les propriétaires d’immeubles à logements multiples recevront une amende s’ils ne mettent pas de dispositif pour le compost à la disposition de leurs locataires.

« Si on oblige les propriétaires d’immeubles à condos à instaurer un système de compost, il faut se poser la question : qui va payer pour ça ? », demande Mark Kilajian.

Nouveaux projets

Le contexte est différent du côté des nouveaux projets, indique Mark Kilajian. « C’est primordial que les nouveaux projets soient verts et que, dès la construction, des systèmes de recyclage et de compost soient inclus dans les plans […]. Ce genre d’installation apportera une plus grande valeur aux immeubles. »

Même son de cloche chez Karel Ménard. « Les nouvelles bâtisses qui se munissent de système de compostage pourront même capitaliser là-dessus, souligne-t-il. Ce type d’installation augmente la valeur d’un immeuble parce qu’il facilite la vie des gens qui y résident. »

Ces systèmes pourront responsabiliser les citoyens à gérer leurs matières résiduelles puisque le système de collecte sera facilité et adapté.

« La collecte des matières résiduelles n’a pas évolué »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Le bac brun est l’outil principal pour collecter les matières résiduelles à Montréal.

Bac brun, panier beige, sac mauve. Plusieurs outils de compostage sont mis à la disposition des citoyens qui résident dans des immeubles de 8 unités et moins à Montréal. Est-ce toujours le moyen de composter en ville ? Non, répondent les experts.

« La collecte des matières résiduelles n’a pas évolué, souligne Karel Ménard, directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets. Il est temps d’adapter cette pratique au XXIe siècle pour que ça soit facile et beau. On ne peut pas juste mettre des bacs bruns et laisser les citoyens et les propriétaires à eux-mêmes. »

Doctorante en biologie spécialisée en transformation des matières organiques, Vanessa Grenier abonde en ce sens. Selon elle, la mairesse Valérie Plante doit proposer un système pratique et adapté à une grande ville comme Montréal.

« La Ville de Longueuil propose à ceux qui ne veulent pas gérer de bacs bruns à la maison huit points de chute pour déposer les sacs de compost, signale-t-elle. Or, à Montréal, la plupart des gens se promènent en transport en commun. La plupart des gens ne trimbaleront pas leurs sacs de compost dans le métro en direction du point de chute. »

Des options plus modernes

Selon les deux experts, on doit adapter nos pratiques en prenant en considération la densité croissante de la population à Montréal puisque l’espace peut être un enjeu. Dans un arrondissement moins densément peuplé, on peut garder les bacs à l’extérieur, près des espaces de stationnement. Par contre, au centre-ville, les bacs bruns cohabitent plus difficilement avec les automobilistes, les voies réservées, les cyclistes et les piétons.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Karel Ménard, directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets

Ça serait intéressant de réfléchir aux conteneurs semi-enfouis, comme le font plusieurs pays en Europe.

Karel Ménard, directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets

Le spécialiste explique que ces conteneurs semi-enfouis « débourberaient » les rues de Montréal et empêcheraient la dispersion des bacs bruns. « Les citoyens n’ont pas envie de faire du slalom entre les bacs jonchés sur les coins de rues de leur quartier quand ils se promènent à vélo ou à pied », ajoute-t-il.

« C’est sûr que, pour atteindre les cibles souhaitées par la Ville de Montréal, il va falloir s’assurer qu’il n’y ait pas d’irritants pour le citoyen et que le compost ne devienne pas une corvée », rappelle Vanessa Grenier.

Quoique certains implorent une meilleure gestion de la part de la Ville, la collaboration des citoyens est de mise.

« Une part de la responsabilité revient aux Montréalais. On doit arrêter de voir la gestion du compost comme une tâche ménagère et commencer à l’intégrer à notre routine, insiste Karel Ménard. On est capable de trier notre sac d’épicerie et de placer les aliments aux bons endroits, on est capable de faire la même chose avec nos déchets et nos matières résiduelles. »

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Énergie thermique et éolienne Une catastrophe écologique méconnue… aux Îles-de-la-Madeleine

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

L’île du Havre aux Maisons, aux Îles-de-la-Madeleine

Me voilà enfin arrivé aux Îles-de-la-Madeleine, véritable paradis sur Terre. Avec ses immenses plages immaculées, ses couchers de soleil à couper le souffle, ses habitants chaleureux, son eau de mer cristalline… et bien sûr, son vent perpétuel qui en font un eldorado pour les amateurs de kitesurf.

Publié à 1h22 Mis à jour à 13h00

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Ugo Monticone

Ugo Monticone Écrivain et conférencier

Mais à peine débarqués du traversier, une vision moins idyllique s’offre à nous : l’immense centrale thermique d’Hydro-Québec et ses six énormes cheminées « éternelles comme l’enfer ».

Le dépliant touristique la présente comme la plus grande centrale thermique à moteurs diesel du Québec. Mais la vérité est tout autre : c’est du mazout lourd qui y est brûlé. Et vous ne devinerez jamais la quantité… 40 millions de litres de mazout lourd brûlés chaque année, pour subvenir aux besoins des 13 000 habitants des îles. C’est plus de 3000 litres par habitant par an !

Cette centrale électrique est non seulement la plus polluante de tout le Québec, émettant chaque année 125 000 tonnes de gaz à effet de serre, mais elle rivalise également avec nos alumineries et cimenteries comme plus grande pollueuse de la province, tous secteurs confondus.

Quarante millions de litres de mazout, ce n’est pas donné, et les prix ne cessent d’augmenter. Le coût de production de cette centrale s’élève actuellement à 47 cents par kilowattheure (kWh), alors que les résidants des îles ne paient qu’environ 7 cents par kWh. Le reste de la facture est refilé à l’ensemble des Québécois, c’est donc nous tous qui finançons, à notre insu, ce cancre de la production électrique.

Le paradis du vent

Mais où sont les éoliennes dans ce paradis du vent perpétuel ? À ce jour, on n’en dénombre que deux sur tout l’archipel, fournissant à peine 15 % de la production totale d’énergie. Hydro-Québec prévoit en installer jusqu’à quatre supplémentaires d’ici 2027, avec comme objectif de couvrir 40 % de la production des îles. Or, 40 % de la production, cela laissera toujours des dizaines de millions de litres de mazout lourd brûlés chaque année.

Les six énormes moteurs, dont la durée de vie était estimée à 80 000 heures lors de l’inauguration en 1991, continuent de tourner malgré leurs 120 000 heures d’utilisation, avec les coûts de maintenance que cela implique.

Bien sûr, l’arrivée des éoliennes suscite des débats parmi les Madelinots. Certains s’inquiètent pour les 80 emplois très bien rémunérés de la centrale, alors qu’Hydro-Québec s’est engagée à les maintenir. Et la Régie de l’énergie distribue actuellement deux millions de dollars par éolienne par an aux MRC des Îles pour compenser les éventuels effets néfastes.

PHOTO TIRÉE DE WIKIPÉDIA

La centrale thermique de Cap-aux-Meules, aux Îles-de-la-Madeleine

D’autres ont peur que les éoliennes ne nuisent à la nature fragile des Îles, malgré les études environnementales requises, ou même qu’elles rebutent les touristes, principale source de financement de l’archipel.

Virer de bord

En tant que visiteur, je peux les rassurer en avouant que je préférerais largement voir des éoliennes tourner gracieusement au vent plutôt que de croiser ce monstre thermique de pollution. Malheureusement, en visitant les îles, je contribue malgré moi à nourrir cette bête qui pourrait un jour nous engloutir.

Mais de combien d’éoliennes parle-t-on ?

La consommation d’électricité des îles est d’environ 20 MW en été et 30 MW en hiver. Avec une capacité de 4 MW par éolienne, il suffirait d’en construire 8 au total dans tout l’archipel pour répondre à 100 % des besoins.

De plus, la nouvelle filiale d’Hydro-Québec, EVLO, propose déjà à travers le monde sa technologie de stockage de l’énergie éolienne par batterie, ce qui pourrait compenser pour les rares jours sans vent. Mais soyons réalistes, ces jours-là sont extrêmement rares aux Îles-de-la-Madeleine. Comme le disent les Madelinots : « Ici, le seul moment où il n’y a pas de vent, c’est lorsqu’il vire de bord. »

La centrale thermique des îles représente à elle seule 40 % des émissions totales de gaz à effet de serre d’Hydro-Québec, même si l’on prend en compte les autres centrales thermiques et tout son parc de camions. Il est grand temps de ne plus considérer ce problème comme une simple question régionale, mais bien de le placer au rang des priorités nationales.

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Pour illustrer cette consommation, c’est l’équivalent de 4 bouteilles comme celle-ci:

2L

De mazout lourd, par jour, par personne! Ça me semble vraiment beaucoup, normalement est-ce qu’une centrale thermique brûle moins que cela?

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Transition énergétique à Lac-Mégantic Une caserne alimentée par le soleil

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

La municipalité de Lac-Mégantic, avec sa nouvelle caserne (portes rouges)

Avec ses six immenses portes de garage rouge pompier, la nouvelle caserne de Lac-Mégantic est l’un des bâtiments les plus impressionnants de la municipalité. Ses attraits les plus époustouflants sont pourtant invisibles de la rue, puisqu’il s’agit de la première caserne coiffée de panneaux solaires au Québec. Visite guidée.

Publié à 1h24 Mis à jour à 5h00

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Ariane Krol
Ariane Krol La Presse


Robert Skinner
Robert Skinner La Presse

(Lac-Mégantic) Dans ce bâtiment à l’usage des pompiers, c’est par une échelle qu’on accède au sommet de l’édifice. En sortant par la trappe qui débouche sur le toit, on se retrouve dans une petite mer de panneaux solaires – 144 plaques sombres miroitant même par temps couvert.

Ce sont des panneaux bifaciaux, les premiers à Lac-Mégantic, souligne Mathieu Pépin, chargé de projet en transition énergétique à la Ville de Lac-Mégantic.

Si la membrane de la toiture est claire, ce n’est pas seulement pour éviter de créer un îlot de chaleur. Elle réfléchit les rayons solaires, qui viennent ainsi frapper le dessous des panneaux, également générateurs d’électricité. En comparaison des panneaux monofaciaux traditionnels, dont seule la face supérieure peut s’activer, « l’efficacité est améliorée d’environ 30 % », explique M. Pépin.

Un étage plus bas, dans une petite pièce ressemblant à une salle de serveurs, des batteries permettent d’emmagasiner cette énergie captée du ciel.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Le système de gestion, de contrôle et de stockage d’énergie de la caserne.

Si un tel système combinant panneaux solaires et batteries frappe l’imagination, ce n’est pas la mesure la plus rentable dans le contexte québécois, précise le spécialiste en transition énergétique. « Le coût de l’électricité est tellement bas qu’on peut parler d’un retour sur l’investissement de plus de 15 ans sur le panneau solaire [alors que] sa durée de vie est de 15 à 20 ans. »

Efficacité énergétique

Pour augmenter l’efficacité énergétique, il faut commencer par rehausser l’enveloppe du bâtiment. « La meilleure économie d’énergie, c’est l’énergie qu’on ne consomme pas. Meilleure est l’isolation, moins on a besoin de chauffer les lieux », illustre M. Pépin, en attirant notre attention sur l’épaisseur des murs.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Le chargé de projet en transition énergétique à la Ville de Lac-Mégantic, Mathieu Pépin, devant les panneaux solaires de la nouvelle caserne

La mécanique de ce bâtiment contribue aussi à sa performance. Le vaste garage est équipé d’un plancher radiant. « Cela rehausse la sensation de chaleur et permet même de l’abaisser un peu sans avoir l’impression que c’est moins confortable. »

Un système de récupération de la chaleur et des thermopompes permettent aussi de réduire la quantité d’énergie requise pour tempérer l’air frais amené de l’extérieur pour ventiler la bâtisse. Des systèmes de contrôle aident aussi à gérer les appels de puissance (la consommation d’énergie à des moments précis), qui ont un impact sur la facturation.

En comparaison avec un bâtiment répondant aux exigences minimales, cette caserne pourrait consommer jusqu’à 20 % moins d’énergie, et la facture d’électricité s’en trouverait allégée de plusieurs milliers de dollars par an, suggèrent des estimations préliminaires.

Quant à sa production d’énergie solaire, elle atteindrait 82,35 mégawattheures (MWh) par an, avec un pic mensuel de 9,6 MWh en juillet.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Le garage, dont l’ouverture des portes entraîne d’importantes pertes de chaleur, est équipé d’un plancher radiant.

Reliée au microréseau

Cette caserne est le plus récent ajout au microréseau électrique du centre-ville de Lac-Mégantic, mis en service par Hydro-Québec à la fin de 2020. Ce projet intègre une trentaine de bâtiments coiffés de quelque 2200 panneaux solaires, dont environ 1700 sur le toit du centre sportif.

Ce parc solaire en hauteur totalise près de 800 kW de puissance installée, auquel s’ajoute un système de stockage pouvant emmagasiner environ 700 kWh. Toute cette énergie contribue à alimenter les bâtiments et installations reliés au microréseau, dont l’éclairage urbain situé à l’intérieur du périmètre.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

La nouvelle caserne de Lac-Mégantic, inaugurée au printemps.

Même par temps pluvieux, le solaire fournit jusqu’à 31 % de l’énergie consommée par les bâtiments du réseau, avons-nous pu constater sur l’écran de données en temps réel installé au centre-ville. Par beau temps estival, ça peut atteindre 100 %.

Dans la semaine précédant notre visite, au début de juin, « il y a eu deux belles journées où on a été en opération d’îlotage, donc complètement déconnectés du réseau principal d’Hydro-Québec », s’enthousiasme M. Pépin.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Plaque commémorative installée sur un mur de la nouvelle caserne rendant hommage aux pompiers ayant combattu le tragique incendie provoqué par le déraillement d’un train pétrolier, en 2013.

Par l’une des fenêtres de la caserne, il nous montre une puissante borne de 180 kW pour les véhicules électriques, près de la vieille gare. Une borne de recharge rapide connectée, elle aussi, au microréseau.

« Donc quand on est en îlotage, on peut dire que l’énergie que tu mets dans ta voiture provient du soleil. Je trouve ça génial ! », s’exclame le chargé de projet.

Le Circuit électrique d’Hydro-Québec compte seulement une vingtaine de ces bornes de 180 kW dans toute la province. Et Lac-Mégantic a été la troisième ville à en avoir une, après Trois-Rivières et Stoneham, dans la région de Québec.

« Nous, dans le fond du creux du Québec, on vient de prouver que tu peux te rendre sans problème. C’est un symbole fort ! »

Consultez le site web d’Hydro-Québec dédié au microréseau de Lac-Mégantic

Dépôts à neige à Montréal Les avalanches causent de l’inquiétude

PHOTO FOURNIE PAR LA CNESST

Le dépôt à neige Angrignon lors du passage de la CNESST

Les avalanches ne se produisent pas seulement en haute montagne. Les dépôts à neige de la Ville de Montréal présentent aussi de tels risques, a analysé un inspecteur du travail après une avalanche qui a endommagé cinq poids lourds et les a poussés sur plusieurs mètres.

Mis à jour hier à 7h00


Philippe Teisceira-Lessard
Philippe Teisceira-Lessard La Presse

L’incident est survenu au site Angrignon, à LaSalle, le 3 mars dernier, selon des rapports de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) obtenus par l’entremise d’une demande d’accès à l’information.

Personne n’a été blessé dans cet évènement, qui ne doit pas être minimisé pour autant : une avalanche semblable a coûté la vie à un camionneur, en 2017, dans un dépôt à neige de Trois-Rivières.

Le sous-traitant de la Ville de Montréal chargé de gérer le site, Béluga Construction, « n’utilise pas les méthodes et techniques visant à identifier, contrôler et éliminer les risques », a écrit l’inspecteur du travail Érik Pichette dans un rapport du printemps dernier. « Sa méthode de travail concernant l’empilement de la neige est incomplète par rapport à la façon de procéder et à la délimitation des zones de sécurité. Cela occasionne un risque de blessure en cas d’avalanche. »

M. Pichette a notamment reproché à Béluga Construction de laisser les camions circuler très près d’un monticule de plus de 20 mètres de neige. La pente de ce monticule était aussi trop raide, selon l’inspecteur.

Béluga Construction n’a pas voulu commenter la situation.

La Ville de Montréal a souligné que l’hiver 2022-2023 avait été particulièrement neigeux, posant des défis de stockage de la neige dans ses dépôts.

« La Ville de Montréal, de concert avec la CNESST et le fournisseur externe, s’assure que les éléments problématiques soient précisés et corrigés afin d’assurer la mise en œuvre pour l’hiver 2023-2024 », a indiqué le relationniste Gonzalo Nuñez.

« Plusieurs avalanches se produisent chaque année »

Le phénomène dans les dépôts à neige est encore peu étudié, a expliqué le professeur de géographie Daniel Germain, de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Lui-même a été chargé par un consortium de villes en 2018-2019 de mener une étude exploratoire du phénomène.

« Plusieurs avalanches se produisent chaque année sur des sites de neige usée au Québec, allant parfois même jusqu’à causer un accident mortel », indiquait-il dans ce document, rendu public en 2021. L’équipe du professeur Daniel Germain a d’ailleurs étudié une « avalanche majeure » survenue au dépôt à neige Angrignon en 2019.

« Certaines pratiques à risque peuvent être rapidement identifiées (p. ex. : camions roulant longuement au pied des amas) », concluait l’étude exploratoire, qui souligne que le comportement de la neige soufflée est bien différent de la neige en montagne. « Dans tous les cas, il sera nécessaire de poursuivre les analyses et réflexions pour étudier des alternatives pertinentes à ces pratiques. »

Par courriel, le géographe a ajouté que la suite du projet de recherche était en veilleuse depuis la pandémie de COVID-19. « La volonté de poursuivre et de relancer le projet est toujours présente autant chez les partenaires qu’au sein de mon équipe de recherche à l’UQAM », a-t-il indiqué.

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Première moitié de 2023 Les parts de marché des grands VUS grimpent fortement au Canada

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Les ventes totales de véhicules neufs ont crû de 7,6 % lors de la première moitié de 2023.

Malgré des hausses marquées des taux d’intérêt et des prix des véhicules neufs, les consommateurs canadiens semblent toujours enclins à dépenser de plus en plus pour faire l’acquisition d’un véhicule neuf. Un dernier coup de sonde de la firme spécialisée DesRosiers Automotive montre que les grands VUS ont plus que jamais le vent dans les voiles au pays.

Publié le 17 juillet


Charles René
Charles René La Presse

Ces mastodontes des routes ont vu leurs parts de marché augmenter au Canada de 37,3 % lors de la première moitié de l’année pour atteindre un niveau record, précise DesRosiers. Leur empreinte demeure petite toutefois, à seulement 2,3 % de tous les types de véhicules vendus lors de cette période.

À l’opposé, ce sont les voitures sous-compactes qui essuient la plus forte baisse avec des pertes de 27,3 % de leur part de gâteau à l’échelle canadienne. Cette performance est sans doute attribuable à l’étiolement de l’offre, puisque bien des constructeurs ont carrément abandonné ce segment.

Précisons que les ventes totales de véhicules neufs ont crû de 7,6 % lors de cette première moitié de 2023, ce qui expose une reprise progressive des livraisons.

Les petits véhicules prisés sur le marché de l’occasion

Cette faiblesse de l’offre de voitures neuves sous-compactes et compactes ainsi que les pénuries des semi-conducteurs continuent de mettre en parallèle une forte pression sur les prix des véhicules d’occasion, a également constaté DesRosiers.

En mai, la valeur résiduelle des voitures sous-compactes vieilles de 48 mois était de 103,7 au Canada, soit 22 % de plus que la moyenne de tous les segments de voitures.

Les voitures compactes se situent tout juste derrière avec une valeur résiduelle chiffrée à 95,3 % sur 48 mois. Les diverses catégories de voitures maintiennent d’ailleurs mieux leur valeur résiduelle à 81,7 % en moyenne comparativement à 77,4 % pour l’ensemble des camions légers au pays.

Il y a de quoi s’inquiéter sérieusement car ces véhicules énergivores annulent une grande partie des efforts accomplis individuellement par un grand nombre de citoyens concernant notre bilan CO2 au pays. À noter que ces nouveaux camions légers rouleront au moins une bonne décennie sur nos routes avant d’en être retirés.

Il faut arrêter l’hypocrisie des gouvernements qui refusent de taxer ces gros cylindrés afin de ménager leur popularité. Ici ce sont les jeunes qui hériteront des pots cassés par le manque de courage du fédéral et des provinces. Car ces derniers ménagent les susceptibilités des électeurs en ignorant honteusement leur propre engagement vis à vis du développement durable et des changements climatiques. :rage:

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Un petit cours rapide sur la sylviculture qui nous permet de mieux comprendre les enjeux des changements climatiques sur nos forêts.


Après le feu

ILLUSTRATIONS JUDITH LACHAPELLE, LA PRESSE

Qu’arrivera-t-il quand les incendies dans le nord du Québec seront éteints ? Que la fumée se sera dissipée ? Une nouvelle génération d’arbres devrait repousser naturellement… mais dans certains cas, la forêt pourrait disparaître. Peut-on l’aider à s’enraciner ?

Publié à 1h15 Mis à jour à 5h00


Judith Lachapelle
Judith Lachapelle La Presse

ILLUSTRATIONS JUDITH LACHAPELLE, LA PRESSE

ILLUSTRATIONS JUDITH LACHAPELLE, LA PRESSE

ILLUSTRATIONS JUDITH LACHAPELLE, LA PRESSE

ILLUSTRATIONS JUDITH LACHAPELLE LA PRESSE

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Planète bleue, idées vertes Estrie Un parc sur des résidus miniers

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Le parc récréotouristique Héritage (à l’avant-plan) a été construit sur les haldes de la carrière Graymont, à Bedford, en Estrie.

Comment ils sont passés de la parole aux actes

Publié à 0h45 Mis à jour à 6h00

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Jean-Thomas Léveillé
Jean-Thomas Léveillé La Presse

(Bedford) Les grenouilles coassent, les carouges à épaulettes volettent et quelques cerfs broutent derrière la butte… sous laquelle se cachent des millions de tonnes de pierre inerte.

Ce qui aurait pu n’être qu’un immense monticule rocailleux, sans végétation et sans vie, est depuis peu un « parc récréotouristique » qui fait la fierté de Bedford et des municipalités voisines, en Estrie.

Inauguré le 21 juin après cinq ans de travaux, le parc Héritage est construit sur les haldes de la carrière Graymont, qui extrait à quelques battements d’ailes de là de la pierre calcaire pour fabriquer de la chaux vive.

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Alexandre Renaud, directeur des opérations pour les Cantons-de-l’Est de Graymont

« Sans le projet Héritage, l’usine serait fermée aujourd’hui », affirme catégoriquement le directeur des opérations pour les Cantons-de-l’Est de l’entreprise, Alexandre Renaud.

Car pour poursuivre ses activités au-delà de 2020, Graymont a réalisé une décennie plus tôt qu’elle devait trouver un endroit où déposer 32 millions de tonnes de « pierre non valorisable ». Cette ardoise friable de mauvaise qualité, pour laquelle aucune utilité n’a été trouvée, se trouvait au-dessus de son gisement de calcaire.

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La première phase du projet, maintenant terminée, consistait donc à aménager deux premières buttes avec environ 20 % du volume total de pierre.

Toutes les idées ont été étudiées, de la mine souterraine – jugée non rentable – à l’expédition de la pierre dans des fosses existantes, situées à des kilomètres à la ronde.

« On a fait la cartographie des trous disponibles [et] il fallait aller loin », raconte M. Renaud. Sans compter qu’une telle opération aurait nécessité plus de deux millions de transports par camion, avec les émissions de gaz à effet de serre (GES) que cela aurait impliqué.

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La veille de l’inauguration, des gens fréquentaient déjà le nouveau parc même si les lieux n’étaient pas encore officiellement ouverts.

L’idée d’aménager des haldes à la périphérie de la propriété de l’entreprise, sur des terrains lui appartenant et sur d’autres appartenant aux municipalités de Bedford, du canton de Bedford et de Stanbrige Station, a plutôt été retenue.

Et pour que tous y trouvent leur compte, Graymont a proposé d’y aménager un parc, dont elle cédera sous peu la propriété à une fiducie qui en assurera la gestion.

10 000 arbres

La première phase du projet, maintenant terminée, consistait donc à aménager deux premières buttes avec environ 20 % du volume total de pierre.

Dix mille arbres y ont été plantés, des sentiers de randonnée ainsi qu’un amphithéâtre extérieur y ont été aménagés, et un pavillon d’accueil, des jeux d’eau et un stationnement y ont été construits.

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Un amphithéâtre extérieur a été aménagé.

Une troisième butte, beaucoup plus grosse, sera aménagée au cours des 15 prochaines années avec les 80 % de pierre restants ; celle-ci sera aussi végétalisée, mais elle ne sera pas ouverte au public, servant plutôt de mur-écran avec la carrière.

Au total, le site aura une superficie de 70 hectares.

Un tel projet n’est toutefois pas sans impact environnemental, reconnaît Alexandre Renaud, qui soutient que l’entreprise a fait ses devoirs, notamment en compensant in situ la totalité des milieux naturels détruits, en plus d’en recréer ailleurs dans la région.

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De la pierre de la carrière

Deux ruisseaux ont été déplacés, deux autres ont été créés, et des bassins de sédimentation ont été aménagés pour gérer les eaux de ruissellement provenant des monticules de pierres.

Avant d’aménager ces monticules, qui atteignent 45 mètres de hauteur, l’argile « de bonne qualité » qui s’y trouvait a été retirée et entreposée, puis utilisée pour recouvrir la pierre inerte et favoriser la végétalisation du site, explique Maxime Descôteaux, spécialiste principal en santé, sécurité et environnement de l’entreprise.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Maxime Descôteaux, spécialiste principal en santé, sécurité et environnement de Graymont

Graymont finance la totalité de ce projet qu’elle qualifie de « titanesque », qui devrait lui permettre de poursuivre ses activités pendant 20 à 30 ans, mais ne dévoile pas l’ampleur de l’investissement.

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Le projet a été réalisé en tenant compte de l’avis de la population.

Attrait régional

Le nouveau parc fait « une grosse différence pour la communauté », estime le maire de Bedford, Claude Dubois – « pas le chanteur », précise-t-il –, qui y voit un attrait régional.

« Les gens viennent déjà », disait-il à La Presse le jour de l’inauguration, alors que les lieux n’étaient pas encore officiellement ouverts.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Graymont a aménagé un parc dont elle cédera sous peu la propriété à une fiducie qui en assurera la gestion.

La solution proposée par Graymont permet de « sécuriser des emplois bien rémunérés » – la carrière emploie quelque 70 personnes – tout en limitant les nuisances et en apportant un bénéfice pour les résidants de la région, estime-t-il.

Surtout, le projet a été réalisé en tenant compte de l’avis de la population ; « il y a eu beaucoup de consultations publiques », dit-il.

En savoir plus

  • 1928
    Ouverture de la carrière de Bedford par la Shawinigan Chemicals Ltd ; la vocation première était alors la fabrication du carbure et du noir à fumée

Source : Graymont

420 000 tonnes
Production annuelle de chaux vive de la carrière de Bedford

Source : Graymont

  • 160 000 tonnes
    Production annuelle d’agrégats spécialisés de la carrière de Bedford

Source : Graymont

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Le Festif! et Valaire nettoient les berges

Bénévoles de l’Organisation bleue, le groupe Valaire et des festivalier.ère.s ont uni leurs forces pour nettoyer les berges du quai de Baie-Saint-Paul durant Le Festif! vendredi en matinée. Photo: Maximilien Rolland

Caroline Bertrand

22 juillet 2023 à 5h00 8 minutes de lecture

Par la matinée grise de vendredi, imprégnée de l’air marin, arrivaient au compte-goutte des festivalier.ère.s de la 14e édition du Festif! désireux.euses de donner un coup de main à l’activité de nettoyage des berges au quai de Baie-Saint-Paul, situé à la jonction de la rivière du Gouffre et de la baie Saint-Paul, qui s’ouvre sur le fleuve Saint-Laurent.

Une activité écologique qui s’inscrit résolument dans les valeurs du festival, qui bat son plein jusqu’à dimanche. Le développement durable, « c’est dans notre ADN », affirme la directrice à la production des spectacles et au développement durable du Festif!, Anne-Marie Dufour, en entrevue avec Métro.

L’on était donc convié à prêter main-forte au nettoyage aux côtés des gars du groupe Valaire, en prestation la nuit précédente, et de l’organisme à but non lucratif Organisation bleue, qui ont mis sur pied La Virée du Saint-Laurent, un projet ludico-environnemental que Le Festif! était ravi d’accueillir.

  • Un pneu a également fait partie des déchets étonnants trouvés durant l’activité de nettoyage des berges au quai de Baie-Saint-Paul vendredi au Festif! Photo : Kilojules

  • Parmi les déchets insolites trouvés durant l’activité de nettoyage des berges au quai de Baie-Saint-Paul vendredi au Festif! : un chauffe-eau. Photo : Kilojules

  • Un pneu a également fait partie des déchets étonnants trouvés durant l’activité de nettoyage des berges au quai de Baie-Saint-Paul vendredi au Festif! Photo : Kilojules

  • Parmi les déchets insolites trouvés durant l’activité de nettoyage des berges au quai de Baie-Saint-Paul vendredi au Festif! : un chauffe-eau. Photo : Kilojules

Parmi les déchets insolites trouvés durant l’activité de nettoyage des berges au quai de Baie-Saint-Paul vendredi au Festif! : un chauffe-eau. Photo : Kilojules

« Rien de bizarre ou de grano »

L’année passée, l’activité de nettoyage qui a eu cours durant Le Festif! avait attiré une cinquantaine de bénévoles, estime la biologiste marine et fondatrice de l’Organisation bleue, Anne-Marie Asselin. « Les gens arrivaient sur la plage en se disant : “c’est donc bien cool, je veux participer”. Et tu voyais des gens un peu lendemain de brosse partir avec leur petit sac à remplir de déchets », raconte-t-elle à Métro.

Quel message lancerait-elle pour tenter d’encourager à participer à une telle activité? « Le Festif! est très proactif dans le développement durable. Offrir une activité complémentaire à la programmation, ça dynamise non seulement le festival au-delà de son contexte culturel, mais ça décomplexifie le mouvement environnemental. Ça n’a rien de bizarre ou de grano. »

À son avis, puisque le site est « exceptionnellement beau » et que des festivalier.ère.s profitent d’emblée de la plage, « c’est facile de les attirer à joindre l’activité de mobilisation ».

Dans la foulée des inondations qui ont frappé Baie-Saint-Paul le printemps dernier, lorsque la rivière du Gouffre a sorti de son lit, des vestiges de la catastrophe avaient jonché les berges — meubles et électroménagers notamment s’y étaient échoués. Ces déchets ont depuis été nettoyés, « mais il reste toujours du travail de peaufinage à faire », souligne la fondatrice d’Organisation bleue.

À la fin du nettoyage vendredi au début de l’après-midi, mégots, bouchons, emballages de barre de chocolat et autres morceaux de polystyrène (du styromousse) formaient un amas de détritus sur une bâche. Un pneu et un chauffe-eau avaient été trouvés dans le sable du fleuve, alors à marée basse.

« Les déchets sont aussi à l’image de ce que le fleuve et les courants amènent », rappelle Anne-Marie.

  • France, membre de Valaire, durant l’activité de nettoyage. Photo : Kilojules

  • Luis Clavis, membre de Valaire, durant l’activité de nettoyage. Photo : Kilojules

  • France, membre de Valaire, durant l’activité de nettoyage. Photo : Kilojules

  • Luis Clavis, membre de Valaire, durant l’activité de nettoyage. Photo : Kilojules

Luis Clavis, membre de Valaire, durant l’activité de nettoyage. Photo : Kilojules

La tournée nautique de Valaire

L’implication de Valaire dans cette activité de nettoyage au Festif! n’était guère fortuite. Durant trois ans d’affilée, le quintette est parti en tournée écoresponsable le long du fleuve à bord d’un voilier, appelée La Virée du Saint-Laurent, dont il a précédemment été question.

Cette année, le groupe n’a littéralement pu lever les voiles faute de temps — il amorce entre autres les tournages de la nouvelle émission de variétés Plaza plaisir, diffusée l’automne prochain à Télé-Québec —, mais tenait tout de même à accomplir les nettoyages inhérents au projet, fait savoir à Métro Luis Clavis, membre du groupe.

Le nettoyage n’est pas une question de « performance » liée à la quantité de déchets ramassés, tient-il à souligner. « Ce n’est pas ce qui va changer la qualité de l’eau de notre fleuve, mais tant qu’à être sur le bord, on va prendre conscience des déchets qui s’y trouvent. »

Il y a de surcroît quelque chose de méditatif dans le fait de côtoyer le territoire, relève-t-il. C’est d’ailleurs l’une des visées de la Virée : changer de rythme, dit-il. « La tournée, ça va vite. Lorsqu’on a des heures lousses devant nous, autant les passer dans un beau spot. Et tant qu’à être dans un beau spot, autant demander aux gens de venir nous aider à ramasser des patentes. C’est le fun, pour vrai. »

  • Activité de nettoyage des berges au quai de Baie-Saint-Paul vendredi au Festif! Photo : Kilojules

  • Activité de nettoyage des berges au quai de Baie-Saint-Paul vendredi au Festif! Photo : Kilojules

  • Activité de nettoyage des berges au quai de Baie-Saint-Paul vendredi au Festif! Photo : Kilojules

  • Activité de nettoyage des berges au quai de Baie-Saint-Paul vendredi au Festif! Photo : Kilojules

  • Activité de nettoyage des berges au quai de Baie-Saint-Paul vendredi au Festif! Photo : Kilojules

  • Activité de nettoyage des berges au quai de Baie-Saint-Paul vendredi au Festif! Photo : Kilojules

  • Activité de nettoyage des berges au quai de Baie-Saint-Paul vendredi au Festif! Photo : Kilojules

  • Activité de nettoyage des berges au quai de Baie-Saint-Paul vendredi au Festif! Photo : Kilojules

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Activité de nettoyage des berges au quai de Baie-Saint-Paul vendredi au Festif! Photo : Kilojules

Collaborations naturelles

« La participation de Valaire vient toucher directement à notre mission et à nos valeurs, affirme Anne-Marie Dufour. On peut mélanger le plaisir et les bonnes actions. Voir qu’un groupe profite de son pouvoir d’attraction pour créer ce genre de mouvement positif sur les territoires où il passe, c’est vraiment noble. »

Ç’a été tout aussi naturel pour l’Organisation bleue de se jumeler au groupe pour organiser ses activités de nettoyage de berges durant ses tournées nautiques.

« Le groupe voulait avoir une incidence positive environnementale et, nous, on voulait s’afficher avec des artistes pour rendre les nettoyages plus dynamiques, plus cool », fait savoir la fondatrice de l’OBNL qui se voue à la conservation de l’environnement en se mobilisant sur le fleuve.

« Ça fait découvrir d’autres parties des villes où le groupe passe, ajoute Anne-Marie du Festif! Au-delà des lieux touristiques de chaque ville au Québec, il y a le fleuve, que les touristes visitent parce que c’est beau. Mais s’impliquer concrètement, ça accorde de l’importance sur le fait d’en prendre soin et non seulement s’arrêter pour le regarder. »

Investi dans sa ville

Des activités de nettoyage, Le Festif!, qui est un organisme de diffusion culturelle impliqué dans toutes les facettes de la municipalité à longueur d’année, en effectue depuis ses débuts.

Chaque printemps, il organise de pair avec la Ville un grand nettoyage afin de préparer le village, grâce à l’appui de bénévoles, à accueillir l’été… et pas que les festivalier.ère.s le temps venu, fait savoir Anne-Marie Dufour.

« À la base, on est des citoyens et des citoyennes. La ville, on l’habite, on la vit », indique la directrice au développement durable.

« Le mot d’ordre, c’est la considération, ajoute-t-elle. Considérer le territoire sur lequel on est, considérer les gens qui l’habitent à longueur d’année et pas juste cette fin de semaine, considérer leurs terrains. On est conscients qu’on est un festival qui déplace de l’air, beaucoup de gens. Si on manque de respect envers le territoire, les résident.e.s ne voudront plus nous recevoir. »

La brigade verte du Festif! sillonne régulièrement les berges de la rivière du Gouffre, où l’on peut se baigner et flâner sur la plage. Nonobstant la sensibilisation qu’effectue le festival, de petits déchets épars demeurent.

Naissance de l’Organisation bleue

En sillonnant le monde en voilier, Anne-Marie Asselin a vu l’environnement changeant dans lequel on vit. Après avoir beaucoup travaillé en Amérique latine, où elle a constaté beaucoup de pollution, elle est revenue s’enraciner au Québec. Au cours d’une tournée de nettoyage qu’elle a effectuée avec un OBNL international des Grands Lacs à l’Atlantique en passant par le Saint-Laurent, elle a été choquée de constater à quel point c’était pollué. C’est ainsi qu’elle a fondé son organisation, afin de prendre soin du Saint-Laurent précisément.

On ne pouvait demander mieux. J’étais personnellement un peu découragé la semaine dernière quand les grandes pluies de juillet ont à nouveau fait monter dangereusement le niveau de la rivière du Gouffre, entrainant une quantité phénoménale de débris de toutes sortes dont la plupart ce sont échoués sur la plage de Baie-Saint-Paul.

J’en parlais avec les employés de la Ville qui me disaient que BSP n’avait pas vraiment de budget ni d’employés suffisants pour entreprendre cette énorme corvée. Il faut dire que les détritus s’étendaient sur plusieurs mètres de largeur et sur près d’un kilomètre à la grandeur de la baie.

Quel bonheur alors de voir que des groupes de musiques venus pour présenter des spectacles au Festif, se soient mis à l’oeuvre pour nettoyer un de nos plus beaux joyaux naturel: la plage et le boisé du quai.

Photo prise avec mon iPhone le 17 juillet 2023

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Les poursuites climatiques, une tendance qui s’accélère

PHOTO THOM BRIDGE, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Certains des jeunes plaignants du Montana dans l’affaire les opposant à l’État lors de leur arrivée au tribunal avant la dernière journée du procès, à Helena, le 20 juin dernier

Face à une crise climatique dont les effets sont de plus en plus visibles, le nombre de recours juridiques contre l’inaction des gouvernements a explosé depuis cinq ans. Partout sur la planète, ce sont surtout les jeunes qui mènent la bataille. Avec des résultats bien concrets dans plusieurs pays.

Publié à 0h40 Mis à jour à 5h00

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Éric-Pierre Champagne
Éric-Pierre Champagne La Presse

Le combat des jeunes

C’est le nouveau cheval de bataille de nombreux jeunes pour forcer gouvernements et entreprises à revoir à la hausse leurs engagements climatiques. Entre 2017 et 2022, le nombre d’actions en justice a plus que doublé, selon le plus récent rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), dévoilé jeudi. Si la majorité des poursuites sont toujours déposées aux États-Unis, le nombre de cas dans le reste du monde a presque triplé en cinq ans. Selon les données compilées pour l’Organisation des Nations unies (ONU) par le Sabin Center for Climate Change Law, le phénomène a aussi lieu dans des pays en développement, lesquels ont peu contribué historiquement aux émissions de gaz à effet de serre (GES).

De 884 cas à… 2180 en cinq ans

En 2017, le Sabin Center for Climate Change Law, affilié à l’Université Columbia, aux États-Unis, a répertorié 884 actions « climatiques » dans le monde. Cette année-là, la station de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) de Mauna Loa, à Hawaii, a enregistré une concentration de CO2 dans l’atmosphère de 407,56 parties par million (ppm), le 29 décembre 2017. Cinq ans plus tard, en 2022, 2180 poursuites ont été relevées dans 65 pays. Le 30 décembre 2022, la concentration de CO2 dans l’atmosphère pointait à 419,1 ppm. Les poursuites s’attaquent principalement à l’inaction des gouvernements face aux changements climatiques ou encore à leurs engagements qui ne sont pas respectés.

La majorité des poursuites dans les pays du Nord

PHOTO ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Militants prenant la pose le 29 juin dernier devant le tribunal administratif de Paris après que celui-ci eut rendu une décision donnant au gouvernement français jusqu’au 30 juin 2024 pour mieux respecter les cibles de réduction de l’utilisation des pesticides, notamment

Si les États-Unis remportent la palme du nombre de poursuites (1522 en 2022), la tendance s’accélère dans le reste du monde, où le nombre d’actions est passé de 230 à 658, entre 2017 et 2022. On retrouve l’Australie (127), le Royaume-Uni (79), l’Allemagne (38), le Canada (34) et le Brésil (30) en quintette de tête. La France est au septième rang avec 22 litiges, dont certains ont fait grand bruit ces dernières années. Neuf poursuites sur dix sont intentées dans des pays de l’hémisphère Nord, qui ont largement contribué aux émissions de GES depuis l’ère préindustrielle.

« Une ressource inestimable »

« Les citoyens se tournent de plus en plus vers les tribunaux pour lutter contre la crise climatique, en demandant des comptes aux gouvernements et au secteur privé et en faisant des recours juridiques un mécanisme clé pour garantir l’action climatique et promouvoir la justice climatique », a déclaré jeudi Inger Anderson, directrice exécutive du PNUE. Selon Michael Gerrard, directeur du Sabin Center, « ce rapport constituera une ressource inestimable pour tous ceux qui souhaitent obtenir le meilleur résultat possible dans les forums judiciaires et comprendre ce qui est possible et ce qui ne l’est pas ».

L’Allemagne forcée de revoir sa loi climat

PHOTO ODD ANDERSEN, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Un militant du mouvement écologiste Extinction Rebellion qui s’est collé les mains à une vitrine du siège du parti de l’Union chrétienne-démocrate se fait interpeller par des policiers, à Berlin, en août 2021.

Parmi les cas les plus célèbres, on retrouve notamment cette décision de la Cour constitutionnelle allemande, en 2021, qui a statué que la loi sur le climat adoptée en 2019 ne prévoyait pas « d’exigences suffisantes pour la réduction ultérieure des émissions [de GES] à partir de 2031. Le tribunal allemand a aussi conclu que la loi portait préjudice aux jeunes. L’ancien gouvernement d’Angela Merkel s’était vu forcé de revoir sa loi après cette décision : Berlin avait annoncé que son objectif de réduction des GES passait de 55 % à 65 % d’ici 2030 et que le pays serait carboneutre en 2045, soit cinq ans plus tôt que prévu.

Une poursuite historique aux États-Unis

Aux États-Unis, l’affaire la plus célèbre implique une quinzaine de jeunes du Montana qui ont accusé l’État d’enfreindre la Constitution, qui leur garantit le droit à « un environnement propre et sain ». Dans un procès qui s’est déroulé en juin dernier, les 16 jeunes âgés de 5 à 22 ans ont cherché à démontrer que le soutien du Montana à l’industrie fossile nuit à leur qualité de vie et à leur avenir. Fait à noter, la Cour suprême de l’État avait préalablement autorisé la tenue du procès, malgré plusieurs tentatives des autorités pour faire annuler la poursuite.

Bientôt plus de poursuites au Canada ?

PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

La Cour suprême du Canada, à Ottawa

Au Canada, sept jeunes ont obtenu en 2021 l’autorisation de poursuivre le gouvernement de l’Ontario sur ses engagements climatiques. De jeunes Québécois ont eu moins de chance lorsque la Cour suprême du Canada a refusé en 2022 d’entendre l’organisation Environnement Jeunesse, qui souhaitait intenter une action collective contre le gouvernement canadien. Cependant, des modifications récentes à la Loi canadienne sur la protection de l’environnement garantissent maintenant le droit à un environnement sain. En entrevue avec La Presse, en juin dernier, l’avocat Merlin Voghel, du Centre québécois du droit de l’environnement (CQDE) avait indiqué que cette nouvelle disposition législative ouvrait la porte à d’autres recours juridiques au pays.

Consultez le rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (en anglais)

En savoir plus

  • 54 %
    Selon un récent rapport du Grantham Research Institute on Climate Change, dans les cas où une décision sur le fond a été rendue, 54 % des poursuites ont mené à un renforcement des actions contre les changements climatiques.

Source : Grantham Research Institute on Climate Change

45 %
En 2021, la justice néerlandaise a condamné le groupe Shell à réduire ses émissions de CO2 de 45 % d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2019.

Source : Le Monde

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