Environnement et transition écologique

Plan pour une économie verte Québec forcera les cimenteries à réduire leurs émissions de GES

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

La cimenterie McInnis à Port-Daniel–Gascons, en Gaspésie

Les cimenteries devront réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) de gré ou de force, prévient le gouvernement Legault, qui dévoilera ce vendredi le troisième « plan de mise en œuvre » de ses objectifs de lutte contre les changements climatiques.

Publié à 1h30 Mis à jour à 5h00

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Jean-Thomas Léveillé
Jean-Thomas Léveillé La Presse

La Presse a obtenu d’une source ayant accès au plan les détails des mesures concernant le secteur industriel, qui est le deuxième générateur de GES en importance de la province.

Québec aidera financièrement les grandes entreprises industrielles à réduire leurs émissions, dont les cimenteries, mais ces dernières se verront aussi imposer une « obligation de résultat », explique cette source, qui n’était pas autorisée à parler publiquement du plan avant son annonce officielle.

« Si ce qui est proposé volontairement [par les cimenteries] n’est pas suffisamment conséquent ou important, c’est là qu’on pourra ajouter des contraintes à travers la réglementation », explique cette source.

Le gouvernement pourrait aussi inclure de nouvelles exigences à l’égard des cimenteries dans leur « autorisation ministérielle », un document qui encadre l’exploitation d’un établissement industriel, qui doit être renouvelé d’ici la fin du mandat du gouvernement caquiste.

« Le timing peut difficilement être meilleur », explique cette source.

Québec s’apprête aussi à « optimiser » le marché du carbone conjoint avec la Californie, notamment en accélérant plus rapidement que prévu la baisse des plafonds d’émissions imposés aux grands émetteurs de GES, une limite souvent jugée inefficace, parce que trop permissive.

Le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoit Charette, était d’ailleurs en Californie à la fin d’avril pour des discussions sur le sujet.

Des millions pour les « bioénergies »

Québec consacrera 175 millions de dollars supplémentaires aux grandes industries pour les « aider à recourir aux biocarburants plutôt qu’aux énergies fossiles », explique cette source, évoquant la biomasse ou le gaz naturel « renouvelable ».

L’aide à l’électrification, qui figurait dans le précédent plan de mise en œuvre, demeurera offerte.

Ce qui était performant dans le précédent plan est maintenu. Il y a beaucoup d’argent pour la conversion des systèmes énergétiques et la sobriété.

Source anonyme ayant accès au plan de mise en œuvre

Le gouvernement bonifie également d’autres programmes qui aident les industries à réduire leurs émissions, comme le « Défi GES ».

Ce programme est une espèce de « concours » invitant les entreprises à soumettre un projet de réduction de ses émissions et au terme duquel les propositions les plus efficaces obtiennent une aide financière.

« Ça nous aide beaucoup au niveau de notre bilan », affirme cette source.

À elles seules, les mesures destinées au secteur industriel devraient permettre une réduction des émissions de GES de 5,1 millions de tonnes par année d’ici 2030, calcule Québec.

Plan encore incomplet

Ce troisième plan de mise en œuvre du Plan pour une économie verte (PEV), qui couvre la période 2023-2028, bénéficie d’un budget de 9 milliards de dollars, une bonification de 1,4 milliard annoncée dans le budget du ministre des Finances Eric Girard, en mars.

Aucun autre secteur de dépenses n’a obtenu une hausse aussi importante, souligne-t-on à Québec.

Le plan n’identifie toutefois pas encore la totalité des moyens nécessaires pour atteindre la cible de réduction des émissions de GES du Québec, qui est de 37,5 % sous leur niveau de 1990 d’ici 2030.

Le premier plan de mise en œuvre n’identifiait que 42 % des moyens d’atteindre cet objectif, un taux qui montait de 9 points de pourcentage dans le deuxième plan, l’an dernier, pour atteindre 51 % des mesures identifiées.

Le troisième plan permettra un bond « comparable », selon notre source, qui n’a pas voulu être plus précise avant l’annonce de ce vendredi.

« Avec des bonds semblables, on peut de façon très crédible dire qu’on va atteindre notre cible en 2030, dit-elle. On sera peut-être un des seuls États dans le monde à être en mesure d’atteindre ses cibles. »

En savoir plus

  • 1,4 million
    Émissions de gaz à effet de serre (en tonnes) en 2021 de la cimenterie de Port-Daniel–Gascons, en Gaspésie, le plus gros émetteur de GES du Québec

Source : ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs du Québec

  • 77 millions
    Émissions de gaz à effet de serre (en tonnes) du Québec en 2021

Source : ministère de l’Environnement et du Changement climatique du Canada

Personnellement je trouve que ce n’est pas suffisant quand on regarde tout le tableau du gouvernement sur l’environnement, bien que ce soit un pas dans la bonne direction.

Un autre action cette fois-ci du côté fédéral pour forcer la main des banques afin qu’elles participent davantage à la lutte aux changements climatiques, en réduisant leurs investissements dans les énergies fossiles.

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La thermopompe, une « arme » de plus en plus populaire pour décarboner les bâtiments

Les ventes de thermopompes ont connu une augmentation record en Europe en 2022, en croissance de près de 40 % par rapport à l’année précédente.

Les ventes de thermopompes, qui contribuent à la décarbonation des bâtiments, ont augmenté sur le globe au cours des dernières années.

Photo : Getty Images

Valérie Boisclair (accéder à la page de l’auteur)

Valérie Boisclair

Publié à 4 h 00

C’est une technologie imaginée il y a plus de 160 ans, et pourtant, plusieurs la considèrent comme l’un des vecteurs de la décarbonation du secteur du bâtiment. Voici pourquoi la thermopompe, ou pompe à chaleur, connaît un regain de popularité ces dernières années.

Les ventes de thermopompes sur le globe ont connu une augmentation 13 % en 2021 et de 11 % en 2022, selon les données de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

L’Europe s’est révélée être un important marché, où les ventes sont passées de 2,2 millions en 2021 à 3 millions en 2022; une augmentation de 37 %. Des pays comme la France, l’Italie et l’Allemagne ont concentré la moitié de toutes les pompes à chaleur vendues sur le continent.

Certains marchés que l’AIE

qualifie d’émergents, comme la Pologne et la République tchèque, ont pour leur part vu leur taille doubler.

En France et aux États-Unis, l’achat de thermopompes a même dépassé celui des chaudières à combustibles fossiles et des fournaises à gaz.

Mais à quoi sert la thermopompe?

La thermopompe est un appareil qui permet de transférer la chaleur de l’extérieur vers l’intérieur, et vice-versa, tantôt pour chauffer la maison, tantôt pour la refroidir.

Différents modèles existent, mais le système le plus commun en Amérique du Nord est la thermopompe air-air, où la chaleur est diffusée dans la demeure à l’aide d’unités murales (bibloc ou mini-split).

La thermopompe air-eau, quant à elle, est rattachée à un système de chauffage qui comprend soit des radiateurs, soit des convecteurs d’eau. L’air ambiant est acheminé vers ce système pour chauffer la bâtisse.

La petite histoire

La technologie derrière ces installations qui gagnent en popularité ne date pourtant pas d’hier.

Il faut remonter aux années 1850 pour comprendre comment l’idée d’un tel système à double fonction a germé. Dès 1852, Lord Kelvin, un physicien britannique spécialiste de la thermodynamique, suggère qu’un moteur thermique inversé pourrait permettre à la fois de chauffer et de refroidir l’air. Un tel dispositif, supposait-il, nécessiterait moins d’énergie primaire.

Quelques années plus tard, en Autriche, un ingénieur du nom de Peter von Rittinger a concrétisé à l’échelle de projet pilote la première pompe à chaleur connue, en 1856. À l’époque, l’invention, conçue pour les salines du village d’Ebensee, en Haute-Autriche, ne faisait que chauffer et possédait une puissance de 14 kW.

La première pompe à chaleur à grande échelle a quant à elle été aménagée au Royaume-Uni, dans l’enceinte de la compagnie Finn Geotherm à Norwich, en 1945.

Un autre système, la pompe géothermique, peut aussi fonctionner à air ou à eau, mais tire la chaleur du sol. Par temps froid, l’air chaud qui s’y accumule est ainsi réorienté vers la maison, tandis qu’en été, la chaleur de la maison est dirigée vers le sol, à l’extérieur.

Les thermopompes permettent de remplacer les fournaises domestiques à mazout pour un système de chauffage électrique.

Photo : Radio-Canada / Camille Vernet

En quoi s’agit-il d’une solution verte pour chauffer les bâtiments?

Subventionnée par de nombreux gouvernements à travers le monde, la thermopompe permet généralement de chauffer un édifice sans avoir recours aux énergies fossiles, comme le mazout et le gaz. Ce dernier est le combustible le plus utilisé dans le monde pour chauffer les bâtiments. Il couvrait 42 % des besoins énergétiques de ce secteur en 2021.

Afin d’atteindre les cibles de décarbonation, voire de neutralité carbone, le secteur du bâtiment doit être revu pour en renforcer l’efficacité et en réduire l’empreinte écologique, au même titre que le secteur des transports et des industries.

Selon l’Agence internationale de l’énergie, 10 % de toutes les émissions de gaz à effet de serre produites dans le monde proviennent du secteur du bâtiment.

Au Canada, il s’agit du troisième secteur en importance, avec une contribution de 87 mégatonnes d’équivalent CO2, soit 13 % du bilan total, selon le plus récent inventaire canadien des GES

. Bien que l’efficacité énergétique des bâtiments s’est améliorée au fil des ans, le bilan du secteur stagne depuis 2005. Un phénomène que le gouvernement fédéral attribue à la croissance démographique et au développement commercial.

Pour Michael Kummert, professeur titulaire du Département de génie mécanique et Polytechnique Montréal, la thermopompe est la meilleure arme pour décarboner les bâtiments.

Qui plus est, elle consomme moins qu’un système de chauffage strictement alimenté à l’électricité.

Disons que pour une unité d’électricité consommée, une pompe à chaleur peut fournir jusqu’à trois unités de chaleur dans un bâtiment, contrairement à la plinthe électrique, qui va donner un kilowattheure de chaleur pour un kilowattheure d’énergie consommée, explique-t-il.

« C’est beaucoup mieux qu’une chaudière au gaz ou qu’une plinthe électrique. Scientifiquement, c’est une machine thermodynamique géniale. »

— Une citation de Michael Kummert, professeur titulaire du Département de génie mécanique et Polytechnique Montréal

Qu’est-ce qui explique les ventes record en Europe?

Dans plusieurs pays de l’Union européenne (UE), l’achat d’une pompe à chaleur est admissible à une série de crédits et de subventions qui permettent d’en alléger le coût, parfois au point de couvrir la totalité de la somme.

Si on se débrouille bien et qu’on habite dans des régions où il y a également des subventions locales, on peut arriver à financer 100 % du coût des travaux d’installation, soutient Anne Creti, directrice scientifique de la Chaire Économie du gaz naturel et de la Chaire Économie du climat de l’Université Paris Dauphine-PSL.

Ces subventions, précise-t-elle, ne sont toutefois pas dédiées uniquement à l’installation d’une thermopompe, elles englobent aussi une série de rénovations énergétiques.

Dans plus de 30 pays – qui couvrent plus de 70 % de la demande en chauffage –, des incitatifs financiers ont été mis en place ou renforcés dans la dernière année. Aux États-Unis, en Irlande, en Pologne et en Autriche, les subventions à l’achat ont même augmenté.

Ces aides économiques sont couplées à un resserrement de la réglementation sur l’efficacité énergétique des bâtiments. En France, où le gouvernement s’est engagé à réduire d’au moins 30 % la consommation d’énergie de ce secteur d’ici 2030, on ne pourra plus utiliser le gaz dans les nouveaux bâtiment, cite-t-elle en exemple. Il y aura aussi, plus tard, des normes strictes sur les installations au gaz existantes.

Le marché du carbone européen, en vertu duquel certaines industries doivent payer si elles dépassent le plafond d’émissions de GES

fixé, sera en outre réformé pour s’étendre à de nouveaux secteurs, dont celui du chauffage des bâtiments. Il faudra alors payer pour les émissions qui en seront issues. Le coût sera quand même beaucoup plus important et on verra probablement les rénovations s’accélérer, prédit Mme Creti, qui s’est consacrée, au cours de ses recherches, à la rénovation thermique des bâtiments.

« La rénovation du bâtiment, pourtant extrêmement nécessaire dans la décarbonation, n’avance pas à un rythme satisfaisant. »

— Une citation de Anne Creti, économiste et professeure titulaire à l’Université Paris Dauphine-PSL

Rappelons aussi que l’Union européenne a fait vœu de s’affranchir de sa relation au gaz naturel provenant de la Russie, qui représentait en 2021 près de 45 % de ses importations. Dans la foulée de l’invasion russe de l’Ukraine, la Commission européenne a annoncé un plan visant à mettre fin à cette dépendance d’ici 2027.

Bien qu’elle juge qu’il est trop tôt pour établir une corrélation forte entre ces politiques et les achats de thermopompes, Mme Creti note que les pays européens où les ventes ont été les plus importantes comptent parmi les plus dépendants du gaz russe pour l’usage thermique.

Les thermopompes sont conçues pour pouvoir fonctionner même dans un climat froid. Le modèle et la grosseur de la pompe peuvent toutefois influencer son efficacité.

Photo : getty images/istockphoto

S’éloignant des considérations géopolitiques, l’économiste ajoute qu’il ne faut pas sous-estimer l’attrait d’un système à solution double qui permet de chauffer et de refroidir sa maison. Les importantes vagues de chaleur et les périodes de canicule qui se sont abattues sur l’Europe ces dernières années ne sont pas étrangères à l’engouement suscité par les thermopompes, estime-t-elle.

La thermopompe est-elle populaire au Canada?

Ici aussi, la thermopompe est de plus en plus adoptée : au cours des 15 dernières années, le nombre d’installations de ces systèmes dans les foyers canadiens est passé de 400 000 à 850 000, selon l’Institut climatique du Canada.

Mais la part du chauffage domestique qu’elle assure, elle, ne dépasse pas les 6 %. Un peu plus de la moitié des ménages possède une fournaise à air pulsé, tandis que le quart des maisons sont chauffées à l’aide de plinthes électriques, selon Statistique Canada.

Certaines provinces des maritimes, comme le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et l’Île-du-Prince-Édouard, ont toutefois considérablement augmenté la part du chauffage par thermopompe ces dernières années. Un phénomène qui peut notamment s’expliquer par la combinaison d’un climat plus tempéré et de la mise en place de programmes gouvernementaux visant à améliorer l’efficacité énergétique.

En parallèle, des règlements viennent proscrire le recours à certains combustibles fossiles pour le chauffage. Au Québec, par exemple, l’installation d’appareils au mazout ou leur remplacement par des systèmes alimentés par des énergies fossiles sera interdit dès le 31 décembre 2023.

Est-ce que ce système fonctionne même dans les climats froids?

En théorie, oui. Mais la performance de ces installations peut en effet être influencée par la température extérieure. S’il fait trop froid, le rendement de l’appareil en sera donc affecté.

Plus il fait froid, moins la thermopompe est en mesure de fournir de la chaleur, explique Michael Kummert. Il faut alors se doter d’une pompe à chaleur plus grosse (et plus coûteuse) ou utiliser un autre type de chauffage pour compenser, par exemple en ayant recours aux plinthes électriques.

De nouveaux modèles apparus au cours des dix dernières années permettent toutefois de chauffer adéquatement une maison lorsqu’il fait -25 degrés Celsius. Ces thermopompes, dites à basse température ou à climat froid, ont contribué à rendre cette technologique plus attrayante dans des climats comme le nôtre, souligne le spécialiste des systèmes énergétiques des bâtiments.

S’il estime que toutes les provinces gagneraient à adopter la thermopompe, Michael Kummert observe que les Québécois n’y voient pas tous une solution intéressante économiquement. Dans la province, 65 % des ménages sont chauffés à l’électricité, une source d’énergie qui coûte relativement peu cher.

Le coût de l’installation et la perspective de travaux de rénovation sont au nombre des freins qui peuvent influencer les consommateurs, selon M. Kummert.

La thermopompe permettrait toutefois d’avoir un meilleur rendement énergétique et d’atténuer la demande sur le réseau d’électricité, poursuit le spécialiste. Si on remplace le chauffage au gaz et au mazout qu’il reste par des plinthes électriques, ça va créer des pointes et des demandes plus élevées, résume-t-il.

De son côté, Anne Creti rappelle que la thermopompe n’est qu’une partie de la solution pour décarboner le secteur des bâtiments. Elle y contribue, certes, mais elle est loin d’en être la pièce maîtresse. Isoler les combles et les sols, doubler le vitrage : voilà de véritables rénovations énergétiques, lance-t-elle. Malheureusement, c’est coûteux, mais on y gagne à long terme.

Planète bleue, idées vertes Des panneaux solaires sur les gares de France

PHOTOMONTAGE FOURNI PAR LA SNCF

Insertion paysagère du projet en gare de Louveciennes, en France

En novembre 2022, la Société nationale des chemins de fer français (SCNF) a annoncé un large plan de solarisation de ses gares. D’ici 2024, pas moins de 180 000 m⁠2 de panneaux solaires doivent être installés par l’entreprise dans plus de 119 gares. Un projet ambitieux, qui jure avec la faible avancée du solaire au Québec. Peut-on envisager que les toits de la Belle Province soient un jour peuplés de panneaux photovoltaïques ?

Publié à 1h32 Mis à jour à 7h00

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Clémence Delfils Collaboration spéciale

En France, le solaire séduit. Avec son installation, la SNCF compte produire 15 % de l’énergie consommée par les 3000 gares françaises.

Ces quelques milliers de mètres carrés de panneaux solaires devraient s’ajouter aux nombreuses autres installations déjà présentes dans l’Hexagone. Selon le bilan du Réseau de transport électrique français, en 2021, l’énergie solaire photovoltaïque représentait 3 % de la production totale d’électricité dans le pays. Un bilan bien plus haut que celui du Canada, où l’énergie solaire – non seulement photovoltaïque, mais aussi thermique – représentait 0,5 % de l’électricité produite, selon le bilan de l’Office national de l’énergie de 2017. Pourquoi cette différence ?

Une réponse simple : l’hydroélectricité. Cette technologie peu coûteuse et peu polluante écrase le marché du panneau solaire. « Au Québec, le coût de l’électricité est tellement faible que c’est compliqué pour cette technologie de percer. En plus de cela, l’hydroélectricité a aussi une faible empreinte carbone et les panneaux solaires sont souvent choisis pour diminuer cette empreinte carbone », explique Louis Gosselin, professeur au département de génie mécanique de l’Université Laval.

Sur un toit de l’UQAM

Les projets existent tout de même, mais concernent souvent des lieux isolés comme les réserves autochtones ou des infrastructures entièrement pensées pour la gestion énergétique, explique le professeur.

PHOTO FOURNIE PAR L’UQAM

L’Université du Québec à Montréal (UQAM) a installé plus d’une centaine de panneaux solaires sur le toit du Complexe des sciences Pierre-Dansereau.

Parmi ces projets, il y a celui de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) qui, en 2019, a installé plus d’une centaine de panneaux solaires sur le toit du Complexe des sciences Pierre-Dansereau. « C’est une réalité que les panneaux solaires ont peu de sens au Québec à cause de notre hydroélectricité. Évidemment, l’UQAM n’a pas comme ambition de déployer des panneaux solaires sur tous ses bâtiments. Notre objectif est surtout de mettre en lumière les efforts qui peuvent être faits en termes d’énergie », explique l’ingénieur responsable du projet, Philippe Lavallée.

On a installé ces panneaux solaires pour contribuer à la conversation sur l’énergie renouvelable et pour faire de l’éducation et de la sensibilisation.

Philippe Lavallée, ingénieur

Poser des panneaux solaires pour faire parler, l’idée peut sembler étrange. Pourtant, ces discussions pourraient avoir une utilité dans un avenir proche. C’est la conclusion de l’entreprise d’architecture Lemay, responsable de la rénovation du bâtiment Le Phénix. Deuxième installation photovoltaïque en importance dans la région de Montréal, cet ancien entrepôt rénové en 2014 est vu comme un modèle de bâtiment écologique. « On sait déjà qu’on va manquer de puissance. Il faut donc augmenter la résilience. Comme on l’a vu avec l’épisode de verglas, il est important d’encourager la décentralisation de la production et de la distribution d’électricité en créant des bâtiments plus autonomes », argumente Hugo Lafrance, associé en stratégie durable chez Lemay.

« Au Québec, contrairement au reste du monde, le réseau électrique est considéré comme plus écologique que le photovoltaïque, continue Hugo Lafrance. C’est vrai si on se réfère aux données historiques, mais un bâtiment a une durée de vie par cycle. Qu’est-ce qui sera bon dans les 60 prochaines années ? Eh bien, ce ne sera plus vrai que l’hydroélectricité est plus écologique que le photovoltaïque. »

« Les ressources hydrauliques facilement accessibles ont déjà été exploitées. Il faudra mettre en place des systèmes plus complexes et donc plus coûteux », explique Louis Gosselin. Même bilan du côté financier. « Le coût des installations photovoltaïques diminue d’année en année. Dans certaines régions du monde, on est arrivé à un point de bascule où ces systèmes sont devenus rentables. Un jour, ce sera peut-être le cas au Québec », poursuit le professeur.

« La cerise sur le sundae »

Le solaire comme solution à une augmentation du coût de l’hydraulique et comme option plus verte que verte, oui, mais seulement dans une approche plus globale de la consommation et de la production d’énergie. « La vraie solution, c’est réduire nos besoins, revaloriser notre énergie. On peut ensuite voir les technologies qui émergent », soutient Philippe Lavallée.

« Il faut commencer par les gains gratuits que la nature nous donne. Cela passe par une bonne conception du bâtiment, de son enveloppe, de ses composants, sa volumétrie. Une fois que toutes ces choses sont en place, on peut faire le petit bout de chemin qui reste avec le solaire », explique Oscar Hernandez, directeur technique en performance des bâtiments pour l’entreprise d’architecture Lemay.

Dans les projets de bâtiment de l’UQAM et de Lemay, les panneaux solaires ne sont jamais seuls. Ils s’intègrent à de nombreuses autres technologies. « C’est la cerise sur le sundae », ponctue Hugo Lafrance. Un bilan qui différencie encore grandement les initiatives québécoises des grands champs de panneaux solaires français.

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L’actualité verte de la semaine

PHOTO VINCENZO PINTO, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Quelques milligrammes de l’actualité environnementale.

Publié à 1h32 Mis à jour à 6h00

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Daphné Cameron
Daphné Cameron La Presse

Quiz

Si rien ne change d’ici 2100 dans nos régimes alimentaires et nos pratiques agricoles, notre consommation de nourriture pourrait réchauffer la Terre de :

A) 0,2 à 0,6 °C
B) 0,7 à 0,9 °C
C) 0,9 à 1,3 °C

PHOTO CARL DE SOUZA, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Ferme bovine au Brésil

Réponse : B

Une étude récemment publiée dans Nature Climate Change a calculé que d’ici la fin du siècle, la production et la consommation de nourriture pourraient être responsables d’un réchauffement de la planète de près de 1 °C par rapport aux niveaux préindustriels (entre 0,7 et 0,9 °C selon l’augmentation de la population mondiale). En mangeant de la viande seulement une fois par semaine, cette hausse pourrait être réduite de 0,2 °C.

800 millions d’oiseaux ont disparu en Europe

PHOTO ELENA RODRIGUEZ, ARCHIVES REUTERS

Un oiseau sur le bord du réservoir Sierra Boyera, dans le sud de l’Espagne, qui était à peine à 0,01 % de sa capacité à la fin d’avril.

Près de 800 millions d’oiseaux ont disparu sur le continent européen entre 1980 et 2016, un déclin spectaculaire de 25 %. En milieu agricole, la baisse est encore plus dramatique : près de 57 % des oiseaux ont disparu. Voilà les résultats de la plus vaste étude menée sur les oiseaux d’Europe qui viennent d’être publiés dans la revue savante PNAS. « Nous constatons que l’intensification de l’agriculture, en particulier l’utilisation de pesticides et d’engrais, est la principale cause du déclin de la plupart des populations d’oiseaux », écrivent les auteurs, qui ont étudié 170 espèces retrouvées sur 20 000 sites dans 38 pays.

Verte, la viande de labo ?

PHOTO CORINNA KERN, ARCHIVES BLOOMBERG

Un ingénieur inspecte de la viande de laboratoire, en Israël, en 2019.

Vous avez sans doute déjà entendu parler de la « viande » de laboratoire. Grâce aux cellules souches, des scientifiques parviennent à faire pousser du tissu musculaire d’animaux. À quand une telle viande dans nos épiceries ? Difficile à dire. Mais d’un point de vue climatique, ce n’est peut-être pas la solution miracle. Le potentiel de réchauffement planétaire de la viande cultivée en laboratoire serait de 4 % à 25 % plus élevé que celui du bœuf, révèle une analyse du cycle de vie réalisée par des chercheurs de l’Université de Californie à Davis. L’étude a fait l’objet d’une « prépublication », c’est-à-dire qu’elle n’a pas franchi l’étape de révision par les pairs.

Emballages écoresponsables

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Québec donnera un coup de pouce de 18 millions aux entreprises de transformation alimentaire pour les aider à utiliser des matières plus durables dans leurs emballages.

Québec donnera un coup de pouce de 18 millions aux entreprises de transformation alimentaire pour les aider à utiliser des matières plus durables dans leurs emballages. Le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, André Lamontagne, en a fait l’annonce il y a quelques jours. Les nouveaux emballages alimentaires doivent à la fois répondre aux nouvelles exigences du règlement qui encadre la collecte sélective tout en permettant la conservation des aliments de manière salubre. L’aide vise à soutenir les entreprises dans la conception de contenants et d’emballages qui répondent aux critères des centres de tri des conditionneurs et recycleurs québécois.

Engins de pêche à la dérive

PHOTO ROBERT F. BUKATY, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Casier à homard et cordes échoués sur une plage du Maine

Avec l’aide de capitaines locaux, des chercheurs de l’Université Dalhousie ont retiré l’équivalent de 25 000 kilogrammes d’engins de pêche fantômes au large de la Nouvelle-Écosse. Des casiers, des cordes, des filets, des hameçons et des câbles à la dérive ont été récupérés dans un territoire de près de 4000 kilomètres, peut-on lire dans un article publié dans Marine Pollution Bulletin. Près de 1000 sorties ont été effectuées entre 2019 et 2021. Dans 68 % des cas, il s’agissait de casiers à homard perdus, qui avaient entre 1 et 37 ans d’âge. L’expérience a permis de libérer 652 homards et 57 poissons pris dans ces engins.

Ventes records de pesticides au Québec

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

La farine de gluten de maïs, utilisée pour limiter la germination des pissenlits, arrive désormais au deuxième rang des pesticides les plus vendus au Québec.

Les quantités de pesticides vendues au Québec en 2021 ont atteint un sommet inégalé depuis 30 ans. Cette hausse s’explique notamment par un rebond dans les ventes de glyphosate en agriculture et une augmentation marquée des ventes de biopesticides en milieu urbain pour lutter contre… les pissenlits.

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Daphné Cameron
Daphné Cameron La Presse

C’est ce que révèle le plus récent bilan annuel des ventes de pesticides, publié discrètement sur le site web du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.

Les pesticides sont des substances chimiques qui servent à lutter contre les mauvaises herbes (herbicides), les insectes ravageurs (insecticides) ou les champignons (fongicides).

Pour la première fois depuis 1992, les ventes totales de pesticides ont franchi le seuil de 5 millions de kilogrammes d’ingrédients actifs (kg i.a.) vendus.

Ces ventes, qui totalisent 5,1 millions de kilogrammes d’ingrédients actifs, se situent au-dessus de la moyenne des cinq dernières années de 4,5 millions de kilogrammes d’ingrédients actifs, et ce, en dépit des cibles de réduction que le Québec s’est fixées dans le secteur agricole.

« Ça n’a aucun sens. On ne devrait pas, en ce moment, être en progression d’utilisation des pesticides, on devrait être en restriction, et ce n’est pas du tout le profil qu’on voit », déplore Louise Hénault-Ethier, directrice du Centre Eau, Terre, Environnement de l’Institut national de recherche scientifique.

En guerre contre les pissenlits

Fait nouveau, les ventes de biopesticides ont atteint un sommet en 2021 avec près de 1,5 million de kilogrammes d’ingrédients actifs, soit près du double des ventes de 2019. La moitié des biopesticides ont été vendus en milieu urbain. Et c’est la farine de gluten de maïs, utilisée pour limiter la germination des pissenlits, qui arrive désormais au deuxième rang des pesticides les plus vendus au Québec.

Contrairement aux pesticides de synthèse, les biopesticides sont dérivés de sources naturelles. Malgré cela, ils peuvent avoir des impacts néfastes sur la biodiversité, prévient Mme Hénault-Ethier.

C’est une inquiétude parce que d’un point de vue strictement biologique, toutes les plantes comme les pissenlits sont essentielles aux insectes et pollinisateurs qui sont la base de la chaîne alimentaire.

Louise Hénault-Ethier, directrice du Centre Eau, Terre, Environnement

« Les pissenlits, autant que certains puissent les détester, sont les premiers à fleurir au printemps et parmi les derniers à faner à l’automne. Donc ça donne [aux insectes et pollinisateurs] une réserve de garde-manger alors qu’il n’y a pas d’autres fleurs disponibles dans les écosystèmes », ajoute Mme Hénault-Ethier.

Les quantités « d’herbicides pour gazon » vendues sont passées de 419 263 kg i.a. en 2020 à 651 226 kg i.a. en 2021. Un autre record. En 2014, elles étaient de 2609 kg i.a.

« Je ne pense pas qu’on doit lutter contre la biodiversité en milieu urbain en 2023, c’est futile, c’est dangereux », ajoute-t-elle.

Encore loin des cibles en agriculture

Les ventes en milieu agricole représentent, comme chaque année, la majorité des ventes de pesticides dans la province. Or, malgré l’adoption d’une cible pour faire chuter les quantités épandues dans les champs du Québec de 15 % d’ici 2030, les ventes de pesticides en milieu agricole demeurent stables.

« Avec 3,6 millions de kg i.a., les ventes du milieu agricole représentent 72 % des ventes totales. Celles-ci correspondent exactement à la moyenne des cinq dernières années », peut-on lire dans le rapport.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Les ventes en milieu agricole représentent la majorité des ventes de pesticides dans la province.

Adopté en 2020, le Plan d’agriculture durable du Québec vise à réduire de 500 000 kg i.a. le volume de pesticides vendus à l’échelle de la province d’ici 2030, mais à partir d’une valeur de référence annuelle fixée à 3,3 millions de kilogrammes d’ingrédients actifs.

« On a raté les cibles cinq fois depuis 1992 », souligne Louise Vandelac, directrice du Collectif de recherche écosanté sur les pesticides, les politiques et les alternatives (CREPPA) de l’UQAM. « C’est une véritable saga. C’est non seulement triste, il y a un véritable problème de responsabilité de l’État. »

Le glyphosate toujours numéro 1

Mme Vandelac s’inquiète plus particulièrement de la hausse liée aux ventes de glyphosate. Cet herbicide, souvent utilisé en tandem avec des semences génétiquement modifiées pour lui résister, trône toujours au sommet du palmarès des ventes.

Il s’est vendu près de 1,8 million de kilogrammes d’ingrédients actifs de glyphosate en 2021 au Québec. Le produit est responsable de près des trois quarts de la hausse des ventes de pesticide observée par rapport à 2020, note le rapport.

PHOTO JEAN-FRANÇOIS MONIER, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Il s’est vendu près de 1,8 million de kilogrammes d’ingrédients actifs de glyphosate en 2021 au Québec.

« Il n’y a pas un agriculteur dans le monde qui utilise du glyphosate, ils utilisent des herbicides à base de glyphosate et c’est l’ensemble des autres composés, surtout, qui posent problème. Il faut que l’analyse soit faite et il n’est pas normal que les instances publiques ne l’aient pas faite », souligne Mme Vandelac. Dans la liste des autres ingrédients, elle montre notamment du doigt des produits dérivés du pétrole et des métaux lourds.

Moins d’animaux, moins de foin

Questionné sur la hausse des ventes de pesticides, le président du syndicat de l’Union des producteurs agricoles note que les cheptels bovin, laitier et ovin ont diminué au cours des dernières années. Les superficies de foin et de pâturage, qui ne nécessitent pas ou peu de pesticides, ont été remplacées par des cultures annuelles qui en utilisent généralement.

« Depuis 2006, il y a 200 000 hectares de plus en soya et en petits fruits, c’est 20 000 hectares de plus. Pendant ce temps-là, on a 200 000 hectares de moins dans le foin et 90 000 hectares de moins dans les céréales », souligne Martin Caron.

Il affirme que les producteurs sont réellement mobilisés. Il note toutefois que le Plan d’agriculture durable prévoyait l’ajout sur le terrain de 75 agronomes et ingénieurs pour épauler les producteurs. « Les agronomes qu’on a sont pris à remplir la paperasse du côté administratif et ne sont pas dans nos champs avec nous autres. Et ça, il faut vraiment qu’il y ait un virage pour qu’il y ait plus d’accompagnement sur le terrain », dit-il.

Ce qu’il faut savoir

  • Pour la première fois depuis 1992, les quantités de pesticides vendues au Québec ont franchi la barre des 5 millions de kilogrammes d’ingrédients actifs. Un record historique.
  • L’herbicide glyphosate est toujours le pesticide le plus vendu dans la province.
  • La quête d’un gazon sans pissenlits a fait bondir les ventes de farine de gluten de maïs, biopesticide qui arrive en deuxième position des ventes.

Agora Métropolitaine 2023: objectif développement durable

Photo: Page Facebook Communauté métropolitaine de Montréal - CMM

Guillaume Ledoux

25 mai 2023 à 18h34 - Mis à jour 25 mai 2023 à 18h35 2 minutes de lecture

L’édition 2023 de l’Agora métropolitaine a permis à près de 800 personnes d’échanger et réfléchir à des solutions pour les enjeux actuels du Grand Montréal. Les solutions soulevées par les citoyens, experts et élus visent principalement à relever des défis en matière «d’aménagement du territoire, d’environnement et de mobilité durable, et d’assurer ainsi un développement durable du Grand Montréal», selon un communiqué de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM).

L’événement, qui en est à sa cinquième édition, est organisé par la CMM. La CMM a d’ailleurs exposé nombre d’enjeux traités lors de l’Agora dans son dernier bilan du Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD). Les solutions et «initiatives concrètes» ciblées lors de l’Agora du 25 mai figureront dans le prochain PMAD, lequel sera présenté en consultation publique à l’automne 2024.

La réflexion et les échanges de l’Agora alimenteront la révision du PMAD et serviront de base pour façonner le Grand Montréal de demain.

Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, ministre responsable du Développement économique régional et ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal

Les échanges et réflexions ont été alimentés par des ateliers thématiques portant sur des enjeux spécifiques. Parmi ceux-ci, «les leviers et les obstacles à la réduction de la dépendance à l’automobile; la préservation des milieux et la valorisation des activités agricoles; ainsi que les leviers d’action pour assurer la protection des milieux naturels et de la biodiversité».

Des solutions se voulant ambitieuses

Certaines des solutions soulevées par les participants ont des cibles «ambitieuses», rapporte la CMM par communiqué. «La hausse des cibles de densification et de protection des milieux naturels; la mise en place d’une offre de transport collectif et actif minimale afin de créer une habitude d’utilisation; la mise sur pied d’un fonds pour encourager l’acquisition de terres agricoles par des municipalités», sont listées par la CMM.

Si ces solutions n’ont pas été nommées pour la première fois, «il ne manque que l’appui financier des paliers de gouvernement pour les mettre en place», ont souligné plusieurs participants.

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Peut-on éliminer la pollution plastique d’ici 2040 ?

PHOTO ODELYN JOSEPH, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Depuis lundi, les représentants de 175 pays se réunissent à Paris pour mettre la table à un futur accord sur la pollution par le plastique.

On retrouve maintenant des traces de plastique partout sur la planète : des fonds marins au sommet de l’Everest, et même dans l’estomac des dromadaires. Pour contrer ce fléau, 175 pays se réunissent à Paris cette semaine pour préparer un accord qui vise à éliminer la pollution plastique d’ici 2040. Du gros boulot en perspective.

Publié à 0h54 Mis à jour à 5h00

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Éric-Pierre Champagne
Éric-Pierre Champagne La Presse

Bientôt plus de plastique que de poissons

Depuis lundi, les représentants de 175 pays se réunissent à Paris pour mettre la table à un futur accord sur la pollution par le plastique. Cette rencontre est la deuxième d’une série de cinq afin de convenir d’une entente qui serait juridiquement contraignante d’ici la fin de l’année 2024. L’objectif est d’éliminer la pollution plastique d’ici 2040. « Si on ne fait rien, en 2060, il y aura plus de plastique que de poissons dans l’océan », a alerté le ministre français de la Transition écologique, Christophe Béchu.

Seulement 10 % du plastique recyclé

PHOTO OLIVIER MORIN, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Sur les 9,2 milliards de tonnes de plastique produites depuis 1950, la moitié a été fabriquée à partir de l’an 2000.

Sur les 9,2 milliards de tonnes de plastique produites depuis 1950, la moitié a été fabriquée à partir de l’an 2000. La production annuelle mondiale pointe aujourd’hui à plus de 460 millions de tonnes et pourrait tripler d’ici 2060. Parmi les nombreux usages du plastique, les emballages trônent en tête de liste (36 %), suivis des bâtiments (16 %), des textiles (14 %) et des biens de consommation divers (10 %). Actuellement, 7 % de la production pétrolière mondiale sert à fabriquer du plastique. Moins de 10 % du plastique produit depuis l’après-guerre a été recyclé.

Du plastique partout

PHOTO NICOLAS TUCAT, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

On retrouverait plus de 171 000 milliards de morceaux de plastique flottant à la surface des océans.

Selon une estimation récente réalisée par le 5 Gyres Institute, une organisation non gouvernementale spécialisée dans la recherche sur la pollution par le plastique, on retrouverait plus de 171 000 milliards de morceaux de plastique flottant à la surface des océans. En 2020, des chercheurs australiens ont suggéré dans une étude qu’il pourrait y avoir 30 fois plus de plastique au fond des océans qu’en surface, soit au moins 14 millions de tonnes. Des études ont aussi démontré qu’on retrouvait des traces de plastique au sommet de l’Everest, dans le lait maternel des femmes et même dans l’estomac de dromadaires aux Émirats arabes unis.

Plastique et GES

PHOTO ADREES LATIF, ARCHIVES REUTERS

L’Agence internationale de l’énergie prévoit que les produits pétrochimiques utilisés pour la fabrication des plastiques représenteront près de 50 % de la hausse de la demande en pétrole d’ici à 2050.

En plus de polluer l’environnement, la production de plastique pourrait générer 53,5 milliards de tonnes de CO2 d’ici 2050, selon le Center for International Environmental Law. Le plastique représente en quelque sorte l’angle mort des efforts internationaux pour la décarbonation. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit en effet que les produits pétrochimiques utilisés pour la fabrication des plastiques représenteront près de 50 % de la hausse de la demande en pétrole d’ici à 2050. Selon cette agence, les pays développés consomment 20 fois plus de plastique par habitant que les nations les plus pauvres.

Réduire ou recycler ?

PHOTO AZWAR IPANK, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Plus d’une cinquantaine de pays, dont le Canada, plaident pour une réduction de la production mondiale de plastique.

Plus d’une cinquantaine de pays, dont le Canada, plaident pour une réduction de la production mondiale de plastique. Mais d’autres, comme les États-Unis et l’Arabie saoudite, disent privilégier le recyclage, voulant protéger du même coup l’industrie pétrochimique. « Il ne serait pas réaliste de dire que nous devrions interdire complètement la production de plastique (du moins pas à court ou moyen terme). […] Cela dit, la solution passe évidemment par une réduction substantielle de la dépendance quotidienne à l’égard des plastiques à usage unique », a écrit Charlotte Lloyd, chercheuse en chimie environnementale à l’Université de Bristol, dans une lettre publiée récemment dans le quotidien The Guardian.

Bataille en vue au Canada

PHOTO CARLOS OSORIO, ARCHIVES REUTERS

La raffinerie d’Imperial Oil de Sarnia, en Ontario

Au Canada, une coalition d’une trentaine d’entreprises, dont Dow Chemical, Imperial Oil et Nova Chemicals, ainsi que les provinces de la Saskatchewan et de l’Alberta veulent faire annuler une décision d’Ottawa de désigner tous les produits en plastique comme étant toxiques. Depuis 2021, ceux-ci sont considérés comme nocifs pour l’environnement ou pour la diversité biologique. À partir de décembre 2023, six produits de plastique à usage unique seront interdits au pays, ce qui devrait permettre de retirer 1,3 million de tonnes des sites d’enfouissement au cours des 10 prochaines années.

Suivez les travaux de l’ONU sur la pollution plastique (en anglais)

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J’ai une question par rapport aux ilôts de chaleur en ville. Est-ce que quelqu’un sait si la ville légifère sur la couleur des façades de constructions nouvelles? Je trouve abérrant que plusieurs nouvelles constructions soient en briques noires, ce qui au mieux de mes connaissances, me fait croire à contribution aux ilôts de chaleur. Je cherche mais je ne trouve rien à ce sujet.

Transition énergétique Financement de 350 millions pour des parcs éoliens

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Quatre projets de parcs éoliens proposés par l’Alliance et ses partenaires ont déjà été retenus dans le cadre des plus récents appels d’offres d’Hydro-Québec, en mars, pour un total de 922 MW.

Un regroupement de plus de 200 municipalités québécoises décroche un financement de 350 millions de dollars pour la construction et l’exploitation de parcs éoliens.

Publié à 1h00 Mis à jour à 7h00

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Richard Dufour
Richard Dufour La Presse

L’Alliance de l’énergie de l’Est représente des communautés et territoires du sud-est du Québec allant de Montmagny jusqu’aux Îles-de-la-Madeleine.

Le financement obtenu auprès du Mouvement Desjardins permettra aux membres de cette alliance de se qualifier pour des appels d’offres d’Hydro-Québec avec des projets d’énergie renouvelable.

Quatre projets de parcs éoliens proposés par l’Alliance et ses partenaires ont déjà été retenus dans le cadre des plus récents appels d’offres d’Hydro-Québec, en mars, pour un total de 922 MW.

La facilité de crédit de 350 millions sera notamment utilisée pour financer la contribution en capital de l’alliance dans les projets. « On parle de projets totalisant entre 2,5 et 3 milliards en coûts de construction », dit Jean-François Thériault, directeur général de l’Alliance de l’énergie de l’Est.

Ce financement est l’aboutissement de près de deux ans de discussions, souligne Mathieu Talbot, vice-président au financement corporatif chez Desjardins.

« C’est une structure de financement qui a demandé de la créativité », précise Jean-François Thériault en parlant d’un produit sculpté sous la forme d’une facilité bancaire du secteur privé s’appliquant à des entités municipales.

Le président et chef de la direction du Mouvement Desjardins, Guy Cormier, estime que les projets financés auront des retombées économiques « importantes ».

« Ils stimuleront à court terme l’activité économique (construction, restauration, hébergement, etc.) et des projets d’entreprises dans des communautés autochtones. À moyen et à long terme, on dégage de la capacité additionnelle qui répondra aux besoins en mégawatts pour des entreprises. »

Durable

La présentation de la solution de financement élaborée pour ces projets éoliens arrive alors que le grand patron de la coopérative de Lévis participe mercredi à une conférence dans le cadre du Sommet de la finance durable au centre-ville de Montréal.

Le grand patron du Mouvement Desjardins discutera avec l’ex-gouverneur de la Banque du Canada Mark Carney de l’importance du rôle des institutions financières pour construire un avenir durable.

Mark Carney est l’envoyé spécial des Nations unies en matière d’action climatique et de finance. Il dirige la Glasgow Financial Alliance for Net Zero.

Comme d’autres grandes institutions financières, le Mouvement Desjardins adhère à cette alliance qui guide la transition vers une économie plus verte en encourageant notamment l’augmentation des investissements dans les énergies propres.

Desjardins souhaite devenir carboneutre avec ses activités de financement et d’investissement dans trois secteurs (transport, énergie et immobilier) d’ici 2040.

Le financement de projets de parcs éoliens contribue à l’ajout d’énergie renouvelable additionnelle sur le marché. « Cette énergie fera partie des activités de plusieurs entreprises qu’on finance et ça viendra réduire leur bilan carbone », dit Guy Cormier.

« C’est une question de transition et ça prend des alternatives pour réaliser une transition », ajoute Mathieu Talbot.

La Zone bleue verra bientôt le large

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

La Zone bleue aura le mandat d’articuler une vision commune autour de la valorisation des ressources maritimes du fleuve Saint-Laurent et du Saguenay, qu’il s’agisse de pêche durable, d’aquaculture, d’exploitation des marais salins, de la transformation ou des biotechnologies marines.


Jean-Philippe Décarie
Jean-Philippe Décarie La Presse

Québec a lancé cette semaine la zone d’innovation de la Vallée de la transition énergétique à Shawinigan, Trois-Rivières et Bécancour, et ce devrait être bientôt au tour de Rimouski et de Grande-Rivière de devenir la prochaine zone d’innovation, responsable celle-là d’articuler le déploiement de l’économie bleue.

Mis à jour le 1er juin

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Après les sciences quantiques à Sherbrooke, les technologies numériques à Bromont et la transition énergétique dans la région de Trois-Rivières, La Zone bleue verra bientôt le large dans le Bas-du-Fleuve et en Gaspésie ; il s’agira de la quatrième zone d’innovation désignée par le gouvernement du Québec.

La Zone bleue aura le mandat d’articuler une vision commune autour de la valorisation des ressources maritimes du fleuve Saint-Laurent et du Saguenay, qu’il s’agisse de pêche durable, d’aquaculture, d’exploitation des marais salins, de la transformation ou des biotechnologies marines.

Cette nouvelle zone d’innovation veillera aussi au développement des technologies maritimes, de la navigation et à l’utilisation optimale des infrastructures, telles que les grands ports de mer, les chantiers maritimes avec le développement accéléré de celui de la Davie à Lévis ou celui des Méchins, racheté par le Groupe Océan.

Martin Beaulieu, qui était depuis 2014 le président de la Société de promotion économique de Rimouski, devient officiellement ce jeudi le président de La Zone bleue.

PHOTO IFTEN REDJAH, FOURNIE PAR LA ZONE BLEUE

Martin Beaulieu

« C’est un projet qui se développe de façon informelle depuis quelques années déjà. On travaillait déjà avec la Corporation de développement économique de Grande-Rivière pour favoriser le développement de l’économie bleue autour de nos forces communes dans les secteurs maritimes et de la pêche », explique Martin Beaulieu.

Le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, également responsable du Développement économique régionale, a lancé le concept des zones d’innovation en février dernier dans le but de regrouper dans un même environnement les acteurs de la recherche, de l’industrie, du milieu de l’enseignement et de l’entrepreneuriat pour développer les avantages concurrentiels et l’innovation des entreprises autour d’un secteur de niche.

Le fleuve Saint-Laurent, le Saguenay, l’accès à la mer, la pêche qu’on y pratique, les nouveaux produits que l’on y expérimente et le fait que près de 90 % des biens de consommation dans le monde sont acheminés par bateau sont à la base de l’économie bleue.

« On parle d’économie bleue, mais c’est une économie que l’on veut verte en trouvant des solutions pour réduire les émissions de GES et des techniques utilisant l’intelligence artificielle pour combattre l’érosion des berges, notamment », explique Martin Beaulieu, titulaire d’un doctorat en sciences de l’alimentation.

Des mandats spécifiques

Rimouski a développé une forte expertise dans le domaine maritime qui repose sur une base historique importante. On y retrouve l’Institut maritime du Québec et l’Institut des sciences de la mer, en plus de l’Institut Maurice-Lamontagne à Mont-Joli.

« On a plus de 600 chercheurs dans la région de Rimouski et plus d’une centaine en Gaspésie. On a établi Novarium à Rimouski, un campus d’innovation qui accueille une cinquantaine de jeunes pousses et d’entreprises qui travaillent au développement de l’économie bleue avec des recherches sur les biocarburants ou l’utilisation de l’IA pour détecter les baleines.

« À Grande-Rivière, en Gaspésie, on a un budget de 33 millions pour construire un centre spécialisé dans la capture, la transformation et l’aquaculture et qui assurera des services d’accompagnement d’entreprises. On veut cesser d’exporter toutes nos prises et de consommer des produits de la mer qui sont importés », explique Martin Beaulieu.

L’activité maritime sur le Saint-Laurent et le Saguenay implique un millier d’entreprises et génère des retombées annuelles de 2,5 milliards. L’objectif avoué de La Zone bleue est de faire passer la contribution du secteur maritime de 0,6 % du PIB à 1,6 % d’ici cinq à dix ans.

Les ambitions du gouvernement fédéral sont encore plus grandes puisqu’Ottawa souhaite quintupler la contribution du secteur maritime canadien dans les 25 prochaines années.

Quand Martin Beaulieu espère-t-il obtenir la désignation officielle de zone d’innovation ?

« Je pense qu’on devrait être en mesure de devenir la prochaine zone d’innovation d’ici l’automne prochain », anticipe-t-il. Une prédiction qui risque bien de se réaliser quand on sait que le projet peut compter sur un allié de taille.

Dans le résumé de son livre Cap sur le Saint-Laurent, publié en 2013, l’aspirant premier ministre François Legault disait souhaiter faire de la vallée du Saint-Laurent « un lieu où innovation, éducation de haut niveau et entrepreneuriat se donnent la main pour créer un extraordinaire dynamisme économique ».

Ce qui résume, vous en conviendrez, de façon assez claire le concept de La Zone bleue.

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