Environnement et transition écologique

La pollution que Québec laisse passer

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

« Ensemble, les pollueurs québécois versent à peine six millions de dollars au gouvernement pour compenser leurs rejets industriels. C’est très, très maigre », écrit notre éditorialiste.


Philippe Mercure
Philippe Mercure La Presse

Publié à 5h00

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Vous trouvez que la pollution émise par la Fonderie Horne est scandaleuse ?

Attachez vos tuques. Parce qu’il y a encore plus troublant.

La majorité des entreprises qui rejettent des contaminants dans l’environnement ne font même pas l’objet d’un plan de réduction supervisé par Québec, comme c’est le cas de la Fonderie. Et contrairement à elle, ces entreprises ne paient pas un cent pour compenser leurs rejets industriels.

Ça doit changer.

Le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette, a annoncé cette semaine son intention de hausser considérablement les droits de polluer imposés aux établissements qui émettent des contaminants dans l’air et dans l’eau1.

Bravo. Ces droits n’ont pas été indexés depuis 30 ans et il y a un sérieux rattrapage à faire.

Mais ce que le gouvernement provincial omet de dire, c’est qu’il ne puise pas dans toutes les poches.

Seuls 85 établissements appartenant à deux secteurs précis – les pâtes et papiers ainsi que l’industrie minière et la première transformation des métaux – doivent payer pour compenser leurs rejets industriels.

Les autres secteurs, eux, échappent à la réglementation. Pourquoi ? Mystère. À Québec, personne n’a pu nous l’expliquer clairement.

On sait toutefois que les ambitions du ministère de l’Environnement ont déjà été plus grandes.

Sur son site web, le Ministère dit viser à assujettir non pas 85 établissements appartenant à deux secteurs industriels, mais bien 200 établissements qualifiés de « majeurs » dans cinq secteurs distincts2.

Après les pâtes et papiers et la transformation des métaux, « un troisième grand secteur est prévu à être assujetti prochainement », peut-on y lire. Or, aucun nouveau secteur n’a été ajouté à la réglementation depuis 2002. Et au cabinet du ministre Charette, on nous dit que ce n’est pas dans les intentions à court terme.

Cette situation est illogique et injuste.

Un rejet de métaux lourds provoque les mêmes dommages qu’il émane d’une entreprise minière ou d’une usine du secteur de l’industrie chimique. Pourtant, cette dernière n’a rien à payer pour ses rejets industriels.

Malgré cet angle mort gros comme un pan de mur, il faut saluer la volonté du ministre Charette de hausser le prix de la pollution au Québec pour la première fois en trois décennies.

Pour l’instant, les entreprises polluantes sont dans la situation d’un client qui entrerait dans une épicerie pour découvrir qu’on y vend les aliments aux prix d’il y a 30 ans. Ou d’un locataire qui signerait un bail au même loyer qu’en 1993.

Elles se frottent les mains, ne pouvant croire leur chance.

Ensemble, les pollueurs québécois versent à peine six millions de dollars au gouvernement pour compenser leurs rejets industriels. C’est très, très maigre.

Les hausses proposées par Québec sont considérables. Le coût d’émettre une tonne d’arsenic ou de cadmium dans l’environnement, par exemple, passerait de 400 $ actuellement à 908 000 $ en 2026.

Malheureusement, l’effet dissuasif de ces augmentations est atténué par le fait que Québec fixe aussi un montant maximal annuel pouvant être payé par un même établissement. Ce plafond, actuellement à un million de dollars, passerait à deux millions.

Ça veut dire qu’au-delà d’un certain seuil, une entreprise peut polluer sans payer. C’est problématique considérant que les risques pour la santé et l’environnement augmentent avec la quantité de matières toxiques rejetées. Ce plafond devrait être aboli.

De vives inquiétudes entourent finalement l’utilisation des fonds recueillis en vertu de ces pénalités environnementales. Le communiqué de presse publié cette semaine affirme que les sommes pourraient être « réinvesties afin d’améliorer la performance environnementale de l’industrie ».

Une « approche circulaire », selon les mots mêmes du Ministère, qui laisse craindre que Québec prenne l’argent des pollueurs d’une main et le leur redonne de l’autre. Ce serait vraiment aberrant.

Les fonds recueillis devraient plutôt servir à mieux documenter les rejets toxiques et à atténuer leurs effets sur la santé humaine et sur l’environnement.

Le ministre Charette a raison de vouloir augmenter le prix de la pollution au Québec. Mais il reste beaucoup de travail à faire pour accoucher d’une politique complète et cohérente de compensations des rejets industriels.

1. Lisez l’article « Rejets industriels : polluer coûtera beaucoup plus cher aux entreprises »

2. Consultez le « Programme de réduction des rejets industriels et l’autorisation ministérielle relative à l’exploitation d’un établissement industriel »

En savoir plus

Secteurs que Québec dit vouloir viser par son programme de réduction des rejets industriels 
    • Pâtes et papiers
    • Industrie minérale et de la première transformation des métaux
    • Industrie de la chimie organique et de la chimie inorganique
    • Transformation du métal (industrie du traitement de surface et de la métallurgie secondaire)
    • Industrie de l’agroalimentaire, de la transformation du bois et des textiles 

source : Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs

Secteurs réellement assujettis à la réglementation
    • Pâtes et papiers
    • Industrie minérale et de la première transformation des métaux 

source : Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs

Une fabrique à décarbonation

PHOTO FOURNIE PAR AIREX

Le biochar est fabriqué à partir de la biomasse forestière – sciure et copeaux de bois –, chauffée à plus de 500 degrés en l’absence d’oxygène.


Jean-Philippe Décarie
Jean-Philippe Décarie La Presse

Depuis 20 ans, l’industrie forestière québécoise a été passablement perturbée par les nombreuses fermetures d’usines de pâtes et papiers et se retrouve aujourd’hui avec des surplus de résidus problématiques. Ce problème pourrait bientôt se transformer en solution d’avenir pour le verdissement de la planète grâce à l’utilisation des résidus de biomasse pour la fabrication de produits de décarbonation tels que le biocharbon, le biochar et le biocarbone.

Publié à 6h30

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Cela fait des années que l’on étudie différents moyens de valoriser la biomasse, qu’elle soit forestière ou agricole, dans des projets qui vont plus loin que sa simple utilisation en mode coénergie.

L’entreprise Airex Énergie, qui fabrique déjà des granules de biocharbon à Bécancour, prépare un important financement et planifie la construction de la plus grosse usine en Amérique du Nord de production de biochar, un amendement du sol qui augmente la rétention d’eau et réduit l’utilisation des fertilisants, mais qui est surtout un puissant capteur de carbone.

La construction prochaine d’une usine de production de biochar se fera dans un lieu que Michel Gagnon, le président d’Airex Énergie, préfère pour l’instant ne pas dévoiler, mais qui sera à proximité d’une source de production importante de biomasse. La nouvelle usine aura une capacité de production de 30 000 tonnes par année, ce qui en fera la plus importante en Amérique du Nord.

PHOTO FOURNIE PAR AIREX

La grande vertu du biochar est qu’il capte pour des centaines, voire des milliers d’années le carbone qui était contenu dans les résidus forestiers et qui aurait été rejeté dans l’atmosphère lors de leur décomposition.

Le biochar est fabriqué à partir de la biomasse forestière – sciure et copeaux de bois –, qui est chauffée à plus de 500 degrés en l’absence d’oxygène, sous pyrolyse, pour devenir une poudre noire que l’on peut épandre sur les terres agricoles ou utiliser notamment dans la fabrication du béton.

Outre ses qualités d’enrichissement des sols, la grande vertu du biochar est qu’il capte pour des centaines, voire des milliers d’années le carbone qui était contenu dans les résidus forestiers et qui aurait été rejeté dans l’atmosphère lors de leur décomposition. Il est devenu un produit extrêmement demandé sur le marché des crédits carbone.

L’entreprise québécoise s’est associée à la multinationale française Suez, qui va investir dans la construction de cette usine au coût estimé de 80 millions et qui doit commencer ses activités en 2024. Suez et Airex veulent reproduire ce modèle sur une grande échelle.

« On commence au Québec, mais Suez veut construire rapidement une deuxième usine en France. On prévoit construire une nouvelle usine par année pour arriver à une production totale de 350 000 tonnes d’ici quinze ans. Dans plusieurs pays où on va aussi utiliser la biomasse agricole pour produire le biochar », anticipe Michel Gagnon.

Des crédits payants

Le biochar se vend entre 700 $ et 1000 $ la tonne, selon sa qualité et l’utilisation qu’on en fait, mais chaque tonne génère de 2,5 à 3 tonnes de CO2 séquestré dont le prix varie entre 100 $ et 160 $ la tonne, ce qui constitue une plus-value intéressante, très recherchée par les entreprises qui veulent réduire leur empreinte carbone.

« On s’est associé à un courtier en crédits carbone qui dessert plus de 2400 grandes entreprises qui ont besoin chaque année d’améliorer leur bilan environnemental », précise Michel Gagnon.

Airex Énergie vient tout juste de terminer un nouveau financement de 38 millions auprès de ses partenaires financiers Cycle Capital, Inovatech, Investissement Québec et le Fonds de solidarité FTQ, qui est un nouvel investisseur.

L’entreprise québécoise est déjà en train de préparer un nouveau tour de financement de 130 millions pour soutenir son développement international auprès d’investisseurs américains.

La technologie développée par Airex lui permet également de fabriquer du biocarbone qui sert à la production de biocarburant pour l’aviation et pour remplacer la poudre de coke et l’anthracite dans la fabrication de boulettes de fer. Il s’agit d’un substitut qui intéresse grandement les grands producteurs comme ArcelorMittal ou Rio Tinto dans leur quête pour arriver à produire de l’acier vert.

Airex Énergie fabrique depuis 2016 dans son usine de Bécancour du biocharbon, composé de biomasse forestière torréfiée qui est transformée en combustible qu’on utilise dans les centrales thermiques en remplacement du charbon beaucoup plus polluant.

PHOTO FOURNIE PAR AIREX

Granules de biocharbon à l’usine de Bécancour

Le charbon émet 1000 tonnes de CO2 par gigawattheure produit alors que le biocharbon émet seulement 70 tonnes de CO2 par gigawattheure.

C’est considérable quand on sait que le charbon est responsable de 35 % de la production d’énergie dans le monde, m’explique le PDG d’Airex Énergie.

L’usine de Bécancour, qui est la seule usine de biocharbon en exploitation au Canada, a une capacité relativement modeste de 15 000 tonnes par an puisqu’elle était au départ une usine de démonstration. Le groupe Airex Énergie prévoit vendre sa technologie dans des régions où la biomasse est abondante et où on dépend toujours des énergies fossiles.

Depuis l’avènement de la révolution industrielle à la fin du XVIIIe siècle, les usines ont toujours été de grandes manufactures de pollution qui ont conduit au dérèglement climatique que l’on subit aujourd’hui. Il était grandement temps que l’on construise des fabriques à décarbonation pour qu’à tout le moins on recommence à respirer un peu mieux.

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Les promoteurs de GNL Québec réclament 20 G $ US pour l’annulation de leurs projets

La carte montre l’emplacement qui était projeté pour le terminal de liquéfaction de gaz naturel.

Photo : Radio-Canada

Pascal Girard (accéder à la page de l’auteur)

Pascal Girard

Pascal Girard

Publié hier à 21 h 42

Les promoteurs de GNL Québec et Gazoduq déposent une demande d’arbitrage contre le gouvernement du Canada pour avoir bloqué leurs projets de terminal de liquéfaction de gaz naturel et de gazoduc. L’indemnisation recherchée est de 20 milliards de dollars américains.

C’est la compagnie Ruby River Capital LLC qui a enregistré une demande d’arbitrage contre le Canada, jeudi, devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI) du Groupe de la Banque mondiale.

Elle invoque des arguments en lien avec l’Accord de libre-échange américain (ALENA) et l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM).

Ruby River Capital est la propriété des entreprises des deux promoteurs de GNL Québec, renommée Symbio Infrastructure en mars 2021. Les entreprises sont Freestone, une société de développement financée et dirigée par Jim Illich, et Breyer Capital, fondée en 2006 par Jim Illich, actuel président du conseil d’administration.

Les projets jadis évalués à 14 milliards visaient à construire un terminal à Saguenay pour exporter du gaz naturel liquéfié importé par gazoduc depuis l’Ouest canadien via des conduites existantes ainsi qu’un gazoduc à construire de 780 kilomètres qui aurait relié le nord-est de l’Ontario au port de Saguenay. Le gaz naturel liquéfié aurait été exporté par bateau sur la rivière Saguenay.

Des refus de Québec et Ottawa

La portion du terminal, nommée Énergie Saguenay, a d’abord été refusée par le gouvernement du Québec en juillet 2021, après un rapport critique du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) rendu en mars 2021. Selon le BAPE

, le projet comportait plus d’inconvénients que d’avantages.

Le gouvernement du Canada, par l’entremise du ministère de l’Environnement et du Changement climatique, a aussi refusé le projet de terminal de liquéfaction en février 2022. Le ministre, Steven Guilbeault, s’était alors basé sur les conclusions du rapport d’évaluation environnementale de l’Agence d’évaluation d’impact du Canada (AEIC).

L’augmentation des gaz à effet de serre polluants, l’impact du projet sur les mammifères marins, dont le béluga du Saint-Laurent, ainsi que ses effets sur le patrimoine culturel des Premières Nations innues avaient été montrés du doigt par l’AEIC

.

Les bureaux de GNL Québec étaient situés à Saguenay.

Photo : Radio-Canada / Pascal Girard

L’entreprise, de son côté, estimait que le projet dans son entier aurait contribué à réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre en remplaçant des énergies jugées plus polluantes comme le charbon. L’usine de liquéfaction aurait été alimentée en hydroélectricité, ce qui aurait réduit son impact environnemental.

En juin 2022, Symbio Infrastructure avait annoncé avoir conclu un accord avec la société d’État ukrainienne Naftogaz pour approvisionner l’Ukraine, alors déjà en guerre, en gaz naturel liquéfié et en hydrogène.

En septembre dernier, Jim Illich avait eu des discussions avec Steven Guilbeault et le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, en marge de la visite au Canada du chancelier allemand, Olaf Scholz.

Le processus d’évaluation environnementale au fédéral est toujours en cours pour la portion du gazoduc, mais est devenu caduc, dans un sens, puisque sans terminal, le projet n’a plus de sens.

La nouvelle a d’abord été rapportée par le site Internet Investment Arbitration Reporter (IAReporter), une publication spécialisée dans ce domaine. Cette publication estime que le poursuivant prétend que la décision prise par Ottawa était d’abord politique, ce qui irait à l’encontre des accords de libre-échange.

Pascal Girard (accéder à la page de l’auteur)

Énergie Objectif 100 TWh

PHOTOMONTAGE LA PRESSE

C’est l’un des plus grands défis du Québec. Pour décarboner son économie, la province devra augmenter sa production d’énergie d’au moins 100 térawattheures d’ici 2050 – l’équivalent d’un « demi-Hydro-Québec », comme l’a illustré François Legault. Comment y parvenir ? Notre éditorialiste Philippe Mercure présente quelques pistes.

Publié à 5h00

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Philippe Mercure
Philippe Mercure La Presse

Comprendre la quête

Le Québec génère aujourd’hui environ 200 térawattheures (TWh) d’électricité, dont 99,6 % proviennent de sources renouvelables.

Mais la province utilise aussi des combustibles fossiles pour propulser ses voitures et ses camions, pour alimenter ses usines, pour chauffer certains de ses bâtiments.

Pour décarboner son économie, c’est-à-dire s’affranchir de ces combustibles fossiles, le Québec devra augmenter sa production électrique de moitié. Ça veut dire générer 100 TWh de plus. En moins de 30 ans.

Les boules de cristal étant un peu floues sur un tel horizon, ce chiffre est une approximation. Mais il est présenté comme un minimum par Hydro-Québec et par les experts.

Selon une étude réalisée par la firme Dunsky Énergie+Climat pour le gouvernement du Québec, c’est plutôt plus de 130 TWh d’énergie supplémentaire qu’il faudra générer d’ici 2050 pour électrifier l’essentiel de nos véhicules, de nos bâtiments et de nos industries. Et cela, après avoir effectué des efforts colossaux pour limiter la croissance des besoins grâce à l’efficacité énergétique et à la généralisation des transports en commun.

Le défi qui nous attend est donc titanesque.

Cet objectif de 100 TWh inclut la décarbonation des entreprises déjà présentes chez nous, mais exclut toute attraction de nouvelles usines. Les besoins énergétiques de la fameuse « filière batterie » que cherche à déployer le gouvernement Legault, par exemple, n’en font pas partie. Pour répondre à leurs besoins, il faudra produire au-delà de l’objectif.

Penser énergie, penser puissance

La quête de 100 TWh est un objectif de production d’énergie. Mais le Québec fait face à un autre défi : lorsqu’il fait très froid et que nos besoins en chauffage explosent, on doit avoir accès à cette énergie en très peu de temps. Nous avons alors besoin de puissance.

Utilisons l’analogie d’une voiture. Le réservoir d’essence représente l’énergie qu’elle contient. La puissance du moteur, elle, dicte la quantité d’essence qui peut être utilisée d’un coup pour propulser la voiture.

Le Québec cherche donc à agrandir le réservoir d’essence de sa voiture. Mais il doit aussi s’assurer d’avoir un moteur puissant, capable de réagir quand il faut mettre la pédale au plancher et répondre aux pointes hivernales comme celle que nous avons vécue en février dernier.

Ces considérations d’énergie et de puissance influenceront les choix énergétiques qui s’offrent à nous.

Rester flexible

Un dernier mot avant d’examiner les pistes de solution. Si on doit commencer dès maintenant à planifier l’augmentation de notre capacité énergétique, il faut aussi réaliser qu’on ne peut prendre immédiatement toutes les décisions pour les 30 prochaines années.

Les coûts et les performances de chaque technologie vont évoluer au cours des prochaines décennies. Ce qui apparaît le plus avantageux aujourd’hui ne le sera peut-être pas dans 15 ans.

Philippe Dunsky, président de la firme Dunsky Énergie+Climat

« Cela veut dire qu’il faudra se garder une latitude et régulièrement retester nos hypothèses », ajoute Philippe Dunsky, président de la firme Dunsky Énergie+Climat, qui conseille les gouvernements et les entreprises sur les enjeux énergétiques.

Certaines technologies requièrent toutefois plus de planification que d’autres. Il faut une quinzaine d’années pour concevoir et construire un barrage hydroélectrique. Si on veut pouvoir compter sur une telle option dans moins de 30 ans, il faut donc l’étudier dès maintenant. C’est ce que propose le plus récent plan stratégique d’Hydro-Québec.

Atteindre 100 TWh, on l’a compris, sera un défi pharaonique. Voici comment il pourrait être relevé.

Économiser au lieu de produire

C’est la première étape de notre quête vers les 100 TWh. Parce que l’électricité qu’on ne consomme pas, on n’a pas à la produire.

Combien d’énergie peut-on économiser au Québec ? Et comment ? Ces questions font l’objet d’intenses débats et nous placent déjà devant des choix importants.

Le potentiel

Hydro-Québec évalue le « potentiel technico-économique » de l’efficacité énergétique à environ 25 TWh. Il s’agit de l’électricité qu’il est techniquement possible d’économiser, de façon rentable.

Cela veut dire que pas moins d’un huitième de toute l’énergie produite au Québec pourrait être récupéré.

Hydro-Québec insiste toutefois pour dire que le potentiel « commercial » réellement possible à libérer par l’entremise de programmes est beaucoup plus faible. Pour l’instant, la société d’État compte récupérer 8 TWh d’ici 2030 – à peine le tiers du potentiel technico-économique.

Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal, convient qu’on ne pourra récupérer la totalité des 25 TWh uniquement avec des programmes volontaires. Voilà pourquoi il plaide aussi pour une réglementation afin d’encadrer notre consommation d’électricité.

Techniquement et économiquement, on sait qu’on peut aller chercher 25 TWh. Alors il faut prendre les mesures nécessaires pour aller les chercher.

Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal

L’expert Philippe Dunsky évalue quant à lui le potentiel d’efficacité énergétique du Québec à entre 30 et 50 TWh d’ici 2050. Mais lui aussi estime que la réglementation sera nécessaire pour réaliser de tels gains.

Un biais envers la production

Actuellement, Hydro-Québec doit démontrer à la Régie de l’énergie que ses programmes d’efficacité énergétique n’entraînent pas de hausse des tarifs d’électricité. C’est contradictoire. Les consommateurs résidentiels paient actuellement leur électricité environ 7 cents le kilowattheure (kWh). Or, on sait que développer de nouvelles sources d’approvisionnement coûtera cher – entre 11 et 12 cents le kilowattheure. Entre investir 9 cents pour économiser la consommation de 1 kWh et payer 11 cents pour en générer 1 nouveau, l’option la plus logique est pourtant évidente. Les règles actuelles entraînent donc un biais vers la génération de nouvelle électricité plutôt que vers l’économie de cette électricité. Elles sont à revoir.

Les moyens

La thermopompe

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE / PHOTOMONTAGE LA PRESSE

Parlez aux experts en efficacité énergétique et le premier mot que vous entendrez est invariablement celui-ci : thermopompe.

Ces appareils sont de qualité et de performance inégales, mais leur efficacité s’améliore rapidement, particulièrement par temps froid.

Quand il fait -20 °C, l’air ne semble contenir aucune chaleur. C’est pourtant faux. La véritable absence de chaleur survient au zéro absolu, à -273 °C. L’exploit de la thermopompe est d’extraire cette chaleur de l’air pour l’amener dans nos bâtiments, même par temps très froid.

De plus, ces appareils s’installent généralement en une journée, à un coût approximatif de 10 000 $ par résidence.

L’analyste Jean-François Blain calcule qu’investir une telle somme sur 100 000 résidences par année pendant 10 ans permettrait d’économiser 4,36 TWh en énergie et, surtout, 1500 mégawatts en puissance pour atténuer la pointe hivernale. Le coût serait trois fois moindre qu’en générant la même puissance avec de l’énergie éolienne (ce qui nécessiterait l’équivalent de l’ensemble du parc éolien actuel du Québec).

Mieux isoler nos maisons

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE/PHOTOMONTAGE LA PRESSE

Si la thermopompe représente le gain facile, Pierre-Olivier Pineau estime qu’on devra aussi s’attaquer à l’isolation déficiente de nos maisons, de nos écoles et de nos commerces.

La première chose à faire serait de modifier le code du bâtiment pour au moins obliger les nouvelles constructions à consommer le moins d’énergie possible.

Mais il faudra aussi viser les vieux bâtiments, plus nombreux que les neufs. Oui, refaire l’isolation d’une maison ou d’une école implique des travaux coûteux et complexes.

Mais on pourrait s’inspirer de la France, où les bâtiments reçoivent une cote de A à G reflétant leur performance énergétique. Les bâtiments cotés F ou G, qualifiés de « passoires énergétiques », seront bientôt interdits à la location.

On peut se demander pourquoi une province aussi froide que le Québec ne s’attaque pas à l’isolation de ses bâtiments avec la même vigueur que la France.

Efficacité énergétique

Avantages

  • Enjeux d’acceptabilité sociale minimes. Aucun besoin d’inonder de nouveaux territoires pour créer des réservoirs hydroélectriques ou de quadriller les paysages d’éoliennes.
  • Certains gains sont rapides et peu dispendieux.
  • Génère des économies pour les citoyens et les entreprises.
  • Permet d’atténuer les pointes hivernales, le chauffage résidentiel étant le principal consommateur de puissance lors des grands froids.

Inconvénients

  • Implique de nombreuses interventions sur de nombreux bâtiments.
  • La pénurie de main-d’œuvre pourrait retarder ou compromettre les travaux nécessaires.
  • L’alignement des intérêts n’est pas toujours là. Sans réglementation, comment convaincre un propriétaire dont les locataires paient le coût du chauffage d’investir dans des travaux de rénovation ou même dans des thermopompes ?

Potentiel estimé

Entre 8 et 25 TWh

Des éoliennes par milliers

On ignore encore le mélange exact de solutions qui sera déployé pour générer 100 TWh d’énergie supplémentaire au Québec. Mais on sait une chose : le vent y sera pour beaucoup. Et à court terme, c’est sur lui qu’on misera.

Attendez-vous donc à voir les éoliennes pousser au Québec.

Certains experts comme Normand Mousseau, directeur scientifique de l’Institut de l’énergie Trottier, et Pierre-Olivier Pineau, de HEC Montréal, estiment même qu’il serait possible d’atteindre l’objectif de 100 TWh uniquement avec l’énergie éolienne.

Examinons ce que ça voudrait dire.

En considérant des éoliennes d’une puissance moyenne de 4 MW, il faudrait installer environ 8000 de ces moulins à vent modernes pour générer 100 TWh d’énergie.

Ça fait 300 nouvelles éoliennes par année d’ici 2050. À terme, le parc éolien actuel aurait été multiplié par 10.

Ces milliers d’éoliennes prendraient évidemment de la place.

En 2009, le centre de recherche américain sur l’énergie éolienne NREL a calculé qu’il faut compter une superficie de 0,35 km2 par mégawatt de puissance dans un parc éolien.

L’expert Pierre-Olivier Pineau propose de diviser ce chiffre par trois pour tenir compte de l’efficacité des éoliennes qui s’est améliorée depuis et qui s’améliorera encore. En multipliant par la puissance totale souhaitée au Québec, on arrive à une superficie d’environ 3800 km2, soit huit fois celle de l’île de Montréal.

Attention : cette superficie n’est pas complètement perdue. Il peut y avoir des champs ou des forêts entre les éoliennes. La machine elle-même occupe une empreinte 100 fois plus petite. C’est le fait que les éoliennes doivent être espacées qui explique les grandes superficies.

On veut installer les parcs éoliens là où il vente, bien sûr, mais aussi le plus près possible des réseaux de distribution et des lieux de consommation pour minimiser les pertes. Hydro-Québec mentionne le Saguenay, la Côte-Nord et la Gaspésie comme les régions les plus propices à court terme.

Évidemment, les éoliennes viennent avec un gros bémol : elles ne tournent pas sans vent. En moyenne, le rendement d’une éolienne n’est que de 35 %.

Autre inconvénient : les éoliennes ne nous aident pas beaucoup pour la fameuse pointe hivernale. S’il ne vente pas lors des grands froids, elles sont inutiles. Mais souhaiter du vent n’est pas non plus le bon réflexe, puisqu’il accélère le refroidissement des bâtiments !

L’énergie éolienne doit donc venir avec des solutions de stockage d’énergie. Dans une certaine mesure, nos barrages hydroélectriques peuvent être utilisés à cet effet. Quand il vente, on retient l’eau des barrages. Et quand le vent cesse, on la laisse couler dans les turbines.

Énergie éolienne

Avantages

  • Technologie connue et bien maîtrisée.
  • Risques techniques faibles et assumés en grande partie par les fabricants plutôt que par l’État.
  • Peut se faire par étapes, en plusieurs petits projets. Cela minimise les risques de retard et de dépassement de coûts.

Inconvénients

  • Énergie intermittente qui doit être combinée à du stockage.
  • Il existe certains enjeux d’acceptabilité sociale, même s’ils semblent plus faibles que ceux liés aux projets hydroélectriques.
  • Le marché mondial de l’éolienne est en surchauffe, ce qui pourrait entraîner des enjeux d’approvisionnement et de prix.

Potentiel estimé

Jusqu’à 100 TWh

Vers un nouveau barrage ?

Verrons-nous la construction d’un nouveau barrage au Québec d’ici 2050 ? C’est certainement la question la plus intéressante – et la plus controversée – entourant notre futur approvisionnement énergétique.

L’hydroélectricité est une forme d’énergie que le Québec connaît sur le bout des doigts, modulable selon nos besoins et donc parfaite pour répondre aux pointes de consommation. Les grands barrages font la fierté des Québécois et il n’est pas étonnant que le gouvernement Legault les brandisse pour stimuler notre fibre nationale.

Hydro-Québec semble favorable à un nouveau barrage. Il est fort probable qu’un nouvel ouvrage hydroélectrique sera nécessaire pour équilibrer la production fluctuante de l’énergie éolienne, nous disent des sources à l’interne.

Normand Mousseau et Pierre-Olivier Pineau jugent quant à eux que les barrages actuels sont suffisants pour gérer les fluctuations qui seraient provoquées par des apports massifs en énergie éolienne ou solaire.

Il faudrait toutefois revoir la façon d’opérer le réseau, déployer des solutions de stockage et inciter (ou obliger !) les particuliers à collaborer pour atténuer la pointe en déplaçant certaines activités et en utilisant des accumulateurs de chaleur dans leurs maisons. Hydro-Québec offre d’ailleurs une aide financière pour l’installation d’un système de chauffage central qui peut emmagasiner la chaleur dans une masse thermique pour réduire la consommation en période de pointe1.

« Avec l’information qu’on détient actuellement, les barrages ne semblent pas la solution à moindre coût pour combler nos besoins, dit quant à lui l’expert Philippe Dunsky. Mais j’insiste là-dessus : il faut être humble, car les analyses sont complexes et les coûts et technologies ne cessent d’évoluer. Gardons l’esprit ouvert et une approche agile. »

Quelles rivières ?

Le gros hic d’un nouvel ouvrage hydroélectrique, c’est que les meilleures rivières sont déjà utilisées.

Hydro-Québec et le gouvernement Legault veulent lancer des études pour trouver les meilleurs sites restants, mais les chances de dénicher un joyau auquel personne n’a encore pensé semblent bien minces.

Cela nous ramène aux projets déjà étudiés par le passé.

1. Grande-Baleine

C’est sans doute le projet le mieux étudié. Annoncé à la fin des années 1980, le complexe Grande-Baleine aurait pu générer jusqu’à 3200 MW de puissance et 16 TWh d’énergie – et aurait inondé un territoire de 1667 kilomètres carrés, soit trois fois et demie la superficie de l’île de Montréal. L’opposition des Cris a finalement eu raison du projet. Seraient-ils plus disposés à y participer aujourd’hui ? Rien n’est moins sûr.

2. Rivière Magpie

Un vieux plan stratégique d’Hydro-Québec décrit un alléchant potentiel de 850 MW de puissance et de 3,8 TWh d’énergie. Mais l’opposition des autochtones, de la MRC de Minganie, de groupes environnementaux et d’amateurs de sports en eaux vives s’est organisée au sein de « l’Alliance Muteshekau-shipu ». Celle-ci a même réussi à obtenir le statut de « personnalité juridique » pour la rivière. À Hydro-Québec, on prend acte et on dit ne plus trop croire à cette possibilité.

3. Petit-Mécatina

Le potentiel (1200 MW de puissance, 5,5 TWh d’énergie) est encore plus important que celui de Magpie. L’opposition y est moins visible, mais il faudra néanmoins la participation active des Innus, qui n’est pas gagnée. La Fondation Rivières s’est déjà prononcée contre le projet.

4. Tabaret

Un ancien plan stratégique d’Hydro-Québec fait état d’un potentiel de 132 MW de puissance et de 0,6 TWh d’énergie pour ce projet sur la rivière Kipawa, au Témiscamingue. L’idée a soulevé beaucoup d’opposition dans le passé. Aujourd’hui, un projet plus modeste de deux minicentrales n’impliquant aucun barrage (et donc aucune inondation de territoire) est porté par la MRC de Témiscamingue et diverses nations autochtones. On voit mal Hydro-Québec débarquer dans le portrait en ressuscitant le projet initial.

Pour l’expert Pierre-Olivier Pineau, la question est entendue : il n’y aura pas de nouveau barrage au Québec. « Aucun de ces sites ne me semble réaliste. Ça va coûter trop cher et il n’y aura pas d’acceptabilité sociale », prédit-il.

Optimiser nos vieilles centrales

Avant de construire de nouveaux barrages, la première chose est d’optimiser ceux que nous avons déjà. En remplaçant les groupes turbine-alternateur de nos vieilles centrales, Hydro-Québec estime être en mesure de générer 2000 MW supplémentaires. Attention : ces gains ajouteraient de la puissance au réseau, mais très peu d’énergie nette puisque les réservoirs hydroélectriques ne seraient pas agrandis. C’est l’équivalent d’augmenter la puissance du moteur d’une voiture en gardant le même réservoir d’essence. Ces gains de puissance faciliteront néanmoins l’ajout d’énergie intermittente comm e l’éolien ou le solaire au réseau. Ils nous rapprochent donc indirectement de l’objectif de 100 TWh.

Les réserves pompées

Hydro-Québec étudie une option hydroélectrique utilisée ailleurs dans le monde, mais jamais au Québec : les « réserves pompées ». Oubliez l’inondation d’immenses territoires. Ici, le réservoir hydroélectrique est beaucoup plus petit. La grande différence est qu’une fois turbinée, l’eau est repompée dans le réservoir. Ce pompage consomme évidemment de l’énergie, mais on peut pomper l’eau lorsqu’on est en surplus de puissance et la turbiner lorsqu’on a besoin d’en injecter dans le réseau. Cette solution peut aussi être vue comme du stockage d’énergie éolienne. Si on pompe l’eau quand il vente, on peut ensuite générer de l’électricité quand le vent tombe.

Hydroélectricité

Avantages

  • Contrairement à l’éolien et au solaire, on peut contrôler la puissance.
  • L’expertise du Québec est l’une des meilleures au monde.

Inconvénients

  • Requiert de gros travaux sujets aux retards et aux dépassements de coûts.
  • Requiert l’inondation d’immenses territoires.
  • La participation des nations autochtones est essentielle et doit être négociée.

Potentiel estimé

Jusqu’à 25,9 TWh pour les projets Grande-Baleine, Magpie, Petit-Mécatina et Tabaret

1. Consultez la page du programme Mieux consommer sur le site d’Hydro-Québec

Les autres options

Nucléaire

Maintenant que la centrale Gentilly-2 a été mise hors service, aucun des experts que nous avons consultés ne parie sur un retour du nucléaire au Québec. « Dans l’immédiat, on a d’autres priorités », résume l’analyste Philippe Dunsky.

Avantages

  • Génère une énergie constante sans émissions de GES.
  • Occupe un faible territoire.

Inconvénients

  • Projets souvent marqués par les dépassements de coûts.
  • Gestion complexe des déchets radioactifs.
  • Acceptabilité sociale difficile.

Potentiel estimé

Indéterminé

Solaire

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE/PHOTOMONTAGE LA PRESSE

L’énergie solaire fournit à peine 0,002 % de notre production électrique. La plupart des experts voient cette proportion augmenter d’ici 2050, mais estiment qu’il n’y a aucune urgence à installer des panneaux solaires à grande échelle. « D’après nos modélisations, le solaire deviendra compétitif avec l’éolien d’ici 10 à 15 ans. Alors je dirais qu’il n’y a pas d’urgence à foncer maintenant », dit l’expert Philippe Dunsky, qui s’attend tout de même à ce qu’environ 30 TWh d’énergie solaire soient déployés entre 2035 et 2050.

Avantages

  • Peut être déployé près des lieux de consommation.
  • Très peu de risques.

Inconvénients

  • Ne génère de l’électricité que de 15 à 20 % du temps.
  • Nécessite du stockage.
  • L’hiver, quand les besoins en électricité sont les plus grands, les jours sont courts et l’ensoleillement est moins important. La neige peut aussi s’accumuler sur les panneaux.

Potentiel estimé

Jusqu’à 30 TWh d’ici 2050

Collaborer avec Terre-Neuve

Notre quête vers l’objectif de 100 TWh risque de nous amener hors des frontières du Québec, et plus précisément à Terre-Neuve. D’abord parce qu’environ 15 % de l’électricité québécoise provient du complexe de Churchill Falls, au Labrador. En vertu d’un contrat négocié en 1969, nous obtenons cette énergie à prix dérisoire. Mais ce contrat arrive à échéance en 2041 et il faudra renégocier avec Terre-Neuve si on veut conserver cette électricité. Ensuite parce que de l’avis de plusieurs experts, dont Pierre-Olivier Pineau, le projet hydroélectrique le plus intéressant et le plus réaliste pour le Québec se trouve aussi au Labrador : celui de Gull Island. Il pourrait générer près de 12 TWh d’énergie, dont une bonne partie pourrait alimenter le Québec si les deux provinces parviennent à s’entendre.

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Villeray légifère en faveur de la transition écologique

École Saint-Bernardin, Quartier de Saint-Michel. Photo: Arrondissement de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension.

Lucie Ferré

15 mars 2023 à 11h51 - Mis à jour 15 mars 2023 à 12h03 2 minutes de lecture

L’Arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension accentue son virage au vert avec l’adoption d’une modification de son règlement de zonage ainsi qu’un projet de refonte de ses plans d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA).

Votée lors de la dernière assemblée du conseil d’arrondissement, la modification de zonage prévoit le verdissement des cours, des façades et des toitures; la promotion de l’agriculture urbaine et de la mobilité durable; ainsi que l’amélioration des eaux pluviales.

«Les taux d’implantation, le pourcentage de verdissement requis ainsi que les conditions de plantation et d’abattage des arbres ont été modifiés en faveur de la biodiversité urbaine», indique l’Arrondissement dans un communiqué.

L’un des objectifs principaux de cette modification est la réduction des îlots de chaleur dans les différents quartiers de l’arrondissement.

Quelques changements majeurs pourraient vous concerner si vous êtes propriétaire ou souhaitez le devenir.

  • Aménagement des cours: la plantation d’un arbre sera exigée où l’espace est disponible, et la possibilité d’abattre un arbre sera encore plus restreinte par de nouvelles conditions.
  • Stationnement: la location et le partage de stationnement seront permis, et de la végétation devra être mise en place dans les grandes aires de stationnement pour contrer les îlots de chaleur.
  • Agriculture urbaine: des serres pourront être installées au sol ou sur le toit des bâtiments pour pratiquer l’agriculture urbaine à des fins non commerciales. Cette dernière pourra aussi être pratiquée dans les cours avant des résidences.
  • Toitures: les toits à versants devront être revêtus d’un matériau ayant un IRS d’au moins 25 ou d’un revêtement métallique. Les panneaux solaires et les petites éoliennes seront aussi permis.

De son côté, la refonte du règlement sur les PIIA servira, selon l’Arrondissement, à améliorer la qualité et la résilience des milieux de vie: réduction des îlots de chaleur, augmentation du verdissement et de la canopée, réduction de la place de l’automobile et mise en valeur du patrimoine.

À partir de maintenant, quiconque fera une demande de permis contribuera à la lutte aux changements climatiques.

Laurence Lavigne Lalonde, mairesse de l’arrondissement de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension

Dans le cadre de cette refonte, une assemblée publique de consultation se tiendra le 22 mars à 18h, dans la salle du conseil d’arrondissement.

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Protection de milieux humides Tirs groupés contre un projet industriel

PHOTO ÉDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Photo prise à proximité des terrains que la Ville de Trois-Rivières veut aménager et sur lesquels se trouvent des milieux humides

(Trois-Rivières) Détruire des milieux humides pour agrandir une zone industrielle ? C’est ce que prévoit de faire la Ville de Trois-Rivières sur ses terrains à proximité des autoroutes 40 et 55. Et malgré la résistance d’élus, de scientifiques, de militants et de citoyens, elle est parfaitement dans son droit. Cette crise illustre le décalage entre l’encadrement environnemental et les attentes de la population.

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Ariane Krol

Ariane Krol La Presse

La frontière invisible

PHOTO ÉDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Au-delà de ces immeubles, la Ville de Trois-Rivières possède une centaine d’hectares de terrains sur lesquels elle entend bâtir.

Une enseigne bleue, une enseigne rouge, une bâtisse blanche sans enseigne, un bois. Pour les automobilistes qui filent sur l’autoroute 40 en direction de Montréal, les derniers immeubles du boulevard Louis-Loranger, parallèle à l’autoroute, offrent un paysage banal, typique des parcs industriels québécois. Mais à Trois-Rivières, c’est une frontière invisible qui suscite passions et indignation.

Au-delà de ces immeubles, la Ville possède une centaine d’hectares de terrains qu’elle entend aménager pour combler son retard économique. Si tout s’était déroulé comme prévu, les pelles mécaniques seraient déjà à l’œuvre : le zonage est industriel et le ministère de l’Environnement a donné son feu vert. Mais depuis près de deux ans, le projet est dans une impasse, freiné par un barrage d’opposition.

Le premier obstacle s’est dressé en août 2021, dans une séance du conseil aux allures surréalistes. Non seulement la résolution que le maire Jean Lamarche comptait faire adopter a été défaite par neuf conseillers contre cinq, mais celle qui l’avait amenée a fait volte-face.

PHOTO ÉDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

« J’ai besoin de plus d’information, donc je vais voter contre, même si je l’ai proposée », a conclu Valérie Renaud-Martin.

Il s’agissait d’autoriser un règlement d’emprunt d’un demi-million de dollars pour la première phase des travaux de drainage du parc industriel Les Carrefours. « C’est plus de 26 hectares de milieux humides qu’on va drainer, c’est énorme », a alors dénoncé la conseillère Mariannick Mercure.

IMAGE FOURNIE PAR INNOVATION ET DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE TROIS-RIVIÈRES

Carte montrant l’impact qu’aurait la zone proposée pour l’agrandissement du parc industriel 40-55 (en violet) sur les milieux humides (jaune hachuré). Il s’agit de la deuxième version du projet, qui pourrait changer.

Ce financement lui ayant été refusé, la Ville n’a pu démarrer les travaux. Les terrains boisés continuent à être fréquentés par des propriétaires de chiens, des chasseurs et des promeneurs.

La résistance, elle, a pris de l’ampleur. Après les élections de 2021, où elle ne s’était pas représentée, Mme Mercure a participé à la fondation de la coalition citoyenne Terre précieuse.

« Ça a servi à sensibiliser la population. Avant août 2021, très peu de gens savaient qu’on avait ces milieux humides là et qu’on s’apprêtait à les détruire », a souligné Mme Mercure, rencontrée sur les lieux la semaine dernière.

PHOTO ÉDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Mariannick Mercure, ex-conseillère municipale à Trois-Rivières et cofondatrice de la coalition citoyenne Terre précieuse

Terre précieuse reproche notamment à la Ville de s’appuyer sur un certificat d’autorisation obtenu en 2014, donc bien avant l’entrée en vigueur de la nouvelle Loi sur la qualité de l’environnement (LQE) et de la Loi concernant la conservation des milieux humides et hydriques, en 2018.

« C’est pas fort ! », a lancé l’un des fondateurs de la coalition, Philippe Duhamel, lors d’une séance d’information municipale, en mars 2022.

Le projet présenté alors annonçait la destruction de 15 hectares de milieux humides, dont 2,1 hectares de tourbières. Environ 12 hectares de milieux humides protégés risquaient aussi d’être touchés par le drainage.

En juillet 2022, Terre précieuse a masqué le panneau « Terrains à vendre » aux abords du parc industriel Carrefour 40-55 avec une toile clamant « Nos milieux humides pas à vendre ! ».

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE TERRE PRÉCIEUSE

En juillet 2022, Terre précieuse a masqué le panneau « Terrains à vendre » aux abords du parc industriel Carrefour 40-55 avec une toile clamant « Nos milieux humides pas à vendre ! ».

Deux mois plus tard, 60 % des répondants à un sondage commandé par Le Nouvelliste et 106,9 Mauricie ont indiqué que dans ce projet, la protection de l’environnement devait avoir préséance sur le développement économique, contre 25 % pour l’inverse.

Le 5 janvier dernier, le maire Lamarche a promis une version améliorée « le plus tôt possible ». « On ne touche plus aux tourbières, c’est déjà un gros élément », a-t-il fait valoir à la radio de Radio-Canada.

Terre précieuse, Mères au front et d’autres organisations ont annoncé une « mobilisation des générations » pour la première séance du conseil de l’année, le 17 janvier.

Le maire Lamarche n’a finalement pas siégé, ni ce soir-là ni depuis. La veille de la manifestation, il a pris un congé de maladie pour « se repositionner face au climat de travail malsain qui règne autour de la table du conseil », et demandé le retrait d’un avis de motion sur le parc industriel 40-55.

PHOTO OLIVIER CROTEAU, ARCHIVES LE NOUVELLISTE

Jean Lamarche, maire de Trois-Rivières

« Le Carrefour 40-55 lui a rentré dedans », a lancé le maire suppléant, Daniel Cournoyer, au micro de Radio-Canada. « D’amener des enfants dans le débat, ça l’a rachevé », a ajouté M. Cournoyer.

La manif du 17 janvier a attiré une centaine de personnes, ont rapporté des médias locaux.

PHOTO OLIVIER CROTEAU, ARCHIVES LE NOUVELLISTE

Manifestation devant l’hôtel de ville de Trois-Rivières, le 17 janvier dernier

À la fin de février, le congé de M. Lamarche a été prolongé d’au moins un mois. Le maire suppléant a refusé notre demande d’entrevue.

« Un baril de poudre »

« C’est comme si un baril de poudre avait été touché d’une étincelle, et c’est parti dans tous les sens », déplore Mario De Tilly, directeur général d’Innovation et développement économique (IDE) Trois-Rivières, l’organisme paramunicipal mandaté pour soutenir le développement économique de la municipalité.

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Mario De Tilly, directeur général d’Innovation et développement économique (IDE) Trois-Rivières

La deuxième version évoquée par le maire offrait des améliorations importantes, affirme-t-il, déçu de ne pas avoir pu en faire une présentation publique détaillée.

Les 2,1 hectares de tourbières échapperaient à la destruction, tout comme 1,1 hectare de milieux humides, sur les 15 hectares prévus à l’origine.

Et comme le certificat d’autorisation de 2014 exempte la Ville des coûteuses compensations financières de la nouvelle LQE, IDE propose une équivalence : obliger les entreprises à verser 7 $ par mètre carré développable à Éclore, le fonds environnemental de la municipalité, ce qui permettrait de récolter 7,3 millions en 30 ans.

« On va verser les mêmes compensations, mais chez nous », au lieu de les envoyer « dans le fonds consolidé où rien ne bouge », explique le DG. Depuis 2017, Québec a perçu près de 100 millions de dollars en compensations pour la destruction de milieux humides, mais moins de 3 % ont été réinvestis dans la restauration ou la création de tels milieux, a découvert La Presse l’automne dernier1.

Le promoteur, qui a promis une troisième mouture du projet, a montré qu’il souhaite fortement entendre le Centre de recherche sur les interactions bassins versants-écosystèmes aquatiques (RIVE) de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).

Pourquoi ne pas tout simplement bâtir le parc industriel sans toucher aux milieux humides ?

« Ce serait assez difficile parce qu’on en est à peu près entourés. Trois-Rivières est un milieu qui est fortement dans des zones humides. C’est assez maudit », répond M. De Tilly.

11 %

Proportion du territoire de Trois-Rivières composé de milieux humides, soit 37,44 km2

Source : Plan régional des milieux humides et hydriques de la ville de Trois-Rivières, 2022

26,6 hectares

Superficie totale de milieux humides pouvant être touchés par le projet autorisé par Québec en 2014, soit un peu plus d’un quart (0,266) de kilomètre carré.

Source : Certificat d’autorisation accordé à la Ville de Trois-Rivières

« Un réveil pour les municipalités »

PHOTO ÉDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

La Ville de Trois-Rivières veut densifier ses zones industrielles. Les espaces restants pourraient bientôt ne plus suffire à la demande, estime Innovation et Développement économique Trois-Rivières.

La conseillère Pascale Albernhe-Lahaie est arrivée en politique municipale avec les élections de 2021. Sachant que l’agrandissement du parc industriel 40-55 allait revenir à l’ordre du jour, elle a cherché à se faire une tête.

« Je n’ai jamais pris position publiquement dans ce dossier. Ma position, c’est d’aller chercher toute l’information pertinente pour m’aider dans ma prise de décision », explique-t-elle.

Ayant trouvé difficile d’obtenir certains documents, elle a voulu entendre d’autres points de vue que ceux de la Ville et de son organisme de développement économique. Au début de février, elle a organisé une table ronde avec cinq experts universitaires sur Facebook, « dans un but de collaboration et de transparence avec les citoyens ».

PHOTO ÉDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Pascale Albernhe-Lahaie, conseillère municipale à Trois-Rivières

Les cartes diffusées par la Ville pour illustrer le projet sont difficiles à interpréter pour de simples citoyens, ont d’ailleurs signalé plusieurs intervenants.

« On parle de superficie, mais il faut parler aussi de fonctions et de services écologiques difficilement réparables ou remplaçables une fois perdus », a notamment souligné Audréanne Loiselle, chercheuse à l’Institut de recherche en biologie végétale de l’Université de Montréal.

Frustration

D’autres élus ont demandé d’élargir la réflexion. Le conseiller Dany Carpentier a récemment proposé au conseil de commander une étude indépendante sur le potentiel de densification industrielle de Trois-Rivières. Sa résolution ayant été battue, un autre conseiller, Pierre-Luc Fortin, a suggéré que des élus financent l’étude avec leur budget de recherche – un enjeu de « gestion responsable », a-t-il déclaré au Nouvelliste.

Le fait que la Loi sur la qualité de l’environnement (LQE) adoptée en 2017 ne soit pas rétroactive, et permette au projet d’aller de l’avant avec un certificat d’autorisation vieux de près de 10 ans, « ajoute à la frustration », observe Me Anne-Sophie Doré, avocate au Centre québécois du droit de l’environnement. « On espère toujours que le ministère de l’Environnement soit le chien de garde », mais la LQE n’étant pas rétroactive, « quelqu’un doit prendre le relais pour s’assurer de la protection de certains milieux. Ça participe à ce que le climat social ne soit pas spécialement agréable ».

Le Ministère a bien essayé d’annuler de vieux certificats autorisant le remblayage de milieux humides, mais des promoteurs ont eu gain de cause en Cour supérieure. Et l’appel prévu en mars « présente des défis », a souligné le tribunal2.

Même si Québec l’emportait en appel, le certificat de Trois-Rivières demeurerait valide, car des travaux avaient été faits dans les deux années ayant suivi sa dernière modification, en 2020.

« Il y a un décalage »

« On devrait s’imposer d’être aux normes 2023, même si le certificat d’autorisation est sous une ancienne réglementation », estime le codirecteur du Centre de recherche sur les interactions bassins versants-écosystèmes aquatiques (RIVE), Raphaël Proulx.

PHOTO FOURNIE PAR FRANÇOIS GERVAIS

Raphaël Proulx, codirecteur du centre de recherche RIVE à l’UQTR

L’organisme de développement économique de la Ville souhaite fortement entendre les propositions de RIVE. « On ne va pas élaborer la mouture 2, 3 ou 3.5 », mais proposer « un cadre d’analyse en matière de conservation » applicable à tout projet, précise M. Proulx.

Épargner les milieux humides en construisant tout autour est loin d’être idéal, signale-t-il.

« Si on draine le pourtour, à long terme, on va affecter la nappe phréatique à l’intérieur du milieu humide. »

Il donne l’exemple de l’autoroute 40 qui, passé Trois-Rivières en direction de Québec, traverse des systèmes de milieux humides qui « sont déjà dégradés en bordure de l’autoroute ». Il faut des zones de protection « de 50 mètres et plus », estime-t-il.

Et plusieurs autres aspects, dont les corridors écologiques et la connectivité, ainsi que la carboneutralité des projets, ne sont pas encadrés, souligne le chercheur.

« Il y a un décalage entre la réglementation provinciale, qui est minimale, et ce que les citoyens exigent maintenant de leur municipalité », résume M. Proulx. « C’est sûr que c’est un réveil pour les municipalités, qui se disent : “Pourtant, je suis tous les règlements, et je suis vu comme un méchant”. »

Pour continuer le rétablissement

Mario De Tilly, DG d’Innovation et Développement économique (IDE) Trois-Rivières, nous a montré plusieurs bâtiments sous-utilisés ou à l’abandon que la Ville a entrepris de revaloriser. Une « ambitieuse stratégie de développement », a reconnu l’Union des municipalités du Québec, en décernant un prix à IDE l’an dernier. M. De Tilly nous a aussi fourni des données montrant les efforts de la Ville pour densifier ses zones industrielles. Les espaces restants pourraient bientôt ne plus suffire à la demande, estime IDE.

PHOTO ÉDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Mario De Tilly, directeur général d’Innovation et Développement économique (IDE) Trois-Rivières

Le lotissement projeté, visant à créer un parc technologique pour entreprises dites vertes, augmenterait la contribution des taxes industrielles au budget de Trois-Rivières.

« On avait un portrait socio-économique abominable », rappelle le promoteur, en évoquant les « statistiques navrantes » en matière de décroissance économique, de chômage et de revenu par habitant, qui s’améliorent depuis quelques années.

« On pense qu’il y a une obligation d’avoir, tôt ou tard, d’autres espaces pour continuer notre rétablissement. Maintenant, ce sera aux élus d’en disposer, de dire ce qu’ils veulent ou ne veulent pas. »

Il reste donc à voir comment sera accueillie la troisième version du projet, encore en préparation.

« Si vous nous dites qu’il n’y a plus de milieux nulle part, que ce sont les derniers endroits où on peut aller maintenant, où va-t-on aller dans 30 ans, quand ils seront détruits ? », demande l’ex-conseillère Mariannick Mercure, dont le vibrant plaidoyer avait mené au refus de financer le drainage du parc industriel en 2021.

« Je veux que cette réflexion, on la fasse tout de suite. »

1. Lisez le texte « Près de 100 millions dorment à Québec »

2. Lisez le texte « Bataille judiciaire entre Québec et des promoteurs »

L’humanité est face à une crise mondiale de l’eau « imminente »

PHOTO NICOLAS TUCAT, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Pas assez d’eau par endroits, trop à d’autres où les inondations se multiplient, ou de l’eau contaminée : si les situations dramatiques sont légion dans de nombreux endroits de la planète, le rapport de l’ONU-Eau et de l’UNESCO publié mardi souligne le « risque imminent d’une crise mondiale de l’eau ».

(Nations unies) L’humanité « vampirique » épuise « goutte après goutte » les ressources en eau de la planète, a alerté l’ONU avant le début mercredi d’une conférence pour tenter de répondre aux besoins de milliards de personnes, en danger face à une crise mondiale de l’eau « imminente ».

Publié hier à 19h13

Amélie BOTTOLLIER-DEPOIS Agence France-Presse

« Une surconsommation et un surdéveloppement vampiriques, une exploitation non durable des ressources en eau, la pollution et le réchauffement climatique incontrôlé sont en train d’épuiser, goutte après goutte, cette source de vie de l’humanité », s’alarme le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres dans l’avant-propos d’un rapport publié à quelques heures de cette conférence des Nations unies sur l’eau, inédite depuis près d’un demi-siècle.

« L’humanité s’est engagée aveuglément sur un chemin périlleux », souligne-t-il. Et « nous en subissons tous les conséquences ».

Pas assez d’eau par endroits, trop à d’autres où les inondations se multiplient, ou de l’eau contaminée : si les situations dramatiques sont légion dans de nombreux endroits de la planète, le rapport de l’ONU-Eau et de l’UNESCO publié mardi souligne le « risque imminent d’une crise mondiale de l’eau ».

« Combien de personnes seront touchées par cette crise mondiale de l’eau est une question de scénario », explique à l’AFP son auteur principal Richard Connor. « Si rien n’est fait, entre 40 et 50 % de la population continuera à ne pas avoir accès à des services d’assainissement et environ 20-25 % à de l’eau potable », note-t-il. Et même si les pourcentages ne changent pas, la population mondiale grossit et le nombre de personnes touchées avec.

Pour tenter d’inverser la tendance et espérer garantir d’ici 2030 l’accès pour tous à de l’eau potable ou à des toilettes, objectifs fixés en 2015, quelque 6500 participants, dont une centaine de ministres et une douzaine de chefs d’État et de gouvernement se réunissent jusqu’à vendredi à New York, appelés à venir avec des engagements concrets.

Mais déjà, certains observateurs s’inquiètent de la portée de ces engagements et de la disponibilité des financements nécessaires pour les mettre en œuvre.

« Maintenant ou jamais »

Pourtant, « il y a beaucoup à faire et le temps ne joue pas en notre faveur », commente Gilbert Houngbo, président de l’ONU-Eau, plateforme qui coordonne le travail des Nations Unies qui ne comptent aucune agence dédiée sur ce sujet.

Aucune conférence de cette ampleur n’avait été organisée depuis 1977 sur cette question vitale mais trop longtemps ignorée.

Dans un monde où lors des 40 dernières années, l’utilisation de l’eau douce a augmenté de près de 1 % par an, le rapport de l’ONU-Eau met en premier lieu en avant les pénuries d’eau qui « tendent à se généraliser », et à s’aggraver avec l’impact du réchauffement, jusqu’à frapper prochainement même les régions aujourd’hui épargnées en Asie de l’Est ou en Amérique du Sud.

Ainsi, environ 10 % de la population mondiale vit dans un pays où le stress hydrique atteint un niveau élevé ou critique. Et selon le rapport des experts climat de l’ONU (Giec) publié lundi, « environ la moitié de la population mondiale » subit de « graves » pénuries d’eau pendant au moins une partie de l’année.

Une situation qui met aussi en lumière les inégalités. « Où que vous soyez, si vous êtes assez riches, vous arriverez à avoir de l’eau », note Richard Connor. « Plus vous êtes pauvres, plus vous êtes vulnérables à ces crises ».

Le problème n’est pas seulement le manque d’eau, mais la contamination de celle qui peut être disponible, en raison de l’absence ou de carences des systèmes d’assainissement.

Au moins deux milliards de personnes boivent de l’eau contaminée par des excréments, les exposant au choléra, la dysenterie, la typhoïde et à la polio. Sans oublier les pollutions par les produits pharmaceutiques, chimiques, pesticides, microplastiques ou nanomatériaux.

Pour assurer l’accès de tous à l’eau potable d’ici à 2030, il faudrait multiplier les niveaux d’investissement actuels par trois au moins, estime l’ONU-Eau.

Et ces pollutions menacent aussi la nature. Les écosystèmes d’eau douce qui rendent des services inestimables à l’humanité, notamment en aidant à lutter contre le réchauffement et ses impacts, sont « parmi les plus menacés au monde » selon le rapport.

« Nous avons brisé le cycle de l’eau », résume à l’AFP Henk Ovink, envoyé spécial pour l’eau des Pays-Bas, co-organisateurs avec le Tadjikistan de cette conférence.

« Nous devons agir maintenant parce que l’insécurité liée à l’eau sape la sécurité alimentaire, la santé, la sécurité énergétique ou le développement urbain et les problèmes sociaux », a-t-il ajouté. « C’est maintenant ou jamais, l’opportunité d’une génération ».

Plastiques à usage unique : bannis à Montréal dès le 28 mars 2023

Après les sacs de plastique, d’autres articles à usage unique seront bannis des commerces et des restaurants de Montréal.

La réglementation va entrer en vigueur le 28 mars 2023.

Le reportage de Danielle Kadjo

#TJ18h

Plastique à usage unique : plusieurs articles bientôt interdits à Montréal


Les tasses, les verres, les bâtonnets, les pailles et les ustensiles en plastique à usage unique seront interdits à compter du 28 mars, à Montréal, avec l’entrée en vigueur du nouveau règlement municipal.
PHOTO : GETTY IMAGES/ISTOCKPHOTO / CLAUDIO RAMPININI

Radio-Canada
Publié à 16 h 44

La Ville de Montréal s’apprête à franchir un nouveau pas dans sa transition écologique. À compter de mardi prochain, soit le 28 mars, son règlement sur l’interdiction de plusieurs articles en plastique à usage unique entrera en vigueur, ce qui entraînera des ajustements de la part des commerçants et des citoyens.

Les tasses, les verres, les bâtonnets, les pailles et les ustensiles en plastique à usage unique sont autant d’articles visés par ce règlement municipal, qui a été adopté en septembre 2021. Les assiettes, contenants, couvercles, barquettes et ustensiles en plastique polystyrène (no 6) ou compostable (no 7) seront également interdits à compter du 28 mars.

C’est un gros défi, a reconnu Marie-Andrée Mauger, responsable de la transition écologique et de l’environnement au sein du comité exécutif, lors d’un point de presse tenu jeudi.

Ce règlement va toucher 8400 commerces de Montréal, dans les 19 arrondissements de la ville, des restaurants et établissements alimentaires, a-t-elle précisé. C’est un geste courageux qui va nécessiter une adaptation et un changement d’habitude des commerçants, mais aussi des citoyens.

L’interdiction de certains articles en plastique à usage unique survient six mois après celle des sacs de plastique dans les commerces de la métropole. Mme Mauger estime que cette nouvelle étape était nécessaire, entre autres car le seul site d’enfouissement de la région de Montréal, situé à Terrebonne, aura atteint sa pleine capacité en 2029.

Nous n’avons pas le choix, collectivement, d’accélérer la réduction à la source, a indiqué Marie-Andrée Mauger. Encore cette semaine, le rapport synthèse du GIEC sonne l’alarme et nous redit à quel point il faut faire un virage drastique. À Montréal, on s’est fixé des cibles claires avec le plan climat et avec des actions pour atteindre nos cibles.

L’administration de Valérie Plante vise la carboneutralité d’ici 2050 et le zéro déchet d’ici 2030.

La voie à suivre

Œuvrant à la gestion écologique des déchets depuis plus de 25 ans, Karel Ménard se réjouit de l’entrée en vigueur de ce règlement très ambitieux. Avec une telle mesure, il est persuadé que Montréal montre la voie à suivre.

Le recyclage, c’est important, mais ce n’est pas l’unique solution et ce n’est pas la meilleure solution. La meilleure solution, c’est d’éviter de produire une matière résiduelle, a expliqué M. Ménard, qui est directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets (FCQGED).

L’usage unique ne devrait pas exister, sauf exception. C’est anormal, aujourd’hui, qu’on puisse avoir un objet seulement quelques secondes dans nos mains avant de le jeter. C’est un gaspillage éhonté. Surtout lorsque c’est un objet fait de plastique, de pétrole ou de ressources non renouvelables.


Le règlement municipal interdisant certains articles en plastique à usage unique a été adopté en septembre 2021.
PHOTO : ISTOCK / BOYLOSO

Les contenants et articles visés par le règlement sont généralement utilisés pour la nourriture à emporter, à consommer à la maison, dans les parcs ou à l’extérieur, rappelle M. Ménard.

Malheureusement, ces objets se retrouvent souvent dans l’environnement de façon sauvage. C’est pour ça que c’est important de les réduire.

Mme Mauger espère aussi que cette mesure contribuera à rendre les rues de Montréal plus propres. On constate que nos poubelles, dans les rues et les parcs, sont jonchées d’articles à usage unique, dit-elle.

En mode accompagnement

La Ville de Montréal a laissé 18 mois aux commerçants et restaurants pour se préparer à la transition. Pour les semaines à venir, les autorités municipales continueront d’être en mode accompagnement.

On ne s’attend pas à ce que, dès le jour 1, il n’y ait plus aucun des plastiques bannis en circulation. On va faire preuve d’une certaine tolérance pour laisser le temps aux commerçants d’écouler leurs stocks. On ne veut pas que le règlement génère du gaspillage, a expliqué Marie-Andrée Mauger, responsable de la transition écologique et de l’environnement au sein du comité exécutif.

Les amendes ne seront pas distribuées dès la première visite des inspecteurs à ceux qui contreviennent au nouveau règlement. Cependant, à partir des suivantes, ils s’exposent à des contraventions allant de 400 $ à 4000 $.

Le nouveau règlement aura probablement un effet sur le coût des repas dans les restaurants, a indiqué Mme Mauger.


Les tasses, les verres, les bâtonnets, les pailles et les ustensiles en plastique à usage unique seront interdits à Montréal à compter du 28 mars.
PHOTO : RADIO-CANADA

Selon une étude réalisée en 2021, ce règlement provoquera une augmentation du coût des commandes aux restaurants entre 5 et 10 sous, a-t-elle mentionné. Elle croit toutefois que les clients sont prêts à accepter une légère augmentation du prix pour avoir un article réutilisable.

Le nouveau règlement ne vise pas les organismes à but non lucratif d’aide alimentaire et les établissements qui offrent uniquement un service de livraison à domicile comme les traiteurs. Il ne s’applique pas non plus aux aliments préemballés à l’extérieur de l’établissement.

De plus, le règlement ne s’applique pas aux tasses, verres et contenants de carton enduits de plastique (compostables ou non).

Des règles à respecter partout au pays

Le gouvernement fédéral a également décidé de réduire à la source l’utilisation d’articles de plastique à usage unique.

Depuis le mois de décembre dernier, les entreprises ne peuvent plus produire ou importer au Canada différents articles en plastique à usage unique tels des sacs d’emplettes, des ustensiles, des bâtonnets, des pailles et des contenants alimentaires, notamment ceux fabriqués à partir de mousse de polystyrène.

Dans quelques mois, il sera illégal de vendre ces produits.

En juin prochain, l’interdiction de fabrication et d’importation s’étendra aux anneaux utilisés autour des canettes pour en transporter plusieurs à la fois. Leur vente sera interdite dès l’été 2024.

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Usine de biocarburants de Varennes La Banque d’infrastructure investit 277 millions

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Le projet, qui a été annoncé pour la première fois en 2020 par François Legault, sera la plus grande installation de biocarburant au Canada à son achèvement en 2025.

(Calgary) La Banque de l’infrastructure du Canada effectue son premier investissement dans les carburants à faible teneur en carbone en engageant 277 millions dans une installation de biocarburants en construction à Varennes.

Publié à 6h45

Amanda Stephenson La Presse Canadienne

L’installation, connue sous le nom de Recyclage carbone Varennes, coûtera au total 1,2 milliard. Il s’agit d’un projet de coentreprise entre Shell, Suncor Énergie, la société suisse de gaz naturel Proman et le gouvernement du Québec.

Elle est construite par la montréalaise Enerkem, dont la technologie exclusive sera utilisée pour produire des biocarburants et des produits chimiques renouvelables à partir de matières résiduelles non recyclables et de biomasse forestière. L’usine intégrera également l’un des plus grands électrolyseurs au monde, qui divisera les molécules d’eau en oxygène et en hydrogène vert pour les utiliser dans son processus de fabrication de biocarburants.

Le projet, qui a été annoncé pour la première fois en 2020, sera la plus grande installation de biocarburant au pays à son achèvement en 2025, a indiqué le président-directeur général de la Banque de l’infrastructure du Canada, Ehren Cory.

« Ce qui nous a attirés dans le projet, c’est son ampleur et son ambition, tout d’abord », a-t-il affirmé.

« Pour nous, à la BIC, il s’agit de notre premier investissement dans un domaine qui, je pense, a un énorme potentiel pour notre pays. »

L’intérêt pour les biocarburants a pris de l’importance récemment. Ces carburants dérivés de la biomasse renouvelable comme les déchets agricoles, les déchets alimentaires, ou même les algues, peuvent devenir un atout en cette période où les entreprises cherchent à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

D’autres projets du genre prennent forme au pays. La Pétrolière Impériale prévoit notamment de construire un complexe de diesel renouvelable à sa raffinerie de Strathcona, près d’Edmonton, et Atco Energy compte exploiter une installation de gaz naturel renouvelable près de Vegreville, en Alberta.

Dans le budget fédéral de l’an dernier, la Banque de l’infrastructure du Canada, une société d’État fédérale, s’est vu confier le mandat d’inclure la production de carburants propres, le recours à la capture et au stockage de dioxyde de carbone et la production d’hydrogène dans ses domaines d’investissement existants en matière d’énergie propre et d’infrastructures vertes.

« Je ne pense pas que le secteur privé soit à la traîne ou réticent. Nous avons en fait constaté une tonne d’intérêt de la part d’acteurs du secteur privé, grands et petits, à travers le pays », a expliqué M. Cory.

« Le défi que nous voyons — et je pense que c’est pourquoi la Banque de l’infrastructure du Canada joue un rôle si important — est le niveau de risque et d’incertitude que ces projets comportent encore. »

Récemment, Parkland Fuel a annoncé qu’elle n’irait pas de l’avant avec son projet de construction d’un complexe autonome de diesel renouvelable dans sa raffinerie de Burnaby, en Colombie-Britannique, arguant que l’entreprise ne pouvait pas rivaliser avec les incitatifs financiers offerts aux États-Unis pour les installations de carburant renouvelable.

M. Cory a noté qu’il existait également un risque de marché et une incertitude quant au type de clients qui paieront pour les carburants à faible émission de carbone, et à la manière dont les systèmes de tarification du carbone et les crédits carbone dans différentes juridictions influenceront ce marché.

« Nous savons tous à quoi ressemblera 2050, mais il y a beaucoup d’incertitude sur la façon de s’y rendre, a affirmé M. Cory. C’est là que nous pouvons aider. »

Il a ajouté que la BIC cherchait à financer jusqu’à 5 milliards de projets d’infrastructures vertes, ce qui devrait accélérer le déploiement de ces technologies en aidant les promoteurs du secteur privé à réduire leurs risques.

L’installation de recyclage du carbone de Varennes devrait convertir annuellement plus de 200 000 tonnes de déchets non recyclables en biocarburants, avec une capacité allant jusqu’à 130 millions de litres.

Les promoteurs du projet affirment que l’installation réduira les émissions de gaz à effet de serre de plus de 170 000 tonnes par année, ce qui équivaut à retirer 50 000 véhicules de promenade de la circulation.

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4 mythes sur les éoliennes

Photo: ljubaphoto - iStock

Maxime Bilodeau – Le Détecteur de rumeurs - Agence Science-Presse

27 mars 2023 à 11h31 - Mis à jour 27 mars 2023 à 11h32 5 minutes de lecture

Les éoliennes sont accusées de bien des maux, plus souvent à tort qu’à raison. Le Détecteur de rumeurs avait déjà analysé la rumeur voulant qu’elles soient de grandes tueuses d’oiseaux. Voici quatre autres mythes.

1— Elles sont nuisibles à la santé?

Partout où il y a des éoliennes, on trouve des voisins qui disent être aux prises avec des symptômes comme des étourdissements, des maux de tête et des troubles du sommeil. Certains évoquent même le développement de cancers et le déclenchement de crises d’épilepsie.

En cause, prétendent-ils : les bruits de basse fréquence (voir le mythe suivant) et les infrasons que génèrent les éoliennes. La production de champs électromagnétiques est parfois elle aussi évoquée. À long terme, cette exposition aurait des effets directs sur la santé.

Ces thèses résistent mal à l’examen des faits. Aussi bien Santé Canada que l’Institut national de santé publique du Québec, le médecin hygiéniste en chef de l’Ontario et l’Académie nationale de médecine, en France, sont arrivés à la même conclusion au fil des années : rien dans l’état de la littérature scientifique ne permet de conclure à l’existence d’un lien de cause à effet.

Les divers effets négatifs pour la santé que certaines personnes attribuent à la proximité des éoliennes, et qu’elles ont regroupés il y a une vingtaine d’années sous le terme de « syndrome des éoliennes », pourraient n’être rien de plus qu’un biais de confirmation : en gros, plus une personne entretient des croyances négatives envers les éoliennes, plus elle est susceptible d’associer aux éoliennes toute altération de son bien-être physique ou mental.

Dans une petite étude publiée en 2015, deux chercheurs parlaient d’effet nocebo — lorsqu’un patient affirme ressentir les effets secondaires d’un médicament, alors qu’il n’a pris aucun médicament. Des chercheurs australiens notaient en 2013 une absence de corrélation entre les symptômes et le nombre de gens vivant à proximité d’éoliennes. Un des chercheurs avait aussi observé que le nombre de personnes souffrant de symptômes explosait lorsque les médias en traitaient.

2— Les éoliennes sont bruyantes?

Plus le vent souffle, plus les pales d’une éolienne s’activent et produisent de l’électricité, mais aussi du bruit. Les récriminations des riverains sont encore plus fortes en présence d’un parc d’éoliennes.

Déterminer ce qui est une nuisance sonore peut toutefois varier en fonction du seuil de tolérance de chacun. Le niveau de bruit d’une éolienne de 1,5 MW correspond à environ 33 à 40 décibels, à une distance d’environ 500 mètres — distance minimale à laquelle un résident peut habiter. Cela se compare au niveau de bruit dans une bibliothèque ou une salle de séjour. À la source, c’est-à-dire si on était capable de se tenir au centre des pales, le bruit d’une éolienne moderne varierait entre 98 et 105 décibels.

Cela dit, une foule de facteurs exercent une influence sur le niveau de bruit perçu par l’oreille humaine. La distance des éoliennes bien sûr, mais aussi la topographie, la présence ou l’absence de végétation et les conditions météorologiques.

3— Elles dévaluent les maisons?

L’origine de ce mythe est un certain Donald Trump, devant ses partisans en 2019. L’ancien président des États-Unis avait alors affirmé que « si vous habitez près d’une éolienne, toutes mes félicitations : votre maison vient tout juste de perdre 75 % de sa valeur ». Il n’a pas précisé d’où provenait ce pourcentage.

Les études qui s’étaient intéressées au sujet aux États-Unis et ailleurs dans le monde, avaient brossé un portrait beaucoup plus nuancé. Elles avaient conclu que la crainte d’une dépréciation liée à la présence d’éoliennes était largement infondée. L’effet, s’il existe, serait minime et difficile à distinguer des autres facteurs qui jouent sur la valeur d’une maison.

4— Leur empreinte carbone est lourde?

L’érection d’une éolienne nécessite des travaux de génie civil considérables, qui nécessitent des matériaux eux-mêmes énergivores. En 2009, un chercheur australien avait ainsi évalué à près de 1800 tonnes d’équivalent CO2 l’empreinte carbone d’une petite éolienne, depuis sa construction jusqu’à la fin de sa vie utile.

Une fois en fonction, l’éolienne produit néanmoins de l’électricité à partir du vent, soit une source d’énergie renouvelable. Résultat, selon deux chercheurs britanniques, il faudrait de 12 à 18 mois — sur la vingtaine d’années d’espérance de vie d’une éolienne — pour que celle-ci « rembourse » sa dette en émissions de carbone.

Lien vers l’article original : 4 mythes sur les éoliennes | Agence Science-Presse

Cet article fait partie de la rubrique du Détecteur de rumeurs, cliquez ici pour les autres textes.

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Hydro-Québec suspend son projet de raccordement électrique des Îles-de-la-Madeleine

Hydro-Québec suspend pour une durée indéterminée le projet de raccordement des Îles à son réseau principal sur le continent. (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose

Marguerite Morin (accéder à la page de l’auteur)

Marguerite Morin

Marguerite Morin

Publié le 29 mars 2023

Aux Îles-de-la-Madeleine, Hydro-Québec fait volte-face dans le dossier de la transition énergétique de l’archipel.

La société d’État suspend pour une durée indéterminée le projet de raccordement des Îles à son réseau principal sur le continent au moyen d’un câble sous-marin.

Selon Hydro-Québec, les délais d’approbation et les difficultés d’approvisionnement à l’échelle mondiale font en sorte que des équipements essentiels sont indisponibles ou trop onéreux.

Pour plusieurs raisons, la facture du projet de raccordement a quand même augmenté de façon importante par rapport à ce qu’on prévoyait , explique le porte-parole d’Hydro-Québec, Cendrix Bouchard.

En septembre, la Régie de l’énergie a refusé d’approuver le plan de raccordement d’Hydro-Québec. Le câble sous-marin aurait permis d’assurer la transition énergétique des Îles-de-la-Madeleine en acheminant de l’hydroélectricité comme source d’énergie principale. Actuellement, c’est une centrale thermique au mazout lourd qui produit l’électricité des Madelinots.

Cendrix Bouchard assure que le projet de raccordement par câble n’est pas mort et que la société d’État va continuer d’étudier sa faisabilité, notamment à la demande de la Régie de l’énergie.

La Régie nous demandait en septembre dernier d’évaluer certains scénarios, dont celui du raccordement. À ça s’ajoutent les aspects économique et technologique, donc l’aspect de la faisabilité qui fait en sorte que c’est un projet qu’on met de côté de façon indéterminée pour l’instant, explique-t-il.

« Ce serait faux de dire que c’est un projet qui n’a aucune chance d’être réalisé dans le futur. »

— Une citation de Cendrix Bouchard, porte-parole d’Hydro-Québec

Le maire des Îles-de-la-Madeleine et président de la Communauté maritime des Îles, Antonin Valiquette, se dit un peu surpris de la décision d’Hydro-Québec de suspendre le projet de raccordement.

Antonin Valiquette, maire des Îles-de-la-Madeleine (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose

C’est une surprise, mais ça ne nous déçoit pas pour autant, parce qu’Hydro-Québec va faire ce que la Régie de l’énergie lui a demandé de faire […], affirme-t-il. Je n’estime pas qu’on revient cinq ans en arrière en suspendant le projet, qui n’est pas complètement jeté aux poubelles. Advenant le cas où le projet redevient pertinent et faisable au niveau économique, il sera toujours là.

Le député des Îles-de-la-Madeleine, Joël Arseneau, ne se dit pour sa part pas surpris de ce dénouement.

On voyait les choses venir, indique-t-il. On est certainement déçus de voir que c’est au moins la quatrième fois qu’on a un virage à 180 degrés de la part d’Hydro-Québec quant à l’avenir énergétique des Îles-de-la-Madeleine.

Joël Arseneau, député des Îles-de-la-Madeleine (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada

L’élu madelinot croit que la tergiversation dans ce dossier a mené à sa suspension temporaire.

On dit que le projet est suspendu, aussi bien dire qu’il est abandonné et qu’on recommence à zéro. Les Madelinots sont tannés de voir que ces orientations-là, qui semblent solides et béton lorsqu’on les annonce, se révèlent faibles et sans substance et qu’au final on change d’idée, affirme Joël Arseneau.

« La lassitude qui découle de tout ça, c’est ma plus grande déception. On en parle depuis 10 ans de ce projet, combien de temps encore en parlerons-nous? »

— Une citation de Joël Arseneau, député des Îles-de-la-Madeleine

Agrandissement du parc éolien madelinot

Par ailleurs, Hydro-Québec a annoncé mercredi s’être entendue sur un contrat d’approvisionnement avec les promoteurs du parc éolien de Grosse-Île. À l’automne, le projet était déjà sérieusement envisagé, mais rien n’était toutefois confirmé.

Le projet consiste en la construction de quatre éoliennes en milieu dunaire, non loin du parc éolien de la Dune-du-Nord. Il fournira une puissance totale de 16,8 MW

. L’ajout d’un système de stockage d’énergie de 10 MW et de 10 MWh

à la centrale des Îles est également prévu dans le projet.

Les deux éoliennes du parc éolien de la Dune-du-Nord produisent environ 10 % de l’énergie nécessaire sur l’archipel. (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada / Steve Rompré

On considère que c’est un projet très intéressant, puisque ces quatre éoliennes, lorsqu’elles seront construites, vont représenter une diminution de 11 millions de litres de mazout par année […] et avec le parc éolien de la Dune-du-Nord, ça nous amène quand même à une réduction de consommation de mazout d’environ 40 % , affirme le porte-parole d’Hydro-Québec.

La société d’État refuse toutefois de s’avancer et de dire concrètement si elle mise désormais uniquement sur l’éolien pour assurer la transition énergétique aux Îles-de-la-Madeleine.

Hydro-Québec maintient que même si le projet de raccordement est suspendu, l’objectif reste le même. On demeure résolument engagés dans la décarbonation des Îles-de-la-Madeleine, d’où le contrat d’approvisionnement en électricité qu’on a signé avec le parc éolien de Grosse-Île, indique Cendrix Bouchard.

Des réactions prudentes

Pour le maire Valiquette, si cette signature représente une étape importante, il estime qu’il reste encore beaucoup de travail avant que le projet ne se réalise.

L’entente est conditionnelle à ce que le promoteur, donc [l’Alliance de l’énergie de l’Est], et son partenaire principal, Valeco Énergie, fassent leur travail et montent le projet et qu’ils aillent chercher les autorisations environnementales et qu’ils fassent les études d’impact nécessaires , précise-t-il.

Antonin Valiquette ajoute que le promoteur devra également soumettre le projet à des consultations publiques, notamment au Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), puisqu’il s’agit d’un projet de plus de 10 MW

.

Le député Joël Arseneau voit pour sa part d’un bon œil l’implication d’Hydro-Québec dans le parc éolien des Îles, mais à certaines conditions.

On prend acte aujourd’hui du fait qu’Hydro-Québec est intéressée à acheter de l’énergie éolienne des promoteurs du parc éolien de Grosse-Île, mais il y a des considérations sociales et environnementales qui doivent être nécessairement prises en compte, affirme-t-il.

Avec la collaboration de Pierre Chapdelaine de Montvalon

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Planète bleue, idées vertes Taxer les surfaces imperméables

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

De plus en plus de villes ontariennes imposent des redevances sur les surfaces asphaltées et bétonnées, qui empêchent les eaux pluviales d’être absorbées par le sol.

Pluies diluviennes en un temps record, systèmes de drainage vieillissants : les changements climatiques mettent les infrastructures municipales à rude épreuve. Pour les financer, de plus en plus de villes ontariennes imposent des redevances sur les surfaces asphaltées et bétonnées, qui empêchent les eaux pluviales d’être absorbées par le sol. Une mesure qui suscite de l’intérêt au Québec, notamment à Laval.

Publié à 5h00

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Ariane Krol
Ariane Krol La Presse

Rues et résidences inondées, cours d’eau qui débordent, les contrecoups des systèmes d’évacuation municipaux saturés ne sont pas beaux à voir.

Aux yeux de l’ensemble de la population, par contre, ce n’est pas le poste d’investissement le plus sexy. Les élus ayant toujours d’autres priorités, financer ces infrastructures à même les revenus de taxes foncières « ne fonctionne tout simplement pas », a conclu la commissaire à l’environnement de l’Ontario, Dianne Saxe, dans un rapport publié en 2016.

Au moins huit municipalités de la province appliquaient alors une redevance sur le ruissellement des eaux pluviales. Le gouvernement ontarien devrait aider les autres à en faire autant, avait recommandé la commissaire.

C’est le modèle que Mississauga a implanté en 2016. Cette ville de banlieue de quelque 715 000 habitants au sud-ouest de Toronto gère plus de 1900 kilomètres d’égouts pluviaux. « Plusieurs sont vieillissants et auront besoin d’être renouvelés ou remplacés à moyen ou long terme », a résumé un porte-parole de la Ville par courriel.

La redevance sur le ruissellement des eaux pluviales (stormwater charge) a rapporté 45,5 millions à Mississauga l’an dernier. Le quart de la somme a servi à financer la gestion courante des eaux pluviales, dont des travaux pour juguler l’érosion des berges. Le reste (34,4 millions) a été transféré à un fonds de réserve.

Ce type de redevance fait partie des mesures d’écofiscalité envisagées à Laval, nous a confirmé la municipalité. « Ces mesures pourraient s’appliquer dans certains secteurs de la ville où les superficies minéralisées sont plus importantes », a indiqué une porte-parole de la Ville par courriel. Les surfaces minéralisées sont dans la ligne de mire en raison de leur « impact significatif sur le ruissellement des eaux pluviales » et de leur contribution à « la problématique des surverses (déversement des eaux non traitées dans les rivières) ». De surcroît, elles créent « des îlots de chaleur importants ». Il est « encore tôt pour [s’étendre] sur le sujet », mais des mesures fiscales pourraient être annoncées « au cours des prochains mois », a affirmé Myriam Legault.

La Ville de Montréal envisage elle aussi de se doter d’une taxe sur les surfaces imperméables, dont les stationnements1. La mesure, évoquée dans un document de consultation publiée à la mi-mars, viserait à financer des infrastructures permettant d’améliorer la gestion des eaux de ruissellement.

À la surface du client

À Mississauga, la redevance est facturée à chaque propriété, en fonction des surfaces considérées comme imperméables (toiture, stationnement, etc.) qu’elle comporte.

Ces surfaces dites « dures » empêchent en effet les eaux de pluie et de fonte des neiges de pénétrer directement dans le sol. Elles augmentent donc la pression sur les infrastructures municipales.

Pour les résidences unifamiliales, Mississauga a créé cinq taux fixes reliés à la superficie du toit. En 2022, la facture allait de presque 60 $ (toits de moins de 100 m2) à plus de 190 $ (plus de 242 m2).

Pour les immeubles multilogements et les édifices non résidentiels, qui sollicitent davantage le système de gestion des eaux pluviales, la Ville applique un calcul plus précis, qui tient compte de toutes les surfaces dures de la propriété. Cette superficie imperméable totale est divisée en unités de 267 m2, et le nombre d’unités est multiplié par un taux annuel. Au taux de 2022 (113,40 $), le propriétaire d’une bâtisse commerciale comprenant 534 m2 de surfaces imperméables aurait été soumis à une redevance de 230 $.

De nombreuses municipalités ontariennes ont implanté un système du genre, ou y songent. Toronto, la plus grande ville canadienne, organise une consultation au printemps pour en faire rapport au conseil en juillet.

Intérêt au Québec

Si aucune municipalité québécoise n’a encore imité l’Ontario, c’est l’une des mesures d’écofiscalité qui suscitent le plus d’intérêt chez les gestionnaires municipaux, a constaté la professeure Fanny Racicot-Tremblay, de l’ENAP, lors de ses présentations.

« C’est l’une de celles qui permettent de percevoir le plus d’argent et d’avoir le meilleur impact sur l’environnement », explique-t-elle.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Fanny Tremblay-Racicot, professeure à l’ENAP

Ça permet à la fois de financer un fonds pour les infrastructures et d’inciter les propriétaires à faire du verdissement, pour que l’eau percole dans la nappe phréatique au lieu de se déverser dans les égouts.

Fanny Racicot-Tremblay, professeure à l’ENAP

Beaucoup de municipalités qui imposent une telle redevance prévoient en effet des rabais pour les bonnes pratiques.

Mississauga, par exemple, offre des crédits aux propriétaires d’immeubles multilogements et non résidentiels qui investissent dans des projets limitant le ruissellement. Ces crédits peuvent effacer jusqu’à 50 % de la redevance.

Aux États-Unis, la Ville de Philadelphie a même créé une application de rencontres pour mettre les propriétaires d’édifices commerciaux et institutionnels en contact avec les fournisseurs de solutions environnementales. Une fois le bon partenaire trouvé, les propriétaires peuvent demander une subvention municipale couvrant jusqu’à 100 % de l’investissement.

L’intérêt d’ajouter une telle redevance dépend du contexte propre à chaque ville, prévient toutefois la professeure Tremblay-Racicot. Elle donne l’exemple d’une municipalité qui taxerait déjà les cases de stationnement. « Tu ne peux pas percevoir une taxe sur les stationnements et une redevance sur les surfaces imperméables parce que c’est le même espace, la même unité d’évaluation. Donc il faut savoir laquelle est la plus appropriée pour la municipalité. »

1. Lisez « Montréal envisage d’imposer de nouvelles taxes »

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Lutte contre les changements climatiques Québec alloue 65 millions au Plan climat de Laval

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoit Charette

Enlever du béton et de l’asphalte, planter des arbres, sevrer les bâtiments municipaux des énergies fossiles, installer des bornes de recharge pour véhicules électriques, opter pour l’autopartage ; la Ville de Laval déploiera bientôt son « Plan climat ».

Publié le 31 mars

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Jean-Thomas Léveillé
Jean-Thomas Léveillé La Presse

Pour l’aider à le mettre en œuvre, Québec lui accorde un financement de 64,8 millions de dollars, a annoncé vendredi le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoit Charette.

La troisième ville du Québec s’est engagée à réduire d’ici 2035 ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 33 % sous leur niveau de 1990.

Son plan, dont les détails seront dévoilés après son adoption prévue par le conseil municipal, mardi, prévoit notamment de cesser d’utiliser du mazout, du propane et du gaz naturel dans 40 bâtiments municipaux, pour se tourner vers l’électricité ou la géothermie.

Laval compte aussi s’attaquer aux îlots de chaleur et aux conséquences des précipitations intenses en aménageant des infrastructures vertes, dont la déminéralisation d’espaces totalisant 3360 m⁠2 et la plantation de près de 15 000 arbres.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Le maire de Laval, Stéphane Boyer

L’administration du maire Stéphane Boyer prévoit aussi l’installation de 140 nouvelles bornes de recharge publiques et de 50 bornes partagées entre la municipalité et la communauté, de même que du soutien à l’autopartage.

Les réductions de GES attribuables à l’aide financière annoncée par le ministre Charette devraient atteindre 4580 tonnes, ce qui représente l’équivalent de 4000 déplacements individuels Montréal-Paris aller-retour en avion en classe économique, calcule Québec.

Gatineau et Victoriaville

Le gouvernement Legault avait aussi annoncé dimanche un soutien financier de 24,9 millions de dollars à la Ville de Gatineau pour des initiatives climatiques.

Ces fonds permettront à la ville de l’Outaouais de moderniser les équipements de captage et de brûlage du méthane au site d’enfouissement Cook, de décarboner sept bâtiments municipaux et d’électrifier une partie de son parc automobile.

La réduction anticipée est de 10 550 tonnes de GES.

Un soutien financier sera aussi annoncé à la Ville de Victoriaville, lundi ; Montréal et Québec ont également reçu des fonds gouvernementaux pour les mêmes raisons par le passé.

« Les municipalités sont de précieuses alliées du gouvernement du Québec pour l’atteinte des objectifs climatiques qu’il s’est donnés dans le cadre du Plan pour une économie verte 2030 », a déclaré le ministre Charette, dans un communiqué.

En savoir plus

  • 37,5 %
    Cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre du Québec d’ici 2030 par rapport à leur niveau de 1990

SOURCE : ministère de l’ENVIRONNEMENT, DE LA LUTTE CONTRE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES, DE LA FAUNE ET DES PARCS DU QUÉBEC

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Protection des milieux naturels |Les collines montérégiennes ont besoin de 150 millions de dollars


PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE
Le mont Saint-Hilaire, en Montérégie

Les collines montérégiennes ont besoin de 150 millions de dollars pour assurer leur protection. Une coalition de 12 organismes dévoile mardi un plan de conservation qui vise à « protéger, restaurer et connecter » chacune des 10 montagnes au cours des cinq prochaines années.

Publié à 5h00
Éric-Pierre Champagne
LA PRESSE

La Coalition des Montérégiennes regroupe les monts Royal, Saint-Bruno, Saint-Hilaire, Rougement, Saint-Grégoire, Yamaska, Shefford, Brome et Mégantic, ainsi que les collines d’Oka. Bien qu’il ne fasse pas partie de la même formation géologique, le mont Rigaud est aussi membre de la coalition.

Le regroupement rend publics mardi ses plans de conservation pour chacune des montagnes ainsi qu’un plan global pour assurer la connectivité entre elles. La Coalition des Montérégiennes prévoit qu’un budget de 150 millions de dollars sera nécessaire pour réaliser les différentes mesures au programme, d’ici 2027.

De nombreuses problématiques menacent les milieux naturels de ces collines. Pour Pascal Bigras, directeur général de Nature-Action Québec, les quatre principales menaces sont les espèces exotiques envahissantes, le lotissement résidentiel, les activités récréotouristiques et le surbroutage de la flore par les cerfs de Virginie.

« Malgré tout ce qui s’est dit au sujet des cerfs et leur impact sur les milieux naturels, on est toujours au même point », souligne M. Bigras. Le nouveau plan prévoit que des ententes doivent être conclues avec le ministère de l’Environnement d’ici 2025, pour gérer les surpopulations de cerfs.


PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE
Le mont Mégantic et son observatoire

Un autre enjeu important, c’est la connectivité entre les collines, signale Julien Poisson, directeur pour le sud du Québec à Conservation de la nature Canada. « Il faut pouvoir protéger des terrains en périphérie [des collines] pour assurer une meilleure connectivité, surtout pour la petite faune. »

Le tourisme également mis en cause

Les collines montérégiennes sont aussi victimes de leur popularité. « Ce sont des hôpitaux à ciel ouvert », blague Pascal Bigras, faisant référence aux nombreuses études qui démontrent les bénéfices des milieux naturels pour la santé. « Il faut mieux encadrer l’accès public à ces milieux pour les préserver », soutient Julien Poisson.

Si la somme demandée est importante, Pascal Bigras dit constater une « grande ouverture » des différents ordres de gouvernement, surtout depuis la COP15 sur la biodiversité qui s’est tenue à Montréal en décembre dernier.

Les collines montérégiennes abritent 40 écosystèmes forestiers exceptionnels. On y retrouve 68 % des espèces d’amphibiens et de reptiles et plus de 70 % des espèces d’oiseaux présents au Québec.

La coalition a vu le jour en septembre 2021, fruit du regroupement de nombreux organismes de conservation afin que leurs préoccupations « soient portées d’une même voix auprès des instances municipales et gouvernementales ». En 2012, un rapport indiquait déjà que cinq des neuf collines faisaient face à des pressions « élevées » ou « très élevées » en matière de développement résidentiel, commercial ou touristique.

Consultez le Plan régional de conservation et de connectivité des collines montérégiennes

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