Environnement et transition écologique

Interdiction du plastique à usage unique | Des commerces misent sur les contenants consignés


PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE
Richard Cemé, chef cuisinier et traiteur du prêt-à-manger Par Cemé de la rue Garnier, à Montréal, utilise des contenants consignés.

Maintenant que le plastique à usage unique est banni sous peine d’amende salée dans la métropole, des projets-pilotes de contenants réutilisables sont déployés dans ses restaurants et commerces de nourriture à emporter. À commencer par l’emblématique avenue du Mont-Royal.

Publié à 5h00
Sara Champagne
LA PRESSE

Soutenus par l’administration de la mairesse Valérie Plante, des projets de contenants consignés se déploient graduellement dans l’avenue du Mont-Royal et d’autres rues du centre-ville, notamment la rue Saint-Denis et le boulevard Saint-Laurent, et dans les commerces de Griffintown, de Saint-Henri et du quartier de la Petite-Bourgogne. Les plats réutilisables proviennent notamment des fournisseurs Retournzy coop et Cano. Et les restaurateurs volontaires sont chapeautés par l’Association des sociétés de développement commercial de Montréal (ASDCM).

Assiettes jetables, barquettes, couvercles, ustensiles, pailles, bâtonnets à mélanger, verres et tasses en plastique non recyclable ont disparu des cuisines de Richard Cemé, chef cuisinier et traiteur du prêt-à-manger Par Cemé de la rue Garnier, à un jet de pierre de l’avenue du Mont-Royal.


PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE
Puisqu’ils vont au four à micro-ondes, le commerce de prêt-à-manger Par Cemé s’est tourné vers les contenants de Cano.

« Avant, j’emballais sous vide », lance le chef derrière son comptoir où les effluves de keftas d’agneau et de boulettes au curry se mélangent à l’odeur d’un gâteau aux carottes encore chaud.

« J’ai vite constaté que le procédé sous vide n’avait aucune allure pour l’environnement, enchaîne-t-il. J’ai donc commencé à utiliser des contenants recyclables. Puis, j’ai commencé à proposer aux clients d’apporter leurs propres plats. » Ensuite, « les contenants consignés sont donc arrivés tout naturellement ».

Les commerçants font la vaisselle

Puisqu’ils vont au four à micro-ondes, le commerce de prêt-à-manger s’est tourné vers les contenants de Cano. Le service fonctionne grosso modo comme pour les vélos en libre-service BIXI : à l’aide d’une application. Le client a deux semaines pour rapporter les plats, sans frais. La corvée de vaisselle revient aux commerçants.


PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE
Un contenant de Cano

« Moi, je ne fais que deux choses ; je remplis, je lave », ironise candidement le chef Cemé.

Chargée de la transition écologique pour le regroupement des sociétés de développement commercial, Isabelle Bissonnette, ingénieure spécialisée en environnement, explique que le défi consiste à expliquer aux restaurateurs qu’il y a des solutions de rechange au plastique à usage unique. Qu’il y a « des bénéfices sur le portefeuille », fait-elle valoir.

« Il y a une mouvance, mais il faut donner le choix aux commerçants, aux gens, estime-t-elle. Un peu comme pour les sacs en plastique qui ont disparu progressivement des épiceries. »

Contenants en inox avec couvercles de silicone

L’autre acteur qui se positionne sur le marché offre des contenants en acier inox munis de couvercles de silicone. Il s’agit de Retournzy coop.


PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE
Un contenant en inox de Retournzy coop

On voit ces contenants apparaître dans le secteur Saint-Denis, dans le secteur Notre-Dame, au marché Jean-Talon, également à l’École de technologie supérieure (ETS), pour ne nommer que ceux-là. La coordonnatrice au développement des affaires de Retournzy coop, France Gosselin, estime que cette nouvelle façon de consommer va s’installer dans les habitudes, mais qu’il faudra de la patience. Beaucoup de temps.

« C’est malheureux, mais les gens se sont habitués à jeter les contenants de leurs repas à emporter. Il y a une conscience de l’importance de la réduction des déchets à la source [à développer]. Les gens nous disent que notre produit est génial, mais ils ne veulent pas mettre l’effort. Éventuellement, il va falloir une interdiction formelle du recyclable à usage unique. »

Dirigeant de la Société de développement commercial (SDC) de l’avenue du Mont-Royal, Claude Rainville explique que l’un des défis sera d’implanter les contenants consignés chez les grands épiciers. Selon lui, c’est plus compliqué, notamment en raison du volume.

« Il reste que la réponse est très bonne chez nos commerçants indépendants, estime-t-il. L’essentiel est de s’améliorer. Il faut aussi une bonne volonté politique de la part des élus municipaux, du gouvernement. »

Écocontribution à Prévost

Au Québec, d’autres municipalités ont adopté des règlements bannissant les articles en plastique à usage unique dans les commerces, notamment Laval, Mascouche et Terrebonne. À Prévost, petite municipalité de 14 000 habitants des Laurentides, il y a même depuis juillet 2022 une redevance, appelée « écocontribution », sur la vente de contenants à usage unique.

Au départ, à Montréal, un projet-pilote devait être lancé au printemps 2020, mais il a été mis sur la glace en raison de la pandémie, explique Mme Bissonnette, chargée de projet.

EN SAVOIR PLUS

400 $ à 4000 $

La Ville de Montréal prévoit des amendes allant de 400 $ à 4000 $ aux commerçants après une deuxième infraction au règlement sur l’interdiction du plastique à usage unique.

SOURCE : VILLE DE MONTRÉAL

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Redevances sur l’eau Québec prévoit des « mesures d’atténuation » pour protéger certaines industries

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Sur notre photo, l’usine de pâtes et papiers Kruger Wayagamack, située à Trois-Rivières

(Québec) Le gouvernement Legault déposera ce jeudi un projet de loi pour hausser les redevances sur l’eau et créer un Fonds bleu, dont le budget est toutefois révisé à la baisse, passant de 650 millions à 500 millions. Québec mettra également en place des mesures d’atténuation pour aider certaines industries.

Publié à 5h00

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Charles Lecavalier
Charles Lecavalier La Presse

Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, présentera aux parlementaires son projet de loi « instituant le Fonds bleu et modifiant d’autres dispositions », qui doit augmenter de façon importante les redevances dérisoires imposées aux industries pour utiliser l’eau.

Moins de 3 millions ont été payés l’an dernier par les entreprises pour utiliser ce bien public. On s’attend à ce que le gouvernement Legault multiplie par 10 ces redevances, pour dépasser le taux payé par les entreprises ontariennes.

En contrepartie, le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, s’est assuré que les entreprises qui consomment beaucoup d’eau, comme les papetières, recevront un coup de main pour éviter de trop pâtir de cette taxe. « Il y a des mesures d’atténuation parce qu’il y a des gens qui sont plus impactés que d’autres », a affirmé M. Fitzgibbon dans un échange avec La Presse.

« Je ne penserais pas mettre en péril l’industrie minière et l’industrie de l’eau. Moi et ma collègue Maïté [Blanchette Vézina, ministre des Ressources naturelles et des Forêts], on a travaillé avec Benoit Charette », a précisé M. Fitzgibbon.

L’exemple ontarien

Le coût payé par les entreprises ontariennes – actuellement sept fois plus élevé qu’au Québec – a été pris en considération.

C’est clair qu’il fallait trouver un équilibre. […] Il y a des industries qui sont très impactées. Le coût, il faut qu’il soit bien circonscrit.

Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie

Avec les sommes recueillies grâce à cette redevance plus élevée, Québec pourra soutenir des « investissements en technologies » pour réduire le gaspillage d’eau. « Le but ultime, ce n’est pas de taxer. Le but ultime, c’est qu’on recircule l’eau le plus possible. Ceux qui ne sont pas aussi avancés, on peut les aider à aller plus vite. C’est ça qu’il faut faire, sinon l’impact est trop grand. Pâtes et papiers, vous avez raison, c’est le secteur le plus affecté », a-t-il dit.

Actuellement, le taux de la redevance est fixé à 0,0025 $ par mètre cube d’eau utilisé pour les entreprises qui ont besoin d’eau dans leur processus de production, comme les usines de pâtes et papiers et les usines de produits chimiques. Le taux de la redevance est fixé à 0,07 $ par mètre cube d’eau utilisé pour les industries dont l’eau est un composant de leurs produits.

Les sommes prélevées seront dirigées vers le Fonds bleu, créé avec le projet de loi. Au total, Québec va investir 500 millions de dollars sur cinq ans pour appuyer la création du Fonds bleu, dont 50 millions cette année, 75 millions l’an prochain et 100 millions l’année suivante.

Protéger l’eau

En campagne électorale, François Legault promettait plutôt 650 millions. Au cabinet du ministre de l’Environnement, Benoit Charette, on affirme que ce qui a été présenté dans le plus récent budget Girard est une première étape.

L’objectif du Fonds bleu est de « protéger la ressource en eau en finançant des mesures de gestion de l’eau dans les domaines de l’utilisation durable, équitable et efficace des ressources en eau, du contrôle et de la prévention des inondations, de la conservation des écosystèmes aquatiques ainsi que de la gouvernance de l’eau ».

Le gouvernement n’a pas encore déterminé les mesures financées par le Fonds bleu, mais a donné plusieurs exemples, comme le « maintien et l’amélioration des réseaux de suivi hydrométrique », l’amélioration « de la caractérisation de la composition des rejets municipaux », ou encore une bonification du financement du Réseau de surveillance volontaire des lacs.

En août dernier, François Legault avait expliqué que la création du Fonds bleu était nécessaire en raison de plusieurs constats alarmants sur la qualité et la quantité de nos réserves d’eau. Il soulignait que « les municipalités vivent de plus en plus souvent des pénuries d’eau », que les lacs du Québec sont menacés par des plantes aquatiques exotiques et du phosphore, et que plusieurs cours d’eau contiennent trop de pesticides.

Avec la collaboration de Tommy Chouinard, La Presse

Cinq secteurs qui paient le plus de redevances

  • Usines de pâtes et papiers
    898 000 $
  • Fabrication de boissons
    388 000 $
  • Fabrication de produits chimiques de base
    371 000 $
  • Extraction de minerais métalliques
    210 000 $
  • Sidérurgie
    171 000 $

Source : ministère de l’Environnement

En savoir plus

  • 650
    Durant les élections générales, la Coalition avenir Québec avait promis la création du Fonds bleu, doté d’un budget de 650 millions pour le prochain mandat.

SOURCE : MINISTÈRE DE L’ENVIRONNEMENT

500
Dans le budget Girard, le budget du Fonds bleu n’était plus que de 500 millions, dont 150 millions en 2027-2028.

SOURCE : MINISTÈRE DE L’ENVIRONNEMENT

Plus de 800 personnes attendues au deuxième Sommet Climat à Montréal

Photo: Ina9/Istock

Naomie Gelper

5 avril 2023 à 8h00 3 minutes de lecture

La mobilité ainsi que la décarbonisation des bâtiments et des transports seront des thématiques à l’honneur lors de la deuxième édition du Sommet Climat Montréal, qui se tiendra les 9 et 10 mai au Grand Quai du Port de Montréal. Plus de 800 personnes y sont attendues.

Encore une fois cette année, des acteurs des milieux des affaires, philanthropiques, politiques, communautaires, environnementaux et de la société civile se réuniront pour dégager des pistes d’actions «concrètes, réalistes et rapides à la hauteur des défis climatiques de la métropole». Ce sera aussi l’occasion pour eux de faire le point sur les engagements climatiques pris lors du Sommet Climat Montréal 2022.

Les thématiques de la mobilité, des bâtiments, de l’adaptation, de la communauté et de l’accompagnement d’entreprises seront à l’ordre du jour. Il s’agira ainsi de mettre en commun tous les efforts et expertises de l’écosystème montréalais pour décarboner rapidement les bâtiments et les transports, et faire de Montréal une métropole plus résiliente et inclusive.

Pour la mairesse de Montréal, Valérie Plante, ce rendez-vous est un incontournable pour accélérer la transition écologique. «Ce défi de taille nécessite des gestes concrets de toute la collectivité, et cette édition sera l’occasion de poursuivre la mise en œuvre des actions nécessaires pour la résilience de la métropole avec nos partenaires. L’ambition environnementale de Montréal se démarque sur la scène internationale, et ce sommet sera l’occasion d’aborder les avancées du Plan climat, tout en présentant les prochaines étapes de la Ville vers la carboneutralité, notamment en matière de mobilité», soutient-elle.

Mme Plante donnera le coup d’envoi du Sommet le 9 mai, en compagnie de la vice-première ministre du Québec et ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, et du ministre québécois de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoit Charette. Ce sera ensuite au tour de grands acteurs de la métropole d’annoncer de nouveaux engagements climatiques ambitieux dans le cadre d’une table ronde.

Le ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, ouvrira quant à lui la deuxième journée du Sommet, le 10 mai dès 9 h, suivi de personnalités de premier plan, comme David Miller, directeur général du C40, et Dre María Neira, directrice du Département de la santé publique, de l’environnement et des déterminants sociaux de la santé de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Voir la programmation complète ici.

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Des pannes qui doivent allumer des lumières

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

« Les pannes de courant qui viennent de nous plonger dans le noir doivent faire allumer des lumières sur notre tableau de bord », écrit notre éditorialiste.


Philippe Mercure
Philippe Mercure La Presse

Pas de grille-pain, pas de cafetière, pas de possibilité de recharger son téléphone, avec l’école fermée et la maison qui se refroidit en plus : plus d’un million d’abonnés d’Hydro-Québec se sont réveillés sans électricité, jeudi.

Publié à 5h00

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À l’heure où vous lisez ces lignes, plusieurs d’entre eux sont encore sans courant. Avec, en tête, une question : quels seront les impacts de telles pannes lorsqu’on aura tout électrifié ? Lorsque nos voitures, nos systèmes de chauffage, nos usines seront encore plus dépendants du réseau d’Hydro-Québec ?

La question est d’autant plus inquiétante que les évènements météorologiques extrêmes susceptibles de perturber la distribution d’électricité sont appelés à augmenter avec les changements climatiques.

Faut-il pour autant remettre en question la transition énergétique ? Bien sûr que non. Celle-ci est nécessaire en raison de la crise climatique, sans compter que réduire notre dépendance au pétrole diminuera les fuites de capitaux hors du Québec.

Mais les pannes que nous vivons actuellement sont néanmoins un signal d’alarme qui montre qu’il faut mieux se préparer à cette transition.

Nous voyons trois façons de le faire.

  1. Consolider le réseau d’Hydro-Québec.

  2. Inciter les municipalités à déployer des plans d’urgence en cas de pannes.

  3. Accélérer les mesures d’efficacité énergétique.

Il y a des évènements contre lesquels même le réseau le plus solide ne peut résister. Selon Hydro-Québec, c’est le cas du verglas tombé mercredi.

Il reste qu’on sait que le réseau d’Hydro-Québec est beaucoup trop fragile. La vérificatrice générale nous avait prévenus en décembre dernier. Mais il n’y a rien comme chercher une boîte de chandelles à tâtons dans une maison plongée dans le noir pour réaliser ce que peuvent en être les impacts…

La vérificatrice a constaté une « baisse marquée de la fiabilité du service »1. Entre 2012 et 2021, le nombre de pannes a bondi de 16 % au Québec. Leur durée a aussi augmenté.

En 2020, Hydro-Québec a déployé un plan destiné à revamper ses infrastructures. Les coûts, d’abord estimés à 800 millions, ont été révisés à 1,3 milliard. Sauf qu’il se déploie trop lentement. En 2021, moins de 60 % des heures planifiées pour le mettre en œuvre ont vraiment été effectuées, selon la vérificatrice.

Comme pour le réseau routier, il est tentant pour les autorités d’annoncer de nouveaux ouvrages électriques plutôt que d’entretenir ceux qui existent déjà. À ce sujet, il était rassurant d’entendre vendredi le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon.

« On ne peut pas juste faire de la nouvelle énergie sans investir massivement dans le maintien du réseau. La maintenance d’infrastructures est aussi stratégique que les nouvelles œuvres », a dit le ministre en point de presse.

Oui, le maintien et la solidification du réseau électrique coûteront cher. Mais comme l’écrivait la vérificatrice générale, « une intervention qui permet de prévenir une panne est généralement moins coûteuse qu’une intervention corrective réalisée pendant ou après une panne ».

À certains endroits, il faudra par exemple voir si l’enfouissement des lignes électriques, bien que très coûteux, pourrait à long terme s’avérer rentable.

Hydro-Québec a publié son premier plan d’adaptation aux changements climatiques l’automne dernier, mais il reste qu’elle a encore beaucoup de travail devant elle. Sa présidente, Sophie Brochu, a toutefois souligné avec justesse vendredi que la société d’État ne peut à elle seule assurer la résilience de toute la société aux pannes électriques.

Les municipalités, notamment, doivent penser à des lieux dotés de connexions électriques plus sûres ou de génératrices dans lesquels les citoyens pourront se chauffer, prendre une douche et recharger leur voiture.

La résilience aux pannes passe finalement par nos résidences elles-mêmes. Nous serions moins vulnérables aux interruptions de courant si nos bâtiments étaient mieux isolés ou, encore mieux, passifs (des bâtiments à très basse consommation énergétique qui utilisent par exemple l’énergie solaire ou géothermique).

Hydro-Québec a justement annoncé cette semaine vouloir (finalement !) hausser sa cible en efficacité énergétique, un geste qui va dans le bon sens.

Une autre solution passe par les accumulateurs de chaleur déjà commercialisés par Hydro-Québec. En emmagasinant la chaleur pour la diffuser plus tard, ces appareils sont conçus pour adoucir les pointes hivernales. Mais ils pourraient aussi jouer un rôle lors des pannes électriques de courte durée. Malheureusement, Hydro-Québec en fait très peu la promotion.

Les pannes de courant qui viennent de nous plonger dans le noir doivent faire allumer des lumières sur notre tableau de bord.

1. Consultez le chapitre 5 du Rapport du Vérificateur général du Québec à l’Assemblée nationale pour l’année 2022-2023

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On parle d’enfouir plus de lignes. Mais comment on explique que des quartiers complets qui ont un réseau électrique enfoui sois touchés par des arbres tombés?
Y a-t-il un problème avec la distribution dont on ne serait pas au “courant” ?

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Il faut voir la distribution de l’électricité comme un tout régional et non pas comme une source locale. Bien sûr l’enfouissement aide au niveau local pour éviter des pannes très circonscrites. Toutefois le problème se situe généralement entre la source qui produit l’énergie et sa destination finale en passant par les indispensables postes de distribution. Il faut aussi tenir compte du possible besoin de délestage, afin de ne pas surcharger un circuit remis en service par un système de rééquilibrage.

http://www.hydroquebec.com/comprendre/transport/construction-poste/

On dirait une réponse de porte-parole d’Hydro-Quebec.

La réalité est que les quartiers TMR et Outremont ont la majorité de leurs lignes enfouies, pourtant ils sont en panne à 100%. Ce sont deux quartiers parmi les plus touchés. C’est comme si les quartiers avec lignes aériennes sont mieux connectés au réseau que là où c’est en souterrain…

Google Photos

Le texte est de mon cru mais les liens sont effectivement d’H-Q.

Parce que l’électricité n’est pas produite dans ces quartiers, pas plus que dans les autres quartiers avoisinants. Elle est acheminée de l’extérieur de la ville par des circuits indépendants pour chaque secteur. Alors même si toute la ville de Montréal avait ses fils enfouis, les pannes générales se produiront tout de même à chaque fois qu’il y aura un bris entre une source quelconque, son relais et sa destination.

La seule différence est qu’il serait plus rapide de rebrancher tout le monde puisque les fils ne seraient plus coupés par des branches et les pannes locales beaucoup moins répandues.

L’article que j’ai publié plus haut parle justement du manque d’entretien du réseau, ce qui explique sa vulnérabilité. Alors comme dans le dossier des routes et infrastructures, c’est bien beau d’investir dans du neuf, mais si on entretien mal ce qui existe déjà, on aura davantage de problèmes et ils seront plus couteux à réparer avec le temps.

Gaz à effet de serre Les émissions du Canada repartent à la hausse

PHOTO DAN RIEDLHUBER, ARCHIVES REUTERS

Le Canada est le 10e plus grand émetteur de GES de la planète, avec 1,6 % des émissions mondiales.

Les émissions de gaz à effet de serre (GES) du Canada sont reparties à la hausse en 2021, deuxième année de la pandémie, montrent les plus récentes données officielles.

Publié à 12h00

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Jean-Thomas Léveillé
Jean-Thomas Léveillé La Presse

Le Canada a émis 670 millions de tonnes d’équivalent de dioxyde de carbone (Mt éq. CO2) cette année-là, contre 659 Mt en 2020, indique le sommaire du Rapport d’inventaire national publié par Ottawa, vendredi, à la veille de la date limite du 15 avril pour le présenter à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques.

Cette hausse de 1,8 % est attribuable essentiellement au secteur des transports et à celui de l’extraction de pétrole et de gaz, dont les augmentations ont été respectivement de 9 Mt (+5 %) et 4 Mt (+4 %), effaçant largement les diminutions enregistrées dans le secteur du chauffage résidentiel et celui de l’agriculture.

À 670 Mt, les émissions de GES du Canada de 2021 demeurent toutefois inférieures à leur niveau prépandémique ; elles avaient été de 724 Mt en 2019.

Elles sont également inférieures de 8,4 % aux 732 Mt émises en 2005, année de référence utilisée par le Canada pour calculer son engagement de réduction de 40 à 45 % d’ici 2030.

Le sommaire du Rapport d’inventaire national souligne que « l’intensité » des émissions de l’économie canadienne, soit la quantité de GES émise selon l’évolution du produit intérieur brut (PIB) a diminué de 29 % depuis 2005.

« La croissance de l’économie du Canada a été plus rapide que la croissance de ses émissions de GES », explique le document.

Le Canada est le 10e plus grand émetteur de GES de la planète, avec 1,6 % des émissions mondiales, rappelle le document, citant les données du site spécialisé Climate Watch pour 2019.

Le Canada est par ailleurs l’un des plus grands émetteurs de GES par habitant, avec 17,5 tonnes d’équivalent dioxyde de carbone (t éq. CO2) par personne en 2021 ; ce taux était de 22,7 t éq. CO2 en 2005.

Augmentation plus faible que prévu

L’augmentation des émissions de GES du Canada en 2021 est « plus faible que prévu, [ce qui] montre que la croissance économique du Canada continue d’être plus propre et moins polluante qu’auparavant », a déclaré le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, dans un communiqué.

« Des progrès sont en cours, et le Canada s’est montré déterminé dans ses actions pour le climat », a ajouté le ministre, vantant notamment son Plan de réduction des émissions pour 2030.

« Nous avons déjà accompli près du quart de notre objectif de réduction des émissions de 2030 », s’est-il félicité.

En savoir plus

  • 188 millions de tonnes
    quantité de GES émis en 2021 au Canada par le secteur des transports

source : Rapport d’inventaire national 1990 – 2021, Environnement et Changement climatique Canada

300 millions de tonnes
quantité de GES émis en 2021 au Canada par les « sources de combustion fixes »

source : Rapport d’inventaire national 1990 – 2021, Environnement et Changement climatique Canada

Environnement

L’université Concordia carboneutre d’ici 2040

L’université Concordia Photo: Capture d’écran, Twitter

Alexis Drapeau-Bordage

14 avril 2023 à 13h38 - Mis à jour 14 avril 2023 à 13h39 2 minutes de lecture

L’université Concordia a annoncé son projet PLAN/NET‑ZÉRØ, avec comme objectif principal la carboneutralité d’ici 2040.

Pour y parvenir, le recteur de l’université, Graham Carr, souhaite que les deux campus de l’université soient transformés en laboratoires vivants.

«Le concept de laboratoire ouvert permettra de réunir des PME, des entreprises de renommée mondiale, comme Hydro-Québec, des institutions financières, des chercheuses et chercheurs d’autres universités ainsi que de jeunes entreprises du Centre d’innovation et d’entrepreneuriat District 3 de Concordia ou d’Ax-C de Montréal», explique-t-il.

En plus de tenter de stimuler l’innovation, Concordia va réduire ses émissions liées à l’approvisionnement et au transport. Les immeubles constituant la première source de pollution de l’université, ils seront au cœur de la première étape du plan de carboneutralité.

En effet, les bâtiments seront modernisés et l’utilisation de l’électricité y sera optimisée. L’université espère aussi ultimement produire elle-même son énergie verte.

M. Carr espère que Concordia entraînera d’autres universités à adopter un plan pour devenir carboneutre, notamment par les innovations qu’il espère voir naître sur le campus.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a félicité le PLAN/NET‑ZÉRØ de Concordia, soulignant que «cette initiative de transition est l’une des plus ambitieuses au monde» dans une publication Twitter.

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Contrôle des insectes piqueurs : Québec a-t-il écouté la science?

Une enquête de La semaine verte révèle que l’industrie derrière le Bti a mené une campagne auprès du gouvernement du Québec pour faire retirer le principe de précaution dans l’utilisation de ce pesticide utilisé contre les insectes piqueurs.

L’épandage du Bti en forêt.

Photo : Radio-Canada

Maxime Poiré (accéder à la page de l’auteur)

Maxime Poiré

Publié à 4 h 01

Le contrôle des insectes piqueurs au Québec arrive peut-être à la croisée des chemins. Dernièrement, certaines municipalités comme Labelle, Terrebonne, Mont-Saint-Grégoire et Sainte-Perpétue ont cessé le traitement au Bti, un larvicide qui s’attaque à ces insectes.

C’est aussi le cas de Nicolet. Cette ville de 8500 habitants, située dans la région du Centre-du-Québec, n’utilisera plus ce pesticide à partir de cette année.

La mairesse Geneviève Dubois l’affirme sans détour : la biodiversité, l’importance de maintenir les espèces, de ne pas intervenir dans l’environnement, c’est là, c’est réel.

La mairesse de Nicolet, Geneviève Dubois, affirme qu’interdire le Bti permettra à sa municipalité de conserver une meilleure biodiversité pour les générations à venir.

Photo : Radio-Canada

« On essaie de travailler pour les générations à venir. Donc c’est vraiment dans cet esprit-là qu’on a pris la décision. »

— Une citation de Geneviève Dubois, mairesse de Nicolet

Au Québec, ce sont les municipalités qui octroient les contrats d’épandage de Bti. Elles doivent toutefois obtenir un certificat d’autorisation du ministère de l’Environnement qui, jusqu’à tout récemment, l’attribuait après avoir consulté le ministère de la Faune. Depuis la fusion des deux ministères en 2022, c’est l’Environnement qui s’occupe de l’ensemble du processus.

Ces dernières années, de nouvelles recherches ont remis en question l’innocuité du Bti sur la biodiversité. Pour bien des citoyens et des élus, le doute s’est installé et le principe de précaution est devenu une des positions privilégiées comme à Nicolet.

« Est-ce qu’il y aura d’autres réponses qui vont nous conforter dans notre décision ou qui vont nous amener à prendre une autre décision? Je ne le sais pas, mais pour l’instant, le principe de précaution, c’était vraiment de ne pas prendre de risques inutiles par rapport à des réponses qu’on n’a pas. »

— Une citation de Geneviève Dubois, mairesse de Nicolet

Des études démontrent que le Bti modifierait le microbiote intestinal de certains amphibiens.

Photo : Radio-Canada

L’adoption du principe de précaution sur la glace durant deux ans

Le ministère de l’Environnement devrait rendre publiques dans les prochains jours une revue de littérature scientifique et la nouvelle orientation du Québec sur le Bti. Le principe de précaution y serait présent, ce qui aiderait les fonctionnaires et les municipalités à prendre des décisions éclairées. L’enjeu est de taille. En acceptant d’appliquer ce principe, le Québec deviendrait un précurseur sur la planète en matière d’encadrement du Bti.

Mais la partie n’a pas été facile pour en arriver à cette décision. Grâce à l’accès à l’information, La semaine verte a pu refaire le fil des événements qui se sont déroulés dans ce dossier.

Déjà en 2020, des scientifiques de l’ancien ministère de la Faune avaient préparé une revue de littérature scientifique de près de 200 pages à propos du Bti. L’étude avait été révisée par 10 scientifiques et semblait pratiquement prête à être publiée. Le principe de précaution s’y trouvait à ce moment, comme en fait foi cet extrait :

À la lumière des résultats de l’analyse de l’information scientifique, qui montre qu’il n’y a pas toujours consensus, et par principe de précaution, il est recommandé d’éviter ou de minimiser les épandages surtout dans les habitats essentiels des espèces menacées et vulnérables, ainsi que dans les aires naturelles protégées.

Cette bible devait servir de cadre aux décideurs sur la politique à adopter face au Bti. Mais, durant les deux dernières années, rien n’a bougé parce que l’étude semble avoir été tablettée.

Comment l’expliquer?

Notre enquête a permis de constater que GDG Environnement, la principale entreprise qui réalise des traitements au Bti au Québec, a engagé le cabinet de relations publiques National pour effectuer des démarches officielles de lobbying auprès du ministère de la Faune. Ensemble, ils ont tenté de convaincre Québec de ne pas inclure le principe de précaution dans les documents gouvernementaux.

Des échanges de courriels permettent de voir que l’industrie a eu un accès direct au sous-ministre à la Faune Mario Gosselin.

Dès septembre 2020, ce dernier organise une rencontre entre son ministère, GDG et National.


Dans un courriel, il est écrit que l’industrie y offre sa collaboration :

« M. Gosselin

Mes collègues et moi vous remercions pour l’excellente réunion de cet après-midi.

Nous comprenons également que vous souhaitez renforcer notre collaboration, déjà excellente, et c’est notre souhait aussi. À cet égard, je réitère notre offre à l’effet de mettre à votre service une expérience pratique de plus de 40 ans en contrôle biologique et de participer plus étroitement à l’appréciation des études et de la nouvelle analyse entourant l’usage du Bti. »


Dans un autre échange, daté du 6 novembre 2020, GDG explique ce qui devrait être retiré des documents :

« […] les principaux points où les opinions divergent grandement sont :

1- Le principe de précaution (il n’y pas de risque grave et irréversible alors pourquoi maintenir une section sur le sujet)? »


La même journée, dans un courriel, un représentant de National interpelle le sous-ministre.

« Je crois comprendre que les discussions ne vont pas du tout dans le sens souhaité. Nous souhaitons avoir à nouveau un entretien avec vous dans les plus brefs délais. »


Cinq jours plus tard, le gouvernement accepte de remettre à l’industrie une partie sensible de l’étude, celle sur le principe de précaution, afin d’obtenir son avis.

« Nous avons l’autorisation de vous transmettre la section pour obtenir vos commentaires. »


Le 15 avril 2021, l’industrie revient à la charge. National relance le sous-ministre et lui demande de refaire ses devoirs et de réaliser une deuxième révision de l’étude par d’autres scientifiques.

« Bonjour M. Gosselin, j’espère que vous allez bien. Pourriez-vous me mettre à jour sur vos intentions concernant notre demande de révision de la revue de la littérature sur le Bti effectuée par le MFFP par des pairs Québécois. »


La réponse de Québec arrive le lendemain matin.

« Une révision des documents sera réalisée (revue de littérature et orientation). Nous n’entendons donc pas diffuser ces documents à court terme, le temps que cette révision soit réalisée. »


Mais deux mois plus tard, en juin 2021, le dossier ne semble pas prendre le chemin voulu par GDG. La compagnie adresse alors directement une lettre au ministre Pierre Dufour, responsable de la Faune à l’époque.

« Je souhaite que vous m’apportiez un éclairage sur une situation difficilement compréhensible et justifiable dont le théâtre est votre ministère. »

La revue de littérature scientifique et les fonctionnaires sont sévèrement critiqués par l’industrie.

« Ce document n’a ni le titre, ni l’impartialité d’une revue de la littérature. Le traitement à la pièce d’études, l’interprétation des auteurs et les formulations tendancieuses utilisées éloignent le lecteur de toute forme d’impartialité. Les auteurs dénigrent toutes les études en faveur du Bti, et citent les chercheurs associés à celle-ci avec un manque flagrant d’éthique, ne donnant foi qu’aux études qui cadrent avec leurs convictions et non avec la neutralité de la science. »

La lettre se poursuit :

« Difficile d’expliquer une telle attitude autrement que par un parti pris idéologique et pamphlétaire. »

Pour se conclure ainsi :

« Nous comptons sur vous, Monsieur le Ministre, pour remettre de l’ordre et de la cohérence dans ce dossier. »


Ce sont les derniers échanges auxquels nous avons eu accès.

Le Bti tue les insectes piqueurs comme les moustiques.

Photo : Radio-Canada

Un retard justifié?

Est-ce que les démarches de l’industrie ont porté leurs fruits? Ce qui est clair aujourd’hui, c’est que la mise en place d’une nouvelle politique québécoise quant à l’utilisation du Bti a pris beaucoup de retard.

Nous avons voulu connaître la position de GDG, mais la compagnie a refusé de nous accorder une entrevue. C’est par courriel qu’elle nous a répondu :

« Nos intentions à l’égard des rencontres avec le gouvernement étaient simplement d’offrir un regard fondé sur de nombreuse [sic] années d’expertise opérationnelle adaptée aux domaines bioclimatiques québécois et ce, dans le but d’approfondir et de parfaire la maîtrise sur le sujet. »

— Une citation de Richard Vadeboncoeur, vice-président, développement des affaires, GDG Environnement

Nous avons demandé au ministre de l’Environnement, qui est désormais responsable de la Faune, de nous expliquer si les lobbyistes de l’industrie du Bti avaient réussi à influencer le processus décisionnel.

Benoit Charette a d’abord accepté de répondre à nos questions avant de faire volte-face.

C’est quoi le Bti?

Le Bti, de son nom scientifique Bacillus thuringiensis israelensis, est considéré comme un pesticide biologique parce que la seule bactérie qui le compose vit naturellement dans les sols.

Ce larvicide est épandu sur l’eau, là où pondent les moustiques et les mouches noires. Il tue alors les larves de ces insectes piqueurs avant qu’elles ne se transforment en adultes.

Depuis plus de 40 ans, le Bti a remplacé graduellement la plupart des insecticides chimiques sur la planète. Dans plusieurs pays, il contribue à sauver des vies là où certains insectes sont des vecteurs de maladies. Chez nous, il est principalement utilisé pour contrôler la nuisance causée par les insectes piqueurs.

Dans un reportage présenté en 2020, La semaine verte révélait que des études menées en Europe démontreraient que le Bti tue aussi d’autres insectes, non piqueurs ceux-là, et qu’il pourrait avoir des impacts sur des animaux qui vivent dans ou près des écosystèmes traités.

Le reportage de Maxime Poiré et de Michel R. Poirier est diffusé à l’émission La semaine verte le samedi à 17 h et le dimanche à 12 h 30 sur ICI TÉLÉ. À ICI RDI, ce sera le dimanche à 20 h.

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Le défi du stockage de l’énergie

ILLUSTRATION LA PRESSE

Le stockage de l’énergie est devenu un élément crucial de la transition énergétique.

Les énergies renouvelables, comme l’éolien et le solaire, ne sont pas toujours fiables. Le stockage de l’énergie est donc devenu un élément crucial de la transition énergétique, ont rapporté des conférenciers au congrès annuel de l’Association américaine pour l’avancement des sciences (AAAS), début mars à Washington.

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Mathieu Perreault
Mathieu Perreault La Presse

(Washington) Six objectifs

Une diminution de 90 % du coût du stockage de l’énergie d’ici 2030. C’est l’un des six objectifs annoncés en 2021 par le département américain de l’Énergie pour la transition énergétique. Ce sont des « Earthshots », en référence aux « Moonshots », une expression désignant les projets ambitieux, à la limite du farfelu.

Au congrès de l’AAAS, la sous-secrétaire à la science du département, Geraldine Richmond, a mis l’accent sur ce dossier. « Si on inclut l’hydrogène, le tiers de nos Earthshots concernent le stockage de l’énergie renouvelable, n’est-ce pas extraordinaire ? », a dit la chimiste du Kansas, avec une verve peu commune chez une scientifique.

Plus d’un demi-milliard de dollars américains seront consacrés dans les prochaines années à une dizaine de technologies de stockage à long terme – soit plus de 10 heures – de l’énergie. Elles vont du pompage de liquides dans des réservoirs surélevés au chauffage de solides. L’amélioration des batteries est aussi au menu, avec des investissements de 6 milliards US. L’Earthshot de l’hydrogène vise à réduire de 80 %, à 1 $ US par kilo, le prix de l’hydrogène produit à partir d’énergies renouvelables.

Le cas de l’Alaska

Au printemps dernier, Mme Richmond a visité deux projets d’énergie solaire à Kotzebue et Utgiagvik, des villages côtiers de l’Alaska. L’énergie y est stockée dans des batteries pour assurer une alimentation continue. « Quand ces communautés étaient alimentées par des génératrices au diesel, il y avait toujours un bruit de fond, nuit et jour, a dit Mme Richmond. Imaginez le changement [sans ce bruit] ! On ne parle pas seulement de transition énergétique, c’est vraiment une question de qualité de vie. »

Les autres Earthshots

  • Réduire de 85 % les émissions liées au chauffage industriel nécessaire au traitement des matériaux, par exemple à la production de plastiques et de métaux.
  • Réduire à 100 $ US par tonne le captage et le stockage du CO2 atmosphérique.
  • Réduire de 90 %, à 45 $ US par mégawattheure, le coût de l’énergie géothermique.
  • Réduire de 95 %, à 45 $ US par mégawattheure, le coût de l’énergie éolienne marine.

La piste de l’ammoniac

Deux conférenciers d’une séance sur le stockage de l’énergie du congrès de l’AAAS se spécialisent dans l’ammoniac, une molécule composée d’azote et d’hydrogène qui est gazeuse mais facilement liquéfiable.

« À mon avis, c’est le carburant de l’avenir », a expliqué Bill David, de l’Université d’Oxford, en Angleterre. « J’ai travaillé au départ sur les batteries, mais j’ai bifurqué vers le stockage sous forme gazeuse, parce que c’est la seule manière de conserver les infrastructures actuelles de transport et d’utilisation de l’énergie. »

PHOTO TIRÉE DU SITE WEB DE L’UNIVERSITÉ D’OXFORD

Bill David avec son réacteur d’ammoniac

J’ai commencé avec l’hydrogène, mais quand j’ai réalisé le potentiel de l’ammoniac, ça m’a renversé. Non seulement on a un carburant sans gaz à effet de serre, mais aussi on élimine les émissions liées à la production actuelle d’ammoniac.

Bill David, de l’Université d’Oxford

M. David a présenté le réacteur de production d’ammoniac qu’il a conçu. Un chimiste de l’Université Monash en Australie, Alexandr Simonov, est allé encore plus loin : il pense arriver en 2025 à produire commercialement, avec son entreprise JupiterIonics, de l’ammoniac à partir de l’énergie solaire et de l’électrolyse de l’eau. « En trois ans, nous avons amélioré le processus par un facteur de dix, a dit M. Simonov. Imaginez ce qui sera possible dans les prochaines années. »

De nouveaux engrais

L’ammoniac est utilisé actuellement pour fabriquer des engrais, grâce à un procédé très énergivore inventé il y a un siècle, Haber-Bosch. « Haber-Bosch a permis de révolutionner l’agriculture, mais ses températures élevées et la nécessité d’utiliser de l’hydrogène provenant de méthane sont un gros problème, dit M. Simonov. Je crois que d’ici deux décennies, nous pourrons produire des engrais à partir d’énergies renouvelables pour moins cher que Haber-Bosch. Ça va être plus lent que l’utilisation de l’ammoniac comme carburant, mais ça va venir. »

Quand pourra-t-on remplacer Haber-Bosch par l’ammoniac « vert » ? « On peut penser que d’ici 2030, on pourra introduire des petites unités de production d’ammoniac vert pour les régions mal desservies par les transports, par exemple en Afrique », a dit le chimiste d’origine russe.

L’exemple de Singapour

PHOTO TIRÉE DU SITE WEB DU PORT DE SINGAPOUR

Impression d’artiste d’un navire alimenté à l’ammoniac

M. Simonov a offert une preuve de l’avenir doré de l’ammoniac vert : une entreprise de Singapour a commencé à travailler sur le premier porte-conteneurs alimenté à l’ammoniac. Le Port de Singapour a signé une entente de design l’été dernier avec les chantiers maritimes Hyundai pour une ligne de navires alimentés à l’ammoniac.

PHOTO TIRÉE DU SITE WEB DE VOPAK

Les deux premiers réservoirs d’ammoniac de Vopak à Singapour

La multinationale de stockage de liquides et de gaz industriel Vopak de Singapour a pour sa part commencé à construire, dans le port asiatique, des réservoirs d’ammoniac en prévision de cette transition. « L’ammoniac est meilleur comme carburant que l’hydrogène, parce qu’il est liquide à une pression 10 fois inférieure, dit M. Simonov. On peut aussi le liquéfier à -30 °C, alors que pour l’hydrogène, c’est proche du zéro absolu [NDLR : -273 °C]. Alors on peut concevoir des réservoirs sécuritaires pour les voitures, par exemple. » Les dérivés de l’ammoniac ne sont-ils pas des polluants importants des voitures ? « Oui, mais il existe des catalyseurs pour les enlever des gaz d’échappement », dit M. Simonov.

En savoir plus

  • 10 GWh
    Quantité de stockage d’énergie installée en 2020 dans le monde

SOURCE : AGENCE INTERNATIONALE DE L’ÉNERGIE

1200 GWh
Quantité de stockage d’énergie installée prévue pour 2030 dans le monde

SOURCE : AGENCE INTERNATIONALE DE L’ÉNERGIE

  • 160 millions de tonnes
    Production d’ammoniac dans le monde

source : chemical and engineering news

500 millions de tonnes
Émissions mondiales de gaz à effet de serre liées à la production d’ammoniac

source : chemical and engineering news

  • 1 %
    Proportion de l’énergie mondiale qui est destinée à la production d’ammoniac

source : chemical and engineering news

Redevance sur des articles à usage unique La « radicalité douce » de Prévost

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Vue aérienne de Prévost

En avril 2022, la petite municipalité de Prévost, dans les Laurentides, est devenue la première au Québec à créer une redevance sur certains articles à usage unique, dont les gobelets à café, les petites bouteilles d’eau et les bidons de lave-glace. Un an plus tard, elle commence à financer des projets avec les sommes récoltées, mais a hâte que d’autres villes l’imitent. Un dossier d’Ariane Krol

Publié à 5h00

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Ariane Krol
Ariane Krol La Presse

(Prévost) « On n’est pas une ville d’hurluberlus »

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Daniel Moranville, copropriétaire du microtorréfacteur Kohi, montrant le pot en verre consigné dans lequel il vend ses cafés à emporter.

Dans son local tout blanc situé sur le chemin du Lac-Écho, Daniel Moranville, copropriétaire du microtorréfacteur Kohi, vend des centaines de cafés à emporter par mois. Mais il ne facture pas l’éco-contribution de 0,10 $ par gobelet exigée par la municipalité.

Il y a un an, le commerce a remplacé ses verres jetables par des pots en verre coiffés d’un couvercle noir. Assez étroits pour se glisser dans un porte-gobelet d’auto, ils ne lui coûtent que 0,98 $ l’unité, ce qui permet d’offrir un contenant consigné à seulement 1 $.

« Avant, on passait environ 1000 verres en carton par mois, donc on a économisé au moins 12 000 verres en carton », estime M. Moranville, qui est également bassiste du chanteur country Matt Lang.

« On a sauvé des milliers de dollars », ajoute sa conjointe et copropriétaire, Marie-Andrée Plouffe.

Le couple a découvert ces pots au Bar Nine, un café de Los Angeles qui a popularisé le mot-clic #glassrevolution sur les réseaux sociaux. Kohi a obtenu une subvention municipale de 750 $ pour couvrir une partie du coût de ses 2200 premiers pots.

« C’est un exemple de projet qui pourrait être financé avec le Fonds pour la consommation responsable », dit le maire Paul Germain, rencontré à l’hôtel de ville.

Dans ce bâtiment aux murs extérieurs truffés de pierres qui lui confèrent un air montagnard, la municipalité de 14 000 habitants a entamé sa propre révolution.

« Je parle d’une radicalité douce », précise le maire.

La Ville a d’abord interdit trois articles en plastique à usage unique (pailles, touillettes à café et cotons-tiges) en septembre 2021. En mai 2022, elle a imposé une condition à la vente de bouteilles d’eau non gazeuse et de bidons de lave-glace : offrir aussi un système de remplissage en vrac. Et depuis juillet dernier, les commerçants doivent facturer une redevance de 0,10 $ à 0,50 $ sur six types d’articles à usage unique, dont les bouteilles d’eau plate de moins de 750 millilitres et les verres à café.

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« Le projet de départ couvrait toutes les boissons gazeuses, tous les jus. On a été à l’écoute, on a fait énormément de concessions. On n’est pas une ville d’hurluberlus, on a travaillé correctement », assure M. Germain.

Une redevance qui porte ses fruits

Pour compenser les frais de gestion des marchands qui ont à percevoir et à remettre la taxe, le règlement leur accorde un pourcentage de la redevance, qui était plus élevé durant les six premiers mois d’implantation.

À partir de la deuxième année, les redevances rapporteront « autour de 75 000 $ » net par an au Fonds pour la consommation responsable (FCR), estime la Ville.

Les premières initiatives financées par ce fonds, totalisant plus de 40 000 $, viennent d’être annoncées. Un projet d’implantation de vaisselle réutilisable pour la restauration, un service d’accompagnement pour des familles désireuses de réduire leurs déchets, la fourniture de composteurs résidentiels à prix réduit ainsi que des subventions pour installer deux stations de lave-glace en vrac ont été approuvés par le conseil municipal mardi dernier.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Distributrice de lave-glace en vrac dans une station-service de Prévost

« Des projets qui vont avoir un effet de réduction sur les matières résiduelles », explique le maire. Et la réduction du volume de gobelets et autres articles frappés d’une redevance ? Pour mesurer l’effet, la Ville suivra les rapports des marchands.

« La durée d’utilisation d’un bidon de lave-glace, c’est trois minutes, et ça surcharge nos centres de recyclage », note le maire, qui espère que l’éco-contribution de 0,50 $ par bidon incitera à la consommation en vrac. Et si jamais le 0,10 $ par petite bouteille d’eau n’a pas d’effet sur les achats, « il aura un impact dans d’autres projets », fait-il valoir.

Si ce type d’éco-contribution déplaît à des associations de marchands, à Prévost, elle semble s’être fondue dans le paysage, a constaté La Presse cette semaine.

Malgré les nombreuses affiches et la mention de l’éco-contribution de 0,10 $ par gobelet sur les factures, aucun des quatre clients assis chez Tim Hortons lors de notre passage n’avait remarqué la mesure. « Vous m’apprenez quelque chose ! », s’est exclamé l’un d’eux.

Certains commerces, comme les Couche-Tard, intègrent les éco-contributions dans les prix affichés, de sorte qu’elles n’apparaissent pas sur les factures. C’est aussi l’approche des frères Raymond, copropriétaires du café-boulangerie Les Moulins La Fayette. « Il faut le gérer, mais on est deux gars de 37 ans : quand la contrainte est positive et qu’elle a un objectif humble et bon pour tous, je pense que ça vaut la peine », a commenté Marc-André Raymond, joint au téléphone.

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Le café-boulangerie Les Moulins La Fayette, à Prévost

Aux clients qui se plaignent, on montre les affiches explicatives fournies par la Ville, nous ont mentionné des caissiers d’autres commerces, qui n’étaient pas autorisés à parler au nom de leurs employeurs. C’était beaucoup plus fréquent « en juillet, quand ça a commencé », a témoigné l’une d’elles. Les clients qui n’ont pas un besoin urgent peuvent acheter leurs articles à Saint-Jérôme, à une douzaine de kilomètres, mais avec « le prix du gaz, aussi bien les payer ici », a commenté une autre.

En ce beau jeudi ensoleillé, les stations de lave-glace en vrac étaient désertes. Aux tarifs affichés (1,25 $ à 1,79 $ le litre, taxes incluses), y remplir un contenant de 3,78 litres nous aurait coûté entre 4,73 $ et 6,77 $. Plus cher que les prix affichés pour un bidon dans certaines chaînes de la province, mais moins que le prix exigé dans un des dépanneurs de Prévost pour un bidon (7,46 $, taxes incluses…).

Un modèle qui tarde à se répandre

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Daniel Moranville, copropriétaire du microtorréfacteur Kohi, montrant le pot en verre consigné dans lequel il vend ses cafés à emporter.

La redevance imposée par Prévost sur certains articles à usage unique est « une mesure super intéressante dans son application », estime l’économiste Alexandre Ainsley, consultant principal chez Aviseo Conseil, qui a récemment donné une formation sur l’écofiscalité à l’Union des municipalités du Québec (UMQ).

« D’un côté, on vient mettre un signal de prix pour le consommateur, et de l’autre côté, on lui donne des options en finançant des alternatives plus durables. On finance l’élimination des matières résiduelles, mais également les initiatives des commerces », a expliqué M. Ainsley en entrevue téléphonique.

Des associations de commerçants ne partagent pas son enthousiasme.

« Ça devient compliqué parce que les systèmes de caisses des bannières ne sont pas équipés pour faire ce type de manipulation localement », déplore le porte-parole de l’Association des détaillants en alimentation du Québec (ADAQ), Stéphane Lacasse. Même son de cloche à l’Association Restauration Québec (ARQ), qui craint « que [ses] membres reçoivent des sanctions parce des employés ont oublié de poinçonner des éco-contributions », indique le porte-parole, Martin Vézina.

En plus, on a une crainte que des municipalités commencent à faire des règlements de ce genre chacune de leur côté et qu’on se retrouve avec une courtepointe réglementaire.

Martin Vézina, porte-parole de l’ARQ

Aucune municipalité n’a encore emboîté le pas à Prévost. « On a beaucoup d’appels », nous a toutefois indiqué le maire Paul Germain.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Le maire de Prévost, Paul Germain

À Mascouche, dans Lanaudière, le dépôt d’un projet de règlement « est prévu au cours des prochaines semaines », nous a indiqué la porte-parole de la Ville, Isabelle Gagné, par courriel. Dans la ville voisine de Terrebonne, un tel règlement « est toujours en développement », nous a écrit une porte-parole, Marie-Ève Courchesne. Les montants et objets visés restent à déterminer.

En attendant, les deux municipalités ont interdit une série d’articles en plastique, dont des pailles, ustensiles et contenants, avec une période de transition jusqu’en septembre prochain, et lancé une campagne commune1.

La Ville de Vancouver, par contre, vient d’éliminer son éco-contribution sur les gobelets de café jetables, soulignent les deux associations de commerçants québécoises. « Vancouver l’avait imposée pour un changement de comportement qui ne s’est pas fait : ils se sont rendu compte que les gens payaient, et c’est tout », dit Stéphane Lacasse, de l’ADAQ.

À partir du 1er mai, les commerçants de Vancouver n’auront plus à percevoir les écofrais de 0,25 $ par verre à usage unique qui étaient imposés depuis le 1er janvier 2022.

« Les entreprises et résidants nous ont dit haut et fort que ce frais était inefficace », a déclaré la conseillère qui a recommandé l’abolition, Rebecca Bligh, dans un communiqué.

Aucune donnée n’a cependant encore été publiée sur le résultat de cette expérience.

PHOTO FOURNIE PAR ALEXANDRE AINSLEY

Alexandre Ainsley, économiste et consultant principal chez Aviseo Conseil

L’objectif d’une écotaxe n’est pas nécessairement le changement de comportement. Il peut être d’internaliser les coûts de gestion de la pollution afin que la personne qui pollue paie pour cette pollution. Ainsi, une mesure peut être efficace sans modification comportementale.

Alexandre Ainsley, économiste et consultant principal chez Aviseo Conseil

Sur les 25 commerçants de Prévost sujets à l’éco-contribution sur les gobelets de café, petites bouteilles d’eau et autres articles à usage unique, un seul refuse de la percevoir, nous a dit le maire. « Je ne veux pas l’identifier parce que ça risque de braquer tout le monde et que mon but, c’est la réussite. »

Le règlement municipal prévoit des amendes de 1000 à 2000 $, pouvant aller jusqu’à 4000 $ en cas de récidive. « On n’en est pas là, on est en mode persuasion. On travaille en gestion de changement, on n’est pas dans une optique de confrontation. »

Sur 14 000 habitants, la Ville a reçu « quatre plaintes, dont un citoyen qui n’habite pas la municipalité », affirme-t-il.

Consciente que les villes s’inspirent les unes des autres, Prévost a publié et vulgarisé sa réglementation sur son site web2. Elle avait aussi installé de l’affichage l’an dernier, avec des slogans comme « Tout le Québec sera un peu plus vert. De jalousie. »

« On a hâte que d’autres nous imitent. C’est sûr que si c’était panprovincial, ce serait plus facile », reconnaît Paul Germain.

1. Consultez le site web non-merci.ca

2. Consultez le site web eco-choix.ca

En savoir plus

  • 40 000
    Nombre de contenants de lave-glace utilisés annuellement sur le territoire de Prévost

SOURCE : VILLE DE PRÉVOST, DONNÉES DIFFUSÉES AVANT L’ADOPTION DU RÈGLEMENT SUR L’ÉCO-CONTRIBUTION

270 000
Nombre de cafés en verres jetables achetés annuellement chez les commerçants de Prévost

SOURCE : VILLE DE PRÉVOST, DONNÉES DIFFUSÉES AVANT L’ADOPTION DU RÈGLEMENT SUR L’ÉCO-CONTRIBUTION

  • 507
    Nombre de commerces qui auraient à facturer l’éco-contribution que Terrebonne et Mascouche prévoient imposer sur certains articles à usage unique. Ils seraient 367 à Terrebonne et environ 140 à Mascouche.

SOURCES : VILLE DE TERREBONNE, VILLE DE MASCOUCHE

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Quand nos décideurs voient vert

PHOTO PHIL MCLACHLAN, ARCHIVES REUTERS

Justin Trudeau présente des éléments du budget qui prévoit des sommes sans précédent pour les technologies vertes, à Victoria, en Colombie-Britannique, le 11 avril.


Philippe Mercure
Philippe Mercure La Presse

Nos décideurs se sont-ils mis à voir la vie en vert tous en même temps ?

Publié hier à 5h00

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Au cours des dernières semaines, on a en tout cas assisté à un nombre étonnant d’annonces à saveur environnementale.

Il est trop tôt pour affirmer qu’on est face à un véritable virage. Et compte tenu de l’ampleur des problèmes, il faut réaffirmer que nos actions environnementales sont encore loin d’être suffisantes. On n’a qu’à lire le dernier rapport du GIEC pour s’en convaincre.

Il reste qu’en lisant les journaux depuis deux ou trois semaines, on constate que l’environnement est résolument présent sur l’écran radar des autorités. C’est réjouissant et il faut le souligner.

Parmi la liste de signes encourageants, le plus important vient évidemment d’Ottawa, où le dernier budget a promis des sommes sans précédent pour les technologies vertes.

Pendant ce temps, Laval, Gatineau et Victoriaville viennent d’adopter des plans climatiques ambitieux soutenus par Québec à coups de dizaines de millions.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, ARCHIVES LA PRESSE

Bruno Marchand, maire de Québec, Valérie Plante, mairesse de Montréal et France Bélisle, mairesse de Gatineau. Plusieurs villes viennent d’adopter des plans climatiques ambitieux

À Québec, on prévoit transformer des voies de circulation automobile et des espaces de stationnement en pistes cyclables quatre saisons. C’est d’autant plus encourageant que l’initiative n’est pas accueillie avec une volée de bois vert. On entend bien une certaine opposition, mais elle semble moins vive que lorsque Valérie Plante planifiait l’implantation du Réseau express vélo (REV) sur Saint-Denis (qui s’avère finalement un franc succès).

À Montréal, des restaurateurs et des commerçants proposent maintenant des contenants consignés à leurs clients depuis que plusieurs articles de plastique à usage unique sont interdits1.

Le gouvernement Legault a (enfin !) haussé les redevances sur l’eau. Hydro-Québec a (enfin !) annoncé vouloir augmenter ses cibles d’efficacité énergétique. Énergir promet désormais de fournir du gaz naturel renouvelable, donc produit à partir de matière organique, à tous ses nouveaux clients.

Et le 1er avril, le prix sur le carbone imposé par le fédéral a continué de progresser pour atteindre 65 $ la tonne (cette redevance ne s’applique toutefois pas au Québec, qui possède son propre marché du carbone). Le gouvernement Trudeau vient même d’agir pour compliquer la vie d’un futur gouvernement qui voudrait abolir cette taxe nécessaire2.

On peut reprocher toutes sortes de choses aux mesures annoncées. Plusieurs sont effectivement imparfaites et il est important de le relever.

Le budget fédéral, par exemple, contient 13 fois l’expression « stockage du carbone », une technologie hasardeuse qui n’a jamais fait ses preuves et qui fait miroiter le mirage du pétrole propre. Son soutien par le fédéral fera pleuvoir des millions en subventions sur des entreprises pétrolières qu’on devrait au contraire sevrer des fonds publics.

En revanche, l’expression « efficacité énergétique » ne figure qu’une seule fois dans le budget, alors qu’il s’agit de la toute première étape de la transition énergétique.

Il y a pourtant une industrie à créer là : aux États-Unis, en 2020, le secteur de l’efficacité énergétique employait quatre fois plus de personnes que celui des énergies renouvelables, selon le département de l’Énergie américain⁠3.

La décision d’Énergir de fournir à ses nouveaux clients uniquement du gaz naturel renouvelable est intéressante. Nous avons déjà dénoncé dans ces écrans le fait que l’on continue à installer de nouveaux systèmes de chauffage fonctionnant aux combustibles fossiles au Québec. On peut toutefois se demander si ce gaz ne devrait pas être dirigé en priorité vers des secteurs plus difficiles à électrifier.

À Montréal, l’interdiction des tasses, des verres, des pailles, des ustensiles et des bâtonnets pour café en plastique ne précipitera pas l’industrie du plastique vers la faillite. Le volume de plastique concerné est très limité et certains fabricants ont déjà trouvé des moyens de contourner les règlements avec d’autres matériaux comme l’acide polylactique, impossible à recycler et à composter dans nos installations actuelles.

Malgré ces bémols, on constate qu’il y a du mouvement et ça fait du bien. Surtout qu’on observe un effet d’entraînement qui, on l’espère, fera boule de neige.

Si Justin Trudeau a débloqué 83 milliards de dollars canadiens pour soutenir les énergies propres, c’est parce qu’au sud de la frontière, Joe Biden a promis 369 milliards US dans son Inflation Reduction Act.

François Delorme, qui enseigne l’économie à l’Université de Sherbrooke, répond d’ailleurs à ceux qui trouvent que la réponse canadienne est timide par rapport aux dépenses américaines que ces montants représentent 3 % du PIB au Canada contre 1,4 % aux États-Unis.

Il est aussi intéressant d’observer que le maire de Québec Bruno Marchand a justifié les nouvelles pistes cyclables qu’il veut aménager dans sa ville en parlant de celles qu’il a vues à Copenhague et en brandissant le succès du REV à Montréal.

Cette émulation n’a que du bon.

On aime aussi voir nos élus intervenir pour hausser les redevances sur l’eau ou interdire certains objets de plastique. Cela prépare nos administrations à mener des combats pour l’environnement.

La théorie des petits pas ne rallie pas tout le monde. Mais s’il faut se méfier du jovialisme, on doit aussi éviter le cynisme. Des avancées sur lesquelles on peut construire éclosent ici et là. Il faut les applaudir et travailler à ce que les initiatives ponctuelles se multiplient jusqu’à devenir la norme.

1. Lisez l’article « Interdiction du plastique à usage unique : des commerces misent sur les contenants consignés »

2. Lisez l’éditorial « La taxe carbone est là pour de bon »

3. Consultez l’article « Chart : Surprise ! Energy efficiency is the climatetech employment giant » (en anglais)

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Saguenay–Lac-Saint-Jean Des coupes forestières dans un projet d’aire protégée

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Des coupes ont été autorisées par Québec dans des massifs forestiers à proximité du réservoir Pipmuacan, une zone fréquentée par le caribou forestier.

Des coupes forestières ont été effectuées et d’autres sont planifiées dans de vieilles forêts du Saguenay–Lac-Saint-Jean faisant partie d’un projet d’aire protégée autochtone et fréquentées par des caribous forestiers, une décision du gouvernement Legault qualifiée de « provocation » et d’« affront » par des observateurs, qui craignent qu’elle mette le feu aux poudres.

Publié à 5h00

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Jean-Thomas Léveillé
Jean-Thomas Léveillé La Presse

Le ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF) a récemment autorisé des coupes dans des massifs forestiers situés au sud du réservoir Pipmuacan, dans la « programmation annuelle des activités de récolte 2023-2024 » – la PRAN, dans le jargon forestier –, en dépit de l’engagement pris devant la communauté internationale par le premier ministre François Legault, en décembre, de créer de nouvelles aires protégées, notamment d’initiative autochtone, et à l’approche de la publication de la stratégie de rétablissement du caribou du gouvernement québécois.

CARTE FOURNIE PAR LE CONSEIL DES INNUS DE PESSAMIT

Les données du ministère des Ressources naturelles et des Forêts montrent que les coupes autorisées pour 2023-2024 (en orangé), ainsi que celles autorisées en 2022-2023 (en rose), de même que les nouveaux chemins forestiers qui seront ouverts (en rouge) se trouvent en grande partie à l’intérieur des limites du projet d’aire protégée Pipmuakan (en vert).

D’autres l’ont été en 2021-2022 et en 2022-2023, dans le même secteur, a également découvert la communauté innue de Pessamit, qui s’insurge de voir le Ministère ignorer sa demande de ne pas procéder à des coupes forestières sur le territoire visé par son projet d’aire protégée Pipmuakan – ici orthographié en innu-aimun, la langue innue.

« Le caribou vit dans ces derniers massifs, qui sont les forêts les plus vieilles de notre territoire », s’est alarmé le vice-chef du Conseil des Innus de Pessamit Jérôme Bacon St-Onge, dans un entretien avec La Presse.

Le Conseil des Innus calcule que 357 hectares (3,57 km⁠2) de forêts matures qui tomberont sous les tronçonneuses se situent à l’intérieur du projet d’aire protégée Pipmuakan, dans un secteur où la présence récente de caribous est confirmée par le suivi télémétrique effectué par le gouvernement québécois.

La superficie pourrait atteindre près de 500 hectares avec d’autres autorisations de coupes à venir dans les prochaines semaines, a indiqué par courriel un ou une porte-parole du ministère des Forêts qui a refusé de s’identifier.

À cela s’ajoutent les quelque 630 hectares où des coupes ont été autorisées et effectuées depuis deux ans dans le territoire du projet d’aire protégée Pipmuakan, a précisé ce représentant ou cette représentante anonyme, portant le total à plus de 1100 hectares (11 km⁠2).

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« Ce n’est pas une erreur pour la récolte prévue dans le projet Pipmuacan », a confirmé un fonctionnaire du ministère des Forêts au Conseil des Innus de Pessamit, dans un courriel que La Presse a pu consulter.

« Tant qu’un territoire donné n’est pas inscrit au registre des aires protégées […] il demeure disponible pour la planification forestière », a justifié Flore Bouchon, attachée de presse de la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina, qui a décliné la demande d’entrevue de La Presse.

Le projet d’aire protégée Pipmuakan a été déposé en novembre 2020, mais il est toujours au stade de l’« analyse », a indiqué Mélina Jalbert, attachée de presse du ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoit Charette.

« Provocation »

Le ministère des Forêts fait de la « provocation » en attribuant délibérément des droits de coupe dans des secteurs de grande valeur écologique susceptibles d’être protégés par le ministère de l’Environnement, accuse le biologiste et ingénieur forestier Louis Bélanger, professeur retraité de l’Université Laval et responsable de la commission forêt chez Nature Québec.

« C’est un affront », ajoute le biologiste Pier-Olivier Boudreault, directeur de la conservation à la section québécoise de la Société pour la nature et les parcs (SNAP), une organisation qui a aidé les Innus de Pessamit à élaborer leur projet d’aire protégée.

« [La communauté] s’est clairement opposée aux coupes dans ce secteur-là », rappelle-t-il, appelant à une intervention de la ministre, voire du premier ministre.

« Ils veulent quoi ? se questionne Louis Bélanger. Ils veulent pousser les Innus à fermer les chemins ? Il leur reste quoi après avoir travaillé de bonne foi ? »

« On va tenir une séance pour voir ce qu’il est possible de faire, indique le vice-chef Jérôme Bacon St-Onge. La cour, un blocus, tout est envisageable. »

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Jérôme Bacon St-Onge, vice-chef du Conseil des Innus de Pessamit

On veut bien croire qu’on est un peuple docile, mais un moment donné, il va falloir que le gouvernement tienne compte des enjeux autochtones.

Jérôme Bacon St-Onge, vice-chef du Conseil des Innus de Pessamit

La situation est d’autant plus « inacceptable » que le gouvernement Legault s’est engagé à la 15e Conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP15), en décembre dernier à Montréal, à protéger 30 % du territoire québécois d’ici 2030, notamment par l’entremise d’aires protégées d’initiative autochtone, rappellent MM. Bélanger et Boudreault.

« Le premier ministre a annoncé ça à la planète », souligne M. Bélanger.

« C’est un bel exemple de l’appareil gouvernemental qui travaille contre lui-même », se désole M. Boudreault, d’autant plus que l’autorisation des coupes intervient alors que Québec doit dévoiler en juin sa stratégie de rétablissement du caribou, dit-il.

La concrétisation immédiate du projet d’aire protégée Pipmuakan avait en outre été recommandée par la Commission indépendante sur les caribous forestiers et montagnards1, mise sur pied par l’ancien ministre des Forêts Pierre Dufour.

Les fonctionnaires de ce ministère « n’écoutent même pas la commission que leur gouvernement a faite », lance Louis Bélanger.

Deux régions, deux approches

Le réservoir Pipmuacan chevauche les régions administratives de la Côte-Nord et du Saguenay–Lac-Saint-Jean, mais c’est seulement du côté du Saguenay–Lac-Saint-Jean que des coupes ont été effectuées et sont prévues.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Le caribou fréquente les massifs forestiers de la forêt boréale comme celui-ci.

Louis Bélanger y voit la preuve de l’influence exercée par les élus municipaux de cette région réunis au sein de l’Alliance forêt boréale, qui pèsent de tout leur poids pour éviter la perte de « possibilités forestières », comme le rapportait l’enquête de La Presse publiée le 11 avril2. « Il y a un lien à faire », dit-il.

L’intérêt de l’industrie forestière a préséance sur l’intérêt public au bureau [du ministère des Ressources naturelles et des Forêts] du Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Louis Bélanger, responsable de la commission forêt chez Nature Québec

La décision d’autoriser ces coupes a d’ailleurs été prise au niveau régional, a indiqué l’attachée de presse de la ministre Blanchette Vézina.

Le ou la porte-parole anonyme du Ministère a pour sa part affirmé qu’il n’y avait pas eu d’influence des élus régionaux sur la décision.

Ottawa « au courant »

Ces coupes dans de vieux massifs forestiers fréquentés par le caribou dérangent le gouvernement fédéral, qui fait pression sur Québec pour mieux protéger le grand cervidé.

« Cette situation doit être réglée », a déclaré Kaitlin Power, attachée de presse du ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault.

Le ministre Guilbeault fait confiance au gouvernement du Québec « pour résoudre le problème », précise Mme Power, qui prévient toutefois qu’il reste prêt « à prendre les mesures qui s’imposent » si nécessaire.

Ottawa laisse planer la menace d’intervenir par décret si les actions de Québec pour protéger les caribous sont insuffisantes à ses yeux.

Le ministre québécois de l’Environnement, Benoit Charette, s’est fait avare de commentaires, rappelant simplement que « la planification des coupes forestières relève du [ministère des Forêts] », a-t-il indiqué dans une déclaration transmise par son attachée de presse, Mélina Jalbert.

La Presse a tenté de joindre la coopérative forestière Forestra, qui a obtenu les droits de coupe en question, en vain.

D’autres coupes à l’étude

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

La rivière Péribonka

Des coupes forestières pourraient être autorisées dans d’autres secteurs fréquentés par le caribou au Saguenay–Lac-Saint-Jean, s’inquiète la communauté innue de Mashteuiatsh. Des « secteurs d’intervention potentiels » ont été ciblés notamment le long de la rivière Péribonka dans la planification des coupes forestières 2023-2028 du ministère des Ressources naturelles et des Forêts, qui a fait l’objet de consultations dans les derniers mois. Certains de ces secteurs sont fréquentés par les caribous, montre le suivi télémétrique du gouvernement. Certains font même l’objet de « mesures intérimaires » qui devraient les mettre à l’abri de toute exploitation forestière en attendant l’élaboration de la stratégie de rétablissement du caribou, déplorent les Innus.

1. Lisez notre article sur le rapport de la Commission indépendante sur les caribous forestiers et montagnards

2. Lisez « Des maires au service de l’entreprise privée ? »

En savoir plus

  • 7 269 000 m⁠3
    Possibilités forestières annuelles pour le Saguenay–Lac-Saint-Jean pour la période 2023-2028 (le volume de bois mis à la disposition de l’industrie par l’État)

SOURCE : FORESTIER EN CHEF DU QUÉBEC

8,6 %
Superficie de territoire protégé au Saguenay–Lac-Saint-Jean (la moyenne québécoise est de 16,75 %)

SOURCE : MINISTÈRE DE L’ENVIRONNEMENT, DE LA LUTTE CONTRE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES, DE LA FAUNE ET DES PARCS

Gaz à effet de serre Le coût économique est cinq fois plus élevé que prévu, soutient le ministre Guilbeault

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Il y a plus de sept ans, une analyse avait estimé que le coût serait d’environ 54 $ par tonne en 2020. M. Guilbeault a déclaré que le modèle actualisé suggère que ce chiffre est en fait plus proche de 247 $.

(Ottawa) Le coût économique des émissions de gaz à effet de serre (GES) est près de cinq fois plus élevé qu’on ne le pensait auparavant, a déclaré mercredi le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault.

Publié hier à 21h10

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Mia Rabson La Presse Canadienne

Le ministre a déclaré aux participants d’une conférence sur le changement climatique à Ottawa que le gouvernement avait utilisé des connaissances scientifiques et des modèles économiques actualisés pour réviser la manière dont il évalue le coût du changement climatique pour les Canadiens.

Les nouveaux chiffres sont en cours d’élaboration depuis des mois, mais ils font suite à un récent rapport du directeur parlementaire du budget sur les coûts économiques du prix du carbone. Ce rapport ne mettait pas spécifiquement en équation le coût du prix du carbone et le coût du changement climatique lui-même.

PHOTO SEAN KILPATRICK, LA PRESSE CANADIENNE

Le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault

« Les mises à jour du coût social du carbone montrent simplement que chaque tonne de gaz à effet de serre coûte plus cher à l’économie », a déclaré M. Guilbeault lors du Net Zero Leadership Summit.

Le coût social du carbone évalue l’impact financier de chaque tonne d’émissions sur tous les domaines, de la production alimentaire à la santé humaine, en passant par les factures de réparation en cas de catastrophe et même la valeur des propriétés.

L’idée est que l’augmentation des émissions contribue davantage au réchauffement de la planète, et que chaque augmentation des températures moyennes mondiales peut accroître le nombre et la gravité des phénomènes météorologiques extrêmes.

Il y a plus de sept ans, une analyse avait estimé que le coût serait d’environ 54 $ par tonne en 2020. M. Guilbeault a déclaré que le modèle actualisé suggère que ce chiffre est en fait plus proche de 247 $.

Cette année, il est encore plus élevé, à 261 $ par tonne d’émissions, et d’ici 2030, il atteindra 294 $.

« Arrêtez-vous un instant pour comprendre ce que cela signifie », a déclaré M. Guilbeault.

Chaque tonne de carbone que nous réduisons cette année permet à la société dans son ensemble d’économiser 261 dollars, et nous parlons ici de réduction de mégatonnes, c’est-à-dire de millions de tonnes.

Steven Guilbeault, ministre fédéral de l’Environnement

Entre 2005 — l’année utilisée par le Canada comme base pour ses objectifs d’émissions pour 2030 — et 2021, le Canada a éliminé 62 millions de tonnes d’émissions de gaz à effet de serre. Si l’on se base sur le nouveau coût social du carbone, cela équivaut à une économie de près de 10 milliards.

Toutefois, ce chiffre n’inclut pas une estimation du coût de l’élimination de ces 62 millions de tonnes. Le prix du carbone en 2021 était de 40 $ par tonne, et il passera à 170 $ par tonne en 2030.

L’année dernière, une analyse fédérale des réglementations visant à réduire les émissions produites par l’essence et le diesel a indiqué que le coût de cette politique était d’environ 151 $ par tonne.

En 2017, la Commission Écofiscale du Canada a évalué le coût de la subvention québécoise pour les véhicules électriques à environ 355 $ par tonne. La plupart des provinces et le gouvernement fédéral disposent désormais d’une forme ou d’une autre de subvention aux véhicules électriques.

D’ici à 2030, le Canada souhaite éliminer au moins 231 millions de tonnes supplémentaires. Cela permettrait d’économiser 68 milliards en termes d’émissions, mais il n’existe pas de comparaisons directes pour illustrer le coût d’un tel objectif.

Le Canada a mis en place des dizaines d’autres politiques visant à atteindre cet objectif, notamment l’élimination progressive de l’électricité produite à partir du charbon, le développement de l’électricité renouvelable, l’interdiction de la vente de voitures à essence et le plafonnement des émissions produites par l’industrie pétrolière et gazière.

L’analyse récente de la tarification du carbone réalisée par le directeur parlementaire du budget indique que les rabais climatiques accordés par le gouvernement sont supérieurs au coût direct de la tarification du carbone pour la plupart des familles, mais si l’on tient compte des coûts économiques, tels que la baisse des revenus ou les pertes d’emploi, de nombreuses familles pourraient avoir moins d’argent en 2030 qu’elles n’en auraient eu sans la tarification du carbone.

M. Guilbeault et d’autres ont critiqué ce rapport pour ne pas avoir explicité le fait que le changement climatique lui-même contribue aux pertes d’emploi et à la baisse des revenus.

L’analyse du coût social du carbone est réalisée de concert avec l’Agence américaine de protection de l’environnement, qui a publié ses valeurs provisoires l’année dernière, mais qui les examine encore avant de publier une version finale. Le Canada a publié ses chiffres définitifs mercredi.

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Le fleuve Saint-Laurent reconnu comme personne juridique

Photo: iStock

Alexis Drapeau-Bordage

24 avril 2023 à 17h50 - Mis à jour 24 avril 2023 à 17h53 2 minutes de lecture

Le fleuve Saint-Laurent a obtenu le statut de personnalité juridique le 19 avril par les chefs de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL).

Cette décision vise à marquer l’intention des dirigeants des Premières Nations Québec-Labrador d’être des acteurs importants dans les décisions politiques, législatives et légales qui touchent le fleuve.

«Les liens entre le fleuve Saint-Laurent et l’histoire de nos Nations sont inscrits sur chaque centimètre des berges de ce majestueux cours d’eau. Cette relation, qui transcende le temps, demeure gravée depuis plusieurs millénaires dans notre mémoire collective. Nous avons l’obligation de voir à sa protection et sa pérennité», explique le chef de l’APNQ, Ghislain Picard.

La décision a été présentée aujourd’hui aux Nations Unies, dans le cadre d’un dialogue interactif avec différents acteurs mondiaux, à New York.

M. Picard est aussi mandaté d’explorer la mise sur pied d’une alliance autochtone visant à la protection du bassin des Grands Lacs jusqu’au golfe du Saint-Laurent.

La rivière Magpie avait, en 2021, elle aussi été reconnue comme personne morale à la suite du travail d’Ekuanitshit, la municipalité régionale de comité de Minganie, la branche québécoise de la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP) et l’Association Eaux-Vives Minganie.

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Le Port de Québec aspire à électrifier des quais de croisières « le plus tôt possible »

Le bateau de croisière Viking Octantis inaugure la saison de croisière 2023 au Port de Québec. (Photo d’Archive)

Photo : Radio-Canada / Hadi Hassin

Marika Wheeler (accéder à la page de l’auteur)

Marika Wheeler

Marika Wheeler

Publié à 6 h 13

Le Viking Octantis, qui inaugure la saison des croisières à Québec mardi, est muni d’un système électrique qui lui permettrait d’éteindre ses génératrices gourmandes en combustibles fossiles, mais il ne pourra pas s’en servir, faute d’infrastructures adaptées. Une situation à laquelle le Port de Québec dit vouloir remédier « le plus tôt possible ».

En 2015, le Port de Québec a refusé une subvention de plusieurs millions de dollars du gouvernement fédéral pour installer une alimentation électrique sur ses quais de croisière. Le faible achalandage de bateaux dotés d’un système électrique ne justifiait pas l’investissement, selon les responsables du Port.

Huit ans plus tard, l’administration fait toutefois volte-face et finalise une étude de faisabilité pour installer des bornes spécialisées sur trois quais.

On a des discussions avec les différents paliers de gouvernement, les gens savent qu’on a de l’intérêt. Nous, on va déposer à Hydro-Québec une lettre formelle de demande dès les prochaines semaines, puis également avec les différents paliers de gouvernement. Ce qu’on souhaite, c’est de faire progresser le dossier le plus possible, et le plus rapidement possible, affirme Marie-Andrée Blanchet, directrice des croisières et de l’écosystème portuaire au Port de Québec.

Selon le Port de Québec, l’industrie des croisières a pris plusieurs mesures afin de limiter son impact environnemental depuis la pandémie, notamment en dotant des navires d’équipements permettant de les brancher à quai. En 2015, le Port pouvait difficilement anticiper ce virage de l’industrie, indique Mme Blanchet.

La première borne électrique pour navires de croisières inauguré au Port de Montréal en 2017. (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada

Le Port de Montréal avait pourtant sauté dans le train de l’électrification dès 2015, inaugurant sa première borne électrique de la taille d’un petit camion, deux ans plus tard. Il estimait alors qu’il pourrait réduire ses émissions de GES

de 2800 tonnes par année.

Depuis, une quarantaine de bornes ont été ajoutées au Port de Montréal pour divers types de navires, confirme la Société de développement économique du Saint-Laurent.

Les bornes électriques permettent aux navires munis de systèmes adéquats d’éteindre les bruyantes et polluantes génératrices qui assurent les fonctions d’équipements de cuisine, d’éclairage ou climatisation, entre autres, pendant que le navire est à quai.

« C’est sûr qu’on voit que c’est une mesure intéressante pour l’industrie, que c’est une mesure intéressante pour nos communautés. Le frein actuellement, c’est l’investissement. »

— Une citation de Marie-Andrée Blanchet, directrice, croisières et écosystème portuaire au Port de Québec

Mme Blanchet ne peut pas chiffrer les travaux, mais explique que la moyenne mondiale pour un tel projet est de l’ordre de 20 millions de dollars par quai. Le Port de Québec souhaite en électrifier trois, soit les quais 21 et 22, près de la Place des canotiers, ainsi que le quai 30 près des silos Bunge.

Le Port de Québec attend 41 navires différents lors de la saison 2023. (Photo d’archive)

Photo : Radio-Canada / Hugo Pothier

La tendance de l’industrie

Selon Marie-André Blanchet, l’industrie des croisières a profité d’un ralentissement pendant la pandémie pour investir massivement dans des systèmes qui permettent aux navires de diminuer leur empreinte écologique.

La Cruise Lines International Association qui représente 95 % de la capacité mondiale de croisières océaniques affirme que 30 % de sa flotte est déjà dotée de systèmes d’alimentation éléctrique a quai, et 30 % supplémentaire seront modifiés d’ici 2028.

Si la grande majorité des navires de croisière sont maintenant électrifiés, explique Mme Blanchet, moins de 2 % (soit 29) des ports du monde le sont.

On voit qu’il y a un rattrapage au niveau portuaire de le faire, constate-t-elle. On voit aussi que les normes environnementales s’intensifient pour l’industrie. Donc si on veut répondre, être compétitif, améliorer notre desserte, puis aussi améliorer l’environnement ici à Québec, c’est une des choses qu’on peut faire pour rester positif dans l’environnement et pour rester une destination qui est choisie par les lignes de croisières.

Tout est possible

Hydro-Québec confirme que des discussions ont été entamées avec le Port il y a plusieurs mois, en 2022, au sujet d’un projet d’alimentation électrique des quais.

Il y a une réflexion qui doit être faite du côté de l’administration portuaire, puis on va recevoir [leur demande] avec grand intérêt, explique Pierre-Yves Renaud, conseiller en relation avec le milieu chez Hydro-Québec

Pierre-Yves Renaud affirme qu’Hydro-Québec regardera la demande du Port de Montréal «avec grand intérêt».

Photo : Radio-Canada

Mme Blanchet indique qu’il reste à déterminer si le réseau d’Hydro-Québec a la capacité de fournir au Port les mégawatts requis pour le projet.

Ça, c’est une discussion qu’on a avec Hydro-Québec. On espère qu’on va être capable, dit-elle

Selon Hydro-Québec, le projet d’alimentation au port est réalisable.

Tout est possible, il s’agit d’avoir des données tangibles et prenantes, répond Pierre-Yves Renaud. Ce projet s’aligne d’ailleurs avec le plan stratégique d’Hydro-Québec qui souhaite décarboner l’économie québécoise, affirme-t-il.

Avant même qu’Hydro-Québec obtienne une demande du Port, le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEIE) devra l’autoriser, précise-t-il. Depuis l’adoption récente du projet de Loi 2, tout projet au-delà de 5 mégawatts doit obtenir l’autorisation du Ministère.

« L’octroi des blocs de puissance reposera sur une analyse multicritère des effets de chaque projet pour le Québec, notamment au niveau des retombées économiques ainsi que des impacts sociaux et environnementaux, tout en tenant compte des capacités techniques de raccordement d’Hydro-Québec ou du redistributeur d’électricité. »

— Une citation de Jean-Yves D’Auteuil, responsable avec les médias, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie

Le porte-parole refuse de spécifier si le MEIE

est en discussion avec le Port en lien avec un projet d’alimentation électrique ou s’il envisage demander du financement pour le projet.

Le ministère de l’Économie, de l’Innovation et l’Énergie ne discute pas publiquement des pourparlers qu’il a, ou pourrait avoir, avec des promoteurs de projet, répond Jean-Pierre D’Auteuil, responsable des relations avec les médias au MEIE

.

Suivre les traces de Montréal

Le Port de Montréal a complété un premier projet d’alimentation électrique pour les bateaux de croisières au coût de 11 millions dollars, en 2017. Le gouvernement du Canada y avait alloué cinq millions de dollars provenant de son Programme d’alimentation à quai pour les ports. Québec avait également déboursé trois millions de dollars tirés du Programme d’aide à l’amélioration de l’efficacité du transport maritime, aérien et ferroviaire en matière de réduction des émissions de GES

.

Le Port de Québec aurait alors fait le choix de ne pas poursuivre le projet, car selon lui, il n’était pas clair que l’industrie allait vers l’électrification.

« On se trouvait dans un débat : est-ce qu’on changeait le carburant, est-ce qu’on allait vers l’électrification, est-ce qu’on allait payer pour quelque chose qui ne serait pas utilisé? Puis, veut, veut pas, c’est de l’argent public qu’on demande alors je pense que c’est un choix qu’on a fait au niveau de la faisabilité des choses. Maintenant, le portrait est complètement différent. »

— Une citation de Marie-Andrée Blanchet, directrice, croisières et écosystème portuaire au Port de Québec

En 2015, seulement cinq navires qui faisaient souvent des escales à Québec étaient munis d’équipements pour le branchement à quai, comparativement à 14 aujourd’hui, explique-t-elle.

Selon le PDG

de la Société de développement économique du Saint-Laurent (SODES), Mathieu St-Pierre, le choix d’installer les bornes en 2015 était assez d’avant-garde, mais il note que d’autres ports canadiens, dont celui de Vancouver, avaient alors fait le même choix.

« Cinq ou six ans plus tard, effectivement, on constate que c’est une voie d’avenir, particulièrement dans une perspective de décarbonation, mais aussi en matière de pollution sonore. C’est beaucoup plus silencieux que les génératrices ou la motorisation des navires. »

— Une citation de Mathieu St-Pierre, PDG Société de développement économique du Saint-Laurent

Michel Masse, président du Comité des citoyens du Vieux-Québec

Photo : Radio-Canada

Bien accueilli

On voit ça de très bon augure, affirme le président du Comité citoyen du Vieux-Québec, Michel Masse. L’odeur du fioul se propage évidemment, on peut le sentir jusqu’à la Terrasse Dufferin. Même chose pour le bruit.

« C’est une avancée importante de la technologie, mais aussi de l’environnement au sens large. »

— Une citation de Michel Masse, président, Comité Citoyen Vieux-Québec

M. Masse explique que le Port a déjà fait part de son projet à son comité, mais il reste à voir, dit-il, comment un tel projet qui nécessite des infrastructures importantes sera implanté dans le Vieux-Québec.

La journée où le Port s’orientera davantage, affirme M. Masse, on travaillera en collaboration avec eux pour s’assurer que les installations aient le moins d’impact possible. Ce sont de grosses installations qui peuvent avoir un impact au niveau visuel, sur l’empiètement aussi sur les quais.

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