Environnement et transition écologique

Thetford Mines Une deuxième vie pour 200 tonnes de déchets électroniques

PHOTO SIMON GIROUX, ARCHIVES LA PRESSE

Les circuits imprimés proviendront du programme québécois de recyclage des appareils électroniques, ces « Serpuariens » dont on a récupéré 175 000 tonnes depuis 2012.

Le Québec pourrait devenir un leader mondial de la récupération de déchets électroniques, avec l’ouverture d’ici un an d’une usine pilote à Thetford Mines qui pourra traiter annuellement jusqu’à 200 tonnes de circuits imprimés pour en extraire les métaux.

Publié à 6h00

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Karim Benessaieh
Karim Benessaieh La Presse

À terme, on veut construire d’ici 2025 une usine commerciale capable de traiter jusqu’à 5000 tonnes de déchets, un investissement estimé à 150 millions.

Dans un premier temps, le projet d’usine pilote de 13 millions est mené par une nouvelle entreprise, enim, cofondée par deux partenaires dans ce domaine, la firme de génie montréalaise Seneca et la minière torontoise Dundee. C’est dans les installations de Thetford Mines d’une filiale de cette dernière, Dundee Sustainable Technologies, que sera hébergée l’usine pilote qui emploiera une cinquantaine de personnes.

La firme enim (palindrome de « mine ») est dirigée par Simon Racicot-Daignault, à la tête d’une filiale d’Hydro-Québec, InnovHQ, de juin 2020 à avril dernier. « Une de nos grandes forces, ce sont nos deux partenaires, des gens qui ont une expérience technique et opérationnelle très forte », explique-t-il. Seneca fait notamment partie du consortium Recyclage Lithion, qui a mis au point un procédé de recyclage des batteries automobiles lithium-ion. Quant à Dundee Sustainable Technologies, elle se spécialise dans l’extraction et la décontamination de minerai.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Simon Racicot-Daignault, PDG de la firme enim qui ouvrira d’ici un an une usine pilote à Thetford Mines qui pourra traiter jusqu’à 200 tonnes de circuits imprimés.

Entre 95 et 99 % d’extraction

L’objectif de cette usine pilote à Thetford Mines : valider sur le plan industriel un procédé breveté, à faible empreinte, d’extraction de différents métaux présents dans les circuits imprimés. Ces circuits imprimés proviendront du programme québécois de recyclage des appareils électroniques, ces « Serpuariens » dont on a récupéré 175 000 tonnes depuis 2012. Les circuits imprimés, eux, « sont essentiellement envoyés à la Fonderie Horne pour y être brûlés », explique M. Racicot-Daignault. Une partie de ces circuits est également envoyée à des recycleurs comme eCycle, Quantum Lifecycle et FCM Recycling.

C’est dans les laboratoires du Centre d’études des procédés chimiques du Québec (CEPROCQ, associé au collège de Maisonneuve) qu’on a mis au point un procédé d’une efficacité rarement atteinte. Basé sur l’hydrométallurgie, il permet d’extraire des circuits imprimés « entre 95 et 99 % » des métaux comme l’or, l’argent, le platine, le palladium, le cuivre et l’aluminium.

Dans un circuit imprimé, il y a de 10 à 100 fois plus d’or que dans la même quantité de minerai d’or, explique le PDG d’enim. On paie des fortunes pour ouvrir des sites miniers, alors qu’on a plein de métaux qui sont disséminés un peu partout dans nos équipements électroniques, et on accepte qu’une partie soit exportée.

Simon Racicot-Daignault, PDG d’enim

Le passage du laboratoire à la validation industrielle est l’un des grands défis qui attendent enim. Son PDG ne doute pas de démontrer la rentabilité du procédé. « Toute notre analyse démontre une profitabilité, et nos tests l’ont confirmée. Une entreprise a beau être écoresponsable, ce n’est pas soutenable si elle n’est pas rentable. On est conscients que sans profitabilité, il n’y a pas de lendemain. »

7500 tours Eiffel

En dehors des considérations purement comptables, M. Racicot-Daignault estime que le recyclage des déchets électroniques est un défi environnemental incontournable. « Il y a tout un courant dans la société, on le voit avec la discussion autour de la Fonderie Horne. La société est mûre pour une discussion plus large, et ça ne peut être seulement sur l’aspect économique. »

Alors que les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) sont de plus en plus présents pour les gestionnaires d’entreprise, le PDG d’enim estime que les métaux qui seront recyclés auront une valeur ajoutée qui les rendra plus attrayants. En avril dernier, un géant comme Apple, par exemple, a annoncé que 20 % des matériaux utilisés pour ses appareils électroniques étaient recyclés, qu’on utilisait pour la première fois de l’or recyclé certifié et que l’utilisation de cobalt, de tungstène et de terres rares recyclés avait doublé.

« Notre ambition n’est pas que québécoise, elle est vraiment mondiale : on sait que la matière première va aller en augmentant, les prévisions sont ahurissantes, souligne le PDG d’enim. Selon les projections de l’ONU, on générera annuellement en 2030 75 millions de tonnes de déchets électroniques, l’équivalent de 7500 tours Eiffel. »

En savoir plus

  • 17,4 %
    Proportion des équipements électroniques et électriques obsolètes dans le monde qui ont été revalorisés

Source : Union internationale des télécommunications (ONU), Suivi des déchets d’équipements électriques et électroniques à l’échelle mondiale pour 2020

  • 57 milliards US
    Valeur des matières premières présentes dans la quantité de déchets électroniques et électriques produits à l’échelle mondiale. À titre de comparaison, la valeur totale des minéraux extraits au Canada en 2021 était de 55,5 milliards, selon Ressources naturelles Canada.

Source : Union internationale des télécommunications (ONU), Suivi des déchets d’équipements électriques et électroniques à l’échelle mondiale pour 2020

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Une autre Fonderie Horne en gestation! L’acceptabilité sociale sera un défi pour ce projet aussi.

Ottawa interdit dès décembre certains plastiques à usage unique

Le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault. Photo: Josie Desmarais, Métro

Lucie Ferré

17 décembre 2022 à 15h24 - Mis à jour 17 décembre 2022 à 15h25 2 minutes de lecture

À partir du 20 décembre, la fabrication et l’importation pour la vente de produits en plastique à usage unique considérés néfastes seront interdites au Canada.

C’est en matinée que le ministre de l’Environnement et du Changement climatique Steven Guilbeault, le ministre de la Santé Jean-Yves Duclos et le ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne Joyce Murray ont annoncé l’interdiction des plastiques à usage unique suivants:

  • Les sacs d’emplettes;
  • Les ustensiles;
  • Les récipients alimentaires en plastique difficiles à recycler;
  • Les bâtonnets à mélanger;
  • Les pailles (sauf certaines exceptions).

«Alors que le Canada accueille le monde entier dans le cadre de la 15e Conférence des Parties (COP15) à la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique, le gouvernement du Canada réaffirme son engagement ferme à lutter contre la pollution plastique et à protéger la biodiversité», indique le ministère de l’Environnement et du Changement climatique du Canada dans un communiqué.

Selon les estimations du ministère, cette mesure permettra d’éliminer 1,3 million de tonnes de déchets de plastique (difficiles à recycler) et l’équivalent de plus d’un million de sacs à ordures remplis.

«Il existe un lien clair entre un monde exempt de pollution plastique et un monde durable possédant une riche biodiversité», a déclaré le ministre Steven Guilbeault.

Notons que l’interdiction de la fabrication et de l’importation des anneaux en plastique pour l’emballage de boissons entrera en vigueur en juin 2023.

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Zone « zéro émission » au centre-ville, un beau défi

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Le boulevard René-Lévesque, au centre-ville de Montréal

L’avenir des grandes villes passe-t-il par la mise sur pied de zones carboneutres, où le transport collectif et actif prédomine par rapport à la circulation automobile ? Au Royaume-Uni, Londres croit que oui et vient d’étendre sa « ultra-low emission zone » à toute la région métropolitaine. De quoi donner des idées à ceux et celles qui défendent cette idée sur le sol québécois, surtout à Montréal.

Publié à 5h00

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Henri Ouellette-Vézina
Henri Ouellette-Vézina La Presse

« À la fin, la santé publique compte plus que l’opportunisme politique. Cinq millions de personnes supplémentaires vont pouvoir respirer un air plus pur. »

PHOTO ALBERTO PEZZALI, ASSOCIATED PRESS

Le Tower Bridge de Londres. Le gouvernement du Royaume-Uni veut étendre sa « ultra-low emission zone » à toute la région métropolitaine.

Ce sont les propos du maire de Londres, Sadiq Khan, alors que son administration annonçait, à la fin de novembre, que la zone de faibles émissions de gaz à effet de serre (GES) serait élargie à tout le Grand Londres, où vivent 9 millions de personnes. Restreinte au centre de Londres lors de son introduction en 2019, ladite zone avait déjà été considérablement élargie en 2021.

Dans la métropole québécoise, cette idée fait son chemin depuis un moment déjà. L’administration Plante a d’ailleurs clairement exprimé son souhait de créer une « zone zéro émission » au centre-ville d’ici 2030.

« On travaille présentement à étudier les différents scénarios d’implantation. Ultimement, le but serait de faire un premier projet pilote d’ici 2025. Nous collaborons d’ailleurs avec Londres et d’autres métropoles du monde sur cette mesure », affirme l’attachée de presse au cabinet de la mairesse, Marikym Gaudreault.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE

L’avenue du Mont-Royal était encore une fois piétonne l’été dernier.

Elle rappelle que « plusieurs paramètres » sont à considérer, « comme les infrastructures déjà en place dans certains secteurs, l’équité sociale de la mesure et l’impact sur les commerçants ». « C’est un travail d’une grande ampleur qui est réalisé en ce moment. […] On doit bien choisir le secteur et on doit la déployer au bon rythme et au bon moment pour assurer le succès de ce projet », ajoute Mme Gaudreault.

Une occasion… mais aussi des risques

À l’Institut national de la recherche scientifique, la professeure associée Louise Hénault-Ethier, qui est spécialisée en adaptation aux changements climatiques, est convaincue qu’une zone zéro émission ferait beaucoup avancer Montréal.

« On a vu pendant la pandémie à quel point la piétonnisation des rues, par exemple, a finalement été très positive pour les commerçants. Une zone pareille structurerait la ville à échelle encore plus humaine, tout en réduisant son empreinte carbone. C’est une voie à prendre sans hésitation », tranche-t-elle.

Certes, avoue toutefois la professeure, la gestion du changement sera « énorme ». « On parle d’une gigantesque transition. L’idée n’est pas de brusquer les gens. Ça va prendre toute une communication en amont, avec une signalisation fantôme ou des choses comme ça, par exemple », note Mme Hénault-Ethier.

« Il faut préparer l’appropriation citoyenne et commerçante de ces futures zones-là, notamment en les aidant à faciliter l’utilisation de l’espace public. Surtout, il ne faut pas que ce soit vu comme un affront aux automobilistes », persiste-t-elle.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Patrick Bonin, porte-parole de Greenpeace

Chez Greenpeace, le porte-parole Patrick Bonin salue aussi la volonté d’en faire plus, mais prévient toutefois l’administration Plante de potentielles dérives d’une zone zéro émission au centre-ville. « Ça peut devenir un inconvénient pour ceux qui n’ont pas les moyens de s’acheter un véhicule moins polluant, et qui se retrouveraient sans solution de rechange pour accéder à leur lieu de travail. Ça va à l’encontre du principe de filet de sécurité sociale », fait-il valoir.

Son groupe privilégie davantage la mise en place au Québec – et d’abord à Montréal – d’un « programme de bonus-malus à l’achat d’un véhicule neuf ». « Ainsi, ceux qui ont les moyens de s’acheter un véhicule neuf feraient face à une mesure d’encouragement ou à une surtaxe pour favoriser l’achat de véhicules écoénergétiques », insiste M. Bonin. « On ne peut pas, du jour au lendemain, arriver avec des mesures comme ça. Une zone zéro émission, c’est bien, mais encore faut-il développer les solutions de rechange autour avant d’y arriver », renchérit le porte-parole.

Québec ne compte pas intervenir

En entrevue avec La Presse, le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, soutient quant à lui que « les municipalités qui souhaitent aller de l’avant avec ce type de réglementation ont la possibilité de le faire », mais qu’elles auront « à aller chercher l’adhésion de leur propre population ».

« Le gouvernement du Québec n’a pas à intervenir et, bien honnêtement, compte tenu de la disparité des réalités municipales, je ne pourrais pas avoir un règlement qui fixe ou qui impose une solution. Les villes ont toute la latitude pour le faire », affirme le ministre.

Celui-ci refuse par ailleurs de se prononcer sur le bien-fondé d’une zone zéro émission. « Je laisse aux élus municipaux la possibilité d’identifier leurs priorités. Si on peut les accompagner, par contre, naturellement, on sera là pour les accompagner », offre-t-il toutefois, en insistant sur le fait que les quelque 1100 municipalités québécoises ont « des réalités chacune très différentes ».

Avec Jean-Thomas Léveillé, La Presse

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Environnement

L’après-COP15 : la rivière Magpie coulera-t-elle librement?

Photo: Capture d’écran Youtube

Isabelle Burgun - Agence Science-Presse

20 décembre 2022 à 17h43 - Mis à jour 20 décembre 2022 à 21h26 10 minutes de lecture

La COP15 s’étant achevée par une entente entre tous les pays, quelles étapes reste-t-il pour préserver, défendre et restaurer la biodiversité québécoise? L’un des fleurons serait la rivière Magpie, l’une des plus importantes de la Côte-Nord avec ses 200 km sinueux, de la frontière du Labrador jusqu’en Minganie, à 60 km à l’ouest de Havre-Saint-Pierre.

Connue aussi sous les noms innus de Mutehekau Hipu, la «rivière où l’eau passe entre les falaises rocheuses carrées» ou encore Pmotewsekaw Sipo, pour «rivière le long de laquelle on marche parmi les arbustes», elle vient de recevoir le statut de «personnalité juridique», dans une action commune menée par les communautés innues et des organismes de préservation du territoire québécois.

La Magpie pourrait symboliser les batailles qu’il reste à mener pour les habitats naturels à préserver. «Si le gouvernement québécois décidait d’aller de l’avant et de ne pas préserver ce joyau naturel, nous pourrions nous tourner vers les tribunaux pour faire entendre ses droits», relève le responsable du projet de protection de la rivière Magpie pour la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec), Pier-Olivier Boudreault.

Le statut de personnalité juridique signifie en effet que la rivière possède à présent des droits propres, au même titre qu’un humain ou une corporation. Et il sera donc possible d’aller en cour pour les défendre grâce à une alliance — l’Alliance Muteshekau-shipu —, qui regroupe la communauté d’Ekuanitshit, la Municipalité régionale de comté de Minganie, SNAP Québec et l’Association Eaux-Vives Minganie.

Ce projet de protection «par la bande» a reçu le Prix Droits et Libertés 2022 de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, lors de la récente COP15.

Si ces groupes ont voulu mettre de la pression, c’est parce que ce joyau naturel, très populaire chez les adeptes de sports en descente de rivière, ne parvenait pas à trouver grâce aux yeux du gouvernement du Québec. Le projet d’aire protégée, défendu depuis de nombreuses années, n’arrivait pas à voir le jour. En fait, on apprenait récemment qu’Hydro-Québec l’envisagerait comme cible d’un nouveau barrage hydroélectrique.

Profitant de l’attention médiatique internationale de la COP15, Québec a rappelé que le Plan nature 2030 soutiendra, avec 23 millions $ à la clé, les initiatives des communautés autochtones en matière de conservation de la biodiversité.

Ce qui pourrait être prometteur pour cette rivière, sachant qu’il s’agit d’un projet qui fait consensus dans la région. Il y a un lien socioculturel important entre la Magpie et les habitants de la Minganie, particulièrement les Premières Nations.

Des obstacles comme des pierres

Il est certain que nos divers appétits — dont celui en hydroélectricité — se dressent parfois contre notre volonté de sauvegarde du patrimoine naturel.

Depuis le Sommet de la Terre de Rio en 1992, et sa déclaration-cadre sur l’environnement et le développement durable, plus d’une centaine d’États, en plus d’ONG et de chercheurs, se rencontrent tous les deux ans pour mettre de l’avant protection, restauration, aménagement et mise en valeur de la diversité biologique. C’est lors du 10e de ces sommets (COP10), à Aïchi (Japon) en 2010, qu’avaient été adoptées des cibles pour 2020. Aucune n’a été atteinte.

L’entente intervenue dans la nuit de dimanche à lundi à Montréal, au terme de la COP15, contient 23 nouvelles cibles que les différents pays s’engagent à atteindre d’ici 2030, notamment la protection de 30 % des terres et des océans (près du double d’aujourd’hui), la réduction de 500 milliards $ des subventions «nuisibles» à la nature, et une restauration de 30 % des terres «dégradées».

S’entendre sur des cibles quantifiables faisait partie des enjeux de la COP15, alors que plusieurs des participants relevaient que les objectifs proposés étaient jusque-là trop modestes ou trop vagues. « Il est temps d’embrasser la civilisation écologique et d’agir sur la longue liste de la dégradation de notre biodiversité (pollution, pesticides, climat, etc.). Ce que nous voyons, c’est la pointe de l’iceberg de cette crise majeure », soutenait la semaine dernière le cotitulaire de la Chaire de recherche du Canada en biodiversité nordique, Dominique Berteaux.

Rappelons que près d’un million d’espèces animales et végétales, sur les huit millions connues, pourraient disparaître, selon les chiffres récents de l’IPBES (le groupe international d’experts sur la biodiversité). Et les trois quarts des territoires terrestres, tout comme les deux tiers des milieux marins, connaissent des dégradations en raison des activités humaines.

L’entente prévoit également que l’aide internationale pour la conservation passera de 10 milliards par an à 20 milliards d’ici 2025 et à 30 milliards en 2030. Les organisations non gouvernementales interrogées lundi étaient globalement satisfaites de l’entente. Si les pays riches respectent ces promesses, cela pourrait persuader les pays en voie de développement de suivre les consignes internationales de préservation.

« Nous avons l’habitude de penser à court terme alors qu’il est urgent de revoir notre mode de croissance. Et plus particulièrement pour nous, il faudra aussi payer la note passée, tout en persuadant les pays du sud de se joindre à la lutte », note encore M. Berteaux.

Des chantiers locaux

Au Canada et au Québec, la faible densité de population joue en faveur de la sauvegarde du nord du territoire, alors qu’il faudra préserver et restaurer le sud, là où il y a beaucoup plus de biodiversité. Le souci majeur reste le changement de vocation des terres, qui deviennent des champs ou des banlieues : « la première menace est la destruction des habitats. Il est temps d’agir là où c’est le plus difficile », ajoute le chercheur.

L’exemple de la rainette faux-grillon et de la négligence de la ville de Longueuil à s’opposer aux promoteurs immobiliers résonne encore comme un recul.

Le Québec est par ailleurs riche en rivières et en bassins versants formant des écosystèmes reliant des milieux terrestres et aquatiques. Il faut accorder plus d’attention à l’écologie des eaux douces, rappelait la professeure titulaire au Département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal, Beatrix Beisner. « Nos organismes vivants sont moins charismatiques, mais l’activité humaine a des impacts directs sur eux, avec l’urbanisation, et indirects avec le lessivage des sols, les engrais, etc. ».

Un autre des chantiers importants : modifier la Loi sur les espèces menacées et vulnérables, dont la liste n’a pas été revue depuis plus de 10 ans. Le gouvernement québécois vient d’entamer un processus de révision touchant plus particulièrement 27 nouvelles espèces, dont la rainette faux-grillon de l’Ouest, qui pourrait passer de vulnérable à menacée.

Sans oublier l’augmentation des aires protégées, qui représentent pour l’instant 17 % du territoire, essentiellement dans le Nord, et 10 % du milieu marin. Et l’importance de les relier entre elles. « C’est bien de protéger, mais il faut que les espèces puissent circuler au sein de corridors. Il faut aussi se préoccuper des 70 % restants qui devraient être aussi durables », remarque M. Berteaux.

Le gouvernement du Québec a lancé à ce sujet un projet de Réseau de suivi de la biodiversité, doté de 75 indicateurs mesurant la biodiversité de différents milieux — humides, terrestres, aquatiques — et même à l’échelle du territoire — les aires protégées ou les menaces en lien avec les activités humaines.

Mieux connaître l’étendue de la dégradation avec des indicateurs quantifiables, cela reste primordial. On ne peut protéger que ce que l’on connaît bien, et il s’agit d’un chantier d’importance où les citoyens québécois pourraient aider, avec des programmes de valorisation et de collecte d’information, comme le programme sur les papillons monarques.

Pour le chercheur, la crise de la Covid-19 nous a montré qu’il est possible d’entamer une décroissance, et d’être solidaires avec les pays en développement. « La biodiversité, c’est un baromètre, comme le climat. Cela nous oblige à penser plus profondément à des problèmes de déséquilibre écologique. Nous devons prendre conscience de nos actions, restaurer, préserver et marteler le même message. »

Le rôle de la recherche

Les recherches sur la biodiversité n’ont pas fini de révéler de nouveaux secrets. Ce qui pourrait influencer les politiques de conservation.

À titre d’exemple, les revues scientifiques Nature Ecology & Evolution et Nature Communications ont publié, en 2022, deux cartographies mondiales de la biodiversité des arbres et des végétaux (ici et ici), qui apportent un regard un peu différent sur la biodiversité mondiale. La première souligne que la richesse des forêts tropicales ne peut pas simplement s’expliquer par des facteurs climatiques, tandis que la seconde conclut que les steppes de l’Europe de l’Est abriteraient autant d’espèces végétales que la forêt amazonienne.

Mais encore faut-il écouter ces recherches. Dans le cas du caribou forestier, les données sont connues depuis des années et il subsiste malgré tout beaucoup de désinformation, selon le professeur titulaire en écologie animale à l’Université du Québec à Rimouski, Martin Hugues St-Laurent.

« On a mis en doute les nombreuses données disant qu’il s’agit d’une espèce en déclin et certains ont même soutenu que la faute était seulement du côté du climat. C’est frustrant et on se pose parfois des questions sur la bonne volonté des gouvernements », relève le chercheur.

Le caribou forestier ou « des bois » est disparu des provinces maritimes et serait en voie de disparition au Québec. Il est actuellement considéré comme une espèce menacée au sens de la Loi sur les espèces en péril du Canada, et bénéficie donc d’une protection, tandis qu’il est « espèce vulnérable » au Québec.

Les récents changements au sein du gouvernement québécois — la faune et les parcs dépendent maintenant du ministère de l’Environnement tandis que les forêts relèvent du ministère des ressources naturelles — redonnent un peu confiance à Martin Hugues St-Laurent : il y a eu une écoute différente, tout comme la présence de la COP15 à Montréal a mis « de la pression sur le gouvernement québécois, de ne plus attendre pour prendre des actions fortes de protection ».

Sauvegarder la biodiversité relève avant tout de politiques et d’actions, comme on a pu le voir durant ces deux semaines de COP15 à Montréal.

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Le mirage vert de la CAQ

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, a annoncé en conférence de presse, mercredi, que le Québec avait « largement » atteint sa cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour les années 2013 à 2020 en raison du ralentissement économique lié à la pandémie de COVID-19.


Philippe Mercure
Philippe Mercure La Presse

Le gouvernement Legault aura beau tourner ça dans tous les sens, il n’y a qu’une conclusion possible : rien, absolument rien, n’indique que le Québec est sur la bonne voie pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) dans les chiffres publiés mercredi.

Publié à 5h00

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Ce bilan, qui porte sur l’année 2020, est même extrêmement inquiétant pour la suite des choses.

Imaginez. En 2020, alors que des pans entiers de l’économie étaient paralysés ou tournaient au ralenti à cause des mesures sanitaires liées à la COVID-19, la province n’a pas réussi à atteindre ses cibles climatiques.

C’est comme si quelqu’un abaissait pour vous le panier de basketball et que vous tiriez quand même à côté.

Pour 2020, Québec s’était engagé à émettre 20 % de GES de moins qu’en 1990. Or, les réductions n’ont atteint que 13,2 %.

On parle d’une année où les citoyens sont longtemps restés confinés à domicile. Où les écoles, les bureaux et les restaurants ont été fermés de longs mois. Où les routes étaient vides et les avions, cloués au sol.

Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, a bien pris soin de dire qu’il n’y avait « pas de quoi pavoiser » devant les chiffres présentés mercredi. Il a précisé qu’il n’arrivait pas en conférence de presse avec « des tambours et des trompettes ».

Il a raison d’adopter un profil bas.

Mais malgré la piètre performance du Québec, le ministre n’a pu s’empêcher d’affirmer que la cible de 2020, finalement, a été atteinte. Comment ? En s’appuyant sur une béquille. Une béquille qui s’appelle la Californie.

On sait que le Québec et la Californie partagent un marché du carbone.

En 2020, les entreprises québécoises ont acheté des droits d’émission équivalents à 11 mégatonnes de CO2 à des entreprises californiennes. Ce n’est rien de nouveau. Depuis 2015, le Québec achète ainsi des unités d’émission en Californie à coups de centaines de millions de dollars.

Pour la toute première fois, le Québec utilise ces droits pour embellir son bilan.

Au mieux, on peut dire que le Québec fait faire le boulot climatique par d’autres. Cela provoque une fuite de capitaux vers la Californie et ne contribue aucunement à lancer les transformations structurantes qu’il faudra bien finir par effectuer chez nous si on veut que le Québec atteigne la carboneutralité en 2050 comme il s’y est engagé.

Demander au voisin de faire ses devoirs à sa place, c’est rarement un gage de succès à long terme.

Au pire, il s’agit de ce que le professeur de HEC Montréal Pierre-Olivier Pineau appelle un « effet trompeur ». L’affaire est technique, mais l’expert soutient en effet que ces droits d’émission ne correspondent même pas à des réductions réelles effectuées en Californie.

Ne nous demandez pas sur quelle base, mais le gouvernement Legault a trouvé le moyen, mercredi, de publier un communiqué de presse qui clame que « le Québec pourra réaliser ses ambitions à l’horizon 2030 ».

Rien, pourtant, n’indique qu’on soit sur la bonne voie pour ça. Entre des réductions circonstancielles (et largement éphémères) engendrées par la pandémie et l’aide des amis californiens, on n’a pas la moindre preuve que des mesures implantées au Québec ont conduit à des réductions significatives et mesurables.

Avant 2020, nos émissions, loin de descendre, grimpaient. On voit mal ce qui a changé depuis. Statistique Canada nous apprenait d’ailleurs cette semaine que les véhicules continuent d’être toujours plus nombreux et plus gros sur nos routes.

Pour atteindre notre cible de 2030, il faudra générer des réductions trois fois et demie plus importantes que celles enregistrées en 2020, au plus fort de la pandémie, quand le Québec était à moitié paralysé.

Ça montre l’ampleur de la tâche à accomplir. Cela, évidemment, ne se fera pas en fermant des commerces et en brimant les citoyens, mais en implantant des mesures structurantes comme bannir le gaz naturel de nos bâtiments et modifier nos habitudes de transport.

L’heure est à l’action, mais le gouvernement Legault préfère encore se bercer d’illusions.

Microplastiques Un gros miniproblème

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Photographie d’un microplastique de polyéthylène repêché dans le fleuve Saint-Laurent saisie à travers la lentille d’un microscope. Les grains jaunes sont des sédiments.

C’est un fléau à peine visible à l’œil nu. À travers la lentille d’un microscope, notre photographe a capté des fragments d’un monde miniature de pollution. Zoom sur les microplastiques du fleuve Saint-Laurent.

Publié à 5h00

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Daphné Cameron
Daphné Cameron La Presse


Martin Tremblay
Martin Tremblay La Presse

(Québec) Tuâń Anh Tô est un détective. Un détective de l’infiniment petit.

Dans la pénombre de la salle des microscopes de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), il ausculte minutieusement le contenu d’une boîte de Petri. Muni de pinces de dissection, il soulève délicatement une minuscule sphère blanchâtre couverte de sédiments et la dépose sous la loupe d’un microscope.

« On dirait la planète du Petit Prince », lance-t-il en fixant la photo qui vient d’être captée à travers la lentille par l’objectif de La Presse.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Une microbille de polystyrène recouverte de sédiments

Ce globe miniature est une microbille. Elle a été repêchée dans le fleuve Saint-Laurent à la hauteur de Trois-Rivières dans le cadre d’un projet de recherche sur les microplastiques.

Les microplastiques sont des particules ayant une taille allant de 0,1 micromètre (µm) à 5 millimètres (mm).

Il peut s’agir de microbilles utilisées jusqu’il y a tout récemment comme abrasifs dans les produits de soins corporels comme le dentifrice, de fibres qui proviennent des textiles comme le polyester ou de « fragments » issus de produits de plastique qui se sont dégradés.

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Tuâń Anh Tô et ses confrères ont passé un nombre incalculable d’heures à isoler un par un et à classer les microplastiques récoltés dans le fleuve en 2021. Puis, ils ont analysé la composition moléculaire de chaque particule. Un véritable travail de moine.

Chaque pièce est unique, comme un flocon de neige. À travers un microscope possédant un potentiel d’agrandissement jusqu’à 1000 fois, les spécimens font penser à des objets qui flottent dans le cosmos. Une beauté troublante.

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Je ne savais pas que ça ressemblerait à ça. C’est wow pour le côté artistique […], mais ce n’est pas wow pour le côté nature.

Tuâń Anh Tô, technicien à l’INRS

De la laveuse au fleuve

Les microplastiques sous forme de débris marins peuvent être consommés par différents organismes et se retrouver dans la chaîne alimentaire.

Les microplastiques analysés par Tuâń Anh Tô ont été repêchés dans le cadre d’un projet de recherche de l’INRS dirigé par la professeure Valérie Langlois, en collaboration avec son étudiant au postdoctorat Juan Manuel Gutierrez Villagomez.

Au cours de l’été 2021, son équipe a sillonné le fleuve en bateau entre Montréal et Trois-Pistoles afin de recueillir des échantillons sur 11 sites. Deux types de filets étaient accrochés au bout de l’embarcation pour draguer l’eau pendant 20 minutes.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Une fibre de textile synthétique (ou microplastique)

« On a trouvé des microplastiques à toutes les stations d’échantillonnage », résume la chercheuse titulaire de la Chaire de recherche du Canada en écotoxicogénomique et perturbation endocrinienne.

À chaque station, six échantillons ont été récoltés dans une couche de 50 centimètres à partir de la surface. Pour chaque échantillon de 1 litre cueilli, de 200 000 à 300 000 litres d’eau ont été filtrés.

Résultat après l’analyse des 66 échantillons : tous contenaient de quelques-unes jusqu’à des centaines de particules de microplastique.

« Il y avait vraiment beaucoup de fibres, ça nous a surpris », dit-elle.

Les fibres proviennent de textiles synthétiques composés de matières dérivées du pétrole comme l’élasthanne, le polyester ou le nylon et qui ont été lessivées à travers les eaux usées.

« Peut-être qu’on a trouvé plus de fibres parce que c’est très léger. Ça a peut-être une propriété de flottabilité plus grande que celles d’autres microplastiques. »

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Valérie Langlois, chercheuse titulaire de la Chaire de recherche du Canada en écotoxicogénomique et perturbation endocrinienne

Les fibres, quand on y pense : on lave notre linge tous les jours, tout le monde, tout le temps.

Valérie Langlois, chercheuse titulaire de la Chaire de recherche du Canada en écotoxicogénomique et perturbation endocrinienne

Les microplastiques peuvent se dégrader encore davantage et devenir des nanoplastiques.

Les nanoplastiques mesurent quant à eux de 0,001 à 0,1 µm. Ce sont donc des morceaux inférieurs au millième de millimètre.

« La science, pour les microplastiques, elle est rendue au point qu’on les a trouvés, qu’on a essayé de trouver des effets néfastes sur la santé et qu’on n’en trouve pas encore clairement », explique la professeure Langlois. « Les nanoplastiques, fort probablement qu’ils ont des impacts sur la santé parce qu’ils rentrent dans les cellules. »

Ambassadeurs

Leur travail de caractérisation est maintenant terminé, mais il faudra patienter pour savoir à la hauteur de quelle ville, dans le fleuve, les concentrations de microplastiques étaient les plus élevées. Les résultats de cette vaste expérience devraient être soumis à une revue savante en 2023.

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Fragment de polyéthylène

Le projet de recherche a été lancé par l’OBNL Stratégies Saint-Laurent. Le projet visait à tester l’efficacité d’un filet inventé par la jeune pousse québécoise Poly-Mer. « Le but, c’est de le mettre derrière un kayak ou un canot. Les gens, pendant qu’ils font leurs activités sportives, pourraient, tant qu’à y être, enlever les microplastiques », explique la professeure Langlois.

Lorsqu’elle a été contactée, Valérie Langlois affirme avoir été séduite par le potentiel de ce genre de démarche.

« Est-ce que ça va vraiment laver l’eau comme le chantait Robert Charlebois ? Peut-être pas beaucoup. Mais l’idée, c’est tout positif. Quand on parle de ce que les citoyens peuvent faire, d’avoir un tel filet, tout le monde va te demander : “Mais pourquoi tu as un filet comme ça ? C’est quoi, un microplastique ?” De cette façon, ils deviennent des porte-parole de la vulgarisation scientifique de la problématique. »

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Le fleuve Saint-Laurent à la hauteur de Varennes

Le Saint-Laurent, l’un des pires cours d’eau étudiés

Le fleuve Saint-Laurent rivalise avec les cours d’eau les plus pollués aux microplastiques sur la planète. Dès 2014, une équipe de scientifiques de l’Université McGill s’est intéressée à la présence des microbilles de polyéthylène de moins de 2 mm dans les sédiments du fleuve dans un tronçon d’eau douce de 320 kilomètres compris entre le lac Saint-François et la ville de Québec. La densité la plus élevée observée sur un même site était de magnitude comparable à celles des fonds océaniques les plus contaminés de la planète. Des scientifiques – toujours de l’Université McGill – se sont ensuite penchés sur l’ensemble des types de microplastiques, cette fois dans les sédiments et l’eau de surface du fleuve. Selon les résultats publiés dans la revue Environmental Pollution en mai 2020, la concentration moyenne de microplastiques dans les sédiments et l’eau de surface du fleuve Saint-Laurent serait de la même ampleur que celles mesurées près des villes les plus peuplées de Chine.

En savoir plus

  • 10 millions
    Une étude publiée début novembre dans Nature Communications a révélé que les baleines bleues vivant au large de la Californie absorberaient jusqu’à 10 millions de morceaux de microplastique par jour.

Source : Agence France-Presse

2018
En juillet 2018, le gouvernement du Canada a banni la fabrication et l’importation des microbilles dans les articles de toilette comme les nettoyants pour la peau ou le dentifrice. Les microbilles utilisées dans le cadre de processus industriels sont toutefois exclues.

Source : gouvernement du Canada

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Planète bleue, idées vertes Sous l’électricité, le paysage

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Le terrain où sera aménagé un projet d’emprise vivante à Drummondville

Les portions de terrain sous lesquelles passent les fils d’Hydro-Québec recèlent un potentiel écologique méconnu. Des organismes environnementaux et des municipalités ont entrepris de les valoriser, avec l’appui d’Hydro.

Publié à 5h00

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Ariane Krol
Ariane Krol La Presse

Une quinzaine de poteaux électriques, une école primaire et un McDonald’s à proximité : l’étroite bande de terrain près des rues Bégin et de Laval, à Drummondville, n’a rien d’attrayant.

« Présentement, c’est vraiment laid, il n’y a rien », résume Patricia Gagnon, biologiste chargée de projets au Conseil régional de l’environnement du Centre-du-Québec (CRECQ).

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Patricia Gagnon et Marie-Christine Poisson, du Conseil régional de l’environnement du Centre-du-Québec (CRECQ)

Plus pour longtemps.

« Il va y avoir des îlots fleuris, de beaux bosquets d’arbustes, des nichoirs à oiseaux. Et dans les phases subséquentes, du mobilier et une piste cyclable. On veut que les citoyens puissent accéder au site et en profiter ! »

Le terrain est une emprise d’Hydro, une bande qui passe sous les lignes électriques. Large d’une trentaine de mètres, elle serpente sur près d’un kilomètre vers la rivière Saint-François. Le CRECQ veut en faire une « emprise vivante ».

IMAGE FOURNIE PAR LE CONSEIL RÉGIONAL DE L’ENVIRONNEMENT DU CENTRE-DU-QUÉBEC (CRECQ)

Emplacement de la future emprise vivante de Drummondville, illustré dans le plan directeur commandé par le Conseil régional de l’environnement du Centre-du-Québec (CRECQ) à la firme Rousseau Lefebvre

La première phase du projet, d’une longueur de 344 mètres, débutera l’été prochain avec la plantation de vivaces (dont l’asclépiade, pour attirer les papillons monarques) et d’arbustes indigènes (incluant des bosquets de bleuets et de framboises), ainsi que l’installation de nichoirs. Les phases suivantes, étalées sur quelques années, prévoient la restauration d’un petit milieu humide surmonté d’une passerelle, l’ajout de bancs et l’aménagement d’une piste cyclable reliée au réseau municipal.

À point

Pour la Ville de Drummondville, qui s’est dotée d’un plan de conservation des milieux naturels l’an dernier, ce projet tombe à point. « Ça nous permet de nous réapproprier l’emprise. On veut augmenter la biodiversité à l’intérieur de ce corridor », explique le directeur du service de l’environnement, Roger Leblanc. La Ville signera un bail avec Hydro, qui possède le terrain. Le fournisseur d’électricité souhaite voir fleurir davantage de projets du genre.

On va faire des outils pour encourager et accompagner les municipalités à faire des aménagements parce qu’elles aussi ont des objectifs de biodiversité. On connaît les aménagements fauniques qui fonctionnent, on les a testés dans certains projets.

Véronique Michaud, biologiste et conseillère en expertise environnementale chez Hydro-Québec

Au poste Bout-de-l’Île, dans l’est de l’île de Montréal, où Hydro est propriétaire du terrain, on a notamment installé des abris pour les couleuvres. « On a trouvé une très belle couleuvre tachetée, elle était impressionnante », s’enthousiasme Mme Michaud.

L’aspect le plus visible des projets en emprises, c’est la gestion différenciée – réduire et moduler la fréquence des coupes pour laisser pousser la végétation, ce qui permet notamment d’attirer les pollinisateurs. C’est pourquoi on plante aussi des panneaux explicatifs.

PHOTO FOURNIE PAR HYDRO-QUÉBEC

Une affiche dans la ville de Brossard

« Il ne faut pas se le cacher, la gestion différenciée peut parfois donner l’impression d’une friche laissée à l’abandon. On ne veut pas avoir cette image-là. On veut que ce soit structuré, qu’on voie l’intention et les bienfaits », souligne Mme Michaud. Ou, comme l’affiche la Ville de Brossard dans son corridor de biodiversité : « Ici, le gazon est long pour de bonnes raisons ! ».

Maximum 2,5 mètres

Le retour à la nature doit cependant respecter certaines contraintes. Les espèces d’arbres retenues doivent avoir une hauteur maximale de 2,5 mètres à maturité, et pousser à bonne distance des poteaux et pylônes. « On a besoin de garder une zone dégagée pour entretenir ces lignes et pouvoir intervenir en cas de panne ou de problème », explique Jonatan Belle-Isle, également biologiste et conseiller en expertise environnementale. Seules les herbacées, naturellement présentes ou semées, sont permises dans le périmètre immédiat de ces installations. Les pancartes et le mobilier urbain doivent aussi être faits de matériaux qui ne sont pas conducteurs, ce qui exclut le métal.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

La Ville de Drummondville veut augmenter la biodiversité.

Les aménagements doivent donc être approuvés par Hydro-Québec, qu’elle soit propriétaire ou locataire du terrain. Le distributeur d’électricité offre toutefois soutien et accompagnement aux municipalités et aux organisations désireuses d’accroître la biodiversité dans ses emprises. Un guide et des fiches techniques pour leur faciliter la tâche sont aussi prévus pour le printemps prochain.

« On est à établir des indicateurs pour avoir un objectif en matière de superficie, de nombre de municipalités, etc. Et on vise à les cartographier », précise M. Belle-Isle.

Dans le Centre-du-Québec, le Conseil régional de l’environnement a déjà ciblé neuf autres emprises, sur des terrains loués par Hydro en milieux agricoles et forestiers. « Elles sont dans des milieux plus naturels, donc ce peut être simplement des ajouts ponctuels, comme des nichoirs ou des aménagements pour la tortue serpentine », indique Patricia Gagnon.

L’emprise vivante de Drummondville, elle, jouera un rôle de vitrine. « Étant donné qu’elle est en pleine ville, on veut montrer aux gens ce que sont la biodiversité, les pollinisateurs, les milieux humides, parler de la connectivité. On veut faire un beau projet ! »

Voyez des espèces végétales compatibles avec le réseau de transport d’Hydro-Québec

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En savoir plus

  • 170 000 hectares
    Surface totale occupée par les emprises d’Hydro-Québec. Plus de 80 % de cette superficie est boisée, et près des deux tiers se trouvent sur des terres publiques.

Source : Hydro-Québec

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Fonderie Horne Beaucoup d’eau à petit prix

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

La Fonderie Horne prélève de l’eau du lac Dufault pour ses activités et pour approvisionner Rouyn-Noranda en eau.

La Fonderie Horne paie une somme « dérisoire » pour les importantes quantités d’eau qu’elle puise, s’indignent différents observateurs, qui s’inquiètent par ailleurs que la Ville de Rouyn-Noranda dépende de l’entreprise pour son alimentation en eau.

Publié à 5h00

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Jean-Thomas Léveillé

Jean-Thomas Léveillé La Presse

21 000 $ pour 8,3 milliards de litres d’eau

La Fonderie Horne a versé à peine 21 000 $ à l’État québécois pour les 8,3 milliards de litres d’eau qu’elle a puisés pour ses opérations en 2021, un montant attribuable aux faibles redevances sur l’eau en vigueur au Québec et à une entente vieille de 75 ans que le gouvernement entend maintenant modifier.

L’entreprise de Rouyn-Noranda appartenant à la multinationale anglo-suisse de négoce Glencore paie un loyer de 1 315,30 $ par année au gouvernement québécois pour l’exploitation sur des terres publiques d’un barrage et d’une prise d’eau à l’exutoire du lac Dufault, à un peu plus de deux kilomètres au nord de la fonderie.

PHOTO DOMINIC LECLERC, COLLABORATION SPÉCIALE

La Fonderie Horne, dont on voit les cheminées au loin, puise l’eau du lac Dufault, d’une prise située à environ deux kilomètres de ses installations.

Glencore jouit ainsi du droit accordé par un « arrêté » du conseil des ministres du 10 janvier 1946 à la Noranda Mines Limited, puis consigné dans un bail emphytéotique signé le 20 novembre 1947, des documents que La Presse a obtenus par la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels.

La location de trois parcelles totalisant 21 acres (8,5 hectares), sur lesquelles se trouvait un barrage construit antérieurement par l’entreprise pour rehausser le niveau du lac Dufault ainsi qu’un chemin d’accès et une ligne électrique, avait alors été fixée à 500 $ par année ; le loyer a été haussé au montant actuel lors du renouvellement du bail, en 1971.

Reconduit d’année en année depuis, le bail « est toujours en vigueur à ce jour », a confirmé à La Presse le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) du Québec – le Ministère avait d’abord affirmé en novembre ne détenir « aucun » de ces documents, avant de les faire parvenir à La Presse le 28 décembre.

L’entente permettant à la Fonderie Horne de puiser l’eau du lac Dufault « est absurde et mérite d’être révisée », a déclaré à La Presse le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, qui dit avoir été informé « récemment ». Le ministre Charette a annoncé par le fait même son intention de revoir la réglementation sur les ouvrages de retenue d’eau afin que ce type de baux soit adapté « aux réalités économiques actuelles et futures ».

Redevance sur l’eau

En plus de ce loyer annuel, « la Fonderie Horne est sujette à la redevance exigible sur l’utilisation de l’eau », comme toute organisation prélevant plus de 75 m3 par jour, a précisé une porte-parole du Ministère, Sara Bouvelle.

À 0,0025 $ le mètre cube (m3), selon le tarif qui lui est applicable dans le Règlement sur la redevance exigible pour l’utilisation de l’eau, les 8 305 042 m3 (8,3 milliards de litres) puisés en 2021 par la fonderie pour ses besoins lui ont ainsi coûté 20 762,61 $.

Les quantités d’eau prélevées et les redevances payées au Québec sont protégées par le secret industriel, empêchant le public de savoir ce que les entreprises consomment et paient ; le cas de la Fonderie Horne diffère parce qu’elle approvisionne en eau la Ville de Rouyn-Noranda (voir autre texte), auprès de qui La Presse a obtenu les quantités prélevées en 2021.

En plus de l’eau puisée pour ses propres besoins, la Fonderie Horne a ainsi prélevé 4 069 125 m3 pour approvisionner Rouyn-Noranda, payant une redevance de 10 173 $ ; la Ville paie à l’entreprise l’eau brute qu’elle reçoit environ 125 000 $ par année, en vertu d’une entente sur le partage des coûts d’entretien des installations de l’entreprise.

Le gouvernement Legault s’est engagé en décembre à revoir à la hausse le montant de la redevance et à rendre les données publiques.

Système « inefficace »

La somme payée par la Fonderie Horne pour l’eau utilisée pour ses propres besoins montre que le système québécois de redevance est « inefficace », déplore Olivier Pitre, directeur général de la Société de l’eau souterraine de l’Abitibi-Témiscamingue.

L’objectif du règlement [sur la redevance] est de réduire la consommation et d’encourager une consommation industrielle plus efficace. Avec une redevance d’un quart de cenne du mètre cube […], ce n’est absolument pas un incitatif à le faire !

Olivier Pitre, directeur général de la Société de l’eau souterraine de l’Abitibi-Témiscamingue

Cette redevance n’est imposée que depuis 2010, au Québec, rappelle Émile Cloutier-Brassard, analyste minier pour l’organisation écologiste Eau Secours, qui s’étonne du montant « absolument dérisoire » du loyer exigé par Québec à la Fonderie Horne.

« Ces droits ancestraux leur donnaient le droit d’avoir de l’eau presque gratuitement jusqu’en 2010 », observe-t-il.

« C’est une aberration historique qui n’a jamais été modifiée », renchérit l’avocate Anne-Sophie Doré, du Centre québécois du droit de l’environnement (CQDE).

PHOTO DOMINIC LECLERC, COLLABORATION SPÉCIALE

La Fonderie Horne, au bord du lac Osisko, à Rouyn-Noranda

Les redevances sur l’eau doivent être augmentées, plaident les trois organisations.

Au taux actuel, « c’est comme si c’était une ressource qu’on fournissait à l’infini à l’industrie », déplore Émile Cloutier-Brassard, qui souligne que l’eau se raréfie même au Québec, comme en témoignent les pénuries auxquelles font face certaines municipalités du sud de la province.

Contactée par La Presse, Glencore a déclaré par la bouche de son porte-parole Alexis Segal qu’elle « respecte ses obligations légales et réglementaires et acquitte toutes les redevances qui lui sont exigées, y compris celles liées à son utilisation de l’eau ».

1927

Année du début des activités de la Fonderie Horne de Rouyn-Noranda, qui comportait aussi une mine jusqu’en 1976

Source : Fonderie Horne

43 092

Population de la ville de Rouyn-Noranda

Source : ministère des Affaires municipales et de l’Habitation du Québec

« Dépendance » de la Ville face à Glencore

La Ville de Rouyn-Noranda dépend de la Fonderie Horne pour son approvisionnement en eau, une situation unique au Québec qui la place dans une situation de « dépendance », estiment divers observateurs.

L’entreprise est tenue d’acheminer quotidiennement un maximum de 3,4 millions de gallons impériaux (15 457 m3) d’eau brute à l’usine de traitement de la Ville.

L’entente signée le 1er juin 1965 entre ce qui était à l’époque la Noranda Mines Limited et la Cité de Noranda stipulait à l’origine que les besoins de l’entreprise avaient préséance sur ceux de la municipalité et que si la quantité d’eau disponible s’avérait « insuffisante pour répondre aux besoins de la Compagnie, de la Cité [de Noranda et de celle] de Rouyn, la Cité devra alors prendre seulement la quantité d’eau que la Compagnie mettra à sa disposition ».

PHOTO DOMINIC LECLERC, COLLABORATION SPÉCIALE

La Ville de Rouyn-Noranda paie 125 000 $ par année à la Fonderie Horne pour son alimentation en eau.

L’entente a été modifiée en 1998 et prévoit maintenant que dans le cas où l’eau disponible serait insuffisante pour les besoins des deux parties, celles-ci « s’entendront pour déterminer » la quantité qui sera acheminée à la Ville.

Les tarifs ont aussi été modifiés : plutôt qu’un montant fixe, le prix de l’eau brute repose maintenant sur un calcul basé sur la quantité consommée par la Ville, la quantité totale puisée par l’entreprise et les coûts d’opération.

« En moyenne, l’eau brute coûte entre 120 000 $ et 125 000 $ par année » à la Ville, a indiqué à La Presse sa directrice des communications, Anne-Marie Nadeau.

Le contrat prévoit par ailleurs le prix auquel la Ville vend l’eau traitée à la Fonderie Horne, qui a ainsi versé 479 673,92 $ dans les coffres municipaux en 2021.

Une « belle solution », dit la mairesse

L’approvisionnement en eau de la Ville par la Fonderie Horne est « vraiment une belle solution pour Rouyn-Noranda », estime sa mairesse, Diane Dallaire.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Diane Dallaire, mairesse de Rouyn-Noranda

« Le principal utilisateur s’occupe de l’approvisionnement, pour nous il y a une logique à ça et la tarification, d’un point de vue financier, est à sa juste valeur », a-t-elle déclaré à La Presse au cours d’un entretien réalisé à l’automne.

À ce jour, cette entente-là convient aux deux parties.

Diane Dallaire, mairesse de Rouyn-Noranda

Les choses seraient faites différemment aujourd’hui, reconnaît la mairesse, mais elle ne « voit pas pourquoi » il faudrait changer l’entente actuelle.

« On n’ira pas construire [un autre réseau] en parallèle », dit-elle.

Cette entente est le seul cas d’une prise d’eau privée qui alimente une installation municipale de production d’eau potable alimentant plus de 500 personnes au Québec, a indiqué à La Presse le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP).

Rapport de force inégal

La situation « place la municipalité dans un genre de dépendance », observe Danielle Pilette, professeure en gestion municipale à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

Une telle chose ne serait plus possible aujourd’hui au nom de la bonne gouvernance, estime-t-elle.

L’eau, c’est une ressource collective qui doit en principe servir d’abord à la collectivité.

Danielle Pilette, professeure en gestion municipale à l’Université du Québec à Montréal

Le rapport de force entre les deux parties est inégal et la Ville « n’est pas tellement en position de négocier son accès à l’eau comme elle le devrait », déplore Émile Cloutier-Brassard, analyste minier pour l’organisation écologiste Eau Secours.

La situation place également la Ville dans une position délicate relativement à la pollution générée par la Fonderie Horne.

« Est-ce que dans ce contexte-là, la Ville a toute la liberté pour s’exprimer quand elle est consultée sur les menaces à la santé publique ? », se demande Danielle Pilette.

Émile Cloutier-Brassard est d’avis que non : « Ça limite franchement la capacité de la Ville de prendre position sur les enjeux liés à la fonderie ».

L’ensemble de ce dossier: eau à petit prix et pollution atmosphérique durable est digne d’une république de bananes. C’est tout simplement scandaleux de brader notre environnement pour enrichir davantage des pollueurs, qui en plus empoisonnent impunément la santé de la population locale.

Décidément la CAQ est un cancre magistral en environnement dont l’inconscience et la mauvaise foi doivent être dénoncées avec la plus grande vigueur. :-1:t2: :-1:t2: :-1:t2:

Fermez-la donc la Fonderie… Glencore n’a qu’à la réinstaller ailleurs.

À un moment donné là… Aimer détester une entreprise autant ça devient ridicule.

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Déjà qu’on est responsable du réchauffement climatique, on ne peut pas en plus se permettre de jouer aux apprentis sorciers avec l’atmosphère de la planète. Ici plus que jamais il faut appliquer le principe de précaution pour ne pas perdre le peu de contrôle qui nous reste sur notre environnement.

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Nouveau déversement dans le ruisseau Bouchard


PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE | Un nouveau déversement d’hydrocarbures est survenu dans le ruisseau Bouchard, à Dorval.

Un nouveau déversement d’hydrocarbures est survenu dans le ruisseau Bouchard, à Dorval, mais les contaminants rejetés ne provenaient pas de l’aéroport Montréal-Trudeau, cette fois.

10 janvier 2023 | Mis à jour à 18h19 JEAN-THOMAS LÉVEILLÉ | LA PRESSE

L’incident serait survenu le 29 décembre « près d’un garage mécanique pour camions lourds », a indiqué à La Presse le Service de l’environnement de la Ville de Montréal, précisant en avoir été averti le 30 décembre par la Ville de Dorval.

En raison d’un accident et des précipitations qui tombaient ce jour-là, « un récipient contenant de l’huile à moteur a débordé et le contenu a rejoint le puisard le plus près », a expliqué Kim Nantais, porte-parole de la Ville de Montréal.

Puisque les égouts sanitaires et pluviaux sont séparés à cet endroit, « la contamination s’est retrouvée dans le ruisseau Bouchard », a-t-elle précisé.

Le petit cours d’eau prend sa source au nord de l’aéroport, qu’il traverse dans une canalisation enfouie avant de refaire surface au sud-est des pistes, et parcourt la ville de Dorval pour finalement se jeter dans le fleuve à la hauteur du parc du Millénaire.

Une entreprise spécialisée a été mandatée pour effectuer le nettoyage et la décontamination du site et du ruisseau, en collaboration avec la Ville de Dorval, a aussi indiqué Mme Nantais.

Ce déversement dans le ruisseau Bouchard est survenu trois semaines après un autre, le 6 décembre, en provenance d’un terrain appartenant aux Aéroports de Montréal.

Autre déversement à l’aéroport

Un autre incident impliquant des hydrocarbures est également survenu sur le site de l’aéroport le 29 décembre, mais il a été sans impact environnemental, assure Aéroports de Montréal (ADM).

« Un bris d’équipement dans le parc de réservoirs sous la responsabilité de Swissport Canada Fuel » est survenu, indique le porte-parole d’ADM Eric Forest.

« Le carburant a été contenu et récupéré rapidement grâce au système de séparateur d’huile souterrain et le bris a depuis été réparé », a-t-il ajouté, précisant que la procédure prévue lorsqu’une situation pouvant impacter l’environnement survient n’a pas eu à être déclenchée.

L’incident a néanmoins inquiété des résidants d’un secteur de Pointe-Claire voisin de l’aéroport ; le Service de sécurité incendie de Montréal confirme s’être rendu sur place après avoir reçu un appel pour une forte odeur d’essence, mais n’a procédé à aucune intervention.

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Le soleil, le grand oublié de la transition énergétique

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

La firme d’architectes Lemay a installé des panneaux solaires sur le toit de son siège social dans le but de tendre vers la neutralité énergétique.

Alors que partout dans le monde, y compris ailleurs au Canada, l’énergie solaire connaît une croissance exponentielle, cette forme d’énergie reste la grande oubliée de la transition énergétique au Québec. Le résultat des plus récents appels d’offres d’Hydro-Québec pour l’achat d’énergie renouvelable n’y changera rien.

Publié à 5h00

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Hélène Baril
Hélène Baril La Presse

La société d’État, qui veut acheter sur le marché 480 mégawatts d’énergie renouvelable de toute nature, a reçu des propositions totalisant quatre fois cette quantité, soit 2101 mégawatts. Sur 13 soumissions reçues, une seule propose de l’énergie solaire. Sa production prévue est de 32 mégawatts.

Le prochain appel d’offres de 4000 mégawatts qui sera annoncé bientôt ne fera pas bouger l’aiguille. Il est en principe entièrement réservé à l’éolien, même si les termes de ce nouvel appel au marché ne sont pas encore définitifs.

L’appel d’offres « pourrait être ouvert à d’autres formes d’énergie, mais l’éolien est privilégié », précise le porte-parole d’Hydro-Québec, Maxence Huard-Lefebvre.

« C’est une production qu’on connaît bien, qui s’intègre facilement à notre réseau et qui peut être mise en service rapidement », résume-t-il.

S’il est retenu par Hydro-Québec, le projet de parc solaire de 32 mégawatts soumis par le Groupe Stace multiplierait par deux l’apport du solaire dans le bilan énergétique du Québec, qui ne compte aujourd’hui essentiellement que deux centrales solaires construites par Hydro-Québec dans le cadre d’un projet pilote d’une puissance totale de moins de 10 mégawatts.

Le Québec est une des provinces où le secteur solaire est le moins développé au Canada. Le prix relativement bas de l’électricité produite par les centrales hydrauliques, qui répondent à 95 % des besoins québécois, est certainement une explication, estime Karim Belmokhtar, spécialiste du secteur de l’énergie renouvelable et coauteur d’un portrait de l’industrie solaire au Canada réalisé par le centre québécois de recherche Nergica. Toutefois, avec la fin des surplus d’Hydro-Québec et la demande croissante d’électricité, le temps est venu de s’intéresser davantage à cette source d’énergie, estime-t-il.

« L’écart de compétitivité se réduit constamment et le coût de l’énergie solaire est maintenant presque équivalent à celui de l’éolien », souligne-t-il.

Il prévoit que d’ici 2030, le coût de production des installations solaires de plus de 1 mégawatt raccordées au réseau électrique québécois sera autour de 5 cents le kilowattheure, ce qui est inférieur aux tarifs d’Hydro-Québec, qui, de leur côté, continueront d’augmenter.

Le temps d’agir

La sous-représentation du solaire dans l’offre énergétique du Québec est déplorable, mais pas surprenante, vu l’absence d’incitations pour accélérer son développement, estiment les entreprises qui travaillent dans l’industrie.

Le Québec a un potentiel solaire intéressant, comparable à celui de plusieurs pays où le secteur solaire se développe à la vitesse grand V, comme l’Allemagne.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Le toit du siège social de la firme Lemay

Ce potentiel est suffisant pour combler une grande partie des 25 térawattheures de nouveaux besoins établis dans le plan stratégique d’Hydro-Québec, selon Marco Deblois et Mike Perrault, associés de Rematek Énergie, firme spécialisée dans les installations solaires. Rematek a notamment réalisé le toit solaire de la Maison Simons, à Québec, et celui de la firme d’architectes Lemay à Montréal.

Dans l’industrie, plusieurs souhaitent qu’Hydro-Québec lance un appel d’offres réservé à l’énergie solaire, ce qui permettrait de déceler les meilleurs projets et de donner l’élan nécessaire pour lancer la filière, comme on l’a fait avec l’éolien.

Mais selon Marco Deblois et Mike Perrault, le développement du solaire au Québec ne passe pas par un appel d’offres d’Hydro-Québec. Dans ce genre d’appel au marché, les formes d’énergie sont mises sur le même pied, ce qui désavantage l’énergie solaire, explique Mike Perreault lors d’un entretien avec La Presse.

« L’énergie solaire peut être produite sur les lieux de consommation et n’a pas besoin d’être transportée sur de longues distances comme l’éolien, illustre-t-il. Ça évite d’ajouter de la capacité de transmission, qui coûte cher. » Une installation solaire s’installe plus rapidement que des éoliennes, ajoute-t-il.

La clé du développement solaire est plus simple et surtout elle est là, sous nos yeux, selon lui. Ce sont les toits de nos maisons, de nos commerces et de nos entreprises qui peuvent devenir autant de petites centrales solaires et produire de l’électricité de façon décentralisée.

« Avec seulement 3 % des toitures disponibles à l’installation de panneaux solaires, on peut produire 10 % des nouveaux besoins identifiés par Hydro-Québec », assure-t-il.

Un crédit d’impôt qui permettrait d’obtenir plus rapidement un rendement de l’investissement nécessaire à l’installation de panneaux photovoltaïques serait plus efficace qu’un appel d’offres consacré qui, lui, vise la construction de grands parcs solaires qu’il faut raccorder au réseau d’Hydro-Québec.

Avec une incitation financière sous forme de crédit d’impôt, la production solaire se développerait grâce aux investissements privés des particuliers et des entreprises, plutôt qu’avec de l’investissement public, souligne Mike Perreault.

Faute d’aide financière, seuls les plus convaincus décident actuellement d’installer des panneaux solaires et la production solaire décentralisée est très marginale au Québec. Seulement 800 des 4 millions de clients d’Hydro-Québec ont des installations solaires connectées à son réseau.

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10 000 travailleurs recherchés pour la filière québécoise de la batterie

Construction de la « Silicon Valley de la batterie » à Bécancour.

Photo : Radio-Canada / François Genest

Véronique Prince (accéder à la page de l’auteur)

Véronique Prince

Publié à 4 h 01

Pour que la Mauricie et le Centre-du-Québec deviennent la « Silicon Valley de la batterie automobile », il faudra attirer au moins 10 000 travailleurs, estime le ministre Pierre Fitzgibbon. « Quand on regarde cette région-là globalement, moi je pense qu’on peut espérer! J’espère qu’on aura 10 000 personnes qui vont travailler dans l’industrie éventuellement ».

Tout ça en pleine pénurie de main-d’œuvre et alors que certaines expertises dans le domaine de la batterie pour les véhicules électriques n’existent pas encore au Québec. Non seulement faut-il trouver des travailleurs spécialisés, mais il faut les recruter rapidement.

Les multinationales qui s’apprêtent à construire leur usine dans le parc industriel de Bécancour veulent commencer à produire dès 2025. La pression est forte pour réduire la dépendance à la Chine en fabriquant les batteries en Amérique du Nord.

Le Téléjournal avec Céline Galipeau

Bécancour transformée en zone d’innovation

C’est dans le Centre-du-Québec que va se jouer l’avenir de la fillière électrique dans la province. D’ici deux ans, la région doit accueillir une vaste zone d’innovation pour permettre aux multinationales de fabriquer toutes les composantes de la batterie ici plutôt qu’en Chine. Le gouvernement s’attend à un véritable boom économique dans la région, semblable à celui qu’a connu la Côte-Nord il y a plusieurs décennies. Le reportage de Véronique Prince.

« Je pense qu’on va avoir beaucoup d’étrangers temporaires qui vont venir ici. La valve est ouverte. On peut amener autant de monde qu’on veut pour combler des postes qui ne peuvent pas être comblés ici au Québec […] Espérons qu’ils vont apprendre le français et qu’ils vont vouloir demeurer au Québec. »

— Une citation de Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie

Est-ce qu’on va aller dans les Maritimes où ça parle un petit peu plus français? Est-ce qu’on va avoir une stratégie au niveau de l’immigration? Je ne sais pas encore, mais l’objectif, c’est de ne pas déshabiller nos PME, ajoute le député de Nicolet-Bécancour, Donald Martel.

Dans les 10, 20 ou 30 dernières années, ça a été difficile ici avec la fermeture de grandes entreprises. Je fais souvent des comparaisons avec ce que les pâtes et papiers ont été pour la Mauricie… je pense que la batterie peut remplacer ça.

Les travaux vont bon train pour accueillir de nouvelles installations dans le parc industriel de Bécancour.

Photo : Radio-Canada / François Genest

Une métamorphose attend Bécancour

Un afflux aussi important de travailleurs comporte de nombreux défis pour la ville rurale de Bécancour, qui se retrouvera au cœur du mégaprojet. Selon les projections, elle pourrait passer de 14 000 à 20 000 habitants.

Il faut les loger, en plus de leur fournir des services de base comme l’école, la garderie et un médecin de famille. Actuellement, Bécancour n’a même pas d’école secondaire sur son vaste territoire.

On aura vraiment besoin du gouvernement du Québec pour accélérer les choses ici, affirme la mairesse Lucie Allard. On a une nouvelle école primaire dans les cartons, un nouveau CPE

également.

Les deux groupes de médecins de famille déjà implantés ne suffiront pas. La renommée du projet va attirer des médecins, ça, on en est convaincus!, dit-elle.

Un projet d’environ 5000 nouvelles résidences est sur la table. L’échéancier de deux ans est très court pour littéralement transformer la ville, reconnaît la mairesse, mais elle répète que ses équipes sont mobilisées et motivées par cette opportunité.

Échéancier court : défis importants

Le PDG

du Parc industriel et portuaire de Bécancour est aussi débordé. Donald Olivier compare ce qui se passe à une véritable course contre la montre.

Au sud de l’autoroute 30, des voies de desserte, un réseau d’aqueduc, des égouts et même un futur chemin de fer sont en construction. Avec le gouvernement, il fait des pieds et des mains pour satisfaire les besoins des multinationales qui ont choisi de s’établir ici.

Les infrastructures doivent être disponibles le plus vite possible, pour compétitionner avec la Caroline du Nord et le Tennessee, où le gouvernement américain ne lésine pas sur les subventions pour attirer les fabricants de batteries et de véhicules électriques. Même l’Ontario joue la grande séduction, en concurrence avec le Québec qui mise surtout sur son expertise, sur des prêts pardonnables et sur son énergie renouvelable.

C’est le plan des fabricants de commencer à produire et mettre en service en 2025. Pour moi et mes équipes, c’est un dossier qui est vraiment un gros challenge. Ce sont vraiment des échéanciers très courts, donc c’est la rapidité avec laquelle il faut exécuter, explique M. Olivier. Le terrain de la future usine de GM-Posco s’étend à lui seul sur une longueur de 5 km. Il y a quelques mois encore, seule une piste cyclable le traversait.

Le port de Bécancour devra également subir une transformation pour ajouter des espaces d’entreposage et un quai supplémentaire afin d’accueillir plus de cargos. On pourrait facilement penser qu’on aura 10 milliards d’investissements à Bécancour, précise le ministre Fitzgibbon.

L’Université du Québec à Trois-Rivières pourrait accueillir de nouveaux étudiants pour les former aux besoins de la « Silicon Valley de la batterie ». (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada / Josée Ducharme

Former rapidement et efficacement la main-d’œuvre

L’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) devra aussi s’agrandir pour former rapidement la main-d’œuvre. Des programmes sont déjà en cours d’élaboration avec d’autres universités et des cégeps situés au Centre-du-Québec.

« Déjà nos infrastructures manquent d’espace. Ce projet-là ne se fera pas sans que notre université puisse croître pour rencontrer les besoins. Dix mille employés, c’est combien de milliers à Bécancour, à Trois-Rivières et à Shawinigan? C’est aussi beaucoup de gens en ressources humaines, en santé et sécurité, en logistique ou d’autres domaines. Il faut faire l’inventaire des besoins de formation pour les entreprises »

— Une citation de Christian Blanchette, recteur de l’UQTR

Le recteur Christian Blanchette rappelle que la région compte déjà plusieurs spécialistes qui pourront contribuer à développer les batteries au lithium. C’est en Mauricie et au Centre-du-Québec qu’on retrouve, entre autres, le Laboratoire des technologies de l’énergie, l’Institut de recherche sur l’hydrogène ou le Centre de métallurgie du Québec.

Cette masse critique de chercheurs a rendu la région particulièrement attrayante aux yeux du gouvernement pour y établir une zone d’innovation axée sur l’économie verte. La future vallée de la transition énergétique serait composée des villes de Bécancour, Trois-Rivières et Shawinigan.

La filière batterie, c’est clair que c’est un chantier qui va donner beaucoup de prestance et de légitimité au Québec sur la chaîne internationale parce qu’on est capable de devenir un joueur dominant, assure le ministre Fitzgibbon.

Tous les espoirs sont permis, selon lui. Il estime que les retombées économiques de la filière batterie pourraient atteindre 1,5 milliard de dollars d’ici dix ans.

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Va-t-on crouler sous nos ordures ?

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Une montagne de déchets au lieu d’enfouissement technique de Sainte-Sophie, dans les Laurentides, où plus du quart des déchets du Grand Montréal sont enfouis.

Dépotoirs sur le point de déborder, ballots de recyclage qui s’empilent, compost exporté hors province : la gestion des matières résiduelles donne des maux de tête à la métropole. Au point parfois de décourager les bonnes habitudes. Mais le temps presse pour l’adoption de solutions pérennes… sans quoi le Grand Montréal risque de ne plus savoir quoi faire d’une partie de ses détritus.
Un dossier de Philippe Teisceira-Lessard

Publié à 5h00

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Philippe Teisceira-Lessard

Philippe Teisceira-Lessard La Presse

Bac noir : « point de rupture » à l’horizon

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

L’an 2029. L’année est encerclée au feutre rouge dans l’esprit de Marie-Andrée Mauger, élue responsable de l’environnement à la Ville de Montréal. C’est l’échéance de fonctionnement pour le dépotoir où le Grand Montréal envoie la moitié de ses ordures.

Alors que la métropole rate largement ses cibles de diminution de production de déchets, la destination de ceux-ci préoccupe de plus en plus les autorités municipales, qui tentent de trouver de nouvelles solutions de rechange. Et des voix s’élèvent pour écarter les mégadépotoirs actuels au profit de sites plus petits et plus près des citoyens, au risque de soulever un tollé.

« C’est très préoccupant et ça nous appelle à l’action. Il ne reste plus beaucoup de temps, a indiqué Mme Mauger en entrevue. Au rythme actuel des choses, c’est vraiment très préoccupant. »

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Marie-Andrée Mauger, responsable de l’environnement à la Ville de Montréal

En 2020, le Grand Montréal produisait annuellement environ trois quarts de tonne de déchets par personne, soit 758 kg, tous secteurs confondus, c’est-à-dire plus de 11 fois le poids moyen d’un adulte. L’objectif fixé par les maires de la région était plutôt de 600 kg par personne. La région risque fort de rater l’objectif provincial de 525 kg d’ici 2024.

Les pires élèves ? Les chantiers de construction et de démolition, qui envoient à l’enfouissement la vaste majorité des déchets qu’ils produisent alors qu’une bonne partie serait récupérable avec un peu d’efforts. Le secteur affiche un taux de valorisation de moins de 20 %, selon les données de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM).

Les données de production de déchets sont sensiblement plus basses pour la ville de Montréal. Mme Mauger appelle d’ailleurs les villes de banlieue à emboîter le pas à la métropole. « On voit qu’il y a des écarts : il y a des municipalités et des arrondissements qui sont de grands générateurs de matières résiduelles et d’autres qui sont déjà tout près de la cible », a-t-elle dit.

Vivre près de ses déchets

Karel Ménard, du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets, ne se formalise pas trop de l’échéance de 2029 pour l’installation d’enfouissement de Terrebonne. « Ça m’étonnerait énormément qu’elle ferme », a-t-il dit, précisant qu’il ne s’agissait pas d’une échéance quant à l’espace physique pour accueillir les ordures, mais plutôt d’une échéance quant au permis de fonctionnement. Et Québec ne fermera pas sans avertissement le plus gros dépotoir de la province.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Vue aérienne du site d’enfouissement technique de Terrebonne, où 48 % des déchets du Grand Montréal sont enfouis.

« Je ne dis pas que c’est une bonne nouvelle qu’il s’agrandisse. Nous, on aimerait bien que le site serve uniquement les besoins régionaux de la Rive-Nord », a ajouté M. Ménard.

Son organisation milite en faveur d’une cause peu populaire : le rapprochement entre les dépotoirs et les citoyens qui les utilisent. D’abord pour réduire les émissions de gaz à effet de serre liées au transport, mais surtout pour que chacun réalise l’impact que ses déchets ont sur l’environnement.

« Lorsque c’est chez nous, on fait attention à ce qu’on met dedans [la poubelle] », a-t-il affirmé. Le système actuel [des mégadépotoirs en zone rurale] crée un coût d’enfouissement artificiellement bas qui n’incite personne à faire de vrais efforts pour réduire le volume d’ordures envoyé à l’enfouissement.

La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) estime aussi que l’époque des mégadépotoirs délocalisés tire à sa fin. Elle estime qu’un « point de rupture arriverait en 2033, où les capacités d’enfouissement ne seraient pas suffisantes » pour ses besoins.

« On a le souci, la préoccupation d’assumer la responsabilité de nos déchets. On veut à l’avenir que nos déchets soient enfouis (ou passent par une autre solution pour les résidus ultimes) sur notre territoire », a expliqué Émilie Charbonneau, cheffe d’équipe à l’environnement pour la CMM.

Ça va être un défi, parce qu’on va se heurter vite au phénomène du “pas dans ma cour”.

Émilie Charbonneau, cheffe d’équipe à l’environnement pour la CMM

Trois décennies après la fermeture du dépotoir de la carrière Miron – devenu le parc Frédéric-Back – et de l’incinérateur des Carrières, la CMM explore donc la possibilité d’accueillir à nouveau des ordures dans l’île de Montréal. Karel Ménard évoque la carrière Demix, dans l’est de Montréal, comme un emplacement possible.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Karel Ménard, du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets

« L’autonomie régionale, c’est un enjeu qui existe depuis longtemps », a répondu Mme Mauger. Mais « s’il faut commencer à regarder sur l’île de Montréal où on peut avoir un site d’enfouissement, ça va être très difficile ».

Réduction à la source

Parce que la crise à l’horizon devrait convaincre les Montréalais d’agir à leur échelle, croit Marie-Andrée Mauger. Le scénario d’un dépotoir à Montréal, « c’est peut-être [ce] qui va amener toute la population et les parties prenantes à passer à l’action et à requestionner leurs efforts par rapport à la réduction de ce qui est envoyé à l’enfouissement », espère l’élue.

À son avis, la solution passe par la réduction à la source de la production des déchets. Une consommation plus raisonnée et plus locale contribuerait à modérer l’enfouissement. « Il faut diminuer notre consommation des ressources à l’échelle planétaire. On a un rythme de vie qui fait en sorte qu’il faudrait quatre planètes pour le soutenir », dit-elle.

On est à la croisée des chemins où il faudrait accepter ce questionnement individuel et sociétal.

Marie-Andrée Mauger, responsable de l’environnement à la Ville de Montréal

« Il faudrait qu’on change notre façon de consommer, notre façon d’emballer », confirme Marc Olivier, expert des matières résiduelles qui enseigne à l’Université de Sherbrooke. Il estime que Québec accorde trop facilement des permis d’agrandissement aux sites d’enfouissement, faisant l’économie d’une véritable réflexion sur le sujet.

En chiffres

52 %

Plus de la moitié des ordures du Grand Montréal sont enfouies à l’extérieur du territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal.

3 millions

En tonnes, c’est la quantité de déchets produits dans le Grand Montréal qui ont été enfouis ou brûlés, soit l’équivalent de presque 13 Wonder of the Seas, le plus gros paquebot sur la planète.

Source : CMM (2020)

Bac brun : six mois de paralysie

PHOT DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Les chantiers des deux usines qui devaient valoriser le compost de la métropole sont pratiquement paralysés depuis maintenant six mois, ajoutant des délais d’attente à ces projets d’un tiers de milliard de dollars, déjà en retard. Rien pour convaincre les Montréalais de remplir leurs bacs bruns, dont la popularité est en baisse selon les dernières données disponibles.

Au cœur du problème : un conflit commercial impliquant l’entreprise qui a obtenu les contrats de construction (Veolia), son sous-traitant (EBC) et la Ville de Montréal. En 2019, Veolia a remporté les appels d’offres pour construire le centre de traitement des matières organiques de Saint-Laurent, ainsi que l’usine de biométhanisation de Montréal-Est. Elle a confié les deux projets forfaitaires, d’une valeur totale de 340 millions, à EBC.

Veolia réclame maintenant des millions de dollars à l’Hôtel de Ville en plaidant avoir subi les contrecoups de la pandémie et de la guerre en Ukraine, qui ont compliqué les chaînes d’approvisionnement. EBC, qui n’était plus payé, a déserté les deux chantiers en juillet dernier.

« On garde le cap sur une résolution de ce conflit. C’est un litige commercial, il y a déjà eu des discussions avec la Ville, encore cette semaine, a affirmé Marie-Andrée Mauger, élue responsable de l’environnement au sein de l’administration Plante. Je ne vous dirai pas que c’est facile, mais on ne lâche pas les efforts. »

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Le site de Saint-Laurent, qui fabriquera du compost, « est presque terminé », assure Marie-Andrée Mauger, élue responsable de l’environnement au sein de l’administration Plante.

Entre octobre et décembre, de brefs travaux ont eu lieu afin de préparer les structures en construction pour l’hiver, ainsi que pour réaliser des éléments accessoires. « Ça a fait augmenter encore le taux d’achèvement de ces deux infrastructures », a assuré Mme Mauger. Le site de Saint-Laurent, qui fabriquera du compost, « est presque terminé, vraiment. Il est à plus de 90 % de taux d’achèvement ».

Mais les retards sont si importants – et imprévisibles – que Montréal a dû attribuer de nouveaux contrats intérimaires pour gérer le contenu des bacs bruns de la métropole. Une bonne partie de ces matières organiques est envoyée en Ontario et continuera de l’être jusqu’à ce que les usines montréalaises soient inaugurées. Le compost actuellement produit avec les bacs bruns des Montréalais – qui coûte des millions de dollars en argent public – n’est pas d’assez bonne qualité pour être utilisé en agriculture.

« Les Montréalais et les Montréalaises méritent mieux », a fait valoir Stéphanie Valenzuela, élue de l’opposition officielle à l’hôtel de ville. « Il faut comprendre que la date initiale de fin de travaux pour le centre de traitement des matières organiques de Saint-Laurent, c’était septembre 2021 ! » Mme Valenzuela déplore le « manque de transparence » de l’administration Plante dans ce dossier.

EBC n’a pas voulu faire de commentaires. « Les discussions continuent […] afin de trouver une solution acceptable pour toutes les parties », a indiqué Veolia par courriel. « Pendant ce temps, le travail d’ingénierie continue. Nous reconnaissons l’importance des ces projets pour la communauté. »

Le compostage en berne

Ces problèmes ne contribueront en rien à convaincre les Montréalais d’utiliser davantage leur bac brun.

Pour la deuxième année consécutive, d’ailleurs, la popularité globale du compostage était en berne en 2022, malgré la multiplication des bacs bruns dans la ville. « Il y a certains facteurs qu’on soupçonne, notamment l’effet de la pandémie sur le taux de participation, une diminution peut-être un peu de la population montréalaise. Il y a aussi le ralentissement économique », a expliqué le fonctionnaire responsable du service de l’environnement, Roger Lachance, le mois dernier.

En 2022, la quantité globale de déchets de table compostés était en diminution de 4 % par rapport à l’année précédente. Les Montréalais ont mis au bac brun environ 104 000 tonnes de matières organiques, soit un peu plus de 50 kg par personne.

Mais la Ville de Montréal estime que les sacs de poubelle sont encore remplis à 57 % de matières qui devraient se retrouver au compost, toujours selon le service de M. Lachance.

Le problème, selon l’expert Marc Olivier, de l’Université de Sherbrooke : « Dès qu’on arrive dans un milieu bâti qui est trop dense, les taux de participation chutent considérablement », a-t-il dit, soulignant les problèmes à intégrer les bacs bruns dans les bâtiments de neuf logements et plus. Les odeurs, le nettoyage nécessaire des bacs et le manque d’espace physique sont autant de freins.

On a du travail à faire, il faut convaincre du monde et notamment des concierges de mettre des systèmes en place.

Marc Olivier, chimiste spécialisé en environnement et en gestion des matières dangereuses à l’Université de Sherbrooke

Dans les grands immeubles de Montréal, « ça n’a pas de bon sens présentement », la participation aux collectes de compost (et même de recyclage), a-t-il déploré. « C’est la grosse catastrophe. »

Mme Mauger croit toutefois avoir un atout dans sa poche pour convaincre davantage de Montréalais d’utiliser leur bac brun : la simplicité du tri et l’impact direct sur l’environnement.

« C’est ultra-positif de participer à la collecte des matières organiques. On crée du compost, des matières vivantes pour enrichir nos sols, et on crée aussi un gaz naturel renouvelable par biométhanisation, a-t-elle dit. Les filières associées au compost sont ultra-positives. Et c’est simple, le compost : […] ç’a déjà été vivant ? C’est compostable. »

En chiffres

36 %

Proportion des résidus organiques produits dans le Grand Montréal qui sont compostés.

72 %

Près des trois-quarts des habitations montréalaises sont actuellement desservies par un bac brun.

Source : Ville de Montréal

Bac vert : la dernière crise du recyclage ?

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Mauvais tri, ballots qui s’accumulent, guerre d’usure avec l’opérateur : Montréal est passé à un cheveu de devoir interrompre la collecte du recyclage en 2022, une crise qui s’est finalement résorbée sans dégâts majeurs. Et si la chance leur sourit, il pourrait s’agir des derniers problèmes de recyclage que les fonctionnaires et les élus de la métropole auront à gérer.

Dès le 1er janvier 2025, ce sont les producteurs d’emballages eux-mêmes qui devront gérer les centres de tri au Québec.

Au cœur de la débâcle de 2022 : l’entreprise Ricova, qui n’a jamais réussi à atteindre une qualité de production satisfaisante au tout nouveau centre de tri de Lachine et qui s’est retrouvée incapable d’écouler ses ballots de matières à recycler.

Ceux-ci s’accumulaient à l’intérieur et à l’extérieur des installations, au point où Ricova a menacé de fermer les deux centres de tri qu’elle exploite, forçant une interruption des collectes. Montréal l’a écartée au profit de l’entreprise de réinsertion sociale Via, qui facture plus cher à la Ville, mais obtient de meilleurs résultats.

« Les quantités de matières récupérées ont progressé pour passer de 164 kg par personne en 2017 à 215 kg par personne en 2020 », selon la CMM.

« C’est quand même notable qu’on ait réussi à faire une transition, au mois d’octobre, sans aucun fracas, sans aucun bris de service. Du jour au lendemain, à minuit, on est passés de Ricova à la société Via », a fait valoir Marie-Andrée Mauger, élue responsable de l’environnement au sein de l’administration montréalaise.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

La cour du centre de tri de Lachine remplie de ballots de papier, l’été dernier

« En l’espace de deux mois, ils sont passés d’un taux de contamination [des ballots de] papier mixte de 30 % à 10 %, voire un peu moins. L’objectif en 2023, c’est de continuer à faire diminuer ce taux de contamination […] pour avoir moins de 5 % de contamination. »

Mme Mauger espère que cette amélioration de la qualité du tri permettra à Via d’écouler ses ballots au Québec. Ricova préférait exporter les siens, notamment vers des pays en voie de développement où les normes environnementales sont moins serrées. Au risque, une fois leur modèle d’affaires étalé sur la place publique, de décourager les Montréalais de participer à la collecte.

Les producteurs bientôt responsables de leurs emballages

Dès janvier 2025, selon le calendrier actuel, ces problèmes reposeront sur les épaules des producteurs d’emballages.

Les fabricants d’emballages « eux-mêmes vont s’assurer d’optimiser les coûts et d’optimiser les emballages, parce que ce sont eux qui vont prendre directement les contrats avec les centres de tri », a expliqué Émilie Charbonneau, responsable de l’environnement à la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM). C’est ce que le gouvernemental provincial appelle la responsabilité élargie des producteurs.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Émilie Charbonneau, responsable de l’environnement de la Communauté métropolitaine de Montréal

C’est l’organisme Éco Entreprises Québec qui gérera le système au nom des producteurs d’emballage. Un appel à projets pour la construction d’un nouveau centre de tri dans l’est de Montréal a déjà été publié le mois dernier. Éco Entreprises Québec devra aussi conclure des contrats avec les opérateurs de centres de tri existants.

« Je ne pense pas que ça va changer grand-chose pour le citoyen (il va toujours mettre son bac de recyclage à la rue le bon jour), mais toute la mécanique, la gestion, le paiement derrière vont être faits par l’entreprise privée », s’est réjoui Karel Ménard, du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets.

Ultimement, c’est une bonne chose que la responsabilité soit transférée à l’entreprise privée, parce qu’elle va être responsable de ce qu’elle met sur le marché. Et si elle met de la cochonnerie sur le marché, elle va devoir la gérer, sa cochonnerie, ou encore éviter de la produire.

Karel Ménard, du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets

L’environnementaliste insiste toutefois sur l’importance de la transparence publique dans ce type de système, afin de s’assurer que les produits recyclables continuent d’être recyclés de façon adéquate.

« Le gaspillage, on n’en veut pas »

Entre-temps, Montréal et le Grand Montréal tentent de réduire à la source la quantité de matières recyclables consommées par les citoyens.

L’automne dernier, le bras de fer entre Valérie Plante et Postes Canada quant à la distribution automatique du Publisac dans certains quartiers de Montréal a fait couler beaucoup d’encre. Transcontinental, qui exploite le Publisac, s’était vu interdire sa distribution dans la métropole, avant de se tourner vers la société publique fédérale pour accomplir le travail. Cette dernière n’est pas soumise à la réglementation municipale.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

En octobre dernier, Valérie Plante avait dénoncé la décision de Postes Canada de poursuivre la distribution du Publisac.

« Le modèle basé sur le gaspillage, on n’en veut pas à Montréal », avait lancé Valérie Plante en octobre. « Le gouvernement fédéral et Postes Canada : mettez vos culottes ! II faut que les messages [sur la transition écologique] suivent les actions. » Postes Canada a interrompu cette distribution deux mois plus tard.

Par ailleurs, toujours l’automne dernier, Montréal a interdit la distribution des sacs d’emplettes en plastique – peu importe leur épaisseur. Dès mars, plusieurs produits de plastique à usage unique seront largement bannis, dont les pailles, les assiettes et les ustensiles.

En chiffres

50 %

À peine la moitié des matières recyclables du Grand Montréal sont recyclées.

Source : CMM (2020)

Étude Les arbres réduiraient d’un tiers la mortalité liée aux canicules urbaines

PHOTO BORYANA KATSAROVA, LA PRESSE

Cette étude est la première à prévoir, dans le contexte du réchauffement climatique dans les villes, le nombre de décès prématurés qui pourraient être évités par une couverture arborée supplémentaire.

(Paris) Planter plus d’arbres dans les zones urbaines pour faire baisser les températures estivales pourrait réduire d’un tiers les décès directement liés aux canicules, ont indiqué des chercheurs mercredi.

Publié hier à 8h58

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Agence France-Presse

Une modélisation a révélé que si la couverture végétale d’une ville pouvait atteindre les 30 % de sa surface, contre une moyenne de 14,9 % actuellement, cela permettrait de réduire la température de 0,4 degré Celsius en moyenne pendant les canicules estivales, rapporte une étude publiée dans The Lancet.

Sur les 6700 décès prématurés attribués au réchauffement des températures dans 93 villes européennes en 2015, les résultats montrent qu’un tiers pourrait ainsi être évité.

Cette étude est la première à prévoir, dans le contexte du réchauffement climatique dans les villes, le nombre de décès prématurés qui pourraient être évités par une couverture arborée supplémentaire, a souligné l’auteure principale, Tamara Iungman, chercheuse à l’Institut de santé mondiale de Barcelone.

Les températures dans les villes sont plus élevées que dans les banlieues ou les campagnes environnantes, en raison d’îlots de chaleur.

Cette différence de température est principalement due à la suppression de la végétation, à l’évacuation de la chaleur des systèmes de climatisation, ainsi qu’à l’asphalte et aux matériaux de construction de couleur sombre qui absorbent et retiennent la chaleur.

« Nous savons déjà que les températures élevées dans les environnements urbains sont associées à des résultats négatifs pour la santé, tels que l’insuffisance cardiorespiratoire, l’augmentation des admissions à l’hôpital et des décès prématurés », a déclaré Mme Iungman dans un communiqué.

« Notre objectif est d’informer les politiques et les décideurs locaux sur les avantages de l’intégration stratégique de l’infrastructure verte dans la planification urbaine afin de promouvoir des environnements urbains plus durables, résilients et sains. »

En raison du réchauffement climatique d’origine humaine, l’augmentation des températures dans les villes sera plus intense d’où la nécessité de plus en plus urgente pour les villes, de s’adapter pour améliorer les résultats en matière de santé.

Déjà l’année dernière, l’Europe a connu l’été le plus chaud jamais enregistré et la deuxième année la plus chaude. Dans le monde entier, les vagues de chaleur atteignent des pics record et leur durée s’est allongée ces dernières décennies.

Aujourd’hui, le froid cause encore plus de décès en Europe que la chaleur. Mais les prévisions basées sur les émissions actuelles révèlent que les maladies et les décès liés à la chaleur représenteront une charge plus importante pour les services de santé d’ici une décennie.

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Compost Pénurie de bacs bruns dans certains arrondissements


PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE | Dans Rosemont–La Petite-Patrie, Montréal-Nord et Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles, les citoyens dont le bac brun standard (45 litres) a disparu ou est cassé doivent prendre leur mal en patience pour plusieurs semaines.

Des centaines de Montréalais ne peuvent plus composter en raison d’une pénurie de bacs bruns dans certains arrondissements, a pu confirmer La Presse.

3 février 2023 | Publié à 7h00 | PHILIPPE TEISCEIRA-LESSARD | LA PRESSE

Dans Rosemont–La Petite-Patrie, Montréal-Nord et Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles, les citoyens dont le bac standard (45 litres) a disparu ou est cassé doivent prendre leur mal en patience pour plusieurs semaines. Les entrepôts municipaux sont vides et le seront jusqu’au printemps.

« L’arrondissement a traité un nombre plus important de demandes de bacs que les quantités anticipées, indique par exemple Judith Gratton Gervais, chargée de communication de Rosemont–La Petite-Patrie. Il y a actuellement 464 personnes inscrites sur notre liste d’attente pour un bac brun. »

Pas avant le printemps

Les arrondissements pourront passer une nouvelle commande de bacs ce mois-ci, commande qui n’arrivera toutefois pas avant le printemps, précise Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles. Dans cet arrondissement, la liste d’attente ne comptait cependant que 17 personnes en date du 1er février. « Une fois que l’arrondissement recevra les bacs en avril, chaque personne sur la liste d’attente en recevra un directement à son domicile », a indiqué la chargée de communication Roxanne Néron-Lefebvre. À Montréal-Nord, on offre des bacs plus gros (80 litres) en attendant.

Aux services centraux de la Ville de Montréal, on n’avait pas de portrait d’ensemble de cette pénurie de bacs. « Nous ne pouvons commenter sur la situation spécifique », a indiqué la relationniste Kim Nantais, après avoir souligné que le rôle de la Ville était d’assurer le lien entre les arrondissements et le fournisseur.

Ce dernier, Orbis Canada, n’a pas voulu commenter le dossier.

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