Environnement et transition écologique

La saga du minage de cryptomonnaie sur des terres agricoles se poursuit


Olga Maltseva, Archives Agence France-Presse
Cette nouvelle saga a débuté il y a quelques années déjà, lorsqu’une entreprise de Benoît Laliberté a commencé à bâtir des «dômes de serveurs informatiques» sur des terres agricoles situées à Sainte-Marie-Madeleine sans obtenir l’autorisation de la CPTAQ.

Ulysse Bergeron
5 décembre 2022
Économie

Une étape de plus est franchie dans le bras de fer judiciaire qui oppose la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) à l’homme d’affaires controversé Benoît Laliberté. La Cour d’appel a récemment tranché en faveur du gardien des sols cultivables qui, depuis quatre ans, tente de faire démanteler des installations de minage de cryptomonnaies installées sans autorisation sur des terres agricoles de bonne qualité.

Avec sa décision, la Cour d’appel refuse à l’homme d’affaires controversé une demande qui aurait eu pour effet de freiner des démarches entamées par la CPTAQ. L’organisation tente d’homologuer devant un tribunal une première décision qui ordonne le démantèlement des infrastructures informatiques en territoire agricole.

La saga judiciaire n’est pas pour autant terminée. En entretien avec Le Devoir, Benoît Laliberté persiste et signe dans sa volonté de miner des cryptomonnaies : « Nous, on a une panoplie d’arguments à faire valoir. Puis, à l’issue de ça [si le jugement nous est défavorable], on a toutes sortes de recours, dont un appel de plein droit [de la décision]. »

Même si cette portion-là qui est liée à nos dômes [infrastructures qui servent au minage de cryptomonnaies] n’est pas de l’agriculture au sens propre, nous, on conçoit ça comme un système accessoire de chauffage pour nos serres qui doivent être construites.

— Benoît Laliberté

Ses infrastructures de minage, soutient-il, font partie d’un projet plus vaste qui, lui, serait de nature agricole. À terme, la chaleur de ses installations devrait chauffer des serres de tomates, dit-il : « Même si cette portion-là qui est liée à nos dômes [infrastructures qui servent au minage de cryptomonnaies] n’est pas de l’agriculture au sens propre, nous, on conçoit ça comme un système accessoire de chauffage pour nos serres qui doivent être construites. »

Or, quatre ans après le début du projet, il concède que les serres ne sont toujours pas installées, indiquant les avoir commandées il y a près de « deux ans et demi ».

Questionné quant à la possibilité de devoir démanteler ses installations si la décision lui était finalement défavorable, M. Laliberté se montre confiant. « Nous, on est sûrs qu’on va trouver une solution de bonne foi avec la CPTAQ pour utiliser la chaleur de nos équipements pour cultiver », dit-il. Pendant les procédures, il compte poursuivre les activités sur les terres.

Benoît Laliberté est un entrepreneur qui a connu son lot de controverses. Dans les années 2000, la faillite de son entreprise en informatique, Jitec, a été très médiatisée. En 2008, il a été condamné pour 41 infractions à la Loi sur les valeurs mobilières pour manipulation du titre de Jitec. En novembre dernier, La Presse publiait une enquête révélant, entre autres choses, que les gouvernements du Québec et du Canada lui réclamaient plus de 55 millions de dollars pour impôts, taxes et amendes non payés. Et dans les dernières semaines, Radio-Canada racontait ses déboires avec la CPTAQ.

Les cryptomonnaies en terres agricoles

Cette nouvelle saga a débuté il y a quelques années déjà, lorsqu’une entreprise de Benoît Laliberté a commencé à bâtir des « dômes de serveurs informatiques » sur des terres agricoles situées à Sainte-Marie-Madeleine sans obtenir l’autorisation de la CPTAQ. Dès 2018, la municipalité a constaté que des travaux de branchements électriques et d’excavation avaient été réalisés sans permis, et un avis d’infraction a alors été établi.

« Ces travaux visaient à permettre l’installation, à l’intérieur d’un dôme ayant auparavant servi de manège à chevaux, d’environ 1000 modules informatiques servant à effectuer des calculs et utilisés dans des opérations de minage de cryptomonnaies », est-il détaillé dans l’ordonnance de la CPTAQ qui remonte à 2018.

L’année suivante, alors que le dossier est devant les tribunaux, Benoît Laliberté vend pour un million de dollars ses installations à une entreprise qu’il dirige : le Centre de données de Blockchain (Blockchain Data Centers). Enregistrée à Toronto, cette dernière appartient en partie à United American Corp, une société floridienne spécialisée dans le minage de cryptomonnaies.

Depuis, Blockchain Data Centers s’est redéfini comme une entreprise serricole, maintenant connue sous deux noms : Corporation d’énergie thermique agricole du Canada et AgroDômes. « Nous, on considère faire des activités agricoles », dit M. Laliberté.

L’absence de serres n’a pas empêché les serveurs informatiques de rouler à plein régime dans les dernières années. Pour assurer l’approvisionnement en électricité, la facture mensuelle de l’entreprise atteignait 350 000 $, selon des documents de cour. Le bloc de 12,3 MW qui lui est attribué représente la quasi-totalité du volume destinée aux activités de chaînes de bloc (12,9 MW) du réseau régional d’électricité de Saint-Jean-Baptiste de Rouville.

À partir de 2020, le projet de Benoît Laliberté commence néanmoins à battre de l’aile. L’entrepreneur Emco, qui a fait des travaux de construction sur le site, lui fait parvenir une hypothèque légale, suivie d’un préavis d’exercice de vente sous contrôle de justice.

À l’automne de la même année, c’est la Coopérative régionale d’électricité de Saint-Jean-Baptiste-de-Rouville qui lui envoie un avis d’interruption de service parce que les sommes impayées atteignent près de 285 000 $, selon les documents de cour.

Benoît Laliberté concède « avancer avec plusieurs vents de face », qu’il qualifie à plusieurs reprises de « politiques » durant l’entretien avec Le Devoir. Au sujet de l’avis d’infraction de 2018 de la CPTAQ, il dit : « c’était “canné”, c’était une job de bras ». Chauffer des serres par l’entreprise de la chaleur créée par des systèmes de minage de cryptomonnaies, c’est « relativement innovant et nouveau », constate-t-il, ajoutant « qu’il n’y a pas de jurisprudence » à cet effet : « Nous, on a fait ce qu’on pensait être le mieux, tout simplement. »

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La cryptomonnaie peut être minée n’importe où en zone urbaine, pas besoin de détruire des terres cultivables pour cela. En plus le minage n’apporte rien de vraiment constructif pour notre économie et devrait être banni des précieuses ressources énergétiques d’Hydro-Québec.

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De bons gestes qui peuvent “faire école” (et également “faire des petits” ) ailleurs à Montréal et au Québec. :seedling: :ear_of_rice: :herb: :electric_plug: :blue_car:

Des mesures concrètes pour accélérer la transition écologique dans l’arrondissement de Lachine

Logo de l'arrondissement de Lachine (Groupe CNW/Ville de Montréal - Arrondissement de Lachine)

NOUVELLES FOURNIES PAR Ville de Montréal - Arrondissement de Lachine | Déc 06, 2022, 13:13

MONTRÉAL, ARRONDISSEMENT DE LACHINE, le 6 déc. 2022 /CNW Telbec/ - Lors de la séance du 5 décembre, les membres du conseil de Lachine ont approuvé un projet de modifications au règlement sur le zonage afin d’y inclure des dispositions favorisant la transition écologique. Les changements proposés à la réglementation concernent entre autres l’agriculture, les toits verts, les voitures ainsi que le verdissement. La population sera invitée à s’exprimer sur ce projet de règlement à l’occasion d’une consultation publique en janvier 2023.

« En marge de la COP15, Lachine met en place des mesures pour accélérer la transition écologique et accroître la biodiversité dans notre arrondissement. Depuis plusieurs années, nous collaborons avec les entreprises, les organismes et les citoyens du territoire pour réaliser des projets qui répondent au plus grand défi de notre siècle et c’est ensemble que nous atteindrons nos cibles. Depuis 2012, cette collaboration nous a permis d’acquérir, verdir ou protéger 304 900 m2 d’espaces verts et planter plus de 5 300 arbres sur le domaine public et privé. Avec ces nouvelles modifications réglementaires, nous souhaitons aller plus loin ensemble et faire notre part dans ce grand mouvement sociétal », a déclaré Maja Vodanovic, mairesse de Lachine.

Favoriser les toits verts

Avec le nouveau règlement de zonage, les nouveaux bâtiments d’une superficie de 2 000 m" ou plus devront être pourvus de toits végétalisés sur une superficie de 10 à 40 %. Des normes semblables seront par ailleurs applicables aux agrandissements de bâtiments existants.

Faciliter l’agriculture urbaine

Avec ce projet, une nouvelle classe du règlement de zonage permettra les cultures maraîchères et horticoles, la myciculture ainsi que l’aquaculture dans la zone commerciale centrale de l’arrondissement (secteur de la 32e Avenue - rue Remembrance - avenue Victoria) ainsi que dans certaines zones industrielles. Dans les zones résidentielles, publiques ou institutionnelles, il sera par ailleurs possible d’aménager un jardin domestique, un potager ou un jardin collectif ou communautaire comme usage complémentaire sur un terrain occupé par un bâtiment principal ou sur un lot vacant adjacent. D’une manière générale, l’aménagement de serres sera également facilité autant sur des terrains que sur le toit de bâtiments.

Plus de bornes de recharge pour voitures électriques

Des bornes de recharge de véhicules électriques sont prévues dans les nouvelles habitations de cinq logements et plus ainsi que dans les stationnements de nouveaux commerces ou d’industries ainsi qu’à l’occasion de travaux d’agrandissement ou de transformation d’aires de stationnement existantes. L’ajout de stations de recharge pour véhicules électriques dans les stations d’essence sera favorisé en tant qu’offre complémentaire ou encore comme usage principal.

Stationnements à vocation multiple et verdissement

Avec l’ajout de la notion de stationnements mutualisés, les conducteurs de véhicules pourront partager des espaces pour se garer pour différents usages : visiteurs, courte durée, livraisons, débarcadère.

La réglementation comprend également des modifications aux règlements entourant l’abattage d’arbres et le verdissement, toujours dans une optique d’améliorer la transition écologique.

SOURCE Ville de Montréal - Arrondissement de Lachine

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Filière batterie Vers des investissements de 10 milliards

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Guy LeBlanc, président-directeur général d’Investissement Québec

La province continuera d’attirer les regards et les dollars des multinationales l’an prochain, parole de Guy LeBlanc, grand patron d’Investissement Québec (IQ), le bras investisseur du gouvernement provincial. Le montant des investissements annoncés dans la filière batterie va doubler d’ici la fin de 2023, promet-il.

Publié à 6h00

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André Dubuc
André Dubuc La Presse

« Si l’année prochaine se passe comme prévu, on devrait être rendus à 10 milliards d’investissements fin 2023 », a dit Guy LeBlanc, président-directeur général d’Investissement Québec, dans un entretien.

Déjà que la cuvée 2022 a été un grand cru, puisque des multinationales étrangères comme BASF et GM-POSCO (fabrication de cathodes), puis Vale (sulfate de nickel) ont tour à tour annoncé des projets au Québec, plus précisément à Bécancour, dans le Centre-du-Québec.

« Ces usines vont devoir être prêtes d’ici 2025 à peu près, précise M. LeBlanc. Des travaux de construction vont s’amorcer en 2023. »

La stratégie du gouvernement Legault vise à attirer des projets à toutes les étapes de la filière batterie, soit l’extraction des ressources comme le graphite et le spodumène de lithium, la transformation de matière en composants de qualité batterie, la fabrication d’anodes et de cathodes (principaux éléments d’une batterie), l’assemblage de cellules et la fabrication des modules de batteries.

De l’exploration jusqu’au recyclage, Québec estime qu’il y a neuf étapes dans la chaîne des batteries.

Des projets ont été annoncés à presque toutes les étapes, sauf la fabrication de cellules à grande échelle.

« On a plus un problème de terrains disponibles que de joueurs établis avec lesquels on discute », a répondu M. LeBlanc à une question sur le retrait des celluliers Britishvolt et StromVolt, qui n’ont pas donné suite à leur projet au Québec.

Outre Bécancour, Shawinigan et le reste du Centre-du-Québec sont ciblés pour accueillir des projets. « Il y a des possibilités au Saguenay, puisqu’il y a un port en eau profonde et une source d’énergie importante, a-t-il indiqué. Il y a aussi des possibilités dans la région de Montréal. »

M. LeBlanc se réjouit d’avance des impacts positifs de ces investissements à venir sur la productivité au Québec.

Productivité des entreprises à la hausse

« Avec des projets structurants comme on a, avec, entre autres, la filière batterie et la transformation du minerai qui va se faire au Québec, c’est sûr que ça va faire augmenter nos chiffres de productivité de façon importante, et toutes ces entreprises vont être hautement automatisées et c’est vrai avec notre stratégie d’aluminium vert. Nos données vont aller en augmentant plus rapidement que dans l’ensemble du Canada. »

Sur cet enjeu de la productivité, M. LeBlanc avait de bons résultats à présenter concernant le programme Productivité innovation, deux ans après son lancement.

Depuis son lancement à l’automne 2020, en pleine pandémie, près de 4000 entreprises ont été accompagnées en vue de réaliser une transformation numérique ou une automatisation de leur production. Du lot, il en a résulté près de 700 projets d’investissement ayant nécessité des débours de 6 milliards, dont 2 milliards en provenance d’Investissement Québec sous forme de prêt.

L’enveloppe autorisée s’élève à 2,4 milliards, mais le patron d’IQ assure que l’argent ne manquera pas. « Il va avoir autant d’argent que nécessaire, car il en va de l’enrichissement collectif », a assuré Guy Leblanc.

Le programme Productivité innovation a pris la relève de l’initiative précédente Manufacturiers innovants, qui a elle-même laissé son empreinte au sein des usines.

De 2017 à 2020, le nombre de robots industriels est passé de 2841 à 4102 dans les entreprises québécoises, en hausse de 44 %, selon les chiffres d’une étude de l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC) réalisée au cours de l’été 2022.

Toutes ces initiatives semblent porter leurs fruits, puisque la productivité au travail dans l’ensemble des entreprises a crû de 5,6 % entre 2018 et 2021, selon Statistique Canada. Le résultat se compare favorablement à l’Ontario (1,5 %) et au Canada (2,5 %).

Autre donnée d’intérêt, l’investissement privé non résidentiel marque une augmentation de plus de 20 % au Québec pour la période de 2018 à 2022, comparativement à 13 % au Canada.

Avec la collaboration de Julien Arsenault, La Presse

En savoir plus

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    Nombre de robots requis en 2030 pour que le Québec rattrape la moyenne mondiale de 311 robots par tranche de 10 000 emplois

source : IREC pour IQ

Le défi de protéger la biodiversité à Montréal

De nouveaux statuts de conservation, des acquisitions, une meilleure connectivité écologique : la Ville de Montréal s’est engagée à protéger plus d’aires terrestres. Survol.

Un cerf aperçu dans l’est de Montréal.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Valérie Boisclair (accéder à la page de l’auteur)

Valérie Boisclair

Publié à 4 h 00

Ville hôte de la COP15 sur la biodiversité, Montréal veut augmenter la superficie terrestre d’aires protégées sur son territoire à 10 %, en ajoutant l’équivalent de cinq fois le mont Royal. Mais le chemin pour y arriver doit encore être tracé.

Les délégués réunis à la COP15 doivent aboutir à un cadre de référence – l’équivalent d’un Accord de Paris pour la biodiversité – qui comprend une cible de protection de 30 % des terres et océans d’ici 2030. Un objectif auquel s’est engagé le premier ministre du Québec, François Legault, à l’ouverture de la 15e COP de la Convention sur la diversité biologique (CBD).

Pour s’inscrire dans ce grand objectif, la Ville de Montréal a indiqué vouloir augmenter la superficie terrestre de milieux naturels protégés d’ici 2030 dans le cadre de son plan de protection des pollinisateurs. En 2021, la métropole avait pu réaliser un bond important grâce à la création d’un paysage humanisé sur une portion de l’île Bizard, faisant ainsi passer sa superficie d’aires terrestres protégées à 8 %.

Maintenant, ça a l’air petit de passer de 8 % à 10 %, mais c’est beaucoup d’hectares, explique Marie-Andrée Mauger, responsable de la transition écologique et de l’environnement au comité exécutif et mairesse de l’arrondissement de Verdun. La Ville, rappelle-t-elle, cherche ainsi à ajouter 1000 hectares, soit l’équivalent de cinq fois la superficie du mont Royal.

L’administration municipale a-t-elle déjà identifié les terres qui ont le potentiel de lui faire atteindre cette cible? Il y a une estimation, il y a des scénarios, répond Mme Mauger.

C’est une cible ambitieuse, ajoute-t-elle. On sait qu’on peut l’atteindre d’ici 2030 […] mais tout n’est pas fait. Ce n’est pas comme si on avait déjà tout préparé et qu’on allait dévoiler, dans le courant de la prochaine année, comment on se rend à 10 %.

En comptant les aires maritimes, le total d’aires protégées à Montréal s’élève à 15,71 % du territoire, selon le registre du MELCC

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À l’échelle de la Communauté métropolitaine de Montréal, qui regroupe 82 municipalités, 22,3 % de tout le territoire est protégé, soit l’équivalent de l’île de Montréal au complet, à la suite de l’adoption d’un règlement de contrôle intérimaire en juin dernier.

Si la feuille de route reste à consolider, la Ville a déjà une bonne idée de la voie à emprunter, selon Mme Mauger.

La réalisation des projets du grand parc de l’Ouest, annoncé comme le futur plus grand parc municipal au Canada, du parc riverain de Lachine, du parc-nature de l’écoterritoire de la falaise Saint-Jacques ou encore d’un grand parc dans l’Est – réclamé de longue date par la société civile – doivent contribuer à l’atteinte de cette cible.

On peut penser au parc Frédéric-Back aussi, qu’on souhaite aménager en immense prairie, poursuit Mme Auger. Ce sont des endroits qui vont favoriser les habitats d’insectes, d’oiseaux, de papillons et d’autres espèces vivantes.

Le Technoparc de Montréal

Photo : Cour (Technoparc Montréal)

Comme tout espace vert n’est pas de facto considéré comme un milieu naturel protégé, la Ville doit donc augmenter la superficie d’espaces qui bénéficient d’un statut de conservation, tout en cherchant à acquérir de nouveaux milieux naturels.

Dans le Grand Montréal, le rythme d’urbanisation a été cinq fois plus important que celui de la protection des milieux naturels de 1985 et 2015. En plus de faire face à des enjeux de densification, l’administration municipale doit composer avec un environnement bâti important où les terrains épargnés par le développement se font rares.

C’est pourquoi il ne faudrait pas négligler les espaces verts informels de la métropole, selon Carly Ziter, professeure au Département de biologie de l’Université Concordia. Les terrains vagues, les espaces qu’on trouve en bordure des rues ou des chemins de fer et les berges des rivières sont autant d’espaces qui pourraient être protégés.

« Il y a certains espaces en ville que nous avons tendance à présumer inoccupés. Mais ils ne le sont pas. Ils sont en fait incroyablement précieux pour la biodiversité, mais aussi pour les communautés à proximité. »

— Une citation de Carly Ziter, professeure au Département de biologie de l’Université Concordia

Carly Ziter souligne que le Technoparc, situé près de l’aéroport Montréal-Trudeau, comprend ce type d’espaces verts informels que des citoyens souhaitent voir protégés. L’été dernier, la tonte du Champ des monarques par Aéroports de Montréal, qui a détruit près de 4000 plants d’asclépiades, a soulevé l’ire des membres de regroupements citoyens qui militent pour sa préservation.

Cet espace est un habitat extraordinaire pour les papillons monarques, dont on observait un déclin de 90 % dans les dernières décennies, souligne Mme Mauger. Elle rappelle que la Ville de Montréal a exprimé sa volonté de protéger le Technoparc, qui est toutefois de propriété fédérale.

Le gouvernement Trudeau, qui a ouvert une enquête publique, a depuis lancé des consultations afin d’inscrire le papillon monarque à la liste des espèces en péril, ce qui permettrait de protéger son habitat, y compris en terres fédérales, a précisé mercredi le ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, en point de presse. Ottawa a toutefois fermé la porte cette semaine à l’idée de transformer le terrain en parc urbain.

Des espaces riches et interconnectés

Tous s’entendent pour dire que l’augmentation des aires protégées et des habitats qu’elles abritent est la mesure première pour préserver la biodiversité. Lorsqu’une zone est développée, il est très difficile de rendre cet espace vert à nouveau et d’y réintroduire des espèces, résume Carly Ziter, qui pilote le Ziter Urban Landscape Ecology Lab.

Une fois que de nouveaux espaces sont protégés, il est important de s’assurer que nous les gérons de manière à favoriser la biodiversité, ajoute-t-elle.

Les corridors écologiques, qui relient les milieux naturels, en sont un bon exemple. La création d’habitats interconnectés permet d’accroître les bénéfices que ces espaces peuvent rendre, dit Mme Ziter.

Cohabiter avec les espèces sauvages

Grâce à la mise sur pied du Fonds Espèces en péril, annoncé en novembre dernier, la métropole souhaite mettre de l’avant des mesures pour protéger le papillon monarque, la tortue des bois, la rainette faux-grillon, le chevalier cuivré et l’ail des bois.

Mais dans l’ombre des espèces menacées, les espèces communes que nous côtoyons au quotidien méritent tout autant notre attention, souligne Carly Ziter. Parfois, j’ai peur que nous regardions un espace vert urbain et que nous nous disions : il n’y a rien de menacé ici, lance-t-elle. Beaucoup d’espèces communes s’y retrouvent pourtant et jouent un rôle important.

Dans le corridor écologique du grand Sud-Ouest, qui connecte les espaces verts des quartiers Côte-Saint-Paul et Émard à ceux de l’arrondissement voisin de LaSalle, une équipe a été mandatée pour documenter au cours des prochaines années la biodiversité que cet environnement est en mesure de soutenir.

Émile Forest, cofondateur de l’initiative Nouveaux voisins, a contribué à la plantation de quelque 33 000 végétaux dans ce corridor. Et ce, sans sortir aucune matière du site! précise-t-il.

En collaboration avec le Ziter Urban Landscape Ecology Lab, Émile Forest et ses collègues s’intéresseront, par exemple, à l’adaptation des plantes indigènes et aux dynamiques observées avec les insectes pollinisateurs.


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Favoriser la biodiversité dans sa cour

Dans la visée d’améliorer la qualité des habitats propices à la biodiversité, il y a le choix des végétaux qui est hyper important, indique pour sa part Marie-Andrée Mauger, de la Ville de Montréal. On va donc opter pour des plantes vivaces, indigènes et nectarifères de plus en plus, et délaisser les fleurs annuelles.

« On a cette volonté d’avoir un gazon parfait, mais le gazon parfait est une monoculture. Dès qu’on parle de monoculture, on ne parle pas de biodiversité. »

— Une citation de Marie-Andrée Mauger, responsable de la transition écologique et de l’environnement à la Ville de Montréal

C’est le réflexe que Nouveaux voisins tente de déconstruire chez les résidents de la ville. Fondé en 2019, l’OBNL s’est donné pour mission d’aider les citoyens à accroître la biodiversité dans les espaces qui leur appartiennent. L’idée de la mission, c’est d’améliorer la biodiversité dans des endroits qu’on a déjà modifiés. D’intervenir dans des milieux pauvres [en biodiversité] pour les bonifier, détaille Émile Forest.

Myosotis des champs, violettes et campanules peuvent venir décorer les cours, de façon à diminuer l’entretien et les séances d’arrosage. Et la pelouse peut quant à elle être troquée pour des graminées de type carex. On copie-colle du gazon partout juste parce que c’est ça qu’on connaît, dit-il. Mais le gazon, c’est exotique, ça ne vient pas d’Amérique du Nord et c’est pauvre en biodiversité.

Un projet réalisé par Nouveaux voisins dans une cour résidentielle.

Photo : Nouveaux Voisins

Dans son plan de protection des pollinisateurs, Montréal encourage le report de la première tonte de la pelouse pour laisser le temps aux insectes de nicher et de bénéficier des premières fleurs printanières pour se nourrir. La Ville entend en outre revoir les réglementations d’arrondissements pour favoriser l’aménagement de potagers et de jardins mixtes en façade.

Des mesures qui contribueront certes à accroître la biodiversité, mais qui ne sauraient suffire sans être conjuguées à une stratégie de protection des espaces verts. Le plus important demeure, insiste Émile Forest, est d’arrêter de détruire des habitats naturels, la principale cause du déclin de la biodiversité.

Il faut avant tout préserver ce qu’il nous reste, et sécuriser la conservation des milieux à l’aide de mécanismes fonciers, souligne M. Forest.

Une façon d’assurer la résilience des villes et de lutter, du même coup, contre les changements climatiques. Contrairement à la crise climatique, la perte de la biodiversité est une tragédie un peu invisible, un déclin dans le silence, rappelle-t-il. Mais préserver la biodiversité, c’est pour la suite du monde.

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Les paroles et les actes des pétroliers ne coïncident pas, affirme le Congrès

PHOTO LUDOVIC MARIN, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Selon des élus du Congrès, quand certaines entreprises vendent leurs activités les plus polluantes, comme l’extraction de sables bitumineux, elles savent bien que cela n’éliminera pas les émissions de ces projets, mais les déplacera simplement dans le bilan d’une autre entreprise.

(New York) Les géants du pétrole s’engagent publiquement à verdir leurs activités mais reconnaissent en interne que leurs actions ne permettront pas de réduire significativement leurs émissions et continuent parallèlement à investir massivement dans les hydrocarbures, affirme vendredi une note du Congrès américain.

Publié hier à 15h27

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Agence France-Presse

« Les documents publiés à ce jour révèlent que le secteur n’a aucun plan concret pour assainir sa situation et qu’il prévoit de pomper davantage de carburants polluants pendant encore des décennies », remarque dans un communiqué Carolyn Maloney, présidente de la commission de la Chambre des Représentants ayant engagé une enquête sur le sujet.

« Ces entreprises savent que leurs engagements en matière de climat sont inadéquats, mais elles privilégient les profits record au détriment des conséquences du changement climatique sur les humains », ajoute-t-elle.

Parmi les documents dévoilés figure par exemple un extrait d’une présentation au conseil d’administration de Chevron expliquant que le repli de certains concurrents dans le pétrole et du gaz crée des opportunités que le groupe peut saisir en « continuant à investir » dans les énergies traditionnelles.

Un courriel interne du puissant lobby pétrolier américain API montre de son côté que sa stratégie pour le climat de 2021 est principalement destinée à « la promotion continue du gaz naturel ».

Selon les élus de la commission, les documents montrent par ailleurs que les entreprises du secteur « admettent en privé que leur stratégie est de “résister et bloquer” » les réglementations sur le climat.

Et quand certaines entreprises vendent leurs activités les plus polluantes, comme l’extraction de sables bitumineux, elles savent bien que cela n’éliminera pas les émissions de ces projets mais les déplacera simplement dans le bilan d’une autre entreprise.

La commission de la Chambre des représentants a débuté son enquête en septembre 2021, accusant les groupes pétroliers d’avoir longtemps cherché à cacher les effets de leurs activités sur le climat et de continuer à s’opposer aux nouvelles réglementations sur le climat.

Les critiques se sont intensifiées ces derniers mois, des responsables gouvernementaux leur reprochant de profiter de la récente hausse des prix de l’énergie provoquée par la guerre en Ukraine pour dégager de gros profits et les redistribuer aux actionnaires plutôt que d’augmenter leurs investissements dans les énergies traditionnelles et renouvelables.

Jeudi, ExxonMobil a annoncé une hausse de son programme de rachat d’actions de 30 à 50 milliards de dollars d’ici 2024 et une augmentation des dépenses destinées aux énergies moins polluantes de 15 à 17 milliards de dollars d’ici 2027.

Avec ce rapport plus qu’inquiétant, on n’est vraiment pas sorti de l’auberge, puisque l’appât du gain pour les grandes pétrolières est le seul véritable objectif à court, moyen et long terme.

En fait ces grandes entreprises ont vraiment le pouvoir de bloquer toute décision favorable à la décarbonisation de la planète, en dépit de toutes les conférences mondiales et les efforts individuels des pays participants.

On peut donc entrevoir éventuellement un choc de civilisation entre les forces environnementalistes à l’international et le pouvoir considérable des multinationales pétrolières. Ces dernières ne voudront pas renoncer par pur égoïsme à leurs gains astronomiques en capitaux, qui les enrichissent démesurément sans égard à la qualité de vie des générations futures.

En réalité c’est tout le système économique planétaire qui est intoxiqué aux énergies fossiles, autant les pays démocratiques que les pays totalitaires. Et il ne semble pas pour le moment qu’aucune urgence climatique, ni aucun danger avéré ne puisse inverser ce néfaste rapport de force. Pauvre monde…

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Les corridors écologiques, le chaînon manquant dans la protection de la biodiversité

Au Québec, les zones protégées couvrent 17 % du territoire. Mais la plupart des corridors écologiques qui les relient entre elles n’ont pas le statut d’aire protégée. Un non-sens, selon la communauté scientifique.


Kateri Monticone dans le parc Alfred-Kelly, dans les Laurentides. | PHOTO : VINCENT RESSÉGUIER

Radio-Canada | 11 décembre 2022 | Publié à 4 h 00 | Vincent Rességuier

En ce début décembre, une fine croûte de neige recouvre les sous-bois du parc Alfred-Kelly, à Prévost, dans les Laurentides.

C’est là que nous a donné rendez-vous Kateri Monticone, directrice de programme chez Conservation de la nature Canada (CNC) et conseillère stratégique pour l’Initiative québécoise Corridors écologiques (IQCE).

Sur un ton sobre que l’on devine plein de reconnaissance, la biologiste nous raconte que cette réserve privée porte le nom d’un véritable amoureux de la nature : Alfred Kelly. L’ornithologue a légué sa propriété pour assurer, entre autres, la protection des oiseaux.

Le parc est situé en bordure de la ville, à deux pas de l’autoroute 15, et il est accessible au public. La relative quiétude qui règne dans ses falaises escarpées permet désormais la reproduction du faucon pèlerin, une espèce qui est actuellement en phase de rétablissement au Québec.

Il s’agit, selon Mme Monticone, d’un lieu stratégique pour la préservation de la biodiversité dans le sud de la province. Des orignaux, des chevreuils, des coyotes s’arrêtent ici pour trouver refuge avant de poursuivre leur chemin.


Kateri Monticone souligne la présence des pics dans le parc Alfred-Kelly | PHOTO : VINCENT RESSÉGUIER

Ce refuge fait partie du corridor écologique entre le parc naturel d’Oka et celui de Mont-Tremblant, qui sont situés à une centaine de kilomètres l’un de l’autre.

« Un corridor écologique, c’est un passage naturel qui permet à la faune de se déplacer, à la flore de se disperser, pour combler leurs besoins essentiels à leur survie. »

— Une citation de Kateri Monticone, biologiste

Mais ce corridor est avant tout théorique. Dans la réalité, il comprend une véritable mosaïque d’espaces protégés, plus ou moins reliés entre eux.

Avec l’urbanisation, l’agriculture et les industries, les animaux et les plantes en migration trouvent toute une série d’obstacles sur leur route.

Les corridors écologiques comme celui-ci sont pourtant essentiels pour les espèces qui doivent se déplacer sur de grands territoires. « Un peu comme les routes ou les autoroutes pour aller à l’épicerie ou aller travailler de façon sécuritaire, la faune et la flore ont également besoin de ces passages », argumente Mme Monticone.

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Les corridors écologiques établis par l’Initiative québécoise Corridors écologiques | PHOTO : CRÉDITS: IQCÉ

Des liens sont rompus

Or, dans certaines régions du Québec, les liens sont rompus. C’est le cas en Montérégie, où l’enjeu est désormais de restaurer les corridors écologiques.

La région compte une dizaine de collines qui ont, pour plusieurs, le statut d’aire protégée. Sauf que, par exemple, le mont St-Hilaire ou le mont St-Bruno sont isolés l’un de l’autre par le développement urbain et les cultures agricoles.

CNC y constate une érosion de la biodiversité et préconise notamment la création de bandes tampons pour y remédier.


Le mont Saint-Alban, au parc national Forillon. | PHOTO : RADIO-CANADA / ALICE PROULX

Autre exemple, le parc national Forillon, en Gaspésie, établi sur une péninsule et dont l’unique lien terrestre est traversé par une route.

Dans ce cas, Conservation de la nature Canada collabore avec les propriétaires, le parc et les gouvernements pour limiter le développement des bâtiments dans les environs de la route afin que la faune puisse traverser en toute tranquillité.

Ailleurs, il a parfois été nécessaire de construire des passages fauniques. Dans le corridor écologique entre Oka et Mont-Tremblant, le tunnel d’Ivry-sur-le-Lac assure un lien sécurisé sous l’autoroute 15. Il est très utilisé par les grands mammifères, mais aussi par les randonneurs.


Passage faunique d’Ivry-sur-le-Lac dans les Laurentides | PHOTO : CRÉDITS: IQCÉ

« Un casse-tête »

Restaurer ou protéger un corridor écologique implique souvent de limiter ou de déplacer les activités humaines.

« Quand je parle d’un corridor écologique, je pense à un casse-tête, explique Kateri Monticone. Chaque morceau est tenu par un acteur du territoire. »

« On doit trouver un moyen pour que chacun puisse poser une pièce sur la table, pour que chacun voie la plus-value et que chacun soit fier de contribuer à la biodiversité », poursuit-elle.


Stéphanie Pellerin est professeure au Département de sciences biologiques de l’Université de Montréal. | PHOTO : VINCENT RESSÉGUIER

Et à ce chapitre, les gouvernements provincial et fédéral pourraient en faire davantage, soutient la biologiste Stéphanie Pellerin, qui nous accueille au Jardin botanique de Montréal. Elle est notamment spécialiste de l’influence des activités humaines sur la biodiversité des écosystèmes.

Elle note qu’il est actuellement « très difficile de protéger des habitats » partout dans le sud du pays. C’est pourtant là que se trouve la majorité des espèces menacées.

Dans les zones urbanisées, la plupart des habitats naturels ont une superficie réduite. Ils sont fragmentés et souvent en terrain privé.

Mme Pellerin constate que de nombreux organismes sans but lucratif lancent des initiatives pour protéger les écosystèmes, mais qu’au « niveau gouvernemental, on sent un peu de réticence ».

Kateri Monticone souligne que les corridors écologiques du Québec n’ont pas de statut officiel. Une situation qu’elle souhaiterait voir changer au plus vite car, dit-elle, cela permettrait de protéger leur rôle capital pour la biodiversité, sans toutefois écarter des activités comme l’agriculture et la foresterie.

Et, à ce titre, elle se fait la porte-parole de l’Initiative québécoise Corridors écologiques (IQCE). Le regroupement englobe 10 organismes en environnement et bénéficie du soutien d’une centaine d’experts et de partenaires dans le sud du Québec.

En ouverture de la COP15, le gouvernement Legault s’est engagé à protéger 30 % du territoire d’ici 2030. Mme Monticone voit là une belle occasion d’intégrer les corridors écologiques dans les objectifs officiels de conservation.

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Les secteurs protégés par Conservation de la nature Canada sont des corridors verts situés entre le parc national Forillon et les terres publiques. | PHOTO : CONSERVATION DE LA NATURE CANADA

« La biodiversité en danger »

Lorsqu’on lui demande quel est l’état de la biodiversité dans le sud du Québec, Stéphanie Pellerin répond sans détour : « en danger ».

La variété des écosystèmes se réduit comme peau de chagrin, précise-t-elle, « tout devient pareil, peu importe où on va, c’est toujours les mêmes plantes, c’est ça qui est inquiétant ».

Des propos appuyés par un rapport du Conseil canadien pour la conservation des espèces en péril, publié début décembre.

Ce bilan fait état de 20 % des espèces répertoriées comme « gravement en péril, en péril ou vulnérables ».

Mme Pellerin assure que le chemin le plus court pour remédier à la situation est de protéger les écosystèmes, parce qu’en protégeant les milieux, on protège la vie.

« Il faut sortir du paradigme des espèces en péril. Il faut aller vers la reconnaissance des écosystèmes en péril, des paysages en péril, des environnements en péril et prendre des décisions qui sont très difficiles. »

— Une citation de Stéphanie Pellerin, biologiste au Jardin botanique de Montréal


« L’agriculture est importante, la foresterie est importante, mais ce sont des causes de perte de la biodiversité », rappelle Stéphanie Pellerin. | PHOTO : VINCENT RESSÉGUIER

Les activités humaines, principales causes de nuisances

Dans la communauté scientifique, un constat s’impose : les causes de la perte de la biodiversité sont principalement humaines.

La liste des nuisances s’avère longue comme le bras. La pollution atmosphérique, la pollution des sols, l’agriculture, la foresterie, les industries, l’étalement urbain, entre autres, causent un recul de la biodiversité.

Stéphanie Pellerin milite pour que les enjeux économiques soient relayés au second plan, derrière les impératifs environnementaux.

Dans la région de Montréal, par exemple, il reste seulement 6 % des milieux humides, rappelle la biologiste. Selon elle, le développement des activités humaines ne devrait plus être une option, « on ne devrait même plus se poser la question ».

Quand elle regarde vers l’avenir, Kateri Monticone anticipe qu’avec les changements climatiques, le sud du pays va avoir un rôle déterminant dans la protection de la biodiversité.

Les scientifiques observent une migration de la faune et de la flore d’Amérique vers le nord à cause du réchauffement climatique. Plusieurs espèces semblent se diriger vers le Québec, entre autres.

« En Amérique du Nord, le Québec a un rôle à jouer comme refuge climatique, conclut-elle . On se doit d’accueillir cette migration pour assurer la survie de ces espèces. » Et, sans surprise, elle pense que cela passe en priorité par des efforts pour préserver les corridors écologiques.

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Québec bonifie son programme d’agriculture durable de 15 millions

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Le maintien de bandes riveraines élargies ou de haies brise-vent fait partie des pratiques agroenvironnementales encouragées par le ministère de l’Agriculture.

Constatant la réponse exceptionnelle des agriculteurs, Québec bonifiera de 15 millions son programme de rétribution financière pour les producteurs qui adoptent de meilleures pratiques environnementales à la ferme.

Publié à 5h00

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Daphné Cameron
Daphné Cameron La Presse

Le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, André Lamontagne, profitera de son passage à la COP15, lundi matin, pour en faire l’annonce, a appris La Presse.

L’approche consistant à récompenser financièrement les bons élèves est la pierre d’assise du Plan d’agriculture durable (PAD) 2020-2030.

« Payer pour des services environnementaux », particulièrement ceux qui améliorent la santé des sols, la qualité de l’eau et la pollinisation, est aussi l’une des propositions qui se retrouvent dans le texte débattu à la Conférence de l’ONU sur la biodiversité qui se déroule à Montréal depuis bientôt une semaine.

Grâce au financement additionnel de Québec, près d’un millier d’entreprises agricoles québécoises pourront, à compter de février 2023, s’ajouter aux 1837 fermes déjà inscrites au programme, le premier du genre au Canada.

Les entreprises qui adoptent des pratiques agroenvironnementales favorables à la biodiversité comme des bandes riveraines élargies ou des haies brise-vent peuvent aller chercher jusqu’à 50 000 $ sur trois ans. L’utilisation de semences non traitées aux insecticides, la réduction de l’usage des herbicides et la plantation de cultures de couverture en hiver sont aussi des pratiques admissibles.

Nouveauté : un cursus de formation continue en agroenvironnement sera offert au début de l’an prochain. Une trentaine de cours seront offerts en collaboration avec l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec et d’autres maisons d’enseignement. Selon le nombre d’heures de cours suivies, les agriculteurs qui souhaitent parfaire leurs connaissances pourront toucher jusqu’à 1500 $.

Pour ce deuxième tour de roue, les entreprises les plus novatrices et avancées se verront accorder une reconnaissance accrue.

Réduire les pesticides

Le Plan d’agriculture durable 2020-2030 vise à faire chuter de 15 % le volume de pesticides vendus à l’échelle de la province et de 40 % l’indice qui chiffre les risques théoriques des pesticides sur la santé et l’environnement.

À terme, Québec vise à réduire de 15 % la concentration totale en phosphore dans les cours d’eau de la province et de 15 % les apports de matières fertilisantes azotées sur les superficies en culture.

Initialement, le PAD visait à consacrer la somme de 70 millions sur cinq ans pour rétribuer financièrement les producteurs qui adoptent des pratiques agroenvironnementales qui vont au-delà des exigences réglementaires en place.

Or, dès la première journée du dépôt des candidatures, en mars 2022, la limite du nombre de dossiers avait été atteinte dès 16 h. Jusqu’à présent, 56 millions ont été alloués à cette première cohorte.

Avec ce financement additionnel de 15 millions, la deuxième cohorte aura accès à une enveloppe de 29 millions jusqu’en 2027.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Le Plan d’agriculture durable 2020-2030 vise à réduire de 15 % le volume de pesticides vendus au Québec.

Éventuellement, une troisième cohorte pourra s’ajouter au programme puisqu’en campagne électorale, le premier ministre François Legault a promis d’injecter une somme additionnelle de 50 millions dans le programme.

Au total, ce sont donc 135 millions de dollars qui seront sur la table pour rétribuer les meilleures pratiques agroenvironnementales des agriculteurs québécois.

Réduire les GES

Récemment, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) a fait l’exercice de chiffrer l’impact de son PAD sur les émissions agricoles de gaz à effet de serre (GES).

Selon son calcul, le potentiel de réduction de GES des deux premières cohortes du PAD serait de 0,4 mégatonne (Mt) à 0,5 Mt en CO2 équivalent (eCO2) pour la période de 2021 à 2025.

Cela équivaut aux émissions de 125 000 voitures de taille moyenne qui parcourent 20 000 km ou environ 2000 vols Montréal-Paris avec 300 passagers.

Le gouvernement fédéral a récemment proposé que le prochain cadre stratégique en agriculture contienne une cible collective de réduction des émissions de GES de l’ordre de 3 à 5 Mt eCO2 d’ici 2028. Selon Environnement et Changement climatique Canada, le secteur agricole a émis environ 59 Mt eCO2 en 2018, dont 13 % provenaient du Québec.

Au Québec, le MAPAQ évalue que l’ensemble de ses programmes qui subventionnent des mesures vertes dans le secteur agricole (incluant le programme de rétribution) permettrait de réduire approximativement de 1,43 Mt à 2,21 Mt eCO2 les émissions sur une période pouvant aller jusqu’en 2030, ce qui est plus que le poids relatif du Québec au sein du Canada.

En préparation à la COP15

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Le ministre Lamontagne fera une allocution lundi matin lors du 7e Sommet des gouvernements infranationaux et des villes, un « évènement officiel parallèle » de la COP15 et dont le gouvernement du Québec est le commanditaire principal. Aux côtés d’une dizaine de dignitaires, le ministre Lamontagne prendra la parole lors d’un panel qui soulignera l’importance de faire des administrations locales des ambassadeurs du nouveau cadre mondial sur la diversité biologique, qui doit être adopté à l’issue de la COP15. Pour s’y préparer et pour s’informer sur les avancées dans la recherche en agroenvironnement, il a réalisé, mi-novembre, une tournée auprès d’experts universitaires des universités McGill et Laval.

« Il faut qu’on travaille dans la bonne direction », a-t-il déclaré à La Presse lors de son passage au campus Macdonald de l’Université McGill. « Par exemple, en agroenvironnement, s’il y a 10 avenues qu’on peut explorer, dans un contexte de ressources limitées, quelles sont celles qu’on est mieux de privilégier ? […] Où est-ce que c’est mieux de pointer et de mettre nos efforts ? Où veut-on amener nos agriculteurs et agricultrices ? » Lors de son deuxième mandat, le ministre Lamontagne souhaite faire de l’« autonomie alimentaire durable » sa grande priorité.

Le système alimentaire au menu de la COP15

Pesticides et engrais

Les 196 pays signataires de la Convention sur la diversité biologique débattent d’une proposition visant à établir la première cible mondiale de réduction des pesticides. La cible 7 propose de réduire de moitié ou des deux tiers l’usage des pesticides d’ici 2030. Le texte propose aussi de réduire d’au moins de moitié l’excès de fertilisants perdus dans l’environnement.

Gaspillage alimentaire

La cible 16 du texte débattu à la COP15 concerne les choix de consommation durables. Les délégués débattent de l’idée d’inclure dans le texte final l’objectif de réduire de moitié l’empreinte mondiale des régimes alimentaires et de réduire de moitié le gaspillage alimentaire mondial par habitant « afin que tous les peuples puissent vivre bien en harmonie avec la terre mère ».

Subventions nuisibles

La cible 18 propose d’éliminer les subventions gouvernementales nuisibles à la biodiversité à hauteur de 500 milliards US à l’échelle de la planète, en particulier celles destinées aux secteurs de l’agriculture et des pêches pour les rediriger vers des projets qui respectent la nature. Le texte propose d’ailleurs de prioriser l’implication des peuples autochtones et locaux dans cette démarche.

Agriculture durable

La mission de la COP15 est de définir un cadre mondial pour la restauration de la nature d’ici 2030. L’ébauche de la cible 10 propose aux pays membres de veiller à ce que toutes les zones d’agriculture, d’aquaculture, de pêche et de sylviculture soient gérées de manière durable, contribuant ainsi à la productivité et à la résilience de ces systèmes de production.

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Fusion nucléaire Une avancée scientifique « majeure » dans la production d’énergie

PHOTO FOURNIE PAR LE LABORATOIRE NATIONAL LAWRENCE LIVERMORE

La fusion nucléaire est considérée par ses défenseurs comme l’énergie de demain, notamment car elle produit peu de déchets et pas de gaz à effet de serre.

(Washington) Le département américain de l’Énergie a déclaré dimanche s’apprêter à annoncer une « avancée scientifique majeure cette semaine » dans le domaine de la fusion nucléaire.

Publié hier à 22h51

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Agence France-Presse

Le quotidien britannique Financial Times avait rapporté quelques heures auparavant que des scientifiques du Laboratoire national Lawrence Livermore (LLNL), situé en Californie, ont récemment obtenu un « gain net d’énergie » d’un réacteur à fusion expérimental.

Il s’agirait de la première fois que des chercheurs réussiraient à produire plus d’énergie dans une réaction de fusion — comme celle qui anime le Soleil — qu’ils n’en ont consommé au cours du processus, ce qui constituerait une avancée importante dans la recherche d’une énergie sans carbone.

Invités à commenter l’article du FT, les porte-paroles du département de l’Énergie et du LLNL ont indiqué à l’AFP que la secrétaire d’État américaine à l’Énergie, Jennifer Granholm, organisera mardi un évènement au cours duquel elle « annoncera une percée scientifique majeure ».

Le porte-parole du LLNL a ajouté que « l’analyse (était) toujours en cours ».

« Nous avons hâte de partager plus d’informations mardi lorsque ce processus sera terminé », a-t-elle ajouté.

La réaction de fusion qui a produit un gain net d’énergie de 120 % s’est produite au cours des deux dernières semaines, a rapporté le FT, citant trois personnes ayant eu connaissance des résultats préliminaires.

La fusion nucléaire est considérée par ses défenseurs comme l’énergie de demain, notamment car elle produit peu de déchets et pas de gaz à effet de serre.

« Si cette percée […] est réelle, cela pourrait changer la donne pour la planète », a tweeté Ted Lieu, membre du Congrès de Californie, après la publication du rapport du FT.

La fusion diffère de la fission, technique utilisée dans les centrales nucléaires actuellement, et qui consiste à casser les liaisons de noyaux atomiques lourds pour en récupérer l’énergie.

La fusion est le processus inverse : on « marie » deux noyaux atomiques légers pour en créer un plus lourd. En l’occurrence deux isotopes (variantes atomiques) de l’hydrogène, donnant naissance à de l’hélium.

L’installation du LLNL se compose de près de 200 lasers de la taille de trois terrains de soccer, qui ciblent un point minuscule avec de hauts niveaux d’énergie pour initier une réaction de fusion.

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Québec souhaite conserver son droit d’empiéter sur l’habitat d’espèces menacées


Photo: Jacques Nadeau Le Devoir
À l’heure actuelle, la législation québécoise limite la capacité de protéger les habitats fauniques sur les terres publiques et elle ne permet pas au gouvernement d’intervenir sur des terres privées.

Alexandre Shields
Pôle environnement
12 décembre 2022
Environnement

Après un premier mandat marqué par des décisions critiquées en matière de protection des espèces menacées, le gouvernement Legault promet de renforcer les mesures de sauvegarde de la faune en péril au Québec. En entrevue au Devoir, le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, affirme toutefois que l’empiètement dans les habitats de ces espèces sera toujours possible pour certains projets de développement.

Au moment où la communauté internationale est réunie à Montréal pour tenter de conclure un accord mondial sur la protection de la biodiversité, le ministre soutient qu’il n’est pas « fermé » à l’idée de moderniser la Loi sur les espèces menacées et vulnérables du Québec pour se doter de meilleurs outils de conservation.

Le gouvernement Legault ne compte cependant pas fermer la porte à tout projet de développement qui pourrait empiéter sur l’habitat d’espèces en péril, comme la rainette faux-grillon. « Il faut voir comment on peut compenser ou rétablir un habitat. C’est une distinction que je vais vouloir conserver dans la législation québécoise. Pour certaines espèces floristiques et fauniques, on ne peut pas déplacer les individus. Mais dans certains cas, oui. Donc, si on a cette possibilité, c’est une possibilité dont je ne me priverai pas », explique M. Charette, dans le cadre d’une entrevue accordée sur le site de la conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP15).

Je veux que la réglementation québécoise puisse faire la part des choses.

— Benoit Charette

Le ministre assure toutefois que les autorisations seraient accordées « si le projet a une pertinence réelle » aux yeux du gouvernement. Il donne en exemple « un bâtiment d’utilité publique », « une maison des aînés », un hôpital ou, dans « certains cas », un projet de transport collectif.

« Je veux que la réglementation québécoise puisse faire la part des choses. Le premier souhait est d’éviter, mais si le projet a une pertinence réelle, c’est de voir comment on peut limiter les impacts. Ça pourrait vouloir dire le déplacement d’individus, autant floristiques que fauniques », fait-il valoir.

C’est donc dire que le gouvernement du Québec n’irait pas aussi loin que le fédéral, qui applique la Loi sur les espèces en péril. Dans ce cas, si l’habitat essentiel d’une espèce menacée ou en voie de disparition est officiellement protégé, il n’est pas possible d’en détruire des éléments pour réaliser un projet de développement.

Le gouvernement Legault souhaite cependant renforcer les dispositions québécoises de façon à ce qu’Ottawa ne vienne plus intervenir pour éviter la destruction d’habitats d’espèces menacées. « On veut éviter les interventions du fédéral, que ce soit pour la rainette ou pour d’autres espèces. Notre réglementation et notre loi doivent être suffisamment étoffées pour éviter ce type d’intervention à l’avenir. »

À l’heure actuelle, la législation québécoise limite la capacité de protéger les habitats fauniques sur les terres publiques et elle ne permet pas au gouvernement d’intervenir sur des terres privées.

L’an dernier, le fédéral a dû imposer un décret pour stopper la construction d’une rue, à Longueuil, dans un milieu humide important pour la rainette faux-grillon. Le ministère de l’Environnement du Québec n’avait rien fait pour stopper ce projet. Le gouvernement Legault s’est aussi opposé officiellement à la protection de l’habitat essentiel du chevalier cuivré, une espèce en voie de disparition qui n’existe qu’au Québec, en raison des possibles « conséquences socioéconomiques importantes ».

Le gouvernement Trudeau a également menacé cette année d’intervenir pour protéger des milliers de kilomètres carrés de la forêt boréale, afin d’éviter la disparition du caribou forestier. Benoit Charette promet cependant que Québec fera le nécessaire pour éviter cela, en dévoilant en juin 2023 une « stratégie » de conservation de cette espèce, dont l’habitat est de plus en plus perturbé, notamment par l’industrie forestière.

Transparence

Après des années de stagnation des travaux du Comité aviseur sur les espèces fauniques menacées et vulnérables, le ministre entend par ailleurs lui donner un rôle plus important. Une rencontre est prévue sous peu afin de pourvoir des postes vacants, et la composition du comité sera rendue publique. « Il n’y a aucune raison de ne pas être transparent », dit-il.

« On va s’assurer que les travaux du comité puissent avoir les échos publics nécessaires pour ne pas laisser entendre que c’est un comité dont les recommandations tombent entre deux chaises », ajoute M. Charette. « Les listes d’espèces qu’ils vont nous proposer seront aussi rendues publiques, ce qui n’était pas le cas dans le passé. »

Qui plus est, la mise à jour de la liste des espèces menacées et vulnérables sera mise à jour sur une base régulière. Le ministre ajoute d’ailleurs que deux espèces y seront ajoutées prochainement : la baleine noire et le phoque commun, sous-espèce des lacs des Loups Marins.

Les deux espèces sont actuellement inscrites comme étant « susceptibles d’être désignées comme menacées ou vulnérables ». Or, en vertu de la Loi sur les espèces en péril du gouvernement fédéral, elles sont plutôt considérées comme étant « en voie de disparition », soit le statut le plus sévère avant celui d’espèce « disparue » au Canada.

La baleine noire, qui compte tout au plus 340 individus, fait d’ailleurs l’objet de mesures exceptionnelles de protection dans le golfe du Saint-Laurent de la part du gouvernement fédéral, après des épisodes de mortalités records dans les eaux canadiennes au cours des dernières années.

Enfin, en matière de protection du territoire, Benoit Charette reconnaît que le Québec doit « progresser de façon significative » dans la portion sud du territoire. Mais pour y parvenir, le gouvernement ne misera pas seulement sur la création d’aires protégées. Le ministre évoque notamment la création de « corridors fauniques ».

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Avec Charette on a toujours été dans le conditionnel et ça continue. :frowning_face:

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Charrette est à l’image de la CAQ, il voit l’environnement comme un obstacle au développement économique. Conséquemment, il tente de faire le strict minimum sans toutefois antagoniser une trop large frange de la population. Les améliorations proposées représentent simplement une réponse à la prise de conscience du public, pas une réelle volonté de protéger la nature pour sa valeur intrinsèque.

On a les ministres et les gouvernements qu’on mérite. Il remplit très bien son rôle, et c’est ce qui est inquiétant pour ceux qui se préoccupent réellement de l’environnement.

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Ruisseau Barbe Laval protégera l’essentiel du site


PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE | Le boisé autour du ruisseau Barbe, situé à l’intersection des autoroutes 13 et 440 à Laval

La Ville de Laval protégera la plus grosse partie du bois du ruisseau Barbe, un milieu humide en danger qui soulevait les passions, situé à l’intersection des autoroutes 13 et 440.

12 décembre 2022 | Publié à 6h00 | PHILIPPE TEISCEIRA-LESSARD | LA PRESSE

L’hôtel de ville annoncera ce lundi qu’elle protège — par des acquisitions, des cessions et par voie d’avis de réserve — environ 22 hectares de ce milieu naturel de 32 hectares.

Selon le Conseil régional de l’environnement (CRE) de Laval, il s’agit d’un espace d’une « haute valeur écologique ». Il contiendrait très peu d’espèces envahissantes et son enclavement par les autoroutes l’aurait protégé au fil des ans.

« Je suis très heureux de ce dénouement », affirme le maire Stéphane Boyer dans le communiqué de presse à paraître, mais obtenu par La Presse. « On a fait preuve d’ingéniosité pour protéger cet îlot de fraîcheur et de biodiversité au cœur d’un secteur très fortement urbanisé et minéralisé. »

La vente d’une partie des terrains du boisé à un consortium de promoteurs immobiliers, en 2020, avait semé l’inquiétude chez les écologistes lavallois. La délivrance d’un permis de remblayage partiel des lieux n’avait rien fait pour les rassurer.

Mais l’un des membres du consortium — Groupe Montoni — a finalement accepté de céder deux terrains à des fins de protection. Le maire Boyer a remercié l’entreprise pour sa participation.

Québec avait approuvé le développement

Le Conseil régional de l’environnement de Laval, qui rassemble les groupes écologistes de l’île Jésus, se réjouit de la protection de 22 hectares du boisé, toujours selon le communiqué de presse.

« Ce dénouement souligne l’ouverture de la Ville de Laval aux alertes et revendications des organismes locaux et des citoyens, y affirme la directrice générale de l’organisation, Élodie Morandini. Cela s’inscrit aussi dans les objectifs poursuivis par le CRE de Laval, de préserver des milieux de vie sains, riches et diversifiés où il fait bon vivre en plus de viser la cible de 17 % de milieux naturels protégés sur le territoire lavallois. »

Le plan élaboré par la Ville de Laval dépend encore de l’approbation par le conseil municipal d’un investissement de 6,5 millions. La proposition devrait être votée à la mi-décembre. Québec investira aussi de l’argent dans le projet.

Quant à la partie du boisé qui demeure promise au développement, il s’agit de deux lots situés face à l’autoroute 13. Des projets industriels sont dans les cartons.

La Ville de Laval avait ajouté le milieu naturel du ruisseau Barbe à son plan de protection des milieux humides sous le règlement de contrôle intérimaire (RCI). Toutefois, comme le promoteur a fait une demande au Ministère avant l’adoption du RCI, la décision revient à Québec, avait expliqué Stéphane Boyer, maire de Laval, l’été dernier.

- Avec Delphine Belzile, La Presse

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COP15 sur la biodiversité | Ottawa veut restaurer 19 millions d’hectares d’ici 2030


PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE
Steven Guilbeault

Ottawa s’est engagé lundi à restaurer 19 millions d’hectares de terrains dégradés et déboisés d’ici la fin de la décennie. Le Canada se joint ainsi au Défi de Bonn, un programme mondial visant la restauration de milieux naturels à l’échelle planétaire.

Publié à 15h26
Éric-Pierre Champagne
LA PRESSE

Le gouvernement Trudeau s’est engagé lundi à restaurer une superficie équivalente à plus de trois fois le territoire de la Nouvelle-Écosse d’ici 2030. Le Canada a ainsi confirmé qu’il se joignait au Défi de Bonn, un programme international qui vise à restaurer 350 millions d’hectares de terres d’ici la fin de la décennie.

« En annonçant son engagement à relever le Défi de Bonn à l’occasion de la COP15, le Canada pose un geste décisif qui contribuera à le placer à la tête du mouvement destiné à stopper et à renverser le déclin de la biodiversité », a déclaré le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault.

Le Défi de Bonn (Bonn Challenge) est un programme international, qui regroupe 61 pays, lancé en 2011 par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). En 2017, 150 millions d’hectares avaient déjà été restaurés.

L’objectif de 350 millions d’hectares d’ici 2030 est l’équivalent d’un peu plus de deux fois la superficie du Québec.

En plus du Canada, des pays comme les États-Unis, le Mexique et la France sont signataire du Défi du Bonn.

« Nous espérons que d’autres pays s’inspireront de l’engagement pris aujourd’hui par le Canada et se joindront à cet effort mondial de restauration pour assurer la santé et la protection de nos écosystèmes », a ajouté le ministre Guilbeault en conférence de presse au Pavillon du Canada, à la COP15.

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Énergir se lance dans la production de gaz naturel renouvelable

Avec son partenaire danois, Énergir entend construire une dizaine d’installations de biométhanisation au Québec d’ici 2030.

Photo : Radio-Canada / Marie-Hélène Paquin

Olivier Bourque (accéder à la page de l’auteur)

Olivier Bourque

Olivier Bourque

Publié à 4 h 01

À la recherche de nouvelles avenues pour pallier la décroissance des sources d’énergie fossiles, Énergir, anciennement Gaz Métro, se lance dans la production de gaz naturel renouvelable (GNR). Avec son partenaire danois Nature Energy, l’entreprise va construire une dizaine d’installations de biométhanisation au Québec d’ici 2030, un investissement conjoint d’un milliard de dollars.

On est très fiers de cette entente-là. Ça vise à accélérer le développement de la filière du gaz naturel renouvelable au Québec. […] Il sera produit localement, consommé localement. C’est une première de vraiment structurer cette industrie ici, souligne le PDG d’Énergir, Éric Lachance, en entrevue avec Radio-Canada.

Énergir s’est associée à Nature Energy, un géant de la biométhanisation qui possède des installations au Danemark et en France. L’entreprise danoise va investir 600 millions de dollars (pour 60 % des installations) et Énergir 400 millions de dollars (40 % des parts).

Les agriculteurs québécois pourraient aussi participer financièrement à ce projet. Une aide de Québec sera aussi nécessaire pour aller de l’avant, mais elle n’a pas été détaillée par Énergir.

Nature Energy sera responsable de la conception et de l’exploitation des installations, alors qu’Énergir va assurer la construction et le développement. Au total, 10 usines devraient être implantées dans des régions à forte densité agricole et devraient permettre de créer 600 emplois indirects et plus de 100 emplois directs.

Les bureaux de l’entreprise Énergir à Québec

Photo : Radio-Canada / Marc-Antoine Lavoie

Quatre régions ciblées

Ainsi, le Centre-du-Québec, la Montérégie, Chaudière-Appalaches et l’Estrie ont été ciblés par les deux entreprises. Deux projets sont déjà bien avancés, ceux de Farnham et de Louiseville. Un autre fait aussi l’objet de pourparlers dans la vallée de la Chaudière, en Beauce.

« Il faut s’assurer que dans un rayon de 40 kilomètres, on a plus que deux fois ce qui est nécessaire pour bien alimenter ces usines. »

— Une citation de Éric Lachance, PDG d’Énergir

M. Lachance assure que l’implantation de ces très grosses usines se fera en accord avec les communautés locales. On est allés voir comment ça se passait au Danemark. Il faut toujours s’assurer de l’acceptabilité sociale, fait valoir le dirigeant.

À partir de l’obtention des permis, les installations pourraient être construites en moins de deux ans, a confirmé Nature Energy.

« Il s’agit de notre plus grand projet à l’extérieur du Danemark en matière de partenariat et de nombre d’usines. C’est un gros investissement pour nous. »

— Une citation de Ole Hvelplund, président et chef de la direction de Nature Energy

Les installations de Nature Energy au Danemark

Photo : Radio-Canada / Patrick André Perron

Réduction de 400 000 tonnes de CO2

Selon Énergir, ces installations pourraient produire jusqu’à 200 millions de mètres cubes de GNR

par an. Les projets permettraient ainsi d’atteindre le tiers de la cible de 2030 du Québec en matière de GNR

, soit une réduction annuelle de 400 000 tonnes des émissions de gaz à effet de serre (GES).

Actuellement, Énergir a moins de 1 % de GNR

qui circule dans son réseau. Elle a des contrats pour monter à 2 %. L’entreprise ambitionne d’avoir 10 % de GNR

d’ici 2030 et croit que d’autres projets pourraient aussi être ajoutés à l’avenir.

L’entente vise une partie du secteur agricole, donc il en reste amplement, et on cible aussi d’autres secteurs comme le municipal, les sites d’enfouissement, etc., a expliqué le dirigeant.

À terme, ces usines produiront du biométhane à partir des matières organiques comme le lisier de porc et de bovin. Ce biométhane sera ensuite utilisé comme source d’énergie et vendu dans le réseau d’Énergir.

Toute matière organique qui se décompose naturellement, ça envoie du méthane dans l’atmosphère, le plus puissant gaz à effet de serre. Quand on vient le capturer, les bienfaits sont importants.

Énergir assure ne pas avoir attendu trop longtemps avant de se tourner vers le GNR

. En 2009, l’entreprise tablait déjà sur des projets, alors que le gaz naturel devrait décliner de 70 % dans le monde d’ici 2050.

C’est le socle de notre stratégie. C’est très important pour nous pour ce qui est de la décarbonation, mais on y croyait aussi non seulement pour l’évolution du réseau mais également [parce que] ça a un rôle à jouer pour aider à décarboner certains secteurs de l’économie, notamment le secteur agricole.

Le gaz naturel banni

Cette annonce survient au moment où plusieurs villes et municipalités veulent interdire le gaz naturel dans les nouveaux bâtiments.

La Ville de Montréal a pris les devants dans ce dossier et mène actuellement une consultation dans le but de réglementer les émissions de gaz à effet de serre dans les bâtiments. La métropole exigera notamment que tous les nouveaux bâtiments ne produisent aucune émission dès 2025.

Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie pour Greenpeace Canada (archives)

Photo : Radio-Canada / Étienne Côté-Paluck

Des groupes environnementaux sont opposés à l’utilisation du GNR

dans le secteur du bâtiment.

« Le gaz naturel renouvelable ne doit pas concurrencer l’électrification. Il doit être réservé aux usages où il n’y a pas de solutions alternatives comme dans certaines industries. »

— Une citation de Patrick Bonin, porte-parole de Greenpeace Canada

Selon M. Bonin, le GNR

ne constitue pas une solution à la décarbonation de l’économie du Québec. À moins d’être en circuit fermé, le GNR

est dilué dans le réseau gazier d’Énergir et ça va être 90 % de gaz fossiles qui seront brûlés dans les maisons et dans les bâtiments, dit-il.

Ce groupe environnementaliste ainsi que d’autres organisations citoyennes sont aussi opposés à l’entente signée par Hydro-Québec et Énergir. L’objectif de ce partenariat consiste à convertir à la biénergie des systèmes de chauffage uniquement au gaz.

Cette entente coûtera 2,4 milliards de dollars d’ici 2050 et sera financée notamment par une hausse des tarifs d’électricité pour les clients d’Hydro-Québec.

Toutefois, le patron d’Énergir continue de croire qu’il s’agit de la meilleure solution possible, surtout pour aider Hydro-Québec à passer à travers la pointe hivernale.

« Je comprends le côté perceptuel : les gens ont de la misère à embarquer là-dessus. Mais on fait économiser énormément d’argent. »

— Une citation de Éric Lachance, PDG d’Énergir

Énergir est maintenant une entreprise 100 % québécoise. Elle est détenue par la Caisse de dépôt et placement du Québec (80 %) et par le Fonds de solidarité FTQ (20 %).

Avec la collaboration de Daniel Boily

À Saint-Bruno-de-Montarville…

Les négociations progressent à la COP15 sur la biodiversité de Montréal, mais protéger des espaces naturels peut aussi mener au tribunal.

C’est le cas de la ville de Saint-Bruno-de-Montarville, qui est poursuivie pour un règlement qui interdit la coupe d’arbres dans un boisé qu’elle veut protéger.

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** Désolé, c’était trop beau et surtout trop tôt**


Les fausses promesses de la fusion nucléaire

PHOTO LAWRENCE LIVERMORE NATIONAL LABO, FOURNIE PAR REUTERS

Le laboratoire fédéral Lawrence Livermore, en Californie, a annoncé une percée majeure dans le domaine de la fusion nucléaire.


Philippe Mercure
Philippe Mercure La Presse

Le problème, ce n’est pas que des chercheurs aient réussi une percée scientifique en produisant de l’énergie par la fusion nucléaire. Au contraire. Cette avancée, si elle se confirme, doit être célébrée.

Publié à 5h00

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Non. Le problème, c’est qu’en lisant le communiqué de presse qui annonce l’exploit réalisé au Lawrence Livermore National Laboratory, en Californie, on a envie de dire à Hydro-Québec de planifier le démantèlement de ses barrages et aux fabricants d’éoliennes d’imprimer des formulaires de faillite.

Nous nous trouverions, mesdames et messieurs, « à l’aube d’un futur qui n’est plus dépendant des carburants fossiles, mais qui est plutôt alimenté par la nouvelle énergie propre de la fusion », déclare de façon grandiloquente Charles Schumer, leader de la majorité démocrate au Sénat américain.

Le reste du communiqué – et on n’a que ça sous la main pour l’instant, pas le moindre article scientifique révisé par les pairs – continue sur le même ton.

On parle d’un « évènement qui change la donne » dans notre volonté d’atteindre une « économie à zéro carbone ». On évoque un travail qui « nous aidera à résoudre les problèmes les plus complexes et les plus pressants de l’humanité ».

Le problème est dans cette enflure, ce marketing de la science. Dans ce lien qu’on fait entre des problèmes urgents (les changements climatiques) et des solutions technologiques qui, au mieux, verront le jour dans de nombreuses décennies.

C’est trompeur et irresponsable.

La fusion nucléaire est le Saint-Graal de la production d’énergie. En fusionnant des atomes d’hydrogène comme cela se fait dans le Soleil, on obtient une réaction qui libère des quantités astronomiques d’énergie.

En principe, le carburant est propre et inépuisable : l’hydrogène. Et, toujours en principe, la réaction ne produit pas de déchets radioactifs, contrairement à la fission nucléaire.

Bien sûr que ça fait rêver. La recherche en ce sens est nécessaire et incontournable.

Cette semaine, les chercheurs américains ont annoncé avoir généré une réaction de fusion nucléaire qui fournit plus d’énergie qu’il n’en faut pour la déclencher. Ce serait effectivement une avancée importante.

Mais d’abord, cela devra être confirmé et répliqué.

Ensuite, ce qu’on nous annonce est à moitié vrai. Quand on regarde l’ensemble des systèmes impliqués, on réalise que ceux-ci consomment 100 fois plus d’énergie qu’ils n’en produisent.

Avant d’alimenter votre lave-vaisselle à la fusion nucléaire, il reste des défis technologiques titanesques à surmonter.

Il faudra trouver le moyen d’entretenir en continu une réaction qu’on ne parvient actuellement qu’à maintenir une fraction de seconde.

Il faudra aussi apprendre à gérer le plasma utilisé pour forcer les atomes d’hydrogène à fusionner. Comme ce plasma détruit à peu près tout ce qu’il rencontre, on n’a pas la moindre idée des matériaux qui pourraient être utilisés dans un éventuel réacteur à fusion nucléaire. C’est comme essayer de construire une boîte autour du Soleil.

Autre léger pépin. On décrit la fusion nucléaire comme propre et sûre. Sauf que pour l’instant, ce sont du deutérium et du tritium, deux isotopes de l’hydrogène, qu’on force à se fusionner.

Or, du tritium, c’est extrêmement rare… et radioactif. « Il y a environ 200 grammes de tritium sur toute la planète. Et un réacteur de fusion nucléaire en demanderait environ 150 kg par année », souligne Marcel Lacroix, expert en génie nucléaire à l’Université de Sherbrooke. On peut fabriquer du tritium… mais c’est compliqué et coûteux.

Le professeur Lacroix rappelle également que la fusion nucléaire produit un flux de neutrons qui peut rendre radioactive la matière qu’il rencontre.

Au bout du compte, il est impossible de savoir si l’aventure s’avérera un jour techniquement possible, encore moins économiquement viable. Certains experts voient des réponses d’ici 50 ans ; d’autres, d’ici la fin du siècle.

Pendant ce temps, le GIEC nous prévient que si on veut limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C, les émissions mondiales de GES doivent plafonner d’ici 2025 et être réduites de moitié d’ici 2030. Nous ne sommes pas du tout sur la bonne trajectoire pour ça.

Qu’on applaudisse les avancées scientifiques sur la fusion nucléaire, soit. Mais arrêtons de faire croire au monde qu’il s’agit du remède contre l’urgence climatique.

Un peuple de donneurs d’eau

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

« Il faudrait agir de façon plus musclée contre les bouteilles d’eau en plastique », écrit notre chroniqueur.


Paul Journet
Paul Journet La Presse

Ce n’est pas parce qu’on s’y est habitué que c’est normal.

Publié à 5h00

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Des multinationales comme Coca-Cola et Pepsi s’approvisionnent aux réseaux publics de distribution d’eau à un prix dérisoire, emballent l’eau filtrée dans du plastique, la vendent, puis laissent les municipalités gérer les bouteilles vides.

Quand vous achetez leurs contenants, vous payez donc trois fois. Pour la bouteille, pour le financement des réseaux de distribution d’eau et pour le traitement des matières résiduelles.

Ce n’est pas un produit, c’est un déchet. Ce n’est pas une activité économique, c’est du siphonnage d’un bien public.

Québec leur facture 0,0000035 $ par litre. Ce tarif est inchangé depuis 2011. En Italie, le prix est 1000 fois plus élevé. Et 4000 fois plus au Danemark.

Pourtant, ces sociétés auraient les moyens d’en faire un peu plus. Par exemple, Pepsi a déclaré des revenus nets de 7,6 milliards US en 2021…

Ce n’est pas tout. Pour évaluer le volume d’eau prélevé, Québec s’en remet aux estimations faites par les entreprises. Dans leurs vieilles infrastructures, un droit acquis leur permet de le faire sans compteur. La marge d’erreur peut s’élever à 25 %.

Et en plus, cela s’effectue en secret. En mai, les embouteilleurs ont gagné devant la Cour du Québec le droit de cacher au public leur utilisation d’eau. Une ressource qui, je le rappelle, est censée appartenir à tous.

Comment peut-on tolérer cette farce depuis si longtemps ?

En 2018, les libéraux, les péquistes et les solidaires promettaient d’augmenter les redevances. Seul François Legault s’y opposait. Il craignait que les embouteilleurs ne refilent la facture aux clients.

En juin, à quelques jours de la fin de son mandat, le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette, a déposé un projet de loi modeste. Il s’engageait enfin à hausser la tarification, sans toutefois s’avancer sur un chiffre – ç’aurait été précisé dans un règlement ultérieur.

En campagne électorale, la CAQ a promis que cette redevance serait accrue et qu’elle financerait un nouveau Fonds bleu. L’enveloppe servirait notamment à nettoyer les berges, lutter contre les espèces envahissantes, protéger les bassins versants et aider les riverains à mettre à niveau leurs fosses septiques.

Jeudi, M. Legault est revenu à la charge. Il a réitéré son engagement à augmenter les tarifs. Et, nouveauté, la transparence pourrait être exigée, selon ce que M. Charette a dit en privé à des écologistes.

À Québec, on m’indique que le projet de loi ne sera pas un copier-coller de la version déposée en juin. La réflexion est ouverte pour savoir comment le bonifier.

La transparence serait bienvenue. Et il faudrait agir de façon plus musclée contre les bouteilles d’eau en plastique.

En 2016, l’ex-maire de Montréal Denis Coderre avait songé à le faire, mais une offensive de lobbyisme l’avait fait reculer.

Avec son projet de consigne élargie en 2020, M. Charette avait résisté aux groupes de pression. Il aura une belle occasion de le faire à nouveau.

La redevance sur l’eau ne touche pas que les embouteilleurs. Elle vise toutes les industries qui utilisent plus de 75 000 litres par jour.

Le tarif varie selon les secteurs. Pour les papetières, les minières, les alumineries et l’alimentation : 2,50 $ par million de litres. Pour le béton, l’engrais, les produits chimiques et l’embouteillage : 70 $ par million de litres.

Plus de 810 milliards de litres – ou 232 000 piscines olympiques – sont prélevés en moyenne chaque année en vertu de ce règlement. En échange, l’État reçoit à peine 3 millions de dollars.

Nous sommes un peuple de donneurs d’eau. Pas de quoi être fier.

Dans ses publicités électorales, la CAQ faisait vibrer la corde nationale avec sa promesse d’un Fonds bleu, avec des images de lacs et de rivières.

Mieux tarifer l’eau serait un minimum pour se réapproprier ce bien public. La protection et la revitalisation des écosystèmes seraient aussi nécessaires. Reste qu’à lui seul, le Fonds bleu ne suffira pas. Car en parallèle, l’État cautionne le saccage des milieux humides et il les détruit parfois lui-même. Depuis 2017, moins de 3 % des compensations financières versées par les promoteurs ont servi à restaurer des milieux humides ou à en créer de nouveaux.

À la COP15, M. Legault a rappelé que l’eau douce recouvre 10 % de notre territoire. La protéger enfin serait un minimum. Mais une autre chose pourrait aussi être faite.

En théorie, les Québécois ont un « droit d’usage » de l’eau. Mais seulement à condition de pouvoir s’y rendre. Or, l’accès est souvent privatisé. En d’autres mots, on peut se baigner, mais on ne peut pas se rendre à la baignade.

À leur décharge, les municipalités peuvent vouloir contrôler l’accès à l’eau pour éviter les contaminations et autres nuisances. Mais leur calcul est parfois moins noble. Pour elles, aménager l’accès aux rives est une dépense, tandis que le vendre à un promoteur immobilier est un revenu.

Si le gouvernement caquiste veut rendre le Québec bleu et fier, voilà un dernier chantier qui pourrait l’intéresser.

Ses images électorales de l’eau étaient majestueuses. Il serait agréable de pouvoir les regarder ailleurs que sur un écran.

à chaque fois que j’entends une nouvelle sur la fusion nucléaire, ça me rappelle le film, The Saint, mettant en vedette Val Kilmer et Elizabeth Shue qui traitait de cold fusion.

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