Environnement et transition écologique

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500 000 nouveaux arbres à Montréal

Photo: iStock, Warchi

Isabelle Chénier

28 novembre 2022 à 5h00 2 minutes de lecture

La Fondation David Suzuki propose de mettre la main à la pâte pour aider la Ville de Montréal à remplir sa promesse: planter 500 000 arbres sur son territoire d’ici 2030.

Un rapport réalisé par la firme Habitat pour la Fondation David Suzuki expose les détails derrière la scénarisation d’un tel projet, notamment les variétés d’arbres résistants aux aléas climatiques à privilégier et les zones de plantations désignées sur le territoire montréalais.

Sur ce dernier point, le verdissement de six arrondissements de la métropole est jugé prioritaire, à la lumière d’une pluralité d’indicateurs socio-économiques et écologiques. Un total de 275 000 nouveaux arbres devraient prendre racine dans les prochaines années à Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles, Saint-Laurent, Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, Villeray–Saint-Michel-Parc-Extension, Ahuntsic-Cartierville et Saint-Léonard.

«L’étude propose une approche en quatre étapes que devrait adopter toute ville voulant planifier la plantation d’arbres selon les besoins socio-économiques et écologiques spécifiques des quartiers et ainsi maximiser les bénéfices des interventions à long terme. Une telle approche est essentielle pour planter les bons arbres aux bons endroits dès aujourd’hui, afin d’affronter les conditions futures plus difficiles, et ce, de manière équitable», précise la responsable des projets scientifiques à la Fondation David Suzuki, Catherine Hallmich.

Pour rendre possible la plantation de tous ces arbres, la participation additionnelle des citoyens et des acteurs privés serait nécessaire, a souligné la Fondation dans un communiqué de presse, «puisque plus de 60% de la superficie propice aux nouveaux arbres est localisée en terrain privé et que plus du tiers de la superficie en zone non minéralisée est située sur des terrains résidentiels».

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Pendant ce temps à Fabreville…

Un boisé disparaît en l’espace de quelques jours

Par [Stephane St-Amour | Initiative de journalisme local
25 novembre 2022
(Dernière mise à jour: 17h20)

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Les trois quarts (73 %) d’un boisé d’une superficie de 1,7 hectare ont été fauchés dans Fabreville. En mortaise, vue aérienne de cet espace naturel situé au nord du boulevard Sainte-Rose entre la 9e et la 11e Avenue. (Photo gracieuseté et capture d’écran)

L’espace naturel voisinant avec la rivière des Mille Îles à la hauteur de la 10e Avenue, dans Fabreville, a été réduit à néant au début du mois de novembre.

Illégalement, les travaux de déboisement ont été effectués essentiellement sur deux lots appartenant à Gazaille Construction, dont le président Claude Gazaille n’a pas retourné notre appel ni répondu à nos courriels.

Alertée au petit matin du vendredi 4 novembre par des voisins inquiets, la Ville dépêchait un inspecteur de la foresterie urbaine avant d’exiger l’arrêt des travaux, sans succès.

«Aucun certificat d’autorisation d’abattage d’arbre privé n’a été demandé ni délivré par la Ville», affirme par courriel la cheffe aux Affaires publiques, Anne-Marie Braconnier.

Le lundi suivant, le propriétaire, «convaincu d’être dans ses droits», refuse à nouveau de cesser ses interventions, forçant la Municipalité à se tourner vers les tribunaux.

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Cette photo a été croquée un peu avant 13h le vendredi 4 novembre, cinq heures après le début des travaux de déboisement. (Photo gracieuseté)

Injonctions

Six jours après les première coupes, l’administration municipale obtenait de la Cour supérieure une ordonnance d’injonction interlocutoire provisoire, visant à faire cesser tous les travaux d’aménagement de terrain sans permis, incluant la coupe d’arbres.

Puis, le 15 novembre, tombait une ordonnance de sauvegarde, prolongeant pour 15 jours les effets de l’injonction initiale.

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Vue aérienne du boisé aujourd’hui disparu. (Capture d’écran Google View)

Requérant l’anonymat par peur de représailles, un voisin dont la cour arrière donne sur le boisé a été témoin, impuissant, des premières interventions de l’opération défrichage au moyen de tronçonneuses et d’une pelle mécanique.

«Ç’a pas été long, informe celui qui a placé un premier appel autour de 7h30 au Service 311 pour dénoncer la situation, le 4 novembre. [L’opérateur] accotait sa pelle mécanique sur le haut des arbres et couchait ça un après l’autre».

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L’essentiel de l’abattage s’est effectué sur deux jours, les 4 et 5 novembre. (Photo gracieuseté)

À l’exception de quelques arbres en bordure de la rivière et des propriétés riveraines, tout aurait été rasé, poursuit-il en soulignant que «tous les jours des gens empruntaient le sentier pour y promener leur chien ou pour accéder à la rivière».

Parmi ces habitués, Michaël Paquette. «Moi et ma conjointe avions l’habitude d’aller prendre des marches avec notre fille de 4 ans et maintenant il n’y a pratiquement plus rien», se désole-t-il.

Étendue des dégâts

Dans son courriel, M. Paquette fait valoir que «personne ne voulait que ce soit détruit», y compris les autorités municipales qui projetaient acquérir le terrain boisé pour en faire un parc avec accès à la rivière. Le citoyen étaye cette affirmation d’un document public – déposé dans le cadre des consultations sur le Code de l’urbanisme de la Ville de Laval à l’été 2021 – que le Courrier Laval a pu consulter.

Quant à l’étendue des dégâts, la Municipalité évalue la superficie déboisée à quelque 12 500 mètres carrés, soit près de 75 % de cet espace naturel situé au nord du boulevard Sainte-Rose entre la 9e et la 11e Avenue.

«En rive et dans l’aire d’influence du milieu humide d’intérêt, il s’agirait d’environ 955 m² de déboisement», note Mme Braconnier.

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Le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques doit, entre autres, vérifier si le propriétaire des lieux n’a pas empiété dans la bande riveraine de 15 mètres protégée par la loi. (Photo gracieuseté)

En date du 9 novembre, l’inventaire partiel relevé sur le terrain fait état d’au moins 77 arbres de plus de 10 centimètres de «diamètre hauteur-poitrine», 775 arbres de plus de 2,5 centimètres et environ 240 arbres de moins de 2,5 centimètres de diamètre, détaille le Service des affaires juridiques de la Ville dans un document déposé en cour auquel le Courrier a eu accès.

Remise en état

Dans sa demande d’injonction permanente, la Ville de Laval réclame qu’on ordonne à Gazaille Construction la remise en état des lieux du boisé avant l’abattage massif en replantant minimalement les 1092 arbres de taille comparable à ceux qui ont été rasés.

«Nous entendons privilégier une remise en état de la rive et de la bande de protection du milieu humide d’intérêt», ajoute la porte-parole de la Municipalité dans un échange de courriels.

De son côté, le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques procédera à une inspection la semaine prochaine afin «de déterminer s’il y a eu manquement à la Loi sur la qualité de l’environnement», explique le conseiller en communications et porte-parole régional, Frédéric Fournier. «Le Ministère n’écartera aucun recours pour assurer un retour à la conformité s’il y a manquement», précise-t-il.

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Quelques souches en présence, derrière, d’une déchiqueteuse. (Photo gracieuseté)

Amendes

Le dossier est toujours sous analyse à la Ville, qui dispose de différents leviers pour sévir auprès du contrevenant.

Celui-ci s’expose en effet à des amendes pour avoir défier la règlementation municipale en lien avec le Code de l’arbre et les dispositions réglementaires concernant la protection des milieux humides d’intérêt.

En plus d’une contravention de 200 à 2000 $, une entreprise prise en défaut est également passible d’une amende oscillant entre 5000 et 15 000 $ pour chaque hectare déboisé illégalement. Dans le cas présent, on estime à 1,25 hectare la superficie défrichée, soit l’équivalent de près de deux terrains de soccer.

Zonage révisé

Précisons que Gazaille Construction s’était portée acquéreur de ce terrain en 1998 dans l’espoir d’y construire des résidences unifamiliales et des maisons jumelées, ce que permettait alors le zonage jusqu’à l’entrée en vigueur la semaine dernière du Code de l’urbanisme. Depuis, ces deux lots sont frappés d’un zonage de protection qui en restreint grandement le potentiel de développement. En clair, on n’y autorise plus que la construction d’unifamiliales isolées sur des terrains de grande superficie, soit 15 000 mètres carrés et plus.

Lors des consultations publiques l’année dernière, le propriétaire avait tenté en vain de convaincre la Ville de revoir le zonage afin de lui permettre de réaliser son projet domiciliaire de 33 résidences de type «jumelé» sur deux étages.

https://courrierlaval.com/boisee-laval-disparait-quelques-jours-fabreville/

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Ce genre de comportement sauvage de la part d’un promoteur est inadmissible aujourd’hui en cette ère de crise environnementale. J’espère que Laval en fera un exemple pour tout le monde afin de décourager tout propriétaire ou promoteur d’agir pareil. Vivement réparation et lourdes pénalités qui devraient faire jurisprudence à l’avenir.

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Les amendes sont ridiculement basses comparées à la valeur des projets qui sont souvent de plusieurs dizaines de millions de dollars. Ces amendes sont sûrement considérées dans la contingence du projet… :woman_shrugging:t2:
Aussi, le promoteur risque de refiler la facture à la clientèle :expressionless:

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My god quelle horreur. Ça a dû être très éprouvant pour les riverains de voir tout cela se passer sans pouvoir l’arrêter.

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le gouvernement fédéral a imposé une amende de 40 000 $ à une autre entreprise délinquante…

Amende de 40 000 $ pour de la neige soufflée dans un habitat protégé


La rainette faux-grillon a la taille d’une pièce de 1 $ (2,5 centimètres).
PHOTO : RADIO-CANADA / COURTOISIE

La Presse canadienne
Publié le 26 novembre 2022

Une entreprise de la région montréalaise a été condamnée à verser une amende de 40 000 $ pour avoir enfreint la Loi sur les espèces en péril, a annoncé le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques samedi.

La chaîne de quincailleries et de matériaux de construction Canac-Marquis Grenier a plaidé coupable d’un chef d’accusation pour avoir enfreint les interdictions prévues au Décret d’urgence visant la protection de la rainette faux-grillon de l’Ouest.

Le ministère a expliqué que l’enquête s’était amorcée en mars lorsque des inspecteurs ont constaté des amas de neige contenant des débris divers dans l’aire d’application du décret, à La Prairie, en Montérégie.

Les enquêteurs ont pu déterminer que l’entreprise avait soufflé de la neige qui provenait de la cour à bois de sa succursale de La Prairie dans l’habitat de la rainette faux-grillon de l’Ouest.

L’aire couverte par le décret promulgué en 2016 s’étend sur une superficie de deux kilomètres carrés sur la Rive-Sud. Il s’agissait du deuxième décret d’urgence annoncé depuis l’adoption de la Loi sur les espèces menacées, en 2002.

La rainette faux-grillon de l’Ouest, dont la taille moyenne est de 2,5 cm, est une des plus petites espèces de grenouilles au Québec.

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Il est grand temps de pénaliser financièrement les entreprises et les gens qui ne respectent pas les décrets environnementaux. La loi s’adresse à tout le monde sans exception. J’espère que la conférence COP15 mettra justement l’accent sur la responsabilité de tous les intervenants afin de protéger la biodiversité grandement mise à mal par notre incurie générale.

Reportage sur ce projet à l’émission radio Le 15-18

Version texte

Un boisé au cœur des enjeux sur la biodiversité à Saint-Bruno-de-Montarville


Le boisé des Hirondelles à Saint-Bruno-de-Montarville est au centre d’un litige judiciaire.
PHOTO : RADIO-CANADA

Philippe-Antoine Saulnier
Publié à 19 h 36

Un pic-bois profite du soleil de novembre, sur le flanc sud du mont Saint-Bruno, pour entamer son dîner sur un tronc d’arbre déjà passablement poinçonné. Nous sommes au boisé des Hirondelles, un milieu naturel adossé au parc national du Mont-Saint-Bruno, dont le sort fera l’objet d’un procès très attendu cette semaine, à quelques jours de la COP15 sur la diversité biologique, à Montréal.

La Cour supérieure du Québec entendra les arguments d’un promoteur immobilier, de la Ville de Saint-Bruno-de-Montarville et du gouvernement québécois, au sujet d’un projet résidentiel élaboré depuis le début des années 2000.

On est au talus de la montagne, on est en bas, montre Tanya Handa, une résidente du secteur, présidente de la Fondation du Mont-Saint-Bruno. Ici, on a la présence de certaines plantes rares que l’on ne va pas nécessairement trouver au sommet, et c’est vraiment important de consolider ce noyau de conservation de la biodiversité, poursuit-elle.

C’est en 2005 que Sommet Prestige Canada, appartenant au sénateur Paul Massicotte, a acquis le boisé situé près du boulevard des Hirondelles, dans le but d’y construire des maisons.

Le zonage étant favorable, le promoteur s’est alors entendu avec la Municipalité pour construire une trentaine de maisons. Des citoyens ont toutefois manifesté leur opposition en faisant valoir que le boisé contenait des plants de ginseng à cinq folioles, une espèce végétale menacée.

En 2013, une nouvelle administration à Saint-Bruno-de-Montarville a décidé d’adopter des règlements pour sauvegarder le boisé des Hirondelles. Le zonage est demeuré résidentiel, mais la Ville a imposé des contraintes importantes sur l’abattage d’arbres, ce qui a rendu le projet résidentiel impossible à réaliser. Le ministre de l’Environnement a refusé, lui aussi, d’accorder au promoteur l’autorisation dont il avait besoin.

Le promoteur s’est donc tourné vers les tribunaux, contre le gouvernement du Québec et la Ville, en disant être victime d’une expropriation déguisée. Il conteste aussi la validité du règlement de contrôle intérimaire de la Communauté métropolitaine de Montréal, adopté en avril dernier, qui vise à protéger une importante partie du boisé, classé comme milieu terrestre d’intérêt métropolitain.

Un contexte juridique en évolution

Le procès entourant le boisé des Hirondelles sera suivi de près par le milieu municipal et par les groupes environnementalistes, car il survient au moment où le contexte juridique est en évolution sur la question des pouvoirs municipaux en matière de protection des milieux naturels, explique Marc Bishai, avocat au Centre québécois du droit de l’environnement (CQDE).

Pendant un certain temps, c’était quand même assez stable. Le principe selon lequel les municipalités pouvaient agir largement était bien établi, pense Me Bishai. Ce principe a été renversé par la Cour d’appel dans une autre affaire, l’Affaire Mascouche, poursuit l’avocat.

« La Cour d’appel a vraiment établi un revirement dans la jurisprudence en décidant que l’effet expropriant d’un règlement peut mener à une indemnisation, même si le règlement lui-même est valide. »

— Une citation de Marc Bishai, avocat du Centre québécois du droit de l’environnement

Le CQDE a demandé à pouvoir intervenir dans l’un des volets de la saga juridique du boisé des Hirondelles, qui, rappelle-t-il, concerne le gouvernement du Québec. Les enjeux sont quand même importants si on pense à l’échelle du Québec, explique Me Bishai.

Si on considère l’ensemble des municipalités qui tentent de protéger des milieux naturels, on parle probablement de milliards [de dollars] si on se trouve à indemniser à chaque fois de cette façon-là, ajoute-t-il.

Plusieurs organismes, dont le CQDE, demandent d’ailleurs au gouvernement québécois de modifier la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme, afin que les propriétaires privés ne soient pas indemnisés lorsque les municipalités agissent de façon légale.

Les objectifs de la COP15

La protection d’un milieu naturel comme le boisé des Hirondelles s’inscrit parfaitement dans les objectifs qui seront discutés lors de la COP15, selon Tanya Handa, qui est également professeure au Département des sciences biologiques de l’UQAM et experte des enjeux de biodiversité.


Le boisé des Hirondelles fait l’objet d’un développement immobilier d’importance.
PHOTO : RADIO-CANADA

Par exemple, la cible 3 prévoit la protection de 30 % des territoires terrestres et marins à l’échelle mondiale. On est loin de ça, indique Mme Handa. Au Québec, on a réussi à atteindre 17 % d’aires protégées, mais ce n’est clairement pas le cas dans le sud du Québec.

La spécialiste explique que la protection de 30 % des territoires permettrait de sauvegarder 58 % de la biodiversité, selon une récente étude. Si on réussit à protéger la moitié du territoire en milieu naturel, on peut protéger 80 % de la biodiversité, affirme-t-elle.

Les attentes à l’égard des pays participant à la COP15 sont grandes, estime Tanya Handa, étant donné le sombre bilan dressé en 2019 au sujet des objectifs qui avaient été fixés en 2010. En fait, c’est un échec total, on n’a pas réussi à arriver à ces objectifs, dit-elle.

Il y a donc urgence, selon elle, de s’entendre sur un cadre audacieux en vue de 2030. Ça prend un plan qui nous permet à la fois de [s’attaquer] à la crise climatique et la crise de biodiversité en même temps, explique la professeure. La bonne nouvelle, c’est que les solutions sont les mêmes : il faut protéger les milieux naturels comme le boisé des Hirondelles.

Une autre cible, qui sera discutée à la conférence de l’ONU sur la diversité biologique, vise à intégrer les valeurs de biodiversité dans les lois et les règlements, ce qui touche notamment les pouvoirs qu’ont les municipalités face aux propriétaires de milieux naturels.

Les municipalités sont et doivent être des acteurs de premier plan dans la lutte contre les changements climatiques et dans celle contre la perte de biodiversité, avance l’avocat Marc Bishai. Plus elles se trouvent avec les mains liées en termes de pouvoirs légaux, plus elles se retrouvent à devoir indemniser à grands coûts, plus ce sera difficile pour elles de jouer le rôle qui leur revient.

Un boisé au cœur des enjeux sur la biodiversité à Saint-Bruno-de-Montarville | COP15 : sommet sur la biodiversité à Montréal | Radio-Canada

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Le compostage représente-t-il un réel gain environnemental ?


Valerian Mazataud, Archives Le Devoir
On peut s’interroger sur l’empreinte environnementale de la collecte des matières organiques, d’autant qu’à l’heure actuelle, les quantités récoltées sont encore limitées.

Jeanne Corriveau
Pôle environnement
30 novembre 2022

Un lecteur, Max Rougeau, se demande si la collecte de résidus alimentaires effectuée avec des camions au diesel ne génère pas une pollution plus importante que celle épargnée par le compostage. En d’autres mots, le compostage représente-t-il un réel gain environnemental ?

En effet, on peut s’interroger sur l’empreinte environnementale de la collecte des matières organiques, d’autant qu’à l’heure actuelle, les quantités récoltées sont encore limitées.

Un bilan publié récemment par la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) indiquait que seulement 29 % des résidus alimentaires étaient valorisés et compostés pour le secteur résidentiel des 82 municipalités de la région. Un taux de récupération bien loin de la cible de 70 % pour 2030 fixée par Québec.

Mais examinons de plus près la situation à Montréal. À la grandeur du territoire, des camions sillonnent les rues pour collecter le contenu des bacs bruns. Comme Montréal ne dispose pas encore de ses propres usines de compostage, les matières sont acheminées par camions aux installations de EBI, à Saint-Thomas, soit à 60 kilomètres de Montréal, et à Lachute, à 81 kilomètres. Le transport de ces matières entraîne donc des émissions de gaz à effet de serre (GES) importantes.

Quand Montréal aura sa première usine de compostage à Saint-Laurent et son usine de biométhanisation à Montréal-Est, les distances à parcourir seront bien moindres. Mais ce jour n’est pas encore arrivé parce que ces deux usines accusent des retards, les chantiers ayant été arrêtés pendant plusieurs mois cet été à la suite d’un litige commercial entre Veolia (anciennement Suez) et ses sous-traitants.

Dans le dossier du compostage, il faut cependant signaler une chose : si elles se retrouvent dans les sites d’enfouissement avec les autres déchets, les matières organiques, en se décomposant, émettent d’importantes quantités de méthane, un gaz de 85 à 95 % plus néfaste que le gaz carbonique (CO2), rappelle Karel Ménard, directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets.

Recyc-Québec rappelle d’ailleurs qu’au Québec, 7,8 % des gaz à effet de serre attribuables aux déchets « sont causés majoritairement par l’enfouissement des matières organiques ».

Karel Ménard reconnaît qu’il n’existe pas de bilan environnemental des activités de collecte des matières organiques. Mais selon lui, il faut aussi s’interroger sur ce que l’on consomme et ce que l’on met dans le bac brun. À titre d’exemple, n’étant pas produite au Québec, une banane — dont la pelure se retrouvera dans le bac de compost — aura une empreinte énergétique importante. Même chose pour la viande, dont la production crée une quantité importante de gaz à effets de serre. « Il ne faut pas se limiter à ce qui est produit en aval, car si on veut être complet dans notre analyse, il faut tenir compte de nos habitudes de consommation », dit-il.

De son côté, Recyc-Québec signale que, dans bien des municipalités, l’ajout d’une collecte des matières organiques peut entraîner la suppression d’une collecte des déchets. À Québec, la Ville a même intégré la collecte des résidus alimentaires à celle des déchets.

Jusqu’à maintenant, près de 690 municipalités québécoises ont implanté la collecte des matières organiques. D’ici 2025, l’ensemble des municipalités devront s’y convertir, selon la Stratégie de valorisation de la matière organique, qui vise aussi le recyclage ou la valorisation de 70 % de la matière organique en 2030.

La question du méthane provenant des matières organiques dans les sites d’enfouissement pose problème, souligne Eve Lortie-Fournier, directrice générale du Regroupement des écoquartiers. « Il est effectivement préférable que les camions réduisent leurs déplacements, mais dans la situation actuelle, le meilleur choix reste de participer à la collecte des résidus alimentaires ou encore de faire son propre compost dans sa cour ou avec un vermicomposteur », dit-elle.

690

Jusqu’à maintenant, près de 690 municipalités québécoises ont implanté la collecte des matières organiques.

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Analyse

Changements climatiques : où est l’ambition du Québec?

François Legault a notamment de nouveau évoqué l’idée de construire davantage de barrages.

Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

Gérald Fillion (accéder à la page de l’auteur)

Gérald Fillion

Gérald Fillion

Publié à 4 h 00

Miser sur notre savoir technologique pour développer davantage l’industrie éolienne ou poursuivre l’expansion d’une filière batteries pour les véhicules électriques va de soi. Cependant, notre ambition climatique ne peut s’appuyer que sur les technologies et le développement des énergies renouvelables ou de l’économie verte.

Il faut être ambitieux, sans être dogmatique, a dit le premier ministre François Legault dans son discours d’ouverture à propos de la lutte contre les changements climatiques. Cette déclaration est lourde de sens. Le premier ministre laisse-t-il entendre que les appels les plus pressants à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) relèvent d’un engagement quasi religieux ou obsessif, qui ne tient pas compte des autres priorités de la vie?

Espérons que non. Puisque la crise climatique actuelle, celle qui aura des répercussions majeures dans le quotidien de nos enfants et de nos petits-enfants, est un enjeu profondément économique, urgent et exigeant. C’est le combat de notre génération. Notre compétitivité et notre prospérité en dépendent.

Il ne faut pas être dogmatique dans nos ambitions, mais il faut être cohérent, et on ne peut pas amoindrir les efforts qui sont à faire en disant, simplement, que nous sommes les meilleurs. Le gouvernement Legault doit préparer l’économie des prochaines décennies, pour les prochaines générations, et il se doit d’être conscient de l’urgence climatique et d’être convaincu que des gestes audacieux doivent être posés.

Ces gestes audacieux sont des gestes économiques, ils sont aussi des gestes créateurs de richesse. Et la fierté dont a parlé François Legault à propos du niveau relativement faible des émissions de GES

du Québec doit aussi s’incarner dans la capacité de notre nation à atteindre ses cibles. Le Québec n’a jamais respecté ses objectifs climatiques; ceux de 2020 ont été passés à la moulinette et ceux de 2030 ne seront pas atteints si la courbe d’émissions ne fléchit pas.

Face à l’histoire…

La réalité, c’est que tout est à faire. De 1990 à 2019, selon le dernier inventaire publié en décembre dernier, les émissions de GES

du Québec ont diminué de seulement 2,7 %. Or, le Québec s’est donné une cible de réduction de 20 % en 2020, cible non atteinte, et de 37,5 % en 2030, cible qui sera difficile à respecter, vue d’ici.

Pendant ce temps, les émissions en Ontario ont baissé de 9,3 %, une réduction franchement plus importante qu’au Québec. Cela dit, l’Ontario émet davantage de GES

que le Québec, la moyenne canadienne est plus élevée, et celle des États-Unis aussi.

En 2019, les émissions du Québec s’élevaient à 9,9 tonnes d’équivalent CO2 par habitant, contre 11,2 tonnes en Ontario et 19,4 tonnes en moyenne au Canada.

Ces données font dire à François Legault que nous sommes meilleurs que nos voisins, malgré une faible réduction des émissions au cours des dernières décennies.

Mais, si le Québec peut se féliciter d’avoir un niveau plus faible d’émissions de GES

que ses voisins, c’est parce que des leaders politiques ont pris des décisions courageuses, audacieuses et fortes dans l’histoire du Québec.

De la création d’Hydro-Québec par Adélard Godbout, en passant par l’électrification massive des campagnes par Maurice Duplessis et surtout la nationalisation de l’hydroélectricité par Jean Lesage et René Lévesque, le Québec a fait des choix, sur le plan historique, qui ont de quoi nous rendre fiers. Ces choix ont été bons pour l’économie et l’environnement.

Comme premier ministre, François Legault a les clés de l’histoire à venir du Québec entre les mains. C’est lui qui peut insuffler le changement nécessaire pour faire du Québec un champion de l’économie verte ET de la réduction des émissions de GES

.

D’abord, les transports…

Un virage à 180 degrés doit donc s’opérer pour réduire les conséquences économiques néfastes des changements climatiques, pour éviter aussi les coûts supplémentaires d’un retard grandissant en matière de réduction des émissions.

Ce virage, c’est d’abord celui à faire dans les transports. Le Québec investit plus d’argent dans son réseau routier que dans les transports collectifs. Le Plan québécois des infrastructures 2022-2032 prévoit 14,7 milliards de dollars pour le transport collectif, mais 30,7 milliards pour le réseau routier.

Or, le secteur des transports représente 43,3 % des émissions de GES

du Québec, des émissions qui ont augmenté de 35 % de 1990 à 2019, soit de 60 % pour le transport routier à lui seul. Les hausses les plus marquées des émissions sont de 155 % pour les camions légers et de 203 % pour les véhicules lourds à moteur diesel.

Le gouvernement doit aussi poser des gestes dans le secteur industriel. Les GES

du secteur représentent 29,4 % de toutes les émissions au Québec. Elles sont en baisse de 11 % depuis 2019, en raison principalement du déclin du secteur des pâtes et papiers. En excluant ce secteur d’activité, les émissions ont grimpé de 8 %.

Alors que s’amorce son deuxième mandat, le premier ministre du Québec François Legault a décidé de faire remonter au rang de ses priorités la lutte contre les changements climatiques. Sachant que cette crise est la principale menace économique à long terme, il était temps que le gouvernement place cet enjeu au coeur de ses actions.

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Ouverture à Montréal d’un bureau du Programme mondial de recherche sur le climat

Le projet du Regional Information for Society (RIFS) vise à recueillir et à fournir des données scientifiques fiables aux pouvoirs publics qui planifient l’adaptation des infrastructures et des sociétés aux changements climatiques.

Photo : Bokeh35

Radio-Canada

Publié hier à 11 h 01

La ville de Montréal a été choisie pour héberger le bureau de coordination du Regional Information for Society (RIFS), une nouvelle initiative du Programme mondial de recherche sur le climat (PMRC), ont annoncé jeudi le gouvernement du Québec et le consortium Ouranos.

La venue dans la métropole de ce nouveau bureau de coordination du RIFS

, dont la candidature internationale était défendue par Ouranos, a été confirmée jeudi par le ministre québécois de l’Environnement, Benoit Charette, et le directeur général d’Ouranos, Alain Bourque.

Le projet RIFS

vise à renforcer les liens entre la recherche sur le climat et les besoins d’information des sociétés et des gouvernements, explique le ministère de l’Environnement dans un communiqué.

Selon Alain Bourque d’Ouranos, le RIFS

aura pour mission d’aider les gouvernements et les décideurs dans leur planification des investissements majeurs qui sont nécessaires pour adapter les infrastructures, les sociétés et les écosystèmes aux changements climatiques en leur fournissant des données scientifiques probantes, ce qui nécessite, selon lui, d’établir une conversation continue entre les parties prenantes. Ce que fait Ouranos depuis 20 ans.

En plus de mettre en valeur sur la scène internationale l’expertise québécoise en matière d’environnement et de lutte contre les changements climatiques, l’installation de ce bureau du PMRC

à Montréal permettra, espère Québec, d’accroître les collaborations et les partenariats internationaux, en plus d’attirer des gens de talent et des événements internationaux au Québec.

« Je me réjouis donc de l’établissement du RIFS

à Montréal, projet grâce auquel le Québec devient un centre névralgique de l’étude des changements climatiques et de l’adaptation sur l’échiquier mondial. »

— Une citation de Benoit Charette, ministre de l’Environnement du Québec

Le gouvernement Legault versera au projet un soutien financier de 2,8 millions de dollars sur cinq ans; un financement puisé à même son Plan pour une économie verte 2030. À cela s’ajoutera une subvention de 250 000 $ sur cinq ans du Fonds de recherche du Québec.

Le Québec est fier d’accueillir le bureau de coordination du Regional Information for Society, qui se joint ainsi aux 81 organisations internationales qui y sont déjà établies, se félicite pour sa part la ministre des Relations internationales, Martine Biron. Montréal, avec sa forte concentration de chercheurs et d’organismes internationaux, notamment dans les secteurs du développement durable et de l’intelligence artificielle, démontre ainsi son caractère attractif.

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COP15 à Montréal sur la biodiversité L’espèce menacée, c’est aussi nous

PHOTO LOÏC VENANCE, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Des sargasses, des algues qui dégagent des gaz toxiques en se décomposant, aperçues le 13 novembre dernier près d’une plage de la Guadeloupe, dans le sud de la mer des Caraïbes.


Stéphanie Grammond
Stéphanie Grammond La Presse

Martinique, 30 degrés, soleil radieux. L’alizé souffle sur la plage bercée par le roulement des vagues. Un paradis tropical pour touristes en mal de repos ? Oui, mais pas quand ces vagues rapportent la sargasse, une algue qui dégage des gaz toxiques en se décomposant.

Publié à 5h00

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Odeur nauséabonde, problèmes respiratoires chez les enfants et les femmes enceintes, maux de tête, irritation de la gorge… ces algues empoisonnent la vie des Martiniquais. Mais pas qu’eux. La sargasse, dont la présence a explosé depuis 10 ans, s’étend à travers la mer des Caraïbes et parfois jusqu’au golfe du Mexique.

Elle est la preuve que la chimie de nos océans a radicalement changée, affectant toute la biodiversité… des poissons qui meurent par milliers, jusqu’à nous, les humains, qui sommes à l’origine de ces bouleversements.

Selon une étude publiée dans la revue Nature, la prolifération de la sargasse dépendrait notamment de la destruction des forêts amazoniennes au profit de l’élevage de bétail qui augmente le déversement d’engrais et de fumier dans les rivières, mais aussi des changements climatiques qui provoquent davantage de pluies diluviennes et de ruissellement des eaux usées et des rejets agricoles vers les océans.1

La sargasse force plusieurs constats, alors que Montréal s’apprête à accueillir, du 7 au 19 décembre, la COP15 sur la biodiversité qui regroupera 20 000 délégués du monde entier.

D’abord, il faut le reconnaître clairement : l’humain est largement à l’origine de la détérioration rapide de la biodiversité qu’on doit stopper au plus vite.

Ensuite, les changements climatiques sont indissociables de l’érosion de la biodiversité. Un problème alimente l’autre, créant un cercle vicieux qu’on doit briser en s’attaquant aux deux enjeux de front.

Il est impératif d’agir, car au rythme actuel, la Terre s’aligne vers la 6e grande extinction massive de son histoire.

Et notre action doit absolument être concertée à l’échelle mondiale, car les gestes faits dans un pays ont des répercussions partout.

Malheureusement, trois décennies après la première COP sur la biodiversité, en 1992, la réponse n’est pas à la hauteur, au Québec comme ailleurs dans le monde. Aucun des 20 objectifs d’Aichi fixés en 2010 n’a été atteint.

Au contraire, 60 % des populations de vertébrés ont disparu depuis 1970. Et aujourd’hui, le quart des espèces animales et végétales est en voie d’extinction à l’échelle planétaire, ce qui représente environ un million d’espèces, selon l’IPBES, la référence mondiale en biodiversité, à la manière du GIEC pour les changements climatiques.2

Il faut renverser la vapeur à tout prix. Mais par où commencer ?

L’agriculture retiendra beaucoup l’attention lors de la COP15. On voudrait notamment réduire l’utilisation de pesticides des deux tiers, si l’on se fie à l’ébauche qui servira de base de négociation.

Ce n’est pas si loin de l’objectif de l’Union européenne qui veut réduire les pesticides de moitié, d’ici 2030. Mais le défi est gigantesque pour le Québec qui n’a pas réussi à diminuer l’utilisation des pesticides ces dernières années.

Les rejets agricoles provoquent une tragédie dans nos lacs et nos rivières, où la population d’insectes invertébrés aquatiques chute. Avis aux Québécois qui seraient tentés de s’en réjouir : les insectes ne sont pas une nuisance, mais un bienfait pour la nature.

Tout petits, ils sont les premiers touchés par la pollution, les premiers au front. Mais c’est l’ensemble de la chaîne alimentaire qui y goûte. L’impact se fait sentir jusque dans notre assiette. C’est pourquoi il faut de meilleures balises.

Idem pour les déversements d’eaux usées que Québec devrait encadrer plus sérieusement. En 2021, le Québec a connu 36 391 déversements d’eaux usées, selon la Fondation Rivières.3 Or, l’urine transporte des contaminants, comme les hormones provenant de la pilule contraceptive, ce qui modifie le système reproducteur des animaux aquatiques.

Mais on peut bien fixer des cibles et établir des politiques, tout ça ne donne rien si les mesures ne sont pas suivies. Et c’est exactement ce qui se produit avec la protection des milieux humides.

Québec avait fixé un objectif « d’aucune perte nette ». Fort bien. Mais la Loi concernant la conservation des milieux humides et hydriques, adoptée il y a cinq ans, est mal conçue. Les promoteurs continuent de détruire ces milieux naturels cruciaux, et l’argent qui devrait servir à compenser les pertes n’est pas réinvesti.

Un échec lamentable.

Si on veut préserver la biodiversité, il faut mettre un frein à l’étalement urbain, comme l’a si bien fait le maire de Saint-Lin–Laurentides qui veut développer sa ville à l’intérieur du périmètre urbain, au lieu de céder aux pressions des promoteurs souhaitant gruger le territoire agricole.

On le félicite.

Mais ce serait à Québec de mettre des balises claires s’il veut vraiment, « contrer la perte de milieux naturels et de territoires agricoles », comme le précise sa politique nationale de l’architecture et de l’aménagement, adoptée l’été dernier.

De grâce, arrêtons de jouer à l’autruche. La planète ne tourne pas rond. Et ce sont toutes les espèces, y compris les humains, qui en font les frais.

1. Consultez une étude publiée dans la revue Nature (en anglais)

2. Consultez un rapport de l’IPBES

3. Lisez un communiqué de la Fondation Rivières

COP15 à Montréal Les défis du Québec pour protéger la biodiversité

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Un milieu humide à proximité du boulevard Saint-Elzéar Ouest, à Laval

Le Québec sera l’hôte de la COP15 sur la biodiversité à compter du 7 décembre, mais sommes-nous de bons élèves en matière de protection de l’environnement ? Des experts se prononcent sur la performance québécoise et les défis à venir.

Publié à 5h00

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Éric-Pierre Champagne
Éric-Pierre Champagne La Presse

La perte des habitats au cœur du problème

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Une rainette faux-grillon

« Dans le monde, le problème majeur qui crée des pertes de biodiversité, c’est de loin la perte d’habitats », dit Dominique Gravel, professeur de biologie à l’Université de Sherbrooke et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en écologie intégrative. Au Québec, depuis une vingtaine d’années, il n’y a pas eu de grandes pertes d’habitats fauniques. Il y a cependant eu des pertes ponctuelles, plus ciblées, « qui contenaient des éléments remarquables, comme la rainette faux-grillon ».

Un enjeu demeure : la préservation des milieux humides. « Le sud du Québec était parsemé de milieux humides jusqu’au début du XXe siècle. On a tout déboisé, on a tout drainé », rappelle M. Gravel. C’est d’ailleurs dans le sud de la province que la bataille pour la biodiversité sera la plus importante dans les prochaines années. « La protection et la conservation des milieux naturels dans le sud du Québec, c’est clairement un enjeu majeur, confirme Cyril Frazao, directeur exécutif de Nature Québec. Parce qu’on a beau vouloir protéger le territoire au nord, c’est dans le sud du Québec qu’on retrouve la plus grande biodiversité. »

L’importance des symboles

ILLUSTRATION GHISLAIN CARON, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le chevalier cuivré est une espèce de poisson exclusive au Québec.

Pour Alain Branchaud, biologiste et directeur général de la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec), la protection du chevalier cuivré, une espèce de poisson qu’on ne retrouve qu’au Québec, demeure « un incontournable ».

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Alain Branchaud, biologiste et directeur général de SNAP Québec

La seule population qui reste en ce moment est dans un petit tronçon du fleuve Saint-Laurent. Elle est vraiment au bord du gouffre. Si on perd cette population-là, on perd l’espèce au complet. À jamais.

Alain Branchaud, biologiste et directeur général de SNAP Québec, à propos du chevalier cuivré

L’expert souligne que le Québec et le Canada doivent prêcher par l’exemple en montrant que les deux ordres de gouvernement sont capables de s’entendre pour protéger une espèce endémique. En matière de biodiversité, la volonté de protéger des habitats ou des espèces se trouve rapidement confrontée aux pressions économiques. Ici, tant Ottawa que Québec appuient le projet d’expansion du port de Montréal à Contrecœur, alors qu’il menace la survie du chevalier cuivré.

Et les insectes ?

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

L’importance des insectes pollinisateurs, telle l’abeille, est de plus en plus reconnue.

Les insectes jouent un rôle essentiel, mais trop souvent ignoré dans le maintien des écosystèmes. Le Québec n’est évidemment pas épargné par la crise qui affecte les populations d’insectes partout dans le monde. « Ce qui a lancé le pavé dans la mare, c’est un article de chercheurs allemands [paru dans la revue Plos One en 2017] qui a documenté une baisse de 75 % de la biomasse des insectes en 27 ans. C’est vraiment ça qui a levé le drapeau rouge », lance Michel St-Germain, chef de division, collections et recherche, à l’Insectarium de Montréal. Il reconnaît que les données au Québec sont encore fragmentaires, mais il note aussi « une prise de conscience qui se fait en ce moment, tant auprès du public que des décideurs ». Bon exemple : l’importance des insectes pollinisateurs est de plus en plus reconnue.

L’absence de données

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

La grande aigrette, l’une des espèces d’oiseaux qui vont se nourrir dans le milieu humide du parc de la Frayère, à Boucherville

Constat global : dresser le bilan de la performance du Québec en matière de protection de la biodiversité n’est pas une mince affaire. Contrairement aux changements climatiques, qu’on peut lier au bilan des émissions annuelles de gaz à effet de serre (GES), il n’existe pas d’indicateur global pour mesurer l’état de la biodiversité dans la Belle Province.

« Après la sortie du rapport du WWF [Fonds mondial pour la nature], Indice planète vivante, on a voulu refaire le calcul et c’est difficile à faire pour le Québec, parce qu’il y a très peu de données », indique Dominique Gravel. Les résultats de leurs calculs (basés sur les données du WWF) ne montraient pas de déclin ni de croissance de la biodiversité au Québec. « Mais c’est à prendre avec énormément de bémols parce qu’on a beaucoup de retard, on n’a pas de bonnes données de suivi des populations menacées », note M. Gravel.

La tête dans le sable

« Ce qu’on ne connaît pas, ça ne fait pas mal », illustre Jérôme Dupras, professeur à l’Université du Québec en Outaouais (UQO) et chercheur à l’Institut des sciences de la forêt tempérée. Selon lui, le Québec se met parfois la tête dans le sable pour ne pas être confronté à certaines réalités en matière de biodiversité.

« Lorsqu’on connaît, par exemple, l’occurrence d’espèces menacées ou des systèmes sensibles, ça vient mettre des contraintes et des freins à d’autres activités qui sont en compétition. Disons qu’au niveau des connaissances, le gouvernement n’a pas investi énormément dans des observatoires et des infrastructures de suivi », ajoute-t-il. L’expert note cependant une réelle volonté de protéger la biodiversité. Il propose d’ailleurs que Québec se dote d’une politique nationale sur la biodiversité, pour en faire aussi un enjeu qui ne relève pas seulement du ministère de l’Environnement.

En savoir plus

  • 2,6 %
    Sur les quelque 100 millions de dollars recueillis à ce jour par le gouvernement du Québec en compensation pour la destruction de milieux humides, à peine 2,6 % ont été dépensés pour la restauration ou la création de nouveaux milieux.

Source : ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques

6,5 %
Niveau de connectivité entre les milieux naturels dans le Grand Montréal, en 2010, comparativement à 45 % en 1966

Source : Rapport sur l’état de situation de huit espèces en situation précaire sur le territoire du Grand Montréal

Gaz à effet de serre Des fermes en mission

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Douze fermes laitières québécoises viennent de se plier à un exercice inédit : calculer l’empreinte carbone de leur exploitation agricole.

Les producteurs laitiers du Canada veulent atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Mais avant de s’attaquer à un enjeu, mieux vaut le comprendre. Douze fermes laitières québécoises viennent de se plier à un exercice inédit : calculer l’empreinte carbone de leur exploitation agricole.

Publié à 5h00

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textes : Daphné Cameron

textes : Daphné Cameron La Presse


photos : Alain Roberge
photos : Alain Roberge La Presse

(Saint-Tite) « On fait partie de la solution »

Après une heure trente d’explications techniques, les larmes montent aux yeux d’Alphonse Pittet.

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Le producteur laitier Alphonse Pittet

« Je trouve emballant de finir ma carrière avec ces connaissances-là », explique, ému, l’agriculteur de 66 ans qui passera bientôt le flambeau à son fils Jérémie. « Au lieu d’être vu comme un simple pollueur comme on l’a été dans les années 1990, là au contraire, on fait partie de la solution. Et je ne pensais pas que ça serait si évident, à ma fin de carrière, de dire : “on fait partie de la solution”, mais aujourd’hui, je le sens. »

La ferme Pittet a été sélectionnée pour faire partie d’un réseau de 38 fermes pilotes du projet Agriclimat. Pour la première fois, des conseillers agricoles ont dressé le bilan carbone de vraies entreprises agricoles québécoises.

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Méthane (CH4), dioxyde de carbone (CO2), protoxyde d’azote (N2O) : le diagnostic comprend la somme totale des émissions de tous les gaz à effet de serre (GES) liées aux activités de l’entreprise. Il faut ensuite soustraire les quantités de carbone séquestrées par les sols des champs ou par les arbres plantés sur la terre.

Vu leur importance sur le territoire québécois, 12 fermes laitières ont été choisies pour faire partie de la démarche.

« Jusqu’au début du projet, on n’avait jamais pris de décisions sur notre entreprise en fonction des gaz à effet de serre. Je pense que c’est à peu près pareil pour tous les producteurs agricoles de la province, peu importe la production. Là, on commence à penser différemment », souligne le producteur laitier.

Les résultats

Alphonse Pittet est à la tête d’une grosse ferme. Il s’occupe d’un troupeau de 490 têtes de race holstein, dont 280 vaches à la traite. La moyenne québécoise est plutôt de 78 vaches dites « en lactation ».

La production totale annuelle de lait de la ferme Pittet équivaut à la consommation annuelle moyenne de lait de 60 000 Canadiens.

En 2021, chaque kilo de lait produit à la ferme Pittet émettait, en moyenne, 0,88 kg en équivalent CO2 (eCO2).

Le bilan moyen des 12 fermes analysées par Agriclimat se situait à 1,17 kg d’émissions d’eCO2 par kilo de lait.

La moyenne mondiale : 2,50 kg eCO2 par kilo de lait.

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La ferme Pittet a été sélectionnée pour faire partie d’un réseau de 38 fermes pilotes du projet Agriclimat.

« Ils sont, dans notre petit échantillon, parmi les plus efficients pour produire du lait bas carbone », explique Sylvestre Delmotte, agronome et consultant en agroenvironnement au sein du projet Agriclimat. « Ils ont un troupeau particulièrement productif et bien géré. »

En 2021, la ferme Pittet a émis environ 5548 tonnes d’équivalent CO2, dont 42 % provenaient de la « fermentation entérique », soit le méthane émis par le processus digestif des vaches.

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Au deuxième rang — avec 29 % des émissions totales —, le protoxyde d’azote émis par ses sols. En agriculture, une portion des engrais azotés appliqués aux champs est relâchée dans l’atmosphère sous forme de protoxyde d’azote. Ce GES a un potentiel de réchauffement planétaire près de 300 fois plus élevé que celui du CO2.

Au troisième rang, avec 11 % : les émissions émises par le fumier.

Seulement 4 des 12 fermes à l’étude, dont la ferme Pittet, parvenaient à séquestrer du carbone dans leurs sols grâce à leurs pratiques culturales.

Le carbone séquestré de manière additionnelle chaque année dans les sols de la ferme Pittet représente un retrait net de l’atmosphère équivalant aux émissions de six avions de 300 passagers voyageant de Montréal à Paris.

Sylvestre Delmotte, agronome

Pas de solution miracle

Alphonse Pittet dit néanmoins avoir été surpris par les résultats de son bilan carbone.

« J’ai été renversé. Je ne pensais pas qu’on émettait autant. Donc le premier constat, c’est de dire : on n’y arrivera pas. On a continué l’exercice pour trouver où on pourrait s’améliorer et là, ça devient un peu plus encourageant. »

En février 2022, les Producteurs laitiers du Canada ont annoncé leur « objectif » visant la carboneutralité pour la production laitière à la ferme d’ici 2050.

« 2050, c’est quand même dans 25 ans. Il y a du temps, il y a de la technologie qui va se développer, puis surtout la volonté, je la sens de la part de la filière laitière. La meilleure façon de l’envisager, aujourd’hui, c’est des petits pas. Il n’y a pas de solution miracle », répond M. Pittet.

Qu’est-ce que le projet Agriclimat ?

Le projet Agriclimat développe des outils pour que les agriculteurs puissent lutter contre les changements climatiques. La mission est double : aider les producteurs québécois à devenir plus résilients par rapport aux conditions météo de plus en plus extrêmes et leur offrir des pistes pour réduire leurs émissions de GES. Le bilan carbone est un bon point de départ pour y parvenir. « On l’a fait parce que c’était manquant », explique Sarah Delisle, coordonnatrice d’Agriclimat.

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L’agronome Éliane Martel a participé au calcul du bilan carbone de la ferme Pittet.

« Au Québec, il existe d’autres types de données sur les émissions, intéressantes certes, mais souvent, c’est fait à l’échelle d’une filière. À ce moment-là, c’est plus difficile d’accompagner un producteur et de lui demander : “Chez toi, qu’est-ce qu’il serait possible de faire pour réduire ton empreinte ?” Tant qu’on n’utilise pas les données réelles de la ferme, on ne peut pas savoir où est-ce qu’il est envisageable ou pas d’agir », ajoute-t-elle.

En octobre, Agriclimat a annoncé avoir obtenu un budget supplémentaire qui permettra à 100 fermes de plus de faire un bilan carbone. Le but ultime est de former des conseillers agricoles aux quatre coins du Québec pour qu’ils puissent éventuellement offrir le service à tous leurs clients.

400 grammes

Une vache laitière en lactation génère environ 400 g de méthane par jour. En un an, cela représente une quantité de méthane équivalant aux émissions d’une voiture moyenne qui parcourt 20 000 kilomètres.

Source : Agriculture et Agroalimentaire Canada

365 400

Nombre de vaches laitières au Québec en 2021

Source : Statistique Canada

Moins d’estomacs, moins de méthane

Avertissement : ce texte parle de rots, de pets et de bouses de vache. Mais pour saisir l’ampleur du défi qui attend les producteurs laitiers pour atteindre la carboneutralité, il faut s’y plonger.

Le méthane dans la ligne de mire des experts

Une vache va émettre du méthane tout au long de sa vie. Par ses éructations surtout et ses flatulences dans une très faible mesure. Le méthane se forme dans le rumen (le compartiment avant de l’estomac) des bovins à l’issue d’un processus microbien.

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Une vache va émettre du méthane tout au long de sa vie. Par ses éructations surtout et ses flatulences dans une très faible mesure.

Le méthane est un puissant GES qui possède un pouvoir de réchauffement planétaire près de 28 fois plus élevé que le CO2 sur une base de 100 ans. Il est responsable d’environ 30 % du réchauffement de la planète depuis l’ère préindustrielle.

« Ce que nous disent les experts du climat, c’est que le méthane, c’est une de nos principales chances au cours des prochaines années d’avoir un impact important », souligne Sylvestre Delmotte.

Selon le Programme des Nations unies pour l’environnement, une réduction des émissions de méthane d’origine humaine de 45 % au cours de la prochaine décennie permettrait d’éviter un réchauffement climatique de près de 0,3 °C d’ici à 2045.

« J’ai l’impression qu’on ne peut pas se passer de ce levier », ajoute M. Delmotte.

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Carrousel de traite

Une piste de solution à moyen terme : il existe un supplément alimentaire nommé 3-NOP qui agit comme inhibiteur de méthane. Selon les études, ce supplément permet de réduire les émissions quotidiennes de méthane de 38 %, souligne M. Delmotte. Pour l’instant, il n’est pas approuvé par Santé Canada.

Prolonger la vie des vaches laitières

Comparativement à la moyenne des 12 fermes étudiées en 2021, la ferme Pittet émettait environ 10 % de moins de méthane issu de la fermentation entérique. Pourquoi ? Ses vaches sont productives et elles vivent plus longtemps.

Dans un troupeau, il y a des vaches en lactation, des vaches au repos avant de vêler et des génisses élevées comme animaux de « relève ».

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Des génisses de la ferme Pittet

En général, une vache commencera à produire du lait à l’âge de 2 ans, après la naissance de son premier veau. En moyenne, au Québec, la majorité des vaches n’atteignent pas la troisième lactation.

C’est mathématique : plus une vache vit longtemps, plus les émissions de méthane de ses deux premières années sont étendues sur la période où elle produit du lait. Et plus longtemps une vache vivra dans le troupeau, moins d’animaux de relève devront naître.

Moins d’estomacs veut dire moins de méthane.

« On a 53 % de nos vaches qui sont en troisième lactation et plus. Pour beaucoup de personnes, ça ne dit pas grand-chose, mais dans la majorité des cas dans la province, c’est plutôt 35 %. Ça veut dire que la différence entre les deux, ce sont des génisses qui ne sont pas élevées et qui n’émettent pas de méthane », explique Alphonse Pittet.

Plus de lait, moins de vaches

Le troupeau des Pittet est un troupeau de grande taille dont les vaches sont très productives en termes de quantité de lait produite. « Nécessairement, ça implique qu’elles sont dans une situation de bien-être et de confort optimal, sinon très proche de l’optimal. Une vache qui ne serait pas dans cette situation-là ne produirait pas autant de lait », souligne Sylvestre Delmotte.

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Les vaches apprécient le contact d’une brosse.

« On a beaucoup investi dans les étables dernièrement, donc on loge nos vaches dans des conditions qui respectent le bien-être animal. Elles sont couchées sur le sable, au lieu d’avoir des litières traditionnelles. Ça reproduit en partie le pâturage dans le fond, à l’intérieur d’une étable », ajoute M. Pittet.

Bien gérer son fumier

Le fumier est responsable de 11 % des émissions de GES à la ferme Pittet. Cette ferme a la particularité de travailler « en gestion solide », ce qui est loin d’être la norme au Québec. En règle générale au Québec, le fumier est envoyé dans des fosses liquides.

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Une fosse à lisier sous gestion liquide

« Le méthane est émis par les bactéries quand on a du carbone et de l’azote, dans des conditions sans oxygène, explique Sylvestre Delmotte. Quand on a une fosse à lisier ouverte, toutes les déjections sont dans l’eau, donc il n’y a pas d’oxygène. Résultat : on va avoir beaucoup de méthane émis par les bactéries qui sont dans le lisier. »

À la ferme Pittet, les déjections solides sont entreposées sous forme de monticules dans les champs pour être plus tard épandues.

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Fumier en gestion solide

« En gestion solide, il n’y a presque pas de méthane qui est émis. C’est plus de protoxyde d’azote, mais sur le bilan net, c’est quand même avantageux. En gestion solide, c’est quasiment deux fois moins d’émissions pour les mêmes déjections qu’en gestion liquide. »

L’acidification du fumier pourrait aussi faire chuter les émissions générées dans les fosses liquides. Selon une étude, l’ajout d’acide sulfurique pourrait faire chuter les émissions estivales de méthane de 88 %.

30 %

L’agriculture est responsable de 30 % des émissions totales de méthane du Canada. La fermentation entérique représente 86 % des émissions de méthane agricoles et les émissions produites par les fumiers, 14 %.

Source : Stratégie canadienne sur le méthane, septembre 2022

6 %

Au Québec, le plan pour une économie verte vise une réduction des émissions de méthane en provenance des élevages de 6 % d’ici 2030 par rapport à 2017.

Source : ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques du Québec

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Espèces menacées Des sons appelés à disparaître

PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

Dans un rapport dévoilé en septembre dernier, l’ONG BirdLife a dévoilé que la moitié des espèces d’oiseaux sur la planète sont actuellement en déclin.

Le déclin de la biodiversité s’observe partout sur la planète. Le Québec n’est pas à l’abri de cette crise mondiale, qui touche de nombreuses espèces présentes chez nous. Plusieurs sont associées à des sons qui pourraient disparaître. À l’approche de la COP15 sur la biodiversité qui commence le mercredi 7 décembre à Montréal, voici huit espèces dont l’avenir est incertain.

Publié à 5h00

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Éric-Pierre Champagne
Éric-Pierre Champagne La Presse

Rainette faux-grillon de l’Ouest

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Rainette faux-grillon de l’Ouest

Statut : menacée

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Cette petite grenouille (qui mesure moins de 3 cm) chante si fort qu’on peut l’entendre à plusieurs centaines de mètres de distance. Une prestation qui devient assourdissante si plusieurs mâles chantent en même temps, pour séduire les femelles au printemps. C’est d’ailleurs grâce à son chant caractéristique que les experts arrivent à faire l’inventaire des rares populations toujours présentes au Québec. Le développement immobilier menace particulièrement les derniers habitats de l’espèce, en Montérégie.

Pic à tête rouge

PHOTO WIKIMEDIA COMMONS

Pic à tête rouge

Statut : en voie de disparition

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Depuis 2018, le pic à tête rouge est considéré comme une « espèce en voie de disparition » par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC). C’est un oiseau qu’on ne retrouve qu’en Amérique du Nord. Au Canada, son aire de répartition inclut le sud de la Saskatchewan, le Manitoba, l’Ontario et le Québec. Dans tout le Canada en 2018, la population de pics à tête rouge était estimée entre 4000 et 4500 individus. Au Québec, sa présence est plutôt rare de nos jours et des observations ont été répertoriées dans quelques régions seulement : Outaouais, Montréal, Montérégie et Cantons-de-l’Est.

Caribou des bois

PHOTO MARK BRADLEY, FOURNIE PAR PARCS CANADA, ARCHIVES LA PRESSE

Caribou des bois

Statut : en voie de disparition

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Le dossier du caribou des bois a régulièrement défrayé la chronique en 2022, notamment en raison d’une mésentente entre le fédéral et le gouvernement du Québec quant aux mesures de protection de cette espèce. Au Québec, il ne resterait qu’une vingtaine de caribous dans Charlevoix et tout au plus 40 individus en Gaspésie. Les sept derniers en Abitibi sont dans un enclos, à Val-d’Or. Le déclin du caribou est attribuable à la perturbation de son habitat naturel, principalement en raison des coupes forestières.

Béluga

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Bélugas

Statut : en voie de disparition

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Ce mammifère marin entièrement blanc est facilement reconnaissable par l’absence d’une nageoire dorsale. Les scientifiques estiment qu’il reste moins de 900 bélugas dans l’estuaire du Saint-Laurent. Les polluants chimiques et les activités humaines sont parmi les nombreuses causes du déclin de cette espèce. On doit par ailleurs au béluga la création du parc marin du Saguenay–Saint-Laurent, en 1998. C’est le seul cétacé qui vit à longueur d’année dans le Saint-Laurent. En raison de son répertoire vocal très riche, on surnomme le béluga le « canari des mers ».

Martinet ramoneur

PHOTO ZAK POHLEN, TIRÉE DE FLICKR

Martinet ramoneur

Statut : menacé

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Entre 1970 et 2019, la population canadienne de cette espèce a chuté de 88 %. Il resterait moins de 12 000 individus au Canada, dont environ 2500 au Québec. L’espèce doit son nom au fait qu’elle a adopté les cheminées de maisons ou d’édifices pour y construire son nid. Le martinet ramoneur consacre une bonne partie de sa journée en vol à se nourrir d’insectes.

Engoulevent bois-pourri

PHOTO WIKIMEDIA COMMONS

Engoulevent bois-pourri

Statut : menacé

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Cette espèce d’oiseau doit son nom à son chant donnant l’impression d’entendre « ouîp-pour-ouîl » (ou bois-pourri), qui est à l’origine de son nom anglais : whip-poor-will. Au Canada, on le retrouve dans six provinces : la Saskatchewan, le Manitoba, l’Ontario, le Québec, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse. Cet oiseau chante le plus souvent durant les clairs de lune. L’engoulevent bois-pourri est notamment affecté par la baisse du nombre d’insectes, provoquée par l’utilisation de pesticides.

Paruline azurée

PHOTO WIKIMEDIA COMMONS

Paruline azurée

Statut : en voie de disparition

0:10 0:28

Espèce en voie de disparition au Canada, la paruline azurée est aussi inscrite sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature. Entre 1970 et 2014, sa population en Amérique du Nord a décliné de 72 %. Au Canada, on estime que celle-ci se situe entre 500 et 1000 couples en Ontario et au Québec. La paruline azurée est considérée comme une espèce parapluie, puisque la protection de son habitat assurerait la survie d’autres espèces présentes dans des forêts matures. Les activités humaines en milieu forestier sont l’une des principales causes de son déclin.

Grèbe esclavon

PHOTO WIKIMEDIA COMMONS

Grèbe esclavon

Statut : en voie de disparition

0:35 0:35

Au Québec, on ne retrouve cette espèce qu’aux Îles-de-la-Madeleine, qui abritent une population de cet oiseau aquatique depuis au moins une centaine d’années. La population des Îles a été désignée « espèce en voie de disparition » en 2009. À l’échelle mondiale, le grèbe esclavon est considéré comme une espèce « vulnérable ». On estime qu’il ne reste qu’une quinzaine de couples aux Îles-de-la-Madeleine. L’une de ses particularités, c’est qu’il capture et mange ses proies sous l’eau.

Note : les statuts sont ceux établis par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC).

Sources : COSEPAC, eBird et Nature Canada

En savoir plus

  • 49 %
    Dans un rapport dévoilé en septembre dernier, l’ONG BirdLife a dévoilé que la moitié des espèces d’oiseaux sur la planète sont actuellement en déclin. De plus, une espèce sur huit est menacée d’extinction.

Source : BirdLife

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Réglementation européenne Un projet pour encadrer la déforestation inquiète Ottawa

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Un chantier de l’industrie du bois d’œuvre du Saguenay–Lac-Saint-Jean

Le Canada s’oppose à un projet de réglementation de l’Union européenne visant à empêcher la vente de produits qui contribuent à la destruction des forêts dont ils sont issus. Et ce, au moment où Montréal accueille la conférence des Nations unies sur la protection de la biodiversité.

Publié à 5h00

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Jean-Thomas Léveillé
Jean-Thomas Léveillé La Presse

La viande, le cacao, le café, l’huile de palme, le caoutchouc, le soja, le maïs, le bois ou encore les papiers imprimés vendus dans les pays de l’Union européenne ne devraient pas provenir de terres déboisées ou dégradées, en vertu de la réglementation proposée.

Le texte indispose cependant Ottawa, qui a transmis en novembre ses « inquiétudes et propositions » à différents représentants européens, dans une lettre signée par l’ambassadrice du Canada auprès de l’Union européenne, Ailish Campbell.

Nous sommes très inquiets de certains éléments de l’ébauche de réglementation de l’Union européenne sur les produits sans déforestation, qui engendreront des barrières commerciales significatives pour les entreprises canadiennes exportant dans l’Union européenne.

Ailish Campbell, ambassadrice du Canada auprès de l’Union européenne, dans une lettre à l’Union européenne

La réglementation proposée entraînerait des frais supplémentaires et des « exigences de traçabilité pénibles » pour les entreprises canadiennes, déplore l’ambassadrice, qui souligne que les exportations canadiennes de produits forestiers et agricoles vers l’Union européenne ont dépassé en 2021 le milliard de dollars.

Ottawa s’oppose notamment à la proposition d’exiger des entreprises qu’elles fournissent à des fins de vérification les coordonnées de géolocalisation indiquant la provenance d’un produit, et propose plutôt qu’il soit seulement requis d’indiquer la région d’origine du produit.

Mme Campbell demande également dans sa lettre que la réglementation soit appliquée graduellement sur plusieurs années, en commençant par un nombre limité de produits avec des chaînes d’approvisionnement simples.

Elle réclame aussi que l’Union européenne retarde l’entrée en vigueur des exigences concernant spécifiquement la dégradation des forêts, arguant qu’il n’existe pas à l’heure actuelle de définition internationalement reconnue à ce sujet.

Arguments « ridicules »

L’ambassadrice Ailish Campbell écrit dans sa lettre que le Canada soutient les objectifs que l’Union européenne poursuit et partage sa volonté de prévenir la déforestation, ajoutant que le Canada est un « leader mondial » en matière de gestion des forêts, avec un taux de déforestation inférieur à 0,02 %.

« C’est l’une des choses les plus ridicules que j’aie jamais entendues », s’exclame Shane Moffatt, responsable de la campagne nature et alimentation chez Greenpeace Canada.

« C’est la dégradation, le problème, pas la déforestation », dit-il, affirmant que « tout le monde qui connaît le sujet sait que le Canada a un problème de dégradation des forêts, qui perdent leurs fonctions écologiques essentielles ».

Le déclin du caribou en raison de la dégradation de son habitat en est un parfait exemple, selon M. Moffatt, qui estime que si le Canada était un modèle comme il le prétend, il voudrait le montrer au monde et ne s’opposerait pas à l’exigence de géolocaliser la provenance de ses produits.

Si le gouvernement était vraiment convaincu que le Canada est un leader mondial, ce qu’il n’est pas, il devrait promouvoir la transparence.

Shane Moffatt, Greenpeace Canada

La demande de retarder l’entrée en vigueur de la réglementation est « complètement injustifiée », poursuit l’écologiste.

« Pourquoi demander une action plus lente ? C’est exactement le contraire dont nous avons besoin », dit M. Moffatt.

« Ça semble suggérer que certains pays pauvres doivent faire des efforts alors que le Canada peut continuer de bûcher comme d’habitude », lance-t-il, estimant que le Canada se montre « vraiment hypocrite » avec cette prise de position, au moment où il accueille la conférence des Nations unies sur la protection de la biodiversité.

Une dernière journée de négociations sur la réglementation proposée doit se tenir lundi entre le Parlement européen, composé des députés, et le Conseil de l’Union européenne, composé des ministres des gouvernements des pays membres, après quoi les deux organes devraient adopter la réglementation chacun de leur côté, dans les prochains mois, a précisé à La Presse Thomas Haahr, attaché de presse du Parlement européen.

Le cabinet de la ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, n’a pas rappelé La Presse.

En savoir plus

  • 10 %
    Part de la déforestation mondiale attribuable à la consommation européenne

Source : Parlement européen

Protection des espèces en danger Québec annonce un « rattrapage important »

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Le rorqual commun sera désigné comme espèce vulnérable, c’est-à-dire que son état est jugé précaire, mais que sa disparition n’est pas redoutée à court ou à moyen terme.

Le gouvernement Legault annoncera ce lundi qu’il met à jour la liste des espèces menacées ou vulnérables du Québec, après une décennie de paralysie et à la veille du début de la Conférence des Nations unies sur la biodiversité.

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Jean-Thomas Léveillé

Jean-Thomas Léveillé La Presse

Vingt-sept nouvelles espèces animales s’ajouteront à la liste, tandis que le statut de la rainette faux-grillon de l’Ouest passera d’« espèce vulnérable » à « espèce menacée ».

Parmi les ajouts, 16 espèces seront désignées comme menacées — ce qui signifie que leur disparition est redoutée —, notamment le bourdon à tache rousse, la chauve-souris nordique, la raie tachetée, la couleuvre brune et le martinet ramoneur.

Les 11 autres seront dites vulnérables — c’est-à-dire que leur état est jugé précaire, mais que leur disparition n’est pas redoutée à court ou à moyen terme —, notamment le rorqual commun, l’omble chevalier oquassa et le goglu des prés.

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Benoit Charette, ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs

« C’est une avancée considérable », s’est félicité le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoit Charrette, lors d’un entretien avec La Presse, soulignant qu’il n’y avait pas eu d’ajouts sur la liste depuis 2009.

Ça fait longtemps que cette mise à jour aurait pu être faite [et] la COP15 est un très beau moment pour confirmer et réaffirmer l’importance qu’on accorde à la protection du patrimoine naturel.

Benoit Charette

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Le bourdon à tache rousse sera désigné comme menacé.

Comité sur les espèces fauniques menacées

Le ministre Benoit Charette s’engage également à pourvoir « dans un avenir rapproché » les postes vacants au sein du comité chargé de le conseiller sur le sujet et à le convoquer « pour qu’il puisse nous [communiquer] une nouvelle liste [au] besoin et s’assurer qu’on puisse rester à jour ».

Le comité sur les espèces fauniques menacées n’a pas été réuni depuis 2017, rapportait La Presse en octobre.

Lisez « Québec accusé de traîner de la patte »

« Il n’y avait pas de pertinence [à le réunir] tant qu’on n’avait pas mis en place les recommandations de sa dernière analyse, plaide le ministre. On met en place la liste qu’il nous avait proposée à l’époque. Il fallait faire ça avant de le convoquer à nouveau. »

Ce déblocage démontre la pertinence d’avoir rapatrié au sein du ministère de l’Environnement la responsabilité de la Faune et des Parcs, qui relevaient du ministère des Forêts, avant les élections, estime M. Charette. « Ça aide à assurer une plus grande cohérence », dit-il.

Québec profite de l’occasion pour identifier 25 habitats d’espèces menacées, ce qui permettra dans un deuxième temps de faciliter l’adoption de mesures de protection.

Les modifications proposées doivent faire l’objet d’une consultation de 45 jours, qui s’amorcera le 21 décembre, avant d’être officiellement adoptées.

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Dans les espèces nouvellement désignées comme menacées, on retrouve la chauve-souris nordique.

Espèces floristiques

L’ajout de 11 espèces floristiques à la liste des espèces menacées et vulnérables, qui avait été annoncé en juin, a par ailleurs été adopté mercredi par le Conseil des ministres, les premiers ajouts en 10 ans.

« C’est un rattrapage important », reconnaît le ministre Benoit Charette, soulignant que la mise à jour de la liste touche « différents environnements du Québec ».

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Le statut de la rainette faux-grillon de l’Ouest passera d’« espèce vulnérable » à « espèce menacée ».

Du nombre, huit espèces ont été déclarées menacées, dont la drave des monts de Puvirnituq et le géranium de Caroline, tandis que les trois autres ont été classées vulnérables, notamment la population du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie de la vergerette à feuilles segmentées.

Québec a en outre modifié le statut de trois espèces, qui sont passées de « menacées » à « vulnérables », comme l’aster d’Anticosti. Trois autres espèces ont été retirées de la liste.

Modernisation nécessaire

Ces ajouts sont « une bonne nouvelle », mais ils ne permettront pas une meilleure protection des espèces animales en danger si la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables n’est pas modernisée, estime le directeur général de la section québécoise de la Société pour la nature et les parcs, Alain Branchaud.

« Ça ne procure absolument aucune protection, le fait d’être inscrit », explique-t-il.

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L’aster d’Anticosti passera de « menacée » à « vulnérable ».

La situation diffère pour les espèces floristiques, qui bénéficient d’une protection lorsqu’elles sont inscrites sur la liste — il s’agit de deux règlements distincts.

Si Québec ne modernise pas sa législation, « les interventions du fédéral vont se poursuivre et être légitimes », prévient M. Branchaud, évoquant les décrets adoptés par Ottawa pour protéger la rainette faux-grillon de l’Ouest et celui qui pourrait l’être pour le caribou forestier.

Le caribou attendra

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Caribous de Pipmuacan

Québec ne profitera pas de la COP15 pour annoncer de nouvelles mesures de protection de l’emblématique caribou, dont le déclin se poursuit inexorablement malgré sa désignation comme espèce vulnérable, en 2005.

« On doit prendre le temps de bien faire les choses », plaide le ministre Benoit Charette, qui garde le cap sur l’échéancier de juin 2023 pour annoncer la nouvelle stratégie de rétablissement de l’espèce.

La Commission indépendante sur les caribous forestiers et montagnards, mise sur pied par son propre gouvernement, recommandait pourtant dans son rapport déposé en août de ne pas attendre la mise en œuvre de cette stratégie pour « implanter les mesures administratives de protection déjà connues », suggérant notamment la protection des grands massifs de forêts matures qui constituent l’habitat du caribou.

Lisez « “Il y a urgence d’agir”, dit le rapport de la Commission indépendante »

Les Premières Nations innues de Pessamit et d’Essipit ont aussi appelé Québec à profiter de la COP15 pour adopter des mesures de protection immédiates du caribou, notamment en confirmant le projet d’aire protégée dans le secteur du réservoir Pipmuacan, à cheval sur le Saguenay–Lac-Saint-Jean et la Côte-Nord, où vit la harde de caribous du même nom.

Lisez « Québec pressé de protéger le caribou »

« On sait qu’on doit en faire davantage, [et] c’est la raison pour laquelle on a convenu d’un calendrier [avec le gouvernement fédéral] », soutient le ministre, qui dit que ce délai est nécessaire.

Certains acteurs de l’industrie forestière se sont fortement opposés à toute mesure de protection qui viendrait réduire le volume de bois mis à leur disposition par l’État.

Il faut que les milieux soient mobilisés, on ne peut pas aller à l’encontre de tout le monde.

Benoit Charette, ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs

Aires protégées

Québec prendra toutefois « différents engagements » pour protéger la nature, durant la COP15, assure Benoit Charette.

Il réitère notamment que Québec protégera 30 % de son territoire d’ici 2030, « qu’il y ait entente ou pas » à ce sujet entre les États lors de la conférence.

« De nouvelles aires protégées seront confirmées dans les sept prochaines années, avec une préoccupation particulière pour le Sud », promet-il.

D’autres formes de protection que les aires protégées seront aussi utilisées pour atteindre cette cible de 30 %, indique le ministre, qui donne l’exemple du concept de paysages humanisés, comme celui projeté à L’Île-Bizard, à Montréal.

Lisez « L’entente pour protéger la biodiversité de L’Île-Bizard approuvée »

Il serait également possible d’augmenter la distance réglementaire de part et d’autre d’un cours d’eau à l’intérieur de laquelle les coupes forestières sont interdites, illustre-t-il.

« Là, on a un potentiel intéressant, dit le ministre. Ça permet de protéger l’environnement immédiat des rivières. »

En savoir plus

  • 57
    Nombre d’espèces qui figureront sur la liste des espèces fauniques menacées ou vulnérables lorsque les ajouts annoncés entreront en vigueur

86
Nombre d’espèces figurant sur la liste des espèces floristiques menacées ou vulnérables du Québec

Source : ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs

  • 5252
    Estimation de la population de caribous forestiers au Québec

Source : Comission indépendante sur les caribous forestiers et montagnards

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