Exterra Solutions Carbone Les résidus d’amiante à la rescousse de la filière batterie ?
PHOTO FOURNIE PAR EXTERRA SOLUTIONS CARBONE
Exterra est en mesure d’extraire de résidus miniers amiantés (à gauche sur la photo) de la silice, du nickel et du cobalt, et de l’oxyde de magnésium qui, combiné à du CO2, se transforme en craie (à droite).
C’est une sorte de trifecta. La jeune pousse Exterra Solutions Carbone reçoit 600 000 $ de Québec pour transformer des résidus d’amiante en matériaux qui peuvent aider à capter les émissions de carbone des sites industriels polluants de la province ou qui entrent dans la composition de batteries pour véhicules électriques.
Publié à 11 h 00
Alain McKenna La Presse
](La Presse | Alain McKenna)
Établie à Val-des-Sources, où elle combine du gaz carbonique à certains résidus miniers afin de produire une roche inerte et inoffensive pour l’environnement, qui peut être enfouie durablement, Exterra a mis au point un procédé d’extraction de nickel et de cobalt à partir de résidus miniers amiantés. La jeune pousse dont le siège social est à Montréal pense pouvoir éliminer 100 % des fibres d’amiante qu’elle traite, pour en retirer 90 % des métaux qui ont une valeur commerciale.
Nickel et cobalt
Le nickel et le cobalt ainsi obtenus pourront être revendus ensuite à des entreprises de la filière québécoise des batteries, dont l’épicentre de Bécancour n’est qu’à une centaine de kilomètres du lieu d’extraction. Exterra dérive par ailleurs des mêmes résidus d’amiante de la silice qui peut aller dans la confection d’un béton carboneutre. Elle en retire finalement un oxyde de magnésium qu’elle prévoit intégrer à sa propre solution de captation de gaz carbonique.
« La technologie qui nous avons développée permet de minéraliser le CO2 qu’on capte, par exemple à cheminée de sites industriels, et qui génère du carbonate de magnésium, soit de la craie, comme celle qu’on se met sur les mains pour faire de l’escalade », explique à La Presse le cofondateur et président-directeur général d’Exterra, Olivier Dufresne. « En gros, on pourra stocker du gaz carbonique de façon pratiquement irréversible. »
Exterra espère ainsi démontrer rapidement la stabilité de sa solution, afin de trouver par la suite des partenaires et des clients et lancer plus officiellement sa commercialisation. Olivier Dufresne espère débuter quelque part en 2027 la construction d’une usine capable de traiter près d’un demi-million de tonnes de résidus d’amiante par année, pour une entrée en service en 2028.
De Val-des-Sources à la Jamésie
Au même moment, à l’autre bout de la province, Exterra espère démontrer une autre partie de sa technologie : celle qui capte les émissions de gaz à effet de serre sur des sites miniers, qui les solidifie et qui les enfouit pour de bon dans le sol. L’entreprise montréalaise a annoncé à la fin janvier s’être entendue avec la société minière australienne Winsome Resources afin de s’installer sur le site de la mine Renard, en Jamésie.
« Il y a déjà d’importants résidus de magnésium sur place », explique Olivier Dufresne. « On pourra transformer sur place ces résidus en une solution de séquestration du carbone. » Winsome veut également produire du gaz naturel liquéfié sur place, ce qui s’avérera une importante source émettrice de gaz carbonique.
La mise en place de ce projet n’est pas immédiate. Winsome doit encore compléter l’acquisition de la mine Renard, un projet qui est toujours en cours. Entre-temps, Exterra recevra des échantillons des résidus trouvés sur le site jamésien pour tester en laboratoire l’efficacité de sa solution de décarbonation.
Si tout est beau, « on serait les premiers dans le monde à produire une telle solution à grande échelle », assure M. Dufresne. En plus, conclut l’entrepreneur montréalais, « les mines qui utilisent l’oxyde de magnésium, c’est un marché en pleine croissance ».