Le fondateur de Lion Électrique a personnellement interpellé le premier ministre Justin Trudeau au printemps pour l’avertir des décisions difficiles qui attendaient le constructeur d’autobus scolaires et de camions électriques en raison des lenteurs bureaucratiques d’un programme fédéral visant à accélérer l’électrification des transports, a appris La Presse.
Résumé
Lenteurs bureaucratiques Lion Électrique avait mis en garde Ottawa
PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE
L’usine de Saint-Jérôme de Lion Électrique écopera des nouvelles mises à pied annoncées par le constructeur québécois.
Le fondateur de Lion Électrique a personnellement interpellé le premier ministre Justin Trudeau au printemps pour l’avertir des décisions difficiles qui attendaient le constructeur d’autobus scolaires et de camions électriques en raison des lenteurs bureaucratiques d’un programme fédéral visant à accélérer l’électrification des transports, a appris La Presse.
Publié à 1h32 Mis à jour à 8h00
Cet appel lancé par Marc Bédard, également chef de la direction de l’entreprise établie à Saint-Jérôme, n’a cependant pas eu les résultats escomptés, du moins pour l’instant. C’est ce qui a contribué à ouvrir la voie aux 300 nouvelles mises à pied annoncées mercredi par le constructeur québécois, à l’occasion de la diffusion des résultats du deuxième trimestre qui se sont avérés décevants.
« Le programme, mal adapté aux réalités du transport scolaire depuis le début, crée de l’incertitude et aucun engagement clair n’est pris pour améliorer la situation », écrit M. Bédard, dans sa missive envoyée en avril dernier à M. Trudeau, où il sollicite une rencontre.
La Presse a obtenu la lettre grâce à la Loi sur l’accès à l’information.
Lisez « Que se passe-t-il chez Lion ? »
M. Bédard se concentre sur le Fonds pour le transport en commun à zéro émission (FTCZE) d’Infrastructure Canada. Ce programme vise à accélérer l’électrification, notamment chez les exploitants d’autobus de transport en commun et d’autobus scolaires.
Il peut couvrir jusqu’à 50 % des coûts d’acquisition. Contrairement au programme québécois d’électrification du transport scolaire, qui prévoit des incitations déterminées à l’avance, le Fonds négocie de gré à gré avec les transporteurs scolaires pour déterminer la somme à laquelle ils auront droit.
« Malheureusement, plus de deux ans et demi après l’annonce de ce programme, après avoir eu trois ministres responsables de celui-ci, force est de constater que le FTCZE ne donne pas les résultats escomptés pour le transport scolaire », fait valoir le fondateur de Lion.
Un enjeu de taille
Le constructeur québécois estime que la moitié de son carnet de commandes est à risque en raison des délais de traitement des demandes de subventions par Ottawa. Plusieurs annonces effectuées par Lion concernant des commandes d’autobus d’écoliers au Canada – à l’exception du Québec – soulignaient que le contrat était conditionnel aux subventions du Fonds.
En date du 31 juillet, le carnet de commandes de Lion totalisait 1994 véhicules, dont 1804 autobus. Sa valeur combinée était de 475 millions US. Plus tôt cette année, le transporteur ontarien Lang Bus avait été en mesure d’obtenir du financement fédéral pour boucler un contrat pour 200 autobus scolaires avec Lion, mais cette « commande n’est qu’un baume », selon M. Bédard.
Les analystes financiers ont également les yeux rivés sur le FTCZE.
« Le programme demeure une source d’incertitude, et avec plus de 50 % du carnet de commandes qui en dépend, des retards risquent d’être coûteux pour Lion », prévient l’analyste Rupert Merer, de la Financière Banque Nationale, dans une note envoyée à ses clients, où il souligne que ce dossier pèsera sur les livraisons.
L’entreprise tente toujours de faire bouger Ottawa. En entrevue avec La Presse, M. Bédard a indiqué qu’il y avait des échanges « prometteurs » entre les deux parties.
« On sent une volonté de faire arriver les choses, a-t-il indiqué. Mais ce sont ces délais qui [sont à l’origine] des compressions. »
Le problème, pour Lion, c’est qu’une accélération potentielle de l’attribution des subventions par le Fonds mettra du temps à se refléter sur la performance financière du constructeur, affirme M. Bédard.
À la Bourse de Toronto, Lion a continué d’être secouée, jeudi. Son titre a reculé de 9,18 % pour clôturer à 89 cents. Mercredi, la baisse avait été de 18 %.
Avec la collaboration de William Leclerc, La Presse
En savoir plus
- 750 personnes
Effectif de Lion au Canada et aux États-Unis après ses compressions.
source : lion électrique
- 25 millions US
Liquidités accessibles de Lion. L’entreprise a 2 millions US et 23 millions US de disponibles sur une facilité de crédit.
source : lion électrique