Électrification des transports

Dans les coulisses du projet Northvolt

En 2022, le nom « Canada » ne figure pas sur la liste des sites étudiés par Northvolt quand elle planifie son incursion nord-américaine. L’entreprise suédoise a plutôt les yeux rivés sur les États-Unis. Elle ignore que le ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, s’apprête à entrer en scène pour brouiller les cartes. Cela mettra la table à l’arrivée du plus important projet industriel privé du Québec.

Publié à 5h00

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Affaires

Le cold call

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Le ministre François-Philippe Champagne a rencontré Peter Carlsson, l’un des cofondateurs de Northvolt, à Montréal.

François-Philippe Champagne et Peter Carlsson – l’un des cofondateurs de Northvolt – n’étaient pas destinés à se rencontrer. En mars 2022, le ministre était en vacances, tandis que l’homme d’affaires planifiait un séjour à New York pour rencontrer des investisseurs. Leurs plans seront chamboulés par un appel téléphonique.

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Julien Arsenault
Julien Arsenault La Presse

« Comme on dit en bon français, ça a commencé avec un cold call, raconte M. Champagne, en entrevue avec La Presse. On ne se connaissait pas. J’avais juste son numéro de téléphone. Je lui ai dit : ‟ça serait intéressant de se parler, j’ai vu ce que tu veux faire, cela me semble intéressant”. »

Il prend connaissance des ambitions nord-américaines de Northvolt par l’entremise d’un article du Financial Times dont la publication remonte à décembre 2021. Le portrait présente la jeune pousse comme le premier fabricant européen de cellules de batteries – la dernière étape avant l’assemblage des batteries. Ses investisseurs sont bien connus : Volkswagen, BMW et Volvo, pour ne nommer que ceux-là. Un élément pique particulièrement la curiosité du ministre : l’entreprise, qui ambitionne de concurrencer des géants comme Panasonic (Japon), CATL (Chine) et LG (Corée du Sud), veut s’installer en Amérique du Nord.

Lisez l’article du Financial Times qui a piqué la curiosité de M. Champagne

Ce « n’est pas tout le monde qui se lève le matin en pensant au Canada », aime dire le ministre. Northvolt est un bon exemple. M. Champagne décide de tenter le coup. Pour joindre M. Carlsson, il se tourne vers une connaissance : l’homme d’affaires suédois Marcus Wallenberg. Âgé de 67 ans, ce dernier est bien connu dans ce pays scandinave. Il siège à pas moins de neuf conseils d’administration. Il est notamment à la tête de celui du constructeur automobile suédois Saab.

Une cellule de batterie, qu’est-ce que c’est ?

La batterie lithium-ion que l’on retrouve dans une voiture est en quelque sorte un assemblage d’unités de batterie individuelles, les cellules. Elles sont branchées en série par un circuit électronique. Le nombre et la taille de chaque cellule permettent de déterminer la quantité d’électricité qu’une batterie pour véhicule électrique est en mesure de stocker.

Les deux hommes se connaissent bien. Avant de faire le saut en politique fédérale, en 2015, M. Champagne a passé deux décennies dans le secteur privé, un parcours qui l’a notamment mené en Italie, en Suisse et au Royaume-Uni. Leurs chemins se sont notamment croisés chez la multinationale suisse ABB, où le ministre a été vice-président et avocat principal entre 1999 et 2007. La famille Wallenberg a toujours été parmi les principaux actionnaires.

À ce moment, Northvolt s’affaire à dresser une liste de 70 sites potentiels aux États-Unis pour déterminer où elle installera sa méga-usine. Le Canada part de loin et n’est pas encore considéré sérieusement. M. Champagne pique néanmoins la curiosité de son interlocuteur et les deux hommes conviennent d’un moment pour faire connaissance en personne.

M. Carlsson, qui devait se rendre aux États-Unis, effectue un détour par Montréal, où il s’arrête au Fairmont Le Reine Elizabeth. La discussion entre les deux hommes se déroulera au Rosélys, restaurant principal du chic hôtel du centre-ville, le 6 mars 2022. Une rencontre de quelques heures.

« Il [Peter Carlsson] s’en allait rencontrer des investisseurs de Goldman Sachs à New York, raconte M. Champagne. Moi, j’étais en vacances. On a chacun convenu de changer nos plans. J’ai convaincu ma conjointe de me laisser quitter mes vacances pour aller souper au Reine Elizabeth un dimanche. Je me suis assuré que l’on ait un bon service. C’est vraiment comme cela que tout a commencé. »

M. Champagne ne se souvient plus exactement du nombre de convives, mais les deux hommes ne sont pas seuls autour de la table. Au menu, du poisson et du vin. L’objectif du ministre : convaincre deux ex-protégés d’Elon Musk chez Tesla au début des années 2010 d’élargir leurs horizons et de ne pas envisager un retour aux États-Unis par automatisme.

Ce n’était pas intuitif pour eux. Les gens, quand ils songent à venir en Amérique du Nord, ils pensent par défaut aux États-Unis. Notre travail, souvent, c’est de leur faire découvrir ce que l’on a au nord de la frontière.

François-Philippe Champagne, ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie

Le ministre réussit notamment à faire valoir que c’est le Québec, avec son électricité renouvelable, qui est l’endroit pour « bâtir la batterie la plus verte au monde ». Un handicap de taille arrive cependant dans le décor : l’Inflation Reduction Act (IRA), cette loi de l’administration Biden promulguée le 16 août 2022. Elle est dotée d’une enveloppe de 370 milliards US pour appuyer des projets visant à lutter contre les changements climatiques, comme ceux du créneau des batteries pour véhicules électriques.

« Ç’a été un catalyseur, c’est clair, souligne Paolo Cerruti, cofondateur de l’entreprise et président-directeur général de Northvolt Amérique du Nord, dans une entrevue en français. C’était un grand marché à prendre et nos concurrents étaient déjà en train de placer leurs pièces sur l’échiquier. La vitesse d’exécution était un élément essentiel. »

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Le président de Northvolt Amérique du Nord, Paolo Cerruti

Le gouvernement Trudeau a fini par riposter à l’offensive américaine, mais en sélectionnant ses projets au lieu d’offrir de l’aide à pratiquement toutes les entreprises. Trois complexes finiront par en bénéficier ici : Volkswagen (Ontario), Stellantis (Ontario) et Northvolt (Québec).

Dans les mois qui suivent la rencontre entre MM. Champagne et Carlsson, Northvolt poursuit son évaluation des sites potentiels aux États-Unis. La liste se rétrécit au fur et à mesure que les mois passent. Entre-temps, M. Cerruti arrive dans le décor. C’est à lui que le conseil d’administration de l’entreprise confie le mandat de mener à bien la percée nord-américaine de l’entreprise.

Signe du sérieux de la démarche, M. Cerruti est prêt à venir s’installer de ce côté-ci de l’Atlantique pour accomplir son mandat. Il ignore encore que c’est au Québec qu’il déménagera.

Northvolt en bref

  • Année de fondation : 2015
  • Siège social : Stockholm
  • Produits : matériaux de batteries, systèmes de stockage d’énergie et infrastructure de chargement
  • Effectif : plus de 4000 personnes
  • Clients et partenaires : Volkswagen, BMW, Volvo, Polestar, Scania

Des incitatifs à l’achat de véhicules à zéro émission usagés? Ottawa y songe

Voitures électriques branchées à des bornes de recharge.

Alors qu’Ottawa s’efforce d’éliminer progressivement les voitures à essence, un rapport suggère la mise en place d’incitatifs visant les véhicules d’occasion.

Photo : getty images/istockphoto / Marcus Lindstrom

Radio-Canada

Publié à 4 h 00 HNE

Le gouvernement fédéral étudiera la possibilité d’étendre aux véhicules usagés son programme d’incitatifs à l’achat de véhicules à zéro émission, selon le dernier rapport d’étape sur le Plan de réduction des émissions du Canada.

Le programme fédéral n’offre actuellement d’incitatifs qu’à l’achat de véhicules neufs.

Ni le cabinet du ministre des Transports Pablo Rodriguez ni celui du ministre de l’Environnement Steven Guilbeault n’ont voulu confirmer si des discussions étaient en cours pour étendre le programme d’incitatifs.

Dans une déclaration aux médias, le bureau de M. Rodriguez a fait référence à sa dernière lettre de mandat ministériel, qui engage le ministre à améliorer l’accessibilité financière et [à accélérer] l’adoption de véhicules à zéro émission, y compris les véhicules d’occasion, pour les ménages et les entreprises du Canada.

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Des provinces comme la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick et le Québec offrent déjà aux consommateurs des incitatifs à l’achat de véhicules électriques d’occasion.

À une conférence de presse, mardi, M. Guilbeault a semblé ignorer que le gouvernement envisageait une telle mesure pour les véhicules d’occasion.

À l’heure actuelle, au niveau fédéral, l’incitatif à l’achat est de 5000 $ et c’est le plan que nous avons pour aller de l’avant, a-t-il déclaré aux journalistes. Que se passera-t-il à l’avenir? Le changerons-nous? L’adapterons-nous? Je n’en sais rien.

Des incitatifs nécessaires

Le gouvernement fédéral a annoncé la semaine dernière de nouveaux règlements exigeant que tous les nouveaux véhicules vendus soient entièrement électriques, hybrides rechargeables ou à pile à combustible d’ici 2035.

Un groupe de réflexion demande à Ottawa d’étendre les incitatifs aux véhicules d’occasion.

Le marché de l’occasion est en pleine croissance, et tous les Canadiens ne peuvent pas se permettre d’acheter un nouveau véhicule, qu’il soit à essence ou électrique, a déclaré Joanna Kyriazis, directrice des affaires publiques d’Énergie propre Canada.

Aider les Canadiens à revenu faible ou moyen à acheter des véhicules électriques d’occasion […] est un grand pas en avant.

Une citation de Joanna Kyriazis, directrice des affaires publiques d’Énergie propre Canada

L’Association canadienne des constructeurs de véhicules (ACCV), qui représente Ford, Stellantis et General Motors, a déclaré que l’élargissement du programme d’incitatifs fédéral pourrait encourager les conducteurs réticents à changer de véhicule, mais les incitatifs doivent être suffisamment importants, selon l’Association.

Vous pourriez avoir un incitatif légèrement inférieur pour les véhicules usagés, mais il faut qu’il soit suffisant pour aider les Canadiens à passer […] à une nouvelle technologie qui suscite encore des inquiétudes et des questions, a déclaré Brian Kingston, président-directeur général de l’ACCV.

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Avec les informations de CBC

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Les camionnettes électriques sont fiables, mais énergivores, selon des experts

Deux voitures sur la patinoire sans glace d'un aréna.

La taille de la batterie du camion est supérieure à celle des véhicules électriques plus petits, mais l’autonomie reste la même.

Photo : Radio-Canada / Béatrice Rooney

La Presse canadienne

Publié hier à 20 h 01 HNE

Le gouvernement fédéral a fixé des objectifs de vente pour les nouveaux véhicules, qui devront être exclusivement électriques d’ici à 2035, y compris les camionnettes.

Les Canadiens n’ont toutefois pas encore beaucoup de choix en matière de camionnettes électriques, avec comme seules possibilités le F-150 Lightning et le Rivian R1T. General Motors et Ram devraient rejoindre la gamme en 2024.

Les camionnettes électriques sont conçues pour transporter efficacement des charges plus lourdes, par exemple pour tracter une remorque, comme les camionnettes à essence.

L’étiquette de véhicule énergivore qui colle aux camionnettes à essence s’applique aussi aux modèles électriques. Ces derniers ont besoin d’une recharge électrique importante.

L’autonomie sera réduite parce que le camion travaille plus fort, évoque la directrice des politiques chez Mobilité électrique Canada, Louise Lévesque.

Si vous tirez quelque chose [avec votre camionnette], vous consommerez plus d’essence par kilomètre [et] votre réservoir ne vous mènera pas aussi loin qu’il le ferait normalement. Il en va de même pour une version électrique, mentionne-t-elle.

Mark Marmer, fondateur de l’entreprise Signature Electric, estime que les camionnettes électriques devraient avoir une consommation de batterie plus grande. Selon lui, ces camions sont conçus pour le transport de charges lourdes, ce qui n’est pas le cas d’un véhicule électrique de tourisme.

Cependant, M. Marmer reconnaît que cela peut être un défi si le conducteur doit s’arrêter plus souvent. Il faut être conscient des recharges [et] se demander si l’on a prévu suffisamment de temps, si l’on sait quel dispositif de recharge on doit utiliser en cas de besoin, si l’on peut arriver à bon port, dit-il.

1400 $ d’économies en essence par mois

Le Sherbrookois Michael Laroche reconnaît que sa camionnette électrique consomme sa charge plus rapidement lorsqu’une remorque est attachée au véhicule.

Il a remplacé sa camionnette Ford F-150 par sa jumelle électrique, la F-150 Lightning, il y a environ un an et demi. Lorsque je conduis sans la remorque, je peux faire l’aller-retour depuis Montréal sans avoir à recharger mon véhicule, relate-t-il. Il s’agit d’un trajet de quelque 300 kilomètres en tout.

Mais lorsque j’utilise la remorque, je dois recharger le camion de 20 à 25 minutes à l’aide d’une borne de recharge rapide, indique l’homme qui gagne sa vie en installant des bornes de recharge pour véhicules électriques.

Il dit parcourir entre 300 et 400 kilomètres par jour, trois ou quatre fois par semaine. Depuis qu’il a remplacé sa camionnette à moteur à combustion par un véhicule électrique, le coût de ses activités a considérablement diminué, affirme-t-il.

Je recharge le camion pendant la nuit, 14 ou 15 heures, et je suis prêt à partir, mentionne M. Laroche en entrevue.

Il indique que sa facture d’électricité mensuelle, qui comprend à la fois la consommation domestique et la recharge du véhicule, s’élève à 350 $ en moyenne pour les 15 derniers mois.

La facture est certes élevée, mais elle représente une meilleure solution que les 450 $ que M. Laroche consacre chaque semaine à l’achat d’essence. En fait, il économise 1400 $ par mois en carburant.

Batterie plus grande, autonomie inchangée

M. Marmer mentionne que la taille de la batterie du camion est supérieure à celle des véhicules électriques plus petits, mais que l’autonomie reste la même.

C’est lié à la taille du véhicule. Il n’y a pas d’augmentation de l’autonomie, mais la batterie doit être plus grande, explique-t-il.

Le coût des camionnettes électriques les plus récentes peut être prohibitif pour ceux qui cherchent à remplacer leur homologue à essence, en partie en raison de la finition haut de gamme et de la nouveauté de la marque.

Selon M. Marmer, les camionnettes électriques, bien que plus chères pour un usage commercial, sont incroyablement fiables.

Selon lui, les véhicules électriques fonctionnent en général avec un mécanisme simple, comparé à celui d’un véhicule à essence ou au diesel.

Cette simplicité est celle du véhicule lui-même. Le peu de soin qu’il faut pour le faire fonctionner est ce qui va lui permettre de durer.

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Une chance qu’on a des experts pour nous rappeler que E=½·M·V² !!
Par contre, pour la fiabilité, me semble qu’il est tôt pour se prononcer ! Un peu comme lorsque Consumer Report classe des modèles de l’année comme étant très fiable, pour ensuite leur retirer cette mention l’année suivante parce que des problèmes sont apparus… Les camions électriques n’ont pas assez de recul pour se prononcer sur leur fiabilité à long terme.
S’il est vrai que la mécanique est plus simple et donc plus fiable, la batterie, elle, est vraiment plus complexe avec des milliers de connexions entre des milliers de cellules, tout autant de point possible de défaillance.

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L’électrification agressive du plus grand transporteur du Canada

Des bus électriques de la CTT garés sur un stationnement.

Les systèmes de recharge font partie d’un projet qui a reçu cinq millions de dollars de la Ville.

Photo : (CBC News) / Martin Trainor

Publié à 5 h 26 HNE

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Fonctionnalité à l’essai

La synthèse vocale, basée sur l’intelligence artificielle, permet de générer un texte parlé à partir d’un texte écrit.

Nouveau!

La synthèse vocale, basée sur l’intelligence artificielle, permet de générer un texte parlé à partir d’un texte écrit.

C’est une révolution verte et en douceur qui s’opère à la Commission de transport de Toronto (CTT) et qui doit la mener vers une flotte d’autobus entièrement carboneutre.

Cette transformation a débuté en 2017, par l’achat de 60 véhicules dans le cadre d’un projet pilote.

Un premier pas timide par une direction frileuse, nous avons été échaudés avant l’adoption de nouvelles technologies et cela a créé une résistance à ce genre d’innovation, se souvient Bem Case, le directeur exécutif de l’innovation et du développement durable.

Le marché de l’époque est si modeste que les trois seuls constructeurs présents sur le marché canadien sont invités à collaborer directement avec le transporteur à l’élaboration d’un premier cahier des charges.

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2019 : un premier bus électrique en circulation

Ce galop d’essai permet à la CTT de se faire une meilleure idée d’une technologie encore jeune et perfectible, et de dresser le portrait-robot de la future génération d’autobus électriques qu’elle voudrait voir sillonner les rues de la Ville Reine.

Il ne s’agissait pas seulement de savoir si la batterie fonctionnait, explique Bem Case, nous avons profité de l’occasion pour tester tout un tas d’autres choses en dehors de la propulsion, comme des systèmes de portes différents, des systèmes de direction et suspension, des poignées différentes.

La CTT va même jusqu’à tester différentes dispositions des sièges.

Pour compléter l’évaluation des performances des véhicules et leur maintenance, les chauffeurs sont sollicités pour donner leur retour et des sondages sont réalisés auprès des passagers pour jauger l’expérience client, nous pouvions donc évaluer techniquement et subjectivement ce qui fonctionnait le mieux, résume Bem Case.

Un fournisseur défaillant

Comme pour la ville d’Edmonton, la CTT a connu des problèmes avec un des fournisseurs, Proterra. La capitale de l’Alberta avait elle aussi acquis une soixantaine de bus, tous auprès du fournisseur américain, et a connu une mauvaise fortune, avec des problèmes d’autonomie de batteries et de manque de pièces de rechange.

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Proterra avait fini par se déclarer en faillite.

Des milliers de kilomètres plus tard et grâce à un soutien financier provincial et municipal de 700 millions de dollars, la CTT a passé commande de 340 nouveaux bus électriques en avril dernier, pour une livraison prévue en 2025.

Deux entreprises canadiennes se partagent le contrat : New Flyer de Winnipeg et la québécoise Nova Bus.

Nous avons remporté 60 % du marché, explique Jennifer McNeil, la vice-présidente des ventes à New Flyer. L’entreprise manitobaine équipera la CTT avec le Xcelsior CHARGE NG, doté d’un système de batterie modulaire.

Il est très important à mesure que la technologie se développe, de founir un moyen très souple d’améliorer la technologie sans avoir à redessiner l’autobus, explique-t-elle.

Bus électrique.

Le transporteur se félicite d’atteindre la cible imposée par la ville en avance.

Photo : Radio-Canada / Mouaad EL YAAKABI

En proie à des difficultés économiques suite à la baisse de l’achalandage, le soutien financier des institutions publiques s’est révélé déterminant.

Des subventions et des programmes d’aide permettent de réduire les coûts d’investissement initiaux de ces véhicules, explique Meena Bibra, de Clean Energy Canada, tout en rappelant l’intérêt financier sur le long terme en raison des faibles prix de l’électricité et des coûts d’entretien presque minimes de ce type de véhicules, des économies considérables sont réalisées sur toute leur durée de vie.

Le projet pilote avait lui aussi été financé par le fonds fédéral pour l’infrastructure de transport en commun.

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Objectif zéro émission en 2040

Au moment où elle passait commande de ces nouveaux véhicules électriques, d’autres autobus, cette fois hybrides, étaient livrés, les premiers d’une série de 336.

C’est l’autre jambe sur laquelle repose la transition écologique amorcée par la CTT, qui annonçait qu’après cette livraison, elle n’achèterait plus que des véhicules électriques.

Le dernier bus thermique, diesel, lui, a été acheté en 2018 et sera retiré du service en 2031, le dernier bus hybride devrait être mis hors service en 2037, à ce moment-là nous aurons une flotte entièrement électrique, soit trois ans avant l’objectif de TransformTO, se félicite Bem Case, en faisant référence à l’objectif de la Ville d’une flotte carboneutre à horizon 2040.

La CTT et ses 2000 autobus font partie de l’équation, comme entre autres la police de Toronto, ou encore les ambulances.

La professeur Catherine Morency

Pour la Professeur Catherine Morency, investir en priorité dans des autobus électriques n’est pas la stratégie la plus efficace en terme écologique.

Photo : Radio-Canada / Gracieuseté de la Professeur Morency

Pour la professeur Catherine Morency, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la mobilité des personnes et professeur à Polytechnique Montréal, cette électrification agressive n’est pas la plus efficace dans un contexte financier contraint : Si on a un montant d’argent limité et qu’on se questionne sur le meilleur investissement aujourd’hui, on serait mieux d’augmenter le niveau de service.

Si elle insiste sur le fait que personne n’est contre l’électrification des autobus, elle soutient tout de même que l’arbitrage en termes de coût financier et environnemental peut être amélioré. Un constat partagé par l’organisation de défenses des usagers TTC Riders.

Cependant, pour Meena Bibra, la visibilité est importante et le message positif envoyé par la ville la plus peuplée du Canada qui transitionne vers le zéro émission a lui aussi son importance.

Comment? Selon l’article, le monsieur fait 300 à 400 km par jour depuis un an et demi, ça veut dire 150,000 km plus ou moins. S’il nous raconte que c’est plus fiable, je le crois.

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Parce que la fiabilité, c’est une statistique, et qu’une statistique, tu ne bases pas ça sur un seul échantillon ! Tu as la fiabilité lorsque neuf, et la fiabilité à long terme. Bien beau que le camion soit très fiable lorsque la garantie est encore valide, mais s’il pète de partout à l’échéance de la garantie, on repassera ! Pour ça que je dénonce que le Consumer Report parle de fiabilité pour un modèle de l’année… Il y a bien des composants qui peuvent lâcher avec le temps, et non avec la distance.

Then it’s clear you have no idea what Consumer Reports does.

https://www.consumerreports.org/cro/2012/04/understanding-reliability-ratings/index.htm

But the article above doesn’t mention Consumer Reports; it discusses the simple arithmetic that says a heavier vehicle requires more energy to propel. It includes an anecdote from a Ford F150 Lightning owner who has driven well past the end of the truck’s warranty without a single problem.

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I can include my own anecdotes. I’ve only driven 18 000 km in 18 months, but I’ve spent exactly $5.73 for two bottles of push-push (I’ve probably only used a litre of the second one), and about $180 for electricity. 18 000 km in my Corolla would cost me around $2200 at current prices.

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Interesting how in the latest Volvo promotional video they mention Prevost!

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Batteries Une occasion « extraordinaire à saisir », dit le patron de la BMO

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Grégoire Baillargeon, grand patron de la BMO pour le Québec, a prononcé lundi une allocution devant le Cercle canadien de Montréal.

Les batteries seront, sans l’ombre d’un doute, l’une des plus grandes industries au monde au cours de la prochaine décennie, selon le grand patron de la BMO pour le Québec, Grégoire Baillargeon.

Publié hier à 13h29

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Richard Dufour
Richard Dufour La Presse

« Il y a une opportunité extraordinaire à saisir. Nous avons un bassin unique de ressources au Québec aligné avec les besoins du monde entier », a-t-il dit dans une entrevue en marge d’un discours prononcé lundi devant un parterre de gens d’affaires au centre-ville de Montréal.

Dans un plaidoyer ayant assurément le contenu pour plaire au ministre canadien de l’Industrie, François-Philippe Champagne, au superministre québécois Pierre Fitzgibbon et au PDG d’Hydro-Québec, Michael Sabia, le dirigeant de la BMO ne manque pas d’enthousiasme devant l’alignement des astres.

Jamais, selon lui, les ressources et les compétences du Québec n’ont été aussi parfaitement alignées avec la transition énergétique. Il faut à son avis démontrer de l’ambition maintenant pour éviter d’avoir des regrets plus tard.

La transition du moteur à combustion vers le moteur électrique offre au Québec, croit-il, la chance d’effectuer un repositionnement économique.

« L’arrivée de Northvolt et le développement de la filière batterie démontrent ce que nous pouvons accomplir quand nos gouvernements et le secteur privé travaillent de concert. Ces ententes nous demandent des compromis, mais sont un investissement dans notre avenir collectif nous permettant de rapidement prendre place dans l’échiquier mondial des prochaines décennies », a dit Grégoire Baillargeon durant l’évènement organisé lundi par le Cercle canadien de Montréal.

Appuyer aussi les acteurs internationaux

Pour bâtir un écosystème fort, Grégoire Baillargeon est d’avis que les gouvernements doivent appuyer les acteurs locaux, mais aussi les acteurs internationaux. Son opinion se distingue de celle de son vis-à-vis de la Banque Nationale, Laurent Ferreira.

En septembre dernier, le grand patron de la Banque Nationale avait affirmé qu’Ottawa et Québec devraient soutenir les entreprises canadiennes avant d’accorder des subventions aux entreprises étrangères pour développer la filière batterie, car il croit que ces subventions profitent aux actionnaires étrangers et doute que ce modèle soit réellement créateur de richesse ici.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Grégoire Baillargeon, grand patron de la BMO pour le Québec

Grégoire Baillargeon a utilisé la tribune qui lui était offerte lundi pour lancer un appel à l’action.

« Hydro-Québec nous a faits maîtres chez nous, mais imaginez devenir maîtres du jeu, au-delà de nos frontières », dit-il.

Le Québec est à la croisée des chemins et peut se positionner pour que les décennies à venir soient les plus prospères de son histoire.

Grégoire Baillargeon, grand patron de la BMO pour le Québec

Au cours des dernières décennies, notre hydroélectricité a su attirer des industries grâce à son faible coût, souligne M. Baillargeon. « Ce temps est révolu. Nos électrons sont maintenant attirants parce qu’ils sont renouvelables. Une ressource précieuse. Un avantage marqué », dit-il.

« À l’échelle mondiale, plus de la moitié des efforts de décarbonation pour atteindre la carboneutralité se feront grâce à l’électrification. En deux étapes. La première, décarboner la production électrique en remplaçant les centrales au charbon et au gaz encore très présentes dans la plupart des économies du monde. La deuxième, en électrifiant transports, immobilier et industries avec cette électricité verte. »

Ce qu’il appelle la « grille verte » est, dit-il, un avantage marqué pour les entrepreneurs du Québec en matière d’innovation en électrification. « C’est eux qui exporteront notre savoir. Les FLO, les Polara, les Brainbox, les dcbel, les vadiMAP, les Girardin, les Lion, et bien d’autres. »

Prise de conscience mondiale

Grégoire Baillargeon souligne que notre énergie attire de nouvelles industries.

« Le monde entier prend conscience du fait que l’électricité du Québec est 100 % verte. Une juridiction stable, éduquée et connectée aux deux océans, desservie par le Saint-Laurent, par les routes et les chemins de fer, et contiguë au plus grand marché du monde occidental. Où d’autre pouvez-vous trouver une telle combinaison ? »

L’orientation de la politique industrielle ne devrait donc, selon lui, surprendre personne.

Le monde aura besoin de batteries. Les énergies éolienne et solaire sont vertes, mais requièrent du stockage. Beaucoup de stockage. En parallèle, la réglementation à l’échelle mondiale pousse la flotte de 1,4 milliard de voitures dans le monde vers l’électrique. Toutes ces batteries doivent être produites avec de l’électricité verte. Sinon, à quoi bon ?

Grégoire Baillargeon, grand patron de la BMO pour le Québec

M. Baillargeon souligne par ailleurs que notre territoire contient de grandes quantités d’uranium.

« Nous n’avons peut-être pas besoin du nucléaire au Québec, mais selon l’Agence internationale de l’énergie, il n’y a pas de voie vers une électricité sans émission à l’échelle mondiale sans un déploiement important de l’énergie nucléaire. Le nucléaire est requis pour enrayer les émissions dans plusieurs pays. Notre géant local AtkinsRéalis (SNC-Lavalin) aide d’ailleurs activement dans plusieurs pays avec des solutions nucléaires à la fois efficaces et sécuritaires. La transition énergétique requiert toutes les solutions disponibles. N’hésitons pas à jouer nos cartes de manière responsable », dit-il.

« Si nous gardons les portes ouvertes, c’est au Québec que de nombreuses industries voudront s’établir. Nous avons cinq, peut-être dix ans d’avance. Mais avec le temps, toutes les grilles électriques deviendront vertes. Notre avantage n’est que temporaire. Le temps d’agir, c’est maintenant. »

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Renaissance de la voiture hybride

PHOTO JIM WILSON, THE NEW YORK TIMES

Une Toyota Prius d’occasion à vendre chez un concessionnaire automobile à Oakland, en Californie. Le prix obstinément élevé de l’auto électrique et les inquiétudes sur la recharge poussent certains acheteurs vers l’hybride.

Depuis 10 ans, l’essor des Tesla et des autres véhicules électriques, avec leur technologie futuriste et le rêve d’un avenir sans essence, a donné un coup de vieux à l’auto hybride. Les ventes de Toyota Prius, l’hybride la plus connue, ont chuté de 85 % en 10 ans.

Publié à 1h14 Mis à jour à 7h00

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Lawrence Ulrich The New York Times

Aujourd’hui, les ventes de voitures électriques croissent moins vite, et General Motors, Ford et Volkswagen revoient à la baisse leurs objectifs dans le tout-électrique. Or, les hybrides se vendent bien, ce qui est peut-être la grande leçon de 2023 : de nombreux Américains sont très réceptifs à l’électrification, mais ils ne sont pas prêts pour une tout-électrique.

« Les consommateurs veulent la même expérience » qu’avec une voiture traditionnelle, affirme Stephanie Valdez Streaty, directrice des études sectorielles chez Cox Automotive. « Et nous n’en sommes pas là. Le prix demeure le principal obstacle pour le consommateur moyen. »

Les Américains ont acheté 1,2 million de voitures électriques en 2023 ; c’est un record et une hausse de 46 %. C’est 7,6 % de toutes les ventes de voitures neuves, selon Cox. Mais les ventes de voitures hybrides ont augmenté encore plus vite, soit de 65 %, pour atteindre plus de 1,2 million d’unités. Leur part de marché est passée de 5,5 % à 8 %, selon Edmunds. Ajoutez les hybrides rechargeables, et près d’une voiture neuve sur dix a un moteur à essence et un moteur électrique afin d’économiser du carburant et d’améliorer la performance.

Le prix obstinément élevé de l’auto électrique et les inquiétudes sur la recharge poussent certains acheteurs vers l’hybride, notamment les locataires ou les citadins qui ne peuvent pas recharger une voiture à batterie chez eux.

Une hybride permet d’économiser à la pompe, il n’est pas nécessaire de la brancher pendant des heures et on roule sans planifier d’arrêts de recharge. Leurs batteries sont bien plus petites et coûtent bien moins cher que celles des véhicules complètement électriques.

Selon Edmunds, le prix moyen des hybrides était de 42 500 $ US en novembre, contre 60 500 $ US pour les tout-électriques et 47 500 $ US pour les modèles à essence. Il existe une multitude de modèles hybrides abordables, dont certains à partir de 30 000 $ US, y compris la Prius redessinée, qui promet une consommation record de 4,13 l/100 km*. Le marché électrique, lui, est dominé par le haut de gamme.

Selon le PDG de Ford, Jim Farley, le consommateur ordinaire est fondamentalement différent des premiers adeptes qui se sont rués sur les véhicules électriques sans que les constructeurs aient à faire de publicité.

« L’électrique croît encore de manière spectaculaire, mais ce qui change, c’est que l’acheteur n’est pas prêt à payer le prix fort, a déclaré M. Farley en entrevue. Nous devons maintenant maîtriser les coûts et même – surprise ! – faire de la publicité. »

Ford réduit la production prévue de la camionnette F-150 Lightning et augmente de 20 % la production du F-150 hybride, plus abordable.

Le constructeur prévoit quadrupler la production d’hybrides dans l’espoir d’en vendre 100 000 en 2024. Parmi eux, la frugale (6,36 l/100 km) et très en vogue camionnette compacte Maverick en version hybride, qui dépasse les prévisions de vente.

La résurgence de l’hybride profite surtout à Toyota, Honda et Hyundai, y compris sa marque sœur Kia.

Ces constructeurs revendiquent environ 90 % des ventes d’hybrides aux États-Unis, suivis par Ford. Tous continuent d’investir dans cette technologie, alors que GM et Volkswagen voient leur avenir 100 % électrique.

Honda s’est surpassé en 2023, triplant presque ses ventes d’hybrides, pour atteindre 294 000 unités. Les versions hybrides de la berline Honda Accord et du véhicule utilitaire sport CR-V représentent désormais plus de la moitié des ventes de ces modèles. L’Accord combine confort, qualité et luxe avec une consommation de carburant ville-route pouvant atteindre 5,35 l/100 km et est offerte à partir de 33 290 $ US.

Hyundai, Kia et leur marque de luxe Genesis ont vendu ensemble plus de véhicules tout électriques aux États-Unis que n’importe quel autre constructeur automobile en 2023, sauf Tesla. Pourtant, Hyundai continue de miser sur l’hybride, même après que l’administration Biden a proposé des réglementations qui exigeraient que les deux tiers des nouvelles voitures soient tout électriques d’ici 2032.

PHOTO MIRANDA ALAM, THE NEW YORK TIMES

Steve Center, chef de l’exploitation chez Kia America, estime que la motorisation hybride peut réduire les émissions quand un véhicule électrique ne convient pas aux besoins d’un certain type de clients.

« Tous ceux qui veulent survivre investissent dans l’électrique », a déclaré Steve Center, chef de l’exploitation chez Kia America.

C’est le cas de Hyundai, qui s’est engagé à investir 12 milliards dans des usines en Alabama et en Géorgie.

Mais M. Center a ajouté qu’un véhicule électrique ne convient peut-être pas à un « cowboy du Montana qui roule en pick-up ». La motorisation hybride peut réduire plus vite les émissions de ce type de véhicule, dit-il.

M. Center a fait une prédiction audacieuse : les véhicules traditionnels seront bientôt obsolètes et tous les modèles à essence restants seront hybrides. La voiture à essence ne pourra pas survivre sans cela, car les consommateurs et les gouvernements exigent des voitures consommant et polluant moins.

D’abord, tout devrait passer à l’hybride, car tout le monde peut conduire une voiture hybride, partout.

Steve Center, chef de l’exploitation chez Kia America

Toyota, le plus grand constructeur automobile au monde, semble s’engager dans cette voie. Il proposera en 2024 neuf modèles exclusivement hybrides, dont un modèle de sa marque de luxe Lexus. La société a vendu plus de 640 000 hybrides aux États-Unis en 2023, soit 29 % de ses ventes totales au pays ; elle a vendu environ 15 000 de véhicules tout électriques.

Selon David Christ, directeur général de Toyota Amérique du Nord, le constructeur automobile s’attendait à atteindre 40 % de ventes de véhicules électrifiés en 2024. Il partage l’opinion de M. Center sur l’avenir de la voiture traditionnelle : « Nous n’avons rien contre l’idée de passer un jour au tout-hybride pour accélérer le passage à un avenir plus vert », dit-il.

Mais l’hybride n’est pas la panacée, notent des experts.

Pour Dave Cooke, analyste automobile à l’Union of Concerned Scientists, la voiture hybride est essentielle et abordable et permet à des millions de conducteurs de consommer moins d’essence. Mais elle n’est qu’une technologie de transition. Les objectifs en matière de changement climatique exigent toujours la conversion au tout-électrique ainsi qu’un réseau électrique renouvelable, a-t-il ajouté.

« Nous disons aux autorités environnementales et à l’industrie de mettre l’hybride partout », dit-il, ajoutant qu’il faut néanmoins, en plus, « des normes plus strictes pour que les constructeurs aient des règles les poussant à faire ce qui est technologiquement réalisable ».

M. Cooke note que la consommation moyenne du parc automobile national est restée stable pendant des années, à cause de la popularité des camionnettes et des VUS. Les gains récents sont entièrement attribuables à l’essor des véhicules électriques, les hybrides jouant un rôle négligeable.

Chris Harto, analyste de la politique des transports et de l’énergie pour Consumer Reports, partage cet avis : « Les hybrides permettent de gagner du temps, mais l’auto électrique est nécessaire » pour atteindre nos objectifs en matière de climat, a-t-il déclaré.

  • Les cotes de consommation exprimées dans cet article sont les conversions en unités métriques des cotes de consommation affichées aux États-Unis et peuvent différer des cotes du Guide de consommation de carburant 2023 publié par Ressources naturelles Canada.

Cet article a d’abord été publié
dans le New York Times.

« Véhicules zéro émission » Les Québécois auront l’embarras du choix

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Le Québec dispose déjà d’une norme plus contraignante que celle du gouvernement fédéral pour la vente de véhicules zéro émission.

Les nouvelles règles fédérales devraient favoriser indirectement les concessionaires d’ici

Publié à 1h10 Mis à jour à 5h00

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Julien Arsenault
Julien Arsenault La Presse

Les consommateurs auront l’embarras du choix pour magasiner un véhicule électrique ou hybride rechargeable. Avec une norme « véhicules zéro émission (VZE) » plus contraignante déjà en vigueur, le marché québécois devrait continuer d’être priorisé par les géants de l’automobile, malgré l’annonce récente d’un plan fédéral qui entrera en vigueur dans deux ans.

« Ce n’est pas une révolution, souligne Ian Sam Yue Chi, président-directeur général de la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec (CCAQ). Les constructeurs allouent leurs véhicules aux marchés où on les vend plus rapidement. Il y a un potentiel que les concessionnaires du Québec aient davantage de véhicules électriques et hybrides rechargeables dans les prochaines années. »

À la veille des Fêtes, le gouvernement Trudeau a annoncé, le 19 décembre dernier, que 20 % des nouveaux véhicules vendus au pays en 2026 devront être considérés comme des VZE. Cette exigence augmentera progressivement pour atteindre 100 % des unités en 2035. Après les neuf premiers mois de 2023, ces catégories de véhicules représentaient environ 10 % des nouvelles immatriculations au pays, selon Statistique Canada.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Dans le marché québécois, c’est 32,5 % des véhicules vendus en 2026 qui devront être alimentés à l’électricité.

Ce règlement fonctionnera avec un système de crédits accumulés selon le type de modèle vendu par les constructeurs pour s’assurer qu’ils respectent les quotas annuels. Il ne s’agit pas d’une mesure extrêmement contraignante, puisque des constructeurs n’ayant pas récolté suffisamment de crédits peuvent en acheter auprès de concurrents ayant accumulé des surplus.

Tout cela fait déjà partie de la réalité au Québec et en Colombie-Britannique, où des normes provinciales sont déjà en vigueur – et plus sévères – avec le système des crédits. Dans le marché québécois, c’est 32,5 % des véhicules vendus en 2026 qui devront être alimentés à l’électricité. Les constructeurs automobiles ont tout intérêt à prioriser ces deux marchés, estime Daniel Breton, président et chef de la direction de Mobilité électrique Canada.

« Un même véhicule va compter pour un crédit provincial et un crédit fédéral, dit cet ex-ministre de l’Environnement au sein du gouvernement péquiste de Pauline Marois. Les provinces qui n’auront pas leur propre cadre vont être désavantagées. C’est sûr qu’il faudra finir par livrer plus de véhicules VZE dans d’autres provinces, mais d’ici là, il y aura un avantage pour le Québec et la Colombie-Britannique. »

Un véhicule zéro émission, qu’est-ce que c’est ?

Selon Environnement et Changement climatique Canada, il s’agit des véhicules électriques, des modèles alimentés par une pile combustible à l’hydrogène et des hybrides rechargeables pouvant rouler « exclusivement » à l’électricité sur une distance donnée. Pour cette dernière catégorie, plus l’autonomie en mode « tout électrique » est grande, plus le constructeur automobile obtient de crédits.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Le Québec est dans le peloton de tête, derrière la Colombie-Britannique, des marchés canadiens où il se vend le plus de véhicules VZE.

Déjà en tête

Le Québec est dans le peloton de tête, derrière la Colombie-Britannique, des marchés canadiens où il se vend le plus de véhicules VZE. Selon Statistique Canada, ces véhicules représentaient 17,5 % des nouvelles immatriculations dans le marché québécois après trois trimestres en 2023. Cette année, la cible provinciale est de 19,5 % des nouveaux véhicules vendus.

On pourrait penser qu’une norme fédérale qui impose des quotas pourrait mettre de la pression sur l’offre de modèles électriques et hybrides rechargeables. À court et moyen terme, ce scénario est peu probable, d’après les experts consultés par La Presse, surtout en ce qui a trait aux voitures électriques. Premièrement, il s’écoulera encore deux années avant l’entrée en vigueur du cadre fédéral. L’effet d’un resserrement prend du temps à se matérialiser. Un document du ministère québécois de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs diffusé en juillet dernier révélait qu’il faudrait patienter jusqu’en 2027 avant de voir les effets du resserrement de sa norme. Le scénario de Québec anticipe 75 000 véhicules électriques supplémentaires sur les routes grâce à son cadre plus sévère.

De plus, les délais qui s’étiraient souvent au-delà d’un an observés ces dernières années deviennent l’exception plutôt que la règle, affirme Ian Sam Yue Chi, qui représente plus de 890 membres au Québec.

« Les normes VZE mettent de la pression sur les constructeurs pour qu’ils approvisionnent le marché, ajoute Simon-Pierre Riou, porte-parole de l’Association des véhicules électriques du Québec. C’est contraignant pour eux. Ils doivent prendre les moyens pour que les stocks augmentent. »

À cela s’ajoutent les investissements annoncés par des géants de l’automobile – comme General Motors, Ford, Hyundai, Toyota, Tesla et compagnie – pour assembler des véhicules électriques en Amérique du Nord, rappelle Daniel Breton.

« La liste de modèles électriques va continuer de s’allonger », ajoute-t-il.

Luc Soucy, président et fondateur des concessionnaires Terrebonne Ford et West Island Ford Lincoln, souligne que l’on retrouve environ 150 modèles électriques chez son concessionnaire situé dans la couronne nord. Les versions admissibles aux rabais de Québec et d’Ottawa ont particulièrement la cote auprès de la clientèle.

Si les subventions ne couvrent pas davantage de modèles, les gouvernements vont avoir de la difficulté à atteindre leurs objectifs. On a des véhicules en stock chez nous, mais ceux qui veulent acheter le Mach-E admissible à toutes les subventions, là, il peut y avoir de l’attente.

Luc Soucy, président et fondateur des concessionnaires Terrebonne Ford et West Island Ford Lincoln

D’après Environnement et Changement climatique Canada, on retrouvait « plus de 50 modèles VZE » au pays l’an dernier. Plus de 40 modèles supplémentaires sont attendus en 2024.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Quelques entreprises donnent accès à des bornes de recharge pour leurs employés.

Plus que les règles

Tout ce virage comporte cependant quelques angles morts, selon la CCAQ. Les gouvernements ne doivent pas se contenter d’imposer des exigences réglementaires. À terme, les aides financières pour l’achat de ces véhicules doivent rester en place. On doit aussi s’assurer que le réseau de bornes de recharge continue à accroître son empreinte géographique, souligne le président-directeur de la Corporation.

On doit se pencher sur la formation du personnel technique responsable de réparer et d’entretenir ces véhicules de plus en plus complexes, dit Ian Sam Yue Chi.

« Un nombre grandissant de concessionnaires doivent aussi mettre à jour leurs installations, ajoute-t-il. Il y a des exigences à respecter. Les coûts sont astronomiques. Le gouvernement devra se pencher là-dessus dans un avenir rapproché. »

M. Soucy affirme que la facture oscillait aux alentours de 1,5 million chez son concessionnaire de Terrebonne pour se « mettre aux normes du manufacturier ».

« Ford exige trois superbornes par concessionnaire, dit-il. Il y a ce que le constructeur exige et ce que ton marché demande. On a vendu 300 véhicules électriques l’an dernier à Terrebonne. C’est entre 25 % et 30 % de nos ventes. Il faut aussi moderniser les installations à l’intérieur de la bâtisse. C’est majeur comme investissement. »

M. Breton partage les préoccupations de la CCAQ sur l’aspect de la formation, notamment à l’extérieur des grands centres urbains. Le dirigeant de Mobilité électrique Canada rappelle cependant que cet enjeu va au-delà des véhicules VZE. Il y a également des défis à relever du côté des véhicules à essence, qui se complexifient, puisqu’ils sont équipés d’ordinateurs de bord de plus en plus sophistiqués.

En savoir plus

  • 10 %
    Environ une nouvelle immatriculation sur dix au pays pendant les neuf premiers mois de 2023 concernait un VZE.

Source : Statistique Canada

For example, gas stations often have a second row of fast chargers. The newer stations, she said, often feature the chargers as the first option, and the gas pumps behind them.

Est-ce que ça existe ici? Je ne pense pas en avoir jamais vu, mais mon expérience de station-service est limitée.

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Northvolt: une pause des travaux de 10 jours «peut être fatale»

Par La Presse Canadienne

24 janvier 2024 à 06h42|

Mis à jour le24 janvier 2024 à 20h47

La procédure s’est amorcée la semaine dernière, mais le juge David R. Collier, de la Cour supérieure du Québec, avait repoussé à mardi la tenue de l’audience.|800x0

La procédure s’est amorcée la semaine dernière, mais le juge David R. Collier, de la Cour supérieure du Québec, avait repoussé à mardi la tenue de l’audience. (Christinne Muschi/PC)

Une demande d’injonction qui mettrait en pause les travaux de Northvolt pendant dix jours «peut être fatale pour ma cliente», a indiqué l’avocate de l’entreprise qui a rejeté en bloc les prétentions du Centre québécois du droit de l’environnement, lors d’une audience mardi.


Des avocats représentants Norhtvolt, le gouvernement du Québec et la Ville de Saint−Basile−Legrand ont défilé devant le juge de la Cour supérieure du Québec David R. Collier, mardi après−midi.

Celui−ci a pris l’affaire en délibéré et les travaux de Northvolt demeurent sur pause, le temps qu’un verdict soit rendu.



Le juge Collier a indiqué qu’il compte rendre une «décision rapidement».

Selon maître Nathalie−Anne Béliveau, l’avocate de Northvolt, les demandes d’injonctions provisoire et interlocutoire déposées par le Centre québécois du droit de l’environnement et de trois citoyennes, «sont en train de compromettre un projet qui est dans l’intérêt du peuple québécois» sur la base «d’opinions, d’impression et de commérages».

«Si le projet tombe à l’eau, des milliers d’emplois tombent à l’eau, mais aussi des fournisseurs, des clients», a plaidé l’avocate pour faire valoir l’intérêt public du projet.

Elle a notamment cité la Loi sur la qualité de l’environnement qui indique que «le recours à des énergies à faible empreinte carbone» doit être privilégié afin «de répondre à l’urgence climatique».



L’avocate a indiqué au juge que «les activités de ma cliente s’inscrivent dans l’objectif de cette loi» et la suspension des activités de Northvolt causera «un préjudice irréparable à l’intérêt public».

Maître Nathalie−Anne Béliveau est aussi d’avis que le recours des demandeurs ne peut pas être accepté, car il ne remplit pas le critère de l’apparence de droit d’une demande d’injonction interlocutoire.

Autorisations déraisonnables selon le CQDE

Selon le Centre québécois du droit de l’environnement, le ministère de l’Environnement a autorisé Northvolt à débuter les travaux d’abattage d’arbres sur le site de la future usine en Montérégie, sans connaître précisément l’impact sur la biodiversité, et sans que Northvolt présente un plan de compensation détaillé.

Pour appuyer ces arguments, l’avocate Jessica Leblanc a présenté au juge des documents que le CQDE a obtenus, dans lesquelles une biologiste du gouvernement indiquerait que l’information transmise par Northvolt concernant la faune vivant sur son site ne permettrait pas de faire une évaluation faunique éclairée.

Le CQDE fait donc valoir que le ministère de l’Environnement n’était pas en mesure, en raison d’un manque d’information, de délivrer une autorisation ministérielle à Northvolt, pour que celle−ci débute ces travaux au début du mois de janvier.

L’avocate Jessica Leblanc a également expliqué que Northvolt a reçu l’autorisation de débuter des travaux sur le site, à la condition de proposer un plan de compensation pour pallier les impacts du projet sur la biodiversité, dans les 36 mois, suivant l’autorisation ministérielle.

Mais comme le ministère ne possédait pas suffisamment d’information sur l’impact que les travaux auraient sur les espèces fauniques et leurs habitats, selon maître Leblanc, la décision du ministre de délivrer une autorisation était «déraisonnable».



De son côté, l’avocate du gouvernement du Québec, Stéphanie Garon, a fait valoir «qu’au final», après «plusieurs échanges avec Northvolt», les biologistes du ministère de l’Environnement étaient satisfaites des propositions de l’entreprise pour pallier les impacts sur la biodiversité.

«Les avis fauniques» des biologistes du gouvernement ont été réalisés «avec rigueur», a−t−elle plaidé.

Difficile d’y voir clair pour les citoyens et les journalistes, car ces avis fauniques, et les correspondances qui s’y rattachent, n’ont pas été rendus publics, ni présentés lors de l’audience.

Durant son plaidoyer, maître Garon a également fait valoir que le ministre de l’Environnement avait un pouvoir discrétionnaire «très large» pour accepter ou non une demande d’autorisation de faire des travaux dans des milieux naturels sensibles.

Celui−ci a également, selon l’avocate, plusieurs outils qui lui permettent de forcer une entreprise à se plier à ces exigences, si celle−ci ne respecte pas un plan de compensations suffisant pour pallier les impacts d’un projet sur la biodiversité.

À cet effet, elle a notamment fait référence à l’article 113 de la Loi sur la qualité de l’environnement:

«Lorsque quiconque refuse ou néglige de faire une chose qui lui est ordonnée en vertu de la présente loi, le ministre peut faire exécuter la chose aux frais du contrevenant et en recouvrer le coût de ce dernier, avec intérêts et frais».

Des travaux retardés plusieurs mois?

Lors d’une pause en matinée, Marc Bishai, avocat au CQDE, a expliqué que le plan n’est pas de faire dérailler le projet Northvolt, mais plutôt de s’assurer que les règles soient respectées.



«On considère que de détruire maintenant et protéger plus tard sans avoir l’information suffisante pour s’assurer qu’on contrôle les impacts environnementaux, selon nous, c’est une décision qui est certainement questionnable.»

Il a ajouté que si le juge donne raison aux prétentions de la CQDE, «le dossier pourrait être renvoyé aux décideurs pour une nouvelle analyse, une nouvelle décision».

Questionné à savoir si une telle décision pourrait retarder les travaux de Northvolt de plusieurs mois, Me Bishai a répondu «qu’il ne souhaite pas que le projet soit reporté trop longtemps», et ce que le CQDE «veut surtout, c’est de s’assurer que les choses soient bien faites et que toutes les décisions qui sont prises s’assurent d’une protection suffisante de l’environnement».

Le CQDE estime également que la Ville de Saint−Basile−Legrand a délivré un permis d’abattage d’arbres à Northvolt en se basant sur une «interprétation déraisonnable» du règlement de contrôle intérimaire (RCI) de la communauté de métropolitaine de Montréal, concernant les milieux humides.

Des travaux d’abattage d’arbres ont commencé en début de semaine sur le site de la future usine à McMasterville et Saint−Basile−le−Grand, après que le ministère de l’Environnement eut autorisé, la semaine dernière, le début des travaux de construction de l’usine.

Ces travaux ont cependant été mis sur pause le temps que la Cour supérieure se penche sur les demandes d’injonctions provisoire et interlocutoire déposées par le Centre québécois du droit de l’environnement et les trois citoyennes.

Poursuite du conseil mohawk de Kahnawake

Par ailleurs, le Conseil mohawk de Kahnawake a annoncé avoir déposé une poursuite à la Cour supérieure pour forcer le gouvernement fédéral et celui du Québec à le consulter dans le dossier Northvolt.

Le Conseil soutient que le Québec et le Canada ont manqué à leur obligation de consulter les Premières Nations avant de financer le projet. Il reproche aussi au gouvernement du Québec d’avoir autorisé la «destruction de zones humides sans mener de consultations».

Des travaux d’abattage d’arbres ont commencé en début de semaine sur le site de la future usine à McMasterville et Saint−Basile−le−Grand, après que le ministère de l’Environnement eut autorisé, la semaine dernière, le début des travaux de construction de l’usine.

Ces travaux ont cependant été mis sur pause le temps que la Cour supérieure se penche sur les demandes d’injonctions provisoire et interlocutoire déposées par le Centre québécois du droit de l’environnement et les trois citoyennes.

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À peine commencé et déjà embourbé dans les poursuites à cause du manque de transparence et de consultations. Mais le pire c’est d’avoir refusé un premier projet sur ce même site pour des raisons environnementales. Puis faire fi de ces mêmes raisons pour accorder un permis à une autre entreprise sur le même terrain qui aura des effets destructeurs encore plus dommageables à l’environnement que le premier projet de développement.

Résultat: en essayant de contourner ses propres règles le gouvernement a semé le doute et l’incompréhension dans l’esprit de la population et la méfiance des organismes de défense environnementale. Il a de surcroit négligé l’indispensable acceptabilité sociale, en tentant d’éviter les précieuses études du BAPE et ses recommandations, qui auraient permis d’assurer dès le départ la bonne marche d’un tel projet.

Voir autres textes dans le fil Protection du Territoire.

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