Électrification des transports

L’hydrogène vert est-il l’avenir du transport ?

IMAGE DE COMPOSITION FOURNIE PAR ALSTOM

Le premier train de passagers à hydrogène en Amérique du Nord circule sur le réseau ferroviaire de Charlevoix cet été.

Un premier train alimenté à l’hydrogène vert circule au Québec cet été. Mais comment ça fonctionne ? Et surtout, est-ce la solution pour décarboner les transports ?

Publié à 0h00

Partager


Simone Caron
Simone Caron La Presse

Actuellement, 99 % des trains en Amérique du Nord roulent au diesel. Si le Canada veut atteindre sa cible et devenir carboneutre d’ici 2050, il est grand temps d’envisager des solutions de rechange.

Pour démontrer que la réponse se trouve dans l’hydrogène vert, la multinationale française Alstom a fait venir un de ses trains d’Allemagne pour qu’il circule sur le réseau ferroviaire de Charlevoix. Jusqu’au 30 septembre, ses passagers voyagent grâce à l’hydrogène vert, une première en Amérique du Nord.

La beauté de cette technologie : elle ne produit aucune émission de carbone, seulement de la vapeur d’eau.

Un train électrique sans câble

Comment est-ce possible ? Il faut d’abord comprendre qu’un train à hydrogène est un train électrique. Pourtant, il n’est pas directement connecté au réseau d’Hydro-Québec. Pas besoin non plus de brancher le train à une borne pour recharger ses batteries, comme une voiture électrique.

L’électricité est plutôt générée grâce à une pile à combustible alimentée à l’hydrogène. Comme un train ordinaire, ce train comporte un réservoir à remplir, mais celui-ci est situé sur son toit, et contient de l’hydrogène plutôt que du diesel. Avec un seul plein, le train obtient environ 1000 km d’autonomie.

PHOTO TIRÉE DE WIKIPÉDIA

Bruno G. Pollet, directeur de la Chaire de recherche du Canada sur la production d’hydrogène vert et professeur à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)

Cette technologie permet d’électrifier le réseau ferroviaire sans devoir installer de câbles d’alimentation, aussi appelés caténaires. « Ça coûterait très cher de construire ces infrastructures au Canada, parce qu’on a un immense territoire à couvrir », indique Bruno G. Pollet, directeur de la Chaire de recherche du Canada sur la production d’hydrogène vert et professeur à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).

C’est l’une des principales raisons qui expliquent pourquoi l’Amérique du Nord accuse un aussi grand retard sur l’électrification des trains par rapport au continent européen, beaucoup plus petit et densément peuplé.

La pile à combustible

Et maintenant, comment la pile à combustible génère-t-elle de l’électricité ? En langage simplifié, elle transforme l’énergie chimique en énergie électrique.

Cette pile à combustible, située sur le toit du train, combine l’oxygène de l’air avec l’hydrogène du réservoir pour créer des molécules d’eau.

« Cette réaction dégage des électrons et c’est ce qui crée un courant électrique, explique Éric Rondeau, directeur du centre d’innovation d’Alstom en Amérique. On obtient donc de l’électricité et de la vapeur d’eau. »

PHOTO FOURNIE PAR ALSTOM

La pile à combustible du train utilise l’oxygène de l’air et l’hydrogène du réservoir pour générer de l’électricité et de la vapeur d’eau.

L’appellation « pile à combustible » peut porter à confusion, parce qu’il n’y a aucune combustion dans le processus. Pour ceux dont l’hydrogène rappelle la catastrophe du zeppelin Hindenburg, rassurez-vous : la technologie est tout à fait sûre, signale Éric Rondeau.

La molécule est très légère et les réservoirs sont sur le toit, alors s’il y avait la moindre fuite, l’hydrogène serait dissipé dans l’atmosphère. On n’est pas du tout dans des conditions risquées.

Éric Rondeau, directeur du centre d’innovation d’Alstom en Amérique

D’où vient l’hydrogène ?

Pour produire de l’hydrogène vert, on utilise la réaction inverse : l’électrolyse de l’eau. En injectant un courant électrique dans l’eau, on peut séparer la molécule en oxygène, qu’on libère dans l’atmosphère, et en hydrogène, qu’on stocke dans des réservoirs à très haute pression.

Dans le cas du train de Charlevoix, la production et le ravitaillement sont fournis par Harnois Énergies. Puisque l’entreprise utilise de l’hydroélectricité, il s’agit d’hydrogène vert, c’est-à-dire qu’il ne dégage aucune émission de carbone.

Cependant, l’hydrogène vert demeure coûteux, et le marché n’est pas encore développé au Québec. « Mais ça s’en vient, c’est clair », pense le professeur Bruno Pollet, qui voit aussi dans l’hydrogène vert une manière de décarboner l’industrie lourde comme les cimenteries et les alumineries.

Une bonne idée ?

Il ne s’agit pas d’une solution miracle. Puisqu’on consomme de l’électricité pour produire de l’hydrogène, à partir duquel on génère de l’électricité, il y a forcément une perte d’efficacité. Et pour qu’il soit « vert », il faut utiliser une énergie propre au départ.

PHOTO TIRÉE DU SITE WEB DE L’UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE

Mathieu Picard, professeur au département de génie mécanique à l’Université de Sherbrooke

L’hydrogène n’est pas une source d’énergie en soi. Il faut plutôt le voir comme une batterie.

Mathieu Picard, professeur au département de génie mécanique à l’Université de Sherbrooke

En effet, l’hydrogène permet de stocker de l’électricité, ce qui est utile en transport pour fournir de l’énergie à un système sans être connecté au réseau. Mais quand on le compare à une batterie, il est parfois très avantageux… ou pas du tout. Ça dépend de l’utilisation qu’on en fait.

L’hydrogène est de 10 à 20 fois plus dense en énergie qu’une batterie, mais deux fois moins efficace, explique Mathieu Picard. En d’autres termes, l’hydrogène est moins lourd et emmagasine plus d’énergie, mais on en récupère moins par rapport à ce qu’on a mis au départ. Dans les deux cas, il y a des compromis à faire.

L’intérêt de l’hydrogène réside principalement dans sa légèreté et dans sa capacité de faire de plus longues distances sans ravitaillement. C’est pourquoi on le considère pour électrifier le transport lourd et l’industrie maritime.

Par exemple, des camions de marchandises à batteries ne seraient jamais rentables, estime Bruno Pollet. « La batterie représente environ 50 % du poids de la charge, alors on ne pourrait pas transporter autant de marchandises. En plus, ça prend beaucoup de temps pour la recharger. » L’hydrogène, léger et dont le réservoir se remplit rapidement, serait mieux adapté.

Mais pour des voitures personnelles, où le poids de la batterie ne cause pas de problème majeur, l’hydrogène est moins souhaitable parce que sa production consomme beaucoup d’énergie.

« On aimerait avoir une solution unique qui règle tous les problèmes, mais ce n’est pas le cas, nuance Mathieu Picard, de l’Université de Sherbrooke. Il va y avoir un éventail de solutions, et l’hydrogène vert en fait partie. Surtout pour ce qui est du transport lourd de longue distance. »

2 « J'aime »

Immense territoire, effectivement, mais tout le transport est concentré au sud pratiquement…
49 422 km de voies ferrées au Canada (129km électrifié) contre 28 000km pour la France uniquement (dont 16 000km électrifiées). La France compte mettre 100G€ d’ici 2040 sur ses chemins de fer, le Canada ?

2 « J'aime »

Maintenant, c’est au tour de Nissan d’adopter le chargeur de Tesla. Les dominos tombent les uns après les autres depuis quelques mois.

3 « J'aime »

Je ne sais pas si c’est une bonne nouvelle?
Est-ce que les villes ont accès au patent du chargeur pour créer des bornes avec cette prise?
Ou les villes devront payer Tesla pour chaque chargeur déployé?

Tesla a ouvert absolument tout ses brevets il y a quelques années de cela. Ça fait partie de la stratégie de Tesla pour accélérer le l’adoption de véhicules électriques.

From the Tesla Website: All Our Patent Are Belong To You

There are 3 important restrictions to this. For so long as such party is acting in good faith, they can use those patents. A party is considered to be acting in good faith if they have not:

  1. asserted, helped others assert or had a financial stake in any assertion of (i) any patent or other intellectual property right against Tesla or (ii) any patent right against a third party for its use of technologies relating to electric vehicles or related equipment;

  2. challenged, helped others challenge, or had a financial stake in any challenge to any Tesla patent; or

  3. marketed or sold any knock-off product (e.g., a product created by imitating or copying the design or appearance of a Tesla product or which suggests an association with or endorsement by Tesla) or provided any material assistance to another party doing so.

In other words, other manufacturers could produce a charger that is compatible with Tesla’s charger, but they could would not be able to brand it as a Tesla charger. There are a number of legal pitfalls in that pledge, but its something that can be navigated.

1 « J'aime »

Also, cities don’t install their own charging stations. Virtually all public stations on public property or along the curb of public streets are part of the Circuit Électrique network.

Merci pour la réponse!

La réalité des véhicules électriques

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

« Si l’impact de la fabrication de la batterie [d’un véhicule électrique] est réel, celui-ci baisse d’année en année », écrit l’auteur.

« Mirage », « illusion », « fausse solution », les qualificatifs ne manquent pas depuis quelques mois pour critiquer, voire discréditer le virage vers les véhicules électriques. Certains évoquent l’impact environnemental des véhicules électriques, l’extraction minière ou le travail des enfants. Qu’en est-il réellement ?

Mis à jour le 27 juillet

Partager

Daniel Breton

Daniel Breton Président-directeur général de Mobilité Électrique Canada, et cinq autres signataires*

Fabrication des batteries : une réalité qui évolue rapidement

Dans la course à la transition énergétique, la demande pour certains minéraux critiques a considérablement augmenté. C’est pourquoi plusieurs entreprises ont mis au point des batteries avec peu de nickel ou de cobalt, voire aucun, vu la préoccupation liée au travail des enfants dans les mines de cobalt du Congo. C’est notamment le cas des batteries lithium-fer-phosphate (LFP). En 2022, environ 50 % des Tesla vendues étaient équipées de batteries LFP⁠1. Les batteries LFP ont montré un nombre de cycles charge-décharge supérieur à 10 000, ce qui se traduit par plusieurs millions de kilomètres parcourus au cours de la vie de la batterie, qui dépasse 20 ans⁠2.

Fait à noter, le cobalt est aussi utilisé dans le processus de raffinage du pétrole pour les véhicules à essence⁠3, ainsi que les ordinateurs et les cellulaires.

Recyclage : 95 % c. 0 %

Le recyclage des batteries lithium-ion est mené par des procédés hydrométallurgiques dont le rendement de récupération s’élève à 95 % et bientôt 99 %.

Qui plus est, les gouvernements se penchent présentement sur des réglementations qui exigeront des fabricants le recyclage des batteries de véhicules électriques⁠4.

Fait à noter, le pétrole brûlé par les véhicules à essence ou diesel est recyclable à 0 %.

L’intérêt pour ces nouvelles chimies de batteries est multiple : diminution significative de l’impact écologique et humanitaire de l’extraction minière, abondance de ressources (fer, phosphate, manganèse et plus tard sodium⁠5 sont abondants et peu chers), baisse de prix des batteries et sécurité énergétique.

500 à 1000 fois moins de quantités extraites

L’Agence internationale de l’énergie⁠6 estime la demande de minéraux critiques pour les énergies à faible teneur en carbone nécessaires aux véhicules électriques, au stockage d’énergie et aux énergies renouvelables à 28 millions de tonnes en 2040. En comparaison, 4 milliards de tonnes de quantités minières ont été nécessaires pour le pétrole⁠7 en 2018. Ainsi, à son rythme de déploiement le plus rapide, les quantités de minéraux extraites pour l’économie à faible teneur en carbone seront de 500 à 1000 fois inférieures à la production actuelle d’énergies fossiles⁠8.

Environnement et cycle de vie

Le calcul de l’empreinte écologique globale d’un véhicule doit toujours être effectué en fonction de son cycle de vie complet plutôt que la seule étape de fabrication. Cela inclut l’extraction de matières premières, la fabrication de la batterie et du véhicule, son utilisation, sa mise au rancart ainsi que son recyclage.

Si l’impact de la fabrication de la batterie est réel, celui-ci baisse d’année en année. Les émissions de GES de sa fabrication ont déjà baissé d’environ 60 % par kilowattheure entre 2013 et 2019⁠9. Selon McKinsey⁠10, « les acteurs ambitieux ont la capacité de réduire l’empreinte carbone de la production de piles jusqu’à 75 % en moyenne au cours des cinq à sept prochaines années ». Du côté des véhicules à essence, de telles améliorations écologiques ne sont tout simplement pas envisageables.

Électricité c. pétrole au Canada

Le réseau électrique canadien émet de moins en moins de GES. Entre 1990 et 2021, les émissions de GES du secteur de l’électricité canadien ont diminué de 45 % ⁠11, rendant les véhicules électriques de plus en plus verts. Durant la même période, les émissions de GES des sables bitumineux ont augmenté de 463 %. En 2023, plus de 70 % de la production de pétrole canadien provenait des sables bitumineux⁠12 qui représentent 97 % des réserves pétrolières⁠13 prouvées du pays. Or, selon l’Institut Pembina⁠14, l’extraction et le traitement des sables bitumineux généraient 2,2 fois plus d’émissions par baril que la moyenne du pétrole brut extrait en Amérique du Nord. Ainsi, plus le temps passe, plus nos véhicules au pétrole consomment du pétrole non conventionnel, ce qui alourdit d’autant leur bilan écologique.

Selon un rapport publié par l’International Council on Clean Transportation en 2021⁠15, les émissions de GES sur l’ensemble du cycle de vie des véhicules électriques en Europe, aux États-Unis, en Chine et en Inde sont inférieures à celles d’un véhicule à essence comparable de 66 % à 69 % en Europe, de 60 % à 68 % aux États-Unis, de 37 % à 45 % en Chine et de 19 % à 34 % en Inde.

Selon un rapport publié en 2022 par le Conseil national de recherches du Canada⁠16, les véhicules partiellement et entièrement électriques ont toujours des émissions de GES moindres que les véhicules à essence dans toutes les provinces canadiennes. Au Québec, on parle d’un impact environ 60 % moindre sur 150 000 km. Comme les véhicules modernes ont une espérance de vie d’environ 250 000 à 300 000 km, la différence est encore plus grande en faveur des véhicules électriques.

D’aucune manière nous n’affirmons que les véhicules légers et lourds électriques sont parfaits ou qu’ils représentent LA solution à tous nos problèmes écologiques. Si les individus et les entreprises peuvent se passer de voitures et de camions, tant mieux. En effet, nous devons d’abord encourager le transport collectif électrique, le transport actif, ainsi que le covoiturage et l’autopartage électrique tout en décourageant la pratique de l’auto solo (fût-elle électrique) pour diminuer les émissions polluantes et de GES ainsi que la congestion routière.

Mais une chose est sûre, loin d’un mirage ou d’une illusion, les véhicules légers et lourds électriques sont supérieurs aux véhicules à essence et diesel des points de vue écologique et de santé. Il faut simplement qu’on les utilise intelligemment.

Voilà la réalité des véhicules électriques.

1. Lisez « Tesla is already using cobalt-free LFP batteries in half of its new cars produced » (en anglais)

2. Lisez « Positive electrode : Lithium iron phosphate author links open overlay panel » (en anglais)

3. Lisez un texte du Cobalt Institute (en anglais)

4. Lisez « EU lawmakers approve legislation to make batteries greener » (en anglais)

5. Lisez « This abundant material could unlock cheaper batteries for EVs » (en anglais)

6. Lisez « Mineral requirements for clean energy transitions » (en anglais)

7. Lisez « Final consumption » (en anglais)

8. Lisez « Mining quantities for low-carbon energy is hundreds to thousands of times lower than mining for fossil fuels » (en anglais)

9. Lisez « Comparing the lifetime green house gas emissions of electric cars with the emissions of cars using gasoline or diesel » (en anglais)

10. Lisez « The race to decarbonize electric-vehicle batteries » (en anglais)

11. Lisez « Émissions de gaz à effet de serre du secteur de l’électricité »

12. Lisez « Pétrole brut et produits pétroliers »

13. Lisez « Que sont les sables bitumineux ? »

14. Lisez « The Real GHG trend : Oilsands among the most carbon intensive crudes in North America » (en anglais)

15. Lisez « A global comparison of the life-cycle greenhouse gas emissions of combustion engine and electric passenger cars » (en anglais)

16. Lisez « An adaptable life cycle greenhouse gas emissions assessment framework for electric, hybrid, fuel cell and conventional vehicles : Effect of electricity mix, mileage, battery capacity and battery chemistry in the context of Canada » (en anglais)

  • Cosignataires : Dr Karim Zaghib, professeur de génie chimique et des matériaux, Université Concordia ; Dr Pierre Langlois, physicien, auteur, chroniqueur et consultant en mobilité électrique ; Michelle Llambias Meunier, vice-présidente, opérations, Propulsion Québec ; Eddy Zuppel, chef de programme, transports propres et écoénergétiques, Conseil national de recherches du Canada ; Thierry St-Cyr, président-directeur général, InnoVÉÉ

Lithium Corvette se classe au 8e rang des gisements dans le monde

PHOTO JOHN LOCHER, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

La société Patriot Battery Metals a dévoilé une estimation initiale des ressources en oxyde de lithium (Li2O) à sa propriété Corvette, à la Baie-James.

Le Québec compte le plus important gisement connu d’oxyde de lithium en Amérique, selon une estimation initiale des ressources minérales à la propriété Corvette de la Baie-James publiée en début de semaine.

Mis à jour hier à 8h00

Partager


André Dubuc
André Dubuc La Presse

Ce qu’il faut savoir

Le lithium est un métal recherché dans la fabrication des batteries lithium-ion qui alimentent les véhicules électriques.

Durant une campagne de forage en 2021-2022, une société d’exploration a obtenu des échantillons rapprochés d’une teneur moyenne de 1 % et plus d’oxyde de lithium (Li2O) à une vingtaine de reprises sur la propriété Corvette, à la Baie-James.

Une teneur moyenne de 1 % en lithium attire l’attention du monde minier.

La société Patriot Battery Metals a dévoilé une estimation initiale des ressources en oxyde de lithium (Li2O) à sa propriété Corvette, à la Baie-James. Le résultat dévoilé en début de semaine place la propriété au premier rang des gisements connus de lithium en Amérique et au 8e rang dans le monde, selon la société.

L’estimation des ressources minérales du secteur CV5 à Corvette s’établit à 109,2 millions de tonnes à 1,42 % de Li2O et 160 ppm (parties par million) d’oxyde de tantale (Ta2O5) présumés, pour un total de 3 835 000 tonnes d’équivalent en carbonate de lithium.

Il faut une usine pour transformer le spodumène en carbonate de lithium. Le carbonate de lithium est un intrant dans la fabrication de batteries lithium-ion. Une tonne de carbonate de lithium se vend autour de 35 000 $ US cet été.

L’évaluation des ressources minérales présumées repose sur une exploitation à ciel ouvert, sur une teneur de coupure ou teneur-limite de 0,40 % de Li2O, sur un prix du concentré de spodumène de 1500 $ US/tonne et un taux de change de 0,76 $ US/$ CAN.

« Une ressource minérale présumée constitue la partie de la ressource minérale dont on peut estimer la quantité et la teneur (ou qualité), lit-on dans les Normes de définitions de l’Institut canadien des mines, de la métallurgie et du pétrole (ICM), mais le degré de confiance accordé est inférieur à celui accordé à une ressource minérale indiquée. On peut raisonnablement s’attendre à ce que la majorité des ressources minérales présumées atteignent le rang de ressources minérales indiquées à la suite d’une exploration continue. »

La teneur-limite, par ailleurs, est la valeur la plus basse pouvant soutenir une exploitation rentable selon les hypothèses utilisées dans le calcul des ressources.

Les secteur CV5

Les ressources du secteur CV5 s’étendent sur une longueur de 3,7 kilomètres. Le gisement reste ouvert aux extrémités en longueur et reste ouvert en profondeur sur une partie de la distance de 3,7 kilomètres.

La pegmatite (roche magmatique) de spodumène du secteur CV5 à Corvette est située à environ 13,5 km au sud de la route Transtaïga et des infrastructures électriques et à moins de 50 km du complexe de barrages hydroélectriques La Grande 4 (LG4).

Le titre de Patriot (PMET.V, Bourse de croissance) a reculé de 7,14 % durant la séance de lundi pour terminer autour 14,30 $. La même action se vendait 0,30 $ le 25 novembre 2021.

« Je pense que c’est une estimation en deçà des attentes de certains, indique l’analyste minier indépendant Éric Lemieux, par courriel. Mais c’est une première estimation dans un district émergent. Il y a certaines complexités, mais fallait s’y attendre géologiquement. »

Les résultats dévoilés restent conformes à ce qui était attendu par les analystes financiers, soutient pour sa part l’analyste de Valeurs mobilières Desjardins Frédéric Tremblay, dans une note publiée lundi.

Selon lui, l’ampleur des ressources annoncées impressionne d’autant que l’estimation initiale des ressources ne concerne que le secteur CV5. Or, d’autres amas de pegmatite sont connus à Corvette dans les secteurs CV4, CV8, CV9, CV10, CV12 et CV13. D’ailleurs, des résultats de forage sont attendus d’ici la fin de l’automne pour les secteurs CV5 et CV13, souligne M. Tremblay.

« Étant donné la croissance attendue du marché nord-américain des batteries, nous pensons que la taille importe quand il est question de ressources en lithium. Les actifs importants étant plus susceptibles de susciter un intérêt significatif et des offres, que ce soit pour une acquisition ou un partenariat. Patriot est dans la position enviable puisqu’elle détient encore 100 % de Corvette », écrit-il.

« En date du 30 juin 2023, nous estimions une valeur pour le projet de 2,9 milliards CAN, selon la méthode des flux monétaires actualisés », a calculé M. Tremblay de VMD.

L’estimation des ressources minérales du secteur CV5 à Corvette était fortement attendue par le marché. Les sociétés d’exploration des propriétés voisines de Corvette ont connu une bonne journée en Bourse lundi.

Exploration Midland (MD.V, Bourse de croissance), qui détient des droits sur la propriété de Mythril-Corvette à proximité de Corvette, a gagné 2 %, à 0,52 $.

De son côté, Azimut (AZM.V, Bourse de croissance), qui possède Pikwa, en continuité immédiate de la propriété Corvette, a avancé de 1,65 %, à 1,23 $.

Une première cargaison de lithium d’Abitibi prend le large

PHOTO FOURNIE PAR SAYONA

Les 20 500 tonnes de concentré ont été chargées à bord du navire AAL Moon mardi au port de Québec.

La société Sayona a franchi une étape importante mardi en expédiant une première cargaison de concentré de spodumène (lithium) en provenance de son complexe Lithium Amérique du Nord (LAN), à La Corne, en Abitibi.

Publié le 2 août

Partager


André Dubuc
André Dubuc La Presse

Les 20 500 tonnes de concentré ont été chargées à bord du navire AAL Moon mardi au port de Québec. Le spodumène a été vendu à l’international par un courtier en métaux et en minéraux de grand volume. Le prix exact sera connu dans les prochains jours. À une valeur de 1500 $ US la tonne de spodumène, la cargaison a une valeur estimative de 30 millions US.

« C’est vraiment un beau jalon pour l’équipe et nos partenaires, se réjouit Guy Belleau, chef de la direction de Sayona, dans un entretien. Ça montre que nos processus et nos systèmes fonctionnent bien : de la mine jusqu’au port. »

Ça fait de Sayona un des rares producteurs majeurs de concentré de lithium en Amérique du Nord. Ce n’est pas rien et on est extrêmement fiers de ça.

Guy Belleau, chef de la direction de Sayona

La prochaine livraison de 30 000 tonnes sera vendue à Piedmont Lithium, qui en expédiera une partie à son client LG Chem, selon un communiqué publié mardi par le partenaire américain de Sayona.

LAN a produit 42 000 tonnes de concentré de spodumène depuis le redémarrage du concentrateur en mars dernier. À terme, le complexe aura une production annuelle de 226 000 tonnes de concentré.

Sayona (75 %) et Piedmont Lithium (25 %) ont racheté les actifs de North American Lithium (NAL), devenue Lithium Amérique du Nord, dans le cadre d’un processus judiciaire le 1er août 2021. NAL s’était auparavant placée sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies.

La mine en sera en effet à sa troisième vie depuis le début des années 2010. Elle a été exploitée sous le nom de Québec Lithium (2012-2014) puis celui de North American Lithium (2016-2019). NAL appartenait aux chinois Jien International et CATL.

Aujourd’hui, 300 personnes travaillent au complexe LAN à La Corne.

Vers une production de carbonate de lithium

Sayona poursuit sur son erre d’aller. Fin juin, elle dévoilait les résultats d’une étude préliminaire sur la faisabilité d’une usine de transformation du concentré de spodumène en carbonate de lithium. Le carbonate sert d’intrant pour la fabrication de batteries lithium-ion utilisées par les véhicules électriques.

L’étude conclut à la viabilité financière d’une production de 23 610 tonnes par année de carbonate de lithium pendant 16 ans moyennant un investissement de 550 millions. Il faut environ sept tonnes de concentré de spodumène pour produire une tonne de carbonate de lithium.

La valeur actuelle nette après impôt du projet est évaluée à 2 milliards en fonction d’un prix de vente moyen de 34 000 $ par tonne de carbonate et d’un taux d’actualisation de 8 %.

« À ce moment-là, on deviendrait le premier producteur de carbonate de lithium verticalement intégré, explique M. Belleau. De la mine, on ferait une première transformation du minerai au concentré de spodumène. Puis on purifierait le concentré pour produire du carbonate de lithium. Ça serait une très belle réussite ici, en Amérique du Nord, au Québec. »

La prochaine étape consiste à produire une étude de faisabilité définitive, laquelle est attendue au deuxième trimestre 2024. Sayona vise une production potentielle dès 2026.

1 « J'aime »

PME Innovation | Une collecte des déchets plus propre


PHOTO ERICK LABBÉ, ARCHIVES LE SOLEIL
Boivin Évolution a conçu une benne électrique à chargement latéral qui peut être installée sur un châssis de camion électrique ou diesel.

Réduire le bruit et la pollution associés aux camions à ordures est un objectif louable, qui avance lentement mais sûrement au Québec. Une entreprise de Lévis, Boivin Évolution, fait une partie du travail.

Publié à 1h08 Mis à jour à 8h00
Hélène Baril
LA PRESSE

L’idée

Après avoir pris le chemin de la retraite en 2012, Claude Boivin a succombé à l’engouement naissant pour les véhicules électriques. Il a décidé d’appliquer la nouvelle technologie à un secteur qu’il connaît bien : l’équipement de collecte des matières résiduelles. Boivin Évolution a vu le jour en 2017, avec l’objectif d’électrifier la collecte des matières résiduelles. L’entreprise de Lévis est rendue à mi-chemin sur ce parcours.

Le produit

Boivin Évolution a conçu une benne électrique à chargement latéral qui peut être installée sur un châssis de camion électrique ou diesel. Installée sur un camion alimenté au diesel, encore majoritaire sur les routes, la benne québécoise fonctionne avec sa propre batterie et ne tire pas d’énergie du camion auquel elle est attachée. Il s’ensuit une réduction du bruit de l’opération ramassage du bac et compactage de son contenu, ainsi qu’une économie de carburant. « Ça fait économiser entre 25 % et 45 % de carburant », précise le fondateur.


PHOTO ERICK LABBÉ, ARCHIVES LE SOLEIL
Boivin Évolution s’est associée à une autre entreprise québécoise, le Groupe Fournier, pour faire fabriquer ses bennes.

La réduction du bruit sera encore plus notable quand les camions de collecte des matières résiduelles seront propulsés à l’électricité. Il y a encore des obstacles à surmonter dans la transition de ce type de camions, notamment parce que la batterie qui les propulse augmente considérablement le poids du véhicule et réduit la charge qu’il peut transporter.

L’avenir

Une trentaine de ces bennes sont déjà en service au Québec, au Canada et aux États-Unis. Boivin Évolution s’est associée à une autre entreprise québécoise, le Groupe Fournier, pour faire fabriquer ses bennes.

Le Groupe Fournier construit des équipements pour les alumineries et les mines, entre autres. Les bennes de Boivin Évolution sont une corde de plus à son arc.


PHOTO ERICK LABBÉ, ARCHIVES LE SOLEIL
Une trentaine de bennes de Boivin Évolution sont déjà en service au Québec, au Canada et aux États-Unis.

De son côté, le fondateur de Boivin Évolution trouve une solution à son principal défi, la fabrication. « Je ne voyais pas le jour où je pourrais ouvrir une usine à Lévis, parce qu’il n’y a pas de main-d’œuvre, explique Claude Boivin. Des soudeurs, on n’en trouve pas. »

Le partenariat a évolué et le Groupe Fournier vient de prendre une participation majoritaire dans Boivin Évolution. Le nouvel actionnaire, qui a des usines à Trois-Rivières et à Thetford Mines, construira les bennes tandis que Boivin Évolution conserve les activités de recherche-développement, avec une équipe de 16 personnes.

Ensemble, les deux entreprises vont accélérer la commercialisation des bennes électriques. « On est prêts à ouvrir le marché, dit Claude Boivin. Dans deux ou trois ans, ce marché va être énorme. »

2 « J'aime »

Un reportage radio sur le projet Colibri de livraison de colis par vélo-cargo à assistance électrique

Les avantages du vélo-cargo pour la livraison de colis

Un vélo-cargo à assistance électrique de Purolator.PHOTO : Radio-Canada / Ivanoh Demers

PUBLIÉ LE 10 AOÛT 2023

« Au début, quand on a commencé, on passait un petit peu pour des fous », affirme Cédric Chaperon, directeur et fondateur de La roue libre. Sa compagnie fait de la livraison à vélo dans le secteur du marché Jean-Talon, à Montréal. La journaliste Rose St-Pierre s’est intéressée à cette solution de rechange aux camions de livraison, puisqu’en 2021, le secteur des transports a été la deuxième plus importante source d’émissions de gaz à effet de serre au Canada. Elle discute également des enjeux liés au vélo-cargo avec Sean Doherty, directeur principal des processus et performances des opérations à Purolator, qui est le plus gros joueur à Montréal à s’être converti à la livraison à vélo.

2 « J'aime »

300 nouvelles bornes de recharge pour véhicules électriques en 2024


Photo: iStock, AniphaeS

Isabelle Chénier
9 août 2023 à 17h29 - Mis à jour 9 août 2023 à 18h58 2 minutes de lecture

Les rues de Montréal accueilleront 300 nouvelles bornes de recharge pour véhicules électriques en 2024.

Le raccordement électrique de ces bornes situées sur le domaine public sera fait par Hydro-Québec en vertu d’un contrat conclu entre la Ville de Montréal et la société d’État. La valeur de ces travaux est actuellement estimée à une somme maximale d’environ 5 M$, peut-on lire dans les documents de la séance ordinaire du comité exécutif de l’administration Plante du 9 août.

Ces nouvelles bornes de recharge seront réparties dans les 19 arrondissements de l’île. Les sites ont été choisis à la suite d’une concertation avec les territoires concernés, le Service de l’urbanisme et de la mobilité, Hydro-Québec et la Commission des services électriques de Montréal.

Quant au contrat d’installation de ces bornes, son octroi par appel d’offres est planifié pour février 2024.

Rappelons que d’ici 2035, la vente de véhicules neufs à essence sera interdite à l’échelle du pays. Dans cette perspective, et afin de répondre à l’engouement pour les véhicules électriques, la Ville de Montréal prévoit l’installation de 200 à 300 nouvelles bornes de recharge par année. D’ici la fin de l’année 2025, la métropole espère atteindre son objectif d’installer 1000 bornes sur son territoire.

3 « J'aime »

à Zone économie

Zone économie | Taiga veut accélérer la cadence

Le fabricant montréalais de motoneiges et de motomarines entièrement électriques Taiga a produit 178 véhicules à son deuxième trimestre et vise toujours en fabriquer 1700 cette année. Entrevue avec Samuel Bruneau, chef de la direction et cofondateur de Moteurs Taiga.

2 « J'aime »

Réduction du parc automobile Des environnementalistes ravis, nuances sur les propos de Fitzgibbon

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Le ministre de l’Économie a précisé lors d’un point de presse lundi qu’il faudrait « avoir deux fois moins de voitures » et que celles-ci devraient être électriques.

Des environnementalistes se réjouissent des propos du ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, qui a affirmé qu’il faudrait réduire de moitié le parc automobile du Québec.

Publié à 16h43

Partager

Stéphane Blais La Presse Canadienne

Le directeur de l’organisation Vivre en ville s’est dit agréablement surpris par la déclaration de Pierre Fitzgibbon, qui a indiqué lundi qu’il faudrait réduire de moitié le nombre de voitures sur les routes.

Selon Christian Savard, cette proposition circule depuis longtemps chez les environnementalistes.

« On a besoin de passer à l’électrique, mais on a également besoin de prendre le virage de la démotorisation, et le chiffre qu’il a avancé est relativement connu pour peu que l’on s’intéresse aux modèles de simulation qui vont permettre la transition énergétique », a indiqué le directeur de Vivre en ville.

Christian Savard a ajouté qu’il est « particulièrement intéressant qu’un ministre comme lui ose dire ces choses-là parce que malheureusement, réduire la quantité de véhicules a longtemps été un tabou ».

Est-ce que Pierre Fitzgibbon serait devenu l’allié inattendu des environnementalistes comme Christian Savard dans la lutte aux changements climatiques ?

À cette question, le directeur de Vivre en ville répond que « la réalité rattrape tout le monde en ce moment » et « que le gouvernement se rend compte de ce qu’il faut faire et livrer ce message avec autant de transparence, ça veut dire qu’il y a des tabous qui tombent ».

Lors d’un point de presse lundi, le ministre a mentionné que trois éléments étaient nécessaires à la réussite de la transition énergétique.

Il a cité l’augmentation de l’offre d’énergie renouvelable, la capture du carbone et il a mentionné que les Québécois doivent revoir « leur façon de consommer » de l’énergie, notamment lorsqu’ils se déplacent.

Le ministre de l’Économie a précisé qu’il faudrait « avoir deux fois moins de voitures » et que celles-ci devraient être électriques.

Une conseillère ajoute des nuances aux propos

Mardi, une conseillère politique de Pierre Fitzgibbon a ajouté quelques nuances aux propos du ministre lors d’un échange de courriels avec La Presse Canadienne.

« Le secteur des transports est l’un des plus émetteurs de GES, on a toujours dit que l’électrification des véhicules était primordiale pour atteindre nos cibles » et « on souhaite aussi proposer aux Québécois d’autres options de transport qui sont toutes aussi efficaces, sinon davantage, que l’automobile », a écrit Rosalie Tremblay-Cloutier.

Elle a également mentionné que « le gouvernement n’a aucune orientation quant à la réduction du nombre de véhicules sur nos routes ».

Néanmoins, le ministre a tout de même déclaré, lundi, deux fois plutôt qu’une, qu’il faudrait « avoir deux fois moins de voitures ». La première fois au micro de l’animateur Paul Arcand, et la seconde fois lors d’une mêlée de presse.

La guerre à l’auto, selon Éric Duhaime

Selon le chef du Parti conservateur du Québec, les propos du ministre signifient que « la CAQ déclare officiellement la guerre à l’auto ».

Dans une longue critique sur les réseaux sociaux, Éric Duhaime a souligné que « le transport collectif n’est pas présent partout, dans nos régions, et ne le sera jamais » et que pour plusieurs familles, délaisser l’automobile est irréaliste.

« Est-ce que la CAQ va éliminer la moitié des limousines fournies à ses ministres ? Évidemment que non. Quel ministère va éliminer son parc automobile ? Aucun. C’est plutôt le gars qui travaille à la shop, à 20 $ de l’heure, qui paye 300 $ par mois pour son Sentra, à qui la CAQ va s’attaquer », a écrit Éric Duhaime.

Il a expliqué que les automobilistes à faibles revenus pourront difficilement acheter un véhicule électrique et « que les trois autres partis encore plus à gauche à l’Assemblée nationale applaudiront à tout rompre et trouveront sans doute qu’on n’élimine pas assez vite les autos des plus pauvres sur les routes ».

Mais le PDG de Vélo-Québec souligne que le ministre Fitzgibbon n’a « jamais parlé d’enlever des voitures aux gens » et que la réduction de l’utilisation de l’automobile passe, selon lui, par le développement d’alternatives aux infrastructures dédiées à l’auto.

« Les gens utilisent leur voiture parce qu’il n’y a pas d’autre option », a souligné Jean-François Rheault en ajoutant que « 36 % des Québécois habitent à moins de cinq kilomètres de leur travail, donc la marche, le vélo et le transport en commun efficace sont des options qui peuvent être développées ».

Pour l’organisation Équiterre, améliorer l’offre d’alternative à l’autosolo ne sera toutefois pas suffisant pour changer les habitudes de déplacements des Québécois.

« Il faut décourager l’utilisation et la possession de véhicule » et instaurer des mesures d’écofiscalité où les véhicules plus polluants coûtent plus cher à immatriculer que les moins énergivores, a mentionné Anne-Catherine Pilon, analyste en mobilité durable pour Équiterre.

Les concessionnaires expriment leurs inquiétudes

De son côté, la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec (CCAQ) a exprimé son inquiétude après les propos du ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie.

« De tels propos nécessitent des précisions de la part du ministre, étant donné que la réalité territoriale du Québec et l’offre en matière de transport en commun requièrent nécessairement l’accès à un véhicule individuel pour une majorité de Québécois », a déclaré la CCAQ dans un communiqué.

« Le fait que ceux-ci soient exprimés de manière publique ne peut aussi qu’être source d’agitations et d’appréhension pour le futur de notre milieu, alors que nous sommes pleinement impliqués dans la stratégie de transition énergétique et écologique lancée par le gouvernement », a également indiqué la corporation des concessionnaires automobiles.

En 2021, il y avait 6995 085 véhicules en circulation au Québec, sur une population estimée à 8602 335, ce qui correspond à 2616 872 véhicules de plus que 10 ans auparavant.

Au Québec, le transport routier représente la source la plus importante de GES, soit 34 % des émissions totales.

1 « J'aime »

Commençons par une taxe kilométrique, aussi une taxe sur les vus et autres véhicules lourds de promenades. Améliorons les transports intercités, les trains et autres modes de transport comme l’auto-partage pour les weekends. Finalement il faudrait augmenter les subventions pour l’achat de véhicules électriques.

3 « J'aime »

Malheureusement, avec la mode actuelle aux gros VUS électriques, on n’y gagnera pas plus avec des subventions. Tant qu’on achètera trop gros pour nos besoins, on continuera d’utiliser trop de ressources pour rien. Et avant d’ajouter de nouvelles taxes, faudrait déjà offrir des alternatives aux gens. Moindrement qu’on ne fait pas du 9@5 au centre-ville, on a peu de choix si on est pas dans la banlieue immédiate.

:clown_face:

La bonne vielle culture war pour faire peur aux gens

5 « J'aime »

Que peut-on attendre de mieux de la part de Duhaime?

Usine de la filière des batteries à Bécancour Québec et Ottawa déroulent le tapis rouge à Ford

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE

En juillet dernier, les pelles excavatrices avaient déjà commencé leur travail sur le terrain de la future usine Ford-Ecopro Cam, à Bécancour.

(Québec) Après GM, Québec et Ottawa déroulent le tapis rouge à Ford, qui va officiellement de l’avant avec l’installation d’une usine de la filière des batteries à Bécancour dans le Centre-du-Québec. Ils accordent une aide totale de 640 millions de dollars, divisée en parts égales, pour un projet évalué à 1,2 milliard, a appris La Presse. Plus de 300 emplois seront créés.

Publié à 0h59 Mis à jour à 5h00

Partager


Tommy Chouinard
Tommy Chouinard La Presse

L’aide de 320 millions du gouvernement Legault se présente sous forme de prêt sans intérêt, dont une bonne partie sera un prêt-subvention (prêt « pardonnable »).

Le géant américain n’aura pas à rembourser cette portion du prêt s’il respecte certaines conditions à l’intérieur d’un échéancier déterminé, comme le nombre d’emplois créés et maintenus. Cela revient à une subvention.

Le premier ministre François Legault fera l’annonce, ce jeudi, de ce projet d’usine de cathodes, principal composant de la batterie au lithium-ion qui alimente les véhicules électriques. Les cathodes représentent environ 40 % du coût d’une cellule. La production pourrait commencer en 2025.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

François Legault, premier ministre du Québec

Un secteur prisé

La Presse avait fait état de ce projet en gestation dès novembre dernier. On signalait en juillet que Ford et ses partenaires sud-coréens (le fabricant de cellules SK On et EcoPro BM, spécialisé dans les composants de batteries) avaient acheté un immense terrain dans le parc industriel de Bécancour pour une somme de 14 millions de dollars. C’était un signe de l’arrivée imminente de Ford au sein de la filière québécoise des batteries.

Lisez notre article du 7 juillet dernier

François Legault sera accompagné du ministre de l’Économie et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, et du député de Nicolet-Bécancour, Donald Martel. Ce dernier est l’adjoint parlementaire de M. Fitzgibbon pour le volet des « zones d’innovation ». Bécancour est d’ailleurs devenue la troisième zone d’innovation en importance au Québec plus tôt cette année : la ville fait partie de la « Vallée de la transition énergétique », avec Trois-Rivières et Shawinigan. Il s’agit du lieu privilégié par Québec pour développer la filière des batteries.

C’est dans la cour du ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, député de Saint-Maurice–Champlain. Il prendra part à l’annonce pour le gouvernement Trudeau.

Dans le parc industriel de Bécancour, Ford s’installera sur un terrain situé au nord de l’autoroute 30, face à ceux de GM-POSCO et de Nemaska Lithium. Ford a conclu une entente pour s’approvisionner en hydroxyde de lithium produit à l’usine de Nemaska Lithium, qui sera également bâtie à Bécancour.

Même traitement que GM

Avec leur aide de 640 millions, les deux gouvernements financent la moitié du projet de Ford, comme ils l’ont fait pour General Motors (GM) et son partenaire sud-coréen POSCO.

En mai, GM avait annoncé la construction d’une usine à Bécancour – un projet estimé à 600 millions de dollars – qui produira des matériaux de batteries à compter de 2025. Ottawa et Québec ont accordé des prêts totalisant 300 millions. Sur les 152 millions offerts par Québec, la majeure partie – 134 millions – est versée sous la forme d’un prêt-subvention. Autrement dit, elle se transformera en subvention si les 200 emplois promis sont au rendez-vous ; la moitié dans le cas du prêt fédéral.

« On est en train de bâtir une nouvelle industrie avec des milliers d’emplois payants, plaidait le premier ministre François Legault. On va créer de la richesse avec des emplois mieux payés qui vont payer plus d’impôts au gouvernement du Québec. Le calcul se fait au cas par cas. » Le cas de Ford méritait de toute évidence le même traitement, aux yeux des gouvernements.

L’annonce de Ford, qui suit celle de GM, permet au gouvernement Legault de rebondir après la décision embarrassante de Volkswagen, en mars, d’installer son usine de batteries en Ontario plutôt qu’au Québec.

Pierre Fitzgibbon avait plaidé que le Québec n’avait pas assez d’électricité pour alimenter cette usine. Hydro-Québec avait soutenu par la suite que l’énergie était disponible, mais que les exigences et les délais très courts pour y répondre rendaient toute entente impossible.

François Legault avait fait pression par la suite auprès du gouvernement fédéral pour que le Québec obtienne un traitement équitable par rapport à l’Ontario dans le développement de sa filière des batteries. Ottawa a accordé plus de 13 milliards en 10 ans pour la méga-usine de Volkswagen à St. Thomas, dans le sud-ouest de la province.

1 « J'aime »