Électrification des transports

Opération de sauvetage pour Taiga

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Taiga a vendu au total 104 véhicules en 2022 et disposait de liquidités de 23 millions pour commencer l’année 2023. Ces liquidités avaient fondu à 8 millions début mars.

Investissement Québec vient au secours du constructeur montréalais de véhicules récréatifs 100 % électriques Taiga, aux prises avec de « graves difficultés financières » nécessitant une aide urgente pour répondre à un manque de liquidités.

Publié hier à 11h51

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Richard Dufour
Richard Dufour La Presse

Pour la sauver, l’entreprise se tourne vers deux investisseurs institutionnels : Investissement Québec et Northern Private Capital, une firme privée d’investissement de Toronto qui est le plus important actionnaire de Taiga.

Ces deux investisseurs fournissent en tout 40 millions dans le cadre d’un financement privé de débentures convertibles portant intérêt au taux annuel de 10 %.

Démontrant l’urgence de la situation et le peu de solutions de rechange s’offrant à elle, Taiga doit procéder rapidement et explique ne pas avoir le temps de convoquer l’assemblée extraordinaire des actionnaires normalement requise pour approuver un tel placement privé.

Taiga demande donc à la Bourse de Toronto de la dispenser d’organiser une assemblée, même si la conversion des débentures pourrait à terme entraîner une émission d’actions susceptible de causer une dilution significative et influer considérablement sur le contrôle de l’entreprise.

En supposant la pleine conversion des débentures, la participation actuelle de 11 % en actions détenues par Northern Private Capital pourrait monter à 33 % et même jusqu’à 40 % selon certaines modalités. Investissement Québec, qui ne détient actuellement pas d’actions de Taiga, pourrait éventuellement se retrouver avec une participation en actions frôlant 25 %, selon certaines hypothèses liées au placement privé.

Cette bouée de sauvetage entraîne le départ de quatre des sept administrateurs au conseil. Investissement Québec obtient désormais un siège d’administrateur.

Northern Private Capital, qui fournit 25 des 40 millions du financement, obtient deux sièges pour représenter la firme en plus de pouvoir nommer un troisième administrateur indépendant de son choix.

Taiga a vendu au total 104 véhicules en 2022 et disposait de liquidités de 23 millions pour commencer l’année 2023. Ces liquidités avaient fondu à 8 millions début mars.

Les observateurs anticipaient depuis un moment que Taiga pourrait manquer de ressources.

L’analyste Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, soulignait en novembre dernier que Taiga aurait bientôt besoin d’aide financière pour soutenir ses activités.

Inquiets, les investisseurs ont fait reculer l’action de Taiga jusqu’à un creux de 1,97 $ plus tôt ce mois-ci à la Bourse de Toronto. Le titre valait plus de 15 $ peu après son inscription en Bourse il y a deux ans.

L’action de Taiga a gagné 2 % vendredi pour terminer la semaine à 2,10 $ à Toronto, ce qui confère une valeur boursière de 66 millions à l’entreprise.

Le PDG et cofondateur de Taiga, Samuel Bruneau, soutient que les fonds obtenus permettent de protéger la chaîne d’approvisionnement et de maintenir les activités.

L’entreprise entend notamment utiliser les 40 millions récoltés d’urgence pour rembourser des dettes et payer des dépenses liées au développement d’une capacité de fabrication additionnelle et à l’approvisionnement en outils, en moules, etc.

Soutien à l’électrification

Engagée à créer un pôle d’électrification des transports dans la province, Investissement Québec dit vouloir soutenir Taiga dans son projet de croissance et d’augmentation de sa production.

« Notre intervention permettra de stimuler l’innovation dans les technologies propres, contribuera à la réduction de l’empreinte environnementale du secteur et favorisera le développement et le rayonnement d’un joueur de calibre mondial », affirme le grand patron d’Investissement Québec, Guy LeBlanc.

« L’avantage de Taiga comme pionnière en matière d’électrification lui permettra de devenir chef de file de l’industrie en croissance rapide des sports motorisés électriques au cours des prochaines années », commente de son côté Andrew Lapham, cofondateur et chef de la direction de Northern Private Capital.

Taiga reconnaît des revers dans l’exécution de son plan d’affaires et les attribue notamment à la pandémie, au défaut de certains fournisseurs de respecter leurs engagements, à des contraintes liées à la chaîne d’approvisionnement et aux défis liés à l’accélération de la production.

La direction dévoilera à la fin du mois la performance financière de fin d’exercice de Taiga.

Tant qu’Investissement Québec détiendra des débentures ou des actions de Taiga, l’entreprise devra conserver son siège social au Québec.

Avec BRP qui a dévoilé ses propres modèles de motoneiges électriques, je pense que c’en est fini de Taïga. Ça risque de faire comme les motos électriques de Lito Green Motion qui étaient bien trop chères et qui ne pouvaient pas concurrencer les modèles électriques des gros constructeurs.

Planète bleue, idées vertes Vers des batteries plus vertes

PHOTO RONNY HARTMANN, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Batterie au lithium-ion rechargeable

L’Agence internationale de l’énergie a annoncé devoir multiplier par six la production de minerais et métaux dans les 30 prochaines années, et espère l’atteinte de la « carboneutralité » en production de batteries en 2050. Dans l’Union européenne (UE), les entreprises doivent participer activement à la collecte des batteries de leurs produits, pour faciliter leur recyclage. Une piste à suivre ?

Publié à 7h00

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Clémence Delfis Collaboration spéciale

« Les matières utilisées actuellement dans les batteries sont principalement des métaux. Ils doivent être extraits, purifiés, transformés. Ces méthodes posent des limites économiques et environnementales », explique Dominic Rochefort, professeur au département de chimie de l’Université de Montréal.

Pour limiter l’impact environnemental des batteries, le chercheur nomme trois solutions possibles : le recyclage, l’extraction par utilisation d’énergies renouvelables et la création de batteries utilisant la biomasse.

Ces solutions sont à l’origine de différentes politiques à l’échelle internationale. En tête de liste des acteurs du verdissement, l’Europe. Plus loin dans le peloton, le Canada.

Le changement européen

PHOTO ARCHIVES REUTERS

Production de feuilles de cuivre pour batteries au lithium à Tongling, en Chine

Pour faciliter le « verdissement des batteries », l’Union européenne (en accord avec ses États membres) a parié en décembre sur la mise en place d’une politique circulaire. L’UE mise notamment sur l’information pour mettre en avant la durée de vie des batteries ainsi que leur empreinte carbone. Cette empreinte sera calculée sur toute la « vie de la batterie », de l’extraction de ses composants au recyclage, et donnera lieu à une limite dès 2027. Autre mesure : les entreprises devront participer activement à la collecte des batteries de leurs produits pour faciliter leur recyclage.

En plus de favoriser une production plus verte, cette politique devrait rendre plus compétitive l’industrie européenne, qui vise 25 % de la production mondiale en 2030 contre 3 % en 2020, selon l’Agence France-Presse.

Ce marché est plus développé au Canada. Le pays serait le deuxième producteur de batteries, derrière la Chine, selon la société de recherche BloombergNEF. Un bilan possible grâce à la présence de nombreux minéraux sur le territoire : graphite, nickel, aluminium, cuivre, lithium…

Une extraction verte au Canada ?

En plus de posséder les bons matériaux, le Canada – et plus spécifiquement le Québec – dispose de suffisamment d’énergie pour permettre leur extraction. « Pour le verdissement, on peut aussi faire en sorte que l’énergie utilisée lors de l’extraction, de la transformation, tout au long du processus, soit renouvelable. Le Québec est bien placé pour cela, car l’électricité utilisée est d’origine renouvelable », souligne Dominic Rochefort. Les 94 % d’énergie produite par les centrales hydrauliques – selon le gouvernement du Québec – permettraient déjà de verdir la production de batteries.

Mais existe-t-il une politique canadienne à l’image de celle en Europe ?

PHOTO SEAN KILPATRICK, LA PRESSE CANADIENNE

Tri de batteries au lithium rechargeables chez Li-Cycle, à Kingston, en Ontario

En novembre dernier, lors du Congrès Québec Mines + Énergie, Recyc-Québec a dévoilé son étude sur le verdissement des batteries. L’organisme affirme vouloir soutenir le développement de centres techniques et de formations visant à mieux connaître les batteries, leur fonctionnement et leur entretien. Cette politique implique aussi « la mise en place d’une filière complète de fabrication, récupération et recyclage de batteries au Québec afin de favoriser l’économie circulaire ».

Malgré sa place sur le marché, le Canada n’a pas de politique fédérale sur les batteries. « Il manque probablement un alignement entre les provinces pour définir, comme en Europe, des seuils réalistes de verdissement des batteries au Canada », note Mickaël Dollé, professeur du Laboratoire de chimie et de l’électrochimie des solides à l’Université de Montréal.

Batterie à la biomasse

Un autre problème demeure : les minerais sont en quantité limitée. Si le recyclage des composants usagés répond partiellement à ce problème, les recherches de l’équipe de l’Université de Montréal – les professeurs Hélène Lebel, James Wuest et Dominic Rochefort – se concentrent sur une solution plus pérenne, soit la création de batteries utilisant la biomasse. « Notre objectif est de développer des matières actives qui sont organiques, c’est-à-dire qui sont des molécules produites sur la croûte terrestre », explique Dominic Rochefort.

« Les batteries utilisant essentiellement la biomasse sont encore au stade du développement dans les laboratoires de recherche, mais il existe également quelques start-ups qui se sont créées autour de ce projet, note quant à lui Mickaël Dollé. Ces batteries ne viseront pas les mêmes marchés que les batteries actuelles. Elles ne présentent pas les mêmes performances et toucheront donc des applications différentes. »

Interrogé à ce sujet, Recyc-Québec annonce vouloir créer une REP, une filière à responsabilité étendue du producteur, pour soutenir les initiatives de ce genre. « Cela favoriserait l’écoconception et le financement de la recherche et du développement de filières de réemploi et de recyclage », explique sa conseillère en communication. Ces initiatives restent tout de même au stade de projet.

En savoir plus

  • 45 %
    En Europe, le taux de reprise des batteries portables par les entreprises qui les incluent dans leurs produits devra atteindre 45 % du total dès 2023, et jusqu’à 73 % d’ici 2030.

AFP

51 %
Pour les batteries des vélos et scooters, le taux minimal de collecte s’élèvera à 51 % d’ici 2028, dans l’Union européenne.

AFP

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L’utilité pour Québec d’encourager l’achat d’un vélo électrique


Wild Child Adventure Collective
La p.-d.g. de Rocky Mountain, Katy Bond, dont l’entreprise vient d’annoncer le rachat de BikeAction la semaine dernière

Alain McKenna
22 mars 2023
Économie](Actualité économique - Nouvelles économiques | Le Devoir)

Les chiffres ne mentent pas : l’aide à l’achat gouvernementale stimule le marché encore émergent des véhicules électriques. Et si le Québec est généreux envers les acheteurs d’automobiles, il peut être plus payant pour l’État d’inclure dans son aide des vélos électriques.

C’est en tout cas ce qu’avancent ces jours-ci des fabricants québécois de vélos, dont la marque beauceronne Rocky Mountain. Raymond Dutil, le président du conseil de la société autrefois connue sous le nom de Procycle, avait d’ailleurs prévu la semaine dernière en parler au premier ministre François Legault. Rocky Mountain venait d’annoncer le rachat de BikeAction, son principal distributeur en Allemagne et dans les pays du Benelux, pour une somme non spécifiée, quand cette information a été transmise au Devoir.

L’acquisition permettra à Rocky Mountain de renforcer sa présence en Europe, où des vélos de montagne relativement haut de gamme comme les siens ont bonne réputation.

En parallèle, l’entreprise de 150 employés pense que le marché nord-américain du vélo électrique pourrait rattraper le marché européen si les gouvernements d’ici imitaient leurs contreparties d’outre-Atlantique et incluaient ce moyen de transport actif et peu énergivore dans leur cocktail de solutions pour décarboner l’économie continentale.

Avec une assistance électrique dont l’autonomie atteint parfois la centaine de kilomètres par charge et un prix de détail dix fois moins élevé que celui de la voiture électrique la plus abordable actuellement sur le marché, un vélo électrique peut convenir dans plusieurs environnements : la ville, la banlieue, la campagne… et la montagne, bien sûr.

« L’incitatif à l’achat d’un vélo électrique serait super utile, confie au Devoir la p.-d.g. de Rocky Mountain, Katy Bond. Ça fait la promotion du vélo non seulement comme une activité sportive, mais également comme moyen de transport. Le vélo électrique est capable de couvrir une grande distance. On sent l’intérêt. Il manque seulement un soutien plus formel du gouvernement. »

La dirigeante de Rocky Mountain croit que François Legault ne serait pas contre cette mesure. Son ministre de l’Économie et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, s’est aussi déjà dit ouvert à stimuler fiscalement l’achat d’un vélo électrique, surtout si cette mesure encourage la production au Québec de vélos et de technologies de propulsion électrique.

Production québécoise

Rocky Mountain est loin d’être le seul fabricant qui rêve de voir des gouvernements au Canada ou aux États-Unis faire plus de place aux vélos dans leurs stratégies de mobilité. Mais c’est un des rares qui ont mis au point à l’interne leur propre technologie de batteries et qui produisent le tout dans leurs propres usines.

« Nous développons nos propres moteurs, indique Katy Bond. Nous avons dû former une équipe pour tout faire ça ici, une équipe à part de celles qui développent nos cadres et nos autres composants. Notre expertise porte sur tous les cellules, les connecteurs, les logiciels. Ça a été un apprentissage qui se fait depuis plus de 10 ans. »

Vu les origines de ce qui est désormais sa seule marque, le fabricant beauceron ne prévoit pas se spécialiser dans la mobilité urbaine. Créée en Colombie-Britannique au pied des Rocheuses, Rocky Mountain est indissociable de la montagne et du plein air. C’était certainement la plus active des marques que possédait jusqu’à il y a cinq ans Procycle, qui a tout regroupé sous un seul nom pour simplifier son catalogue.

Il manque seulement un soutien plus formel du gouvernement

— Katy Bond

Rocky Mountain indique tout de même que deux vélos sur trois qu’elle écoule en Europe à l’heure actuelle sont munis d’une assistance électrique. Cette proportion croît de 5 % à 10 % chaque année et devrait continuer de le faire dans les prochaines années.

Le virage électrique est plus timide au Canada et aux États-Unis, où le tiers des ventes de Rocky Mountain sont électrifiées. C’est une proportion qui est à peu près à l’image du marché plus général du vélo, toutes marques confondues.

Des Rocheuses jusqu’à Francfort

Ce n’est pas leur technologie électrique qui distingue les vélos Rocky Mountain en Allemagne. C’est la feuille d’érable qu’ils arborent sur leur cadre. Les Allemands ont une affection toute particulière pour les Rocheuses canadiennes, perçues là-bas comme le summum du plein air.

L’acquisition par l’entreprise de Beauce du distributeur BikeAction, dont le siège social est à Francfort, lui permettra de mieux profiter de cet a priori favorable à l’égard des montures canadiennes dans le pays de Goethe et ses voisins. Son chiffre d’affaires vient tout juste de surpasser le seuil symbolique des 100 millions de dollars, avec des ventes annuelles mondiales d’environ 50 000 vélos.

L’objectif est de prolonger une croissance fortement stimulée dans les deux dernières années par une pandémie qui a fait redécouvrir à plus d’un consommateur les vertus de la bicyclette.

La direction de Rocky Mountain espère surtout un retour à la prévisibilité, notamment du côté de l’approvisionnement, mais aussi du côté des commandes. Acheter un vélo un an ou deux en avance en raison d’une rupture des stocks, « ça a donné des maux de tête à bien des gens durant la pandémie », dit Katy Bond. « Maintenant, nous espérons revenir à des délais plus courts, plus normaux. »

À moins que le gouvernement Legault réserve au marché du vélo électrique une petite surprise fiscale…

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La Voie maritime du Saint-Laurent lorgne les batteries de véhicules à long terme

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

(Saint-Lambert) Les expéditeurs qui sillonnent la Voie maritime du Saint-Laurent considèrent les minéraux essentiels pour les batteries des véhicules électriques comme la clé de leur avenir, mais il pourrait s’écouler un certain temps avant que les vannes ne s’ouvrent pour ces ressources encore largement inexploitées au Canada.

Mis à jour hier à 17h35

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Christopher Reynolds La Presse Canadienne

D’ici là, les céréales et le minerai de fer restent prédominants, eux qui ont représenté près de la moitié des 36,3 millions de tonnes de marchandises qui ont transité par la voie maritime l’an dernier.

Le président et chef de la direction de la Corporation de gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent, Terence Bowles, a indiqué mercredi s’attendre à ce qu’un million de tonnes supplémentaires de céréales canadiennes descendent le fleuve Saint-Laurent depuis Thunder Bay et d’autres ports de l’Ontario en 2023.

« C’est dans les silos, prêt à être livré […] alors on s’attend à une grosse hausse », a-t-il affirmé mercredi, lors d’une entrevue après la cérémonie d’ouverture de la saison de navigation de la voie maritime.

La guerre en Ukraine prolongera probablement la hausse de la demande pour les céréales et la potasse, a pour sa part estimé le président de la Chambre de commerce maritime, Bruce Burrows. L’Ukraine et la Russie sont d’importants exportateurs de blé, de maïs, d’huile de tournesol et d’engrais, mais les expéditions ukrainiennes ont été entravées l’an dernier par un blocus russe de plusieurs mois — qui a depuis été levé.

Le trafic de minerai de fer reprendra à mesure que les constructeurs automobiles « se remettront sur pied » et que l’activité de construction restera vigoureuse, a prédit M. Burrows, pointant en particulier la région du Grand Toronto.

« Le Grand Toronto est toujours la partie la plus importante et la plus dynamique de l’économie nord-américaine. Il aspire fortement vers lui les projets spéciaux, qui doivent tous être alimentés avec des ressources que nous transportons par bateau », a-t-il affirmé.

Derrière lui, le cargo Captain Henry Jackman, de la compagnie maritime Algoma Central, a fait retentir un coup de sirène avant s’engager dans le fleuve Saint-Laurent, emportant avec lui du minerai de fer, en route vers l’usine ArcelorMittal Dofasco de Hamilton, où il sera transformé en acier.

Les expéditions de carburéacteur à destination de l’aéroport Pearson de Toronto augmenteront également en 2023, alors que l’industrie du transport aérien reprend son envol après plus de deux ans de ralentissement en raison des restrictions de voyage liées à la pandémie de COVID-19, a indiqué M. Burrows.

Les cargaisons de charbon pourraient encore baisser après un recul de 16 % du volume l’année dernière, a-t-il ajouté. « Aucun d’entre nous ne mise sur le charbon dans ses plans d’avenir. »

Transformer la voie maritime en « corridor vert »

À long terme, les expéditeurs et les ports espèrent voir les minéraux critiques constituer une part croissante du fret en vrac pour alimenter le marché en croissance rapide des voitures électriques.

« Il y a une abondance de matériaux essentiels nécessaires à la production de batteries et de véhicules électriques au Canada, et bon nombre d’entre eux seront transférés des sites miniers et des installations par mode maritime », a expliqué M. Bowles aux représentants de l’industrie lors d’un discours à l’écluse de Saint-Lambert, sur la rive sud de Montréal.

Le calendrier reste cependant encore flou.

Le Canada n’en est qu’« à ses débuts » en ce qui a trait au développement du cobalt et du lithium pour les batteries de voitures électriques — des minéraux qui, selon lui, joueront un rôle crucial dans l’établissement de la voie maritime en tant que « corridor vert ».

« Nous ne l’avons pas encore vraiment bien évalué », a-t-il déclaré lors d’une entrevue. Le « grand défi pour le Canada » demeure la mise en activité de pelles minières hydrauliques.

Le pays possède des gisements de la plupart des 31 minéraux critiques répertoriés dans une stratégie présentée en décembre par le ministre des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, mais le gouvernement vise initialement à se concentrer sur les six qui montrent le plus grand potentiel de croissance.

Ceux-ci comprennent le lithium, le graphite, le nickel, le cobalt, le cuivre et le groupe de 17 métaux et minéraux appelés éléments de terres rares.

Il existe déjà d’importantes exploitations minières de nickel, de cuivre et de cobalt, ainsi que de plus petites exploitations de graphite.

Le Canada n’est pas un producteur commercial d’éléments de terres rares, bien qu’il possède certains des plus grands gisements connus. La mine Tanco, au Manitoba, est la seule mine de lithium en activité actuellement, mais au moins une autre est sur le point d’ouvrir au Québec cette année.

La stratégie et les investissements de 3,8 milliards du budget fédéral de l’an dernier visent à encourager de nouvelles activités d’exploration, à accélérer les examens réglementaires et environnementaux, à construire des infrastructures pour soutenir la découverte de nouveaux gisements et à établir des partenariats d’équité avec les peuples autochtones.

Moins d’une semaine avant que le gouvernement fédéral ne dévoile son nouveau budget — et à la veille de la visite du président américain Joe Biden au Canada — la Chambre de commerce maritime a également appelé Ottawa à suivre l’exemple des États-Unis en matière de financement majeur des infrastructures de transport.

L’énorme loi américaine sur la réduction de l’inflation, qui vise notamment le changement climatique, comprend 3 milliards US pour réduire la pollution de l’air dans les ports en installant des équipements à zéro émission. Par ailleurs, le département américain des Transports a affecté 662 millions US au développement des infrastructures portuaires cette année.

« Vous voyez les Américains devancer les Canadiens, a souligné M. Burrows. Où est le Canada ? Nous sommes vraiment portés disparus. »