Économie verte

Un excellent topo, présenté ce soir au TJ18hre, d’une idée qui pourrait faire des petits un peu partout au Québec (dont à Montréal). :slightly_smiling_face:

Écocentre de Saint-Jérôme : un modèle pour la revente des objets

L’écocentre de Saint-Jérôme, dans les Laurentides, a décidé de miser sur le réemploi de ces objets, avec beaucoup de succès.

Le reportage de Marie-Claude Morin

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PME Innovation Des arbres au secours des eaux usées

PHOTO FOURNIE PAR RAMO

Les saules repoussent après la récolte.

C’est une entreprise familiale qui a évolué avec son temps. La ferme traditionnelle de Saint-Roch-de-l’Achigan est devenue une entreprise de technologie qui s’attaque à un problème bien de notre époque, le traitement des eaux usées.

Mis à jour le 30 octobre

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Hélène Baril
Hélène Baril La Presse

Ramo a développé une technologie qui permet de traiter les eaux de lixiviation des dépotoirs en y plantant des saules. Ce sont les propriétés uniques de l’arbre, comme l’évapotranspiration, qui sont mises au travail pour réduire le volume des eaux de lixiviation et revaloriser des terrains contaminés.

L’idée

Francis Allard, président et fondateur de Ramo, a d’abord eu l’idée de produire de l’énergie à partir de la biomasse à l’aide du saule, une espèce qui pousse vite et bien au Québec. De là, l’idée a germé d’utiliser les saules pour fabriquer des cloisons naturelles et des murs antibruit. Le projet a continué d’évoluer pour mettre l’arbuste à profit pour revitaliser les sols contaminés et traiter les eaux usées, ce qui est devenu un modèle d’affaires unique.

« On est rendus ailleurs », dit celui qui est maintenant à la tête d’une entreprise d’économie circulaire dont le cœur est toujours le même, le saule.

Le produit

Ramo a conçu un système automatisé qui utilise les propriétés du saule dans le traitement des eaux usées et des terrains contaminés. Le saule consomme beaucoup d’eau, ce qui est son principal atout pour accomplir cette tâche. Une plantation de saules puise l’eau d’un site contaminé et la purifie tout en l’utilisant pour sa croissance et en captant le CO2 dans l’atmosphère.

Une fois son travail accompli, la fibre est valorisée et transformée en murs antibruit, en copeaux pour faire des panneaux ou pour le chauffage.

Sa technologie en instance de brevet Evaplant intéresse déjà des poids lourds de l’enfouissement des déchets, comme Waste Management. La Régie intermunicipale de gestion des déchets des Chutes-de-la-Chaudière l’a choisie pour réduire les eaux de lixiviation du site d’enfouissement de Saint-Lambert-de-Lauzon.

Les entreprises minières sont aussi des clients potentiels pour la PME, qui a acquis une terre de 200 hectares en Abitibi pour y établir une pépinière de saules.

La revégétalisation des sites miniers et le traitement des eaux usées générées par les activités minières sont d’autres applications de la technologie que développe Ramo.

L’avenir

Les clients potentiels pour la technologie de Ramo se trouvent autant dans le secteur public que dans le secteur privé. « Il y a énormément d’intérêt autour de nos activités », affirme le fondateur de Ramo. L’entreprise emploie une soixantaine de personnes, dont des agronomes et des ingénieurs spécialisés dans le traitement des eaux. La PME a plusieurs fers au feu : une expansion géographique, notamment en Alberta, et une expérimentation avec d’autres essences de bois à croissance rapide comme le peuplier.

Depuis ses débuts, Ramo a bénéficié de l’aide à la recherche-développement et de l’appui de partenaires solides comme Desjardins et le Fonds FTQ. « On travaille aussi en partenariat avec nos clients, c’est comme ça qu’on peut se développer », dit Francis Allard.

L’avenir comporte son lot de défis pour une entreprise innovante comme Ramo, selon son président. « Il y a beaucoup d’éducation à faire », dit-il. D’autres sources de financement seront plus tard nécessaires. La formule qui sera retenue reste à définir. « Aucune porte n’est fermée », assure-t-il.

Consultez le site de Ramo

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De l’hydrogène vert et des milliards à Shawinigan

PHOTO LE NOUVELLISTE

La Cité de l’énergie, à Shawinigan

Un producteur d’hydrogène vert a convaincu Québec de lui offrir un important bloc énergétique pour un projet se chiffrant dans les milliards qui verrait le jour à Shawinigan, a appris La Presse. En contrepartie, les promoteurs proposent d’investir dans la construction d’une centaine d’éoliennes et d’un parc solaire pour compléter leurs besoins.

Publié à 1h09 Mis à jour à 5h00

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Julien Arsenault
Julien Arsenault La Presse


Hélène Baril
Hélène Baril La Presse

Ces détails seront dévoilés par TES Canada vendredi, en Mauricie. Le ministre québécois de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, ainsi que le ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, doivent être présents à l’annonce. Selon nos informations, la facture du projet oscille aux alentours de 4 milliards si l’on tient compte de la portion d’autoproduction énergétique.

L’hydrogène vert – qui nécessite énormément d’énergie – est considéré comme une solution de rechange dans l’industrie lourde (cimenteries, alumineries et aciéries), toujours dépendante du gaz naturel fossile. Filiale de la firme belge Tree Energy Solutions, TES Canada a été cofondée par la femme d’affaires France Chrétien Desmarais, fille de l’ex-premier ministre Jean Chrétien et femme d’André Desmarais, président délégué du conseil de Power Corporation du Canada. L’entreprise a obtenu un bloc d’énergie estimé à 150 mégawatts (MW), soit l’équivalent d’environ 30 fois la puissance du Centre Bell.

« L’hydrogène sera destiné à un usage québécois », affirment les promoteurs, sur le site web du « projet Mauricie », où l’on apprend que la mise en service aurait lieu en 2028 et que 200 emplois permanents seraient créés dans la région après le démarrage.

Mercredi, TES Canada n’a pas commenté les informations colligées par La Presse.

L’hydrogène vert, qu’est-ce que c’est ?

À l’heure actuelle, 95 % de l’hydrogène dans le monde est produit à partir d’énergies fossiles. L’hydrogène peut être produit par électrolyse de l’eau. Ce procédé consiste à faire passer un courant électrique dans l’eau. Cela permet de décomposer ses molécules pour ensuite en extraire l’hydrogène. On parle d’hydrogène vert quand le courant utilisé provient d’une source d’énergie renouvelable, comme l’hydroélectricité.

Source : gouvernement du Québec

TES Canada fait partie de la liste des 11 demandes retenues par le ministre Pierre Fitzgibbon pour se partager environ 1000 MW. Les entreprises désireuses de se lancer dans la production d’hydrogène se bousculent aux portes. Hydro-Québec a reçu des demandes totalisant 23 000 MW, dont 9000 pour l’hydrogène vert.

C’est beaucoup trop, selon le ministre.

« On ne peut pas en faire, de l’hydrogène, on n’a pas d’électricité […], on va en faire un peu quand même », avait dit M. Fitzgibbon, quand Hydro-Québec avait fait état de l’augmentation de la demande industrielle.

Points d’interrogation

Plusieurs questions risquent d’attendre les promoteurs, vendredi. On ignore, pour le moment, d’où viendra l’argent. Québec et Ottawa ne seraient pas impliqués directement dans le montage financier.

Fondée en 2019, Tree Energy Solutions est encore considérée comme une jeune pousse et sa filiale canadienne existe depuis à peine un an. En juillet 2022, Tree Energy Solutions était valorisée à environ 940 millions (700 millions d’euros), selon le Financial Times. Des institutions comme la banque britannique HSBC et le groupe financier italien UniCredit figurent parmi ses « partenaires et actionnaires ».

À travers le monde, ses projets sont toujours en phase de développement. Aux États-Unis, le propriétaire de TES Canada collabore entre autres avec le géant énergétique français Total pour potentiellement implanter un site de production de gaz naturel synthétique.

En Mauricie, la question de l’acceptabilité sociale risque de s’inviter rapidement dans l’espace public. L’électrolyseur d’hydrogène de l’entreprise, dont la capacité est estimée à 500 MW, doit être installé dans le parc industriel de Shawinigan, ce qui ne devrait pas, en principe, poser de problème.

Puisque les 150 MW qui doivent être fournis par Hydro-Québec seront insuffisants, les promoteurs voudraient ériger plus d’une centaine d’éoliennes – ce qui constituerait l’un des plus gros parcs du genre dans la province – dans un rayon d’une trentaine de kilomètres aux alentours de Shawinigan. Douze municipalités ont été identifiées et informées. Reste à voir comment leurs citoyens réagiront.

Joint au téléphone par La Presse, le maire de Shawinigan, Michel Angers, n’a pas voulu commenter les différents volets du projet. Il avait cependant de la difficulté à contenir son enthousiasme vis-à-vis de l’annonce prévue vendredi.

« Ça fait très longtemps que ce n’est pas arrivé [l’annonce d’un tel projet], a dit M. Angers. Ça sera fort intéressant. Tous nos terrains sont réservés pour des projets d’efficacité énergétique. Vendredi, ça sera un premier départ. »

Deux volets

Le complexe québécois de TES Canada devrait comporter deux volets. Il y aura la production d’hydrogène vert ainsi que de gaz naturel synthétique « renouvelable et 100 % vert ». On ignorait, au moment d’écrire ces lignes, les quantités qui seraient produites.

Énergir est un client potentiel pour ce gaz naturel synthétique, d’après les informations colligées par La Presse. Il serait acheminé à des clients industriels du distributeur québécois par l’entremise de son réseau, qui alimente le parc industriel de Shawinigan.

« Le projet permettrait à Énergir d’accéder à la complémentarité des usages de l’hydrogène vert en produisant, notamment, un important volume de gaz naturel renouvelable de troisième génération afin d’accélérer la mise en œuvre de cette avenue innovante, affirme Énergir, dans un courriel. Nous ne commenterons pas davantage pour le moment. Nous serons toutefois présents vendredi pour expliquer notre rôle dans ce projet. »

TES Canada est dirigée par Éric Gauthier, un ancien cadre chez Power Corporation responsable des investissements privés dans le secteur de l’énergie renouvelable. Au côté de Mme Chrétien Desmarais chez les administrateurs, on retrouve notamment Robert Tessier, ex-président du conseil d’administration de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) et ex-président et chef de la direction de Gaz Métro (l’ancien nom d’Énergir).

Les cofondateurs de Tree Energy Solutions, Marcel Van Poecke et Paul Van Poecke, siègent également au conseil d’administration de TES Canada. Ces derniers se présentent comme deux hommes d’affaires ayant plus de trois décennies d’expérience dans le secteur énergétique, où ils ont occupé de nombreux postes de direction.

Avec la collaboration de Tommy Chouinard, La Presse

En plus de TES Canada en Mauricie, la filière hydrogène compte d’autres promoteurs.

Hy2gen

La Caisse de dépôt et placement du Québec est actionnaire de cette entreprise allemande qui veut construire à Baie-Comeau une usine de 1 milliard de dollars pour fabriquer de l’hydrogène et des biocarburants, comme l’ammoniac vert et le kérosène-éthanol. La réalisation du projet, prévue pour 2026, a été retardée à 2028 en raison du manque de disponibilité de l’électricité. Pour augmenter ses chances d’obtenir les 300 mégawatts d’électricité dont elle a besoin, Hy2gen a changé de stratégie. Sa production, à l’origine destinée à l’exportation, sera consacrée au marché québécois et ontarien.

Enerkem

Enerkem veut alimenter sa future usine de biocarburants de Varennes avec de l’hydrogène vert. Hydro-Québec, qui avait accepté de se lancer elle-même dans la production d’hydrogène pour alimenter l’usine d’Enerkem, a changé d’idée et s’est retirée du projet de construction d’un électrolyseur destiné à l’usine. Enerkem et ses partenaires dans Recyclage Carbone Varennes, ce projet de 1 milliard de dollars, ont confié à l’entreprise américaine Cummins le contrat de construction du système d’électrolyse qui alimentera l’usine dont le début des activités, maintes fois reporté, est prévu pour 2025.

Charbone Hydrogène

La première usine d’hydrogène vert de Charbone Hydrogène est actuellement en construction à Sorel-Tracy. Il s’agit de la première phase d’une installation qui en comptera éventuellement cinq et qui devrait être en production l’an prochain. Il s’agit d’installations modulaires et évolutives qui n’ont pas les mêmes besoins importants en électricité que les autres projets. La future production de Charbone à Sorel-Tracy est déjà vendue à Superior Propane pour les besoins de ses clients industriels qui utilisent déjà de l’hydrogène dans leurs procédés et qui veulent le remplacer par de l’hydrogène vert.

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  • 800 000 tonnes
    Quantité de GES que le projet en Mauricie pourrait éliminer annuellement au Québec

TES CANADA

1000
Nombre d’emplois en Mauricie créés par la phase de construction du projet

TES CANADA

Quatre milliards et des éoliennes pour de l’hydrogène vert

PHOTO FOURNIE PAR TES CANADA

Le projet qu’ambitionne de construire TES Canada à Shawinigan.

TES Canada ambitionne de produire jusqu’à 70 000 tonnes d’hydrogène vert à Shawinigan si l’entreprise parvient à réaliser toutes les facettes de son projet, qui prévoit la construction de plus d’une centaine d’éoliennes et un parc solaire pour compléter ses besoins énergétiques.

Publié à 10h00

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Julien Arsenault
Julien Arsenault La Presse

Les promoteurs ont confirmé, vendredi, les détails qui avaient déjà été dévoilés par La Presse. La facture du projet devrait atteindre 4 milliards si l’on tient compte de la portion d’autoproduction énergétique.

« Les retombées économiques seront importantes pour Shawinigan et la région de la Mauricie et permettront au Québec de se positionner comme leader de la décarbonation », affirme le directeur général de TES Canada, Éric Gauthier.

L’hydrogène vert – qui nécessite énormément d’énergie – est considéré comme une solution de rechange dans l’industrie lourde (cimenteries, alumineries et aciéries), toujours dépendante du gaz naturel fossile. L’électrolyseur d’hydrogène de la compagnie, dont la capacité est estimée à 500 MW.

L’hydrogène vert, qu’est-ce que c’est ?

À l’heure actuelle, 95 % de l’hydrogène dans le monde est produit à partir d’énergies fossiles. L’hydrogène peut être produit par électrolyse de l’eau. Ce procédé consiste à faire passer un courant électrique dans l’eau. Cela permet de décomposer ses molécules pour ensuite en extraire l’hydrogène. On parle d’hydrogène vert quand le courant utilisé provient d’une source d’énergie renouvelable, comme l’hydroélectricité.

Source : Gouvernement du Québec

Filiale de la firme belge Tree Energy Solutions, TES Canada a été cofondée par la femme d’affaires France Chrétien Desmarais, fille de l’ex-premier ministre Jean Chrétien et épouse d’André Desmarais, président délégué du conseil de Power Corporation du Canada. L’entreprise a convaincu le gouvernement Legault de lui offrir un bloc d’énergie de 150 mégawatts (MW), soit l’équivalent d’environ 30 fois la puissance du Centre Bell.

Puisque l’énergie fournie par Hydro-Québec sera insuffisante, les promoteurs souhaitent ériger plus d’une centaine d’éoliennes – ce qui constituerait l’un des plus gros parcs du genre dans la province – dans un rayon d’une trentaine de kilomètres aux alentours de Shawinigan.

Cela pourrait représenter de 110 à 160 éoliennes, d’après nos calculs. Douze municipalités ont été identifiées et informées. Reste à voir comment leurs citoyens réagiront. Pour tenter d’apaiser leurs craintes, TES Canada prévoit trois séances d’informations publiques. Elles auront lieu à Shawinigan (21 novembre), Saint-Adelphe (27 novembre) et Saint-Narcisse (28 novembre).

Le complexe québécois de TES Canada comportera deux facettes. Il y aura la production d’hydrogène vert ainsi que de gaz naturel synthétique « renouvelable et 100 % vert ». Énergir est un client potentiel. Ce gaz naturel synthétique serait acheminé à des clients industriels du distributeur québécois par l’entremise de son réseau, qui dessert le parc industriel de cette ville.

« Pour décarboner l’économie du Québec, on doit diversifier nos sources énergétiques renouvelables, affirme le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, dans un communiqué. Le projet de TES est un excellent ajout à notre bouquet énergétique. »

Fondée en 2019, Tree Energy Solutions est encore considérée comme une jeune pousse et sa filiale canadienne existe depuis à peine un an. En juillet 2022, Tree Energy Solution était valorisée à environ 940 millions (700 millions d’euros) selon le Financial Times. Des institutions comme la banque britannique HSBC et le groupe financier italien UniCredit figurent parmi ses « partenaires et actionnaires ».

À travers le monde, ses projets sont toujours en phase de développement. Aux États-Unis, le propriétaire de TES Canada collabore entre autres avec le géant énergétique français Total pour potentiellement implanter un site de production de gaz naturel synthétique.

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  • 800 000 tonnes
    Quantité de GES que le projet Mauricie pourrait éliminer annuellement au Québec.

Source : tes canada

Écocentres Montréal veut mieux trier ses gros rebuts

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

En 2022, plus de 85 000 tonnes de matières résiduelles de toutes sortes ont été apportées dans les sept écocentres de la Ville de Montréal.

La Ville de Montréal veut mieux trier les gros rebuts que les citoyens envoient dans ses écocentres, afin de limiter la quantité de matière qu’elle envoie au dépotoir ou à l’incinération.

Publié à 13h12

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Philippe Teisceira-Lessard
Philippe Teisceira-Lessard La Presse

L’administration Plante a annoncé mercredi qu’elle démarrait un projet-pilote consistant notamment à démanteler les objets composés de plusieurs matières, afin que chacune d’entre elles soit valorisée. Une chaise de camping composée de métal et de textile, par exemple, était auparavant envoyée à l’enfouissement, alors que ces deux matières peuvent être utilisées autrement.

« C’est vraiment un test qu’on fait en ce moment à LaSalle afin de voir si on peut étendre ça », a indiqué Marie-Andrée Mauger, élue responsable de l’environnement au comité exécutif de Valérie Plante. « Le démantèlement des objets est vraiment important pour augmenter la quantité de matières qu’on détourne de l’enfouissement. »

Le projet-pilote inclut aussi un volet consacré au démantèlement des matelas, qui sont actuellement envoyés directement au dépotoir. La Ville de Montréal aimerait aussi mieux trier les rebuts de bois, afin que le bois d’œuvre de bonne qualité soit transformé en aggloméré plutôt que d’être brûlé.

En 2022, plus de 85 000 tonnes de matières résiduelles de toutes sortes ont été apportées dans les sept écocentres de la Ville de Montréal. « C’est l’équivalent de plus de 4000 autobus », indique la Ville.

Le projet-pilote coûte 130 000 $, dont 75 000 $ sont assumés par Recyc-Québec.

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Démystifier la science La lenteur des éoliennes

PHOTO WIKIMEDIA COMMONS

Des éoliennes en mer à Skegness, en Angleterre

Chaque semaine, notre journaliste répond aux questions scientifiques de lecteurs.

Publié à 1h18 Mis à jour à 6h00

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Mathieu Perreault
Mathieu Perreault La Presse

Pourquoi les éoliennes tournent-elles si lentement ?
– Alain Cornellier

Parce que l’extrémité de leurs pales tourne beaucoup plus vite que leur centre, et qu’il faut éviter une vitesse excessive qui pourrait créer des turbulences et endommager la structure ou les mécanismes de l’éolienne.

« Ce qui limite la vitesse des éoliennes, c’est la vitesse du son, explique Frederick Gosselin, professeur de génie mécanique à Polytechnique Montréal. Le bout de la pale voyage très vite et la longueur de la pale multiplie la vitesse. C’est comme une aile d’avion : quand on arrive proche de la vitesse du son, il y a toutes sortes d’effets de fluides compressibles dans l’air qui affectent le comportement de l’aile. […] En plus, autour de la pale, le vent est accéléré, même si ça ne paraît pas quand on la regarde du sol. »

PHOTO TIRÉE DU SITE DE POLYTECHNIQUE MONTRÉAL

Frederick Gosselin, professeur de génie mécanique à Polytechnique Montréal

La vitesse du son, ou Mach 1 en l’honneur d’un physicien autrichien du XIXe siècle, varie en fonction de la température et de l’altitude. Sur le plancher des vaches et à 15 °C, elle est de 340 m/s, soit 1235 km/h. À -25 °C, la vitesse du son est 10 % plus lente. Ernst Mach a été le premier à décrire les turbulences qui entourent un objet qui approche la vitesse du son, le fameux « mur du son » que franchissent les avions avec un « bang ».

M. Gosselin étudie justement les « phénomènes d’instabilité des structures élancées », comme les ailes d’avion.

PHOTO TIRÉE DU SITE DE LA CSN

Le printemps dernier, des pales d’éoliennes de 107 mètres de long fabriquées en Gaspésie ont été transportées à des clients américains par convoi.

« Les plus grosses pales d’éoliennes au monde sont fabriquées en Gaspésie, note M. Gosselin. À 110 m de rayon (107 m de pale plus le moyeu), si l’éolienne tourne à 7 tours par minute, ça fait une vitesse de bout de pale de plus de 80 m/s ou 290 km/h ! À 7 tours par minute, ça paraît lent, mais c’est tellement gros que ça va vite. »

Cette taille de pales est utilisée dans les éoliennes en mer (offshore). Les pales des éoliennes sur la terre ferme mesurent généralement moitié moins.

Un autre professeur de Polytechnique, Ion Paraschivoiu, est l’auteur du manuel Wind Turbine Design, utilisé dans les universités depuis sa publication en 2002. « J’ai eu la chance de travailler sur l’éolienne verticale de Cap-Chat au milieu des années 1980, dit M. Paraschivoiu. Elle avait la forme d’un batteur à œufs, avec un rayon de 32 mètres. Elle tournait à seulement 15 tours par minute, ce n’est pas vite vu de loin. Mais le bout des pales allait assez vite pour qu’on doive faire des calculs de stabilité. »

PHOTO TIRÉE DU SITE DE TOURISME GASPÉSIE

L’éolienne verticale de Cap-Chat

L’éolienne verticale de Cap-Chat n’a été exploitée que pendant quatre ans, à cause d’une bourrasque qui a endommagé son mécanisme.

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  • 2100 TWh
    Génération d’énergie éolienne en 2022

Source : Agence internationale de l’énergie

350 TWh
Génération d’énergie éolienne en 2010

Source : Agence internationale de l’énergie

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De la bouse de vache à la conquête de l’espace

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(Taiki) Le Japon a potentiellement ouvert un nouveau chapitre de son histoire spatiale jeudi avec l’essai réussi d’un moteur de fusée alimenté uniquement par une énergie produite localement : de la bouse de vache.

Mis à jour le 7 décembre

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Hiroshi HIYAMA Agence France-Presse

Ce test a vu un moteur propulser horizontalement une flamme bleue et orange d’une dizaine de mètres pendant quelques secondes par la porte ouverte d’un hangar du bourg de Taiki, sur l’île septentrionale de Hokkaido.

Le biométhane liquide nécessaire à l’expérience a été fabriqué à partir des « contributions » des bovins de deux producteurs laitiers locaux, précise Takahiro Inagawa, patron de la société japonaise Interstellar Technologies.

« Nous faisons cela non seulement parce que c’est bon pour l’environnement, mais aussi parce qu’il peut être produit localement, qu’il est très rentable et que c’est un carburant très performant et d’une grande pureté », dit M. Inagawa à l’AFP.

« Nous sommes la première entreprise privée à le faire », ajoute-t-il. « Je ne pense pas qu’il soit exagéré de penser que cela sera reproduit dans le monde entier. »

Interstellar espère envoyer des satellites dans l’espace grâce à ce carburant, et s’est associée à la société Air Water, productrice de gaz industriels, qui travaille avec des agriculteurs locaux disposant d’équipements pour transformer la bouse de vache en biogaz.

« Le Japon, pauvre en ressources, doit dès maintenant s’assurer une source d’énergie neutre en carbone sur son territoire », estime Tomohiro Nishikawa, un ingénieur du groupe nippon de gaz industriels Air Water.

« La matière première issue des vaches de cette région a un potentiel énorme. Si la situation internationale devait évoluer, il est important que le Japon » dispose d’une telle source d’énergie, selon lui.

Le biométhane de Air Water est déjà utilisé par une laiterie locale et d’autres usines, pour le chauffage d’habitations et pour alimenter camions et navires dans le cadre de programmes pilotes.

900 bovins à l’œuvre

L’agence spatiale japonaise Jaxa a lancé avec succès en septembre sa mission lunaire « Moon Sniper », mais le secteur aérospatial nippon a été en proie à de nombreux problèmes ces dernières années, avec deux missions ratées.

Le Japon a également connu des déboires avec ses lanceurs, avec les échecs du décollage de la fusée de nouvelle génération H3 ou de la fusée de petite taille Epsilon-6 de la Jaxa.

Le biogaz dérivé de la bouse de vache est déjà utilisé comme carburant dans le monde entier, notamment pour faire fonctionner des bus dans la ville indienne d’Indore, à la place de sources conventionnelles plus polluantes.

Il aide à atténuer l’énorme empreinte environnementale de l’agriculture, qui, selon Greenpeace, est responsable de 14 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.

Si la combustion du biogaz libère des gaz à effet de serre, c’est également le cas lors de son processus de dégradation naturelle, le ruissellement issu des élevages polluant en outre sols et cours d’eau.

Les 900 bovins de Eiji Mizushita, 58 ans, génèrent à elles seules plus de 40 tonnes quotidiennes de bouse, et ce participant au projet a mis en place un système qui collecte automatiquement les productions de ses bêtes, les fait fermenter et les transforme en biogaz, en fertilisant et même en litière pour ses animaux.

« Je suis heureux de penser que les déchets de nos bêtes servent à faire voler » une fusée, se réjouit M. Mizushita.

« Nous devons nous débarrasser du fumier en l’utilisant convenablement. Je pense également que le gouvernement et la société en général devraient avoir un autre regard sur l’importance de l’énergie renouvelable et encourager sa production », poursuit-il.

Planète bleue, idées vertes La Gaspésie ouvre la voie à la déconstruction

PHOTO LUCILE PARRY-CANET, FOURNIE PAR LA RITMRG

L’intérieur de l’un des bâtiments de la quincaillerie de Grande-Rivière, en Gaspésie

Comment ils sont passés de la parole aux actes

Publié à 1h30 Mis à jour à 8h00

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Sara Champagne
Sara Champagne La Presse

D’un côté, il y a un vieux bistro en partie incendié devenu un nid à pigeons. De l’autre, les bâtiments en perdition d’une ancienne quincaillerie. Des immeubles destinés au pic des démolisseurs. Mais, au lieu de démolir, deux municipalités de la Gaspésie ont décidé de les déconstruire à travers un projet-pilote visant à redonner vie aux matériaux.

Le projet fait aujourd’hui école à travers les municipalités du Québec.

Gino Cyr est maire de Grande-Rivière. La ville d’environ 3400 habitants est située au sud-ouest de Percé, près de la baie des Chaleurs. Il raconte que le déshabillage des portes, fenêtres, murs et planchers de la quincaillerie a permis de revendre des matériaux à bas prix dans sa communauté.

PHOTO LUCILE PARRY-CANET, FOURNIE PAR LA RITMRG

Un employé démontant les planches de bois de la structure de la quincaillerie

Ils ont servi à rénover des chalets, à retaper des terrasses, des abris pour les animaux. Par exemple, des poutres de bois (communément appelées des 2 X 4) ont été revendues entre 2 et 3 $. Dans les grands magasins, elles se vendent facilement plus de 10 $.

À Chandler, le maire Gilles Daraiche explique que le bistro situé en plein cœur de la municipalité était dans un état pitoyable.

PHOTO LUCILE PARRY-CANET, FOURNIE PAR LA RITMRG

Certains matériaux brûlés du bistro ont été transformés en ballots de bois de chauffage pour les citoyens de Chandler.

Un repaire de pigeons. Son conseil municipal s’apprêtait à lancer un appel d’offres pour le démolir quand l’administration a été contactée par la Régie intermunicipale de traitement des matières résiduelles de la Gaspésie (RITMRG).

« Le bistro était devenu une nuisance, en partie contaminée. Il risquait de s’effondrer. Pour démolir, il faut donner un contrat. Un petit projet de démolition, c’est minimum 25 000 $. »

On s’est dit que ça valait la peine de tenter le coup. Surtout que le terrain est vendable et que ça pouvait se traduire par un enrichissement pour nos citoyens.

Gilles Daraiche, maire de Chandler

Exit la démolition

La RITMRG est propriétaire et opératrice du centre de tri des matières recyclables, du site de compostage et du lieu d’enfouissement des déchets des villes de la MRC du Rocher-Percé. La Régie souhaite réduire de 50 % le tonnage vers l’enfouissement provenant des résidus de construction, rénovation et démolition.

PHOTO LUCILE PARRY-CANET, FOURNIE PAR LA RITMRG

Le bistro de Chandler, partiellement incendié, était devenu un repaire de pigeons et risquait de s’effondrer.

Sa directrice générale, Nathalie Drapeau, jointe au téléphone dans ses bureaux de Grande-Rivière, explique qu’elle a documenté toutes les étapes de l’expérience, qui a bénéficié d’un soutien financier de 180 000 $, provenant entre autres de la Fédération canadienne des municipalités. Elle a présenté ses conclusions auprès de différents partenaires, dont Recyc-Québec et l’École de technologie supérieure (ETS).

« Il faudrait que le mot démolition disparaisse de notre vocabulaire », tranche-t-elle.

Financièrement, on a connu un petit gain de 2 % avec la déconstruction. Mais on a vraiment gagné au niveau de l’enfouissement, de l’économie circulaire.

Nathalie Drapeau, directrice générale de la RITMRG

À Grande-Rivière, la déconstruction de 3 bâtiments formant l’ancienne quincaillerie a pris 28 jours. Il a fallu démonter la toiture, les murs et les planchers, morceau par morceau. À la fin, 70 % de l’ensemble, soit 135 tonnes de matériaux destinés au dépotoir, a été revendu.

PHOTO LUCILE PARRY-CANET, FOURNIE PAR LA RITMRG

Environ sept semaines de travail ont été nécessaires pour déconstruire le bistro de Chandler et la quincaillerie de Grande-Rivière.

À Chandler, une partie des matériaux du bistro étaient trop endommagés. Ils ont été transformés en ballots de bois de chauffage. Au total, malgré la contamination, 155 tonnes ont été valorisées (74 %), 9 tonnes ont été revendues (4 %) et 47 tonnes transportées à l’enfouissement (22 %).

Succès à reproduire

Contremaître des deux projets de déconstruction, Maxime Tardif, de l’entreprise MTF et Fils, n’hésiterait pas à accepter d’autres contrats. C’est certain que la démolition est plus rapide : deux jours, et c’est fini. Mais le délicat processus de déconstruction a permis de donner du travail à cinq personnes, durant sept semaines, explique-t-il.

PHOTO LUCILE PARRY-CANET, FOURNIE PAR LA RITMRG

Un travailleur de l’entreprise MTF et Fils démonte la structure de la quincaillerie de Grande-Rivière.

« Des employés ont procédé au triage des matériaux sur place. Lors de la déconstruction du bistro, on a réussi à détourner de l’enfouissement des murs contenant de l’amiante. Ils ont été disposés dans des sacs jaunes pour être acheminés dans des endroits spécialisés. »

L’expérience a démontré que c’est faisable. Par exemple, les métaux ferreux ont été triés pour être recyclés.

Maxime Tardif, de l’entreprise MTF et Fils

Forte du succès, la municipalité de Grande-Rivière a maintenant un terrain vacant en lieu et place de la vieille quincaillerie. Le maire Gino Cyr espère que des entrepreneurs vont se pointer pour un projet immobilier de logements locatifs.

« Nous sommes propriétaires du terrain. Il y a l’espace pour construire 54 unités, des trois et demie et des quatre et demie. On parle constamment de développement durable, en voici un bel exemple. »

À Chandler, les élus ont eux aussi un terrain prêt à accueillir une nouvelle construction. Le maire, Gilles Daraiche, y verrait bien une pâtisserie ou une crèmerie. Il rappelle que sa municipalité est loin d’être épargnée par la crise du logement.

« Le bistro en plein cœur de notre centre-ville ne donnait pas une belle image de notre municipalité. On aimerait que des promoteurs viennent investir dans la région. La déconstruction est enrichissante à tous les niveaux. »

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Deep Sky s’associe à la jeune pousse québécoise Skyrenu

IMAGE TIRÉE DU SITE DE SKYRENU

Une illustration prospective d’un système modulaire de Skyrenu en mesure de traiter 1000 tonnes de CO2 par an directement sur un site de résidus miniers.

Deep Sky multiplie les partenariats dans sa quête pour l’élimination de milliards de tonnes de carbone.

Publié à 12h00

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Marc Tison
Marc Tison La Presse

L’entreprise montréalaise a annoncé lundi une entente avec la toute jeune pousse (verte) québécoise Skyrenu, qui a mis au point une technologie avant-gardiste de captage direct du carbone dans l’air (CDA).

L’entreprise de Sherbrooke fournira et installera en 2024 une unité de CDA d’une capacité d’élimination de 50 tonnes de CO2 par année sur le site d’essai Alpha de Deep Sky.

Les deux partenaires veulent ainsi valider la technologie de Skyrenu en vue d’un déploiement commercial au Canada.

Skyrenu a mis au point un système modulaire qui combine le captage direct dans l’air avec un processus de carbonatation des résidus miniers pour emprisonner le CO2 dans la roche de façon permanente, directement sur les sites miniers.

Ce partenariat « permettra de démontrer notre technologie au Québec », a commenté par courriel le président de Skyrenu, Gabriel Vézina. « Ce contrat avec Deep Sky accroîtra grandement la visibilité de notre entreprise et de sa technologie au Québec, au Canada et à l’international. »

Issue de l’Université de Sherbrooke, l’entreprise a été créée en 2021 sur la base des travaux entamés en 2018 par ses deux cofondateurs, le professeur de génie Martin Brouillette et l’ingénieur de recherche Gabriel Vézina.

L’équipe d’étudiants qui avait travaillé sur le concept a été lauréate en 2021 du concours étudiant XPRIZE Carbon Removal (mis sur pied par Elon Musk).

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Planète bleue, idées vertes Prévost : sauver la planète, un plat réutilisable à la fois

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Prévost compte 19 commerces d’alimentation et restaurants. Jusqu’à maintenant, six souhaiteraient y participer, dont les propriétaires du restaurant Le Suki.

Comment ils sont passés de la parole aux actes

Publié à 1h58 Mis à jour à 6h01

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Isabelle Ducas
Isabelle Ducas La Presse

Les consommateurs ont pris l’habitude de rapporter leurs canettes vides et certaines bouteilles vides chez leur détaillant. Pourquoi ne feraient-ils pas la même chose avec leurs contenants quand ils achètent des repas pour emporter ?

C’est le pari que fait la Ville de Prévost, dans les Laurentides, qui s’apprête à implanter un système de contenants consignés réutilisables dans les restaurants et commerces d’alimentation sur son territoire.

L’idée à la base du projet, c’est d’utiliser tous les moyens possibles pour réduire à la source les matières résiduelles.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Frédérick Marceau, directeur du service de l’environnement de la Ville de Prévost

« Soit on attend que les commerces le fassent chacun de leur côté, ou alors la Ville les incite, même s’il y a un coût au départ », souligne Frédérick Marceau, directeur du service de l’environnement de la ville de 14 000 habitants.

Comment ça marche pour le consommateur ?

Au lieu d’acheter des contenants à usage unique pour leurs commandes à emporter, les commerces participants achètent les contenants réutilisables de l’entreprise Bo, qui sont traçables à l’aide d’un code QR. Quand un consommateur vient chercher un repas pour emporter, le commerçant ajoute 2 $ sur sa facture pour chaque contenant.

Le consommateur télécharge l’application de Bo. Quand il en a fini avec son contenant, il va le déposer dans une boîte conçue à cette fin – comme une boîte aux lettres – située au centre de la ville, après avoir scanné le code QR grâce à l’application. Ses 2 $ lui sont alors remboursés par virement Interac.

Que se passe-t-il avec les contenants retournés ?

Grâce à un partenariat avec une entreprise dont les camions de distribution passent déjà par Prévost, les contenants sont transportés dans les locaux de Bo, dans l’ouest de Montréal, où ils sont lavés. Les contenants en polypropylène résistent au micro-ondes, à la congélation, au lave-vaisselle industriel et peuvent être réutilisés jusqu’à 1000 fois.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Mishel Wong, PDG de l’entreprise Bo, et des contenants réutilisables offerts au restaurant Le Suki

Comme les restaurants et épiceries n’ont pas toujours l’espace nécessaire pour entreposer une grande quantité de contenants, ils seront entreposés dans les locaux municipaux, où les commerçants pourront aller les chercher.

Si le système rencontre un succès bœuf, la Ville pourrait envisager d’aménager une station de lavage sur son territoire, mais on n’en est pas encore là, indique M. Marceau.

Quel est l’avantage pour la Ville ?

Prévost pourrait réduire son budget de disposition des déchets, si la réduction à la source est importante. Mais il est encore trop tôt pour savoir si l’effet sera notable.

Quels sont les coûts pour la Ville et d’où viendra le financement ?

Prévost prépare le terrain à ce projet depuis quelques années. La Ville a d’abord interdit trois articles en plastique à usage unique (pailles, touillettes à café et cotons-tiges) en septembre 2021. En mai 2022, elle a imposé une condition à la vente de bouteilles d’eau non gazeuse et de bidons de lave-glace : offrir aussi un système de remplissage en vrac. Et depuis juillet 2022, les commerçants doivent facturer une redevance de 0,10 $ à 0,50 $ sur six types d’articles à usage unique, dont les bouteilles d’eau de moins de 750 ml et les verres à café.

Lisez notre article sur la redevance imposée par la Ville de Prévost sur six articles à usage unique

Les sommes recueillies grâce à ces écocontributions – environ 60 000 $ par année – vont dans un fonds spécial qui sert à financer des projets pour réduire les matières résiduelles. La Ville pourrait payer à même ce fonds les boîtes de retour des plats et fournir gratuitement les premiers plats aux commerçants pour les inciter à embarquer dans l’aventure. « On voulait pouvoir dire aux contribuables que ce n’est pas l’argent de leurs comptes de taxes qui paierait ce projet », note Frédérick Marceau.

Les commerçants embarqueront-ils dans l’aventure ?

Prévost compte 19 commerces d’alimentation et restaurants. Jusqu’à maintenant, six souhaiteraient y participer, dont les propriétaires du restaurant Le Suki.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Jonathan Gauthier et Annie Gualtieri, copropriétaires du restaurant Le Suki

La moitié de toutes les commandes de ce restaurant sont pour emporter. « On passe beaucoup de plats de plastique. Certains ne sont pas réutilisés et se retrouvent à la poubelle » ou, au mieux, au recyclage, explique la copropriétaire Annie Gualtieri.

Les contenants coûtent de 500 $ à 600 $ par mois au restaurant, évalue son partenaire, Jonathan Gauthier, qui voit dans le nouveau système une occasion de faire des économies.

Mais le couple s’inquiète tout de même du temps qu’il faudra pour expliquer le système aux consommateurs. En période de pointe, quand les clients attendent leur repas, chaque minute compte.

Les consommateurs embarqueront-ils dans le système ?

Il faut que la gestion des plats ne soit pas trop compliquée pour que la population adopte le système, souligne Jonathan Gauthier. Certains sont certainement très motivés, comme cette cliente qui apporte déjà ses plats réutilisables quand elle commande des sushis.

Prévost s’est lancé il y a quelques années dans un « virage vert » qui comporte 150 actions, dont celle-ci.

« On y va par étapes, note Frédérick Marceau. On commence par aider, ensuite on adoptera peut-être un règlement pour obliger les citoyens à réduire leurs matières résiduelles, mais au moins, on aura une solution pour les aider à y arriver. »

Quand le système sera-t-il implanté ?

Les premiers plats réutilisables arriveront dans les commerces participants au printemps.

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Planète bleue, idées vertes Des fleurs d’ici en hiver

PHOTO ATELIER CAMION, FOURNIE PAR LA FERME PASTEL

Ora-Maggie Beaulieu-Pelletier, de la ferme Pastel

Comment ils sont passés de la parole aux actes

Publié à 1h30 Mis à jour à 9h00

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Daphné Cameron
Daphné Cameron La Presse

« Notre mission, c’est vraiment d’apporter du bonheur à notre communauté, mais aussi de lutter contre les changements climatiques. »

Produire des fleurs fraîches en région, l’hiver, dans le respect de l’environnement : voilà le défi que s’est lancé Ora-Maggie Beaulieu-Pelletier, de la ferme Pastel, à Grand-Métis, dans le Bas-Saint-Laurent. Avec son conjoint Skot Morgan, elle s’apprête à réaliser sa première récolte hivernale : des milliers de tulipes produites en pleine terre dans une serre chauffée à la biomasse.

En utilisant des déchets forestiers pour alimenter une chaudière à l’eau plutôt que du propane pour chauffer la serre, la ferme florale parvient à réduire ses émissions de gaz à effet de serre d’une quantité équivalente à la consommation annuelle de 34 voitures de type Toyota Corolla.

« C’est sûr que nous, on veut faire tout ce qui est en notre pouvoir pour avoir un impact positif et aider le secteur de la floriculture à devenir plus vert », explique l’agricultrice de 36 ans.

PHOTO ATELIER CAMION, FOURNIE PAR LA FERME PASTEL

Ora-Maggie Beaulieu-Pelletier et Skot Morgan

Nous, on s’est dit : ce n’est pas vrai qu’on va dépenser de l’énergie non renouvelable pour faire pousser des fleurs. On est dans le Bas-Saint-Laurent, où c’est un déchet, la biomasse. Les gens ne savent plus quoi en faire. Il y en a même dans les sites d’enfouissement !

Ora-Maggie Beaulieu-Pelletier, de la ferme Pastel

« Ça n’a pas de bon sens, alors on s’est dit : il y a quelque chose à faire là », ajoute celle qui a grandi dans une ferme de grandes cultures de la région.

Dans sa nouvelle serre de 30 mètres sur 10 mètres, le duo a aussi planté 300 « plants tests » : des matricaires, des renoncules, des anémones et de l’eucalyptus. « On est en recherche et développement », souligne-t-elle.

PHOTO FOURNIE PAR LA FERME PASTEL

La serre solaire passive de type Earth Ship

Ils utilisent aussi une serre solaire passive nommée Earth Ship comme pépinière. Il s’agit d’un bâtiment partiellement enfoui dans la terre avec des murs de pneus. « Ils accumulent les énergies solaires passives, et puis il y a de la géothermie qui est impliquée là-dedans parce qu’il y a un remblai de terre du côté nord. Mais sinon, toute la façade sud, est et ouest est vitrée. C’est super performant comme bâtiment. »

Près de 7000 tulipes y ont été plantées en bacs cet hiver, dont 2500 ont été récoltées pour la Saint-Valentin. En tout, la ferme Pastel produira 14 000 tulipes avec une floraison échelonnée de février au début de juin.

La fleur du Québec

Le Canada a importé pour 94,2 millions en fleurs coupées en 2020, indique un rapport réalisé par la firme Marcon pour les Producteurs en serres du Québec. Elles proviennent surtout de la Colombie, de l’Équateur, des États-Unis et des Pays-Bas.

« À peu près 5 % des fleurs vendues au Canada l’hiver provenaient du Canada », déplore Ora-Maggie Beaulieu-Pelletier.

La ferme fondée en 2020 dessert un territoire compris entre Rimouski et Matane. Ce modèle de production hyperlocal permet donc aussi d’éviter les émissions liées au transport.

PHOTO ATELIER CAMION, FOURNIE PAR LA FERME PASTEL

Ora-Maggie Beaulieu-Pelletier et son conjoint ont fondé la ferme Pastel en 2020.

La fleur conventionnelle, qui vient par exemple du Kenya, de l’Afrique du Sud ou de l’Équateur, elle a voyagé en avion pendant 6000 km, au sec, dans un avion réfrigéré, dans des sacs de plastique.

Ora-Maggie Beaulieu-Pelletier, de la ferme Pastel

Une industrie florissante

Au Québec, 36 entreprises agricoles produisent des fleurs coupées. « Il s’agit d’une forte progression par rapport à 19 exploitations en 2019, tout juste avant la pandémie », explique Mélissa Lapointe, relationniste au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec.

« Depuis mon entrée dans le milieu, je remarque que les producteurs de fleurs coupées sont des gens qui ont à cœur l’environnement et qui veulent s’inscrire dans un système de biodiversité. C’est un sujet qui est souvent dans leurs préoccupations », explique l’agronome Andréa L. Bellavance, conseillère en pépinière à Institut québécois du développement de l’horticulture ornementale.

Cette dernière vient d’ailleurs de donner une conférence sur la production de fleurs en serre froide dans le cadre de la Journée pour les fermes productrices de fleurs coupées. « Dans nos conditions, au Québec, c’est plus facile si on a une structure de serre ou de tunnel. On a moins d’opportunités de marché si on produit juste en plein champ », dit-elle.

« C’est en développement. Il y a eu une progression, une augmentation du nombre d’entreprises assez rapide, mais ça, ça veut dire qu’il y a plein d’espace pour l’innovation et le développement », ajoute-t-elle.

La pandémie a sensibilisé les Québécois à l’autonomie alimentaire et à l’importance de manger local.

« On dirait que la fleur du Québec, c’est comme la dernière affaire qui est sur le radar », déplore toutefois Ora-Maggie Beaulieu-Pelletier.

« Le message, il faut qu’il soit modifié. Ce n’est pas juste les tomates du Québec, c’est aussi les zinnias, les dahlias, les lisianthus du Québec », illustre-t-elle.

Dans ce contexte, Lachine-Est constitue un canevas presque idéal pour repenser l’approvisionnement énergétique en milieu urbain. Son « dossier d’affaires » est aujourd’hui beaucoup plus solide qu’il ne l’aurait été il y a neuf ans.

Les études laissent entrevoir une réduction de la consommation d’électricité allant jusqu’à 50 % dans le futur quartier. C’est énorme.

Quelques formes de gouvernance sont envisagées pour la construction et l’exploitation du réseau thermique. On parle soit d’un PPP, soit d’une société d’économie mixte. Dans les deux cas, la Ville de Montréal serait l’actionnaire majoritaire, en partenariat avec des entreprises privées ou sociétés d’État.

(Denver) Un emballage en résidu de café, une poudre de champignons pour conserver les fruits plus longtemps, une nouvelle « glace » restant intacte au froid comme au chaud… Jean Buzby, la nouvelle cheffe du département de l’Agriculture des États-Unis (USDA), a présenté des projets prometteurs lors de la réunion annuelle de l’Association américaine pour l’avancement des sciences, le mois dernier à Denver.

Résumé

Sciences

La créativité contre le gaspillage alimentaire

PHOTO GREGORY URQUIAGA, TIRÉE DU SITE DE L’UNIVERSITÉ DE CALIFORNIE À DAVIS

Des chercheurs de l’Université de Californie à Davis ont conçu une « glace en gelée » à partir de résidus de soja.

(Denver) Un emballage en résidu de café, une poudre de champignons pour conserver les fruits plus longtemps, une nouvelle « glace » restant intacte au froid comme au chaud… Jean Buzby, la nouvelle cheffe du département de l’Agriculture des États-Unis (USDA), a présenté des projets prometteurs lors de la réunion annuelle de l’Association américaine pour l’avancement des sciences, le mois dernier à Denver.

Publié à 1h01 Mis à jour à 5h00

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Mathieu Perreault
Mathieu Perreault La Presse

Des microbes sur les patates

PHOTO JIMMY MAY, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Dans certains champs, les pommes de terre résistent mieux aux taches noires causées par des champignons.

Dans certains champs, les pommes de terre résistent mieux aux taches noires causées par des champignons. Des biologistes de l’Université de l’Idaho ont donc analysé des centaines de bactéries présentes dans le sol et en ont identifié deux qui protègent les pommes de terre de ces champignons. Ils préparent maintenant une solution liquide de ces deux microbes, qui est vaporisée sur les pommes de terre avant le stockage. Les pertes durant le stockage, qui sont d’environ 7,5 % par an, sont réduites de 10 % à 30 %. « Les agents de conservation les plus couramment utilisés pour le stockage restent fabriqués à partir d’hydrocarbures et les pathogènes y sont de plus en plus résistants », a dit Mme Buzby.

Des champignons sur les fruits coupés

PHOTO TIRÉE DU SITE DE MONTEREY MUSHROOMS

De la poudre de queue de champignon pourrait aider à conserver les fruits coupés.

On coupe souvent le bout de la queue des champignons avant de les faire cuire. Mais quand ils sont récoltés, un autre bout de queue est aussi coupé. Ces résidus de « queue de champignon » sont riches en vitamine D. La firme californienne Monterey Mushrooms se prépare à commercialiser une poudre à partir de ces résidus, comme solution de rechange aux suppléments de vitamine D en pilules. Cette poudre, qui possède des propriétés antimicrobiennes, pourra également être saupoudrée sur les barres de fruits et les fruits coupés pour qu’ils gardent leur fraîcheur plus longtemps. « Et il n’y a aucun goût », assure Mme Buzby.

Des glaçons en gelée

PHOTO GREGORY URQUIAGA, TIRÉE DU SITE DE L’UNIVERSITÉ DE CALIFORNIE À DAVIS

Cette « glace en gelée » peut remplacer un glaçon tout en ayant des propriétés antimicrobiennes.

Parmi les résidus du soja utilisé par l’industrie alimentaire, des chercheurs de l’Université de Californie à Davis ont identifié une protéine remarquable : celle-ci permet de fabriquer une gélatine restant intacte par température froide comme chaude. Avec cette gélatine, ils ont conçu une « glace en gelée » qui peut remplacer un glaçon ou un bloc réfrigérant (ice pack), tout en ayant des propriétés antimicrobiennes. Au congélateur ou à température ambiante, la matière ne change pas de forme. Contrairement aux blocs réfrigérants, qui contiennent un liquide toxique, cette nouvelle gélatine peut être compostée à la fin de sa vie utile, après une quinzaine de cycles froid-chaud.

Des emballages en résidus végétaux

PHOTO TIRÉE DE WIKIMEDIA COMMONS

De plus en plus de résidus alimentaires sont utilisés pour fabriquer des emballages moulés comme ceux des œufs.

Les cartons d’œufs sont faits en résidus végétaux depuis des décennies. Mais l’extension à d’autres types d’emballages, et surtout l’utilisation d’autres résidus que ceux de bois, connaît une avancée significative ces dernières années. « On parle maintenant de résidus de café, de vignes, de céréales et de fruits et légumes qui sont utilisés pour fabriquer des emballages après la récolte, dit Mme Buzby. Et on peut maintenant faire des emballages plus lisses et même hydrophobes. »

Congeler à volume constant

PHOTO TIRÉE DU SITE DE L’USDA

Test d’un appareil de congélation isochorique

Une méthode de congélation utilisée pour préserver les organes humains pour les greffes pourrait-elle révolutionner le marché des aliments surgelés ? Des chercheurs de l’Université de Berkeley pensent que oui et Mme Buzby est d’accord avec eux. La congélation « isochore » consiste à augmenter la pression dans la chambre de congélation au fur et à mesure qu’on abaisse la température. Cela permet d’éviter les températures très basses, en bas de -20 oC, utilisées dans les processus actuels de congélation très rapide des aliments en usine, la fameuse surgélation. La congélation isochore permettrait l’utilisation de congélateurs moins froids, donc moins énergivores, dans les entrepôts, et moins de dommages aux aliments quand ils sont stockés dans les congélateurs des supermarchés et des domiciles.

Les Fermes Lufa n’ont pas seulement le projet de nourrir les villes avec des légumes frais. Leur ambition est aussi d’offrir de meilleurs prix que les grandes chaînes pour le panier d’épicerie au complet.

Résumé

Lufa veut se mesurer aux grandes chaînes

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Lufa inaugure ce mardi sa cinquième serre urbaine à Montréal, sur le toit du magasin Walmart du Marché central.

Les Fermes Lufa n’ont pas seulement le projet de nourrir les villes avec des légumes frais. Leur ambition est aussi d’offrir de meilleurs prix que les grandes chaînes pour le panier d’épicerie au complet.

Publié à 1h02 Mis à jour à 5h00

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Hélène Baril
Hélène Baril La Presse

« C’est déjà le cas pour 50 des produits du panier Lufa », affirme Mohamed Hage, fondateur de l’entreprise qui a élargi sa mission pour se transformer de plus en plus en épicier.

Lufa inaugure ce mardi sa cinquième serre urbaine à Montréal, sur le toit du magasin Walmart du Marché central, où une toute première récolte de mini-concombres vient d’être faite, sans que les clients qui magasinent au rez-de-chaussée s’en rendent compte.

Pour tout ce qui pousse dans ses serres, Lufa revendique déjà de meilleurs prix que ceux des supermarchés, affirme Mohamed Hage. Pour le reste du panier, ça progresse, dit-il, lors d’une visite de la nouvelle serre. « Notre but est d’offrir des produits locaux et frais qui sont 10 % moins coûteux que ceux des grandes chaînes. »

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Mohamed Hage, fondateur des Fermes Lufa

L’entreprise tire 20 % de ses revenus de la vente des légumes qu’elle fait pousser. Les autres revenus sont générés par la vente des produits de ses partenaires. Six fermes et plus de 300 fournisseurs lui livrent du pain, du lait, de la viande, de la bière ou du vin, soit tous les produits d’un panier alimentaire complet, qui sont livrés chaque semaine à ses abonnés dans un rayon de 2 h 30 min de Montréal.

De l’ambition

Toutes les semaines, Lufa compare les prix d’une cinquantaine de ses produits avec les mêmes en vente dans les grandes chaînes et le résultat de l’exercice est plus qu’encourageant, selon Mohamed Hage.

Avec six serres et une ferme intérieure, Lufa prouve que son modèle d’affaires peut remplacer les légumes en provenance du Mexique et espacer les visites au supermarché, dit-il.

JoAnne Labrecque, professeur au département de marketing de HEC Montréal, qualifie ce plan d’ambitieux. Les entreprises comme Lufa peuvent réussir dans leur marché de niche, dit-elle, mais concurrencer les grandes chaînes est une autre paire de manches. « L’épicerie, c’est du volume et c’est aussi une capacité de négociation avec les fournisseurs, résume-t-elle. C’est déjà un marché très agressif. »

Contrairement à ce qu’on entend partout, il y a beaucoup de concurrence au Québec dans le secteur de l’alimentation, selon elle. « Quand on dit qu’il n’y a pas de concurrence, on exclut généralement de gros joueurs comme Costco et Walmart », dit-elle.

Après avoir vu le nombre de ses abonnés grimper de 100 % pendant la pandémie, Lufa a connu un retour brutal à la réalité avec une croissance nulle en 2022. Mohamed Hage n’est pas inquiet pour autant. Ses actionnaires, dont Desjardins et le Fonds FTQ, sont patients et voient à long terme, dit-il.

« Nourrir les villes à la façon de Lufa, c’est un projet de 30, 40 ou 50 ans », dit-il.

La technologie aidera Lufa à réaliser ses ambitions, explique le fondateur de l’entreprise.

La serre du Marché central, qui a nécessité des investissements de 10 millions, n’est pas la plus grande des six installations de Lufa, mais elle est de loin la plus performante. Elle pourra produire 40 % plus de concombres, poivrons et tomates avec 7 % moins d’énergie que la moyenne des autres serres des Fermes Lufa.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

La serre du Marché central a nécessité des investissements de 10 millions de dollars.

L’énergie, soit l’électricité pour l’éclairage et le gaz naturel pour le chauffage, arrive au troisième rang des coûts d’exploitation de l’entreprise, après les coûts de financement et la main-d’œuvre.

L’éclairage DEL, le vitrage ultra-isolant, le recyclage de l’eau et de l’air et l’automatisation des opérations contribuent à réduire le coût de production. Lufa peut offrir des laitues de première fraîcheur à 2 $ en hiver, mais tous ses légumes sont moins chers toute l’année, à l’exception des mois d’été, où c’est l’abondance dans les champs du Québec.

L’entreprise réduit alors ses activités et en profite pour se préparer à prendre la relève des maraîchers québécois à compter du mois de septembre pour le reste de l’année.

« Lufa a beaucoup appris depuis ses débuts », assure Mohamed Hage, qui n’avait jamais rien fait pousser avant de se lancer dans l’agriculture urbaine. Une des leçons apprises à la dure est qu’il ne faut pas multiplier les cultures. « On a déjà eu 40 variétés dans une serre », rappelle-t-il.

Le coût de l’énergie, qui est appelé à grimper au Québec comme partout ailleurs dans le monde, jouera en faveur de Lufa, estime l’entrepreneur. Rapprocher la production des consommateurs deviendra de plus en plus avantageux comparativement aux poivrons du Mexique qui doivent voyager sur des milliers de kilomètres, illustre-t-il.

Les Fermes Lufa

  • Fondées en 2010
  • Six serres, une ferme intérieure
  • 600 employés
  • 30 000 abonnés

Pêches et Océans Canada autorise la pêche commerciale au concombre de mer au Québec après 11 ans de pêche exploratoire. Cette pêche est pratiquée en Gaspésie et sur la Côte-Nord.

Le MPO indique qu’au cours des dix dernières années, les détenteurs de permis exploratoires ont collaboré avec Pêches et Océans Canada pour récolter des données, notamment sur l’état des stocks, afin de permettre le lancement d’une pêche commerciale qui sera viable sur les plans économique et écologique.

Résumé

Feu vert à une pêche commerciale au concombre de mer

Un concombre de mer sur une roche en milieu marin.

La pêche s’ouvrira vers la mi-juillet en Gaspésie et le 1er mai sur la Côte-Nord.

Photo : Poissonnerie de Cloridorme

Publié hier à 17 h 04 HAE

Pêches et Océans Canada autorise la pêche commerciale au concombre de mer au Québec après 11 ans de pêche exploratoire. Cette pêche est pratiquée en Gaspésie et sur la Côte-Nord.

Le MPO indique qu’au cours des dix dernières années, les détenteurs de permis exploratoires ont collaboré avec Pêches et Océans Canada pour récolter des données, notamment sur l’état des stocks, afin de permettre le lancement d’une pêche commerciale qui sera viable sur les plans économique et écologique.

Ça nous a permis d’aller chercher beaucoup de données sur la situation benthique, c’est-à-dire sur les fonds marins, les stocks de concombre de mer, mais aussi les méthodes de capture mises en place et l’interaction avec les autres espèces pour pérenniser cette pêche-là à long terme.

Une citation de Éric Saint-Laurent, directeur pour le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie, Pêches et Océans Canada

L'équipe de pêcheurs trie les espèces pêchées.

L’équipe de l’AGHAMM trie, dénombre et pèse tout ce qu’elle capture : des crabes, des oursins, des concombres de mer, des étoiles de mer… Tout est remis à l’eau, sauf les concombres.

Photo : Gracieuseté de l’AGHAMM

Pêches et Océans Canada évalue que le prix offert pour le concombre de mer a plus que doublé en dix ans, avec des débarquements d’une valeur de 2,1 millions de dollars par année.

La pêche s’ouvrira vers la mi-juillet en Gaspésie et le 1er mai sur la Côte-Nord. On compte un total de six détenteurs de permis.

En Gaspésie, le territoire de pêche se trouve entre Rivière-à-Claude et Cap-des-Rosiers.

Les pêcheurs utilisent un engin de dragage pour pêcher le concombre de mer.

La pêche à la drague est pratiquée par les pêcheurs de concombre de mer.

Photo : Gracieuseté de l’AGHAMM

Le total des captures autorisées (TAC) n’est pas encore établi. Le MPO souligne par ailleurs que le statut de pêche commerciale donnera beaucoup plus de latitude aux pêcheurs et à la relève.

L’une des différences importantes entre une pêche commerciale et une pêche exploratoire, c’est que les détenteurs de permis pourront transférer leur permis à d’autres pêcheurs, ce qui n’était pas le cas auparavant, ajoute M. Saint-Laurent.

Une nouvelle qui réjouit l’industrie

L’ouverture d’une pêche commerciale au concombre de mer rassure les pêcheurs et les transformateurs.

Pour le plus important transformateur en Gaspésie, Poissonnerie Cloridorme, cette pêche commerciale permettra de rassurer davantage les acheteurs et de développer de nouveaux marchés.

L’entreprise exporte plus de 95 % de sa production en Asie, essentiellement en Chine, et est présente dans l’Ouest canadien grâce à une entente avec T & T Supermarket, une filiale de Loblaws.

Le gestionnaire administratif à la Poissonnerie Cloridorme, Patrick Denis.

Patrick Denis est directeur général adjoint à la Poissonnerie Cloridorme.

Photo : Radio-Canada

La pêche commerciale, c’est un statut auquel on travaille depuis plusieurs années avec tous les détenteurs de permis. On est partis de loin, on a fait beaucoup de travail dans les dernières années, on a fait beaucoup d’investissements pour en arriver là aujourd’hui et c’est sûr que ça va nous ouvrir des portes sur le plan de la commercialisation.

Une citation de Patrick Denis, directeur général adjoint, Poissonnerie Cloridorme

Après l’Ouest canadien, l’entreprise souhaite percer les marchés de l’est du pays et des États-Unis.

De son côté, l’Association de gestion halieutique autochtone Mi’gmaq et Wolastoqey (AGHAMW), qui représente les intérêts des nations micmacs de Gespeg et de Gesgapegiag ainsi que de la Première Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk, salue l’arrivée de cette pêche commerciale qui était attendue depuis plusieurs années dans l’industrie.

Ces trois communautés sont titulaires d’un permis de pêche au concombre de mer depuis 2013 en Gaspésie.

L’organisme a notamment accompagné les pêcheurs autochtones avec des relevés scientifiques pour évaluer l’impact de la pêche à la drague sur cette espèce et les meilleurs écosystèmes pour sa reproduction.

Catherine Lambert-Koizumi.

Catherine Lambert-Koizumi est directrice générale de l’Association de gestion halieutique autochtone Mi’gmaq et Wolastoqey (AGHAMW).

Photo : Courtoisie

L’AGHAMW souhaite l’établissement d’un plan de gestion intégré et cogéré avec les communautés autochtones.

Avec nos communautés membres et l’industrie, on est intéressés à travailler à un modèle de gouvernance qui va inclure les Premières Nations, parce que c’est une pêche majoritairement autochtone.

Une citation de Catherine Lambert-Koizumi, directrice générale, Association de gestion halieutique autochtone Mi’gmaq et Wolastoqey

Des rencontres se tiendront d’ici le début de la saison entre Pêches et Océans Canada, les pêcheurs et les transformateurs pour convenir des modalités de gestion de cette nouvelle pêche commerciale.

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Dans la serre des Fermes Lufa, sur le toit d’un bâtiment de la Ville de Montréal, les employés procèdent au vide sanitaire annuel des installations. Plants de poivrons ou de piments, tout est vidé, nettoyé et désinfecté avant le prochain cycle de culture.

Une nouvelle production devrait donner ses premiers fruits dans environ cinq semaines, indique l’entreprise.

Tiges, feuilles, attaches, cordes, substrats de culture : jusqu’à récemment, tout allait à l’enfouissement.

Résumé

Les résidus des serres : une ressource qui ne demande qu’à être exploitée

La culture des fruits et légumes en serre produit une quantité gigantesque de déchets qui prennent le chemin des sites d’enfouissement. Des chercheurs québécois ont pour mission de trouver des débouchés à ces résidus. La semaine verte les a rencontrés.

Publié à 4 h 00 HAE

Dans la serre des Fermes Lufa, sur le toit d’un bâtiment de la Ville de Montréal, les employés procèdent au vide sanitaire annuel des installations. Plants de poivrons ou de piments, tout est vidé, nettoyé et désinfecté avant le prochain cycle de culture.

Une nouvelle production devrait donner ses premiers fruits dans environ cinq semaines, indique l’entreprise.

Tiges, feuilles, attaches, cordes, substrats de culture : jusqu’à récemment, tout allait à l’enfouissement.

Feuilles de tomates aux poubelles.

Seulement dans le complexe du groupe Savoura, dans les Basses-Laurentides, l’opération d’effeuillage, combinée au vide sanitaire, représente 2500 tonnes de biomasse par année.

Photo : Radio-Canada / Pier Gagné

Presque au même moment, dans un vaste complexe du groupe Savoura, dans les Basses-Laurentides, les employés effeuillent les plants de tomates pour favoriser leur productivité. Les feuilles qui s’accumulent finiront aussi dans un site d’enfouissement.

Les plants forment à peu près trois feuilles par semaine. Il faut les enlever parce qu’on garde toujours un niveau d’à peu près une quinzaine de feuilles par plant de tomates, explique Richard Dorval, vice-président à la production du Groupe Savoura.

Richard dans une serre de tomates.

Richard Dorval est le vice-président à la production du Groupe Sagami-Savoura.

Photo : Radio-Canada / Pier Gagné

Au Québec, seulement dans les serres de tomates, on estime que les opérations d’effeuillage et les vides sanitaires génèrent chaque année jusqu’à 42 000 tonnes de résidus, soit 300 tonnes de résidus à l’hectare.

On les enfouit parce que la biomasse est contaminée avec des attaches et des cordes en plastique. Trier le plastique représenterait une tâche titanesque.

Attaches de plastique sur un miroir.

Parce qu’ils sont contaminés par du plastique, il est très difficile de valoriser les résidus serricoles.

Photo : Radio-Canada / Pier Gagné

Les producteurs serricoles doivent donc payer pour envoyer leurs résidus à l’enfouissement. Et la facture est salée. On parle de centaines de milliers de dollars, précise Richard Dorval, du Groupe Savoura. C’est au-dessus de 100 $ la tonne. Et à cela s’ajoutent les coûts de transport.

Sans compter que la quantité de déchets produits par l’industrie risque d’augmenter. La culture des fruits et légumes en serre occupe de plus en plus de place au Québec. Et pour accroître l’autonomie alimentaire de la province, le gouvernement veut pratiquement doubler les superficies cultivées d’ici 2025.

Afin de diminuer leurs coûts d’exploitation et d’améliorer leur bilan environnemental, le Groupe Savoura, Les fermes Lufa, mais aussi Productions Horticoles Demers, Gen V, Les Serres Royales et Excel Serres ont confié l’ambitieuse mission de valoriser ces résidus au chercheur Philippe Constant, de l’Institut national de la recherche scientifique.

Philippe dans une serre.

Le chercheur Philippe Constant s’est vu confier l’ambitieuse mission de valoriser ces résidus serricoles.

Photo : Radio-Canada / Pier Gagné

Mon rôle, c’est d’orchestrer un groupe de recherche et un groupe d’entreprises intéressés à valoriser cette matière-là, trouver une nouvelle façon de générer de la valeur avec les résidus, indique M. Constant.

On vise un retour financier au producteur. Peut-être redéfinir de nouveaux modèles économiques aussi, là où le résidu sert d’intrant pour une nouvelle entreprise.

L’ennemi numéro un : le plastique

Il faut d’abord gérer le plastique. Une équipe de l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA), dont le centre de recherche est situé à Deschambault-Grondines, dans Portneuf, fait des essais préliminaires.

Laura devant le pyrolyseur.

La chercheuse Laura Mila Saavedra participe au projet de valorisation des plastiques agricoles usagés par voie thermochimique dans les laboratoires de l’IRDA à Deschambault-Grondines.

Photo : Radio-Canada / Pier Gagné

Une fois qu’on reçoit la biomasse avec des résidus de plastique à l’intérieur, on va faire une étape préliminaire. On va broyer tout cet ensemble de résidus avec du plastique pour avoir une biomasse homogène. Une fois que c’est homogène, on va se rendre à l’étape de la pyrolyse, explique Laura Mila Saavedra, professionnelle de recherche à l’IRDA

La pyrolyse décompose les molécules du plastique en molécules plus petites. Ce procédé thermochimique, par lequel la décomposition se fait sous haute température et en l’absence d’oxygène, donne trois sous-produits :

  • du biochar, riche en carbone, qui est de plus en plus utilisé comme amendement agricole;
  • une bio-huile aqueuse, qui peut être transformée en bio-pesticide;
  • une bio-huile visqueuse, qui constitue une alternative au mazout.

Tas de biochar noir.

Le biochar, riche en carbone, est de plus en plus populaire en agriculture.

Photo : Radio-Canada / Pier Gagné

Deux contenants de bio-huile sur un miroir.

Le procédé thermochimique produit une bio-huile aqueuse et une bio-huile brune et visqueuse.

Photo : Radio-Canada / Pier Gagné

Si le plastique est transformé par la pyrolyse, une portion du carbone issu de la dégradation de ce plastique demeure présente dans les sous-produits. L’IRDA doit les analyser pour s’assurer qu’ils ne sont pas dommageables pour l’environnement.

Du compost

Les résidus exempts de plastique donnent moins de fil à retordre. Au centre de compostage Mironor, à Lachute, dans les Laurentides, deux approches mises à l’essai avec les résidus des Fermes Lufa et les feuilles de tomates de Savoura donnent des résultats prometteurs.

D’abord, la méthode classique du compostage en andains : les résidus sont mélangés avec des copeaux puis brassés mécaniquement à intervalles réguliers, pour former des piles qui seront compostées pendant quelques mois.

On utilise également la technologie de piles statiques aérées. Le mélange de feuilles et de copeaux est déposé dans de grandes cellules. Un système de ventilation forcée dans le plancher aère la matière et permet une meilleure distribution de la chaleur, comme le précise la spécialiste en gestion des matières résiduelles Françoise Forcier.

Françoise Fortier devant le site de compostage.

Françoise Forcier est directrice de projets chez Solinov.

Photo : Radio-Canada / Pier Gagné

Ces températures élevées vont assurer la destruction des pathogènes. C’est un des enjeux que l’on doit examiner dans ce projet. Est-ce qu’on peut effectivement détruire tous les agents pathogènes qui pourraient être problématiques pour les cultures?

Une citation de Françoise Forcier, directrice de projets chez Solinov

Car il faut absolument éviter que le compost propage des maladies comme le virus du fruit rugueux brun, aussi appelé rugose de la tomate, qui fait des ravages dans l’industrie serricole.

Des engrais

Un insecte tropical, la mouche soldat noire, fait peut-être aussi partie de la solution pour se débarrasser des résidus. Cet insecte est détritivore, c’est-à-dire qu’il se nourrit de déchets organiques.

  • Gros plan d'une mouche.

  • Une mouche soldat noire.

Photo : Radio-Canada / Jean-François Brassard

  • Gros plans des oeufs.

  • Après l’accouplement, les larves déposent les œufs dans de petites fentes de bois.

Photo : Radio-Canada / Jean-François Brassard

  • Gros plan des neonats.

  • Une fois éclos, les œufs se transforment en « néonats ».

Photo : Radio-Canada / Jean-François Brassard

  • Paquet de néonats.

  • Les « néonats » tombent dans la moulée. C’est dans ce milieu que débute leur croissance.

Photo : Radio-Canada / Jean-François Brassard

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Les « néonats » tombent dans la moulée. C’est dans ce milieu que débute leur croissance.

Photo : Radio-Canada / Jean-François Brassard

Une mouche soldat noire.

Photo : Radio-Canada / Jean-François Brassard

Des entreprises produisent déjà de la farine à base de larves de mouches soldats noires destinée à l’alimentation des animaux domestiques et du bétail.

On sert aux larves une diète à base de déchets végétaux et de produits de boulangerie récupérés dans les supermarchés.

Dans son élevage expérimental, à l’Université Laval, à Québec, le professeur Grant Vandenberg modifie le régime alimentaire des insectes et y incorpore des résidus serricoles pour voir si les larves peuvent les convertir en une protéine de qualité.

Grant tenant un bois.

Grant Vandenberg est professeur titulaire, sciences de l’agriculture et de l’alimentation à Université Laval.

Photo : Radio-Canada / France Beaudoin

On va remplacer la diète avec des feuilles de tomates à 25, 50, 75 % – 100 %, à la limite –, pour voir jusqu’où la croissance est affectée ou non, dit Grant Vandenberg, professeur titulaire à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation de l’Université Laval. On va faire ça avec des feuilles de tomates et des feuilles de concombres.

Pendant le processus de transformation de la matière organique, les larves laissent derrière des restes d’aliments, des exosquelettes issus de leur mutation et des déjections. C’est une sorte de fumier, aussi appelé frass.

Martine tenant un équipement dans une serre.

Martine Dorais est professeur titulaire au Département de phytologie de l’Université Laval et elle est spécialiste des cultures en serre.

Photo : Radio-Canada / France Beaudoin

Au centre de recherche en horticulture de l’Université Laval, la spécialiste des cultures en serre, Martine Dorais, analyse le potentiel fertilisant de ces frass.

On les introduit dans les milieux de culture ou comme sources fertilisantes, précise-t-elle. On a vu qu’ils avaient des propriétés biostimulantes.

Bouteille et petit tas de frass.

Le frass de mouches soldats noires a des propriétés biostimulantes et peut agir comme fertilisant.

Photo : Radio-Canada / Jean-François Brassard

La chercheuse évalue aussi des granules de différentes dimensions fabriqués à partir de feuilles de tomates.

Dans une feuille, on a de 2 à 5 % d’azote, ce qui est quand même considérable. On va retrouver 2,5 à 6 % de potassium, jusqu’à 7 % de calcium, du magnésium, du phosphore, tous nos micro-éléments, explique Mme Dorais.

Tous les fertilisants qu’on achète sous forme synthétique, qu’on dissout dans l’eau, on les a dans nos feuilles, parce que la plante a prélevé tous ces éléments nutritifs là.

Granules sur une table.

Dans les serres de l’Université Laval, on évalue les granules de différentes dimensions fabriqués à partir de feuilles de tomates.

Photo : Radio-Canada / Jean-François Brassard

En fait, tous les résidus serricoles transformés devront passer le test de la performance agronomique de l’équipe de Martine Dorais. On pourra ainsi connaître leurs impacts potentiels, détecter d’éventuels agents pathogènes et vérifier si des traces de plastique sont encore présentes et si elles pourraient s’avérer toxiques pour les végétaux.

Car le but ultime est de réintroduire éventuellement ces produits transformés comme sources fertilisantes en production serricole ou pour le grand public.

Pour l’heure, les travaux de recherche en sont encore à leurs balbutiements. Le défi est immense pour les scientifiques. Les attentes le sont tout autant.

On est précurseurs dans notre projet. On veut que ça fonctionne. Beaucoup de gens autour de nous nous font confiance, donc il faut livrer la marchandise.

Une citation de Philippe Constant, professeur agrégé à l’Institut national de la recherche scientifique


Bannière La semaine verte.

Le reportage de France Beaudoin et de Pier Gagné à ce sujet sera présenté à l’émission La semaine verte samedi à 17 h (18 h 30 HA) sur ICI Télé.

À lire et à écouter :

La démarche de réflexion sur l’avenir de la forêt, lancée il y a quelques mois par la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, vient de se conclure. Douze rencontres régionales, une rencontre nationale et une consultation publique en ligne ont été réalisées.

Publié hier à 10h00

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Alice-Anne Simard

Alice-Anne Simard Biologiste et directrice générale de Nature Québec

Mathieu Béland

Mathieu Béland Ingénieur forestier et analyste forêt de Nature Québec

Certains constats intéressants semblent émerger de cet exercice, notamment que le statu quo n’est plus une option, mais les solutions mises de l’avant se concentrent vers une vision bien particulière où la forêt sert surtout à alimenter les usines de 2x4.

En matière d’aménagement forestier, il faut que la priorité du gouvernement soit d’assurer la pérennité de la forêt, et non seulement la pérennité des volumes de bois pour les compagnies forestières.

Résumé

Il faut assurer l’avenir de la forêt, pas seulement du bois

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

S’il est vrai que la coupe d’arbres peut augmenter la séquestration du carbone dans certains contextes, elle peut aussi être une source importante de gaz à effet de serre, rappellent les auteurs.

La démarche de réflexion sur l’avenir de la forêt, lancée il y a quelques mois par la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, vient de se conclure. Douze rencontres régionales, une rencontre nationale et une consultation publique en ligne ont été réalisées.

Publié hier à 10h00

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Alice-Anne Simard

Alice-Anne Simard Biologiste et directrice générale de Nature Québec

Mathieu Béland

Mathieu Béland Ingénieur forestier et analyste forêt de Nature Québec

Certains constats intéressants semblent émerger de cet exercice, notamment que le statu quo n’est plus une option, mais les solutions mises de l’avant se concentrent vers une vision bien particulière où la forêt sert surtout à alimenter les usines de 2x4.

En matière d’aménagement forestier, il faut que la priorité du gouvernement soit d’assurer la pérennité de la forêt, et non seulement la pérennité des volumes de bois pour les compagnies forestières.

La forêt, c’est bien plus que du bois qui n’attend qu’à être coupé. C’est le lieu central de la culture de plusieurs nations autochtones, un territoire de ressourcement bénéfique pour notre santé physique et mentale, des paysages qui nous émerveillent et nous apaisent, et l’habitat d’une multitude d’espèces, dont le caribou forestier.

Ce sont des écosystèmes qui filtrent l’air et l’eau, qui régulent la température et qui captent et stockent le carbone pour atténuer la crise climatique. La forêt est aussi le cœur du récréotourisme, de la villégiature et des activités fauniques au Québec, et l’économie de nombreux villages et villes dépend d’une forêt en santé.

Pourtant, les thèmes abordés lors de la démarche de réflexion portaient surtout sur l’approvisionnement en bois et très peu sur tous les autres bénéfices et services que nous rendent les forêts. De plus, plusieurs des solutions soumises à la discussion par le ministère nous feraient reculer de 20 ans en matière d’aménagement forestier. La crise climatique ne doit pas être un prétexte pour se tourner vers une vision agricole de la forêt, dont la principale vocation serait de produire du bois.

La démarche de réflexion n’a pas non plus offert à la science la place prédominante qu’elle aurait dû avoir. Aucune synthèse scientifique des connaissances en écologie forestière n’a été fournie par le Ministère. Comment garantir alors que les discussions demeurent basées sur la science et qu’elles ne tournent pas en confrontations d’idées préconçues ?

Le débat sur le rôle des forêts dans la lutte aux changements climatiques en est le meilleur exemple. Alors que le discours dominant du lobby forestier est qu’il faut couper plus d’arbres pour sauver le climat, la science apporte des nuances importantes. S’il est vrai que la coupe d’arbres peut augmenter la séquestration du carbone dans certains contextes, elle peut aussi être une source importante de gaz à effet de serre. Le rôle de la conservation des forêts en tant que réservoir de carbone aurait aussi dû faire partie de la discussion.

Le secteur forestier va connaître dans un futur proche une période de grands changements. Nous assistons en ce moment à un appauvrissement des forêts qui, couplé à une augmentation de la fréquence et de l’intensité des incendies de forêt, aura des répercussions majeures.

Les arbres rentables pour l’industrie vont finir par manquer dans plusieurs régions et des fermetures d’usines sont à craindre, même s’il n’y avait pas de nouvelles mesures de protection du caribou forestier ni de création de nouvelles aires protégées.

Afin de protéger les travailleurs, les travailleuses et les communautés des impacts à moyen et long terme, le gouvernement doit travailler sur un plan de transition juste du secteur forestier. Par la modernisation de l’industrie du bois et la diversification économique des communautés forestières, il serait possible d’éviter que des villages ferment parce qu’une usine ferme. Il est primordial de veiller à la vitalité des régions et de créer des emplois durables et de qualité. Ce plan de transition juste doit être pensé et cocréé avec les syndicats, les travailleurs et travailleuses, les acteurs régionaux et les entreprises.

Malgré plusieurs lacunes, la démarche de réflexion est un bon premier pas. Ce dont le Québec a maintenant besoin, c’est d’un véritable processus de concertation avec le milieu pour améliorer la façon dont on traite l’écosystème forestier et les communautés qui en dépendent. Alors que nous risquons de connaître une saison catastrophique des incendies de forêt encore cet été, assurer l’avenir de la forêt devrait être une priorité.

Résumé

Les forêts du Québec ne sont pas que des arbres qui poussent

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Coupes forestières dans le secteur de la rivière Péribonka, dans le nord du Québec

En 1999, la diffusion du film L’erreur boréale avait provoqué une onde de choc dans l’opinion publique québécoise et une prise de conscience de la façon non durable dont les forêts boréales étaient gérées. Le débat qui a fait rage par la suite avait mené à la mise en place du Forestier en chef (entité indépendante déterminant le volume de bois pouvant être récolté annuellement) et à l’établissement, en 2013, de l’aménagement écosystémique⁠1.

Mis à jour le 9 avril

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Sylvain Delagrange

Sylvain Delagrange Professeur, département des sciences naturelles de l’UQO, chercheur ISFORT et membre du CEF

Marie-Ève Roy

Marie-Ève Roy Chercheuse postdoctorale de l’UQO, chercheuse ISFORT et membre du CEF

Ce nouvel aménagement avait comme fondement qu’en imitant la nature, nos pratiques auraient un impact similaire à celui des perturbations naturelles et qu’ainsi nous réduirions l’écart qui existait entre les forêts aménagées par l’homme et les forêts non aménagées. Une décennie plus tard, force est de constater que très peu de choses ont changé et que l’introspection que nous pensions avoir faite n’a mené qu’à des modifications de vocabulaire, sans véritable changement des pratiques sur le terrain.

Encore et toujours majoritairement axé vers la seule production de bois, notre aménagement forestier, même écosystémique, fait fi de maintenir en place l’ensemble des services rendus par la forêt publique québécoise. Nous coupons encore trop et trop souvent pour maintenir l’état et le fonctionnement des forêts aménagées proches de ceux des forêts non aménagées. Parmi les grandes différences, l’intégrité des sols est très importante, car sa dégradation implique des effets néfastes et pernicieux sur la diversité de plantes en sous-bois, la fertilité des sols et le potentiel de séquestration de carbone à long terme.

En aménageant avec un seul objectif en tête, faire pousser des arbres, nous perpétuons donc lentement, mais sûrement la dégradation de notre patrimoine forestier.

En examinant de plus près pourquoi une si bonne intention, l’aménagement écosystémique, pouvait ne pas entraîner les effets attendus sur la durabilité des écosystèmes, deux constats se sont imposés. Nous avons manqué d’humilité et avons été négligents. À titre d’exemple, le manque d’humilité s’est manifesté lorsque nous avons certifié que nous pouvions simuler la nature en pratiquant, comme nous le faisions déjà, soit des coupes totales, pour imiter un incendie, soit des coupes partielles, pour imiter un chablis.

Des indicateurs dans le rouge

Pour sa part, la négligence s’est exprimée lorsque nous n’avons pas mis en place les suivis adéquats des effets réels de ces traitements afin de les évaluer. Actuellement, notre approche de validation se résume effectivement ainsi : si le bois repousse en quantité suffisante, nous avons réussi. À titre de comparaison, cela reviendrait à évaluer la qualité de notre système d’éducation sur la seule base de la performance des élèves en mathématiques.

Pourtant, récemment, les études scientifiques se sont multipliées pour démontrer que certains indicateurs étaient dans le rouge (biodiversité, vieilles forêts, santé des sols, bois mort) et que leur inclusion au sein d’une démarche de suivi multicritères n’est pas chose impossible. Ce serait même une solution simple d’amélioration continue de nos pratiques, puisque cette approche permettrait le suivi (en visant la réduction) des écarts de fonctionnement entre les forêts aménagées et non aménagées.

Cependant, cette solution soulève aussi l’importance d’avoir sur le territoire des références adéquates pour notre comparaison. Ces références, les aires protégées, doivent être présentes en quantité suffisante sur le territoire et être suivies pour permettre d’établir les cibles à atteindre. Sans ces témoins, impossible de savoir à quelle distance sont les écosystèmes que nous aménageons par rapport à la nature et si les nouvelles pratiques que nous développons sont efficaces pour réduire les effets de notre utilisation des forêts.

  1. La Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier définit l’aménagement écosystémique comme un aménagement qui vise à réduire les écarts entre la forêt aménagée et la forêt naturelle en vue d’assurer le maintien de la biodiversité et la viabilité des écosystèmes (article 4).