Économie verte

Voici un reportage sur le même sujet, diffusé hier soir à Radio-Canada:

Radio-Canada Info

Hydrogène vert : Québec dans la course pour développer la filière

2 déc. 2021

Le premier ministre Legault est revenu de la COP26 à Glasgow en promettant d’investir dans cette filière que la cheffe libérale Dominique Anglade veut même nationaliser. Avec son hydroélectricité, le Québec a ce qu’il faut pour produire de l’hydrogène à faible empreinte carbone. Mais pour développer ce secteur, il faudra y investir des milliards de dollars, ce qui pourrait refroidir le gouvernement.

Le reportage de Valérie Gamache

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Voici un superbe clip, réalisé par @tipat99 et partagé sur sa chaîne YT le 23 décembre dernier. Je ne voyais toujours pas ces images sur Agora,… alors je me disais qu’elles pouvaient peut-être en intéresser quelques-un.e.s. :sunglasses:

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Même si le Québec est un géant en matière d’hydro-électricité, on ne doit pas négliger les autres sources de production car elles deviennent complémentaires, tout en permettant d’économiser une partie précieuse de nos réserves contenues dans les barrages. Nous donnant par surcroit une plus grande flexibilité dans la gestion de la ressource énergétique. La filière des panneaux solaires est une avenue très intéressante à cause de son potentiel de développement considérable, tout comme l’éolien et la biomasse. Il y a du travail à faire pour améliorer la recherche et produire du matériel encore plus performant, si on investit judicieusement dans toutes ces avenues. On l’a fait à l’époque dans le gaz et le nucléaire afin de conserver l’expertise en la matière, en devenant notamment consultant en offrant nos services à l’extérieur.

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J’ajouterais que l’énergie éolienne et solaire deviennent de moins en moins cher. J’ai vu à qqpart qu’il était rendu plus rentable d’investir dans l’éolienne et le solaire au Québec que l’hydro. ($/kW) En bonne partie à cause que les meilleurs projets d’hydro sont déjà exploités et que les autres projets potentiels sont éloignés et couteraient dont très cher.

L’éolien et le solaire sont aussi plus propre que l’hydro, donc juste des positifs.

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Sauf que l’éolien et le solaire sont des énergies alternatives qui nécessitent des conditions météos particulières pour être pleinement efficaces. Tandis que l’hydro-électricité fournit le courant sur une base continue et répond à l’essentiel des besoins du Québec, tout en permettant son exportation avec d’intéressants bénéfices.

La question n’est pas de choisir entre les deux puisque la quantité d’énergie des barrages est considérable en comparaison des autres sources énergétiques et qu’en plus l’eau peut être stockée (mise en banque) pour en disposer à un moment plus opportun. En fait la stratégie d’H-Q en est une de complémentarité, où elle fait une place de plus en plus importante aux énergies alternative, en économisant sa précieuse réserve quand les conditions y sont favorables, pour ensuite la libérer quand les besoins l’exigent.

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Je ne disais pas que l’éolienne ou le solaire est meilleure. J’apportais plutot d’autres cotés positifs à investir dans ces sources d’énergie au Québec. Je comprend bien le problème avec le fait qu’elles produisent de l’énergie à des moments ou on en a peut-être moins besoin, mais on est justement parfaitement positionné pour en profité au Québec comme tas expliqué.

Les connections électiques avec les États-Unis et les autres provinces sont aussi des grands atouts pour faire équilibre entre la prodction et la consommation d’électricité.

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L’autre énorme avantage de l’hydro c’est dans son essence même: c’est un énorme réservoir d’énergie; bien plus efficace en capacité et en facilité d’extraction à faible inertie que n’importe quelle batterie synthétiquement fabriquée aujourd’hui.

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Ajoutons aussi que tout ce que l’éolien et le solaire peut fournir au Québec permet à Hydro de vendre son hydroélectricité sur les autres marchés, à bien meilleur prix qu’à la maison.

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Terres du Séminaire de Québec Des terres bénies pour l’éolien

Si Dieu le veut, Boralex et Énergir érigeront le plus imposant parc éolien du pays sur les terres du Séminaire de Québec, le plus grand terrain privé du Canada. La providence leur sourit : Hydro-Québec prédit une « nouvelle ère de croissance » du secteur, avec des achats massifs d’énergie renouvelable dans les prochaines années.

Publié à 5h00 Mis à jour à 6h20

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Charles Lecavalier

Charles Lecavalier La Presse

Boralex et Énergir préparent un mégaprojet éolien de 1200 MW sur les terres du Séminaire, situées entre Québec et Baie-Saint-Paul. Les deux entreprises misent sur la soif énergétique du Québec, qui veut décarboner son économie.

La Seigneurie de Beaupré, un immense terrain privé entre Québec et Baie-Saint-Paul (voir onglet « Le plus grand terrain privé du Canada »), est déjà le plus imposant parc éolien du pays avec ses 164 éoliennes et sa production de 364 MW. Et Boralex souhaite ajouter, en plusieurs phases, jusqu’à 240 éoliennes qui généreront suffisamment d’électricité pour alimenter plus de 216 000 résidences. Au total, la puissance installée rivaliserait avec celle du complexe de la Romaine et permettrait à Boralex de doubler sa production d’énergie au Canada.

Mais pour que le projet se réalise, il faut un acheteur. Ça tombe bien : Hydro-Québec a soif. Des appels d’offres sont déjà en cours, et la société d’État prédit une hausse considérable de la demande en énergie dans les prochaines années.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Éric Filion, vice-président à la distribution, à l’approvisionnement et aux services partagés chez Hydro-Québec

Chaque année, probablement, on va revenir avec de nouveaux appels d’offres, si les besoins continuent à se maintenir à la hausse. On est comme dans une nouvelle ère de croissance.

Éric Filion, vice-président à la distribution, à l’approvisionnement et aux services partagés chez Hydro-Québec

Dans les deux prochaines années, les emplettes d’Hydro-Québec totaliseront 2000 MW en puissance installée, révèle la société d’État à La Presse, soit l’équivalent de la centrale de Beauharnois, la cinquième du Québec pour la puissance. Et ça ne s’arrêtera pas là. « Avec le plan d’approvisionnement, ils ont un signal de croissance qu’ils n’avaient pas dans les dernières années », ajoute M. Fillion. HQ a prévu que ses besoins en énergie augmenteront de 12 % entre 2019 et 2029.

D’où vient cette soif ? Une hausse naturelle liée à des perspectives économiques favorables, l’électrification du Québec (automobile, chauffage des bâtiments, des serres) et de nouveaux besoins dans les secteurs de l’hydrogène et de la filière batterie, dit M. Filion. Et l’exportation d’électricité aux États-Unis s’ajoute à tout ça. Le contrat d’exportation vers New York, par exemple, force Hydro-Québec à hausser sa production d’énergie solaire et éolienne.

INFOGRAPHIE LA PRESSE

Zone d’implantation du parc éolien

Pour HQ, l’éolien a de nombreux avantages. Alors que la construction d’une centrale électrique peut prendre jusqu’à 15 ans, « de l’éolien choqué, ça peut se faire en trois ans », souligne M. Filion. Cela permet de mettre en service des champs éoliens au moment exact où la société d’État en a besoin.

Trois secteurs de la Seigneurie

Le projet de Boralex et d’Énergir pourra se faire graduellement, au gré des appels d’offres. Il se concentre dans trois secteurs distincts de la Seigneurie. Le premier serait situé plus à l’ouest, vers Stoneham et Sainte-Brigitte-de-Laval. Le deuxième champ se situerait à l’est, sur les territoires des municipalités de Baie-Saint-Paul et de Saint-Urbain. Le troisième site prendrait forme au nord du mont Sainte-Anne. L’emplacement exact des éoliennes n’est pas encore décidé, mais on vise le sommet des montagnes « où la ressource éolienne est optimale ».

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Patrick Decostre, PDG de Boralex

C’est le projet le plus avancé au Québec, les études d’impact sont déjà en cours.

Patrick Decostre, PDG de Boralex

Boralex estime que la Seigneurie de Beaupré est le lieu parfait pour construire un parc éolien d’envergure internationale. « L’intérêt de ce site, c’est qu’on a un seul propriétaire terrien, le Séminaire de Québec. Il y a une ressource en vents exceptionnelle. […] Il y a des lignes de raccordement d’Hydro-Québec, et en plus, on est proche des deux grands centres de consommation, Québec et Montréal. Il n’y a pas de résidences permanentes : donc [le site est] proche, mais loin des habitants », souligne M. Decostre. Contrairement à d’autres projets qui incluent des communautés, celui-ci serait essentiellement privé, entre Boralex, Énergir et le Séminaire de Québec.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Le mégaprojet peut compter sur des lignes de transport déjà existantes.

Cette façon de faire peut déranger. La Fédération québécoise des municipalités veut plutôt développer une filière éolienne communautaire et des municipalités comme Baie-Saint-Paul aimeraient également participer, conscientes qu’un parc éolien peut rapporter des revenus stables et indépendants des taxes foncières (voir onglet « D’autres projets sur la ligne de départ »). Des voisins de la Seigneurie se sentent aussi oubliés.

« On a l’équivalent du Liechtenstein comme voisin [la Seigneurie de Beaupré est même encore plus grande, elle fait 10 fois la superficie de la principauté européenne] et ils songent à mettre des éoliennes à côté de nous », s’inquiète Dominique Lareau, copropriétaire de Nöge hébergement d’expérience. L’entreprise offre un service d’hébergement en nature et mise sur la tranquillité et la beauté du paysage. Même inquiétude pour son voisin, Nicolas Robitaille, copropriétaire de Bora Boréal, une entreprise de location de chalets flottants. L’érection d’éoliennes sur les montagnes voisines serait un « désastre » pour eux. « On a tenté de communiquer avec eux pour voir où elles seraient situées, mais on n’a pas de retour. », déplore-t-il.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Nicolas Robitaille, copropriétaire de Bora Boréal

On n’est pas contre le projet, mais on aimerait se faire rassurer.

Nicolas Robitaille, copropriétaire de Bora Boréal, entreprise de location de chalets flottants

Du côté de Boralex, on affirme qu’il est beaucoup trop tôt pour préciser quels seront les modèles d’éoliennes et leur emplacement exact. Le projet est embryonnaire. Mais Boralex y voit cependant un avantage pour la région et pour le Québec. Il y aura une production locale de composants, par exemple. « Ça veut dire que des sous-traitants, des entreprises comme Marmen et LM Wind Power, vont en profiter », dit Patrick Decostre. Et avec la demande énergétique qui risque d’exploser en raison de l’électrification des transports et du chauffage des bâtiments, les projets communautaires pourront aussi décoller.

« On a déjà une des tranches du projet actuel avec la MRC de la Côte-de-Beaupré. Il y aura de la place pour tout le monde dans l’ensemble des projets éoliens. Il y aura des retombées pour les communautés locales, et pour le Séminaire de Québec aussi, évidemment, en mettant à disposition sa terre, il y a des retombées économiques », dit-il.

Le joyau du Séminaire : le plus grand terrain privé du Canada

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Avec sur une superficie de 1600 km2, la Seigneurie de Beaupré constitue le plus grand terrain privé au Canada.

À 1166 m d’altitude, le mont Raoul-Blanchard est le sommet le plus élevé des Laurentides et il surplombe la Côte-de-Beaupré. Il toise de haut le mont Sainte-Anne et le Massif de Charlevoix. Mais peu de gens ont pu gravir ses pentes puisqu’il se situe sur le plus grand territoire privé du Canada, les terres du Séminaire de Québec.

Ce domaine, une seigneurie dont l’histoire remonte aux racines de la Nouvelle-France, fait aujourd’hui la richesse de l’institution catholique, avec ses 200 clubs privés de chasse et pêche, son industrie forestière et le plus grand parc éolien du pays. Le territoire, d’une superficie de 1600 km2, longe le fleuve Saint-Laurent et s’étend des limites de Stoneham et de Sainte-Brigitte-de-Laval, près de Québec, jusqu’à la rivière du Gouffre à Saint-Urbain, au nord de Baie-Saint-Paul. Au nord-ouest, il voisine la forêt Montmorency et la réserve faunique des Laurentides.

INFOGRAPHIE LA PRESSE/SOURCE SÉMINAIRE DE QUÉBEC

La Seigneurie de Beaupré s’étend sur sune superficie de 1600 km2.

La Seigneurie est plus vaste que n’importe quel des parcs nationaux du Québec au sud du 49e parallèle. Elle englobe 325 lacs et une portion des rivières Montmorency et Sainte-Anne. L’été, le Séminaire emploie plus de 350 travailleurs forestiers et vend le bois aux usines de la région. L’hiver, une importante route de motoneige la traverse. En plus du mégaprojet de 1200 MW, Boralex et Énergir y exploitent déjà un parc éolien de 364 MW.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

La Seigneurie représente l’une des principales sources de revenus du Séminaire de Québec.

Peu de gens peuvent accéder à cette forêt privée. « Il n’y a à peu près personne qui peut pénétrer là-dessus sans qu’il nous le dise », a dit le chanoine Jacques Roberge, alors supérieur général du Séminaire de Québec, en 20151. L’institution a par ailleurs décliné la demande d’entrevue de La Presse.

L’histoire de la Seigneurie est fascinante. En 1636, la Compagnie des Cents associés, chargée de développer la jeune colonie française, la cède à huit actionnaires. À l’époque, elle inclut également l’île d’Orléans et la Côte-de-Beaupré. De 1664 à 1688, François de Laval, premier évêque de Nouvelle-France, rachète le tout avec sa fortune personnelle et paiera 10 680 livres tournois2.

Somme colossale

« À titre d’exemple, un artisan qualifié gagnait à peine 250 ou 300 livres par an », explique l’historien Benoît Grenier, professeur à l’Université de Sherbrooke et expert du monde seigneurial au Québec. C’est lui qui a interviewé le chanoine Roberge il y a sept ans. « [C’était] une somme colossale qui peut néanmoins sembler peu pour un si grand territoire. C’est qu’il faut aussi penser que la terre “en bois debout” n’avait que peu de valeur dans les débuts de la Nouvelle-France. La terre ne prenait sa valeur que par les travaux agricoles qui y étaient faits », souligne-t-il.

ILLUSTRATION FOURNIE PAR BANQ

Portrait de François de Laval de Montmorency, réalisé par John Henry Walker, en 1874

À sa mort, François de Laval lègue ses biens au Séminaire. Le bois permet de chauffer ses bâtiments, et les fermes de nourrir ses pensionnaires. « Il a fondé le Séminaire et voulait assurer sa survie et sa pérennité », explique M. Fortier.

Le territoire demeure presque intact jusqu’en 1854, alors que l’Acte pour l’abolition des droits et devoirs féodaux dans le Bas-Canada est adopté. Même si le régime seigneurial prend fin, le Séminaire devient le propriétaire de tous les territoires non développés de son domaine.

Contrairement aux seigneuries au sud, la topographie de la région a limité la mise en valeur agricole en raison des sols pauvres, souvent situés à des altitudes supérieures à 180 m, fait remarquer le géographe Marc Saint-Hilaire, professeur à l’Université Laval. Le séminaire conserve donc une bonne partie du territoire, et continuera à percevoir le cens auprès des résidants de Beaupré jusqu’en 1940, où l’impôt féodal disparaîtra pour de bon.

La géographie rugueuse de la Seigneurie fait aujourd’hui sa richesse : les montagnes sont un excellent « gisement de vent », et la forêt y abonde. En 2014, ses revenus se divisent ainsi : 15 % en provenance des clubs privés, 50 % par l’industrie forestière et 35 % en redevances éoliennes, a indiqué le régisseur au service forestier du Séminaire de Québec, Jacques Laliberté, au blogue spécialisé La Forêt à cœur.

Toujours en 2015, le chanoine Roberge souligne que la Seigneurie était « une des principales sources de revenus » du Séminaire. Et la multiplication d’éoliennes sur le territoire enrichira davantage l’institution catholique.

La Seigneurie, c’est un patrimoine matériel excessivement important dont le Séminaire ne se départirait pas. J’ai eu des approches informelles, que je n’ai même pas analysées, d’hommes d’affaires qui voulaient servir d’intermédiaires pour transiger la Seigneurie. C’est le dernier des biens dont le Séminaire devrait songer à se départir. On veille sur l’héritage de François de Laval.

Le chanoine Roberge, en 2015

Merveilles naturelles privées

De nombreux amateurs de plein air se demandent s’il est normal qu’un aussi grand territoire soit privé, et ses merveilles naturelles interdites d’accès au public. Peu de gens ont la chance de voir l’étroite vallée de la rivière Sainte-Anne, entourée de sommets dépassant les 1000 m d’altitude, ou de profiter de ses rapides.

PHOTO FOURNIE PAR BANQ

La rivière Sainte-Anne, photographiée vers 1900

« On pourrait dire que c’est un gros cadeau que l’État leur a fait. Mais les seigneurs ont plaidé que c’était leur propriété. Il aurait pu être légitime qu’on en fasse des terres de la Couronne, mais le législateur a fait un autre choix. Le Séminaire en a fait une gestion rigoureuse, puisqu’il s’agit d’une communauté qui réfléchit en siècles. Ça n’a pas desservi ces terres », note l’historien Grenier.

Ce n’est pas le seul exemple de seigneurie qui a perduré après l’abolition de 1854. L’île d’Anticosti a été vendue à de nombreuses reprises. Elle a été achetée par le chocolatier français Henri Menier à la fin du XIXe siècle, puis elle se retrouvera entre les mains d’une papetière, la Wayagamack Pulp and Paper Company. Le gouvernement de Robert Bourassa rachètera l’île en 1974.

Récemment, le gouvernement Legault a confié à la SEPAQ la gestion de la Seigneurie de la Rivière-de-la-Madeleine, qui contient « l’une des plus belles rivières à saumons de la Gaspésie ». Elle avait été rachetée à la papetière Domtar en 2009. « Une page d’histoire se tourne, mettant fin à 342 ans d’inaccessibilité à ce territoire », s’était alors réjoui le maire de Sainte-Madeleine-de-la-Rivière-Madeleine, Joël Côté.

1. Regardez un extrait de l’entretien dans la vidéo « L’exemple de la seigneurie de Beaupré »

2. Lisez « Le régime seigneurial au Québec : fragments d’histoire et de mémoire »

D’autres projets sur la ligne de départ

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Selon toute vraisemblance, l’éolien québécois aura le vent en poupe dans les prochaines années.

Il n’y a pas que Boralex qui se prépare au renouveau éolien au Québec. Innergex flaire aussi la bonne affaire, et l’Alliance de l’Est veut avoir sa part du gâteau.

Innergex également sur le fil de départ

« L’éolien, dans les prochaines années, va fort probablement être l’énergie la moins chère. Et on est encouragés, parce qu’on a connu une disette au cours des sept ou huit dernières années, alors on voit maintenant un avenir plus intéressant, un contexte de développement », indique en entrevue le PDG d’Innergex, Michel Letellier.

Contrairement à Boralex, Innergex n’a pas d’entente avec un grand propriétaire privé. L’entreprise se concentre sur les terres publiques, et veut faire des partenariats avec des communautés.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Michel Letellier, PDG d’Innergex

On n’a pas d’exclusivité, alors on fait beaucoup d’investigation des vents. On a beaucoup de données de vent sur la Côte-Nord, en Gaspésie et dans le Bas-Saint-Laurent.

Michel Letellier, PDG d’Innergex

L’émergence de projets éoliens sur la Côte-Nord est toutefois plus compliquée en raison des coûts de branchement au réseau électrique d’Hydro-Québec, précise M. Letellier.

L’homme d’affaires aimerait qu’Hydro-Québec offre une stabilité à l’industrie en faisant des appels d’offres chaque année. Cette prévisibilité permettrait d’attirer plus facilement des turbiniers au Québec, par exemple. Boralex est du même avis. « Ça prendrait une vision sur les quatre ou cinq prochaines années, pour que les équipementiers viennent s’installer, et qu’ils sous-traitent », souligne son PDG, Patrick Decostre.

Invenergy, une autre importante entreprise dans le secteur, affirme qu’elle continue d’« avancer le développement éolien au Québec ». La Caisse de dépôt pourrait aussi profiter de la manne puisqu’elle est actionnaire de Boralex, d’Innergex et d’Invenergy en plus de posséder 80,9 % de Trencap, la société qui contrôle Énergir.

La FQM demande 50 % du communautaire

La Fédération québécoise des municipalités (FQM) exige que le gouvernement Legault force les projets éoliens à avoir une participation communautaire de 50 %.

On s’attend à ce que tout nouveau projet ait une participation des communautés de 50 %.

Jonathan Lapierre, maire des Îles-de-la-Madeleine et premier vice-président de la FQM

Sa municipalité, qui a un budget de près de 29 millions, reçoit des redevances éoliennes de 900 000 $ par année. Si les communautés sont partenaires, l’État s’assure de « l’adhésion citoyenne et de l’acceptabilité sociale », dit-il. Les projets qui ne réunissent pas ce critère, comme celui de Boralex, devraient être disqualifiés, à son avis.

La FQM souhaite que le modèle de l’Alliance de l’Est, une entité formée des régies intermunicipales de l’énergie du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, « s’exporte ailleurs au Québec ». « On veut que d’autres régions se regroupent et se donnent une force, et on veut les accompagner », dit-il.

Un mégaprojet pour l’Alliance de l’Est

L’Alliance de l’Est veut justement avoir sa part du gâteau. Elle a proposé en 2021 un projet de 1200 MW d’énergie éolienne destiné aux territoires de l’Alliance, et élargi aux MRC de Montmagny et de L’Islet. Il serait réalisé « en partenariat égalitaire avec les promoteurs privés ». « La relance de la filière éolienne représente l’outil régional ayant le plus grand levier pour notre économie », écrivent-ils.

À Charlevoix, on aimerait également des retombées au projet de Boralex. Le maire de Baie-Saint-Paul s’y intéresse.

C’est très embryonnaire pour l’instant, mais en fin de compte, l’éolien, le critère qui doit être au rendez-vous, c’est l’acceptabilité sociale.

Michaël Pilote, maire de Baie-Saint-Paul

« Il faut que le milieu soit en faveur. Si la communauté en bénéficie, ça aide », dit Michaël Pilote. Il souligne d’ailleurs que cette année, la MRC a attribué à sa ville une somme de 1 million de dollars pour refaire l’aréna municipal. La somme provient des redevances d’un parc éolien plus ancien.

https://www.lapresse.ca/actualites/2022-02-07/terres-du-seminaire-de-quebec/des-terres-benies-pour-l-eolien.php

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Baie-Comeau pourrait accueillir un projet pour produire de l’énergie verte, chiffré à 1 G$

Le port de Baie-Comeau pourrait servir de station de recharge pour les navires qui carbureront en énergie verte et non au pétrole.

Photo : Radio-Canada / Camille Lacroix

Camille Lacroix-Villeneuve (accéder à la page de l’auteur)Camille Lacroix-Villeneuve

Camille Lacroix-Villeneuve

hier à 19 h 40

L’entreprise allemande Hy2gen développe un projet d’envergure à Baie-Comeau pour construire un site de production d’hydrogène vert et d’ammoniac vert. Le début des opérations est prévu pour 2026 et le projet est chiffré à un milliard de dollars.

L’entreprise Hy2gen veut produire de l’ammoniac vert principalement pour fournir les navires et les avions en carburant propre. Entre 50 et 100 emplois pourraient être créés à Baie-Comeau alors que la première pelletée de terre est prévue en 2023.

L’hydrogène vert est obtenu par l’électrolyse de l’eau à l’aide d’un électrolyseur qui consomme environ 300 MWh.

Le président-directeur général d’Hy2gen, Cyril Dufau-Sansot, explique que Baie-Comeau a été choisi pour la disponibilité en hydroélectricité, mais aussi parce que le port de Baie-Comeau est situé à un endroit stratégique.

On a quand même un port qui permet d’accueillir de très grands bateaux qui vont nous permettre de charger ces carburants et ensuite de le transporter. Et un parc industriel est disponible, soit le parc Jean-Noël-Tessier, ajoute le président-directeur généralPDG.

La Ville de Baie-Comeau a de 1000 à 1500 MWh de disponibles pour la vente d’énergie à des entreprises qui souhaiteraient s’installer dans la région. Le maire, Yves Montigny, explique que le nouveau site de l’entreprise sur le territoire baie-comois s’inscrit dans la vision de la Municipalité.

La papetière, c’était autour de 100 mégawatts. Alors imaginez, c’est dix fois plus de mégawatts de disponibles que ce que consommait la papetière qui est maintenant arrêtée. Alors ça nous prend des projets de ce type-là, s’enthousiasme M. Montigny.

Le maire de Baie-Comeau, Yves Montigny

Photo : Radio-Canada / Benoît Jobin

En plus d’exporter l’ammoniac vert, le port de Baie-Comeau pourrait servir de station de recharge pour les navires qui carbureront en énergie verte et non au pétrole.

« À partir du moment où ils requitteraient le Saint-Laurent vers l’Europe, ça permettrait à ces bateaux de se recharger à nouveau en carburant, en remplacement du carburant fossile. »

— Une citation de Yves Montigny, maire de Baie-Comeau

L’entreprise allemande prévoit que des navires carbureront aux énergies propres d’ici 2026, et non au pétrole comme c’est le cas actuellement.

Le plan d’affaires concorde donc avec les objectifs de réduire les émissions de carbone pour répondre à l’émergence d’un marché pour l’énergie verte.

Des étapes restent à franchir

L’entreprise a entamé les discussions avec le gouvernement du Québec pour aller de l’avant et commencer les travaux en 2023.

Elle devra faire des consultations publiques auprès de la population pour connaître l’acceptabilité sociale de ce projet.

Là encore, l’atout de Baie-Comeau, c’est que la zone industrielle est très éloignée des habitations, donc ça nous permet de gérer les aspects environnementaux du projet en lien avec la population qu’on va informer de la façon la plus exhaustive possible, explique Cyril Dufau-Sansot.

Les études préliminaires d’ingénierie sont en cours pour permettre de relever les impacts environnementaux et les détails techniques et géologiques.

Du méthanol renouvelable sera aussi produit

Une unité de production de méthanol est aussi prévu. Cette substance serait produite à partir de l’hydrogène vert et de la biomasse forestière d’origine locale. Le méthanol serait stocké et ensuite chargé au port de Baie-Comeau pour l’exporter.

Le méthanol sera produit à partir de l’hydrogène vert et de la biomasse forestière d’origine locale.

Photo : Radio-Canada / Nelly Albérola

L’investissement d’un milliard de dollars serait réparti entre les deux unités, soit 600 millions de dollars pour l’unité de production d’hydrogène et d’ammoniac verts et 400 millions de dollars pour la production de kérosène et de méthanol verts.

Au début du mois de mars, l’entreprise commencera le processus d’évaluation de son projet avec le Bureau des audiences publiques sur l’environnement (Bureau d’audiences publiques sur l’environnementBAPE).

Camille Lacroix-Villeneuve (accéder à la page de l’auteur)
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1864709/hydrogene-ammoniac-energie-verte-carboneutre-transport

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Un élevage de salmonidés en plein cœur de l’île de Montréal

Opercule, la première entreprise de pisciculture commerciale urbaine au Québec, prévoit produire environ 30 tonnes d’ombles chevaliers par année.

Les bassins d’Opercule, pionnière de la pisciculture commerciale urbaine au Québec

Photo : Radio-Canada / Philippe-Antoine Saulnier

Philippe-Antoine Saulnier (accéder à la page de l’auteur)

Philippe-Antoine Saulnier

hier à 19 h 15

Au sous-sol d’un édifice industriel de la rue Legendre, quelque 50 000 petits poissons barbotent dans un bassin circulaire en attendant leur ration de moulée.

Ces ombles chevaliers (aussi appelés ombles de l’Arctique) sont les premiers poissons à être produits dans la toute première pisciculture commerciale urbaine au Québec.

L’éclosion s’est faite à la mi-décembre et ça fait trois semaines qu’on les nourrit à plein régime, indique David Dupaul-Chicoine, président d’Opercule, une entreprise installée dans les locaux de la Centrale agricole, parmi d’autres firmes spécialisées dans l’agriculture urbaine.

C’est dans le garage de M. Dupaul-Chicoine, dans le quartier Villeray, que ce projet de pisciculture urbaine a vu le jour il y a environ cinq ans. David, qui travaillait alors dans le domaine de la musique, s’était inscrit à des cours d’aquaculture en Gaspésie, où il a rencontré son futur associé, l’ingénieur Nicolas Paquin. C’est en faisant la route ensemble qu’ils ont commencé à élaborer leur projet.

Le projet pilote du garage, qui a duré trois ans, a permis de valider les techniques d’élevage en ville et de tester le marché. On produisait environ une tonne par année dans mon garage, raconte David. Une tonne, c’est environ mille poissons d’un kilo.

Dans les prochaines années, Opercule prévoit produire une trentaine de tonnes annuellement.

Des essais chez les restaurateurs

La petite production du garage a été mise à l’essai par certains restaurateurs montréalais. On a été les cobayes, on a fait une rétroaction sur la qualité, dit John Winter Russell, chef du restaurant Candide.

Il a notamment cherché comment utiliser les poissons de différentes tailles. Les plus petits spécimens, qui n’ont pas pu atteindre leur taille optimale, ont ainsi été préparés en escabèche, une recette méditerranéenne : On les a servis un peu comme des anchois marinés, mais c’est des ombles.

Le goût de l’omble chevalier est similaire à celui du saumon, explique John Winter Russell. Je trouve que celui de David a moins le goût terreux qu’on trouve dans les poissons d’élevage. J’aime beaucoup sa texture. Il est assez ferme, mais lorsqu’on met de la pression il devient fondant, décrit le chef.

Élever des poissons en ville

Opercule envisage de produire 30 tonnes d’ombles chevaliers annuellement au cours des prochaines années.

Photo : Radio-Canada / Philippe-Antoine Saulnier

Une dizaine de grands bassins sont installés dans les locaux d’Opercule, à la Centrale agricole. Les poissons seront séparés dans les différents bassins au fur et à mesure de leur croissance. Les premiers ombles pourront être vendus à partir de Noël prochain.

C’est pour des raisons écologiques que David Dupaul-Chicoine et Nicolas Paquin ont décidé d’implanter leur production aquacole en pleine ville. C’est être en plein cœur du marché, explique David.

La livraison va se faire par vélo électrique, de façon à réduire l’empreinte carbone au maximum.

Les installations d’Opercule sont par ailleurs les premières au Québec à mettre en œuvre le principe de recirculation de l’eau d’un bout à l’autre de la chaîne de production. Des appareils sophistiqués et bruyants récupèrent les excréments des poissons, filtrent l’eau, en retirent l’ammoniaque et y injectent de l’oxygène.

L’entreprise prévoit ainsi utiliser de 100 à 200 fois moins d’eau qu’une pisciculture traditionnelle. Les rejets solides devraient être employés pour produire du compost.

Un projet de longue haleine

Si l’entreprise Opercule démarre tout juste sa première production d’omble chevalier, elle est toutefois installée dans les locaux de la Centrale agricole depuis près de trois ans.

Cette période a été consacrée à remplir des demandes de permis et de subventions afin de mener le projet à bon port. Ça a été tout un casse-tête d’avoir tous les permis, notamment en matière d’environnement, affirme David Dupaul-Chicoine. Ça te prend tous tes permis pour faire tes demandes de subventions, et sans subventions, on n’aurait probablement pas pu réaliser le projet.

Le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) soutient financièrement le développement des entreprises d’aquaculture comme Opercule. En 2018, il s’est fixé comme objectif de doubler la production aquacole du Québec d’ici 2025.

Philippe-Antoine Saulnier (accéder à la page de l’auteur)

Philippe-Antoine Saulnier
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1865035/elevage-salmonides-montreal-opercule

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Bâtir vert pour l’avenir

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Espace Montmorency, dont la construction achève à Laval, se veut un modèle à suivre. Le projet est piloté conjointement par le Fonds immobilier de solidarité FTQ, le Groupe Montoni et le Groupe Sélection.

Partout dans le monde, trois lettres majuscules ont un impact majeur sur le secteur immobilier, même résidentiel, l’incitant à améliorer ses pratiques pour devenir plus vert. Ces trois lettres, ESG, font allusion aux critères qui guident les décisions d’un nombre croissant d’entreprises et d’investisseurs institutionnels : environnement, société, gouvernance d’entreprise.

Publié hier à 12h00

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Danielle Bonneau

Danielle Bonneau La Presse

Au Québec, leur influence se fait sentir dans la conception et la construction d’immeubles résidentiels locatifs de haute performance énergétique et écoresponsables, dont la valeur augmentera à long terme. Une vision qui change l’environnement, mais aussi la vie de ceux qui habitent ces édifices. Tour d’horizon de projets qui se démarquent.

Espace Montmorency

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Espace Montmorency, à Laval

Le Groupe Sélection, qui a d’abord établi sa marque dans le marché des résidences pour personnes retraitées, courtise maintenant diverses clientèles. Et c’est dans des immeubles locatifs, qui visent dorénavant une certification verte, que l’entreprise veut les accueillir. La toute première résidence de la division Sélection Retraite, bâtie en visant une certification Leadership in Energy and Environmental Design (LEED), a ouvert ses portes à Gatineau en 2021.

L’entreprise a poussé plus loin son engagement en se joignant au Groupe Montoni et au Fonds immobilier de solidarité FTQ, propriétaire d’un terrain situé à côté de la station de métro Montmorency, à Laval. Ensemble, les trois partenaires ont notamment vu à ce qu’une boucle énergétique soit intégrée pour absorber les rejets de chaleur excédentaire des immeubles pour les transmettre à d’autres, selon le moment de la journée. Espace Montmorency, qui a obtenu la certification LEED-AQ Or (Aménagement de quartier), regroupera une tour de bureaux (dont le noyau et l’enveloppe visent LEED Platine), deux tours d’habitations locatives englobant des appartements des enseignes Yimby, hoop ou Waltz, et un hôtel (visant tous trois LEED Or), ainsi que des commerces et des restaurants.

« Notre rôle, en tant qu’investisseur, c’est d’influencer nos partenaires-promoteurs pour que les projets soient mieux pensés et mieux construits », indique Josée Lagacé, vice-présidente aux communications, au marketing et aux relations avec les investisseurs. « C’est un travail qui se fait en équipe. »

« En étant propriétaire d’immeubles résidentiels locatifs, on a toujours été soucieux d’optimiser l’économie d’énergie », souligne Philippe Bouclin, vice-président, développement immobilier, du Groupe Sélection. « On voit maintenant que les investisseurs ont beaucoup d’appétit pour les immeubles certifiés LEED ou WELL. Une plus-value leur est attitrée. »

Espace Montmorency prendra vie au cours des prochains mois.

Consultez le site d’Espace Montmorency

Mu

ILLUSTRATION FOURNIE PAR IMMOSTAR

Illustration du projet Mu, à Québec

À Québec, l’entreprise Immostar est en train de terminer la construction du Mu, son deuxième complexe locatif visant l’homologation WELL, axée sur la santé et le bien-être des occupants. « Tout est fait pour que les gens se sentent bien à l’intérieur du bâtiment, pour les rendre plus heureux », explique François Pelchat, associé et vice-président, location et marketing.

La quête de la certification WELL permet de plaire à la clientèle d’aujourd’hui, mais aussi de demain, qui sera plus exigeante, prédit-il. « Les immeubles qui ne seront pas écoresponsables, qui ne feront pas attention à la consommation de l’eau et de l’énergie, qui n’offriront pas de covoiturage vont perdre une certaine valeur et un certain attrait auprès de la clientèle de la prochaine génération. »

Président du comité des immeubles engagés au sein de l’Institut de développement urbain du Québec (IDU), il constate un vif intérêt de la part des investisseurs pour s’associer à des projets respectant des éléments du développement durable. Le complexe Mu profite d’ailleurs de l’appui financier de la Corporation Fiera Capital, de la société Claridge et d’Ivanhoé Cambridge, filiale immobilière de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

« Pour être pertinent à long terme, si on ne veut pas que des actifs deviennent obsolètes trop rapidement, on a besoin de nous assurer qu’ils ont un niveau élevé de performance sur le plan de l’écoresponsabilité », indique Stéphane Villemain, vice-président, responsabilité sociale d’entreprise, chez Ivanhoé Cambridge. « De plus en plus de gens vont vouloir un logement qui respecte le climat. On l’observe déjà comme tendance de fond et on sait que cela va aller en s’accentuant. Cela met un peu le vent dans les voiles de certifications comme LEED ou WELL, qui permettent d’affirmer un bon niveau de qualité écoresponsable. »

Consultez le site du Mu

Novia

ILLUSTRATION GRAPH SYNERGIE, FOURNIE PAR LSR GESDEV

Illustration du complexe Novia, à Longueuil

La construction du complexe Novia a commencé près de la station de métro Longueuil–Université-de-Sherbrooke. L’imposant immeuble, qui devrait accueillir ses premiers locataires en juillet 2023, abritera à la fois des logements locatifs, des bureaux et des restaurants. Réalisé par LSR GesDev en partenariat avec le Fonds immobilier de solidarité FTQ et le Groupe KOTV, il sera le fruit d’une réflexion écoresponsable poussée, facilitée par l’ouverture des investisseurs, souligne Annie Lemieux, présidente de LSR GesDev.

« C’est plus facile qu’avant d’amener nos idées innovatrices, où l’humain passe devant les rendements. La plus grande différence, c’est qu’avant il y avait moins d’investisseurs institutionnels qui privilégiaient la conception d’immeubles de qualité, avec une valeur ajoutée à long terme. Ils ont maintenant beaucoup plus d’intérêt pour les immeubles construits en incluant les critères ESG. »

L’emplacement optimal, la qualité de vie offerte aux occupants et l’approche écoresponsable adoptée dès la conception du Novia, en réduisant de multiples façons les émissions de gaz à effet de serre, font partie des éléments que le Fonds immobilier de solidarité FTQ cherche à valoriser dans tous ses projets, pour avoir un impact, précise Marianne Duguay, vice-présidente à la gestion d’actifs au Fonds immobilier de solidarité FTQ. Celui-ci a adopté sa première politique-cadre de responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) en 2021 et compte préciser ses objectifs en matière de développement durable en 2022.

« Plusieurs de nos partenaires adoptent des méthodes de construction plus écoresponsables sans viser une certification LEED, précise Mme Duguay. Ce qui importe pour nous, c’est de faire avancer l’industrie pour tendre vers la réduction des GES en respectant l’environnement et ses ressources. »

Consultez le site du Novia

Cybèle

ILLUSTRATION FOURNIE PAR LE GROUPE MAURICE

Illustration de la résidence pour personnes retraitées Cybèle, à Saint-Hyacinthe

La construction de la résidence pour personnes retraitées Cybèle donnera vie au prolongement d’un stationnement à Saint-Hyacinthe. L’établissement sera le deuxième du Groupe Maurice (après la résidence Caléo, à Boucherville) à viser une certification LEED Argent. « On commence à parler un peu plus formellement des critères ESG et de certifications comme LEED ou WELL, mais à la base, il y a beaucoup de choses qu’on fait déjà depuis longtemps, fait remarquer Rita Kataroyan, vice-présidente, marketing et communications. La volonté de contribuer à la société et au bien-être des gens et de construire de façon durable fait partie des valeurs fondatrices de l’entreprise. »

« Ce que ces critères de conformité des investisseurs et des prêteurs nous amènent, c’est une structure, précise-t-elle. Une fois qu’on est structuré, on en fait plus et on peut en parler davantage. Mais c’est du gros bon sens. Plusieurs investisseurs se sont rendu compte que les entreprises qui adhèrent à ces critères avec le temps performent mieux. C’est dans leur intérêt que leurs partenaires s’y conforment. Cela dit, il faut rechercher un certain équilibre pour favoriser le développement durable sans que ce soit au détriment de l’accessibilité de notre offre de services et de la capacité de payer de nos futurs locataires. »

Le Groupe Maurice, précise-t-elle, reçoit l’appui financier de la fiducie de placement immobilier Ventas, spécialisée dans la propriété et la gestion d’établissements de santé en Amérique du Nord et au Royaume-Uni.

Consultez le site du Groupe Maurice

Liz

ILLUSTRATION FOURNIE PAR LE GROUPE MAURICE

Illustration de la résidence Liz, dans Notre-Dame-de-Grâce

Un autre complexe pour personnes retraitées du Groupe Maurice, qui aura 10 étages, sera construit dans Notre-Dame-de-Grâce, à quelques minutes de marche de la station de métro Vendôme, dans un terrain vague à l’intersection de la rue Sainte-Catherine et du boulevard De Maisonneuve. Le choix de l’emplacement de la résidence Liz est loin d’être fortuit.

« Nos projets sont toujours situés dans des milieux urbains structurés, près de commerces et de services de proximité, parce qu’on veut nous assurer de maintenir le plus longtemps possible l’autonomie de notre clientèle, explique Yveline Roc, directrice du développement immobilier. La qualité de vie des utilisateurs passe par l’emplacement d’un projet sur un site bien spécifique. Les aménagements paysagers, avec beaucoup de jardins et d’arbres, sont aussi très importants, de même que l’aspect technique des bâtiments et leur performance énergétique, même si une certification n’est pas toujours visée. »

La participation sociale du Groupe Maurice a attiré l’attention de la société d’investissement immobilier Ventas lors des pourparlers menant à leur entente, révèle Rita Kataroyan, vice-présidente, marketing et communications. « Quand on s’installe quelque part, on redonne à la communauté, précise-t-elle. On revitalise un quartier en nous assurant que tout ce qui entoure la résidence soit de bon goût et que le quartier dans son ensemble en profite. »

Au Liz, cet engagement sera particulier, puisqu’un espace d’environ 15 000 pi² (1393,5 m⁠2) sera réservé à la Fondation de l’Hôpital de Montréal pour enfants. Celle-ci y installera des bureaux et pourra offrir six chambres à des parents d’enfants soignés au Centre universitaire de santé McGill (CUSM), qui se trouve tout près.

Consultez le site du Liz

Demain Montréal

ILLUSTRATION FOURNIE PAR IVANHOÉ CAMBRIDGE

Illustration du projet Demain Montréal, dans l’arrondissement de Ville-Marie

Le projet Demain Montréal, sélectionné dans le cadre du concours international Reinventing Cities, organisé par le réseau C40 pour encourager la revitalisation urbaine à faible émission en carbone, sera lancé sous peu. Cogir Immobilier et Pomerleau s’apprêtent à métamorphoser le site de l’ancienne cour de voirie de la Commune, dans l’arrondissement de Ville-Marie, tout en luttant contre les changements climatiques.

L’immeuble locatif au cœur du projet, qui comportera des logements abordables, sociaux et familiaux, visera une certification LEED Platine, révèle Stéphane Villemain, vice-président, responsabilité sociale d’entreprise, chez Ivanhoé Cambridge, filiale immobilière de la Caisse de dépôt et placement du Québec. « On veut également rendre l’édifice carbone neutre avec notamment 100 % d’utilisation d’énergies renouvelables et l’optimisation des consommations énergétiques. Beaucoup de travail est fait au niveau de l’enveloppe dans la conception. Lors de la construction, on va favoriser le recyclage des matériaux et l’économie circulaire. Une autre dimension dont on est très fier, c’est celle de la biodiversité, en ramenant la nature en ville. Il va y avoir une ferme urbaine et une forêt urbaine. »

Ce projet répond parfaitement aux objectifs d’Ivanhoé Cambridge, qui a réduit de près de 20 % l’empreinte carbone de l’ensemble de ses immeubles depuis 2017 et vise une réduction de 35 % d’ici 2025, pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2040. « On est un investisseur de long terme et on est convaincu qu’un investissement qui est durable, c’est aussi un investissement qui va être rentable, explique M. Villemain. On arrive à intégrer plusieurs dimensions dans ce seul projet qui, selon nous, sera un bel exemple de ce qu’on veut faire davantage à Montréal, mais aussi dans les autres grandes métropoles du monde. »

Consultez le site de Cogir Immobilier

Ancienne Brasserie Molson

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Le vaste terrain de l’ancienne brasserie Molson, au centre-ville de Montréal

Le Groupe Sélection, le Groupe Montoni et le Fonds immobilier de solidarité FTQ se sont portés acquéreurs du vaste terrain de l’ancienne brasserie Molson, au centre-ville de Montréal. Il est trop tôt pour dévoiler des détails précis, souligne Philippe Bouclin, vice-président, développement immobilier, du Groupe Sélection. « On peut quand même se prononcer sur le fait que les plus hauts standards de l’industrie sur le plan de la certification vont être visés, au même titre qu’à Espace Montmorency. Même que si on peut aller encore plus loin, on va le faire. »

Le terrain répond à de nombreux critères que recherche le Fonds immobilier de solidarité FTQ, fait remarquer Marianne Duguay, vice-présidente à la gestion d’actifs. « En ce qui concerne le développement durable, on est en train d’établir nos balises, mais je peux vous dire qu’on favorise les développements mixtes, donc avec différentes composantes, à proximité du transport en commun, ainsi qu’un processus de conception intégrée, dit-elle. Comme institution financière, on prend part au développement des projets immobiliers dans lesquels on investit et on influence nos partenaires pour qu’ils construisent de mieux en mieux avec les méthodes de construction les plus vertes. »

« Ce terrain est un parfait exemple de développement durable, poursuit-elle. On réutilise un immeuble et un terrain, on crée un quartier à usage mixte qui est hyper structurant pour les gens qui vont y habiter et y travailler, et on vient célébrer l’héritage du site grâce à un musée. On va permettre à toutes sortes de clientèles de se loger de façon convenable avec du logement social, abordable, du locatif et des condos. »

En tout, 6000 unités d’habitation sont prévues.

https://www.lapresse.ca/maison/immobilier/2022-02-27/batir-vert-pour-l-avenir.php

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Je n’avais jamais vu ce rendu de Demain Montréal. C’est pas très beau…

Planète bleue, idées vertes Redonner du poids aux vieux pneus

PHOTO ERICK LABBÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

Sac d’entraînement rempli de granules de caoutchouc provenant de pneus recyclés, ballon médicinal lesté avec des retailles de tissu et disques contenant du sable local, par Altterre

Avec ses dizaines de milliers de tonnes de pneus envoyés à la récupération chaque année, le Québec est assis sur une véritable mine de caoutchouc à recycler. L’entreprise Altterre, de Québec, a décidé d’en utiliser pour fabriquer des poids et haltères.

Publié à 7h00

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Ariane Krol

Ariane Krol La Presse

À force de trimballer les lourdes plaques de caoutchouc recyclé servant à lester les pieds de tentes et de panneaux lors des évènements organisés par sa firme, Daniel Riou finissait par avoir mal aux bras. « Je me suis dit : “Si c’est fatigant de les transporter, on peut s’entraîner avec ça !” », raconte le directeur général de Défi Entreprises, qui est kinésiologue.

Une ex-collègue, qui avait cité l’exemple d’un fabricant de planches d’équilibre à base de bois recyclé, a contribué à l’inspiration : pourquoi ne pas recycler du caoutchouc pour en faire du matériel d’entraînement ?

Il a suffi que Défi Entreprises, qui fournit des programmes d’exercices aux employeurs et produit des évènements sportifs, se retrouve en pause forcée avec la pandémie pour que l’équipe de M. Riou s’attèle au développement de poids et haltères à base de caoutchouc recyclé.

Lancement d’Altterre

Les premiers produits ont été des sacs d’entraînement de 8, 13 et 18 lb remplis de granules de caoutchouc issues de pneus. Ils ont été lancés en novembre 2020 sous la marque Altterre, alors que les gyms étaient fermés et que les poids libres étaient devenus introuvables. Bien que les sacs d’entraînement soient moins connus ici qu’aux États-Unis, Altterre s’est vite retrouvée en rupture de stock.

PHOTO ERICK LABBÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

Jade Ferlatte, responsable du marketing, et Daniel Riou, directeur général d’Altterre

Quinze mois et des centaines de sacs plus tard, M. Riou estime avoir remis en circulation l’équivalent de 1600 pneus. Ce n’est qu’un début.

« La première idée était de faire des plaques de poids en caoutchouc, sauf que ça demandait des investissements importants », explique le fondateur d’Altterre.

Les sacs – plus rapides à développer et à produire – ont démontré l’intérêt pour du matériel d’entraînement à base de pneus recyclés. L’entreprise a ensuite décroché une subvention de près de 62 000 $ de Recyc-Québec pour développer des plaques de 10, 25 et 45 lb à enfiler sur une barre de métal, pareilles aux plaques de fonte utilisées dans les gyms. Ces plaques permettraient de recycler beaucoup plus de caoutchouc. « Dans une plaque de 45 lb, on peut calculer qu’il y a sept pneus de voiture », souligne M. Riou.

Altterre, qui travaille avec une firme québécoise pour la conception de ce produit, espère pouvoir le commercialiser d’ici la fin de l’année. Le caoutchouc, dans ce cas, sera refondu avec des agents liants. « Les défis sont de trouver la bonne recette et d’avoir un bon design de produit, qui se manipule bien même s’il est relativement lourd. Il faut faire un moule adéquat », explique M. Riou.

PHOTO ERICK LABBÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

Daniel Riou, fondateur d’Altterre

Le but, à long terme, c’est de réussir à recycler 1 million de pneus.

Daniel Riou, fondateur d’Altterre

Altterre vend aussi des ballons médicinaux lestés avec des retailles de tissu provenant d’une manufacture de vêtements québécoise, et a d’autres projets. L’entreprise développe des sangles destinées à l’entraînement en suspension (popularisé par le système TRX), qui seraient fabriquées avec des ceintures de sécurité usagées. Elle étudie aussi la possibilité de réutiliser de la toile de camion usagée pour ses sacs et du sable de sablage dans certains équipements lestés.

Pour Daniel Riou, qui avait déjà éliminé les bouteilles d’eau jetables et instauré le compostage dans ses évènements avant la pandémie, c’est une suite logique. « Le but n’est pas seulement de réduire l’impact négatif de l’entreprise, c’est que l’entreprise ait un impact positif. »

Pneus brûlés

Le programme de gestion des pneus hors d’usage de Recyc-Québec a récolté presque 94 000 tonnes de pneus en 2020, une masse qui ne cesse d’augmenter en raison, notamment, de la popularité des VUS.

Or, seulement 81 % de ce caoutchouc a été utilisé à des fins de recyclage (80,6 %) ou de remoulage de nouveaux pneus (0,4 %) en 2020, alors que Québec vise 95 % en 2023. Près de 20 % a été brûlé dans les cimenteries et d’autres industries. Même si ces pneus remplacent des combustibles fossiles, « ça génère des gaz à effet de serre, c’est sûr et certain », rappelle Denis Rodrigue, professeur au département de génie chimique de l’Université Laval. La combustion est toujours « le dernier recours. Il faut essayer de trouver autre chose à faire avant ».

PHOTO FOURNIE PAR DENIS RODRIGUE

Denis Rodrigue, professeur au département de génie chimique de l’Université Laval

Beaucoup de pneus ont été recyclés en tapis et en paillis, mais la bonne durée de vie de ces produits oblige à trouver d’autres usages. « À peu près n’importe quelle application en caoutchouc peut être envisagée », dit M. Rodrigue en citant notamment les joints et membranes.

Les clients potentiels sont toutefois « très frileux ».

« Les gens sont toujours intéressés quand on leur montre des pièces et des applications qu’on développe au laboratoire avec les étudiants, mais par la suite, ils sont un peu plus réticents avec du matériel recyclé », témoigne-t-il. Pourtant, « quand le traitement est fait correctement, il n’y a généralement pas trop de difficultés ».

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En savoir plus

    • 3,8 %

Augmentation annuelle de la masse de pneus hors d’usage à gérer au Québec (moyenne sur cinq ans, en tonnes)

Source : Recyc-Québec, Fiche pneus hors d’usage, mai 2021

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Un géant européen de la ​biométhanisation débarque au Québec

Photo: Brigitte Masse Ville de Saint-Hyacinthe / Archives Nature Energy transforme annuellement 4,4 millions de déchets organiques en 158 millions de mètres cubes de biométhane. Sur la photo, le système de biométhanisation d’une usine déjà existante, à Saint-Hyacinthe.

Ulysse Bergeron

14 mars 2022

Le géant danois de la biométhanisation NGF Nature Energy projette la construction de deux usines pour traiter chaque année plus d’un million de tonnes de lisier et de déchets agricoles. Ces projets permettront de produire non seulement du méthane pour alimenter le réseau gazier québécois, mais aussi des milliers de tonnes de digestat pour remplacer des fertilisants chimiques en agriculture.

L’entreprise qui exploite une douzaine d’usines de biométhanisation en Europe travaille sur la construction et l’exploitation d’un premier projet de 100 millions de dollars à Farnham, en Estrie. L’usine doit transformer annuellement 600 000 tonnes de déchets organiques, dont du lisier porcin et bovin, pour produire 20 millions de mètres cubes de biométhane, l’équivalent de ce qui est nécessaire pour chauffer près de 15 000 résidences.

Or, en décembre, l’entreprise a discrètement enregistré une société au Québec pour chapeauter une initiative similaire à Louiseville, en Mauricie, dont la taille et la capacité seraient similaires selon les informations du Devoir. « Notre projet à Louiseville n’en est encore qu’à ses débuts, je ne peux donc pas commenter davantage pour le moment », a répondu par courriel Hans Henrik Dahl Andersen, responsable du développement commercial Amérique du Nord chez Nature Energy.

Dans des documents déposés auprès de la Commission de protection du territoire agricole, il est question d’une usine « de 90 millions de dollars » qui pourrait « produire jusqu’à 5 % du gaz renouvelable de la province ».

Agriculteurs

Des agriculteurs de la région seraient partenaires à 20 % et investiraient dans l’équipement nécessaire au traitement des fumiers et du lisier, selon ce qui y est décrit. « En règle générale, dans nos autres usines, les agriculteurs possèdent environ 10 à 20 % », explique Hans Henrik Dahl Andersen.

Le partenariat s’expliquerait par le fait qu’une partie des matières traitées retourne aux agriculteurs sous forme de digestat, une matière composée de nutriments pouvant remplacer des engrais chimiques en agriculture. Dans le cas de l’usine de Farnham, 95 % du lisier et des déchets organiques traités — 570 000 tonnes — seraient par la suite épandus dans les champs de la région.

Énergir a confirmé au Devoir avoir des discussions avec Nature Energy pour, à terme, injecter dans son réseau le biométhane produit. Aucune entente n’a été conclue, note la porte-parole du distributeur, Catherine Houde, rappelant par ailleurs que « les promoteurs qui souhaitent développer des projets de production de gaz naturel renouvelable (GNR) au Québec doivent nécessairement s’arrimer avec Énergir et/ou Gazifère ».

Elle ajoute : « Nature Energy est un joueur sérieux et respecté qui a à son actif plusieurs projets en Europe. »

Créée en 2015, l’entreprise s’est rapidement taillé une place en Europe. Pour ce faire, elle s’est appuyée sur une particularité du Danemark : le pays détient l’une des plus fortes densités d’élevages au monde. Par exemple, on y dénombre plus de 13 millions de porcs pour 5,8 millions de citoyens ; au Québec, on élève environ 7 millions de porcs pour une population de près de 8,5 millions.

Nature Energy, qui prévoit ouvrir une dizaine d’usines chaque année d’ici 2025, transforme annuellement 4,4 millions de déchets organiques en 158 millions de mètres cubes de biométhane.

« C’est une bonne nouvelle que ce soit une entreprise du Danemark, parce que c’est un pays qui est très avancé dans le développement de ces technologies », estime Philippe Dunsky, président de Dunsky Énergie + Climat. Le quart de la consommation de gaz naturel du pays scandinave provient du biométhane, et Nature Energy en produit à elle seule le tiers.

L’industrie a été stimulée par la mise en place de mesures comme l’interdiction, en 1998, de la mise en décharge des déchets organiques et des restrictions quant à l’épandage d’engrais à base d’azote et de phosphore dans les champs.

« Des dizaines de projets »

M. Dunsky souligne que les deux projets de Nature Energy représentent une bonne part « des 120 m3 de GNR » produit dans la province. Il ajoute : « Mais ce n’est pas révolutionnaire non plus, parce que, pour atteindre l’objectif du Québec d’ici 2030 — 10 % de GNR dans le réseau gazier —, il va falloir plusieurs projets de cette envergure. »

L’arrivée d’un acteur aussi important en sol québécois n’est pas étrangère à la volonté du gouvernement du Québec de stimuler la filière des bioénergies. Le gouvernement doit publier une stratégie à ce sujet ce printemps. Cet automne, une source gouvernementale impliquée dans le dossier indiquait au Devoir que le gouvernement de Legault envisageait d’injecter des « centaines de millions, voire plus d’un milliard » pour le développement des bioénergies et de l’hydrogène.

C’est une bonne nouvelle que ce soit une entreprise du Danemark, parce que c’est un pays qui est très avancé dans le développement de ces technologies

— Philippe Dunsky

Les usines de Nature Energy sont « des projets d’envergure », dit Geneviève Tremblay, attachée de presse du ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien, sans toutefois détailler davantage leurs particularités. Le gouvernement veut développer cette filière, dit-elle, ajoutant que « des dizaines de projets » ont été soumis au gouvernement à des fins de financement.

La Politique énergétique 2030 du gouvernement du Québec vise à augmenter de 25 % la production de bioénergie par rapport à 2013 dans la province, et le gaz naturel renouvelable est considéré comme une source de bioénergie.
https://www.ledevoir.com/economie/685671/biomethanisation-un-geant-europeen-debarque-au-quebec

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Une entreprise québécoise transforme le CO2 en sel de déglaçage

Ulrich Legrand et Martin Larocque se tiennent devant une unité pilote qui transforme le CO2 en sel de déglaçage. Photo: Gracieuseté

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Katrine Desautels

17 mars 2022 à 5h00 - Mis à jour 17 mars 2022 à 7h39 4 minutes de lecture

Les cofondateurs d’Electro Carbon, Ulrich Legrand et Martin Larocque, ont développé une technologie transformant le CO2 en sel de déglaçage. Cela permet de diminuer les émissions de gaz à effet de serre (GES).

Martin Larocque est un entrepreneur impliqué depuis plus de 20 ans dans la création et la croissance d’entreprises. Ulrich Legrand détient un doctorat en génie chimique de l’Université McGill. Ensemble, ils ont fondé Electro Carbon en 2019.

Ulrich Legrand a d’abord mené un projet pilote dans un laboratoire de l’Université McGill en créant une petite cellule électrochimique. Les deux entrepreneurs ont ainsi pu démontrer qu’ils étaient capables de prendre du CO2 sous la forme d’un gaz et de le transformer en formate de potassium, c’est-à-dire en sel de formiate, la substance utilisée pour le déglaçage des pistes d’aéroports et des routes.

Par la suite, Electro Carbon s’est associée avec le Centre national en électrochimie et en technologies environnementales (CNETE). Cela a permis à l’entreprise de bâtir son premier système.

Aujourd’hui, les entrepreneurs développent le Éco100, c’est-à-dire un électrolyseur qui a une capacité de production de 100 tonnes de formate de potassium par année. À long terme, ils veulent mettre sur pied le Éco5000, qui pourrait en produire 5000 tonnes.

Une étude sur le cycle de vie de la technologie d’Electro Carbon démontre que pour chaque tonne de formate de potassium produite, il y a un impact positif de 2,15 tonnes comparativement aux méthodes de production conventionnelles.

Aujourd’hui, il existe des technologies qui captent le CO2 directement à partir de l’air. «Pour nous, ça peut devenir quelque chose d’intéressant parce qu’on pourra décider de l’endroit où on installe les électrolyseurs», explique M. Larocque.

Pour l’instant, l’entreprise compte déployer le premier système dans un horizon de 18 à 24 mois. Le Éco100 sera installé dans la cheminée industrielle de Chimie ParaChem, un fabricant de paraxylène, un hydrocarbure utilisé pour produire du polyester. Cette usine de Montréal-Est possède déjà un système qui capte le CO2 et le purifie. Electro Carbon se branchera à ce système pour transformer le CO2 purifié en sel de déglaçage.

Marché

Le premier marché que vise Electro Carbon est celui des aéroports. «Ils ont des normes strictes puisque les avions qui atterrissent ont la vie des gens en jeu», décrit Martin Larocque. De plus, les produits utilisés doivent démontrer qu’ils ne sont pas corrosifs.

Côté économique, le formate de potassium est intéressant pour cette industrie. Les aéroports de la province utilisent déjà du formate de potassium, mais celui-ci provient d’outremer, souvent de l’Asie ou du Moyen-Orient. Le sel de déglaçage d’Electron Carbon a un plus petit impact écologique et son prix est compétitif par rapport à celui du sel de déglaçage produit par le biais des méthodes conventionnelles.

Le nerf de la guerre dans les technologies propres, c’est de faire une technologie qui va apporter un bénéfice environnemental intéressant, mais qui sera capable d’avoir aussi un bénéfice économique.

Martin Larocque

C’est un scénario différent pour le réseau routier puisque le sel de déglaçage a un coût minime. «Annuellement, au Québec, le gouvernement met 1,4 million de tonnes de sel sur nos routes. Ça crée des dommages sur les infrastructures et de la corrosion. Ça crée aussi des problèmes environnementaux assez importants, notamment cela pollue nos lacs, contamine nos nappes phréatiques, atrophie la vie marine», souligne M. Larocque.

Le coût du formate de potassium écologique est toutefois plus élevé que celui du sel présentement utilisé sur les routes. «Mais combien ça coûte de polluer un lac, une nappe phréatique, détruire les infrastructures? Il faut associer un coût aux effets néfastes des sels de voirie», estime l’entrepreneur.

Electro Carbon a déjà entamé des discussions avec la Ville de Montréal et le ministère des Transports du Québec (MTQ) pour l’utilisation du formate de potassium écologique. Pour l’instant, l’entreprise possède un brevet sur sa technologie. Il n’exclut pas d’éventuellement exporter son expertise à l’international.
https://journalmetro.com/local/ids-verdun/2791955/electro-carbon-entreprise-quebecoise-transforme-co2-sel-deglacage/

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Planète bleue, idées vertes Fondre les masques dans le décor

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Dominic Laliberté, coordonnateur du département de chimie du cégep de Salaberry-de-Valleyfield

Que faire avec les masques médicaux récupérés sur les lieux de travail ? Au cégep de Salaberry-de-Valleyfield, le département de chimie a développé un procédé pour en faire des socles… en attendant de pouvoir les transformer en bancs de parc.

Publié à 6h00

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Ariane Krol

Ariane Krol La Presse

(Salaberry-de-Valleyfield) La rentrée de l’automne dernier s’est accompagnée d’un tsunami bleu, celui de ces masques médicaux usagés. Les quelque 2500 élèves et employés en génèrent plus de 20 000 par semaine, estime Amélie Delisle, technicienne volet environnement au cégep de Salaberry-de-Valleyfield.

Conscient que le transport à un sous-traitant externe aurait généré des gaz à effet de serre, le cégep s’est donné le défi de les traiter sur place. « On s’est dit qu’on utiliserait les connaissances et les capacités qu’on a à l’interne », résume Amélie Delisle.

Hormis l’élastique et les attaches de métal, un masque médical est presque entièrement constitué de polypropylène, la résine qui sert notamment à fabriquer des pots de margarine et de yaourt. Que faire de ces montagnes de plastique ? Un banc de parc, a tout de suite pensé le coordonnateur du département de chimie, Dominic Laliberté, qui s’est lancé dans le projet avec son collègue, le professeur Éric Demers. Six cégépiens de deuxième année en technique de chimie analytique leur donnent un coup de main entre leurs cours.

« On travaille là-dessus une ou deux journées par semaine : on fait de la recherche, c’est un processus qui est long », explique M. Laliberté.

Essais et erreurs

Au début du projet, par exemple, M. Laliberté ne comprenait pas pourquoi il devait soumettre ses masques à une température plus élevée que ceux de son collègue pour les faire fondre, produisant une couleur brunâtre et une odeur nauséabonde.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Lot de masques usagés récoltés dans les boîtes de récupération du cégep de Salaberry-de-Valleyfield

Le mystère, et ses effluves indésirables, s’est dissipé en analysant les trois couches des masques séparément.

On n’avait jamais allumé que la couche supérieure des masques imprimés n’était pas du même plastique !

Dominic Laliberté, coordonnateur du département de chimie du cégep de Salaberry-de-Valleyfield

Contrairement à son collègue, qui réalisait ses tests avec des spécimens neufs tous pareils, M. Laliberté utilisait un lot de masques usagés contenant des modèles pour enfants ornés de jolis motifs. Et cette couche imprimée, même sur fond bleu, est en polyéthylène téréphtalate (PET), le plastique avec lequel sont fabriquées les bouteilles d’eau. Celui-ci étant plus résistant, la température requise pour le faire fondre entraîne une dégradation des autres matériaux.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

La couche extérieure des masques ornés de motifs imprimés est constituée d’un plastique différent, qui ne fond pas à la même température.

Un projet de pots de fleurs entamé l’automne dernier s’est aussi révélé plus complexe que prévu.

« Le plastique perd 2 ou 3 % au refroidissement, donc il finit par contracter le moule tellement fortement que le plastique craque », dit M. Laliberté en montrant un prototype fendu.

La base

Quand la direction des études a demandé au département de génie mécanique de produire une plaque commémorative pour remercier une trentaine d’employés et d’élèves de soins infirmiers qui avaient organisé une clinique de vaccination au début de l’année, l’idée d’un socle à base de masques recyclés s’est imposée.

Il restait à trouver le moule. Le bécher en verre dans lequel le plastique fondu est resté coincé a été écarté, les plats en aluminium qui donnaient un fini terne aussi. Des plats en vitre, qui procurent un bel aspect brillant, l’ont emporté.

Le plastique chauffé se dégradant au contact de l’air, les masques sont enfermés entre deux moules de cuisine ligotés par un fil de fer, puis placés dans un four grille-pain.

Même si ce matériel est accessible à tous, M. Laliberté « déconseille fortement » de reproduire l’expérience à la maison. « Ça va sentir mauvais et l’odeur reste imprégnée. J’ai failli avoir un divorce », blague celui qui a finalement mené une partie de ses tests dans sa cour.

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Le département de génie mécanique a produit une plaque commémorative pour remercier une trentaine d’employés et d’élèves de soins infirmiers qui avaient organisé une clinique de vaccination au début de l’année.

Pour un socle constitué de 70 masques, il faut compter de 20 à 30 minutes pour enlever les élastiques et les attaches, une heure au four à 230 0C pour la fonte suivie d’une autre heure à 125 0C pour commencer le refroidissement, et de 1 à 2 heures supplémentaires pour le terminer.

On est donc encore loin du procédé industriel. L’administration a néanmoins commandé une quarantaine d’autres socles pour les trophées de son Gala des activités étudiantes en mai.

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Les masques jetables colorent le plastique en fondant.

Et il y a ce fameux banc de parc. Une fois que le département de génie mécanique aura développé le moule permettant de fabriquer des planches de type 2 x 4 de 4 à 5 pi de long, le département de chimie devra mettre au point un mécanisme pour le faire cheminer dans le four à la vitesse requise.

Il faudra 10 000 masques par banc, estime M. Laliberté, qui se donne jusqu’en juin pour livrer l’objet. Ce n’est pas la matière première qui manque car le port du masque médical sera obligatoire jusqu’à la fin du mois.

« Même si on finit par ne plus jamais utiliser de masques, on pourrait utiliser l’idée pour nos bouteilles de plastique, ou les gants jetables utilisés en soins infirmiers et en chimie », glisse M. Laliberté. « Ce cheminement démontre qu’il est possible de valoriser un déchet de A à Z et de pouvoir expliquer les étapes », souligne Mme Delisle.

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Saint-Laurent permet davantage de panneaux solaires

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Alan DeSousa, maire de l’arrondissement de Saint-Laurent

L’installation de panneaux solaires photovoltaïques ou thermiques sur les toits en pente est maintenant autorisée dans l’arrondissement de Saint-Laurent, à Montréal, qui a modifié son règlement de zonage en ce sens.

Publié à 17h09

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Jean-Thomas Léveillé

Jean-Thomas Léveillé La Presse

De tels panneaux étaient déjà permis sur les toits plats depuis 2015.

« Nous sommes fiers de mettre à la disposition de nos citoyens [une] possibilité de solutions innovantes et concrètes pour lutter contre l’urgence climatique », a déclaré dans un communiqué le maire de l’arrondissement, Alan DeSousa.

L’installation de tels équipements demeure toutefois interdite sur les bâtiments d’intérêt patrimonial et architectural. Le règlement précise en outre qu’ils ne peuvent pas être érigés sur une structure détachée du bâtiment ni nécessiter l’abattage d’arbres.

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Planète bleue, idées vertes Emprunter des outils, comme à la bibliothèque

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Christophe Derrien, directeur général de Ville en vert

Besoin d’une perceuse, d’une machine à coudre, d’un poêle à raclette ? Depuis l’automne dernier, l’organisme Ville en vert propose au public d’emprunter divers objets comme un livre à la bibliothèque. Gros plan sur l’Outil-O-thèque.

Publié à 8h00

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Éric-Pierre Champagne

Éric-Pierre Champagne La Presse

Sugir Selliah songeait déjà à effectuer quelques travaux dans son appartement quand elle a entendu parler de l’Outil-O-thèque. « J’étais un peu sceptique au début, mais je me suis dit que j’allais essayer », raconte la jeune femme qui vit dans le quartier Saint-Michel.

Elle a fini par emprunter une perceuse, une cloueuse, une ponceuse. Parfois, le prêt se prolongeait, comme à la bibliothèque quand on n’a pas encore terminé la lecture d’un livre. « Ce sont tous des outils que je n’avais pas. J’aurais pu les louer [dans un magasin de location d’outils], mais c’est assez coûteux, surtout quand on ne s’en sert pas tous les jours », indique-t-elle.

Sugir Selliah est l’une des 635 membres de l’Outil-O-thèque, un projet qui a vu le jour l’automne dernier grâce à l’organisme Ville en vert. Deux points de services sont déjà ouverts, à Cartierville et dans le quartier Saint-Michel, et un troisième doit ouvrir prochainement dans le quartier Parc-Extension.

Un réel besoin

Le concept n’a rien de révolutionnaire, mais il répond à un réel besoin, particulièrement dans les milieux moins nantis où les familles doivent jongler avec un budget serré.

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Christophe Derrien, directeur général de Ville en vert. L’Outil-O-thèque, un projet qui a vu le jour l’automne dernier grâce à l’organisme Ville en vert, compte déjà 635 membres.

Prenez un costume d’Halloween. Il est porté deux heures dans une année et l’année suivante, il en faut un autre.

Christophe Derrien, directeur général de Ville en vert

Ainsi, plutôt que d’acheter un costume qui ne servira qu’une fois, les membres de l’Outil-O-thèque peuvent en louer un gratuitement. Car si le catalogue de Ville en vert fait une place importante aux outils, on y trouve aussi plusieurs objets du quotidien. Gaufrier, machine à pâtes, mijoteuse, machine à coudre, détecteur de montants et machine à nettoyer les tapis figurent dans le catalogue.

Chaque membre a droit à trois emprunts gratuits par semaine. Un dépôt remboursable, établi en fonction de la valeur de l’objet, est exigé. Cependant, les personnes qui ne sont pas en mesure de payer le dépôt peuvent communiquer avec Ville en vert.

Rendre l’Outil-O-thèque pérenne

L’équipe de Ville en vert a choisi les objets et les outils pour l’Outil-O-thèque en tenant compte notamment de deux critères : le prix et la fréquence d’utilisation. Une perceuse, par exemple, peut coûter une centaine de dollars alors qu’on ne s’en sert pas nécessairement chaque jour.

« Une perceuse, on s’en sert en moyenne une quinzaine de minutes pendant sa durée de vie », affirme Christophe Derrien, qui cite une étude sur la « consommation collaborative » parue en 2015.

Selon les données compilées par Ville en vert, l’Outil-O-thèque a fait économiser en moyenne 500 $ aux utilisateurs qui ont fait au moins un emprunt depuis l’automne dernier. À ce jour, 400 prêts gratuits ont été enregistrés.

Fort de ces succès, l’organisme souhaite maintenant que le projet devienne permanent. Pour son lancement, l’Outil-O-thèque a bénéficié d’une subvention de 180 000 $ du gouvernement du Canada. Les fonds ont servi à l’achat du matériel ainsi qu’au déploiement de l’outil de réservation et du catalogue en ligne.

Mais Christophe Derrien est bien conscient qu’il lui faudra trouver du financement afin de poursuivre l’aventure. Avec le temps, il faudra réparer des outils et des objets, voire les remplacer.

Notre objectif, c’est de rendre l’Outil-O-thèque pérenne. Il nous faudra des fonds pour l’entretien et les réparations.

Christophe Derrien, directeur général de Ville en vert

Car ce ne sont pas les idées qui manquent à Ville en vert, signale M. Derrien, qui aimerait mettre à profit cette nouvelle expertise. L’organisme aimerait ouvrir d’autres points de service. Il est question aussi de créer des réseaux d’emprunts au sein d’entreprises, où les employés pourraient se partager outils et divers objets.

Avec l’inflation qui touche presque tous les biens de consommation, l’idée pourrait en séduire plusieurs, croit Christophe Derrien.

Sugir Selliah, elle, n’a plus besoin d’être convaincue. « J’ai été agréablement surprise, c’est vraiment une belle initiative. Ça rejoint mes valeurs, et je crois que ça permet de résoudre plusieurs problématiques d’aujourd’hui. »

Consultez le site de Ville en vert

Consultez le catalogue de l’Outil-O-thèque

Ville en vert… en bref

Fondé en 1995, l’organisme Ville en vert s’est donné pour mission « de sensibiliser, d’éduquer et de soutenir les citoyens et les organisations en matière de développement durable ». Il gère notamment le programme Éco-quartier dans les arrondissements d’Ahuntsic-Cartierville et de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension.

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Hydro-Québec en voie de devenir copropriétaire de parcs éoliens

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, LA PRESSE

Le partenariat prévoit une participation égale des trois sociétés dans une nouvelle expansion de l’éolien sur le territoire de la Seigneurie de Beaupré, ont confirmé conjointement Hydro-Québec, Boralex et Énergir, mardi matin.

(Montréal) Hydro-Québec met la table pour devenir copropriétaire de ses premiers parcs éoliens. La société d’État a annoncé avoir signé une entente avec Énergir et Boralex pour l’élaboration de trois projets dans la région de Charlevoix.

Publié à 6h30 Mis à jour à 12h27

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Frédéric Lacroix-Couture et Stéphane Rolland La Presse Canadienne

Le partenariat prévoit une participation égale des trois sociétés dans une nouvelle expansion de l’éolien sur le territoire de la Seigneurie de Beaupré, ont confirmé conjointement Hydro-Québec, Boralex et Énergir, mardi matin.

Les coûts de construction et les profits seront ainsi partagés à parts égales.

Il s’agit des projets éoliens portant le nom Des Neiges dont le déploiement est prévu dans trois secteurs distincts dans les MRC de La Côte-de-Beaupré, de Charlevoix et potentiellement de La Jacques-Cartier. Chacun des secteurs comprendrait environ 60 à 80 éoliennes et une puissance de 400 mégawatts (MW), pour un total d’environ 1200 MW.

Hydro-Québec achèterait l’énergie produite en vertu de trois contrats d’achat d’électricité afin d’« être intégrée dans le volume d’énergie disponible pour alimenter ses différents marchés », explique-t-on par voie de communiqué.

Sans préciser un chiffre, le prix d’achat de l’électricité par la société d’État sera « concurrentiel » et « plus avantageux » que le projet Apuiat, a indiqué une porte-parole chez Hydro-Québec, Caroline Des Rosiers, à La Presse Canadienne.

Le parc Apuiat sur la Côte-Nord prévoit que l’électricité sera achetée au coût d’environ 6 cents le kWh, selon le contrat entre une société regroupant les communautés innues, Boralex et Hydro-Québec Production.

Les détails entourant l’échéancier et les coûts des projets Des Neiges dans Charlevoix ne sont pas dévoilés, mais les trois sociétés parlent d’investissements pouvant atteindre 3 milliards.

Il est précisé que la décision d’aller de l’avant avec chacun des projets reviendra à Hydro-Québec selon l’évolution de ses besoins. La demande en électricité étant forte et les projets étant assez avancés sur le plan réglementaire, la construction pourrait se mettre en branle rapidement dans les prochaines années, estime la société d’État.

Pour Hydro-Québec, ce partenariat s’inscrit dans la volonté de son Plan stratégique de constituer un portefeuille de 3000 MW de capacité éolienne avec des partenaires d’ici 2026. Le processus d’appels d’offres se poursuivra en parallèle.

« À la faveur de la transition énergétique et de la croissance attendue des besoins en électricité au Québec, il est impératif de nous doter de la flexibilité requise en matière d’approvisionnements. La filière éolienne fait partie des outils dont nous disposons », a déclaré la présidente-directrice générale d’Hydro-Québec, Sophie Brochu, par voie de communiqué.

Boralex et Énergir ont développé et exploitent les trois premières phases éoliennes sur la Seigneurie de Beaupré. Les projets ont été mis en service entre 2013 et 2015, comprenant un total de 164 turbines et une puissance de 364 MW.

Différentes études sont en cours pour les projets éoliens Des Neiges. De nouvelles séances d’information sont également prévues auprès notamment des communautés autochtones.

L’entente a toutefois été critiquée par la Fédération québécoise des municipalités (FQM), qui veut que les communautés de la région obtiennent une participation dans les projets annoncés. Michel Lagacé, président de la commission permanente sur l’énergie de la FQM, souligne que ce fut le cas pour les MRC du Bas-St-Laurent et de la Gaspésie lors de précédents projets.

« Je ne peux concevoir que le gouvernement [en] priverait celles de La Capitale-Nationale ; ce serait deux poids deux mesures, déplore celui qui est aussi préfet de la MRC de Rivière-du-Loup, dans un communiqué. Je ne peux comprendre que des entreprises agissent encore ainsi en 2022, après le succès des parcs communautaires existants ».

Hydro-Québec assure, pour sa part, discuter « depuis plusieurs mois » avec les collectivités locales et les communautés autochtones au sujet d’une participation au projet. « Nous sommes actuellement en discussions au sujet d’une participation au projet avec la nation Huronne-Wendat, les communautés innues du territoire, la MRC de La Côte-de-Beaupré, la MRC de Charlevoix, la MRC de La Jacques-Cartier et les municipalités concernées », précise Mme Des Rosiers.

Une bonne nouvelle pour Boralex

L’annonce de mardi vient confirmer que la société d’État est prête à conclure des partenariats avec des producteurs « expérimentés » d’énergie éolienne comme Boralex, juge Sean Steuart, de Valeurs mobilières TD. « Même si ces projets sont encore à leurs débuts, ce partenariat procure une autre source transparente de croissance. »

Au total, l’analyste croit que la participation de Boralex dans les trois projets serait inférieure au tiers en raison de l’ajout de possibles partenariats avec les municipalités et les communautés autochtones. Il estime que la part de l’entreprise de Kingsey Falls atteindra 300 MW, soit 25 % du total d’environ 1200 MW. « Cela représenterait une augmentation de 13 % de sa capacité nette », souligne-t-il.

Vers midi, l’action de Boralex gagnait 1 $, ou 2,59 %, à 39,56 $ à la Bourse de Toronto.

Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelles.